The big drink battle ▬ Seth

Cigarette frôlant ses lèvres, lumière chatoyante, musique basse qui fait tout de même vibrer l'endroit. Le bar comme à toute les célébrations de la saint-Patrick semble rempli. S'y perdent les discours syrupeux empli de semblant plus ou moins chaleureux. Et pourtant, seul dans son coin, Seth savoure la fumée blême et brûlante qui s'échappe de sa bouche, tout ça le regard perdu sur la foule. Tandis qu'il tape doucement du pied au rythme de la musique, il est là analysant chaque visage, chacune des expressions qui les composent. Un jeune couple un peu trop ivre n'a de cesse de se dévorer du regard à sa droite. Puis une fille pouffe à sa droite, sans doute charmée par un des habitués de l'endroit qui fait sans cesse des blagues. Puis la serveuse s'approche de sa table et s'arrête à sa hauteur. « Un autre verre, Monsieur l'Agent ? » « Mh... oui, comme d'habitude. » Il laisse coulissé lentement ce cristal vide qui lui sert de verre vers elle ; elle débarrasse sa table puis revient quelques minutes plus tard avec un nouveau verre bien rempli. Elle s'met à lui faire la conversation, jouant dans ses longs cheveux bruns. Il remarque bien évidemment les yeux doux qu'elle lui lance mais il n'y fait pas même attention. Elle s'installe même à sa table, nullement arrêtée par le regard du brun absorbé par son verre de whisky plutôt que par elle. L'esprit tourné vers une autre. Celle qui au fond, ne l'a jamais quitté. Il secoue légèrement la tête, pour ne plus penser à rien et enfin, il lève les yeux vers la jeune serveuse. J'termine bientôt mon shift. Tu voulais aller ailleurs ? Légèrement amusé par sa proposition bien que peu camouflée, il ne répond pas et se contente d'avaler une nouvelle lampée. Dans une autre vie, il n'aurait sans doute pas hésité. Il l'aurait suivie chez elle, chez lui, peu importe. Tant qu’il obtenait son dû

Sauf qu’il y a de cela bien longtemps qu’il a déjà donné son cœur. Sans l’ombre d’un doute, il ne pense plus qu’à Cami. il n'y a d’ailleurs que celle qu'il a perdu qu'il voudrait tenir contre lui. Et sans équivoque qu’il repousse donc les avances de la jeune femme sans trop la brusquer. Se frottant les yeux, prétextant une dure journée. Elle sourit et le laisse en paix à terminer son verre. Il ne sait plus il en a pris combien ce soir mais certainement qu'il aura un bon mal de tête le lendemain. Il préfère de loin un tel maux que d'être torturé par les souvenirs. Alors il ne s'arrête pas là et recommande un verre.

C’est d’ailleurs à ce moment précis que survient le barman, puis cet homme. Lukas Foster. Celui à cause de qui avait commencé tous ces calvaires. Celui qui quelque part, était responsable de l’accident de Cami. Alors quand le barman propose soudainement un jeu entre les deux hommes, il n’y a pas moyen que Seth décide de se dérober. Il accepte donc sans broncher, tenant là finalement le moyen d’entrer en contact avec ce dernier.


- Les jeunes devraient apprendre des anciens, ne pensez-vous pas Monsieur Foster ?

Tout un tas de question vienne s’amasser dans son cerveau. D’ailleurs un la raison de sa venue dans ce fameux bar, parce que fallait déjà savoir ce que Seth foutait là en premier lieu. Parce qu’au fond, lui-même ne savait pas ce qu’il foutait encore dans cette citadelle de la luxure. Rien que ce bar, cela faisait déjà trop longtemps qu’il trainait dedans, et ce n’était clairement pas dans ses plans que d’y séjourner autant de temps. Ou peut-être que si en fin de compte. Peut-être que la boisson et ses senteurs dionysiaques, y’avaient plus que ça de bon pour lui. Seth ne sait d’ailleurs plus trop ce qu’il faisait de sa vie. Egaré sans même être capable de l’avouer à qui que ce soit dans le fond. Déambulé sans motivations, à résoudre des affaires toutes plus compliqué les unes que les autres, à faire le fier – le beau… Relevant le menton, bombant le torse. Mais la vérité, c’était qu’il était vide à l’image d’un être sans repère, sans foyer où retourner, sans quelqu’un pour l’attendre le soir. Tout ça le triturait, le consumait à l’image de flammes de pitance. « C’est étrange de croiser quelqu’un qui utilise mon nom de famille alors que je ne le connais pas du tout. » Seth soupire simplement. Toutes ces années, il s’était évertué à retrouver la trace de cet homme qui se tient désormais devant lui, Lukas Foster. Et toutes ces années, il s’était promis de lui faire payer la disparition de Cami. Mais en bon agent qu’il était, il ne pouvait se permettre d’agir sans preuves, sans le moindre chef d’accusation. Et cela quand bien même, convaincu du contraire. Son poing semble trembler et chercher à rejoindre son magnum sans éveiller les soupçons, à l’abri des regards mais rien n’y fait. Il ne peut s’y résoudre, car ce n’est pas cette justice qu’il recherche. Alors le regard lésé, il observe son invité sans trop de difficulté à camoufler ces émotions sombres et maussades.  « J’peux savoir d’ou vous me connaissez ? C’est assez dérangeant de devoir parler à quelqu’un sans pour autant connaître son nom, je l’avoue. »

