my little sister is a monster (kate)

C’était avec un goût amer qu’elle s’était réveillée ce matin-là. Comme si tout ce que l’entourait cherchait désespérément à l’agacer. Difficilement elle se tira de son lit pour aller se traîner sous la douche, effort surhumain et combat contre sa volonté de rester au lit. Kate avait rendez-vous avec son médecin très tôt et ne pouvait de toute évidence pas y échapper. Comme à chaque fois qu’elle devait se préparer pour aller dans cet endroit morose, la blonde avait fondu en sanglot sous sa douche. C’était à chaque fois le même caprice, elle réalisait et lâchait toutes les larmes de son corps. Ces matinées-là étaient plus dures, elle les ressentait comme une épreuve compliquée à passer.

Sasha n’était pas encore levée et les sanglots qu’elle étouffait ne la réveillerait pas de sitôt. Kate prit à peine le temps d’avaler un café et de s’habiller convenablement qu’elle sorti avec la plus grande délicatesse de l’appartement, courant à toute jambe pour prendre un taxi : hors de question qu’elle conduise dans cet état.

Le rendez-vous finit, le triste schéma dépeint, elle devait encaisser la nouvelle et se ferait surement livrer une quantité astronomique de nourriture puis commanderait des objets insolites sur Amazon. Le chignon décoiffé, son jogging gris bien trop large pour elle, l’énorme et cozy sweat blanc accompagné de sa tête de trois pieds de long, elle remontait ses escaliers en soupirant. Ne prenant même pas la peine de lever la tête jusqu’à ce que la voix de son frère la fît se redresser, un sourire jovial s’étira aussitôt.
Le remède dont elle avait désespérément besoin, là sous ses yeux. La jeune femme se devait en quelques secondes effacer toute trace de son rendez-vous et de toute la peine qu’elle portait en elle.

« Ah parce que tu viens me voir que quand t’as besoin moi tronche de cake. » répondit-elle en lui sautant dans les bras, l’étouffant de son amour à ce moment, peut-être trop spontané. Seulement Kate avait besoin de se sentir réconforter sans le demander, une tâche bien complexe. « Je te laisserais bien sur le pas de la porte mais je vois que tu as amené de quoi payer ton entrée. » reprit-elle en regardant d’un œil envieux le petit paquet, puis ouvrit la porte de son appartement retirant d’un coup de talons ses deux chaussures et jeta ses clés sur le meuble de l’entrée.
« Retire pas tes chaussures on s’en fout. » dit-elle en passant vaguement dans le salon pour retirer tout ce qui s’y trouvait : notamment les courriers et les quelques fringues qui traînaient pour les enfermer dans sa chambre.  

« Je sais que je suis une personne toute spéciale pour toi mais, ça me fait quand même bien plaisir qu’on me le rappelle tous les jours. » répondit-elle avec cet air hautain et voulant agacé au mieux son auditoire.

Une fois les preuves évidentes de son mensonge bien à l’abri elle s’attarda sur la présence de son frère, lui tournant autour tant qu’elle était curieuse de savoir ce qui lui avait apporté ce matin-là.

« J’agace mes colocataires avec mes manies, mais j’aime que tout ça constamment bien rangé et je ne veux pas rentrer dans un bordel monstre. » dit-elle en jetant un regard approximatif sur l’ensemble de la pièce.

Kate ne pouvait pas nier cet aspect de sa personnalité, tout était constamment à sa place et elle passait donc beaucoup moins de temps à ranger et à faire le ménage même si elle gardait bien de dire que cette activité la détendait plus qu’elle ne devrait.

« Alors qu’es que c’est. » s’impatienta t-elle en se dirigeant vers la cuisine pour sortir deux tasses. « Café, thé ? Ou tu veux boire autre chose ? » demanda t-elle en tournant d’un quart de tour sa tête pour entendre la réponse de Cole.

La jeune blonde se prépara quant à elle un café noir sans sucre, c’était la boisson des guerriers, des vrais amateurs de café.

