Aimer, c'est savoir dire je t'aime sans parler. (+) Aria

Quelques jours auparavant, j’avais reçu un message d’Aria qui avait eu pour effet de me faire un peu paniquer. Dans ce message, elle m’indiquait ne pas pouvoir garder Nala cette semaine car c’était la galère pour elle. Alors déjà, de savoir qu’elle ne pourrait pas garder Nala était un problème pour moi. Si j’avais pris une babysitter, ce n’était pas pour rien, c’est que j’en avais vraiment besoin. Et d’ailleurs quand Aria n’avait pas donné signe de vie pendant quelques temps suite à la nuit que nous avions passé ensemble, ça avait été très compliqué pour moi de m’organiser pour faire garder Nala, j’avais clairement galéré ! Alors j’avais été soulagée après avoir parlé avec Aria sur ce bateau durant la croisière quand elle m’avait assuré qu’elle garderait de nouveau Nala. Même si avoir eu la peur de ma vie quand Nala avait disparu sur le paquebot, finalement, c’était un mal pour un bien car le fait qu’Aria l’ait retrouvé nous avait permis de nous revoir, de discuter et de mettre les choses à plat.

Evidemment, j’avais voulu comprendre de quelle galère elle parlait dans ce fameux message. Surtout une galère qui risquerait de me mettre moi aussi dans la galère ! C’est comme ça que j’avais appris qu’elle et sa sœur Matilda s’était fortement disputé et qu’Aria avait été virée de la maison. Cela m’avait fait mal au cœur, mais mon côté égoïste en avait profité pour lui proposer de venir à la maison, du moins temporairement. Bien qu’au fond de moi, je n’espérais qu’une chose…qu’elle reste définitivement à la maison, que l’on s’installe ensemble, mais je savais que c’était un peu tôt. Cependant, depuis ce baiser que nous avions échangé sur le bateau, j’étais sur un nuage. Aria et moi, nous nous étions revues quelques fois, rien qu’elle et moi, et ça avait été un pur bonheur.

J’avais été plus que ravie quand Aria avait finalement accepté de venir à la maison. Même si j’avais pensé que l’on ne pourrait jamais être ensemble, cette dispute avec sa sœur allait peut-être le permettre. Toutefois, j’espérais qu’elle allait se réconcilier avec Matilda car elle semblait très importante pour elle et je refusais qu’elle souffre ou qu’elle soit triste.

Cela faisait déjà quelques jours qu’Aria avait débarqué à la maison avec Hadès, pour le plus grand bonheur de Nala, et du mien aussi. Ce soir, comme assez régulièrement, je rentrais à la maison après Aria. Elle avait fini les cours et elle rentrait s’occuper de Nala, moi j’avais toujours quelques trucs à finir à l’université avant de rentrer. Mais depuis qu’Aria était à la maison, je rentrais plus tôt, elle me manquait trop et j’avais qu’une hâte, la retrouver. Après une longue journée, je rentrais donc chez moi, je glissais les clés dans la serrure et ouvrait la porte. « Je suis rentrée ! » lançais-je à peine entrée.

Depuis qu’Aria habitait à la maison, enfin du moins temporairement même si je n’étais pas du tout contre le fait que ça devienne définitif, je n’avais qu’une seule hâte, c’était de rentrer à la maison le soir. Alors non, n’allez pas croire que je n’étais pas pressée de rentrer avant pour retrouver ma fille, loin de là. Simplement, le début de notre relation avait été un peu chaotique, et jamais je n’aurais cru que l’on puisse être ensemble un jour. Et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce que j’étais son professeur et niveau éthique ce n’était pas trop ça, on pourrait m’accuser de faire du favoritisme, de lui mettre des bonnes notes et de sous-évaluer les autres, en clair de ne pas être impartiale. D’un autre côté, il y avait sa sœur jumelle, que je n’appréciais pas plus que ça du fait de ce qu’elle faisait subir à Aria avec ses caprices, mais pour autant j’étais convaincue que dans le fond Matilda était quelqu’un de bien.

Quand j’entrais dans l’appartement, Nala vint rapidement me voir pour me dire bonjour. Je me mettais alors à sa hauteur pour l’embrasser et lui faire un câlin avant de me relever et me faire voler un baiser par Aria, ce qui me fit sourire. Ce baiser avait été bien trop furtif à mon goût, et j’avais l’intention de lui faire savoir. « Toi aussi tu m’as manqué, terriblement ! » Je posais ma main sur sa taille et l’attirais vers moi et plaquais mes lèvres sur les siennes, savourant un baiser intense. Finalement, elle se détachait de moi à mon plus grand désarroi. « Tu es parfaite ! Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, ce serait une catastrophe ici ! » Je laissais mon sac à main tomber au sol et ôtais mes chaussures. Je n’avais qu’une envie, me mettre à l’aise. Enfin, je retirais mon manteau que j’accrochais sur le porte manteaux de l’entrée.