- « Du haut de ce perchoir qu’est le playground, je doute que vous puissiez connaître tout le monde. En revanche, votre réputation vous précède suffisamment, pour toute personne un peu curieuse soit dit en passant, vous reconnaisse. »

Sa main se porte donc sur ce verre empli de ce savoureux liquide ambré. Sans une ni deux, Seth se racle la gorge avant de le descendre d’une seule lampée. Rester là à ne rien faire, si ce n’est observer son vis-à-vis (quoique légèrement agaçant) ne lui apporterait certainement pas de réponses – voire davantage de questionnements qu’autre chose. Alors autant boire.  Sa vie était tombée en ruines, et ça lui faisait grincer des dents. Soit. Mais ce soir il aurait enfin des réponses. Il débute alors la seconde tournée puis se tourne vers Lukas

- « A mon tour de poser une question. Peut-on savoir ce que vous faites ici ? Je veux dire, vous avez le loisir d'avoir toutes les boissons de votre choix dans votre antre du plaisir, si je ne m'abuse. »

Si l’ombre d’un sourire se dessine allègrement tandis qu’il tient en maître la discussion, son regard s’anime, devant lui, devant autrui.  L’agacement chez Monsieur Foster est palpable et être là, à le regarder danser dans le creux de sa main – tenter que de prendre l’ascendant sur lui… Seth en est hilare. C'est une sensation, inexplicable. Il aperçoit dans les prunelles de son interlocuteur, ces flammes qui vacillent – ces mêmes flammes comme il n’en pas vu parmi mille regards, d’amertume. D’ailleurs, l’agent Rhodes-Morales lui en aurait certainement fait la remarque s’il ne trouvait pas cette soudaine supériorité plus délicieuse encore que cette animosité que pouvait dépeindre la scène. Mais bon, ne dit-on pas que l’alcool guérit tous les maux ? « Un fan, vraiment ? Ne soyez pas si imbu de vous-même Lukas. » Dit-il l’air déçu d’une telle répartie, s’amusant avec les glaçons qui baigne dans son verre « Vous et moi sommes un peu comme ces glaçons, froids l’un envers l’autre mais pourtant indissociable. »

Au contraire. Il a exhalé un léger soupir, à peine entendu – tapi parmi les rires feutrés de femmes qui ont l’humour facile, pour mieux se protéger et rester dans le secret. Mais l’agent Rhodes-Morales possède une trop grande franchise, qui est nuisible et parfois risible, mais il s’en accommode, l’a admise. Il laisse ces exclamations se perdre dans cette quintessence de la sainte journée. Ses yeux clos offrant une réponse sous son voile, qu’il détourne légèrement afin de se tempérer. Afin d’observer encore une fois, ces gens qui festoient. Ainsi il penche la tête sur le côté aux paroles prononcées, ne voyant pas le sens mené. « Oh mes excuses, où avais-je la tête ? Agent Spécial Rhodes-Morales. »  crache-t-il vénalement affichant sa plaque « Mais vous pouvez m’appeler Agent Spécial Rhodes-Morales. » saupoudré d’un mièvre sourire. Un long silence vient comme s’installer entre les deux hommes qui conversent – le cri de l’attente ayant toujours à ses oreilles l’allégresse d'une douce symphonie. Se trouvant toujours face à Lukas, à la multitude de faits et gestes à la morale bien douteuse. Curieuse, intéressée ou détachée, sa voix et ses prunelles n’ont pas demandé leur avis pour être entraîné dans cet échange. Il demeure car il s’agit bel et bien là de son rôle. Ainsi à chaque pas de plus vers la conclusion de cette discussion à première vue limpide, dont peu à peu l’idée s’obscurcit. Tout ce qui semble lumineux jusqu’à peu sombre et sombre encore, pour que n’y demeure plus que le doute et les questions incessantes, les possibilités. Il était clair que le comportement « joueur » adopté par le nouvellement maître de la nuit n’était guère apprécié de son vis-à-vis mais, n’était-ce pas là l’essence même d’un agent fédéral que de protéger les siens ? que de protéger ses idées ? Si Seth pour sa part, en était très franchement persuadé. Cela expliquait cet air compréhensible qui ourle sur son visage. A l’heure même où il converse avec ce jeune homme, il n’est plus qu’appréhension.

