Cette journée n’est pas faite pour moi, il m’a suffi d’une seule petite notification sur mon portable, pour venir changer mon humeur du tout au tout. Depuis le début d’après-midi, je ne suis plus le même, je me retrouve bien plus renfermé sur moi, bien moins ouvert à mon entourage, principalement aux équipiers avec qui je travaille au district de Williamsburg. L’origine de se changement je le dois aux fameux souvenir que Facebook prend soin de venir envoyer chaque jour, pour rappeler ce que j’ai pu faire l’année dernière à cette même date ou encore les années précédentes. C’est face à un souvenir que j’aurais préféré oublier que je me suis retrouvé, celui de cette annonce que l’on a faite, deux ans que j’ai demandé Thais en mariage, une demande qui restera sans suite, pour une rupture expliquée à tout le monde par un mensonge. Il m’a donc suffi de cette piqure de rappel, pour faire ressortir ma personnalité à grand pas, au lieu de me confier, faire tout le contraire, me refermer comme une huitre et tout garde pour moi. Presque un an que cette rupture à eu lieu, bien moins de souffrance qu’il y a dix mois, mais encore une plaie grande ouverte qui fait mal quand on vient appuyer dessus, sans compter le souvenir de la bague qu’elle est venue me rendre, qui se trouve à quelques centimètres de moi, dans le tiroir de mon bureau, que je n’ai jamais enlevé d’ici. « C’est complètement fou ! Ca fait trois fois qu’on passe au peigne fin la piste Rodgers, s’il y avait quelques choses à trouver, on aurait déjà mis la main dessus. » Je ne suis pas capable de faire preuve de patience, je le dis, comme je suis en train de le montrer, mon dos trouve contact avec le dossier de la chaise, ma main cacher de ma vue toutes ses feuilles, celles que je lis à n’en plus finir depuis trop longtemps. Le sergent de l’unité des renseignements n’est pas présent, il n’a pas pu entendre le fond de ma pensée que je viens de partager, une pensée peu positive, mais je sais que celle-ci a été entendue par ceux encore présent dans les bureaux, dont Théa. « Je vais me faire un café, tu en veux un ? » Un regard en direction d’une de mes coéquipières, pour une question que je viens de lui poser, mais à laquelle je n’attends pas d’avoir une réponse de sa part, trop peu de patience pour des pensées qui ne sont pas capable de penser à autres choses que mon ex fiancée. C’est de façon un peu brusque que je me permets de me relever de la chaise laquelle je me trouve, pour me rendre dans la salle de repos, me retrouvant dans des gestes réalisés sans m’en rendre compte, pour préparer le café, pendant que je me retrouve à avoir les pensées bien loin de cette salle de repos et de ce district, mais plutôt deux années en arrière dans cette période où rien ne pouvait se mettre en travers de mon bonheur.
nightgaunt
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Invité a posté ce message Jeu 27 Sep 2018 - 14:54#
Thea, elle trouve le temps long aujourd’hui. Ses enquêtes en cours sont au point mort. Aucune nouvelle preuve ne lui est parvenue après plusieurs jours, plusieurs semaines pour certaines, et c’est fatiguant. Elle a beau se donner à fond et chercher, quand il n’y a rien à trouver, il n’y a rien voilà tout. Ca fait plusieurs jours que c’est comme ça, qu’elle vient au bureau et qu’elle commence presque à regretter les jours où elle était encore une bleue, simple officier à patrouiller les rues de la ville ou à faire la circulation. Le seul point positif, c’est qu’elle a eu le temps de rattraper toute sa paperasse en retard. Le truc qu’elle n’aime pas faire, mais elle préfère ça plutôt que d’être payée à ne rien faire. Visiblement, elle n’est pas la seule à perdre patience. Un de ses coéquipiers, Emil, s’énerve lui aussi après une enquête qui stagne. S’énerve bruyamment, et elle fait comme si elle n’avait rien entendu. Il doit avoir quelques problèmes qui le poussent à agir de cette façon, il n’est pas comme ça d’habitude. Elle a une petite idée de la raison qui fait que, mais elle ne préfère rien dire. Parce qu’elle a écouté une conversation qu’elle n’aurait sans doute jamais dû entendre. C’est même certain, c’est privé ce qu’elle a entendu et elle aurait préféré l’apprendre de sa bouche à lui, parce