(pgn) we are all a work in progress.

Etant fan de tout ce qui touche à la décoration d’intérieur, Eris n’a pas su résister à l’envie de proposer son aide à Paco lorsque celui-ci lui a annoncé avoir déménagé. Le brun a donc prouvé que la colocation avec sa petite sœur n’était qu’une solution temporaire puisqu’il a trouvé un nouvel appartement où vivre. Cette nouvelle, Eris l’a appris de la part du pilote lui-même. Il faut dire qu’à part leurs ex respectifs et Luis qui n’habite plus à New-York, ils n’ont pas grand monde en commun. C’est lors d’un simple échange de messages initié par le brun qu’elle a appris pour son récent déménagement. Du coup, cette information, elle la doit en partie à la tempête de neige qui s’est abattue sur la ville quelques jours auparavant puisque c’est justement après cet évènement que Paco a demandé de ses nouvelles. Eris n’irait pas jusqu’à remercier la tempête de neige mais reconnait que sans elle, elle n’aurait peut-être pas su pour le déménagement de Paco. A croire qu’il n’y a véritablement que les mauvaises choses qui les poussent à rentrer en contact l’un avec l’autre. Lassée de ce constat, Eris a donc proposé un coup de main à Paco. Lui n’a pas hésité avant de venir l’aider à monter son immense dressing alors ce n’est qu’un échange de bons procédés. Puis, elle adore fouiner, élaborer des nouvelles décorations. Si elle n’était pas rentrée au FBI, elle aurait peut-être pu suivre cette voie de façon professionnelle.
Aujourd’hui, si elle se retrouve en route vers le nouvel immeuble de Paco, c’est surtout pour faire un premier repérage du logement ainsi que peut-être l’aider à déballer quelques cartons s’il le souhaite et encore, elle n’est pas sûre qu’il dispose de beaucoup de meubles lui permettant de faire un véritable rangement. Elle verra. Le gps de sa voiture lui indiquant qu’elle est arrivée, Eris se gare à la place la plus proche qu’elle trouve avant de se diriger vers l’entrée de l’immeuble. Il y a un interphone alors elle sonne et attend patiemment que Paco la fasse entrer. Ça ne prend qu’une poignée de secondes et ensuite, il ne lui en faut pas beaucoup plus pour trouver son appartement. La porte est ouverte et Paco l’attend. A cette vue, Eris affiche un léger sourire. Salut ! Comment tu vas ? Question banale qui ne leur ressemble pas vraiment mais permet de lancer la discussion sans plus attendre. La trentenaire n’oublie pas que la dernière fois qu’elle s’est trouvée seule avec Paco, c’était le jour de son avortement. Un souvenir qui pourrait à nouveau installer une certaine gêne entre eux, ce qu’elle ne souhaite pas.

@Paco Gomez-Nadeau

Un simple échange sms et voilà qu’Eris devait venir me rejoindre pour m’aider avec mon emménagement dans mon nouveau chez moi. Lors de notre conversation via nos portables, je n’avais pas pu cacher ce détail qui donnait un tout nouveau tournant dans ma vie. J’allai vivre seul, pour la toute première fois depuis un bon nombre d’années et, face à mon désarroi à priori bien visible, la jeune femme m’avait proposé son aide. Chose que j’avais accepté avec joie, je n’allais pas refuser un coup de main. Même si cette aide venant d’elle est plutôt inattendue, vu notre relation qui n’en est pas tout à fait une. Ouais, encore maintenant, je ne sais pas trop ce qu’elle représente pour moi et, parfois, ça en est assez agaçant. J’ai toujours su définir la moindre de mes relations, mais là, non. Je sais juste que ce n’est plus une étrangère, pas encore puisqu’elle va venir ici. Elle fera même partie des premières personnes à découvrir mon appartement. La seconde, pour être plus précis, la première ayant été Reby, ma petite-sœur. Et ça, ce n’est clairement pas rien. Elle ne devrait plus trop tarder maintenant d’ailleurs, l’heure du rendez-vous approchant, alors je prends la décision de ne pas faire quelque chose de trop long en patientant. Histoire d’avoir fini lorsqu’il faudra l’accueillir. Mes yeux tombent sur mes habits de pilote. Ils sont propres, sortant à peine du pressing et bien disposés sur mon lit. Je songe ainsi à les ranger dans le dressing, ça sera déjà ça de fait, et je commence à m’atteler à la tâche.