Pourquoi ? Car quand bien même il n’arrivait pas attraper Lukas sur le fait accompli, Seth savait que dans le noir se cachait une plus sombre vérité. Il ne craignait donc pas pour le futur de Foster mais plutôt pour le chemin qu’il arpente - craintes de ses conséquences et de l’imprévisible qu’il représente. Un comble pour un être avide de liberté et désireux du libre-arbitre peut-être - mais tels agissements n’étaient pas une réponse, du moins sûrement pas aux yeux d’un homme comme Seth. Il était donc impératif que tout cela ne se reproduise jamais. « N’est-ce pas là un peu présomptueux de votre part que d’affirmer n’avoir rien à cacher ? Je veux dire, n’est-ce pas là, la nature première de l’homme que d’être pêcheur ? » une moue quelque peu inquisitrice « Allons bon, il est vrai que je ne vous sais pas religieux mais tout de même. Il s’agit là d’un classique. » Il soupire un peu « Mais oui pour ma part, j’ai déjà eu l’honneur que de participer à une de vos joyeuses soirées. En espérant y être convié de nouveau, j’en garde un très bon souvenir Monsieur Foster. » Rajoute t-il moqueur.

Et à l’arrivée du troisième verre si la situation n’avait pas été telle quelle entre les deux homme, Seth aurait sûrement pris la peine de s’en aller mais la nuit ne faisait là que commencer. Alors, il se saisit de son verre et décider de le lever en sa compagnie, pour lui si admiré, pour lui si fatiguant. « A nous ? ou bien à une nuit pleine de surprise ? »

Il y’a bien des situations qui se passent de mots, et je présume que celle-ci en est une. En effet, dans sa pensée, les mots sont légions. Et pourtant Seth demeure silencieux - comme enterré dans un mutisme dont il ne saurait s’extirper. Peu à peu c'est comme s’il se sentait responsable de l'ensemble des calamités que commettent les hommes. De l’ensemble des choses qui sont survenu à Cami et son fils. Comme si lui, Seth Rhodes-Morales, avait été nommé pour en endiguer la plaie. Cette plaie béante qui doucement s'étend jusqu'aux confins du monde – Criminalité qu’il l'appelle. Mais pour l’heure il se contente de Boire. Boire, jusqu’à ne plus rien ressentir, boire, jusqu’à oublier le reste du monde. Boire jusqu’à en oublier son nom, – nom qui était le leur. Boire jusqu’à ce qu’on lui refuse le prochain verre en dépit du défi idiot qu’on lui eût lancé. Puis il se traînerait jusque chez lui, grande maison vide, et il se laisserait tomber contre le canapé et attendant que les rayons du soleil ou le prochain cauchemar ne daigne le réveiller. Rien de plus, rien de moins. Ça faisait quelques temps que Seth vivait dans cette routine, au grand désespoir de ses proches. Mais depuis qu’ils avaient disparus de sa vie, Seth ne savait plus même quel genre de personne être – ou même qui il voulait être. Il devait se reprendre en main, faire quelque chose de lui-même, mais c’était plus facile à dire qu’à faire.  Alors quand Lukas trinque à ses côtés, il se prend au jeu et cela en dépit de tout ce qu’il peut bien les lier mais qu’il ignore. Du moins pour le moment.
Quelque part festoyer lui est bien plus facile que d’en vouloir à quelqu’un d’autre, d’ailleurs le voilà-même qui s’esclaffe. Il ne peut décidément pas retenir ce rire qui vient jusqu'à qu'à lui en tirer les larmes des yeux, finissant par pouffer. Pour donc mêler l’utile à l’agréable, Lui et Lukas sont aussi bornés l’un que l’autre ? Génial.