Agacer le plus de monde possible était l’un des objectifs de Kate chaque matin en se levant, c’était comme si elle était investie d’une mission et de pouvoir énerver et ternir la journée du maximum de personne qui le mérite (selon la justice qu’elle impose elle-même). C’est pourquoi elle répondit à la remarque de Cole avec un sourire, et il n’en fallait pas plus pour qu’il comprenne qu’elle était satisfaite de ce qu’il venait de souligner.

« J’étais parti m’inscrire à une salle de sport, mais finalement j’ai pas voulu aller jusqu’à finaliser l’inscription, y avait pas de coach assez sexy. » répondit-elle en roulant des yeux, comme si c’était l’un de ces critères. Elle essayait simplement de ne pas avoir trop de questions sur sa matinée.

Kate servit deux grandes tasses de café qu’elle emmena ensuite dans le salon sur la table du salon, se voulant plus convivial que d’habitude, elle en profita d’ailleurs pour s’asseoir.

« Alors c’est pour quand les enfants ? » demanda t-elle avec un sourire narquois, sa manière bien habile de détourner la conversation sur Cole et ses projets futurs. « Je te préviens je veux un neveu en premier. » reprit-elle comme si elle y pouvait quelque chose, mais Kate était bien consciente que ses exigences ne seraient surement pas respectées.

La jeune australienne but une gorgée de son café, le goût amer qu’elle avait encore en bouche n’était pas du au goût de ce dernier mais bien au rendez-vous qu’elle avait du supporter ce matin, elle aurait le temps d’y penser plus tard pour le moment tout devait rouler.

Il n’avait pas totalement tort, Kate aurait bien besoin de s’inscrire à une salle de sport pour pouvoir exotériser son énergie débordante et incontrôlable. Cependant, ce n’était pas le moment pour elle de faire quelconque activité physique.

Kate savait pertinemment qu’en tapant dans le sujet des enfants c’est une parade qui marcherait, mais qui également le ferait bondir. Elle n’y avait amené aucun tact, aucune délicatesse et en savourait tout le bénéfice. « C’est bien dommage je comptais lui léguer tout mon savoir et mon savoir-faire. » répondit-elle en faisant mine d’être déçue.

« Non, je veux pas de Zach, ça ira. J’suis pas du genre à avoir la fibre maternelle ou je ne sais quelle merde. » dit-elle en roulant des yeux, puis repris une gorgée de sa boisson.

« Je peux voir ce que t’as apporté ? » demanda t-elle bien trop curieuse, en levant les yeux vers le paquet. « J’ai faim en plus, donc si tu as quelque chose de bon…ça me dirait bien.. » ajouta t-elle en s’approchant bien trop de Cole, comme si le regard doux qu’elle lui lançait changerait quelque chose.

C’était en permanence ce qu’on disait d’elle, qu’on en avait bien assez d’une mais même si pour Kate c’était plutôt un compliment (et qu’elle tournait toujours ça à son avantage comme toujours) elle n’en restait pas moins assez sûre d’elle pour savoir que le jour où elle sera tata comme elle l’entendait : ce serait alors pour elle une occasion idéal de pouvoir transmettre et apprendre comment rendre son entourage chèvre.

« Je voulais un neveu oui, mais un neveu qui me ressemble quand même un peu. » précisa t-elle comme s’il s’agissait d’une évidence. On devenait pas Baker parce qu’on le voulait bien, c’était selon l’aval de la famille ( et par famille, Kate voulait surtout dire : elle.)

« Y a rien que j’aime bien hormis si tu l’as nappé de merde. Ce qui à l’odeur ne semble pas être le cas. » répondit-elle en passant sa tête par-dessus le paquet et s’empressa aussitôt de piquer un gâteau tout en souriant et en retournant vers sa tasse pour le déguster avec.

« C’est bien d’avoir un grand frère quand même par moment. » dit-elle en soupirant longuement puis leva les yeux vers ce dernier. «  T’as des projets pour tes prochaines vacances ? » demanda t-elle en arquant un sourcil.