Je me tenais assise sur le siège des toilettes, le bâtonnet entre les mains. Ce n’était pas possible. Quand avions-nous ? Certes, nous ne nous sommes pas toujours protégés mais je tente de faire la connexion alors que mon cerveau vient s’éclairer. Je suis enceinte. Certes, je ne suis pas allée faire les examens d’usage mais les douze tests qui jonchent le sol de mon appartement. Je tente de calmer les battements de mon cœur avant de venir mettre mes cheveux derrière mon oreille pour ramasser tout le bordel que j’ai mis. Puis, je sors du cabinet pour prendre mon cellulaire et appeler mon obstétricien. J’ai la chance qu’il soit libre dans la journée. Car le soir-même, je devais retrouver Emilio pour son anniversaire. Quarante ans et je devais aller faire les boutiques pour lui trouver un cadeau. Mais à vrai dire, je pense que la petite chose qui grandissait en moi était suffisante. Je viens porter la main à mon ventre. C’est trop tôt. Beaucoup trop tôt. Et s’il n’en voulait pas ? En proie à un doute, je viens déglutir avant d’enfiler une robe assez ample pour attacher mes cheveux en queue de cheval et me rendre chez mon médecin, le cœur lourd. La peur de le perdre me saisit au cœur et je mesure alors de ce que cela implique. La dernière fois, j’ai avorté mais pas cette fois. je sais que dans le fond, il est destiné à être le père de mes enfants. Mais c’était trop tôt.
Allongée sur cette table, quarante minutes plus tard, je n’écoute pas ce que me dit mon médecin pour venir toucher l’écran du bout des doigts. Rapidement, on peut entendre le bruit du battement de cœur. «
Il y a un petit souci. » Comment ça ? Comment ça il y a un souci ? Le médecin tourne complètement l’écran vers moi alors que je viens le toucher du bout de mes doigts pour la troisième fois. «
Fermez les yeux et écoutez. » J’obéis, bonne élève alors que le battement de cœur se fait intense. Puis j’en distingue… il y a quelque chose d’étrange. «
Vous attendez des jumeaux. » Je fais un bond dans le siège. Une grossesse gemellaire. Comme ma mère et sa mère avant elle. les jumeaux chez ma famille maternelle remonte jusqu’au début de l’arbre. Je ne faisais donc pas une exception. «
Regardez, il y en a un là. et un autre là. » Mon cœur fait une embardée et j’écarquille les yeux. Ok, je ne pourrais pas attendre d’aller voir mon compagnon. Il fallait que j’y aille de suite. La panique me saisit. Me vrille le cerveau alors que je viens me redresser pour me rhabiller. Puis, les mains tremblantes, je saisis les documents. «
Tout va bien se passer, me gratifie la doctoresse avec un sourire. » Je n’en suis pas certaine.
Il me faut une heure pour rejoindre l’hôtel de mon compagnon. La pluie tombe averse et je me retrouve trempée en dix secondes chrono avant d’entrer tel un chien mouillé dans l’endroit luxueux. Les employés sont habitués à me voir mais je demande tout de même à voir mon compagnon. Ne sait-on jamais qu’il soit… «
Il est en réunion mais vous pouvez l’attendre dans son bureau. » En réunion. La tête me tourne soudainement et je me sens devenir pâle. J’allais donc devoir attendre encore avant de lui annoncer. Je grimace avant de finir dans la pièce que je ne connaissais que trop bien. Selon l’obstétricienne, les bébés dataient du faux mariage. Et c’est vrai qu’à y penser, nous ne nous étions pas… nous n’avions pris aucune précaution. Je viens à soupirer bruyamment avant de faire les cent pas. ça me fera une activité plus fournie sur ma montre connectée à deux balles. «
Ok alors comment, marmonnai-je entre mes lèvres en tirant sur mes cheveux,
joyeux anniversaire chéri, tu vas être papa. » Deux fois. je sens la crise de panique monter. «
Emilio, j’ai une grande nouvelle tu vas être… » Je me fige avant de le voir dans l’embrasure. Ok, prise sur le fait. Je sens tout mon sang quitter mon visage. «
Tu vas être père. » Et sans crier gare, je perds connaissance.
Joyeux anniversaire mi amor.
