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Invité a posté ce message Sam 26 Oct 2019 - 22:35 #


Get you where you wanna go, if you know what I mean. Got a ride that's smoother than a limousine. Can you handle the curves, can you run all the lights. If you can baby girl, than we can go all night. 'Cause it's zero to sixty in three point five. Baby you got the keys.


Amateurisme, fumisterie, incompétence. Une trinité d’épithètes que tu abhorres et exècres de toutes les fibres de ton outrecuidant être. Autant d’orties et de chiendents que tu t’ingénies au quotidien à éradiquer. A grand renfort de traitement préventif à la racine, endiguant l’éclosion, le pullulement et la prolifération de cette nuisible vermine sur le fécond et luxuriant terreau de ta vie. Cet opulent et prolifique humus n’admettant que l’épanouissement des fruits du contrôle, de la maîtrise, de l’excellence et du succès. Telles sont les quintessenciées denrées spirituelles que tu tolères, dont tu te satisfais et qui nourrissent au jour le jour la propension mégalomaniaque de ton esprit déviant. Toi, l’infatué plastronneur s’étant autoproclamé « Tsarévitch de la Baltique ». Encore toi, le faraud polymathe au Quotient Intellectuel tutoyant les crêtes du cent-soixante cinq et tenant en respect – voire supplantant – celui des plus émérites prodiges ayant foulé cette triviale terre. Toujours toi, l’irrévérencieux, despotique et maupiteux camé, jouissant d’un sadique plaisir chaque fois que point à l’horizon une occasion de cruellement rabaisser et dénigrer tes insignifiants semblables. Nonobstant le savant déploiement d’un indéfectible zèle, entremêlé à une perpétuelle débauche d’efforts pour l’ostraciser ; la médiocrité ambiante trouve encore l’audace éhontée de venir lécher le grain blafard de ton épicarpe d’hyperboréen. Rendons quoi qu’il en soit à César ce qui est à César. Quand bien même cela te révulse de le reconnaître, tu es cependant forcé de mesquinement lui tirer ton chapeau, au vu de la profusion d’habiles subterfuges et d’astucieux stratagèmes dont elle fait preuve, pour venir caresser de ses crasseuses griffes ta grandiloquente personne. Une sournoiserie et une roublardise n’ayant rien à envier à celle d’un boa constrictor, lovant ses anneaux glacés autour de son infortunée proie. Preuve en est pas plus tard que la semaine dernière, où elle est allée jusqu’à impudemment s’immiscer dans ta boîte aux lettres. Sous la forme d’un flyer faisant la promotion d’une conférence animée par un Docteur en Physique et la fine fleure des ingénieurs McLaren.

Très fine mouche Madame la médiocrité. Vous n’avez pas votre pareille pour donner le change et faire illusion. Invitation des plus charmantes et délicates. Intercalée au milieu d’une liasse de factures et publicités - que tu épluchas armé d’une expression blasée peinte sur ton nivéen canevas facial – et dont la vue arracha à tes sourcils un soubresaut synonyme d’admirable étonnement. Un carton au grammage conséquent. Une texture glacée et satinée ravissant la pulpe de ton pouce de bibliophile, roulant et se délectant du suave contact prodigué par ce matériau cossu et d’une qualité supérieure. Tes narines se réjouissant de la fragrance d’une encre d’un haut standing, exempte de toute méphitique note de bisphénol, au moment où tu portas le tract à ton sens olfactif. Un imprimé à la conception empreinte de raffinement, de finesse et d’élégance. Tout ce qui te fait vibrer. De quoi te prendre par les sentiments. Le doux confinement de ta chambre gagné, tu entrepris de passer à la moulinette les premiers feuillets du manuscrit d’une auteure de polars, dont le management de la carrière fut confié à tes soins par les membres du comité de lecture et les grands pontes des éditions HarperCollins. Une jeune pousse qualifiée par la critique comme étant « la nouvelle Mary Higgins Clark ». Titre – à ton humble avis - pour le moins flatteur et un tantinet surfait. Sculpturale plastique avachie sur le moelleux matelas à mémoire de forme du lit tel un oisif Emir moyen-oriental. La mine écarlate du stylo fermement tenu entre les doigts de ta patte gauche qui griffonna rageusement le papier. Une glose faîte d’un foisonnement de remarques et annotations – tantôt cinglantes, tantôt à minima bienveillantes – bourgeonnant dans la marge des quelques folios décortiquées. Syntaxe tourmentée, phrases abscons et grammaticalement incorrectes, pauvreté stylistique abyssale, prévisibilité de la narration, protagonistes falots et insipides, impersonnalité, prosaïsme … . Las et gavé par autant de dilettantisme, tu interrompis ta lecture après seulement sept pages disséquées.

Minois albe frappé par le sceau d’une grimace de répulsion, ce fut dans un geste très affecté que ta dextre impérieuse jeta sourcilleusement le fin livret sur la moitié de la couche laissée vacante. Désireux de napper cette déplorable soirée d’une lichée de précellence, tes météores mentholés fusèrent en direction du sélect prospectus, abandonné négligemment sur la table de chevet et tenant compagnie à une mignonnette de lubrifiant, un flacon de Poppers ainsi qu’une guirlande de préservatifs. Muni du petit opuscule, tes pupilles vagabondèrent et étudièrent plus en détail ce bijou de marketing et communication paraphé McLaren. Regard morgue échoué sur la porte de l’armoire en teck, tes empreintes digitales pianotèrent perplexes les coordonnées et horaires de cette grande messe de la Physique Quantique inscrits au verso de l’outil de promotion. Allongé sur le flanc et le poing servant de contrefort à ta tempe ivoirine bordée de filins capillaires dorés, ton fidèle laptop et toi vous mîtes en quête d’informations sur ce fameux Docteur ainsi que ses diverses contributions apportées au domaine de la Science. Il ne te fallut guère longtemps avant de dénicher un fichier PDF d’une vingtaine de pages, faisant état des conclusions résultant de la coopération entre le chercheur et les éminences grises du fleuron de l’industrie automobile britannique. Adoptant la technique en « Z » de lecture rapide, tes billes de béryl s’écarquillèrent de façon exponentielle à mesure que les pages défilèrent. Un tissu d’inepties encore plus épais que les murs de la cathédrale de Vilnius. Consterné, ton chef dodelina de gauche à droite avant de basculer en arrière et que tu ne te rompes en fou rire de nervosité aussi assourdissant qu’incoercible. Incrédule, et pouvant difficilement croire qu’un Docteur puisse commettre une myriade d’impairs aussi effarant, tu visionnas par la suite un petit florilège de vidéos des différentes conférences, tables rondes et autres symposiums qu’il présida ou auxquels il participa. Définitivement affligé, tes persiennes cutanées tombèrent sur tes calots smaragdins et tu ne pus que te pincer la racine du nez en décochant un retentissant soupir atterré. Tu aurais nettement moins perdu ton temps en feuilletant un magazine se lisant à une main, truffés de photos d'Apollons montés comme des pur-sangs arabes ... ou de lascives Aphrodites aux formes plantureuses en tenue d'Eve.

La paume de ta main étirant lentement les traits blêmes de ta frimousse et se parant d’une teinte vermeille, sitôt qu’elle musarda sur les urticantes landes de tes joues couvertes d’une timide barbe cendrée. Humilier, tourner en ridicule, rabaisser et mettre dans l’embarras un physicien. Une grande première. Une fois n’est pas coutume ; l’incarnation sur terre du péché d’orgueil va devoir donner de sa personne et retrousser ses manches, afin d’expurger ces strates d’immondices et sortir la vile tourbe de l’obscurantisme en saupoudrant un zeste de sa sapience. Même si elle n’en est pas digne. Le moment est venu. L’Université de Columbia sera bientôt le théâtre d’une tonitruante avanie. Séant bombé apponté sur le dossier d’un banc agrémentant l’esplanade du bâtiment F, les semelles des Jordans rubis martelant les lattes lambrissées de l’assise et le filtre orangé d’une cigarette coincé entre les incisives. Faciès grignant, tu te dandines légèrement afin d’exhumer de la poche de ton jeans slim chloré, pourvu de zips sur les rotules et d’empiècements style motard sur les quadriceps, le flyer grossièrement plié en quatre. Une profonde inspiration. La substance cancérigène qui carbonise tes alvéoles pulmonaires et calcine tes bronches. L’extrémité de la drogue douce calée entre l’interstice majeur-index et éloignée de ta cavité buccale, ton mépris se matérialise sous la forme d’un panache de fumée craché au visage souriant de celui qui n’est désormais à tes yeux qu’un imposteur doublé sinistre incompétent. Dans un geste apprêté, l’amas de cendres incandescentes embrasse le carton. Tessons chlorophylliens irradiant de perfidie, tes pulpeuses s’étirent de façon carnassière à mesure qu’un halo noirâtre engloutit la trogne pédante du bonimenteur à la cinquantaine bien sonnée. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, une large béance y établit ses quartiers. Une masse protéiforme ondoie dans ta vision périphérique. Cap tourné à quarante-cinq degrés sur la droite, tu assistes désabusé au ballet de la plèbe s’agglutinant devant l’édifice et jouant des coudes pour entrer, sitôt que l’on ouvre les portes.