Alors que je range mon dernier costume sur un cintre, le bruit de l’interphone retentit dans l’appartement. Je rejoins le boîtier se trouvant dans l’entrée, pouvant visualiser qui se trouve là grâce à la petite caméra disposée à l’entrée de l’immeuble. Il ne me faut pas longtemps pour reconnaître Eris et pour appuyer sur le bouton déverrouillant la porte d’entrée. Sachant qu’il ne lui faudra pas de longues minutes pour arriver, j’ouvre ma porte et l’attends, m’appuyant d’une main contre cette dernière. Très vite, la voilà devant moi, me saluant et me questionnant. « Salut Eris. Ça va et toi ? » Que je lui demande en retour, petit sourire sur les lèvres. Ce n’est qu’un simple échange de banalité, une discussion qui semblerait totalement normale pour les habitants lambdas de cette ville, mais pas pour nous. Les fois où on a pu échanger sur ce point-là sont rares. Généralement, on est bien trop alpagués par un tout autre sujet ou bien, il s’agit d’un moment où cette question n’a tout simplement pas sa place. Me décalant à côté de la porte, je déclare : « Vas-y, entre, ne reste pas dehors. » Je la laisse donc entrer dans mon tout nouvel appartement, lieu encore envahis par des cartons dans tous les recoins des pièces, des boites qui n’attendent plus qu’à être déballées. Malheureusement, le temps me manque beaucoup, les vols étant bien trop intensifs ces derniers jours. Un autre effet de l’après-tempête et de tous les vols qui ont dû être repoussés. Je referme la porte derrière nous, puis me place aux côtés de la jeune femme, les yeux rivés sur les premiers cartons se trouvant dans l’entrée. « Comme tu pourras le voir, cet appartement est encore un champ de bataille. » Et un petit rire sort d’entre mes lèvres, tandis que je tourne la tête vers Eris, ajoutant : « Une petite visite, ça te tente ? » Une question qui est assez futile. La visite est de rigueur pour ce qu’elle est venue faire ici, ça serait un peu con qu’elle ne puisse pas voir les lieux avant de me conseiller.

Alors qu’Eris retrouve Paco qui l’attend la porte ouverte, elle lui demande machinalement comment il va. Elle se fait la réflexion à elle-même que c’est peut-être la première fois qu’elle lui pose la question. C’est fou. Les choses n’ont vraiment pas démarré normalement entre eux. Salut Eris. Ça va et toi ? Ça va, qu’elle se contente de lui dire, plutôt sincère. Elle n’irait pas jusqu’à dire qu’elle pète la forme mais elle va bien, chaque jour un peu plus. Les coups de blues sont plus espacés. Vas-y, entre, ne reste pas dehors. Elle le remercie tout en pénétrant dans l’appartement. Immédiatement, ses yeux curieux balayent l’entrée. C’est toujours comme ça lorsqu’elle entre dans un lieu qu’elle ne connait pas, elle observe. Dans le cadre de son métier, elle ne compte plus le nombre de détails paraissant insignifiants mais ne l’étant pas tant que ça qu’elle a remarqué juste en observant. Il est possible d’en apprendre sur quelqu’un en découvrant où il vit. Ça ne sera certainement pas le cas aujourd’hui étant donné que Paco est loin d’être installé. Comme tu pourras le voir, cet appartement est encore un champ de bataille. Eris ne peut retenir un léger sourire amusé. La joie de tous déménagements. Une petite visite, ça te tente ? Elle pose un regard amusé sur Paco, ne pouvant s’empêcher une petite remarque. Et bien, ça serait plutôt pratique étant donné la raison qui m’amène. Si au début, elle était tout le temps sur la retenue avec le pilote, avec le temps, elle est de plus en plus à l’aise. La gêne des débuts a disparue, peut-être pas complètement mais en grande partie. Evidemment, lorsqu’elle le voit, elle repense à toute cette histoire de tromperies mais elle commence à faire abstraction de ces mauvaises pensées. Paco lui montre son nouvel appartement, Eris peut remarquer sa joie à l’idée de retrouver son indépendance mais sa légère détresse, chose qu’elle se retient de mentionner. Elle se doute bien qu’il y a encore quelques mois, il n’imaginait pas quitter son ex et vivre à nouveau seul. Ça ressemble à un nouveau départ et forcément, ça a quelque chose d’effrayant. Eris ne peut que le comprendre. Une fois la visite achevée, ils rejoignent la pièce à vivre. Il est franchement pas mal cet appartement ! Par contre, je ne m’attendais pas à ce que tu ais autant de cartons, pire qu’une nana. Et hop, seconde boutade glissée avec le sourire.