qu’il l’aurait décidé. C’est pour ça qu’elle n’a toujours pas osé aborder le sujet avec lui. Alors qu’elle s’efforce de s’occuper à autre chose, elle l’entend proposer un café à quelqu’un. Après quelques secondes, elle réalise que c’est à elle qu’il s’est adressé, mais il a déjà disparu. Elle se lève de son siège et le retrouve dans la salle de repos, à préparer le café. Elle ne sait pas où se mettre ou quoi dire au départ, alors elle reste non loin de la porte, et se pose contre la table juste à côté, les bras croisés. Au bout de quelques secondes supplémentaires à l’observer dans le silence, elle ouvre enfin la bouche : « C’est pas l’affaire Rodgers le problème, je me trompe ? » Elle va devoir lui montrer qu’elle sait. Pour son ex-fiancée, tout ça. Elle ne connaît pas tous les détails non plus, mais elle a entendu suffisamment. Elle hésite un moment, puis se lance - c’est plus facile quand il a le dos tourné. « C’est à propos de ton ex-fiancée ? » demande-t-elle d’une voix assurée, alors qu’en réalité, elle est pleine de trouille, parce qu’elle a conscience qu’elle dépasse un peu les bornes. « T’es pas obligé de m’en parler si tu veux pas, je voulais juste que tu saches que tu pouvais si tu en ressentais le besoin. »
C’est le regard perdu sur ma tasse, que je me retrouve à la remplir de café, sans pour autant faire vraiment attention à ce que je fais, faisant preuve de chance, pour ne pas venir la faire déborder, plutôt la remplir un peu moins que j’en ai l’habitude, pour ce temps de pause que je viens de m’accorder, histoire de faire redescendre la tension, celle que je ressens, celle qui m’envahit depuis le début de l’après-midi et qui ne semble pas vouloir me quitter. Dix mois sont passés depuis ma séparation avec Thais, mais le temps ne semble pas vouloir faire son œuvre, peut-être à cause de ce mensonge dans lequel je me suis plongé tout seul, en voulant la préserver, en voulant préserver ma fierté, quitte à me faire passer le plus grand des salauds, pour l’homme infidèle qui trompe sa future femme sans le moindre remord. Je sais que je ne dois pas me retrouver dans un tel état pour une fille qui n’a jamais su être réellement honnête avec moi, mais je ne peux pas m’en empêcher, repenser au bonheur dans lequel je me suis retrouvé plonger il y a encore deux ans en arrière, cette demande en mariage, celle qu’elle a accepté. Je me retrouve dans un cercle vicieux, au moins je veux penser à tous ces souvenirs, au plus mon esprit se retrouve à me les rappeler, me remettre en tête tout ce que je possédais il y a encore un an en arrière et tout ce que je n’ai plus désormais. C’est sans m’en rendre compte que je me retrouve à contracter ma mâchoire, à serrer les dents face à cette douleur que mon cœur me laisse comprendre, mais qui n’a pas le temps de durer, coupé par la voix de l’une de mes équipières : Théa, vers qui je viens de me retourner, avec cette incompréhension sur mon visage. « De mon ex-fiancée ? Qu’est-ce qu’elle vient faire là-dedans ? » C’est un peu plus que l’on vient me rappeler son existence, celle que j’ai envie et que j’essai d’oublier, mais c’est comme si ce mensonge dans notre séparation ne suffit pas, comme si pour m’en débarrasser définitivement, je dois tout avouer, une vérité que seul mon grand-frère connait. « J’apprécie ta proposition Théa, mais cette histoire est terminée, je n’ai aucune envie d’en parler et je vais très bien. » La fin de cette relation n’est que mensonge, un peu plus ou un peu moins, je ne suis plus à ça près, moi qui travail pour la justice, dont le but est de faire régner la vérité et faire tomber le mensonge et les crimes. « Il n’y a qu’une chose qui m’énerve et c’est cette affaire, j’ai horreur de tourner en rond et c’est bien ce qu’on fait depuis trop longtemps, au lieu de chercher ailleurs, de regarder là où l’on a pu oublier, on se retrouve à tout recommencer encore et encore du début. Tu veux un café ? » Cette enquête au final tombe plutôt bien, elle me sert d’excuse, elle me permet de cacher ma peine et ma colère de mon ancienne histoire amoureuse, derrière une toute autre excuse. La tasse de café à mes lèvres, je sens bien rapidement la chaleur du liquide ambré, me laissant boire une gorgée de celle-ci.