Entre temps, Nala était retournée dans sa chambre pour jouer un peu avant le dîner, qui allait arriver incessamment sous peu. Je prenais la main d’Aria et me dirigeais tranquillement vers le salon. « Qu’est-ce que tu nous as fait de bon ce soir ? » lui demandais en glissant mes lèvres dans son cou pour y déposer quelques délicats baisers. Le fait qu’Aria soit à la maison avait littéralement changé ma vie, et je n’avais qu’une peur c’était qu’elle parte, du jour au lendemain. En réalité, cela m’arrangeait bien qu’elle se soit disputée avec sa sœur. C’était dommage car cela la rendait triste mais égoïstement je me disais que ça me permettait de l’avoir pour moi seule.

Pour une fois, elle n’avait pas tout à fait tort, et cela me fis sourire. « Oh ça ne je doute pas que sans toi nous serions mortes de faim ! Tout était calculé, tu ne savais pas ? » lui annonçais-je ironiquement. J’espérais qu’elle ne le prendrait pas mal car ma proposition de venir à la maison quand elle s’était disputée avec Matilda était sincère et même si j’étais très heureuse de l’avoir pour moi toute seule, j’aurai quand même préféré pour elle que sa sœur soit plus indulgente. Avec mon boulot, j’avais du mal à avoir une organisation et c’était pourquoi j’avais eu recourt à une baby-sitter pour Nala, mais je n’aurai pas cru que je tomberais amoureuse de cette baby-sitter. Sans Aria, je serai complètement dépassée par les évènements et il serait très difficile pour moi de gérer mon emploi à l’université et ma fille. Toutefois, il était évident que si je n’avais pas trouvé la solution de la baby-sitter, j’aurai été contrainte de trouver un emploi moins contraignant en termes d’horaires pour être la plus présente possible pour ma fille et surtout pour pouvoir m’en occuper.

Elle voulait me sauter dessus ? Je n’étais pas contre… Mais ce n’était pas encore le moment. Nala pouvait débarquer à tout moment dans le salon, il serait mieux d’attendre que la petite soit couchée. « D’accord, je me calme…pour l’instant ! » lui dis-je avec un petit sourire plein d’arrières pensées. Elle se tourne pour me faire face, son visage d’ange est si joli, cette femme est une pure merveille, et j’ai la chance qu’elle soit mienne. Je me mordille doucement la lèvre inférieure quand elle m’annonce qu’elle a préparé des lasagnes. J’adore littéralement les lasagnes, sûrement un de mes plats préférés. « Oh c’est vrai ?! Mais j’adoooore les lasagnes ! Tu as tapé dans le mille on dirait. Je ne doute pas que ce sera délicieux, tu es un vrai cordon bleu Aria, je n’ai jamais aussi bien mangé que depuis que tu es à la maison, je suis une piètre cuisinière, Nala pourra le confirmer ! » Je ne peux que profiter du baiser qu’elle me donne ensuite. Je crois que je pourrais passer le plus clair de mon temps avec Aria dans mes bras, à l’embrasser. Je profitais de chaque instant passé avec ma jolie blondinette. Je savais que nous ne pouvions pas trop nous montrer à l’extérieur du fait que j’étais son professeur mais cela ne me dérangeait pas trop, même si j’espérais qu’un jour nous n’aurions plus à nous cacher. J’aimais profondément Aria, et de ne pouvoir profiter réellement d’elle qu’une fois à la maison rendait les « retrouvailles » que meilleures.

Ce qu’elle venait de dire, qu’elle avait pris une décision, me faisait peur. Je ne savais pas comment réagir. Je restais statique et silencieuse un moment avant de prendre la parole. « Ah oui ? Quelle décision as-tu prise ? Je te demande juste de ne pas me quitter…car je t’aime Aria…vraiment beaucoup. »

