Invité a posté ce message Ven 29 Mar 2019 - 22:40#
The eye of the tiger, and the lamb.
Cela faisait maintenant plusieurs semaines que Lorna peinait à écrire. Elle avait fait une rencontre qui l'avait bouleversée et qui lui prenait beaucoup d'énergie psychologique. Dés qu'elle se mettait à écrire, elle se retrouvait à divaguer dans ses pensées, cherchant des explications à ce qu'elle avait ressentis lors de son dernier entretien d'embauche, face à cette femme androgyne. Cette simple petite rencontre avait jeté un énorme rocher dans le long fleuve tranquille qu'était sa vie. Mais écrire lui manquer. Sa liberté de penser, de contrôle et de découverte, c'était vitale pour elle et cela passer par l'écriture. Mais comment écrire, lorsque tout notre être en entier subit un trouble nouveau ? Elle y avait longuement réfléchis et elle avait enfin trouvé la solution. La fausse blonde devait se lancer de nouveaux défis, et le premier serait d'écrire sur un sujet qu'elle ne maîtrise pas, qu'elle ne connaît pas du tout et qui -surtout- ne fait pas partie de son quotidien à New York. Il lui fallait quelque chose à l'opposé de sa personnalité, quelque chose qui pourrait la remuer plus encore que cette rencontre. L'Ecossaise avait alors cherché le sujet qui pourrait correspondre à ses critères, et avait trouvé ; Les matchs de boxes underground. C'est en allant acheter quelques légumes à la petite épicerie du coin qu'elle avait vu une annonce écrite à la main, sur un vieux papier jaunis, proposant des combats à l'amiable, loin du business du sport, mais dans l'antre de la violence humaine. Un frisson l'avait parcourut en lisant cette minuscule annonce. Elle avait mémorisé l'adresse et était bien décidé à s'y rendre.
C'est pour cette simple raison que Lorna est à présent dans un coin sordide d'une immense cave, au fin fond du Bronx, son carnet de note coller contre sa poitrine, comme un bouclier. Le lieu est tout bonnement dégoûtant. Sale, malodorant, et remplis d'hommes qui n'ont aucune pitié pour les autres, et aucune attache à leur propre corps, leur propre personne. Les seules femmes qui peuplent l'endroit son -probablement- les copines des boxeurs. Et encore, certaines ont l'air d'être là, chewing-gum vulgairement mâché, à attendre le grand gagnant, simplement pour lui offrir ses félicitations sous des angles que Lorna n'ose même pas imaginer. Alors, évidemment, la petite femme frêle, blonde platine, d'origine Ecossaise, fait quelque peu tâche dans ce décor digne des plus forts.
Cependant, elle tient à réaliser son projet et relever son défi. N'osant parfois pas regarder certains combats trop violents, elle se réconforte en se rappelant que le simple fait de mettre les pieds dans un tel endroit relève la moitié du défi. C'est après plusieurs minutes à resté debout, raide, le dos plaqué au mur, qu'elle trouve un minuscule tabouret en fer, libre, dans un coin de la cave mal éclairée. Elle s'y précipite, et s'y installe comme une enfant timide, prête à noter ce qu'elle voit de ses propres yeux ; la violence, le sang et la rage. Elle se met alors à griffonner dans son carnet, tentant du mieux qu'elle peut d'ignorer les hommes qui hurlent à ses côtés et qui manquent de renverser la moitié de leur bière sur elle. Lorna est fière de sa démarche, mais il est clair que sa soirée s'annonce longue. Très longue.