Elle n’est pas dupe, Thea. Elle sait que si son collègue est tendu, ce n’est pas pour le raisons qu’il prétend. Ca n’a rien à voir avec une affaire qui stagne, qui n’avance pas malgré tous les efforts, les moyens, le temps, le personnel mis en oeuvre. Ca peut faire péter les plombs de voir que malgré tout ça, aucune avancée n’est fait. Mais en l'occurrence, ce n’est pas ça qui met Emil sur les nerfs. Thea l’a bien compris, mais elle est bien trop respectueuse pour lui en parler directement. Si elle voit que si ça empiète trop sur son travail ou qu’il n’arrive pas à faire la part des choses, peut-être qu’elle finira par parler. Ou si c’est lui qui lui en parle. Mais pour le moment, elle l’observe de loin, en essayant de ne pas croiser son regard pour ne pas se faire remarquer et éventuellement accentuer sa colère. Elle se sent suffisamment remise à sa place ici pour en rajouter une couche. Même si, en général, Emil est l’un des plus tolérants avec elle, un de ceux qui lui fait le plus confiance. Rien que pour ça, elle aimerait l’aider. Et au fond, même si elle se dit que ce n’est pas à elle de faire le premier pas, une part d’elle se dit qu’elle pourrait le faire pour qu’il n’aie pas peur d’en parler. Ca pourrait lui faire du bien d’évacuer autrement qu’en tapant du poing sur la table ou qu’en se mettant à crier pour aucune raison franchement valable. A sa grande surprise, il lui propose un café. Enfin, elle imagine que c’est à elle qu’il s’adresse, donc penaude, elle finit par se lever et le suivre. Elle n’ose pas l’aborder tout de suite, elle ne sait même pas pourquoi il l’a invitée à le suivre. Peut-être va-t-il enfin se confier ? Rien n’est moins sûr, mais il a sans doute besoin de parler. Le café n’est peut-être qu'un prétexte. Elle va vite en avoir le coeur net. D’abord silencieuse, elle finit par prendre la parole et elle n’y va pas par quatre chemins : elle met directement ce qu’elle sait sur le tapis, rapport à une discussion qu’elle n’aurait sans doute pas dû entendre. Mais elle est prête à subir ses foudres si ça peut l’aider d’en parler. Elle n’est peut-être pas la mieux placée pour parler de peine de coeur, mais elle peut au moins être une oreille attentive. « Je sais pas, je me suis dit que c’était une bonne raison pour être tendu, étant donné ce qu’il s’est passé… » Elle pince les lèvres, regrette déjà ce qu’elle vient de dire. Elle ne peut plus faire machine arrière, mais elle se prépare à une nouvelle vague de colère, qui lui serait totalement destinée cette fois. « Enfin comme tu veux, ça aurait pu te faire du bien et éviter de t’en prendre à tout le monde pour rien, mais au moins tu sais que si tu as besoin, je suis là. » Elle n’aime pas être ce genre de fille, qui s’immisce dans la vie personnelle des autres. Prudente, elle s’approche un peu plus de lui, tout en l’écoutant essayer de se trouver d’autres excuses. Ou alors, c’est vraiment ça qui l’énerve, et elle, elle dépasse franchement les bornes. « Peut-être qu’il y a juste besoin de faire une pause, prendre un peu de recul. Là vu ton état, tu ne vas clairement arriver à rien. » D’où le café. C’est déjà un bon début. « Et oui, je veux bien une tasse. Merci. »
