(miles) unspoken bond.

allongée sur ton lit. un chignon faussement négligé sur la tête. chignon qui t’a pris plus de temps pour toi que de boucler complètement tes cheveux. tu fixes le plafond. tu scrutes les quatre murs blancs, chaque infime détail de ta chambre. si tu te tournais un peu, les yeux, tu pourrais voir le ciel. tu soupires. il est seize heures. t’as couru un peu partout aujourd’hui. ton portable te rappelle à l’ordre. tu vois jillian aujourd’hui. tu attends quelques minutes puis tu te lèves. tu dois t’habiller. tu enfiles des sous-vêtements. tu passes un jean. tu enfiles un t-shirt noir. tu réussis finalement à être prête, à peu près présentable. tu vas t'asseoir dans le salon, tu sors un carnet à dessin, pour la première fois depuis bien trop longtemps et tu te mets à dessiner, retrouver de vieilles habitudes. tu dessines. tu dessines tout ce qui te passes par la tête. tu entends trois coups contre la porte et tu te lèves. c’est jillian. vous passez trois heures avachies sur le canapé avant de vous décidez de commander des pizzas. et puis une heure plus tard un message urgent et elle doit s’éclipser. tu sais que c’est urgent alors tu n’insistes pas. tu prends un bon livre et tu te cales sur le canapé. tu lis la moitié de ton livre et t’entends l’interphone. tu te demandes qui ça peut bien être et puis tu te rappelles des pizzas. tu indiques l’étage et la direction. il toque trois coup et tu lui ouvres. il te fait penser à un garçon que tu avais connu en voyage, mais tu dois certainement te faire des films. il n'y a pas beaucoup de probabilité pour que ce soit réellement lui. « bonsoir. »

Miles soupire en apercevant le nom de la rue, avant de s’arrêter pour sortir son portable et activer le GPS. Plus de cinq ans qu’il parcoure le quartier en long et en large pour livrer ses pizzas et pourtant, il a toujours du mal à se repérer parfois. Difficile de trouver certaines rues, qu’il ne retient jamais. En plus de ça, son sens de l’orientation n’a jamais été bon, même si ça a tendance à s’améliorer. Là, il en a bien besoin, et il préfère ça plutôt que de s’obstiner dans la mauvaise direction et perdre plus de temps qu’autre chose. A une rue près, il y était. Putain. Enfin son instinct lui dictait l’autre direction donc il a bien fait de vérifier. Avant de remonter sur son vélo, il vérifie que le sac contenant la dernière pizza tient toujours. Il ne tarde pas à arriver à destination, et appuie sur l’interphone. Jolie voix, c’est toujours ça. Miles, il aime bien imaginer à quoi vont ressembler les clients, d’abord en regardant leur commande – pour certains, il suffit de voir le nombre de sodas pour savoir qu’ils seront énormes - puis par la voix qu’il entend en premier. Là, il s’imagine forcément une jolie fille, au vu de la voix. Et il n’est pas déçu quand celle-ci ouvre la porte après qu’il ait frappé. Une belle blonde, qui lui semble familière d’ailleurs. Un souvenir de voyage, même s’il n’est pas sûr à cent pour cent. « Bonsoir. Une quatre fromages avec extra pepperoni, c’est ça ? » Première chose à faire quand il livre une pizza : vérifier que la commande est la bonne. En voyant la silhouette de la jeune femme, il se demande si elle compte vraiment manger la pizza. Ça paraît peu probable. « Ça va paraître extra-cliché, mais on ne se connaîtrait pas ? » Et tant pis s’il se prend un vent, si elle le trouve ridicule et referme la porte aussitôt après avoir payé. Au mieux, il a raison et il connaît la blonde. Sauf que, s’il a une bonne mémoire des visages, ce n’est pas la même chose pour les noms.

