don't drive yourself crazy ☾ wassie (-18 ans)

La main droite dans ses poches, à la recherche des clés de l’appartement, il lutte pour ne pas faire tomber la bouteille qu’il tient de la main gauche au sol. Ce n’est pas grand-chose, un rosé qu’il a trouvé avant de prendre la route jusqu’ici, mais il tenait à ne pas venir les mains vides – oui même chez ses propres parents – ce soir. Enfin il les trouve et à peine a-t-il enfoncé la clé dans la serrure que la porte s’ouvre, manquant de le faire tomber par la même occasion. « Je pensais bien avoir entendu du bruit. » Large sourire aux lèvres, ses yeux pétillants de joie comme à chaque fois qu’elle voit l’un de ses enfants, Ava Farrell fait signe à son fils d’entrer dans l’appartement. Une dernière lutte pour arracher sa clé de la porte et il suit l’ordre silencieux de sa mère, s’arrête dans le long couloir et lui fait face. « Je ne suis pas trop en retard ? J’ai eu du boulot au poste. » D’un mouvement négatif de la tête, elle lui répond et lui fait signe en agitant ses doigts de lui donner sa veste dont elle le débarrasse. « Tes sœurs ne sont pas encore là. Les Rhodes par contre sont tous arrivés. Ton père est en grande discussion avec Chris pour le moment. » Pour la première fois depuis des années il aurait préféré que ses sœurs soient déjà arrivées. Si par le passé ne pas être le dernier l’arrangeait, le fait de savoir Cassie déjà présente sans avoir Maze pour leur servir de rempart, ça l’angoisse plus qu’il ne le voudrait. « Va mettre ça au frais, Markus. Je vais prévenir que tu es arrivé et demander à ton père qu’il chercher à savoir où sont tes sœurs. » Tel un robot, il s’exécute une nouvelle fois. Connaissant l’appartement par cœur, il se faufile en direction de la cuisine, appréciant par avance l’idée de se retrouver seul pour se préparer mentalement à cette soirée. La première depuis la nuit qu’il a passé avec Cassie. Au moins il peut espérer un peu de tranquillité en sachant tous leurs proches sous le même toit, mais il sait aussi que ce n’est pas ce qui va l’empêcher d’avoir envie de la toucher encore une fois. Dans un soupire, il entre dans la cuisine, s’arrête brutalement lorsque son regard tombe sur une silhouette de dos. Merde. Merde, merde, merde. Il pourrait faire demi-tour, rejoindre le salon, mais il aurait l’air bien idiot avec sa bouteille à la main. Et, le temps qu’il réfléchisse à une solution, elle se tourne et lui tente de paraître aussi neutre que possible. « Je ne viens pas te déranger longtemps, simplement le temps de mettre ça au frigo. » Pour appuyer ses paroles, il lève la bouteille mais reste planté là où il est encore quelques instants, son regard ne déviant pas un instant. Il regarde Cassie, son corps qu’il imagine à la perfection sous ses vêtements et s’empresse de se reprendre avant de se trahir. En quelques pas, il est devant le réfrigérateur et sa bouteille est rangée. « T’as besoin d’aide pour quelque chose ? » Ose-t-il tout de même lui demander, bras croisés contre son torse.

Il l’a su à l’instant où il a accepté la requête de sa mère. Il a su qu’il serait obligé d’affronter Cassie, d’affronter tout ce qu’elle pourrait provoquer en lui par sa simple présence. Malgré ça, il n’a pas refusé. Ses parents n’auraient pas accepté dans tous les cas, mais surtout il se pensait capable de tenir pour une petite soirée. Il le pensait réellement jusqu’à ce qu’il la voit de dos dans la cuisine. A cet instant, il a compris que le repas et le reste de la soirée allaient être long. Très long même. Wyatt, il tente alors de faire comme si de rien n’était, d’être aussi neutre que possible alors que tout en lui semble réagir rien qu’en la sachant à quelques pas de lui. Incapable de signaler sa présence, il l’observe en silence s’occuper de faire il ne sait quoi, probablement cuisiner. Et il frissonne à l’idée qu’il pourrait arriver derrière elle sans qu’elle le remarque, qu’il pourrait se coller à elle, humer son parfum et … mentalement il se secoue, chasse cette idée idiote de son esprit et se rappelle que leur histoire, elle est impossible. Ils ont cédé une fois en sachant qu’ils n’iront pas plus loin, c’est tout ce à quoi il aura le droit. « Oh salut. » Dit-elle une fois tournée vers lui. Wyatt se contente d’un très léger sourire et prend la direction du réfrigérateur. A voir comme ils sont tendus l’un avec l’autre, il ne peut qu’être certain que cette soirée va être difficile pour lui comme pour elle. Une chance pour eux que toute leur famille sera là ce soir pour calmer leurs ardeurs. Bouteille rangée, il s’intéresse de plus près à Cassie alors qu’il aurait dû fuir dans le salon, ça aurait été plus sage. « Non, je crois pas, j'ai presque fini ... » Malgré lui, il a fait quelques pas vers elle, lève la main vers son visage et ne peut se retenir de le caresser pour chasser la farine qui s’y trouve. « T’avais un peu de farine. » Explique-t-il son geste avant de réaliser qu’il a peut-être encore dépasser les limites. Cependant, si sa main retombe le long de son corps, il reste proche d’elle, son attention ne la quittant pas. « Je ferais peut-être mieux d’aller dans le salon. Tu sais si je dois rapporter quelque chose ? » N’importe quoi pour lui occuper les mains. N’importe quoi pour le faire fuir cette pièce au plus vite avant qu’il ne soit trop tard. Ils pourraient être surpris aussi proches à tout moment, ce qui ne semble pas le perturber plus que ça. Non, ce qui le perturbe, c’est cette aisance qu’il a désormais à s’approcher d’elle, à vouloir la toucher sans arrêt.