Un peu passé minuit, cependant, il releva la tête quand une scène s’illumina à l’autre bout du bar. Il observa ce nouvel élément quelques secondes, un peu intrigué mais plus interloqué, jusqu’à ce que le barman empoigne un micro et fasse une annonce au reste du bar. « Votre attention, s’il vous plaît. La performance va bientôt commencer. Si vous voulez vous approchez de la scène, libre à vous. » Seth le toisa, sourcils froncés. La performance ? C’était une blague ? Dans quel genre de bar il était tombé, au juste ? Seth observa son verre, qu’il venait tout juste de faire remplir – il n’allait pas partir en laissant presque huit dollars derrière. Et il avait la tête qui tournait à peine, pas certain de vouloir tout avaler d’un coup. Bon. Peut-être qu’il pourrait rester et voir c’était quoi, cette performance, au juste. Peut-être que c’était rien de grave. Un strip-tease, peut-être, ou une genre de pièce de théâtre. Peu importe. Tant qu’on le laissait tranquille.

Il avala une gorgée de son verre, surveillant le barman qui semblait vérifier quelques trucs sous le bar. Quelques silhouettes s’approchèrent de la scène, qui était totalement dénudée – juste un rideau noir, avec une table. Quelques chandelles dessus, rien de plus. Seth soupira longuement, et alla pour boire à nouveau quand la musique changea drastiquement, laissant place à un genre de chorale pour enfants. Le genre qu’on entendait dans les églises. Seth plissa des yeux. Bordel. On aurait dit une musique adventiste. Un grognement s’échappa de ses lèvres, et il tenta de regarder autour de lui, voir s’il était le seul à trouver ça bizarre ou s’il était vraiment le seul à ne pas être là pour la performance. Il croisa finalement le regard de Lukas, qui semblait tout aussi troublé que lui. « Vous savez c’est quoi cette merde, au juste ? » demanda-t’il, ses mots facilités par l’alcool qu’il avait déjà ingéré. Parce que bon rien qu'à l'entendre, Seth avait l'impression d'avoir le Boeing en bout de piste.

Sans une ni deux, Seth se lève et se saisit du micro. Allant même jusqu’à se placer sur la table. Il sort alors sa plaque et faut dire que tout cela fait effet. Il laisse la scène libre, loin de tout attentat contre le christ ou quoi. Et Seth est là, les yeux qui brillent plus fort que les néons en lorgnant vers la scène abandonnée. Empêchant quiconque de voir les titres en s'imposant devant l'écran. Gesticulations puériles. C'est moi qui choisi, Faites pas chier ! Et une chanson se livre à lui. Un tube tout indiqué.

Les premières percussions balaie la salle à plein volume.

Quelques notes mythiques, un battement de cil et Seth s’empoigne le mic, façon rockeur nerveux, battant la mesure avec son pied. Les premières paroles coule de ma gorge, miel voluptueux à pour les tympans...

Yeah
Yeah
When I walk on by
Girls be looking like damn he fly cale t-il faisant semblant de courir mic à la main.

I pimp to the beat
Walking down the street in my new LaFreak, yeah
This is how I roll
Animal print, pants out control
It's Redfoo with the big afro
And like Bruce Leroy I got the glow dit-il montrant l'éclairage sur sa personne.

Il se mordille les lèvres allégrement, passant sa main dans ses cheveux bruns.  « C’est comme ça qu’on met l’ambiance » Il s’approche instinctivement d’une jeune demoiselle chaude comme une baraque à frites dans le public et reprends de plus belle déboutonnant peu à peu sa chemise.

Girl look at that body
Girl look at that body
Girl look at that body
I-I, I work out

Et il s’avance se prêtant au même jeu auprès d’une autre, finissant la chemise à moitié ouverte.

Girl look at that body
Girl look at that body
Girl look at that body
I-I, I work out

Et tirant le mic avec lui, cadence déhanchée, Seth entraine la foule avec lui.
When I walk in the spot (yeah)
this is what I see (okay) chante t-il pointant Lukas du doigt.

Everybody stops and they staring at me
I got passion in my pants and I ain't afraid to show it
Show it, show it, show it
I'm sexy and I know it finit-il d’une voix de velour.

« Je vous prie d’applaudir Monsieur Foster, fameux gérant du Playground. »

Voyons voir si il gère autant avec les bières que la musique.