« bonsoir. une quatre fromages avec extra pepperoni, c’est ça ? » tu n’es même plus certaine que ce soit ça que jillian t’as fait commander et tu penses la refourguer à ton frère donc au final ça t’importe peu que ce soit la bonne pizza ou pas et tu ne comptais pas lui donner du travail supplémentaire. « c’est ça merci. » tu commences. tu t’apprêtes à lui demander combien tu lui devais, mais il prend la parole. « ça va paraître extra-cliché, mais on ne se connaîtrait pas ? » il ose te demander et tu es persudadée que ce n’est pas une question bateau. son visage te parait vraiment familier. « si … mais je n’arrive pas à vous situer exactement. » d’où est-ce vous pouvez bien vous connaitre ? t’essayes de le situer. tu restes silence pendant quelques seconde à essayer de te rappeler d’où est-ce que vous vous connaissez ou au moins son prénom. mais tu mises plus sur le prénom. alors tu tentes plusieurs options mentalement. une chose est certaine, c’est la première fois que tu le vois à new york et puis après avoir énuméré mentalement une vingtaine de prénoms, tu as eu comme un flash. tu n’as même plus de doutes. tu es persuadée à quatre-vingt-dix pourcents que c’est bien lui. pour toi, il ne peut que confirmer. tu te laisses par acquit de conscience une marge d’erreur de dix pourcents, mais pas un pourcent de plus. décidément le hasard fait vraiment bien les choses. jamais tu n’aurais pensé le retrouver ici. « miles c’est ça ? » tu commences et puis tu te présentes. « ana. » tu conclus au cas où il ne se souviendrait plus du tien. « je te dois combien ? »

Au moins, il n’est pas encore complètement fou. Il a de la chance qu’elle le reconnaisse aussi, parce qu’elle aurait très bien pu lui claquer la porte au nez une fois sa pizza récupérée et l’accuser de techniques de drague trop peu subtiles. Mais il est à peu près certain de l’avoir déjà vue, et ce n’est pas seulement parce qu’elle est extrêmement séduisante. Même si ça pourrait être une bonne excuse, mais dans ce cas-là, il aurait entamé la conversation autrement. Là, elle le reconnaît elle aussi, mais semble avoir besoin de réfléchir elle aussi. Miles essaye bien de se souvenir mais sa mémoire lui fait défaut pour un prénom. Il ne l’a pas connue à New York, il en est presque certain. Pas dans une rue bondée et sale. A moins que ça soit dans Central Park mais non, il voit quelque chose de plus exotique. Beaucoup plus exotique. Finalement, c’est la mémoire de la blonde qui est plus rapide, et elle retrouve son prénom, sans même se tromper. Ana. Ana. Ana. Le prénom tourne dans sa tête une dizaine de secondes, avant que ça ne débloque quelques souvenirs. « Ana, mais oui ! C’était au Chili, non ? Sauf si c’était le Pérou, j’avais fait les deux en un seul voyage, je peux me tromper. » L’un des deux en tout cas, il en est presque certain. C’était la première fois qu’il partait seul en voyage, il s’en souvient bien. « Oh rien du tout, je te l’offre ! En l’honneur du hasard qui est quand même très doué. » Il faut le reconnaître. Ça fait combien de temps ? Au moins cinq, s’il se souvient bien. « Et pour me faire pardonner de ne t’avoir jamais appelée aussi. J’ai perdu ton numéro je ne sais où. » Il lui offre un sourire désolé, en espérant qu’elle ne lui en voudra pas. Tout ça semble remonter à une autre vie mais il est vraiment heureux de la revoir.