D’une poigne de fer, ta dextre broie et froisse le rectangle cartonné au format A5, tandis que sa jumelle catapulte au loin le mégot enchâssé entre tes doigts prestes, à l’aide d’une pichenette cabotine, pour ne pas dire snobe. La terre ferme regagnée, tu ramasses ton sac à dos - estampillé du célèbre logo d’une marque italienne représentant un homme et une femme assis dos à dos – et ne laisses que la bretelle gauche s’assoupir sur ton proéminent trapèze. Pouces étreignant les passants du jeans et bouquets de phalanges tapis dans les poches, c’est d’une démarche fleurant bon un subtil cocktail de nonchalance et d’afféterie, que tel un belluaire d’une époque révolue tu pénètres dans l’arène. Gorgé d’aplomb et résolu à mettre à quia le fauve aux crocs et griffes émoussés. Semblable à une présomptueuse star capricieuse se faisant désirer, tu es le dernier à franchir le seuil de la double porte de l’amphithéâtre. Un escadron de jeunes minets efflanqués et de beaux éphèbes engoncés dans des trois pièces bas-de-gamme, s’improvisent ouvreuses et invitent les spectateurs à prendre place en multipliant les larges risettes affables et artificielles. Stoïque, imperturbable et le regard serti d’étincelles vindicatives, tu gravis les escaliers séparant les travées de sièges à abattant dans une indolence aux accents aristocratiques. Les cimes de la dernière rangée atteintes, tu t’installes et te délestes de ton paquetage. La fermeture de l’havresac transalpin défaite avec langueur, tu sors et alignes dans une précision horlogère et chirurgicale sur la tablette en face de toi une kyrielle de vivres. Une pomme, une barre de céréales, une brique de jus d'orange … . Le tout en sifflotant dans un rythme crescendo l’air de « Kalinka » et hochant la tête de gauche à droite. Attitude désinvolte pouvant aussi bien prêter à sourire que faire germer un grouillement de frissons le long de l’épine dorsale. Une large estrade. Un quintette de fauteuils clubs disposés en arc-de-cercle autour d’une table basse de forme oblongue en bois clair. De petits microphones montés sur pied parsemés de-ci de-là. Un imposant tableau blanc rétractable en arrière-plan. Un rétroprojecteur arrimé au plafond. En position … it’s show time !                                                                                                      


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Invité a posté ce message Lun 28 Oct 2019 - 14:17 #


Get you where you wanna go, if you know what I mean. Got a ride that's smoother than a limousine. Can you handle the curves, can you run all the lights. If you can baby girl, than we can go all night. 'Cause it's zero to sixty in three point five. Baby you got the keys.


_ Pardon, osa Joddie, coincée entre quelques collègues en pleine conversation et une femme, qui semblait croire que le wagon lui appartenait, excusez-moi, réitéra-t-elle un peu plus fort pour faire remarquer sa présence. Et cela fonctionna. Les regards se tournèrent subitement vers elle, elle et son faciès neutre, atténué par de grands yeux marrons en amande luisants, et des cils longs de biche. Elle les avait dérangés, mais ils n'en prirent pas spécialement compte, trouvèrent le moyen de s'écarter en poussant d'autres passagers qui soufflèrent, à leur tour, d'agacement. Elle colla son sac bandoulière un peu plus contre sa hanche et s'extirpa de la voiture après avoir hoché la tête en guise de remerciement. Pour sûr qu'ils reprirent leur bavardage une fois qu'elle eut posé le pied sur la plateforme du 125 St, ces ragots et autres banalités qui font fureur à New-York City, inondent les bouches qu'importait le quartier. Et pour ça, l'Aborigène était heureuse d'avoir récupéré des écouteurs, après s'être faite arracher les anciens le week-end dernier,préférait de loin laisser quelques morceaux d'old country légendaires caresser ses tympans. Bien qu'elle ne mimait jamais les paroles, elle les connaissait par cœur, adorait les choisir lorsqu'elle se laissait tenter par une soirée karaoké entre étudiants.

Les portes automatiques se fermèrent derrière elle, et elle fut accueillie par les grosses colonnes en fer bleu canard, flirtant méthodiquement avec des boulons d'un ton bien plus foncé. Accoutumée à l'emprunter, elle n'eut pas lieu de s'attarder et se dirigea vers les couloirs peuplés, finit par s'engager sur l'escalier où le vent engouffré finit par avoir raison du rythme de ses enjambées. Elle dépassa bon nombre de citoyens mallette en main avant d'avoir une vue imprenable sur les hauts immeubles situés non loin de l'Université. La dernière marche franchit, elle eut tout juste le temps d'inspirer l'air goûteux, qui renfermait d'agréables senteurs de pâtisseries chaudes, avant de se faire interpeller par une camarade de sa section. _ Joddie, fit-elle du trottoir d'en face, tout en levant la main bien haute. La pilote professionnelle, bien que la musique en route, n'eut aucun mal à la différencier des autres passants, lui accorda même une faible esquisse, les yeux plissés. Elle l'avait probablement attendue, Giulia avait toujours répondu présente vingt minutes en avance. _ Je te rejoins, la prévint-elle, le mime approximatif. La métisse suivit le mouvement de la Britannique, se mit simplement de côté pour ne pas gêner les voyageurs et tira sur le fil pour se défaire de ses écouteurs. Elle les rangea, en attendant que le feu du passage piéton ne daigne passer au vert.

_ Tu en as mis du temps, s'exclama la plus vieille d'à peine une année, une fois qu'elle eut rejoint la brune. Du temps ? Joddie porta son attention sur la montre qu'elle portait à son poignet gauche pour vérifier l'heure. _ Il y avait foule, j'ai dû prendre le suivant, ça doit venir de ça, expliqua-t-elle. Après tout, depuis qu'elle avait quitté la collocation à Harlem, l'Aborigène mettait bien plus de temps à arriver à Columbia; un peu plus d'une heure si elle loupait la ligne L jusqu'à la 8th Av. Elle eut le droit au sourire ravageur de Giulia, et son bras fut pris d'assaut par celui de la blonde. Cette dernière sautillait presque, impatiente d'être spectatrice de la première conférence de l'année. Joddie, quant à elle, n'était pas aussi enchantée. Quand David, son entraîneur, l'avait informée que le physicien privilégié de McLaren avait répondu à l'offre par la positive, la pilote avait essayé de faire valoir son droit d'absence auprès du chef d'établissement. Malheureusement, après discussion avec le professeur de mécanique quantique, il avait refusé de le lui accorder. Et pour cause, c'était une intervention qui remplaçait une bonne partie du chapitre, la présence de toute la section était capitale. Elle y allait ainsi presque à reculons, tirée par sa connaissance. _ Doucement, nous ne sommes pas en retard, la pria-t-elle de ralentir la cadence, à peine à trois minutes de l'entrée.

Les allées parcourues, elles rejoignirent la bande d'étudiants dont elles faisaient toutes deux parties. Si, autrefois, Joddie se serait volontiers assise sur un banc, à l'écart de ses camarades, cette nouvelle année scolaire marquait le changement. La première année de Master débutée depuis peu, elle s'était montrée bien plus ouverte aux autres, leur accordait parfois une esquisse, même si elle peinait à la rendre véritable. Elle trichait sur ses sentiments d'une façon bien plus joyeuse, avait mis de côté le masque bourré de neutralité. Alors, certes, tout n'était pas revenu dans l'ordre, et elle peinait encore à faire abstraction de l'absence de son compagnon de route, -et de vie-, mais l'engagement qu'elle avait pris auprès d'une association pour meurtris la rendait plus sociable, et attractive. Si l'année passée elle eut pour habitude de refuser les conversations et invitations, aujourd'hui, elle s'y laissait tenter. Elle s'était introduite dans les groupes, et n'avait plus peur des garçons; tout du moins, ne le montrait pas systématiquement. Elle vivait, un peu plus, s'était accordée le droit d'avancer. _ Alors, ça t'fait quoi d'accueillir quelqu'un d'ta maison à Columbia, posa l'un d'eux, après que les banalités furent échangées. Elle tint le silence, et Giulia intervint à sa place, d'abord d'une tape à l'arrière du crâne de l'étudiant. _ Débile, on avait dit qu'on n'en parlerait pas, s'exclama-t-elle, les pupilles dilatées.