Je m’écarte pour qu’elle puisse entrer, refermant la porte pour ensuite la rejoindre. Forcément, je lâche une plaisanterie sur le chantier qu’est mon appartement avec tous les cartons partout, avant de lui proposer de visiter le bien immobilier. Sa petite remarque me fait sourire. « C’est qu’il y en a, là-dedans. » Je tapote le haut de mon crâne tout en parlant, indiquant bien évidemment mon cerveau, un ton débordant d’amusement. On est bien loin de nos échanges des débuts, lorsque tout était tendu entre nous et que les seuls mots que nous échangions étaient à propos de nos ex ou de sa grossesse. Ce n’est plus le cas, à présent, on arrive à parler d’autres sujets plus joyeux, à se taquiner mutuellement même. Un grand bond en avant dans notre relation, c’est le cas de le dire. La visite s’exécute tranquillement, je lui montre toutes les pièces pour qu’elle puisse avoir un aperçu total de l’appartement et, à la fin, on retourne dans le salon, là où traîne pas mal de cartons. La plupart ne sont même pas encore ouverts, signifiant à quel point je traîne pour mon emménagement. Me connaissant, et surtout mon cruel manque de temps, dans six mois, ils risqueraient d’être toujours au même emplacement. Vivant seul, ce n’est pas ce qui va me déranger entre nous. J’écoute l’avis d’Eris sur mon nouveau logement, riant pour sa petite plaisanterie. L’ambiance est bon enfant, ça fait véritablement plaisir. J’ai limite l’impression de découvrir une tout autre femme, loin de la personne froide et insensible que j’ai cru qu’elle était auparavant. Il faut dire que nos conversations ne prêtaient pas à des tons plus chauds aussi. « Et tu n’as pas encore vu la grandeur de mon dressing... » Que je lâche en grimaçant, comme pour dire que c’est tout autant pire qu’une meuf. Et c’est le cas. Je dois avoir au moins une tenue différente pour chaque jour, ou presque... Pire qu’une fashion victime, mais je n’y peux rien, je suis plutôt coquet comme mec. « Alors madame la décoratrice d’intérieure, que me conseillez-vous ? » J’enchaîne sur le sujet principal de sa visite parce qu’après tout, on n’est pas là pour chômer. Loin de là, j’ai même l’intention de l’exploiter un peu la demoiselle, autant profiter à fond de sa présence pour faire des choses dont je n’ai pas eu le temps jusque-là : déballer des cartons.

La visite de l’appartement est lancée, de quoi permettre à Eris de constater que Paco a plutôt bon goût en matière d’appartements. En tout cas, celui-ci est loin d’être déplaisant, au contraire. Eris se dit même que c’est le genre de logement dans lequel elle pourrait vivre elle-même : grand sans trop l’être, bien exposé, avec des facilités de rangement. Bref, spacieux et pratique. Le pilote a fait un bon choix et Eris n’hésite pas à le lui dire. Elle ajoute une petite boutade à sa remarque comme si elle avait en face d’elle un ami. Ce n’est pas le cas mais qui sait, peut-être que ça pourrait le devenir ? Certes, leur rencontre est atypique mais rien n’empêche qu’ils finissent par bien s’entendre. D’ailleurs, étant donné qu’elle se trouve dans son appartement aujourd’hui, c’est plutôt bon signe. Paco rit à sa plaisanterie et ça aussi, c’est encourageant. Il a fallu qu’elle attende des semaines pour l’entendre rire, pour le faire rire même. Et tu n’as pas encore vu la grandeur de mon dressing... Elle ne cache pas sa légère surprise, Eris mais elle n’est pas complètement choquée non plus. De nos jours, c’est de plus en plus courant les hommes qui aiment la mode et le fait d’être bien habillé en toutes circonstances et tant mieux. C’est tout à fait son style à Eris. Il n’y a rien de tel qu’un homme négligé pour la faire fuir. Si tu me dis qu’il est plus grand que le mien, je m’inquièterais peut-être. Il est bien placé pour savoir que le sien est immense puisque c’est avec son aide qu’elle a pu le monter. Il faut dire que la trentenaire a énormément de fringues. De plus, dès qu’elle fait du tri, elle prend ça comme une opportunité d’acheter des nouveautés. Bah oui, autant ne pas faire de la place pour rien ! Alors madame la décoratrice d’intérieure, que me conseillez-vous ? Eris sourit doucement à la question du brun. Oulah ! Il faudrait d’abord que je connaisse tes goûts, tes couleurs préférées par exactement, ce que tu aimes comme style et après, promis, j’aurai des idées. Et tous ceux qui connaissent bien Eris savent qu’elle tient toujours ses promesses. Mh, il y a peut-être des choses que tu avais dans ton ancien appartement que tu aimerais avoir à nouveau ou pas du tout, d’ailleurs ? qu’elle ajoute pour l’aider à trouver ce qu’il veut ou ne veut pas pour ce nouveau logement. Tu permets, je m’assois, dit-elle amusée alors qu’elle s’est déjà installée à même le sol. Il est vraiment urgent qu’il achète quelques meubles.