tu le sens sincère. impossible pour toi de croire qu'il puisse tenter une approche. impossible de l’envoyer sur les roses alors que son visage te semble vraiment familier. t'es certaine que tu ne l'as pas connu à new york. après un temps de réflexion, tu as retrouvé son prénom. tu en es presque certaine et puis lui qui retrouve la destination. il a raison, c’est bien le chili. ça te semble tellement loin. un de tes premiers voyages. ton passeport se remplit à vitesse grand v depuis que tu as accepté de voyager à l’étranger avec davon alors ce n’est jamais évident de replacer les gens que tu rencontres quand tu voyages. « exact le chili. » jamais tu n’aurais imaginé dire que tu as connu quelqu’un au chili. un de tes premiers voyages pourtant. tu n’avais jamais voyagé quand tu habitais encore en australie, du moins tu n’avais jamais quitté l’australie. généralement, tes parents décidaient de partir en van à quelques heures de byron bay. l’exception à la règle a été sidney. qui a été la destination la plus lointaine où tu es allée alors depuis que tu as cette chance de pouvoir voir d’autre pays, tu ne manquais pas une occasion de profiter de ton temps libre pour visiter et prendre des photos. si le planning ne le permettait pas, tu te levais simplement plus tôt ou tu te couchais plus tard pour ne pas regretter une fois partie. certes, parfois, les journées te semblaient interminables en te levant aussi tôt et en te couchant parfois beaucoup trop tard, mais tu rentrais toujours des étoiles pleins les yeux et c’est ce que tu voulais. tu lui demandes combien tu lui dois. tu aimerais bien l’inviter à rentrer, mais tu ne sais pas s’il a d’autres livraisons après celle-ci et tu sais que si c’est le cas, tu es en train de lui faire perdre du temps et de l’argent. visiblement, il tient à te l’offrir. « t’es sûr ? » tu lui demandes. t’es contre le principe même si tu ne comptais pas la manger, tu ne t’imagines pas ne pas payer cette pizza. et puis miles te rappelle l’histoire du numéro. ça t’avais surprise de ne pas avoir de ses nouvelles, mais tu ne t’en es pas formalisée pour autant. un oubli, un incident x ou y, tout est possible. tu n'y pensais même plus, mais c'est une bonne surprise. ce n’est pas comme s’il t’avait posé un lapin dans un pays que tu ne connaissais pas non plus. vous avez bien accroché et c’est tout ce qui comptait puisque tu avais passé un bon moment avec lui et puis ça vous donnera l’occasion de rattraper le temps perdu en face plutôt que via des sms. « mieux vaut tard que jamais comme on dit. » tu commences. t'hésites, mais tu poursuis. « t’as encore beaucoup de livraisons ? » tu lui demandes. dans le pire des cas oui et donc tu devras te débarrasser de cette pizza. et dans le meilleur des cas, c’est sa dernière livraison et tu l’invites à entrer. parce que tu ne vas pas manger cette énorme pizza toute seule et puis le recroiser par hasard au bout de cinq ans en commandant une pizza, c’est quand même exceptionnel et certainement rarissime.

Le Chili, c’était donc bien ça. Ça paraît fou de la croiser ici, de débarquer chez elle comme ça, par le plus pur des hasards. La coïncidence est tellement grande qu’elle pourrait tout à fait penser qu’il l’a traquée ou cherchée sur internet, comme un dingue qui se lance à cœur perdu à la poursuite d’une fille. Sauf que ce n’est pas le cas, et il ne compte pas lui mettre ce genre d’idées en tête. Déjà, elle l’a reconnu aussi, c’est un bon signe. C’est qu’elle avait dû apprécier, elle aussi, le temps qu’ils avaient passé ensemble. A peine quelques jours, peut-être un peu flous avec le temps qui est passé, mais Miles en garde un souvenir positif. Sinon il ne lui aurait pas demandé son numéro, même s’il s’est retrouvé perdu entre deux valises ou dans une chambre d’hôtel. Difficile de conserver un bout de papier quand on voyage, surtout pour un baroudeur comme Miles. Alors lui offrir une pizza, c’est la moindre des choses. « Bien sûr que je suis sûr. Je n’offre pas mes pizzas à la légère. » Il n’en offre même jamais, puisque c’est pris sur son salaire et qu’il en a bien besoin. Mais il peut tout à fait faire une exception, pour une fois. Surtout qu’il espère un peu qu’elle l’invite à entrer. Après tout, à moins qu’il lise très mal la situation, elle semble aussi heureuse de le revoir. Il serait alors dommage de repartir ainsi, sans profiter du hasard qui les a réunis aujourd’hui. La question d’Ana le fait sourire. « Tu es la dernière en fait. » Il sort son téléphone pour vérifier qu’il n’a pas d’autre mission, l’écran ne montre rien. Parfait. « T'es toute seule pour cette grande pizza ? » Pas très subtil, mais tant pis. Au moins, il n’a pas dit qu’avec sa taille de guêpe, elle doit être incapable de manger aussi gras. Ça, ç’aurait pu être lourd.