_ Il ne l'a pas fait exprès, défendit-elle, en se montrant faussement intouchable par la situation. Joddie avait dû faire avec sa notoriété de pilote professionnelle, de son activité extra-scolaire qui ne lui laissait pas assez de libertés pour être considérée comme une jeune femme "normale". Certains l'avaient reconnue, et elle était passée inaperçue aux yeux d'autres, mais, quand bien même l'Université était grande et renfermait plusieurs bâtiments, la nouvelle s'était ébruitée assez vite. Sa première année de licence s'était mal passée, et elle avait dû être visitée par un professionnel qui l'aida à ne plus entendre les rumeurs, les murmures de fond de couloir, et ne plus voir les regards curieux et insistants qu'on avait l'habitude de poser sur elle, à chacun de ses passages. A présent, elle avait gagné sa place, certes, mais des inconnus allaient également participer à la conférence du Professeur, et elle préférait garder l'anonymat. Elle n'eut cependant pas à répondre à la question qui lui avait été adressée, car les portes de l'établissement leur furent ouvertes, et tous furent invités à accéder à la bâtisse. Les uns après les autres, ils se faufilèrent à l'intérieur, les plus pressés en priorité. Patiente, Joddie retint Giulia afin qu'elle ne fonce pas dans le tas; ça ne servait strictement à rien de pousser : il y avait de la place pour tout le monde.

Elles montèrent ensemble les marches au centre des différents niveaux, trouvèrent bon de s'arrêter trois étages plus bas que la cime et de prendre place sur les quatrième et troisième sièges. Assise, la métisse laissa glisser la bandoulière de son épaule, et son sac rejoignit le parquet ciré. De là, elle leva le tissu, agrippa la fermeture du bout de ses doigts et la dé-zippa d'un geste vif pour s'emparer de son carnet de notes et d'un stylo à l'encre noir. _ Je suis tellement excitée, fit la Britannique, en tapotant silencieusement ses paumes l'une contre l'autre, la plume entre ses doigts; une sur deux, au moins. Joddie parcourut l'assemblée d'un œil rigoureux, les sièges vides diminuant. _ Il y a tellement de monde, constata-t-elle, ce qui obligea Giulia à faire de même. _ Ils sont là pour écouter le Professeur, la rassura-t-elle, ils ne remarqueront même pas que t'es là, conclut-elle, et Joddie tenta de s'en convaincre malgré la suspicion qui se lisait sur certains visages. Le chef d'établissement mettant fin rapidement à ses réflexions, ce dernier prit place derrière le micro, les mains placés de chaque côté d'un pupitre de conférence. Il présenta l'invité, cet homme que Joddie avait eu l'occasion de rencontrer à plusieurs reprises, et chaque spectateur se mit à l'acclamer d'applaudissements; tous, moins un ?

L'arrivée de l'homme derrière le meuble calma le bruit des mains, decrescendo. La salle retrouva le silence et les étudiants se tinrent prêts à noter toutes les paroles du scientifique. L'Aborigène en fit tout autant, ses billes plus souvent sur le papier noirci par l'encre que sur la scène, bien que certains graphiques ou représentations captèrent son attention. Concentrée, les positions nombreuses que sa voisine prit la firent froncer parfois les sourcils. _ Je ne comprends rien à ce qu'il dit, commenta-t-elle, alors, à voix basse, et boudeuse. _ Il utilise beaucoup de termes scientifiques, répondit  rapidement l'Aborigène, je t'expliquerai, se déchargea-t-elle de le faire maintenant, peu sûre de pouvoir le faire plus tard non plus, car, du point qui suivit, émana une incohérence. A moins que ce soit son plan qui ne trouvait aucune rationalité dans la tête de l'étudiante ? Difficile à dire, difficile à croire. Notamment lorsqu'il fit état de l'incertitude d'Heisenberg, Joddie grimaça. Sa camarade ne mit pas longtemps à le remarquer. _ Quoi, l'interrogea-t-elle. Quoi... Quoi ? Il venait tout simplement de faire une grossière erreur, et ce, sans que quiconque ne puisse le remarquer, sauf peut-être la pilote, -qui usait de la précision dans ses entraînements, et de calculs semblables. La pilote, donc, et...


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1674 mots @Laurynas Mykolaitis Shut up and drive + (Joddie) 690147451
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Invité a posté ce message Mar 29 Oct 2019 - 20:46 #

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Get you where you wanna go, if you know what I mean. Got a ride that's smoother than a limousine. Can you handle the curves, can you run all the lights. If you can baby girl, than we can go all night. 'Cause it's zero to sixty in three point five. Baby you got the keys.


Introduction, excitation, palpitations. Le métronome cardiaque qui sort de son hibernation. Qui se prend pour un inoxydable danseur irlandais, s’adonnant à un frénétique numéro de claquettes sur les planches de ta cage thoracique. L’instant T. Qu’on attend comme le messie. Comme l’instant magique. Pulsent les secondes. S’envolent les minutes vagabondes. Germent dans ta psyché perturbée les rétorques assassines. Mettant tes entrailles en plein tripe. Tes idées diffuses se dévergondent. L’exaltation. De la pure. Celle que tu ne ressens que dans la sinistre pénombre de ce cloaque, situé sur cette décharge à ciel ouvert de Staten Island, et faisant office de hangar de stockage pour le trafiquant d’art, auprès duquel tu viens faire l’acquisition de profusion de petites merveilles, destinées à venir garnir les collections de curiosités de ton « petit musée des horreurs ». Une ivresse ressemblant à s’y méprendre à l’amorce d’une transe ou d’un envoûtement. Telle est l’électrisante sensation qui aiguillonne tes chairs dépravées à mesure que l’échéance des trois coups et du levé de rideau se profile. La copie conforme de celle qui submergea et fit frémir ta massive carcasse de golgoth septentrional voilà dix jours de cela. Lorsque tu portas en direction du labile halo de lumière blafard, d’une ampoule dénudée éclairant chichement cette caverne d’Ali Baba illicite et interlope, un bocal recelant la tête réduite d’un adolescent Aborigène. Somptuosité ayant survécu à la cavalcade des âges. Sans que leurs ravages n’aient de prise, ni n’altèrent son état de conservation tutoyant la perfection. Des traits ingénus, candides, chastes. Figés pour l’éternité dans un masque mortuaire, dégageant un déconcertant et puissant sentiment de plénitude. Tes dragées de jade rivées sur la relique australienne. Incapables de s’en détacher. Comme hypnotisées. Les sutures invisibles muselant ton delta buccal qui cédèrent. Tes replets croissants de chair scindés et entrouverts. Corps et souffle en suspension. Les cuticules enfiévrées qui dessinèrent fébriles sur le réceptacle translucide, les pourtours de l’angélique frimousse prépubère trépassée. « Puikus … . », feulas-tu dans un murmure rauque aux glaçantes inflexions extatiques. Exclamation torpide énoncée dans ton lituanien natal et équipollant à un « magnifique ».