Ce souvenir n’est en rien quelque chose que je prends avec le sourire, que je ressens de la joie à m’en rappeler, mais plutôt complètement l’inverse, je me retrouve dans un excès de colère que je ne peux pas lâcher. Une véritable boule de nerf, je ne sais pas comment évacuer ce que je suis en train de ressentir, toute cette haine que je peux ressentir envers mon ex fiancée, ses mensonges et ses tromperies, la façon dont elle a su me prendre pour un con, me manipuler très probablement depuis le début de notre relation. Je ne sais pas comment sortir ce que je ressens, parce que personne n’est au courant de cette histoire, bien sûr mon entourage sait que je ne suis plus avec elle, mais personne ne connait la véritable raison de notre rupture, ça a été bien plus facile de leur dire que j’ai été celui qui a fauté et qu’elle l’a découvert. Elle a su me faire souffrir, elle a su m’anéantir à sa façon et entendre Théa me parler d’elle, l’amener sur le tapis, j’ai du mal à comprendre, est-ce que c’est écrit sur mon front pour qu’elle n’est pas besoin d’en apprendre plus pour le savoir ? Je ne peux pas admettre, je n’ai pas envie d’admettre et je ne suis pas près de le faire, ça voudrait dire balancer la vérité et il en est hors de question, par fierté, c’est plus facile de vivre en laissant croire que je suis un connard, plutôt que l’homme cocu que tout le monde regarde avec peine. « Ce qu’il s’est passé ? » Théa a raison, c’est une bonne raison pour être tendu, je le sais, puisque c’est la raison de ma mauvaise humeur. « Théa toute cette histoire avec Thais remonte à presque un an, à moins que tu sois au courant de quelque chose sur ma vie, que j’ignore moi-même, elle et moi s’est terminé. » On n’est plus ensemble, c’est vrai, mais je sais que tant que la vérité ne sera pas clairement sortie, jamais elle ne fera partie de mon passé, des choses que je peux regretter, alors que j’ai été prêt à l’épouser, à devenir le mari d’une femme menteuse et manipulatrice. Remettre en cause cette enquête, c’est la meilleure option, elle me permet de lâcher ma colère sans mettre les mots exacts sur ce que mon impulsivité me fait ressentir, pour preuve, cette façon quelque peu agressive de répondre à la policière, comme si elle vient de toucher un point sensible et c’est le cas, même si je suis en train de lui dire le contraire. « Je n’arrive pas à comprendre ce qu’on est en train d’oublier pour ne pas réussir à avancer comme on le fait. » Revenir sur cette enquête, c’est le choix que je fais pour ne pas continuer dans la direction de mon ex fiancée. Je préfère ne pas relever cette proposition, celle de ma coéquipière, celle de parler si j’en ressens le besoin, contourner, faire comme si je n’ai pas entendu, c’est bien plus appréciable, en même temps que je remplis une nouvelle tasse de café. « Tiens. Ce n’est pas en reprenant le dossier encore et encore du début qu’on va trouver, il y a d’autres pistes à explorer, pourquoi bordel le sergent insiste encore pour qu’on relise des dossiers qu’on connait déjà par cœur, ligne par ligne et mot par mot ! » Je n’ai pas le temps de me calmer, effectivement cette affaire est en train de jouer sur mes nerfs, mais elle est une très bonne excuse pour laisser ma colère sortir, sans réellement donner la raison de celle-ci.