La visite de l’appartement se déroule très bien, la jeune femme me complimentant même sur mon choix, et j’en suis vraiment ravi. Ça me rassure sur le fait que mes goûts en la matière ne sont pas si mauvais que ça. Tout en me donnant son avis, Eris ne se gêne pas pour y ajouter une petite plaisanterie, me faisant rire au passage. Cette petite boutade n’aurait jamais été prononcée quelques mois, voire semaines, auparavant, témoignant de combien notre relation a évoluée. Il n’y aucune gêne d’ailleurs, une première me concernant depuis notre rencontre. Même lorsque la conversation était calme, il y avait toujours une part de moi qui n’était pas à l’aise. Je ne dirais pas que je suis complètement détendu aujourd’hui, mais je ne ressens plus de pression, ni la peur de dire ou faire une connerie. Vu tout ce qu’on a partagé dernièrement, je crois bien qu’on est plus à une gaffe de plus ou de moins. Elle est surprise quand j’aborde le cas de mon dressing et sa petite réflexion me fait doucement sourire. Évidemment, je me souviens de la taille du sien, et il me semble bien qu’il est un poil plus petit que le mien. « Alors je ne te le dirais pas. » J’hausse des épaules, petit sourire amusé au coin des lèvres trahissant mon amusement face à la situation. Continuant sur la bonne lancée de notre conversation, je l’interroge sur ce qu’elle pourrait me conseiller pour la décoration de mon appartement et elle m’interroge en retour. Je n’ai pas le temps de répondre qu’elle me fait rire de nouveau en s’asseyant à même le sol. « J’ai des chaises dans la cuisine, si tu veux. » Je lui lance d’un ton taquin. Pourtant, je m’installe moi-même sur le tapis, me plaçant face à elle. Ce n’est pas tellement désagréable, en fin de compte. « Je n’ai pas vraiment de couleurs préférées, mais j’aime beaucoup le marron, précisément le brun. J’aime bien le bleu et le blanc aussi, déformation professionnelle, j’ai envie de dire. » Les deux couleurs que je vois le plus lorsque je suis dans les airs, bien évidemment. « Et je n’ai pas envie de garder des choses de mon ancien appartement, non. » Aucun meuble en tout cas, ça me rappellera bien trop de souvenirs. Pour ce qui est des affaires personnelles, elles sont entassées dans des cartons que je n’ai jamais ouverts, pas encore sûr du fait que je les ressortirais un jour.

