never gonna be alone ☆ cassie

Le nez quasiment collé à l’écran de son ordinateur – pourtant grand – elle continue de faire défiler les photos prises plus tôt dans la matinée. Des clichés corrects qu’elle est loin de trouver parfaits mais qui semblent largement convenir au magazine. Légèrement maniaque sur les bords, Calista continue toutefois de les faire défiler pour ne sélectionner que les meilleurs à envoyer et ce n’est qu’après une bonne dizaine de minutes que son mail est expédié. Cela dit, elle n’est toujours pas convaincue mais son estomac commençant à crier famine et ayant promis à Cassie de manger avec ce midi, elle ne peut pas se permettre de prendre plus de retard. Et surtout de mettre en retard la brune. Ses talons claquant sur le sol, impossible pour son amie de ne pas l’entendre arriver à des kilomètres, pourtant lorsqu’elle débarque enfin dans le bureau où l’Américaine travaille avec sérieux, celle-ci semble toujours très concentrée sur son boulot. « T’as bien conscience que la nourriture va pas venir d’elle-même dans ta bouche ? Il faudrait que tu lâches tout ça … » Commence-t-elle, assez proche de Cassie pour lui retirer tout ce qu’elle a dans les mains. « … et que tu lèves ses jolies petites fesses pour qu’on y aille. En plus j’ai une folle envie de sushis … ça fait plus de deux ans que je rattrape les neufs mois de privation mais on s’en fiche. » Si Calista aime sa fille plus que tout au monde, autant dire qu’elle l’avait beaucoup moins aimé lorsqu’elle avait dû faire taire ses envies de sushis durant sa grossesse. Maintenant, elle se remplie aussi souvent le ventre avec que possible … à croire qu’elle se prépare pour de potentielles grossesses à venir – et dues au Saint Esprit.

Voir ses proches dans un mauvais jour, bouder ou même complètement déprimer, c’est presque une chose inacceptable pour elle. Savoir que Cassie va mal, que c’est la pire journée de l’année – et probablement est-elle la mieux placer pour la comprendre – ça ne lui fait pas plaisir. Bien sûr qu’elle compte tout faire pour lui changer les idées à défaut de pouvoir vraiment lui remonter le moral. Ça commence avec le fait d’abandonner son travail pour se remplir l’estomac et pour ça il faut qu’elle débarrasse Cassie de ce qu’elle a dans les mains. « Toi et tes sushis » Elle la voit lever les yeux au ciel et lui dire la langue en guise de réponse ce qui est parfaitement puérile de sa part. « Moque-toi ! Tu verras quand tu seras enceinte, que tu auras une envie inexplicable de sushis mais que tu ne pourras pas en manger, tu vas moins rire. » Un supplice selon Calista qui avait été d’une humeur massacrante tous les jours où cette envie l’avait prise et qu’elle n’avait pas pu la satisfaire. Ça avait été la même chose pour l’alcool. Oh elle aurait pu boire, certaines femmes enceintes le font, mais très peu pour elle. Sorties de l’immeuble où elles travaillent et le restaurant japonais rejoint, elles s’installent rapidement à une table, la blonde se frottant les mains à l’idée de se remplir le ventre. « J’ai pas vraiment faim… », « Rabat-joie ! » Enchaîne immédiatement la Grecque qui quitte du regarde la carte pour s’intéresser à son amie. « Je me permets parce que tu pourras me faire la même chose à la date "anniversaire" de la disparition de mon père, mais elle ne serait pas ravie que tu manges rien. Aucune vraie mère ne le serait. » Mais elle sait qu’il ne s’agit pas de ça. Refermant alors le menu sur la table, Calista s’enfonce contre sa chaise, croise les bras contre sa poitrine. « T’as fait quoi, Cassie ? Qu’est-ce qui pourrait expliquer que tu te tortures autant exactement ? Ça ne peut pas être si dramatique, si ? » Cassie pourrait lui annoncer avoir tué quelqu’un que Calista ne la jugerait même pas. En fait, elle serait plutôt du genre à l’aider à camoufler le meurtre, cependant connaissant la brune elle sait que ce n’est pas ça.

« Oula… j’ai encore bien le temps, crois-moi » Peut-être que oui, peut-être que non. Cassie, elle ne peut avoir aucune assurance là-dessus. Ça pourrait très bien lui tomber sur le coin du nez du jour au lendemain et là, la privation de sushis sera difficile à supporter. Enfin installées à table, la carte n’attire pas leur attention très longtemps. Calista préfère s’intéresser à ce qui peut expliquer l’état de la brune, quelque chose d’horrible vraisemblablement. « J’ai couché avec Wyatt » Un coup donné contre le bras de Cassie et la voilà qui grogne un : « Plus fort. » Ce n’est pas qu’elle est sourde mais si la jeune femme tient à avoir une discussion uniquement avec son assiette elle est bien partie pour. « J’ai couché avec Wyatt » Ses yeux s’ouvrent en grand. L’information met quelques secondes à parvenir complètement jusqu’à son cerveau et une fois fait, elle plaque une main sur sa bouche. « Comment j’ai pu faire ça à Maze… » Elle connaît la promesse que ses deux amies se sont faite des années plus tôt et, bizarrement, elle n’aurait pas pensé Cassie être la première à la briser. « La question c’est plutôt : comment tu as fait pour ne pas le faire avant ? » Elle pince ses lèvres, grimace en voyant le regard assassin de son amie se poser sur elle. « Quoi ? Je n’ai jamais compris votre promesse. T’imagine si j’avais dû la faire dans ma famille ? Je crois que je n’aurais jamais eu de relation de ma vie. » C’est une exagération, bien sûr, mais l’image reste tout de même importante. « Je comprends que tu te sentes mal par rapport à Maze mais … si tu en avais envie où est le mal ? Sans compter que si c’est arrivé qu’une fois tu peux le garder pour toi. Le mensonge c’est mal mais par moment ça reste une solution. » Comment ça elle n’aide pas ? C’est pourtant ce qu’elle pense. Un mensonge ne fait pas toujours du mal et dans son cas il serait même le moyen d’éviter un drame. « C’est bien arrivé qu’une seule fois hein ? »

