“When you don't talk, there's a lot of stuff that ends up not getting said.”
Ezra fronçait les sourcils, il détestait attendre dans le hall d'entrée de la station de police... l'endroit lui évoquait trop Aaron, il se sentait nerveux et triste en même temps, sa mâchoire était contractée et il faisait en sorte de rester attentif malgré tout aux aller et venue des gens. Il n'était pas là par gaîté de cœur mais parce qu'il avait l'impression que Mia... lui glissait entre les doigts. Il avait mis de côté sa morale et son sentiment de culpabilité pour tenter d'arranger un minimum les choses, c'était sa belle-sœur ! Avant tout ça, ils étaient même amis !
Enfin, tout était la faute de Thomas Lance... il l'avait croisé pour leur mensuel visionnage de match de baseball. L'ancien coéquipier de son frère et lui-même étaient restés en bon contact et ils avaient décidé de continuer de se fréquenter, ces rencontres faisaient du bien aux deux hommes. Sauf que sa dernière rencontre avec Thomas l'avait d'abord laissé perplexe... et puis passablement énervé. Lance lui avait demandé si Mia allait mieux après son malaise au commissariat, pris au dépourvu, il avait baragouiné une réponse passablement lamentable. Parce qu'il n'avait sincèrement aucune idée de comment allait Mia. Depuis leur unique nuit ensemble, ils s'évitaient, ils ne se parlaient plus, ils osaient à peine se regarder et quand ils étaient dans la même pièce, ils s'arrangeaient pour ne jamais parler aux mêmes personnes... et ça commençait à lui tomber sur les nerfs, avant leur "erreur" Mia était son amie ! Et là ils n'étaient plus rien. Même plus des amis et ça le rendait malade cette situation. Tellement qu'il avait à peine fermer l’œil la nuit dernière et qu'il avait été incapable de se concentrer sur le moindre de ses dossiers. Ne pouvaient-ils pas faire en sorte d'au moins préserver leur amitié ? Il préférait encore être son ami que juste "rien" dans la vie de Mia... l'avoir à porter de main sans savoir lui adresser la parole, discuter avec elle ça lui faisait mal... cette distance entre eux ça le rendait malade mais il ne pouvait en parler à personne parce qu'il savait que ce n'était pas "bien", il savait que s'il continuait ainsi de chercher la compagnie de la jeune femme, c'était Lena qui allait être blessée dans l'histoire et il ne pouvait pas non plus se le permettre... mais il était aussi hors de question que sa relation avec Mia continue d'être aussi froide et distante.
Mia avait quand même fait un malaise et elle n'avait prévenu personne de sa famille et... est-ce qu'ils avaient tout gâchés ? La réponse logique était oui... sauf qu'il n'avait pas le sentiment d'avoir commis une erreur, Enfin, c'était surtout compliqué parce que dans le fond, le vrai problème d'Ezra n'était pas qu'il regrettait leur nuit, juste les conséquences que celle-ci pouvait avoir... mais à proprement parlé... avoir Mia une fois, avoir été capable de l'aimer et de lui montrer, ça avait été libérateur pour lui, il avait enfin pu la tenir dans ses bras comme il avait longtemps fantasmer de le faire.
C'est dans cet état d'esprit qu'il se trouvait lorsqu'elle se matérialisa devant lui, il se leva abruptement et se dirigea vers elle le regard déterminé mais les mains moites. Il tentait d'être confiant mais il n'en était pas moins très nerveux et agité par cette tension entre eux. « Mia il faut qu'on parle. » commença-t-il en se dressant devant sa belle-sœur, elle ne devait certainement pas s'attendre à sa présence. Ezra l'observa avec attention, elle semblait aller bien, ça le rassurait quelque peu. « S'il te plait... » ajouta-t-il faiblement avec tellement d'incertitude dans la voix. Et pourtant, malgré tout, son regard s'adoucit, il s'adressait enfin à Mia, il était enfin en sa compagnie et ce fut automatique, son coeur s'apaisa une fraction de secondes.
“When you don't talk, there's a lot of stuff that ends up not getting said.”
Il y’a trois jours, tu as fait un malaise en pleine intervention. Inquiets, tes collègues ont imposé une visite médicale pour s’assurer que tout va bien. Toi qui pensais que cela venait du fait que tu ne manges pas assez ces derniers temps, le médecin t’a détrompée : enceinte. Encore aujourd’hui, tu as du mal à le croire. Chaque matin, tu observes ton corps dans le miroir pour voir si une rondeur est visible… Tu ne l’as dit à personne bien évidemment, affirmant à tes collègues que tu avais raison, que ce n’était rien de grave et que du repos était conseillé. Personne n’est au courant. Pas même le principal concerné dont tu n’as plus de nouvelles depuis un moment. Faut dire aussi que tu ne fais rien pour en avoir, la culpabilité qui te ronge un peu plus à chaque fois que tu croises son regard, à chaque fois que tu te retrouves dans la même pièce que lui… Et ce bébé n’arrange en rien les choses, bien au contraire. Combien de chances pour que tu tombes enceintes ? Toi qui étais persuadée que vous vous étiez protégés…
Tu as posé congé ces trois derniers jours. Tu aurais pu prendre la semaine mais le fait est que tu rumines trop, seule chez toi. Être au travail te permet de penser à autre chose que ce petit être qui grandit en toi. Alors, pour t’occuper l’esprit, tu prends tous les dossiers qui passent, tout ce qui peut t’empêcher de réfléchir trop à tout ça. Parce que bien évidemment, tu as interdiction d’aller sur le terrain toute la semaine… Et tu n’oses imaginer leur réaction si tu disais la vérité. Pour sûr que tu n’irais plus du tout !