nightgaunt
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Invité a posté ce message Jeu 11 Oct 2018 - 19:10#
Elle sait très bien pourquoi il agit de cette façon. Elle le sait et ça la tue de ne pas pouvoir lui dire directement. Elle ne veut pas s’immiscer dans sa vie privée, surtout qu’elle n’aurait jamais dû entendre la conversation qu’elle a malencontreusement entendue. Mais là, elle ne va bientôt plus avoir le choix. Pas alors que ça empêche clairement Emil de faire son travail correctement. Elle va voir comment la conversation va tourner bien sûr, elle ne veut pas remuer le couteau dans la plaie, peut-être qu’il arrivera à se calmer tout seul. Mais elle en doute, Thea. Elle amène donc le sujet sur le tapis, sans trop en dire. Elle évoque juste son ex-fiancée, juste pour voir comment il va réagir. Pour voir s’il va continuer à lui mentir et à se mentir à lui-même, ou s’il va enfin faire un pas dans la bonne direction. Visiblement, c’est plutôt mal parti pour le pas dans la bonne direction, alors elle va devoir l’aider. Il ne pourra pas aller mieux tant qu’il continuera de se voiler la face. « Vu ton attitude, je ne sais pas si c’est réellement terminé, au contraire. » Et elle sait très bien que ce n’est pas terminé. Il n’y a pas eu de vraie fin, il n’a pas eu une chance de faire son deuil de cette relation. Il lui reste un poids sur le coeur, sur l’esprit, et il faut que la vérité sorte pour qu’il se sente mieux. Mais ça, elle n’est pas censée le savoir. « Il se peut que je sois au courant de quelque chose. » finit-elle par avouer, pinçant les lèvres tant elle craint sa réaction. Une nouvelle vague de colère éventuelle. Si avec ça il ne veut toujours pas lui parler, elle ne va pas savoir quoi faire. Parce que bon, il a beau continuer avec l’affaire qui tourne en rond, elle sait très bien que ce n’est pas ça le problème et qu’il essaye juste de l’emmener sur une autre direction. Elle ne peut s’empêcher lever les yeux au ciel d’ailleurs, quand il évoque de nouveau cette affaire dans laquelle il n’arrive plus à avancer. « Si tu veux te mentir à toi-même, très bien, fais le. Mais évite de me mentir à moi et de me prendre pour une conne. » Elle s’en veut un peu, de lui avoir répondu de cette façon, mais c’est sorti tout seul. Il faut qu’elle le secoue un peu. Elle accepte néanmoins sa tasse de café et profite du répit qu’elle lui offre, le temps qu’elle en boive deux ou trois gorgées. Elle va peut-être pouvoir se calmer un peu. « Pour en revenir à ton affaire, c’est peut-être que tu as loupé quelque chose. Un petit détail qui peut te paraître insignifiant comme ça mais qui est très important. D’où l’intérêt de prendre du recul. » Elle hausse les épaules, elle a bien l’impression que quoi qu’elle dise, il n’entendra jamais raison. « Peut-être que si tu parlais un peu plus de ce que tu as sur le coeur, un peu plus honnêtement, tu réussirais à trouver la solution. » Mais malheureusement, elle ne peut le forcer à rien.
En proposant un café à Thea, je n’aurais jamais pu deviner que notre conversation se passerait ainsi. La tasse de café entre mes doigts, la fumée qui s’en échappe ne m’empêche pas de venir en boire une gorgée, pour ressentir immédiatement l’effet chaud du liquide et le chemin qu’il est en train d’emprunter. Répondre à ma collègue est une idée qui est plus que tentant, mais c’est une autre option que je préfère utiliser, serrer les dents et ne pas entrer dans son jeu, celui qui m’amène un peu plus dans la direction de Thais, cette femme que j’essai d’oublier, cette femme qui me hante, encore un peu plus aujourd’hui avec ces souvenirs que l’on a en commun. Bien sûr que je l’ai entendu, elle a bien mentionné être au courant de quelque chose, ma curiosité est piquée au vif, mais ce n’est pas raisonnable, continuer sur ce chemin, je ne veux pas, il en est hors de question, je veux me concentrer sur l’enquête, rien de plus. La tasse proche de mes lèvres à nouveau, je laisse mon regard en direction de Thea, bien qu’un peu plus fermé qu’à mon habitude, aujourd’hui rien ne va, tout part de travers. Je ne suis pas l’homme le plus patient du monde, ravaler ma