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Invité a posté ce message Dim 31 Mar 2019 - 16:50#
Je n’ai pas la moindre idée de ce que je fous là. Enfin si, je le sais, mais je me maudis d’avoir accepté. Un petit combat à New York, dans le Bronx, pour faire plaisir aux dirigeants de l’underground. Des combats loin d’être aussi bien encadrés que ceux que je fais habituellement. Loin des salles propres et pleines de femmes – oui, oui de femmes – en train d’hurler le pseudonyme de chaque boxeur qu’elles considèrent sexy et qu’elles voudraient dans leur lit. Moins de règles aussi et, forcément, plus de chances de terminer aux urgences. Pas pour moi. Si je sais que je vais sortir de là avec des blessures, ça ne sera rien de bien méchant contrairement à ce que je vais envoyer à ces gars qui se pensent être les rois du monde. J’ai accepté … eh bien pas uniquement pour faire plaisir mais bien parce qu’on m’a fait comprendre que je n’ai pas le choix. Je vais être l’attraction de la soirée, le futur champion des combats de ligue supérieure de l’underground. L’étoile montante qu’on déclare comme favori de cette saison. Je compte bien leur prouver qu’ils ont raison même si je dois passer par de petits combats minables qui m’agacent déjà avant même que je ne sois monté sur le ring. « Tu devrais aller faire un tour, Blake. Tu nous rends nerveux. » Mon regard tombe sur Logan qui vient de poser une main sur mon épaule pour me forcer à sortir de mes pensées. Mon pied arrête de taper le sol – je ne m’étais même pas rendu compte qu’il s’agitait autant – et au tour de salle que fait mon regard, je sais qu’ils ont peur que je finisse par m’énerver. Je déteste qu’on m’impose les choses, j’ai trop sale caractère pour ça, mais je n’ai pas eu le choix et ils se doutent que j’ai besoin de prendre l’air, ou du moins de sortir de ces vestiaires improvisés. D’un mouvement de la tête, j’accepte, me lève de ma chaise et les laisse tranquille. Dans la pièce d’à côté, qui sent le renfermé, le moisi et qui est particulièrement humide, la foule est déjà compacte. Des hommes pour la plupart, bière à la main, qui hurlent en regardant les premiers combattants échanger des coups. Aucune pitié. Le sang coule dès le début et je lève les yeux au ciel. Je vais affronter les derniers encore debout et ils ne le resteront pas longtemps. Mais déjà je peux analyser leurs gestes, trouver leurs failles et … mon regard s’arrête sur une jeune femme dans le fond de la pièce. Elle détonne complètement. Cheveux blonds clairs, visiblement mal à l’aise et parfois dégoûtée par le sang qui gicle. Probablement en train de se demander ce qu’elle fait là. Je me le demande aussi et c’est par curiosité que mes jambes s’avancent vers elle. Me faufilant parmi les hommes sans difficulté, j’arrive vers elle, me pose à côté, adossé contre le mur le plus près, les mains bandées dans les poches de mon short de sport. « Première fois ? » Je demande en regardant tout d’abord les combattants puis la jeune femme. C’est une question rhétorique. Vu ses réactions ça ne peut qu’être sa première fois, mais autant briser la glace comme je le peux.
Malgré son effort considérable pour rester concentré sur les mots qu'elle couche sur le papier, Lorna sursaute toujours après le vingtième coup qui décroche la mâchoire d'un adversaire. C'est plus fort qu'elle, la violence la rend dingue. Elle qui est si discrète, si calme, si muette, si froide et neutre, elle ne s'énerve que très rarement, l'agacement et les joues rougies sont probablement son maximum colérique. Mais devant elle, c'est un tout autre spectacle qui se joue. Celui d'hommes qui semblent avoir besoin de se prouver quelque chose. Ou qui ont besoin d'argent. Pour ceux là, pas vraiment de dommages, ils se rétabliront. Pour les autres, la jeune femme imagine que les défaites doivent être difficile à encaisser. Elle cherche alors à comprendre ce qui peut bien les pousser à de telles violences, surtout entouré d'autant de personne. Car s'ils pensent avoir quelque chose à prouver à la terre entière, en montant sur ce ring, la réalité est qu'il n'y a qu'envers eux qu'ils ont quelque chose à prouver.
Lorna ne sait comment juger cette dernière conclusion. Elle la note, malgré tout, dans son carnet. Peut-être est-ce trop critique et trop franc pour une journaliste ? Elle hésite, le regard rivé sur le ring, dont l'activité la dépasse. C'est seulement lorsqu'on semble lui adresser la parole, qu'elle se rend compte qu'elle était en train de grimacer de dégoût. L'Ecossaise se reprend alors rapidement, se redressant sur son tabouret pour lever les yeux vers l'inconnu qui lui demande si c'est sa première fois. Etonnant qu'elle ait entendu cet homme, parmi le brouhaha des autres. Peut-être est-ce sa voix sereine, justement, qui a tapé dans le tympan de la fausse blonde. Elle le regarde un instant, de haut en bas, avec discrétion. Grand, musclé, brun, probablement dans la case des types plutôt pas mal. Difficile de se faire une idée du personnage. Mais c'est en observant son accoutrement qu'elle comprend qu'il doit faire partie des participants ce soir. Elle hoche alors la tête, ayant trop peur qu'il ne l'entende pas, elle et sa petite voix rauque. « Oui… Première fois. » dit-elle, le plus clairement possible, en reposant un regard qu'elle tente de garder neutre vers les boxeurs en pleine action. Elle repose ensuite son regard vers son interlocuteur, découvrant ses yeux cette fois. « Pas pour vous, j'imagine ? » lance-t-elle, supposant très bien que c'est la raison pour laquelle l'homme semble si calme. Il doit être habitué à cet environnement, Lorna n'y voit pas d'autres explications.