Perdue dans un dossier complexe, tu ne le vois pas arriver. Sentant une présence près de toi, tu t’apprêtes à faire une remarque, persuadée qu’il s’agit de ton coéquipier, tandis que tu relèves le nez de tes papiers. Et là, le choc quand ton regard se pose sur lui mais surtout, que sa voix se fait entendre. Imperceptiblement tu te figes, la voix coupée et les yeux légèrement écarquillés sous la surprise. Depuis quand ne l’as-tu pas vu ? Tu as arrêté de compter… « Qu’est c'que tu fais ici ? » que tu demandes, stupéfaite, en essayant de faire bonne figure, non sans lancer quelques regards autour de vous. « Tu n’as pas le droit d’être ici » que tu ajoutes d’une voix moins haut perchée alors que tu focalises à nouveau ton attention sur lui. Et tu voudrais le remballer. Le renvoyer d’où il vient parce que tu n’as pas la force de discuter avec lui. Sauf que tu n’y arrives pas. Encore moins lorsqu’il te supplie presque, avec son regard qui te fait craquer. Dernier coups d’œil autour de vous. « Viens » que tu finis par lui dire et, sans lui demander son avis, tu l’attrapes par la main,tes doigts qui s'enroulent autour des siens. Ce simple contact te provoque un léger frisson tandis que tu l’entraines à ta suite, direction la petite pièce qui te fais office de bureau. La porte qui se referme derrière vous alors que tu appuies ton dos contre. « Tu veux quoi Ezra ? » que tu demandes d’une voix un peu plus hostile que tu ne le voudrais vraiment, bras qui se croisent sous ta poitrine. Et subitement, tes pensées dévient vers ta sœur... « C'est Lena? il s'est passé quelque chose? » que tu le questionnes finalement d'une voix inquiète alors que tu fais quelques pas dans sa direction.
“When you don't talk, there's a lot of stuff that ends up not getting said.”
Quand il était venu, son objectif était assez simple : il voulait mettre les choses au claire avec Mia. D'accord, ils avaient fait une erreur mais ils pouvaient passer outre parce que désormais ils étaient dans la même famille. Ils étaient destinés à encore se croiser et se fréquenter. Ils allaient devoir mettre de côté cette attirance malveillante parce qu'elle allait tout détruire.... le soucis, c'était qu'une fois que Mia était dans son environnement direct, il avait du mal à ne pas la regarder, à ne pas chercher sa compagnie ne serait-ce que pour échanger des banalités... mais depuis leur écart, il y avait un véritable froid et ça devenait trop oppressant pour Ezra. Elle n'avait même pas annoncer à sa famille ses soucis de santé et de ça... il se sentait coupable.
Comment ne pas l'être ? Alors il avait joué une carte dangereuse, celle de coincer Mia à son boulot, ce n'était pas très sérieux de sa part, il l'avait directement pensé en le faisant, mais elle ne lui laissait pas vraiment le choix. Quand elle le remarqua enfin, elle ne semblait pas ravie de s'être ainsi faite abordée. Elle est même assez fâchée et aux regards qu'elle lance autour d'elle, elle ne semble pas non plus à son aise. Elle finit tout de même par lui attraper la main et Ezra resserre doucement son étreinte sur sa main. Ce contact si infime le ravit et c'est presque inconsciemment que son pouce caresse la paume de Mia.
Elle l'emmena dans son bureau et ferma la porte derrière elle, en le faisant leurs mains se séparent et il sent un froid s'emparer de lui. Elle lui demanda ce qu'il faisait là d'un ton si froid qu'il se mordit nerveusement les lèvres avant de se passer la main dans les cheveux, se décoiffant en le faisant. Il n'eut pas le temps de répondre à sa première question qu'elle enchainait avec Lena, s'inquiétant pour sa sœur. Le cœur d'Ezra se serra à l'évocation de sa femme et il recula d'un pas. Il avait trop peur que cette solitude et cette proximité ne soient pas la meilleure chose pour eux finalement... « Non, c'est toi Mia... je... » il se racla la gorge et son regard se fit plus sérieux. « Je sais pour le malaise Mia, et je pense bien être le seul de la famille à être au courant et ce n'est pas normal... » il fit un vague geste de main qui allait d'elle à lui, tentant de trouver les bons mots. « J'aimerais que les choses soient comme avant parce qu'on ne peut pas continuer à autant s'ignorer... tu manques à ta sœur... elle ne le dit pas mais je la connais tellement maintenant... et quand j'ai été mangé chez tes parents ils se plaignaient aussi de ton absence... » il inspira longuement avant d'avancer d'un pas vers Mia, il écarta une de ses mèches de cheveux du visage dans un geste sans doute trop intime mais quand il le réalisa il était déjà trop tard. « C'est ta famille... ce n'est pas à toi à t'éloigner d'eux pour... ce qu'on a fait. C'est à moi, je peux te laisser plus de place et m'effacer un temps s'il le faut. » finit-il par dire doucement sans réussir à la lâcher du regard. Elle lui avait tellement manquée, l'avoir à porter de main l'apaisait plus qu'il ne lui était permis mais s'il gardait ce sentiment pour lui seul... personne ne pouvait être blessé.