Ce n’est pas tout les jours que la fougue te fait la grâce d’ébouillanter ton sang d’obséquieux et rampant être reptilien. Parmi les derniers shoots de volupté de cette trempe en date ; citons également cette turpide nuit d’Avril où tu fis l’acquisition de ce splendide spécimen de Panthera uncia naturalisée. Le soyeux pelage alpestre constellé d’ocelles félins, subjuguant la paume et le revers de ton extrémité palmaire, multipliant les lambins sacs et ressacs le long de l’échine de l’athlétique quadrupède. Ton musculeux buste affalé sur l’épine dorsale de la bête. La fourrure lustrée taquinant ton nez dit droit. Le crépitement d’un béat soupir se faufilant d’entre tes charnues, sitôt que tu offris la carne lactescente de ta joue poupine au doux manteau. L’émail des crocs qui se souda, un ruisseau écarlate contestant l’unicité immaculée ceignant ton orbe tempête et ta poigne de fer harpant vigoureusement la gorge du fauve. Verticalité, sempiternel maintien rigide et port de tête altier recouvrés, tu fis emphatiquement volt-face au contrebandier. Le regard farouche et l’opiniâtreté tourbillonnant dans tes maelströms oculaires. « Combien … ? », psalmodias-tu sèchement de ta voix modulée à l’âpre accentuation des grèves de la Baltique. Quatre des cinq fauteuils agencés au cordeau sur l’estrade finissent par trouver preneurs. Trois hommes en tuxedo strict, austère, exempt de fantaisie et originalité. Aussi bien dans la coupe, la matière et la couleur. La trentaine bien entamée, voire la petite quarantaine, et ressemblant à s’y méprendre à des triplés tant leur morphologie, leur style, leur faciès et leur attitude paraissent sensiblement les mêmes. Une femme. Plus jeune. Ayant décidé de faire des effets de toilette un brin excessifs pour la circonstance – selon ton opinion – et de forcer plus qu’il ne faut sur la Terracotta ainsi que l’eye-liner – toujours selon ton opinion. Déconcerté, tes cils papillonnent à vive allure. Cela n’a donc effleuré personne de lui dire que le mieux est l’ennemi du bien … ? Affligeant ! Un quatrième porteur d’un chromosome Y, d’âge mûr et aux tempes grisonnantes, rejoint cette brochette de têtes pensantes et met le cap en direction du pupitre afin de s’adonner à une sommaire présentation. Probablement le doyen de la Faculté. C’est du moins ce que tu en déduis en scannant de tes sphères pers son complet bleu marine d’excellente facture et probablement griffé.

Les tapageuses nitescences de la montre cerclant son poignet et irritant ta rétine, laissent à penser que les fins de mois commençant le douze doivent être quelque chose lui étant totalement inconnu. Un discordant larsen fait vriller tes tympans, au moment où il tapote la tête du micro pour s’assurer de sa fonctionnalité. Tes cordes vocales vrombissent sous le poids d’un râle acariâtre, et ton joli minois lilial d’éphèbe nordique se rembrunit des suites de cette agression auditive intempestive. Des hectolitres de pommade et de vaseline appliqués plus tard, le charlatan entre en scène sous une salve d’applaudissements. Des sourires de marchands d’aspirateurs, une poignée de main ferme, de succinctes amabilités échangées, quelques courbettes par-ci, des génuflexions par là et vôtre hôte part s’installer au premier rang, laissant la tribune à celui que d’aucuns considèrent être « la star du jour ». Pour l’instant encore … . Avant-bras croisés et alunis sur la tablette boisée, tu inclines légèrement le chef et voûtes imperceptiblement tes larges épaules. Tel un prédateur tapi dans l’ombre et guettant le moment opportun pour porter l’hallali à sa proie. Un éclat putride miroitant au fond de tes gemmes sylvestres et les babines mues en une esquisse vénéneuse. L’introduction est à peine entamée que déjà surgit une énormité magistrale. Une bévue qui sera indubitablement la première d’une longue série. Pauvre Werner Heisenberg … . Pour sûr qu’il doit faire ventilateur à force de se retourner dans sa tombe, si d’aventure l’énonciation erronée et maculée des souillures de l’incompétence de son principe d’incertitude, pourfend les brumes de l’au-delà et parvient jusqu’à ses éminentes oreilles. Phalanges recroquevillées. Ongles implantés dans les lignes sinuant sur tes paumes. Lippes potelées disparaissant en un fin filet, tu accroches tes iris verdelettes au plafond et prends une profonde inspiration faisant trémuler tes narines. Une apnée compilée en une poignée de secondes. Vient l’expiration longue comme le sanglot d’un violon, si cher à Verlaine. Agrémentée de simagrées manuelles mimant l’action de tasser. Garde ton calme « petit Tsarévitch ». Je sais que tu fulmines de l’intérieur et es sur le point d’entrer en éruption, tel le Vésuve ayant rayé de la carte Pompéi et Herculanum. Nonobstant, le moment n’est pas propice pour ta fracassante entrée en piste. Patience bellâtre … tout vient à point à qui sait attendre.

Soucieux de refroidir tes cinq litres de sang transmués en véritable lave en fusion et de dompter le brasier de la colère consumant tes chairs courroucées, tu détaches la paille arrimée à l’un des flancs cartonnés de la brique de jus d’orange, avant d’effeuiller sa robe de plastique d’un geste recherché et sophistiqué. Ni trop lent, ni trop leste. Le minuscule opercule circulaire transpercé, tu sirotes l’ambroisie agrumée dans une discrétion et une distinction laissant grandement à désirer. Incommodés par tes bruissements oraux, un jeune couple de rats de laboratoire en devenir, effroyablement mal assortis et que tu qualifierais « d’unis en pigeons » - la femelle étant plus belle que le mâle – se retournent de concert et s’évertuent à te foudroyer sur place à grand renfort d’œillades inquisitrices. Le fin tuyau encastré entre les incisives, tes impudiques péridots font la navette de l’un à l’autre. Labres avancées et joues albescentes creusées, une lame de concupiscence fait ondoyer tes pileux accents circonflexes sourciliers. Outrés et scandalisés, les tourtereaux boutonneux reportent en chœur leur attention sur le Professeur et son fétide verbiage. Dieu que ces jeunes sont devenus coincés, prudes, pudibonds et collets montés … ! Sourire pestilentiel grignotant joyeusement l’ovale de ton visage cireux, tu t’escrimes pour annihiler un pernicieux éclat de rire. La répugnante mise en bouche ingérée à grand peine, le tribun de pacotille s’en va rejoindre le quatuor d’ingénieurs et poursuis son irréfrénable logorrhée, en sollicitant de temps à autres l’expertise de ses collègues chargés de vulgariser son ramassis d’inepties afin de le rendre moins hermétique et sibyllin pour l’assistance massée en nombre. Crevant d’ennui comme un rat mort, tu émets un pantagruélique bâillement à t’en décrocher la mâchoire – que tu ne daignes même pas obstruer de ta main – et te pandicules en grimaçant, avant de déployer ton imposante envergure d’albatros sur le dossier des sièges inoccupés t’entourant de part et d’autre. Bon an mal an, tu tues le temps comme tu peux en levant distraitement le nez et comptant les petits caissons au plafond. Lassé au bout de soixante-dix sept, tu courbes ta grosse tête de polymathe en direction de l’étoffe virginale de ton T-shirt moulant et t’amuses à la mouvoir en faisant danser à tour de rôle tes proéminents pectoraux. Duck face et moue admirative grées sur ta gueule d’ange, tu opines du bonnet et t’auto-congratules en assénant une série de tapes sur ton musculeux deltoïde. « Bien joué p’tit ! », songes-tu enorgueilli.

Incapable d’ouïr plus longtemps une pareille farandole d'imbécillités en demeurant clean, tu déniches de la poche intérieure de ton perfecto couvrant le dossier de ton siège une petite fiole de ta douce éther. Le bouchon promptement dévissé, tu humes abondamment au goulot trois grandes bolées et t’empresses de refermer le contenant afin que les mirifiques vertus du liquide restent emprisonnées à l’intérieur. Soupir exsangue et orgasmique à l’appui. La fureur sort de sa torpeur et galope à bride abattue, lorsque le conférencier d’opérette annonce qu’une certaine Joddie Brown « aura la chance d’inaugurer ce tout nouveau bolide » samedi prochain sur le circuit de la firme McLaren. Une marée d’yeux convergent et se cristallisent sur une jeune afro-américaine à la chevelure léonine et aux traits de poupon éternellement juvéniles – dont tu ne peux hélas que contempler le profil - assise quatre rangs en contre-bas. Mâchoire rageusement serrée et sourcils convergeant vers la racine du nez, ta bobine hoches de façon négative. Alors que tu étais fin prêt à intervenir et quitter ce mutisme qui te houspille, les lumières s’éteignent et un mini-film vient orner le tableau blanc déplié au mur. Manqué. Les premiers effets léthargiques de ta came commencent à tendrement t’emmitoufler. Le brouhaha généré par les applaudissements de la foule maîtrisant sa liesse et son délire, t’arrache un sursaut et suffit pour que tu te redresses. Une flopée d’énergiques claques sur tes joues diaphanes pour te garder éveillé. Arrive le tant attendu temps « des questions ». Les « ouvreurs » circulent entre les travées et tendent un micro aux sottes engeances voulant des éclaircissements et des précisions sur tel ou tel point de détail. Harassé par la kyrielle de « Oh ! » et « Ah ! » ébaubis soufflée par la plèbe en écho aux réponses du bonimenteur, tes écrins mobiles se ferment sur tes fragments d’émeraude alors qu’index et majeurs s’affairent à masser tes tempes échaudées. Blouson hâtivement enfilé. Sac à dos réarmé sur les épaules. Très bien, ça suffit. Time to enjoy the fun ! Sourire niais bourgeonnant sur les lèvres, tu lèves ta dextre et agites élégamment les phalanges. Muni du micro gentiment offert par un grand échalas, tu plantes ton coude sur la petite tablette et cales candidement ta joue opaline dans ta paume de colosse. « Comment abordez-vous le fait d’être en passe de devenir un assassin ce samedi ? », demandes-tu dans un simulacre d’intonation innocente et naïve, en veillant autant que faire se peut à gommer ta prononciation slavique des « r » et des voyelles ouvertes.