Pourquoi être aussi idiot ? Pourquoi croire ne serait-ce que quelques secondes qu’il serait capable de tenir tête à cette fichue tentation qui l’a dévoré à l’instant où son regard est tombé sur son dos ? C’était complètement stupide de sa part mais malgré ça, Wyatt a encore bon espoir de pouvoir tenir toute la soirée. Après tout, toute la famille des deux côtés est présente, il n’y a aucun moyen pour qu’ils cèdent comme ils l’ont fait l’autre nuit … n’est-ce pas ? Encore une bêtise puisqu’il a brisé la distance entre eux pour soit disant retirer la trace de farine qu’elle a mis sur son visage. Une excuse en carton pour avoir l’occasion de caresser son visage. Il le lui a dit. Wyatt, il ne couche plus juste pour coucher depuis des années. S’il a cédé à la tentation, s’il a pris le risque, c’est parce qu’il en avait vraiment envie et c’est toujours le cas ce soir. Parce qu’il sait que trop bien ce à quoi il aurait le droit. Il a en mémoire chaque baiser, chaque caresse, chaque soupire partagé avec elle. « Ah … merci … » Il se contente d’agiter légèrement la tête et de mordre l’intérieur de sa joue pour faire passer l’envie de l’embrasser. Ils sont si proches qu’il n’aurait qu’à se pencher pour le faire, ça lui prendrait à peine quelques secondes, toutefois il se reprend, tente d’être plus fort que ça. « Je crois pas. » Lui répond-elle. Qu’il aurait préféré qu’elle lui en donne une autre pour qu’il puisse partir de là sans avoir à se dire qu’une fois encore il fuit. A la place, Wyatt reste planté devant elle, son regard baissé vers elle, son envie de l’embrasser augmentant de seconde en seconde. « Wyatt ?! Tu viens m’aider ? » Jusqu’à être sauvé par sa mère. Il est ramené brutalement à la réalité, à la cuisine dans laquelle ils se trouvent. « J’arrive ! » Annonce-t-il sans pour autant avoir le temps de joindre ses gestes à ses paroles. La main de Cassie attrape la sienne, provoque un frisson et reporte son regard immédiatement sur la brune qui, sur la pointe des pieds, vient déposer un baiser sur sa joue. Tout près de ses lèvres. Bordel de merde … « Si tu veux vraiment être utile ce soir, arrête de me regarder avec ce regard aussi sexy. » Il déglutit, l’Américain, et la regarde retourner s’occuper de sa préparation en restant planté au même endroit comme un con. Finalement il jette un bref regard vers la porte de la cuisine. Personne. Parfait. Sans prévenir, il la rejoint l’oblige à se retourner et plante un baiser sur ses lèvres, laisse leur langue jouer une fois la surprise passée et à bout de souffle il se sépare d’elle. « Petite vengeance personnelle pour m’avoir cherché. » Fier de lui, il l’abandonne dans la cuisine, rejoint sa mère dans le salon et l’aide à dresser la table avant d’accepter la bière que son père lui tend. « Visiblement tes sœurs vont être occupées ailleurs. » Dit-il sans retenir son soupire. Wyatt grimace. Il sait que sa mère tenait à ce que tout le monde soit là, mais ça sera une prochaine fois. « C’est pas grave, on se rattrapera un autre jour et y a quand même beaucoup de personnes importantes. » Un bras passé autour des épaules de sa mère, il dépose un baiser contre sa tempe et apprécie le sourire qu’elle lui adresse. « Ah, Cassie ! Parfait, on va pouvoir trinquer à table. » Sans lâcher sa mère, Wyatt tourne la tête vers l’entrée du salon et regarde longuement la brune, ses iris tombant brièvement sur sa poitrine avant de remonter. « Installe-toi à côté de Sam, en face de Cassie, tu seras plus près de nous comme ça. » Sa mère tapote son torse et se détache de lui, suivant tout le monde pour aller s’installer à table. En face de Cassie … c’est sans doute mieux que s’il avait été forcé d’être à côté d’elle non ?