Alors je ne te le dirais pas. Ses yeux expriment toute sa surprise alors qu’elle le regarde à la suite de cette réponse à laquelle elle ne s’attendait pas. Décidemment, avec Paco, elle va de surprises en surprises. Ça ne s’arrête jamais ! Bien évidemment, elle préfère largement ce genre de petites informations aux grosses révélations qu’il a eu à lui faire par le passé. Entre un dressing trop grand et une grossesse mal tombée, elle fait vite son choix la brune. Devant l’absence de fauteuils, d’un canapé ou d’une quelconque surface sur laquelle s’assoir, Eris s’installe à même le sol, dos contre l’un des murs de la pièce chose qui semble amuser le pilote. En effet, il rigole à nouveau. Il va devoir s’y faire si les deux continuent de se côtoyer – ce qui a l’air d’être en marche -, Eris n’est pas du genre à se prendre la tête, chose qu’il n’a pas encore eu l’occasion de comprendre et pour cause, il y avait de quoi se prendre la tête avec tout ce qui s’est passé. J’ai des chaises dans la cuisine, si tu veux. Eris hausse les épaules. C’est trop tard, elle est déjà assise et puis, Paco l’imite. Je suis bien là, qu’elle finit par lui dire avec une moue approbatrice. Puis les questions arrivent, leur permettant de rentrer dans le vif du sujet. Eris n’oublie pas la raison de sa venue à savoir l’aider avec sa décoration. Je n’ai pas vraiment de couleurs préférées, mais j’aime beaucoup le marron, précisément le brun. J’aime bien le bleu et le blanc aussi, déformation professionnelle, j’ai envie de dire. Un léger sourire étire les lèvres de la brunette puisqu’elle comprend là où elle veut en venir. Tu préfères voler de jour alors ? La question lui est venue à l’esprit et comme ça, sans retenue, elle l’a posé. Et je n’ai pas envie de garder des choses de mon ancien appartement, non. Elle s’y attendait un peu à cette réponse et se contente donc de hocher la tête de façon positive. Elle comprend son envie de ne rien conserver. A part quelques ustensiles de cuisine, elle n’a rien conservé. En gros, tout ce qui est sentimental, est resté derrière elle. Le meilleur moyen de tourner la page au plus vite. iPhone en main, elle ouvre une note pour ne rien oublier. Rien d’autre ? Un truc qui tu aimerais bien voire pas du tout ? Elle cherche quelques indications puisque pour l’instant le pilote ne lui en donne pas énormément. Je pourrais t’aider avec quelques cartons, si tu veux. Tu as quand même de quoi faire un peu de rangement, propose-t-elle naturellement. Ça risquerait de devenir une habitude chez eux, de se venir en aide.

Elle s’installe sur le sol et je fais de même, non sans lui avoir proposé une chaise. Elle n’en veut pas, décrétant qu’elle est bien où elle est. Personnellement, ça me convient tout autant, alors la demoiselle commence à m’interroger. J’essaie d’y répondre de la manière la plus simple et honnête possible, tentant de lui fournir le maximum de détails possibles qui pourraient l’aider. Je souris à sa question, elle a compris le rapprochement entre les tons que je préfère et mon métier. « J’aime bien ça, oui. Ça me permet de découvrir les paysages lorsqu’on commence à redescendre. » Des paysages sublimes les 3/4 du temps en plus, c’est ce qui fait que j’aime autant mon métier, mais pas que. Il y a encore mieux. « Mais si tu veux mon avis, les couchers et levers de soleil sont encore bien plus magiques. » Ça, ces visions-là, elles sont indescriptibles. C’est un spectacle que je conseille à tout le monde. Ouvrant une application sur son iphone, Eris continue son interrogatoire et je me prête vraiment au jeu. « Si je te dis que je ne veux pas de couleur dans les tons roses, ça ferait trop goujat ? » Que je lui demande, un air malicieux sur le visage. Je n’ai rien contre le rose, je ne fais que la taquiner un peu, même si en vérité, je n’aimerais réellement pas me retrouver avec des murs roses. Trop féminin à mon goût. « Je compte prendre du mobilier assez moderne, du coup, il faudrait des tons qui entrerait dans le thème. » Je ne sais pas trop si c’est assez clair pour elle, ou si elle comprendra ce que j’essaie de lui dire, mais je tente quand même. Ou peut-être qu’elle voit très bien ce que j’ai envie d’avoir, j’ai peut-être des goûts assez basique finalement, je n’en sais vraiment rien. La proposition qui suit, je la trouve très alléchante. Dire que je songeais à l’exploiter... Si elle se propose d’elle-même, je ne vais pas cracher dessus, bien au contraire. « J’ai de quoi ranger des trucs oui, alors je veux bien que tu m’aides à vider des cartons. Je n’ai pas vraiment eu le temps de m’y mettre. » À cause des obligations du travail, chose qu’elle doit plutôt bien connaître d’ailleurs. Je me relève donc, lui tendant la main pour l’aider à se remettre debout à son tour. Bah oui, les cartons ne vont pas venir jusqu’à nous. « Je pense que le mieux, ça serait de s’occuper des cartons du salon. Il y en a beaucoup plus. » Je souris, amusé par ma petite réflexion qui est plus que visible. Vu l’état du salon, elle n’avait pas besoin que je le dise pour le capter ça.