Un blizzard sibérien de paroles soufflé depuis les crêtes de l’amphithéâtre et courant dans la plaine en jetant un froid polaire sur l’auditoire, qui manifeste sa stupéfaction aussi bien par l’interjection que par le geste, puisque tu captures les regards aussi facilement que la fesse attire la main. La pointe de ta fourchue jubile en gambade de manière sulfureuse sur l’émail éclatant de ta dentition. Etre le centre de l’attention … ciel que c’est jouissif ! T’en banderais presque, tiens ! Le Professeur défausse la carte de l’incrédulité en « te demandant pardon ». « Vous basez votre exposé en reprenant, paraphrasant et pompant allégrement les travaux antédiluviens et caducs de Dan Burchill, sans jamais le citer. Vous parlez de « percée décisive et déterminante » ; chez moi on appelle ça du plagiat et de la malversation, grimés en masturbation intellectuelle et Physique. », rétorques-tu ulcéré d’une voix bien plus mordante, enrobée dans une prononciation ne laissant planer aucun doute quant à tes origines russophones. Une répartie décapante saupoudrée d’un esprit Mortemart, suscitant auprès de « ton public » un sommaire éclat d’hilarité te faisant prendre ton pied. Tu regrettes et déplores l’absence de ton exquise succube. Pour sûr qu’elle aurait pris un malin plaisir à égrainer sensuellement toutes les atteintes portées au droit de la Propriété Littéraire et Artistique, en dressant scrupuleusement la liste des peines de prison et le montant mirobolant des amandes encourues. Irrité, l’incompétent se complaît dans sa bêtise en campant sur ses positions et débitant à nouveau sa faconde tel un quarante-cinq tours rayé. Affligé, tu plisses tes yeux, fracasses tes vertèbres contre le dossier, pousses un éléphantesque soupir occis, t’empares de la pomme à l’épicarpe rubis et la lances en l’air avec effronterie. « Question suivante. » ? Oh non, pas si vite mon cher ! On vient à peine de commencer … . Index apposé sur la poitrine de l’escogriffe souhaitant récupérer le micro, tu lui décernes un sourire narquois et un regard mutin équivalant à un silencieux « C’est pas fini, honey … ! ». Dans une débauche de théâtralité, tu déplies à la verticale ton sculptural mètre quatre-vingt dix et pousses sans ménagement l’ectomorphe, avant d’entamer la descente de l’escalier en bombant le torse et pavanant. « Dommage que les travaux sur la synergie des fluides, des actuels Prix Nobel de Physique, Mantas Šiškauskas et Yoshihito Aoyama, aient réfuté la théorie de Burchill, en démontrant que sans un système de refroidissement, l’adhérence et l’interférence extérieure exercée sur un corps en mouvement diminuent de près de quarante pourcents.

Appliqué à un véhicule motorisé avec des paramètres climatiques exécrables, ce nombre dépasserait alors les soixante-dix pourcents. Quand bien même vous ressusciteriez Ayrton Senna. »
, ajoutes-tu en singeant le phrasé pontifiant du chercheur et en distillant de-ci de-là des modulations moqueuses et cabotes. Une nouvelle manifestation d’alacrité fleurit, à la suite du petit mot d’esprit paraphant ta tirade. Pause et pose. Le micro niché dans le creux séparant tes pectoraux, tu savoures l’instant et bois du petit lait en balayant la salle du regard. Les canines molestant l’incarnadin de ta virgule labiale inférieure, tant la jubilation et le plaisir sont à leur paroxysme. Les bruissements des murmures, conciliabules et messes basses éclosent de tous côtés et drapent la vacuité du silence. Commençant à sortir de ses gonds, la « star du jour » se faisant cyniquement voler la vedette te répond furibard en embrayant sur le phénomène d’absorption. En parfait histrion dans l’âme, tu t’accroupis languissamment et prends appui en juchant ton avant-bras sur le trapèze d’un adonis hispanique assis en bout de rangée. Coude vissé sur la rotule, tu feins d’écouter religieusement ton interlocuteur en pinçant la pointe de ton menton crayeux orné d’une imperceptible pilosité dorée balbutiante. Les paupières ployant et le cartilage de l’oreille butinant l’arête de ton acromion droit. Badin, tu simules l’incompréhension en lorgnant les appliques lumineuses te surplombant en clignant frénétiquement des yeux. Dans une cocasse désinvolture, tu prends en aparté le latino te prêtant son épaule. Simulant d’être frappé par une révélation, tu ouvres la bouche et dodelines positivement du chef, avant d’agiter l’index dans sa direction et de tambouriner contre sa poitrine en guise de remerciement. La verticalité regagnée avec profusion d’esbroufe, tu reprends ta descente des escaliers en lorgnant le cadran de l’acidulée Swatch lovée autour de ton poignet droit. « A-B-S-O-L-U-M-E-N-T ! Voilà bien la première parole sensée qui m’est été donnée d’entendre depuis … oh grand Dieu, bientôt deux heures … ! Vrai, tout à fait vrai … pour la fibre de carbone. Seulement la structure de votre cercueil roulant, dont vous nous avez copieusement rebattu les oreilles, est en titane. Un métal conduisant fortement la chaleur. Chaleur rendant nulles les propriétés absorbantes que vous prêtez au titane et que nous connaissons. Sans système de refroidissement supplémentaire incorporé au moteur, les virages quatre, sept et onze du circuit d’entraînement des racers McLaren deviennent de véritables tombeaux.

Terro Laaksonen. Grand Prix de Magny-Cours deux-mille dix-huit. Son trépas n’a pas l’air de peser bien lourd sur votre conscience, puisque vos mains maculées de son sang s’obstinent à œuvrer sur des recherches que nous savons tous mortifères. »
, conclues-tu le faciès grave, d’une voix sépulcrale teintée d’une solennité et d’un sérieux à glacer le sang. Un pavé jeté dans la mare et générant une vague d’horreur éclaboussant l’assemblée. La résurgence du spectre de ce drame ayant ému et endeuillé le microcosme du sport automobile, que tu agites tel la muleta écarlate d’un matador sous le nez d’un taureau. La version officielle fait état d’un défaut de la piste. Seulement un autre son de cloche prêtant que le regretté pilote concourait à son insu, avec un moteur n’ayant jamais été homologué, ni passé avec succès la batterie de tests post-confection. Semelles foulant le parquet. Faciès figé, impavide, stoïque. Tes joyaux d’amazonite luisant de fureur qui plongent dans ses lagunes azurées. Regard porté sur la foule, tu désignes de ta patte marmoréenne la métisse aux joues remplies et à l’indomptable crinière. « D’où ma question : Qu’est-ce que cela vous fait d’être en passe de devenir un assassin, prêt à sciemment mettre en péril la vie de cette coureuse ? », ajoutes-tu en t’efforçant de calfeutrer ton accent lituanien, afin d’être clairement et distinctement compris de tous. Abasourdi, les menteuses du Professeur tressaillent sans emmètre un traître son intelligible. Ses acolytes se prennent d’affection pour leurs mains et s’enfoncent dans leur fauteuil, sûrement désireux d’y disparaître à cet instant très précis. La démarche assurée et altière, tu montes sur l’estrade et rejoins la fine équipe. D’un coup de Jordans, tu balayes légèrement les micros disposés sur la table basse et viens trôner dessus. Juste en face du méprisable plagiaire. Le regard fixe. Prêt pour la rixe. Pour riposter et le remettre encore et encore face à ses erreurs, en lui offrant une douche de propos cinglants. Un furtif coup d’œil en direction des entrées latérales, t’apprend qu’une escouade de gorilles tout de noir vêtus se tiennent prêts à intervenir à tout instant. Hmm … quitte à te faire dégager manu militari, autant que cela en vaille la peine et soit justifié, non ? Disques olives pétillant d’irrévérence, ton pulpeux bouton de rose éclot en un rictus vicieux. Tu essuies la cosse hémoglobine du fruit de la connaissance épousant ta paume droite contre l’étoffe ivoirine de ton T-shirt. Contre l’iceberg te servant de palpitant. Dans une vulgarité raffinée, tu croques à dents pleines dans la chair du fruit défendu. Le jus coulant de tes commissures. Perlant de ta mâchoire. Zigzaguant sur le fin derme albâtre de ta gorge. S’embouteillant sur ta glotte. Quelques mastications. La salive dissolvant la généreuse bouchée. Les limites dépassées. Aisément. Facilement. Largement. A travers cet haineux crachat digne d’un lama, qui flagelle le faciès effaré du Professeur n’en ayant que le nom. Des rognures de pomme criblant une trogne hébétée et un smoking tout droit sorti du pressing. La médiocrité ? L’incompétence ? La nullité ? Oui … tu leur craches dessus.                                                                                                                                                                                            