Lèvres pincées, Calista tente de contenir son sourire amusé tandis que son amie la fusille du regard. Cette petite question a été lancée trop tôt, elle le sait. Toutefois, elle reste plutôt bonne. Elle n’a jamais réellement saisi la raison pour laquelle Maze et Cassie tenaient à honorer ces promesses faites des années plus tôt au détriment de leur plaisir et bonheur. « Cette promesse, elle était innocente et puérile, j'en ai conscience. (…) Il chamboule toujours tout. » Sans rien dire, la blonde agite doucement la tête. Elle a compris que le frère de Maze la bouleverse depuis quelques années, ce n’est pas la première fois qu’elles parlent de lui. Ce n’est pas la première fois non plus que la Grecque soupçonne Cassie d’être réellement attirée par lui. « Oui ! », « D’accord, d’accord je voulais simplement m’en assurer. » Dit-elle en levant les bras en signe de défense. Elle n’est pas sûre que ça soit un oui indigné ou un oui déçu et préfère ne pas faire la remarque. Un coup de menu est si vite arrivé. « Oui, ça n'est arrivé qu'une seule fois. Mais je sais pas, tout est différent maintenant. Il sous-entend tellement de chose que je suis perdue. » Téléphone de Cassie entre ses mains, elle relit leur échange en humectant ses lèvres. « Enfin il sous-entend, je t’assure que ça me paraît très clair à moi. » Affirme la jeune femme en faisant glisser le portable vers son amie. De toute manière, les hommes sont parfois assez difficiles quand il s’agit de parler de leurs sentiments – même si Callie n’est pas mieux. « S'il n'y avait pas Maze dans cette histoire, on aurait déjà recommencé. Et j'ai bien peur qu'il suffise qu'on se recroise pour… » Pour s’envoyer en l’air et avoir la meilleure nuit de sa vie, Calista comprend très bien le message. A sa place, elle serait tout aussi faible et perdue. Ou peut-être pas. Avec son caractère parfois un peu brut, elle aurait fini par envoyer promener sa promesse pour avoir le droit d’avoir ce qu’elle désire vraiment. « C’est une bonne chose qu’il ait déménagé dans ce cas, ça limite la tentation. Sans parler qu’il ne bosse pas avec nous, t’es un peu plus tranquille. Mais j’ai peur que ça finisse par trop te torturer, Cassie. Faut que tu penses à ce que toi tu veux réellement. » Et pas à ce que les autres voudraient qu’elle fasse. C’est sa vie après tout et Calista, elle sera toujours là pour la soutenir, qu’importe ses erreurs.

« Vous avez choisi ? » Cette question manque de la faire rire. Tête relevée vers la serveuse venue prendre leur commande, Calista pince ses lèvres, ravale ce sentiment d’amusement qui vient de la gagner et la réplique qu’elle aurait pu sortir dans un autre moment. Non, elle n’a pas choisi. Cassie, n’a pas choisi ce qu’elle veut et ça se voit comme le nez au milieu du visage. Concentrée sur le véritable sens de la question, elle commande tranquillement et laisse Cassie en faire de même pour ensuite remercier la serveuse qui repart avec leur carte. La blonde n’a plus que des baguettes pour occuper ses mains en attendant. « Je sais pas ce que je veux, c’est ça le problème. Il reste Wyatt, le type qui m’exaspère la plupart du temps, et que j’ai envie de frapper dès qu’il ouvre la bouche parce que je sais qu’il va me lancer une pique. Mais cette nuit, il était loin d’être ce type. Et j’ai peur que… » Ses yeux se plissent, comme si elle cherchait à analyser son amie plus sérieusement. Elle aimerait être de meilleurs conseils, savoir de quelle manière la rassurer, toutefois elle se contente d’être là. C’est déjà bien mais pas assez pour la Grecque. « Tu as peur de trop t’attacher, d’avoir de l’espoir et de te rendre compte dans quelques temps que c’était à sens unique. » Continue-t-elle pour elle. Enfoncée contre le dossier de sa chaise, elle abandonne les baguettes sur la table, croise les bras contre sa poitrine. « Oui, je vois parfaitement. » Admet-elle en soupirant. « Je suis loin d’être de bons conseils, je passe mon temps à papillonner ici et là, mais quoi que tu décides tu sais que je serais derrière toi pour te soutenir. » Son sourire appuie ce qu’elle dit. Parce que c’est son rôle d’amie et qu’elle lui doit bien ça. Son regard passe de Cassie à la table. Son nez se fronce, signe évident chez elle qu’elle hésite, puis elle soupire. « J’ai revu Jamal. » Dit-elle en prenant quelques secondes avant de relever la tête vers elle. « Et par revu je veux dire l’avoir croisé accidentellement en ville, de quoi découvrir qu’il vit ici depuis un moment et … l’avoir encore revu et couché avec lui … plusieurs fois … dans la même nuit. » Et le matin aussi. A vrai dire ça n’aurait tenu qu’à elle, elle l’aurait fait le reste de la journée jusqu’à devoir rentrer chez elle. C’est là qu’elle se sent le plus coupable, lorsqu’elle se rend compte à quel point il la rend faible.