La première chose que je sens en sortant des pseudos vestiaires c’est l’odeur. Un mélange entre sueur et bière bon marché. Une odeur à laquelle, aussi étrange que ça puisse paraître, on finit par s’habituer. Je perçois aussi cette note de rouille si caractéristique au sang versé sur le ring et sans doute sur le chemin des vestiaires. Une odeur qui parfois me donne l’impression d’exciter certains combattants, comme s’ils étaient des requins. Pour certains d’entre eux c’est le cas. Ils ont soif de sang, soif de gloire et ne sont là que pour taper, blesser et gagner. Généralement le genre de type qui ne veut pas déclarer forfait alors que son visage ne ressemble plus à rien, que son sang recouvre une grande partie de sa peau, mais il s’en moque et persiste. Souvent l’adversaire que je termine par pitié d’un coup à la tempe pour être certain qu’il ne se relèvera pas et n’empirera pas son cas. Tout ça, j’y suis habitué. J’ai également connu les bagarres en prison, ça donne une vision différente du monde et même si j’y suis intimement lié, je n’ai pas pour autant l’impression d’en faire partie. Du moins pas aux combats comme ceux de ce soir. J’ai une nette préférence pour ceux un minimum encadrés et qui n’existent pas juste pour le plaisir de taper et faire mal. Il y a simplement certains sacrifices que je dois faire même si mon tour n’est pas encore venu et que ça me permet de me vider la tête et surtout de découvrir une jeune femme qui n’a réellement pas l’habitude de ce monde. Alors qu’elle agite timidement la tête et confirme que c’est sa première fois, je ne suis pas étonné. Ça se voit à des kilomètres. Je suis même surpris que personne ne soit venu lui chercher des problèmes, ce n’est pas rare malheureusement. Et lorsqu’elle me retourne la question, mon regard va de son visage au ring. « Malheureusement, non. » Jamais je n’ai caché ne pas aimer ces petites soirées que l’underground organise de temps à autre. Le championnat est nettement plus intéressant, plus respectueux aussi. Ça … c’est une obligation. « Je suis curieux, qu’est-ce que vous faites ici si vous avez du mal à accepter la violence ? Je n’insinue pas que vous n’êtes pas à votre place, je ne vous connais pas, mais vous admettrez que vu vos réactions, votre présence ici est pour le moins surprenante. » Pourtant, j’ai déjà vu des femmes venir entre amies et ne pas être capables de regarder les combats. La curiosité, l’attirance pour l’interdit et le corps des hommes sans doute … Jusqu’à présent je n’avais pas pris la peine de poser la question. J’en profite puisque j’ai du temps pour une fois.
Lorna a beau être en présence d'un boxeur en compétition ce soir, elle n'arrive pourtant pas à cacher sa réticence envers ce qu'il se passe sur le ring. Le combat actuel oppose deux hommes dont ni l'un, ni l’autre ne possède encore la moindre parcelle de peau en bon état. C'est assez impressionnant, Lorna n'a jamais vu pareil spectacle. Mais son attention est soudainement détournée par l'homme à ses côtés, qui lui répond que ce n'est malheureusement pas sa première fois en ces lieux. Elle n'est pas vraiment surprise par cette information, mais c'est plutôt le malheureusement qui la surprend. Comment un boxeur semblant aussi serein, peut se retrouver sur un tel ring, avec l'envie absente d'y monter ? Elle songe à poser la question, mais la cloche sonne la fin du match actuel et son regard ne peut s'empêcher de divaguer vers le centre d'intérêt de cette cave. L'un des combattants est au sol, définitivement achevé, peut-être mort, mais personne ne semble s'en inquiéter. L'autre passe sous les cordes en titubant, pour rejoindre le commun des mortels. Il n'est même pas certain qu'il voit encore quelque chose à travers tout ce sang qui coule le long de son visage.