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Invité a posté ce message Jeu 31 Oct 2019 - 22:25 #

Shut up and drive

Get you where you wanna go, if you know what I mean. Got a ride that's smoother than a limousine. Can you handle the curves, can you run all the lights. If you can baby girl, than we can go all night. 'Cause it's zero to sixty in three point five. Baby you got the keys.


Les vertèbres en léger arc, elle ne put que relever son anatomie à l'entente de cette absurdité. Ses yeux avaient quitté ses notes pour s'ouvrir davantage sur l'homme qui parcourait l'estrade. Gauche-droite, droite-gauche, dans un calme, une sûreté, que Joddie ne comprit pas. Tout autour, les spectateurs buvaient ses paroles, et aucun ne sembla réagir à l'énormité déballée. Le simple coup d’œil jeté sur les niveaux inférieurs lui fit comprendre qu'elle réfléchissait peut-être trop, que les nombreux livres, difficiles bien qu'intéressants, qui lui étaient passés entre les mains cet été jouaient en sa défaveur, ce matin. Sa camarade de classe, concentrée sur les traits de l'Aborigène, ne reçut qu'une brève négation, un balancement de tête en guise de réponse. Non, elle n'allait pas débattre en plein milieu d'une conférence, et n'allait aucunement contredire un professionnel de quantique. Elle tourna son faciès vers la Britannique et lui offrit une furtive esquisse pour la rassurer avant de replonger dans le résumé qu'elle couchait sur papier. Giulia souffla, comme une enfant. Elle était une jeune femme de vingt-trois ans qui peinait à contenir ses émotions, était obligée de les partager; Joddie la connaissait de la rentrée. Bien qu'elles aient passé les années de licence ensemble, jamais il ne leur était arrivé de se côtoyer. A l'heure actuelle, elles étaient toutes deux face à des dizaines de garçons. Leur section, principalement masculine, avait été la raison qui les avait poussé à se rapprocher. Elles étaient différentes, l'une de l'autre, se complétaient. C'était pour quoi elles s'entendaient. Giulia était la boule d'énergie, excitée pour un rien, mais qui redescendait très vite, -trop vite. Joddie refrénait souvent ses sentiments, jouait le "sans effet", paraissait moins qu'elle n'était.

Ce fut donc à contre-cœur qu'elle gratta, de la pointe de son stylo, le papier aux traits réguliers. Elle écrivit chaque mot clé, cita le Professeur dans son intégralité, même si cela crispa ses nerfs digitaux. Elle leva les yeux sur les vidéos projetées au tableau blanc tendu, fit mine de s'intéresser aux mouvements du piètre orateur. Elle s'absenta, parfois, pour avoir reconnu quelques idées qu'elles avaient consumé à la bibliothèque avant son cours particulier, retraça les lignes déchiffrées des deux bouquins sur la mécanique quantique. Et c'est dingue, comme le temps passe vite, lorsqu'on rêvasse ! La métisse n'en dira pas moins, pour s'être rappelée des divers points théoriques, revus auprès d'un doctorant durant les grandes vacances, -ces points apparus à la prononciation d'un seul adage-, et qui l'occupèrent à plusieurs reprises pour la soustraire au monologue du conteur. Pour mieux l'additionner ? Probablement. Car à peine eut-elle le temps de revenir aux dernières trouvailles du physicien que son nom sortit de sa bouche. Elle crut d'abord avoir mal entendu, encore perchée dans une arithmétique à ordre non-aléatoire, mais le simple regard de son amie la plongea dans un tourbillon de gêne. Et, étrangement, ce ne fut pas d'être pointée par l'homme qui la dérangea le plus, ni même les regards qui se tournèrent subitement dans sa direction, mais le fait de l'apprendre en même temps que ces inconnus. Et la première question qui lui passa par la tête fut ; pourquoi. Pourquoi David, l'homme qu'elle considérait comme un deuxième père, ne lui avait rien dit ? Pire encore, comment osait-il faire une telle promesse en l'incluant, comme si son avis ne comptait pas, comme si elle n'était qu'un pion qu'on mettait à l'intérieur d'une caisse ?  

David et elle se connaissaient depuis près de dix ans. Il l'avait prise sous son aile au moment où elle s'était retrouvée dans une ville dont elle ne connaissait rien, dans un quartier qui la faisait flipper. Loin de sa mère et de ses sœurs, loin de sa maison arborée et d'une nature protégée, elle avait trouvé refuge dans un apprentissage plus poussé à ses côtés. Contrairement à beaucoup, il avait cru en elle, ne lui avait pas imposé de limites. Les années passées, il n'était plus qu'un simple instructeur, il avait été son confident, le seul à qui elle avait osé parler de l'alcoolisme grandissant de son paternel. Il l'avait soutenue, lui avait parfois offert le couvert, l'avait accueillie en pleurs en plein milieu de la nuit. Il la connaissait par cœur. Alors, bien qu'ils s'étaient disputés deux mois auparavant, que s'était-il passé ? Elle lui en voulait, d'abord pour l'avoir obligée d'accepter un sponsor qui la rapprochait de sa terreur, la séparait de ses valeurs, ensuite pour le lui avoir enlevé, et avoir brisé toutes ses chances de participer à la World Cup de Macao. Elle avait beau être son élève, et lui son mentor, est-ce que cela lui permettait d'avoir tous les droits sur elle ? Il savait ô combien le choix de la voiture avait une importance pour elle, car elle ne concourait pas avec n'importe quelle McLaren, ne s'entraînait pas avec un bolide dans lequel elle ne désirait pas s'installer. Joddie serra son stylo, mais son visage ne montra aucune colère, l'incompréhension en transparence dans ses pierres. Les je te l'avais bien dit que c'était elle se multiplièrent dans l'assemblée, les murmures nombreux qui devinrent tout sauf du silence à ses tympans. Et pour une jeune femme qui tentait, tant bien que mal, de passer inaperçue, ce fut raté.

L'extinction des lumières mit fin au mal-aise, une vidéo s'étala à nouveau sur le pan, puis, étage après étage, les personnes se levèrent en une ribambelle pour applaudir. Malgré les confusions, les incohérences et la nouvelle qui l'eut achevée, Joddie ne voulut paraître impolie, et mima ces anonymes et les membres de sa section d'études. Le stylo posé sur la tablette, son jeans se sépara du bois, et ses jambes la soulevèrent. Elle s'agrandit de son mètre soixante-treize et joignit fébrilement ses paumes, et ce plusieurs fois d'affilées sans grande excitation, le sourire absent. Elle avait espéré tellement de cette conférence, en ressortira forcément déçue. Les participants se calmèrent, lui donnèrent ainsi le droit de retrouver son assise, avant qu'ils ne soient autorisés à prendre la parole. Si, d'ordinaire, elle était intéressée par les réponses qu'on pouvait donner à l'auditoire, l'Aborigène ferma son calepin de notes et le glissa dans son sac à bandoulière, avant de s'allonger, décontractée, contre le dossier. Les bras croisés sous sa poitrine, le pouce et l'index de sa main droite caressèrent le pull cachemire écru qu'elle portait, là sur le haut de son biceps, quand la main gauche s'amusait du pendentif qui habillait le col en V. Ennuyée, elle n'attendait que la fin, déjà prête à user d'un certain élan pour retrouver l'extérieur de la bâtisse. Sa jambe passée par-dessus l'autre, elle la mouvait d'avant en arrière, marquant un rythme agaçant. Tout du moins, jusqu'à ce que la parole soit laissée à un curieux personnage, à l'accent remarqué, qui, indirectement, inséra la pilote dans sa question. Oh non, pas encore !