« Mes vengeances sont plus profondes, l’oublie pas » Il ne l’oublie pas, y pense même un peu trop sérieusement une fois dans le salon, entouré de toute cette famille quelque peu particulière. A vrai dire, il pense à bien des choses, Wyatt. Il pense encore trop à leur première et unique nuit ensemble, au plaisir de l’avoir embrassé sans qu’elle ne s’y attende et … à la façon dont elle pourrait bien se venger de lui. Il y pense même lorsqu’elle arrive enfin dans le salon et que sa propre mère chamboule le plan de table en sachant que ses deux filles ne viendront pas. Manger face à Cassie ça lui semble plus supportable. Il devrait survivre au repas et elle aussi, même si à peine à table il ne peut s’empêcher de regarder vers elle, taquin et sans doute plein de désir. Une chance que leurs parents ne soient pas capables de voir ça et, surtout, d’entrer dans sa tête. Verres servis, les différents plats tournent au-dessus des assiettes qui se remplissent petit à petit jusqu’à ce que sa mère s’intéresse de plus près au travail de Cassie. Le nez dans son assiette, Wyatt écoute d’une oreille attentive la discussion entre les deux femmes bien qu’à force d’avoir vécu sous le même toit remarquer qu’elle était presque considérée comme une esclave n’était pas difficile. « C’est une bonne nouvelle ! Parce que c’est pas le boulot qui va t’apporter un copain » L’Américain essaye de ne pas rire face à la réaction de Cassie. Son regard désormais porté dans sa direction, il laisse toutefois un rictus amusé prendre place sur ses lèvres. Venant de sa mère, il n’est pas surpris. Ava Farrell a l’art et la manière d’amener les choses et surtout elle parle quasiment toujours sans filtre ce qui parfois aura mis Wyatt dans l’embarras. Ça l’amuse beaucoup trop le flic, ce qui finira par se retourner contre lui, mais il n’arrive pas à contenir sa réaction alors qu’il hausse un sourcil, son attention toujours portée sur Cassie. « Je…Non, je n’ai personne, Ava. Et ça me va très bien comme ça, tu sais. » « Oui, à cause de ton boulot, ça j’avais compris…mais, y’en a même pas un ? » « Non. Aucun. » Elle est douée. Très douée pour mentir alors que lui sait qu’elle n’était pas du tout de cet avis lorsqu’ils ont fini dans le même lit, tout comme il sait qu’au fond il y en a bien un, tout comme lui est obsédé par elle depuis quelques jours. Se retenir de répliquer qu’elle ment lui est difficile et il se tait enfournant sa fourchette dans sa bouche. « Cela dit, si ça peut te consoler, j’ai entendu dire que Wyatt aimerait bien se poser » A son tour de s’étouffer. Il avait bien senti que la situation allait finir par se retourner contre lui et il n’est pas surpris que ça soit de la faute de la brune face à lui. Le regard de son père et de sa mère posés sur lui, Wyatt avale une gorgée d’eau pour faire passer ce qu’il a de coincé dans la gorge et tourne la tête vers eux.

« Ça ne veut pas dire que c’est le cas ou que j’ai le temps pour ça. » Dit-il en pinçant ensuite ses lèvres. « Faudrait que ça se calme au boulot et ce n’est pas trop ça. » Ses iris se posent sur le contenu de son assiette à peine quelques secondes avant qu’il ne sursaute. Un pied baladeur remonte le long de sa jambe, grimpe dangereusement plus haut. Une main passée sous la table, il saisit le pied de Cassie avant qu’il n’aille trop loin. « Tu devrais lever le pied, ce n’était pas supposé être le but de ton intégration aux renseignements ? » Trop focalisé par la question de son père, Wyatt relâche le pied de Cassie qui – malheureusement pour lui – atteint une destination qui le fait crisper sa main autour de sa fourchette. « Pas vraiment, non. C’est une sorte de tremplin avant de reprendre mon ancienne place. » Un détail dont il n’avait pas encore parlé sachant que ses parents sont toujours trop inquiets lorsqu’il part sous couverture. Mais pour le moment c’est le cadet de ses soucis et sentant que trop le pied de la brune sur lui, il sursaute une nouvelle fois, se cogne contre la table et voit son verre ainsi que celui de Cassie se renverser brutalement. « Merde, pardon ! » Attrapant sa serviette, il essuie la tâche qui grandit sur sa chemise en pestant dans sa barbe. « T’as l’air tendu mon chéri, ça va ? » Ça pour être tendu, il est sur le point d’exploser. « Ouais, je vais juste aller nettoyer ça. Ne m’attendez pas. » Déjà debout, il continu de nettoyer bêtement sa chemise jusqu’à atteindre la salle de bain. Un moment de répit, seul, ça l’aidera à se reprendre et surtout à faire disparaître cette fichue bosse dans son pantalon.