« bien sûr que je suis sûr. je n’offre pas mes pizzas à la légère. » tu n’insistes pas plus. tu n’imagines pas ne pas payer pour cette pizza, mais s’il tient tant à te l’offrir. tu ne pouvais pas refuser, sachant pertinemment que tu lui rendras la pareille à miles tôt ou tard. il ne s’agit que d’une pizza, si ça avait été plus tu n’aurais pas accepté et puis ce n’est pas comme s’il offrait des pizzas à la peile lorsqu’il travaille. « je peux me considérer comme une privilégiée alors ? » tu le questionnes avec un sourire amusée et puis tu l’interroges subtilement. en lui demandant s’il avait d’autres livraisons. du moins, t’essayes de l’interroger subtilement sur la suite de sa soirée. tu n’as pas envie de le mettre en retard ou de lui causer des soucis. alors tu préfères être certaine qu’il ne travaille plus ensuite ou qu’il n’a rien de prévu pour la soirée. «tu es la dernière en fait. » qu’il te dit avant de vérifier sur son portable. « t'es toute seule pour cette grande pizza ? » tu hoches la tête avant de rajouter. « on dirait bien. à la base non, je devais recevoir de l’aide, mais si tu te sens de m’aider à attaquer et à finir cette énorme pizza tu peux entrer. » en d’autres mots tu l’invites à rentrer. si déjà miles tient à t'offrir cette pizza autant qu’il en profite également. il rentre et ferme la porte derrière lui. « fais comme chez toi. » tu commences. « je te sers quelque chose à boire ? » tu conclus avant de t'éclipser dans la cuisine. ton manque d’organisation avec elijah t’avais poussé à prévoir un peu plus quand tu recevais des gens. alors t’avais acheté quelques boissons. il s’agissait d’un bon investissement puisque tu allais pouvoir en faire profiter miles. « de l’eau, du soda ou du jus de fruit ? » une fois décidé, tu amènes la bouteille et deux verres dans le salon. tu remplis les verres et tu lui en tends un. « on trinque au chili ? » tu lui demandes. tu prends ton verre avant de t’installer sur le canapé.

« Je pense qu’on peut dire ça. Je n’ai pas voyagé à l’étranger avec toutes mes clientes. » Et encore heureux, sinon il finirait ruiné. Son salaire, il en a bien besoin et même quand il s’agit de draguer, il n’offre pas souvent les pizzas. Là, il fait une exception, et son portefeuille ne devrait pas trop lui en vouloir. Surtout qu’il ose espérer qu’Ana l’invitera à l’intérieur, pour rattraper un peu le temps perdu. Peut-être apprendre à vraiment se connaître, car ils n’en ont jamais eu l’occasion finalement. Peut-être que sa question à elle le sous-entend aussi. Tous les deux, pas très subtils. Au moins, ils doivent vouloir la même chose. Alors il sourit quand elle confirme être seule. « Je serais ravi de t’aider dans ce cas. Je commence à avoir faim en plus. » A force de pédaler, forcément. En général, il a des barres énergisantes dans ses poches mais là, il a oublié de faire les courses récemment donc il est à court. Peu importe, il va avoir droit à une pizza. Peut-être pas la garniture qu’il aurait choisie, mais il ne va quand même pas se plaindre. Une fois entré, il observe rapidement l’appartement alors qu’Ana disparait dans une autre pièce. Comme chez lui, peut-être pas quand même. Il reste dans l’entrée, toujours le carton à la main. « Va pour un soda si tu as. » Une de ses plus grandes faiblesses. Plus c’est sucré, et meilleur c’est. La jeune femme revient rapidement avec une bouteille et un verre pour chacun d’eux. Il la suit jusqu’au salon et pose finalement la pizza sur la table basse pour pouvoir prendre le verre qu’elle lui tend. « Au Chili alors ! » Il vient cogner son verre contre celui de la blonde, sourire aux lèvres. « Et au hasard qui fait bien les choses. » Il boit enfin une première gorgée, puis pose son verre pour enfin retirer son manteau. Autant se mettre à l’aise, c’est elle qui l’a invité. Il pose son manteau sur le dossier du canapé avant de s’y assoir. Son verre à nouveau dans la main, il se tourne vers Ana, parfaitement à l’aise. « C’est meilleur que cette boisson étrange qu’on nous avait servi chez l’habitant, non ? Comment ça s’appelait déjà ? » Décidément, sa mémoire lui joue des tours. Mais il se souvient d’avoir bien rit ce jour-là, en compagnie d’Ana. Des blondes qui parlent anglais, il en a croisé assez peu en Amérique du sud. « Qu’est-ce que tu deviens alors ? »