La salle se glaça un instant, un peu comme ces moments de film d'action où une motte de paille franchit une route sablée, passant entre deux cowboys sur le point de jouer leur vie; ne manquerait plus que le petit sifflement du vent. Il fallait dire que le jeune homme avait fait abstraction du tact, et que les fanatiques d'automobile, de formule 1, et d'autres courses pratiquées, avaient en mémoire le drame qui avait touché McLaren l'an passé, avaient en mémoire les nombreux décès de pilotes de ce siècle. Il ne faisait pas bon ménage d'ouvrir un débat sur la potentialité de trouver la mort sur les pistes de course quand une conférence sur des avancées technologiques innovantes, -ou remaniées-, tentait d'étouffer les risques encourus par les coureurs. Comme tout à l'heure, les yeux se tournèrent, les uns après les autres, vers la cime de l'amphithéâtre. Les spectateurs ne posèrent pas leur attention sur Joddie, cette fois-ci, mais bien sur celui qui tenait le microphone. L'Aborigène examina le faciès de ses acolytes, parqués un peu plus bas, avant de tourner son visage vers le blond qui, momentanément, avait opté pour la suspension de sa prise de parole. Il semblait dans l'attente. De qui ? De quoi ? Et cette pause obligea la gelée à se fendre, niveau après niveau. Les babillages reprirent de plus bel, commentant l'insolence et le charisme. Oui, les deux à la fois. Joddie n'en fit rien. Patiente, elle laissa ses lèvres closes, dévisagea l'inconnu jusqu'à ce que le Professeur reprenne les hostilités d'une sérénité presque horrifique, comme s'il désavouait la dangerosité de ses études pointée par l'intervention.

La position du participant rappela sensiblement quelques protagonistes de films de romance que la brune avait accepté de regarder en compagnie de sa voisine. De l'arrogance pure et dure, une pointe d'animosité et une forte dose d'intelligence. De l'intelligence, oui, parce que le nom dont il fit mention ne la laissa pas indifférente, et que son langage, ô combien soutenu, capta l'attention entière de la pilote professionnelle; pour un étranger, il usait de mots prodigieusement adéquats. _ C'est qui, interrogea Giulia, en se penchant contre sa comparse, histoire d'éviter de briser la confrontation de sa voix basse. Qui était-ce ? Aucune idée. Peut-être un orateur physicien d'une autre maison, un ennemi juré du professeur,  un étudiant en dernière année de doctorat. Il pouvait être tellement et personne à la fois. Encore une fois, la Britannique se prit une simple négation de la tête de l'Américaine qui fit une descente visuelle sur l'homme au costume qui essaya, tant bien que mal de s'extirper du foutoir dans lequel ce spectateur l'eut jeté. La question suivante fut demandée aussitôt, et quelques mains se levèrent, demandant alors à Joddie de reprendre sa pleine position sur le siège. Le Professeur pointa une personne dans les gradins, malheureusement, celle-ci n'obtint pas la chance de s'exprimer, et pour cause : la monopolisation du micro. La voix qui résonna dans les hauts-parleurs de l'espace fut encore pleine d'un accent des Terres de l'Est. Pourquoi ? Pourquoi fut-ce un homme comme Lui qui prenne position dans ce débat ?

Joddie resta droite durant l'attaque, espéra ne pas avoir à mêler au caractère de l'énergumène une démarche qui lui était propre, à Lui aussi. Pourtant, la marche lente du génie vers l'estrade, emplie d'assurance et de fierté, n'eut d'autre choix que d'apparaître aux billes de l'Australienne, d'origine. Qu'importait où elle plongeait son regard, la descente déjà glorieuse du blond la meurtrit, et fut comme tout droit sortie de son propre souvenir. Un frisson polaire parcourut tout du long sa colonne vertébrale, se dispersa même jusqu'aux extrémités de ses bras et ses jambes pour, finalement, la forcer à fermer ses paupières. Cette attitude désinvolte, elle l'avait tant aimée, pour aujourd'hui la haïr. Elle avait longtemps côtoyé l'air supérieur de son ex-compagnon, ce goût de dire tout haut ce qu'Il pensait, sans prendre en compte que, parfois, il valait mieux le garder pour soi. La bienséance, Il n'en avait eu que faire, préférait passer pour le malpoli de l'histoire plutôt que se restreindre à n'assumer ses réflexions. Il avait le ton, le chic, pour qu'on ne lui cherche des noises, et si c'était le cas, Il fonçait tête baissée dans la bataille avec la certitude d'avoir le dernier mot, de porter le dernier coup. Elle ne l'avait pas connu ainsi, l'avait trouvé séduisant, charmeur dans son genre, et attentionné. Autrefois prêt à tout pour chérir les siens du mieux qu'Il le pouvait, Joa était devenu un monstre.

Certains auraient dit qu'il avait chopé la grosse tête, d'autres que les responsabilités l'avaient dépassé, -encore aurait-il fallu qu'ils soient au courant de ce qui se tramait dans l'ombre. Qu'importait réellement, au final, d'où ce changement provenait, et comment on pouvait l'expliquer, Joddie se rappelait, comme si c'était hier, de la première main levée sur elle, du premier coup porté à sa joue qui l'eut renversée et laissée béate à terre. L'orgueil avait pris le dessus, si bien que l'Amérindien n'avait trouvé la force de se soumettre à l'excuse; ni cette fois, ni la deuxième, ni jamais. Les yeux dans l'obscurité, sa paume vint se poser sur cette pommette qui eut reçu sa première gifle, et ses poumons souffrirent du vécu, tant et si bien que l'Aborigène connut une respiration haletante. Sa poitrine se souleva à haute fréquence, -l'expiration chaude et forte-, et sa mâchoire se serra de dégoût. Heureusement, le coup de coude de Giulia la fit hoqueter de surprise, et elle revint à elle sur la fin d'exposé sur l'absorption du Professeur. Elle les détestait, le brun qui eut ruiné sa vie et ce blond outrecuidant qui réveilla ses démons. Pour autant, ses connaissances étaient exceptionnelles, il maîtrisait à la perfection le sujet, troublait même le spécialiste, et ce qui suivit la fit douter horriblement d'ô combien il pouvait être détestable. _ Il a raison, coupa-t-elle sa voisine, qui n'arrêtait pas de se demander pour qui il se prenait, le moteur n'a d'autre choix que de dépasser la chaleur maximale autorisée dans ses conditions, et à grande vitesse..., n'eut-elle pas besoin de finir sa phrase pour en faire comprendre la chute.

Cet homme était diaboliquement rusé. Grâce à lui, Joddie avait de quoi élargir la liste de suspect pour l'homicide volontaire de Joa Grahams, et, potentiellement, de sa mort prochaine. Si beaucoup pensaient encore que le dossier n'était constitué que de l'affaire du pilote vénéré, l'Inspectrice qui se chargeait de l'enquête était au courant de la continuité, notamment après avoir été contactée deux mois auparavant à propos de l'échange volontaire de véhicule, mais également d'une lettre suspecte reçue par l'ancienne championne de course GT. Le coupable n'avait pas encore été trouvé, ni arrêté, mais la tendance voulait qu'ils s'en rapprochent dangereusement. En attendant, un agent était posté autour du circuit d'entraînement, relayé quand son temps était venu d'aller se reposer, une quatrième équipe de faux-mécaniciens, sous couverture, lorgnaient les faits et gestes des employés McLaren lorsqu'ils devaient toucher aux véhicules utilisés par la demoiselle. C'était, bien évidemment, plus stressant que sécurisant de son point de vue, car Joddie n'avait jamais eu pour habitude de mentir à ses partenaires de garage, bataillait contre elle-même pour ne pas craquer et tout révéler. Ce qui la gardait en position n'était rien d'autre que la vie. A vingt-deux ans, et bien qu'on jouait avec la faucheuse par des vitesses excessives, on ne voulait pas mourir. _ Tu veux dire qu'il est entrain de te sauver la vie, fut surprise la Britannique. Oui, et non. L'Aborigène ne serait jamais montée dans cette voiture, de toute façon. Il lui offrait simplement une raison supplémentaire.