Sans même avoir à regarder dans leur direction, il sent le regard inquiet de ses parents se poser sur lui. Accepter que leur fils entre dans les forces de l’ordre avait été difficile, mais n’ayant pas le choix, ils s’étaient fait à l’idée. Accepter qu’il mette sa vie en danger deux fois plus qu’un autre policer ça, ça ne passe toujours pas. Wyatt le sait et il ne leur en veut pas. C’est le rôle de tout bons parents de s’inquiéter pour son ou ses enfants. Ça n’empêche pas que le brun fait ce qu’il aime, à des années lumières du petit merdeux qu’il était pendant un temps, mais tout de même. Être dans l’unité des renseignements est certes une bonne expérience à prendre, mais lui voudrait retourner pleinement sur le terrain, faire ce pour quoi il est le plus doué et ce n’est pas avec les quelques enquêtes sur lesquelles il est en ce moment qu’il le fera – hormis peut-être pour quelques heures. Néanmoins et jusqu’à présent, il avait évité de parler de ça. Profiter de sa famille et de ses proches était bien plus important, mais le fait est qu’il y pense de plus en plus et espère avoir bientôt le feu vert de son psychologue. L’annonce jette un léger froid parmi les invités, mais la réaction la plus surprenante reste celle de Cassie. Pas un instant il ne s’est attendu à ce qu’elle le frappe aussi léger que ça soit. Et, sous l’effet de surprise, il sursaute, renverse plusieurs choses sur la table à commencer par leur verre de vin. Une excuse marmonnée et il s’empresse de quitter la table pour rejoindre la salle de bain. Chemise retirée et probablement irrécupérable, il reste en appuie sur le bord du lavabo, le regard dans le vide. Il doit se calmer. A trop jouer avec le feu comme il est en train de le faire, Wyatt va se brûler. A moins que ça ne soit déjà fait ? C’est le chaos total dans son esprit, impossible pour lui de penser convenablement lorsqu’elle est dans les parages ce qui ne lui plait pas plus que ça d’ailleurs. « T’étais sérieux en disant vouloir reprendre ton ancien poste ? » Sa tête se tourne en direction de l’entrée de la salle de bain, puis il se redresse et va s’appuyer contre l’évier face auquel il se trouvait. « Je veux dire, repartir à Chicago, c’est ça ? » Il pourrait sourire à l’entendre s’inquiéter de la sorte, peut-être même se moquer un peu, seulement au regard qu’elle pose sur lui, ça lui coupe toute envie de le faire. « Mon ancien poste, oui. Chicago, non. » Même s’il le voulait non seulement sa couverture a été grillée en beauté mais en plus de ça il serait capable de dépasser les limites et tuer tous les salauds à qui il doit la mort de Thomas. « Les renseignements c’est bien, mais je suis bien meilleur dans l’action, sous la pression. Il n’a jamais été question que je reste définitivement là-bas. Ça ne veut pas dire que je vais partir où que ce soit, je peux très bien avoir une affaire ici, à New York. » Ce qu’il n’a jamais aimé, il faut le dire. Trop de chances qu’on vienne à le percer à jour ou qu’on le surprenne avec ses proches, ce qui les mettraient en danger. Mais Wyatt va où on lui dit d’aller. Remarquant la tâche sur le chemisier de Cassie, il s’approche d’elle, l’observe d’un air désolé tout en ne pouvant s’empêcher d’aller chatouiller la peau de son ventre. « J’espère que ce n’est pas un chemisier aussi précieux que ces belles robes que j’ai pu t’aider à retirer. » Taquin, il l’attire à lui, attrape la porte derrière Cassie et la ferme derrière elle pour pouvoir lui plaquer le dos contre. Collé à elle, lèvres trop proches même s’il ne cède pas, il pose son regard dans le sien. « Tu seras gentille d’éviter de remonter ton pied par-là. Je ne voudrais pas causer un autre incident. » Et, dans l’idée de la taquiner un peu plus, il approche ses lèvres puis dévie au dernier moment, préférant embrasser sa joue tout en restant contre elle.