miles accepte ta proposition. tu l’invites à faire comme chez lui avant de lui proposer à boire. tu reviens avec la bouteille et deux verres. tu t’installes sur le canapé. « au chili alors ! » vous trinquez. « et au hasard qui fait bien les choses. » il a raison. « au chili et au hasard qui fait bien les choses. » tu bois une gorgée. « c’est meilleur que cette boisson étrange qu’on nous avait servi chez l’habitant, non ? comment ça s’appelait déjà ? » effectivement tu t’en souviens. pour le nom, t’es incapable de t’en souvenir et tu doutes que ta mémoire soit performante à ce point alors tu recherches sur ton iphone. tu trouves rapidement et ça fait tilt. « mote con huesillo ou terremoto non ? » tu avais eu l’occasion de goûter ses deux boissons typiques lors de ton séjour et tu en gardes un souvenir impérissable. les deux extrêmement bien nourrissants. l’un faisait office presque office de plat avec blé précuit et l’autre t’a fait ingurgiter deux différents alcools en même temps. il te questionne. « je travaille toujours au même endroit en fait il n’y a presque rien qui a changé. » t’es juste plus avec sam. ta vie n’a pas changé depuis que t’as rencontré miles. tu te pinces les lèvres. tu avais vraiment l’impression d’avoir le double de ton âge. « acheter du soda, c’est le truc le plus insolite que j’ai fait cette semaine pour te dire alors je suis à deux doigts de poser des congés sans soldes. » tu reviens de byron bay, mais quand tu es ici à new york dans ta zone de confort il est beaucoup trop facile pour toi de rester dans ta zone de sécurité, dans ton cocon. ton cocon qui est synonyme de prudence. alors que tu trouves que tes meilleurs souvenirs sont ceux dans lesquels tu as cherché activement l’aventure, le frisson et toutes ces choses spontanées. toujours la même routine toute la semaine. tu aimes ton boulot. t’es capable de reste durant des heures dans ton bureau, mais parfois t’aimerais passer un peu plus de temps à l’étranger, que dans un bureau. ici t'es loin de ce que tu peux être à l'étranger.« et toi ? »

Miles ne s’attendait clairement pas à trinquer avec une vieille connaissance ce soir, et pourtant, ça lui fait plaisir, réellement. Il a souvent regretté d’avoir perdu le numéro d’Ana, même s’ils ne se connaissaient pas vraiment et que rien ne les obligeait à garder contact. Mais il lui avait demandé son numéro pour une raison. Ils s’étaient bien entendus et c’était assez fou de croiser quelqu’un qui habite aussi New York dans un pays étranger pour ne pas se revoir. Ils avaient réussi à se croiser au Chili, et pourtant, ce n’est que ce soir qu’ils se retrouvent dans la ville où ils vivent tous les deux. Enfin visiblement, Ana y vit toujours aussi, à moins que ça ne soit pas son appartement. Une gorgée de soda, et il apprécie le goût sucré, bien meilleur qu’une boisson étrange qu’ils avait goûté là-bas. Il se souvient très bien qu’elle était là, parce qu’il avait dû se retenir pour ne pas lui vomir dessus. Pour autant, il ne regrette pas d’avoir goûté. Ça fait partie de l’aventure. Ana cherche rapidement sur son téléphone, et trouve deux noms qui parlent à l’oreille de Miles. « Terremoto je crois. Qu’est-ce que j’avais pu être malade après. » Elle, elle avait eu l’air d’apprécier plus que lui. Pourtant, il n’est pas difficile en terme de nourriture, toujours ouvert à de nouvelles expériences. Curieux d’en savoir plus sur Ana, Miles l’interroge sur sa vie. Ça semble un bon point de départ. Elle semble un peu frustrée par tout ça, et Miles le comprend bien. Il espère ne jamais se trouver coincé dans un travail. Pour l’éviter, il faudrait sans doute qu’il se bouge mais il n’en ressent pas encore le besoin. C’est que sa vie doit encore lui convenir. « Oh faire ses courses, ça peut parfois être une véritable aventure. » Miles, ça ne le dérange pas tant que ça, mais à certaines heures, c’est parfois l’enfer. Il boit une autre gorgée de soda, alors qu’elle lui retourne la question. « J’ai fini mes études l’année dernière, mais je travaille toujours comme livreur. Ça paie les factures. » Et en vérité, ça lui plait. S’il se souvient bien, Ana avait un travail derrière un bureau, même s’il ne se souvient plus exactement où et en quoi il consiste. « Alors si tu te décides pour le congé sans solde, appelle-moi. Il est possible que je sois assez fou pour te suivre. » Voyager, il adore ça, Miles. Et s’il parvient à écrire et à vivre de ce qu’il écrit, il n’aura pas besoin de vivre toujours au même endroit. Même s’il ne voit sa vie nulle part ailleurs qu’à New York, trop habitué. « On attaque la pizza avant qu’elle refroidisse ? » Ce qui serait dommage, surtout qu’il apprécie les goûts de la blonde. Le carton est ouvert rapidement, et il donne la première part à Ana. « Tu as un voyage prévu pour bientôt ? »