La fausse blonde oublie un instant la question qu'elle souhaite posée à son nouvel interlocuteur, interpellée par ce qu'il se passe devant ses yeux. C'est d'ailleurs lui qui finit par la questionner, à son grand étonnement. L'Ecossaise tourne un regard interrogateur vers le boxeur, comme si elle n'avait pas compris la question. En réalité, elle l'a tout à fait comprise. Elle est simplement abasourdie par le lieu, le bruit, les matchs et les odeurs poisseuses de rouille dont seul le sang a le secret. Mais elle reprend rapidement contenance, afin de donner une explication simple et rapide à cet homme qu'elle ne connaît pas, et qui semble donner son avis d'une manière juste mais un peu trop franche au goût de la demoiselle. « Je suis en voie de devenir journaliste. Et, pour m'entraîner, j'essaie de me frotter à des sujets dont je n'ai pas l'habitude. Les matchs de boxe underground me semblaient être un bon début. » Lorna énonce ses mots avec un manque cruel de sympathie, presque dénué de tous sentiments, comme à son habitude. Alors que son visage et ses yeux, eux, traduisent un réel malaise que le boxeur ne semble pas avoir loupé. Elle espère que son explication lui suffira, ne lui accordant pas un regard de plus.
Mais, après un long silence et la présence de cet inconnu à ses côtés qui perdure, une idée lui vient subitement. La fausse blonde se tourne vers lui, tentant de mettre un maximum d'envie et de joie dans son comportement. « D'ailleurs, je me disais, seriez-vous disponible après votre match pour quelques questions ? » Cet effort se réduit misérablement en un rictus et un regard appuyé, rien de plus. Cependant, Lorna est réellement emballée par l'idée d'interviewer cet homme. Elle n'a jamais eu l'occasion d'interroger un sportif et encore moins dans ce genre de lieu, ni ce genre de milieu. Alors, même si elle est a l'air farouche, peu aimable et peu à l'aise, elle espère obtenir une réponse positive de cet homme, le seul qui lui a adressé la parole ce soir, ceci étant.
Spoiler:
Pardon pour la réponse qui a tarder à arriver.
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Invité a posté ce message Ven 10 Mai 2019 - 17:45#
La question de la soirée va très probablement être : qu’est-ce que tu fiches ici, Danvers ? J’ai envie de me sauver de là aussi vite que je suis arrivé, disparaître même si ça se retournera forcément contre moi. C’est la seule raison pour laquelle je reste d’ailleurs. Je n’ai pas envie que les gérants de l’Underground s’amusent à me faire comprendre qu’ils sont déçus et que je vais forcément le payer un jour ou l’autre. C’est le risque à courir pour faire partie de cette ligue. Un risque que j’accepte même si je ne me gêne jamais pour faire comprendre le fond de ma pensée. Puis il y a eu cette petite blonde qui a attiré mon attention. Voir des femmes ici, ce n’est pas rare. Lors des véritables combats elles sont même en train de hurler à plein poumons de leur faire des choses pas très respectables. Des femmes de l’âge de la blonde en règle générale mais bien moins propres sur elles que la personne qui est assise pas loin de moi. Ce n’est pas pour la vexer que je lui demande ce qu’elle fait ici avec une certaine franchise. Je me pose vraiment la question et je n’ai juste pas pris de gants, voilà tout. Je sens bien qu’elle n’a pas apprécié mais qu’est-ce que ça peut faire hein ? Je ne vais pas retirer ce que j’ai dit de toute manière. « Je suis en voie de devenir journaliste. Et, pour m'entraîner, j'essaie de me frotter à des sujets dont je n'ai pas l'habitude. Les matchs de boxe underground me semblaient être un bon début. » Donc c’est une future journaliste. J’agite la tête comme si ça ne me surprenait pas. Peut-être est-ce le cas mais comme je viens de le lui dire je ne la connais pas et la phrase "étudiante en journalisme" n’est pas collée sur son front. « Je vois … C’est un peu risqué cela dit. » Oh l’underground aime avoir de la publicité, seulement elle se fait souvent du bouche-à-oreilles. Faire la une d’un journal, même étudiant, ça risque de ne pas emballer. Je peux me tromper toutefois. Je le souhaite même pour elle. Mon regard la lâche un instant pour regarder le vainqueur du combat actuel faire son show couvert de sang. Un soupire m’échappe. Vivement que j’en termine avec ça. « D'ailleurs, je me disais, seriez-vous disponible après votre match pour quelques questions ? » Je tourne la tête vers elle si vite que ma nuque en craque et me fait grimacer. « Moi ? » Que je répète sans cacher ma surprise. « Euh … si vous voulez mais je ne suis pas vraiment très bon pour ce genre d’exercice. » Je déteste ça même. Avant même de finir en prison, lorsque j’étais interviewé à cause de ma mère et de ce qu’elle fait pour les orphelins je ne savais pas quoi répondre. Le grand bavard ce n’est pas moi, c’est Connor.