_ C'est un héros, alors, se tourna-t-elle vers la dernière scène qui mit -encore- en avant sa camarade de classe, camarade qui n'hésita pas à se faire petite dans son siège, pour éviter d'être mise dans le même sac que le roublard. Pourtant, elle ne baissa pas les yeux, fixa le bout de doigt du blond quand sa comparse s'amourachait de son faciès de badboy. Or de question, pour la plus jeune, de céder une fois de plus à  la matière grise d'un grossier comme Lui, de plier sous l'impulsion d'un prétentieux comme Lui, de se soumettre aux maux d'un impertinent comme Lui. Malgré le corps affalé, elle ne baissa la tête que lorsqu'il se mit encore en avant. Elle le pensa pathétique, roula des billes avant de plonger sa main à l'intérieur de sa poche étroite pour dénicher son téléphone portable. Elle déverrouilla l'écran de sa veille, n'eut pas à chercher bien longtemps le numéro de son entraîneur. Le sachant donner des cours particuliers à quelques adolescents, elle préféra lui envoyer un message qui le dépêchait à l'appeler dès lors qu'il recevrait le message. Elle l'effaça pourtant plusieurs fois, tenta de calmer sa colère, de ne pas la laisser transparaître dans les mots. Joddie n'agissait jamais sous le coup de sentiments, savait se contenir, même si elle se sentait trahie. _ Autre question, reprit le professionnel. Choquée d'entendre à nouveau sa voix d'une douceur impeccable, Joddie leva la tête avant même d'appuyer sa pulpe sur le bouton adéquat. Envolé. Le Terrien de l'Est était parti.

Sorti par les gorilles appelés en renfort ou ennuyé de faire face à un médiocre personnage, maigre de réponse et insignifiant de caractère, le blond d'un mètre quatre-vingt-dix avait disparu. Joddie le chercha, porta sa tête d'un côté puis de l'autre de l'amphithéâtre, aucune présence discourtoise à l'horizon. Rassurée ou déçue, elle ne sut réellement choisir, mais ce qui fut certain : le silence. Pas une main se leva dans les gradins, tous cherchaient à discuter du débat qui venait d'avoir lieu avec son voisin, de connaître l'identité de l'homme qui avait mis à mal un sacré morceau de la physique/mécanique quantique. _ Préparons nos affaires, proposa la brune, dès lors que le chef de l'établissement pris, à son tour, la parole pour remercier ses invités, et les personnes qui s'étaient déplacées pour assister à la conférence. La bandoulière ayant retrouvé l'épaule de sa maîtresse, l'appel au départ convainc la métisse à retrouver les escaliers centraux et rejoindre le rez-de-chaussée de la salle. _ Joddie, fut-elle interpellée par le Professeur, l'obligeant à une rotation quand Giulia décida de rester à sa suite, ravi que tu aies répondu présente, ajouta-t-il sans décocher un seul trait de compassion de la pilote, nous nous revoyons donc samedi, conclut-il, ce qui eut pour effet de faire lever légèrement l'un des coins de ses lèvres. Il plaisantait, n'était-ce pas ? Elle ne lui adressa pas la parole, ne lui offrit aucune réponse, Joddie reprit sa route, comme si elle n'avait jamais eu à s'arrêter.

_ Il était sérieux, se montra stupéfaite la blonde dès lors qu'elles eurent retrouvé la fraîcheur de cette fin de matinée d'Octobre, à ta place, je lui aurais balancé un deuxième mollard, s'excita-t-elle, moment où trois hommes les rejoignirent pour compléter le groupe; un brun aux yeux de braise, étudiant étranger venu tout droit de Valence, et deux blonds New-yorkais aux origines plutôt nordiques. _ A qui, fit l'un deux, curieux d'entrer dans le semblant de conversation. Joddie préféra éviter que les méchancetés s'ébruitent davantage; l'étranger leur en avait déjà fait assez profiter. _ J'ai un appel à passer, prévint la brune, je n'en ai pas pour longtemps, promit-elle. _ Vas-y, on bouge pas, pointa l'Hispanique un endroit un peu isolé de son menton. Le mobile encore en mains, elle sourit fébrilement avant de tourner les talons. Elle contourna le bâtiment d'un cinquième de pas pressés, appuya sur la touche qui envoya le message à son destinataire et chercha un autre numéro, -celui de l'Inspectrice Muñoz. Elle n'espérait pas réellement l'avoir au bout du fil, l'enquêtrice était chargée de plusieurs dossiers qui lui demandaient du temps, mais une chose était sûre : si elle laissait un message maintenant, elle ne pourrait plus faire marche-arrière. La peur l'avait trop souvent tétanisée, avait fait perdre de précieux mois à la résolution de l'affaire. Comme souvent, en pleine journée, Joddie tomba sur la messagerie, et elle profita de l'annonce vocale pour répéter ce qu'elle devait rapporter, ses lèvres mimant chacun des mots.

Le bip la surprit et elle bafouilla une salutation formelle, -peut-être trop, vue la situation. _ Je..., comprit-elle qu'il ne servait à rien de réciter une notification comme celle-ci telle une poésie, c'est Joddie, rappelez-moi demain. S'il vous plaît. Elle raccrocha, avant de poser l'appareil contre les battements puissants de son cœur. Elle décida de s'exiler visuellement pour regagner un brin de quiétude. Même si les pulsions sanguines effleurèrent à vive allure ses veines, elle tenta de faire le vide et de se concentrer sur sa respiration qui n'avait pas encore subi l'électrochoc de l'angoisse. Cent... Quatre-vingt dix-neuf... ]...] Cinquante-huit... Cinquante-sept... ]...] Deux... Un. Elle n'eut aucun mal à retrouver un visage serein malgré tout ce que cet appel représentait pour elle, L'inspiration fut profonde, les narines de l'Aborigène gonflèrent ses poumons au maximum, avant que les croissants de chair ne s'entrouvrent pour laisser passer un air chaud qui s'évapora en une blanche fumée. Ses cils dansèrent au même rythme que ses paupières humidifièrent ses cornées. Elle gagna un peu d'assurance, savait, de toute façon, qu'elle pouvait simuler à la perfection avoir passé un appel de deux minutes. Elle roula sa tête en passant par la droite, écrasa ses cervicales et glissa tout près de sa clavicule gauche pour revenir à sa position initiale; elle était prête. Prête, oui, mais probablement pas à tout. De retour, plus paisible que jamais, sur le chemin qui la menait à ses amis de section, ses quartz fumés observèrent les feuilles rougies que ses semelles ne pouvaient éviter un instant, avant de relever le museau sur la bande qui l'attendait pour déjeuner, -la bande et lui.

Elle ne trouva pas la force d'aller plus loin, s'arrêta avant d'avoir réduit la distance qui les séparait. Que faisait-il avec Giulia ? Que faisait-elle avec lui ? Joddie observa la scène de loin, les trois autres étudiants entourant le binôme, et ce fut sa camarade, et seule amie de la section qui la remarqua. Elle lui fit un grand signe, mais la pilote stagna, à moitié consciente. La Britannique n'eut d'autre choix que de rompre sa conversation pour venir tirer sa compatriote mécano de son sommeil, quand bien même vivante et éveillée. Le poignet entouré par les phalanges de la blonde, Joddie se retrouva face-à-face avec l'arrogant, -ou plutôt nez-à-torse. Elle ne leva pas automatiquement les yeux, réfléchissait à la raison qui l'avait amené à s'inviter au quintet. Cela ne tarda pas à lui atterrir en pleine oreille. _ Je lui ai demandé s'il voulait venir manger avec nous chez Friedman's, surprit-elle sa collègue qui n'eut d'autre choix que de demander : pourquoi,parce que tu m'as dit que t'en serais ravie, redoubla-t-elle d'effort pour la choquer davantage. Joddie se retrouva pantoise devant son associée de travaux, ne trouva rien à dire durant quelques secondes. _ J'ai dit ça..., ne fut-elle pas sûre d'avoir usé de la bonne intonation; l'étonnement, la fascination, l'interrogation ou l'affirmation ? Giulia haussa les épaules quand les hommes laissèrent les demoiselles régler leur histoire, espérant ne pas avoir à attendre longtemps : les ventres commençaient à grogner.

Joddie hocha délicatement la tête, probablement même que le mouvement ne se remarqua même pas. Comment se faisait-il qu'elle puisse prendre une telle décision ? Qu'avait Giulia en tête ? Joddie prit une grande inspiration, et tenta de se sortir de cette mauvaise posture. _ Vous n'êtes, bien évidemment, pas obligé d'accepter, l'aborda-t-elle, d'une telle façon qu'elle exprimait plus le désir qu'il puisse trouver le moyen de rejeter l'idée que de les suivre jusqu'à la brasserie. Et le tout, pendant que les autres, statiques à leur côté, trépignaient d'impatience. Ne viens pas. Ne viens surtout pas.


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