fierté et serrer le poing dans ma poche, ce n’est pas mon genre, je suis plutôt complètement l’inverse et même si mes nerfs commencent à être de plus en plus en vif, n’avoir qu’une envie, celle de rentrer dans le tas, j’arrive à prendre sur moi, du moins à ne rien dire, puisqu’en apparence, je ne masque rien, je suis en train de bouillonner. « Très bien. » J’ai essayé de tenir lui plus longtemps possible, mais je n’ai pas réussi bien longtemps, en même temps que j’en détourne mon regard sur ma tasse, celle que je suis en train de poser sur le meuble présent à côté de moi. « Tu sembles avoir tellement de chose à dire, alors vas-y, je t’écoute, tu as mon attention. » Je ne fais preuve d’aucune gentillesse, je n’en suis pas capable dans l’immédiat, alors que mon regard est à nouveau direction du lieutenant, un regard que je ne peux pas dire complètement noir, mais bien sombre, révélant ma colère à la perfection, c’est la faute à pas de chance, je suis en colère contre mon ex, c’est Thea qui est en train de prendre. « Toi qui as l’air au courant de tout ce qu’il se passe dans ma vie et de ce que je peux ressentir, je t’écoute. » Je l’écoute, c’est un fait, mais à moitié seulement, parce qu’elle semble bien sûr d’elle et au final, je n’ai qu’une envie, qu’elle respecte mon choix et qui je suis, ce policier qui n’a aucune envie de se confier, ni même de parler de Thais. « Je t’écoutes, de quoi est-ce que tu es au courant que je peux ignorer ? Ca m’intéresse. » Mensonge ! Je n’ai pas envie de savoir, ça ne m’intéresse absolument pas, si Thea est au courant de quelque chose, tant mieux pour elle, mais au plus on reste loin de mon histoire désastreuse avec mon ex fiancée, mieux je me porte, encore un peu plus aujourd’hui, pour se souvenir que Facebook a su me rappeler et dont je me serais bien passé.
Thea est une grande fille. Elle est capable de supporter la colère mal placée d’Emil, même si elle sait qu’elle va un peu trop loin. Tout ceci ne la regarde pas, et pourtant elle ne peut s’empêcher d’insister. Elle sait qu’il ira mieux s’il arrête de mentir comme ça, parce qu’il lui ment à elle, et il se ment à lui-même. Peu importe qu’il soit son supérieur ou non, elle ne veut pas s’arrêter là. Sa colère, elle fait avec et elle s’en remettra. Ca ne lui fait même ni chaud ni froid parce qu’elle sait qu’elle a raison. Elle ne veut que son bien après-tout, et vu son attitude, ce ne serait pas l’aider que de ne pas le confronter. Son travail en pâtit, et le travail de ses collègues aussi. Alors il peut lui dire ce qu’il veut, lui lancer autant de regards noirs qu’il le souhaite, elle ne va pas flancher. Elle le laisse parler, restant impassible à le regarder les bras croisés. Le laissant déverser sa colère sur elle. Elle est forte, elle peut encaisser. Mieux vaut elle que leurs collègues qui eux sont en train de bosser. Elle a choisi ça après tout, c’est elle qui a commencé par aborder le sujet, et elle va assumer jusqu’au bout. Une fois certaine qu’il a terminé, elle décide de prendre la parole. Toujours cette expression fermée, imperturbable qui ne la quitte pas depuis que la conversation a commencé. Il a besoin de se défouler, qu’il fasse. « Tu m’écoutes, vraiment ? T’es prêt à m’écouter, là ? Ou tu vas juste rejeter peu importe ce que je dis ? » Elle ne se fait pas d’illusions, elle sait qu’il va s’empresser de la contredire sitôt qu’elle aura ouvert la bouche. « Je sais que tu sais de quoi je parle, et j’ai pas besoin d’en parler. On en a pas besoin d’en parler, vu que ça a l’air de te faire plus de mal qu’autre chose. Faut que tu sois prêt. Mais les autres, nous tous, ont a pas à payer pour ce qu’elle t’a fait. Je pense que le mieux serait que tu prennes un ou deux jours de repos, ou peu importe le temps que tu as besoin. Mais clairement, toi autant que nous tous, on ne peut pas travailler dans ces conditions. » Elle est ferme et sûre d’elle, et elle sent qu’il va bien lui faire payer tout ce qu’elle lui dit. Mais ça ne lui fait pas peur, et il faut bien que quelqu’un se dévoue pour lui dire les choses. Peu importe les conséquences, ça ne peut pas être pire que maintenant.