Invité a posté ce message Lun 10 Fév 2020 - 11:45#
“When you don't talk, there's a lot of stuff that ends up not getting said.”
Tu tentes de garder ton sang froid, ne rien laisser paraître. Tu es même froide avec lui alors que tu lui demandes ce qu’il vient faire ici, sur ton lieu de travail. Mais intérieurement, c’est une tempête qui se joue. Être dans la même pièce que lui fait s’emballer ton palpitant. Ses doigts n’ont-ils pas caressé ta main lorsque tu l’as trainé dans ton bureau ? Tu chasses rapidement cette pensée de ton esprit tandis que tu croises les bras. Pensée qui est vite balayée par une autre et qui concerne ta sœur. Subitement, tu changes du tout au tout et l’inquiétude se lit sur tes traits. Lui est-il arrivé quelque chose ? Tu en quasi persuadée car tu ne vois pas d’autre raison quant à la présence de Ezra ici. Ce dernier te détrompe rapidement. Affirme qu’il s’agit de toi. Tu te stoppes dans ton élan, fronçant les sourcils. Forcément, tu imagines qu’il parle de ce qu’il y a eu entre vous et de ce froid glacial qui s’est installé ensuite. Ezra semble hésiter. Tu t’apprêtes à dire quelque chose mais tu es stoppée dans ton élan alors qu’il reprend la parole. « Comment tu... » mais tu n’ajoutes rien, la réponse se faisant d’elle-même. Thomas. Tu ne vois personne d’autre qui aurait pu en parler à Ezra. D’ailleurs, tu ne comprends pas pourquoi il l’a fait. Ce n’est que ton beau-frère... Cette simple pensée te provoque un frisson le long de l’échine. Tu roules des yeux alors qu’il poursuit son discours. « Je vais bien Ezra » que tu affirmes, te retenant de dire qu’il exagère. De toute façon inutile de le dire, ton attitude parle pour toi, alors qu'au fond non, tu ne vas pas bien. « Je ne vais pas ameuter toute la famille pour un truc si minime. » que tu ajoutes, te gardant bien de lui dire les raisons de ton malaise en plein service.
Ezra s’avance vers toi et sans même t’en rendre compte, tu retiens ton souffle alors que sa main s’approche de ton visage. Tu ne bouges pas, ne dis rien. Mais ton cœur, lui, semble être sur le point d’éclater. Cette proximité entre vous te perturbe bien plus que de raison alors que tu ne parviens même pas à le regarder. Ses mots te touchent et te blessent à la fois. Tu ne sais pas quoi dire. Le fait est que tu ne sais pas ce que tu veux. Ou plutôt, si, tu le sais. Mais tu ne peux pas te permettre de telles choses. Ezra est marié à ta sœur... Veux-tu qu’il sorte de ta vie ? Bien sûr que non. Et même si tu le voulais, ce serait impossible. « Tu comprends pas... Les choses ne peuvent plus être comme avant » que tu souffles finalement alors qu’enfin, tu oses plonger tes yeux dans les siens. « On a franchi la ligne rouge Ezra. Ya pas de retour en arrière possible » que tu ajoutes d’une voix grave, le regard intense. « On va devoir vivre avec le poids de ce qu’on a fait. Vivre avec cette culpabilité qui nous ronge. » que tu poursuis, parlant plus pour toi que pour lui. Parce qu’au final, tu ne sais pas comment il va. Tu ne sais pas s’il se sent aussi mal que toi. Et en même temps... Ce serait mentir que de dire que tu regrettes ce qui est arrivé entre vous, même si ce n’était que l’histoire d’une nuit... Et lui ? Tu n’en sais rien. Mais il n’a pas semblé différent de d’habitude ensuite. Pire même. Quand tu le vois avec ta sœur, c’est comme si rien était arrivé. Et ça te fait mal... « Je sais même pas comment tu fais. Comment tu peux faire comme si tout allait bien quand tu es avec Lena. Comment tu peux même encore la regarder dans les yeux, la toucher, l’embrasser.... Moi j’arrive même plus la regarder. J’arrive même plus te regarder... » que tu lances d’une traite, la voix qui finit par n’être plus qu’un murmure alors que tes yeux dévient pour aller se fixer sur ton bureau, derrière Ezra.