J’aime bien ça, oui. Ça me permet de découvrir les paysages lorsqu’on commence à redescendre. Eris hoche doucement la tête. D’un côté, elle l’envie. Certes, elle ne compte plus les vols qu’elle a pris dans sa vie mais la vue du hublot n’est certainement rien du tout à côté de celle qu’il a depuis sa cabine de pilotage. Si Eris est toujours frustrée de ne voir qu’une infirme partie du paysage lorsqu’elle regarde par le hublot, lui ne doit pas du tout connaître ce sentiment. Mais si tu veux mon avis, les couchers et levers de soleil sont encore bien plus magiques. Ça laisse Eris rêveuse. Déjà qu’elle aime se poser devant sa fenêtre ou dans son jardin pour observer le lever ou le coucher du soleil, de là-haut, elle n’ose imaginer ce que ça doit être. T’as de la chance, qu’elle finit par lui dire. Tu vois des choses que peu de personnes peuvent voir. Et c’est une sacrée chance. Elle se dit qu’il a dû bosser d’arrache-pied pour avoir ce privilège. Il a raison d’en profiter au maximum. Si je te dis que je ne veux pas de couleur dans les tons roses, ça ferait trop goujat ? Evidemment, cette remarque soutire un sourire à la trentenaire. De toute façon, un rien la fait sourire, Eris, elle a la banane facile chose qu’elle n’a pas encore eu le temps de lui montrer mais ça vient, petit à petit. Non, ne t’en fais pas. Je comprends parfaitement, qu’elle répond, l’amusement se lisant dans sa voix. Elle non plus ne se verrait pas avec de la peinture rose chez elle ou alors seulement pour une chambre d’enfant – et encore. Eris secoue doucement la tête, préférant se débarrasser rapidement de cette pensée. Elle n’oublie pas qu’il y a encore quelques semaines, elle avait un bébé dans son ventre, une petite fille peut-être. Je compte prendre du mobilier assez moderne, du coup, il faudrait des tons qui entrerait dans le thème. Eris se contente de hocher la tête, ajoutant l’information sur sa note en cours.
Sans vraiment trop réfléchir, la brune lui propose son aide pour défaire quelques cartons. Après tout, elle est là alors autant qu’elle se montre utile. Elle est comme ça, Eris. Elle aime avoir toujours quelque chose à faire, savoir que sa journée a servi à quelque chose, qu’elle a servi à quelque chose. J’ai de quoi ranger des trucs oui, alors je veux bien que tu m’aides à vider des cartons. Je n’ai pas vraiment eu le temps de m’y mettre. Et un peu la flemme aussi ? qu’elle lui demande du tac au tac, un air taquin sur le visage. Elle est passée par le déménagement elle-aussi et elle a mis plusieurs semaines à complètement s’installer alors qu’elle n’avait qu’une seule pièce à aménager : sa chambre. Alors, elle comprendrait parfaitement qu’il ne soit pas tellement motivé à l’idée de s’attaquer à tout un appartement. Paco lui tend la main et sans réfléchir, elle la saisit de sa main à elle qui est froide limite gelée, comme bien souvent. Elle fourre son portable dans son sac resté à même le sol. Je pense que le mieux, ça serait de s’occuper des cartons du salon. Il y en a beaucoup plus. Elle écoute ses indications tout en replaçant correctement sa jupe cloche. Aller, c’est parti ! Elle tape dans ses mains comme pour s’encourager elle-même et s’empare d’un premier carton au hasard. C’est cool ça quand même, tu m’autorises à fouiller dans tes affaires maintenant. Dieu seul sait ce que je pourrais y trouver. Elle sourit à Paco, amusée. Elle est vraiment de bonne humeur aujourd’hui et ça se voit. Malheureusement, son sourire, elle le perd en apercevant une petite boite dans le carton. Un écrin dans lequel pourrait très bien se trouver une bague, une bague comme celle qu’elle portait il n’y a pas encore si longtemps. Eris jette un coup d’œil en direction de Paco, celui-ci lui tourne le dos, occupé avec un autre carton. Elle sait que ce n’est pas correct, que c’est certainement dépasser beaucoup trop de limites mais poussée par sa curiosité, elle ouvre la petite boite. Devant sa découverte, elle ferme un court instant les yeux. Elle ne s’est pas trompée, il s’agit bien d’une bague de fiançailles. Eris referme l’écrin juste à temps avant que Paco ne se retourne. Il remarque bien vite ce qu’elle tient dans la main et heureusement, il n’a pas vu son acte de curiosité déplacé. Eris se racle doucement la gorge devant le silence qui s’impose. Mh, tu devrais ranger ça en lieu sûr, qu’elle finit par dire en tendant l’écrin au pilote d’avion. Elle est gênée, Eris mais tente de le cacher au maximum.