Tout ce qui est e train de se passer dans cette salle de pause, je ne l’ai pas vu venir et en même temps, après dix mois séparé de Thais, j’aurais dû le voir venir à un moment. La seule personne capable de garder un secret dans la famille Becker, ce n’est pas moi, mais bien mon père, lui qui ment à tout le monde, qui cache à n’en pas douter une double vie, lui qui fait souffrir ma mère. Je ne l’aime pas, jamais on ne pourra s’entendre tous les deux, même si subitement il se décide de s’intéresser à ma vie, mais tout de suite, j’ai bien l’envie d’avoir son talent pour le mensonge, parce que le mien est en train de me faire défaut et je n’ai aucune envie que qui que ce soit, sache ce qui a bien pu se passer réellement entre mon ex fiancée et moi sur la fin de notre histoire. Je suis en train de déposer les armes, avec une belle part de moi qui reste sceptique, qui continue de croire que Thea est en train de tenter un coup de bluff, qu’elle n’est au courant de rien concernant ma vie, cette histoire, qu’elle cherche juste à prêcher le faux, pour connaître le vrai. Je me laisse prendre appuis sur le meuble qui est derrière moi, mes mains trouver le contact du plan de travail, pour un regard qui ne dévie pas, qui reste en direction de la policière, avec cette colère toujours présente. « Mais de quoi Thea ? De quoi est-ce que tu es en train de me parler ? » C’est mon impatience qui est en train de parler, de montrer désormais la colère que je ressens dans le son de ma voix, en même temps que mon coeur commence à frapper contre mon torse, parce que je réalise en même temps que lui ce qu’il se passe. Et si elle n’est pas en train de bluffer. Je ne peux m’empêcher de me le demander. Il me suffit de croiser une nouvelle fois le regard de ma coéquipière pour en avoir la réponse, pour arrêter de me chercher milles et unes excuses, raison de cet air que je suis en train d’expirer en un seul essai, peu discret. « Je ne m’arrêterais pas Thea, ce boulot c’est tout ce que j’ai. » Pas totalement, je ne vis pas que pour mon rôle de lieutenant dans la police, je sais profiter de ma vie, mais j’en conscience que de ne pas venir ici, de ne pas prendre mon service comme j’en ai l’habitude, ce n’est pas une bonne idée, une mauvaise pente à suivre. C’est le moment que je décide de m’éloigner de ce meuble, de me rapprocher de la porte de la salle de pause, que je viens fermer, m’assurant que cette conversation va rester entre la policière et moi. « Comment ? » Je ne peux pas dire que je ne fais plus preuve de colère, ma nervosité elle est bien présente, mais j'essaye, autant qu’il m’est possible de le faire, de la contrôler, de la garder pour moi, même si elle se montre dans mon regard, dans le son de ma voix, même dans mes gestes, de l’une de mes mains qui remonte la manche longue du haut que je porte sur moi. « Comment est-ce que tu es au courant ? Qui t’en a parlé ? Dis moi Thea ! Qui t’en a parlé ? » Je suis en train de perdre patience, déjà que je ne suis pas connu pour en avoir beaucoup, l’impatience ça me connaît, mais je veux savoir. Je n’ai parlé qu’à une seule personne de cette histoire, je vois mal mon frère venir raconter tout ça à Thea, elle l’a donc su d’une autre façon, c’est ce que je lui demande, ce que je veux savoir, pouvoir enrayer la machine avant que ça ne s’ébruite.
nightgaunt