« Oh mince, je suis démasquée… C’est grave ? » Je trouvais la vie simple et légère avec Aria. Après il était vrai que cela ne faisait pas longtemps que nous étions en couple et pareil pour le fait de vivre ensemble. Pourtant, on ne se disputait pas, on se chariait, on plaisantait, on était complice, et cela me rendait plus qu’heureuse ! Lorsque je sens la main d’Aria glisser le long de mes hanches, je suis parcourue d’un frisson. C’était fou l’effet qu’elle pouvait me faire. J’aimais tellement sentir ses mains sur moi, et j’adorais le contact de sa peau contre la mienne dans des moments plus intimes. Je restais l’attendre un peu dans le salon alors qu’elle faisait un saut dans la cuisine pour surveiller son repas. « En tout cas, ce que tu nous prépares chaque soir nous convient parfaitement à Nala et moi ! » J’écarquillais les yeux à ce qu’elle me dit et la fixais en faisant un non de la tête. Je n’étais pas une bonne cuisinière. Enfin, disons que je n’avais jamais pris le temps de me poser un moment en cuisine et de suivre à la lettre une recette, cela ne devait pas être si terrible que ça ? Je ne voulais pas décevoir Aria alors même si je ne savais pas du tout ce que je pourrais préparer, je ne me sentais pas capable de refuser. « D’accord, on fait comme ça ! » Je lui souris aussi et prolonge langoureusement son baiser. Rassurée par ses propos, je soupirais. Elle avait pris une décision mais ce n’était pas me quitter. Alors, j’avais hâte de savoir de quoi il s’agissait, j’étais tout de même stressée. Le fait qu’elle prenne ma main me rassurait un peu. L’annonce qu’elle venait de me faire me fit énormément plaisir. Pourtant, je restais silencieuse un moment. J’étais très heureuse de sa décision, mais je me demandais si elle faisait bien de faire cela. Elle semblait contente de sa décision mais si elle avait pris cette option que j’enseignais c’est parce qu’elle lui plaisait, et cela me gênait qu’elle se sacrifie pour moi, enfin pour nous. J’avais du mal à montrer mon contentement. « Aria je…tu es sûre de toi ? »

Je ris doucement à sa remarque. « Mais…tu me pardonneras à chaque fois alors ? Car je suis toujours incroyablement sexy ! » ajoutais-je amusée. Je ne pensais pas un seul mot de ce que je venais de dire. Je n’étais pas quelqu’un de très sûr de moi alors me faire ce genre de compliment, pas vraiment. Loin de moi l’égocentrisme. Avec Aria, la vie est simple, douce et sans accrocs. C’est la première fois que je me sens si bien dans une relation. Bon après, j’avais passé ma vie à cacher mon homosexualité à ma famille, car il ne fallait pas faire comme ça. J’avais épousé un homme juste pour faire plaisir à mes parents, j’avais eu une petite fille avec lui, mais j’ai cessé de cacher qui j’étais vraiment quand ce fumier à lever la main sur ma fille. Je ne supportais plus de jouer un rôle et d’être une autre personne que celle que j’étais vraiment. J’étais heureuse aujourd’hui de pouvoir vivre telle que j’étais, avec mes préférences et surtout avec la femme dont j’étais tombée amoureuse. « Bah tu vois, c’est que ce n’est pas si mal ! » L’air sérieux d’Aria, je n’y croyais pas du tout ! D’ailleurs elle non plus puisqu’elle se mit à éclater de rire et je ne pus faire autrement que de faire pareil. Je faisais une petite grimace à ce qu’elle dit. « Oh ne soit pas si impatiente ! Je ne garantie pas le résultat… Et puis, je n’ai aucune idée de ce que je pourrais cuisiner. » Le contact de ses lèvres sur les miennes était une sensation que j’adorais et dont je me priverais pour rien au monde. Quand Aria m’avait annoncé qu’elle voulait changer d’option, j’avais été quelque peu rassurée car j’avais tout de suite imaginé le pire en pensant qu’elle pourrait me quitter. On s’aimait avec Aria, très fort, mais peut-être que notre différence d’âge pourrait la déranger ? Et puis, elle n’avait que vingt et un ans et moi j’avais une fille, elle voulait peut-être prendre le temps de profiter un peu plus de sa jeunesse et ne pas s’embarquer déjà dans une relation avec une femme plus âgée ayant déjà un enfant. Finalement, c’était tout le contraire. Elle voulait que l’on ne se cache plus et que l’on vive pleinement et officiellement notre relation. J’en eus les larmes qui me montaient aux yeux. J’étais très touchée et très émue par cette décision qu’elle venait de prendre. Et il m’était tout bonnement impossible de refuser. Je relevais doucement son visage afin qu’elle me regarde. « Oh Aria…tu ne peux pas me faire plus plaisir ! » Je me pincais les lèvres afin de me reconcentrer et surtout ne pas laisser une larme échapper à mes yeux, j’étais un peu timide concernant ce qui était de montrer mes émotions, mais là j’avouais que c’était dur de me retenir. « Je ne rêve que de ça… que l’on soit officiellement un couple, qu’on ne soit plus obligée de se cacher, que je puisse t’embrasser dans la rue devant tout le monde… Je t’aime tellement Aria ! Merci de faire ça pour moi, merci de faire ça pour nous, je t’en serais à jamais reconnaissante ! » Je plaquais alors intensément mes lèvres contre les siennes et partageais avec elle un langoureux et passionné baiser.