J’écoute les paroles de la jeune femme et je ne peux qu'être en accord avec ses dires. Il y en a plein qui rêveraient d’être à ma place, malgré les inconvénients du métier. « Je sais, oui. » Je suis conscient du privilège que j'ai avec ce métier, même si les plus belles vues que j'ai pu avoir vienne du sport que j'ai pratiqué des années auparavant. Il n'y a rien de comparable à ce qu'on peut apercevoir en faisant du parachutisme et je m'apprête sérieusement à refaire au moins un saut prochainement. Je me sens prêt à m'y remettre, tellement que j'ai commencé à renouer contact avec mes anciens coéquipiers et mon ancien mentor. Leur engouement face à une possibilité de me voir sauter avec eux à nouveau à été très émouvant et je rends compte à quel point cette partie de ma vie me manque. Il ne me reste plus qu'à trouver du temps pour ça. En attendant, je reviens au sujet actuel, ayant une petite idée en tête. « Avec un peu de chance, tu rencontreras un jour un pilote vraiment adorable et qui te proposera de venir quelques minutes dans le cockpit pour observer la vue. » Et si ça se trouve, ce pilote, ça sera moi. Ce n'est clairement pas un truc que je fais souvent, les seules ayant eu le droit aux visites du cockpit étant mes sœurs, mais pourquoi pas. Je ne la connais pas énormément, mais le peu que je sais me suffit à avoir assez confiance dans le fait qu'elle n'en profitera pas pour exécuter une mauvaise chose. Mais bon, ce n'est qu'une idée que je ne vois pas être concrétisée un jour. Son métier est aussi prenant que le mien, il faut le dire. Je lui décris ensuite ce que j’imagine pour l'appartement et elle semble comprendre mon aversion pour la couleur rose. Un bon point.
Et elle me surprend ensuite en me proposant son aide pour défaire les cartons, proposition que je ne refuse pas, lui expliquant les raisons qui font que l’appartement soit toujours dans cet état. Je ris à sa réponse au tac o tac. « Il y a un peu de ça aussi. » Je souris, amusé. Le manque de temps est une des principales raisons, le manque d'envie en est une autre. Je me relève, prêt à en découdre, puis lui tend la main pour l'aider à se relever. Main qu'elle saisit de la sienne, glacée et qui me provoque un léger frisson. Je ne dis pourtant rien, préférant lui indiquer les cartons à vider et son enjouement me fait doucement ricaner. Comme elle, je saisis un carton et l'ouvre pour commencer à le vider. « Heureusement pour moi, j'ai jeté tous les cadavres que je conservais parmi mes affaires. » Je la taquine vis-à-vis de son boulot, sans avoir la crainte qu'elle le prenne mal ou trouve ça suspect. Ça fait du bien de pouvoir être un peu plus moi-même en sa compagnie, je dois le reconnaître. Je m’attends à une réplique toute aussi taquine de sa part, mais rien ne vient. Le silence se fait, il n'y a même plus de bruit de cartons, ce qui est encore plus étrange. Et lorsque je me retourne, je regarde sa mine défaite et mes yeux descendent automatiquement au niveau de ses mains. Un écrin s'y trouve et je déglutis. La bague de fiançailles que j'avais achetée pour Jazz. Putain... Un raclement de gorge me ramène à la réalité et Eris me rend l'objet. Je le récupère, ne le quittant pas des yeux comme si j’étais hypnotisé par ce truc. « Je crois surtout que je devrais la vendre, ou la jeter. » Je ne sais même pas pourquoi je l'ai gardé, si ce n'est pour me torturer un peu plus. J’aurai dû m'en débarrasser, il n'y aurait eu aucune chance pour que quelqu'un tombe dessus, pour qu'on découvre à quel point j’étais décidé à m'investir dans cette relation. À quel point j'y croyais. « Désolé, tu n'aurais pas dû tomber là-dessus. » Que je lâche dans un souffle. Parce que, maintenant, elle va savoir que je comptais demander sa main à mon ex, une chose que personne ne sait, pas même la principale concernée.