you've got that power over me (tomessa)

Cerner les gens, ça n’a jamais été trop difficile pour moi. Des années à rester dans mon coin une fois orpheline ça m’a aidé à devenir observatrice. Il me suffit de peu pour me faire une idée sur une personne et généralement je ne me trompe pas. Généralement … ça m’arrive malgré tout. Tommy, si je sais si bien lire en lui désormais c’est uniquement parce qu’en deux ans nous avons réellement appris à nous connaître, que nous nous sommes ouverts l’un à l’autre sans véritablement nous en rendre compte. C’est ce qui me permet d’affirmer qu’il est loin d’être le type que tout le monde s’imagine. C’est une carapace, sa manière de se protéger, mais il vaut tellement plus que ce que bien des personnes imaginent. « Tu le penses, vraiment ? » Mon sourire s’étire un peu plus, mon regard braqué dans sa direction. De toute manière je n’ai guère envie de regarder ailleurs. Je fais diminuer le manque que j’éprouve en le dévorant des yeux. « Bien sûr que je le pense. Je ne prétendrai jamais mieux te connaître que qui que ce soit mais je sais ce que tu vaux, Tommy. Pour moi tu vaux plus que tu ne le penses. » Après tout, c’est avant tout de sa personnalité, de l’homme qu’il est, dont je suis tombée littéralement amoureuse en deux ans. S’il m’a fallu du temps pour réaliser ça, j’ai toujours su quel homme magnifique il est sous ses couches et couches de protection. « Il était temps » Réplique-t-il en parlant de ma démission. Forcément que ça lui plait. Des mois qu’il ressasse sans arrêt le fait que je devais en partir. Maintenant qu’il a obtenu ce qu’il souhaitait, il ne peut qu’être heureux. Moi aussi cela dit, c’est un poids en moins. « Il en a bien de la chance, cet homme. » Je continue de me mordre la langue. Quelle imbécile bon sang, je dois apprendre à réfléchir avant de parler. « Je ne sais pas … c’est peut-être moi la chanceuse. Je n’ai jamais pensé que je pourrais compter comme ça pour lui. » J’en suis encore assez surprise et je ne le comprends toujours pas. Je veux dire, Tommy pourrait avoir n’importe quelle femme alors pourquoi moi ? Je n’ai rien d’exceptionnel. « Tu vas pouvoir te concentrer sur ce qui est vraiment important. D’ailleurs…tu… » La main de Cassie sur mon épaule me fait sursauter et lorsqu’elle me signale que c’est l’heure de l’allaitement, je tente de lui redonner son fils sans trop le réveiller, large sourire aux lèvres en la regardant s’éloigner pour ensuite regarder Tommy et l’inviter à continuer sa phrase. « Tu… Tu sais quand tu vas profiter de ton week-end ? » Ah oui, mon cadeau d’anniversaire auquel je n’ai pas vraiment voulu penser dernièrement. J’hausse alors les réponses. « Après la remise des diplômes je pense. J’ai pas vraiment voulu me pencher sur la question en fait … » Parce que ce week-end, je dois admettre ne pas avoir envie de le passer seule. La solitude je déteste ça, seulement c’est surtout le fait que ce cadeau je voudrais en profiter avec lui au fond.

Je prétends ne pas être la personne la mieux placer pour affirmer le connaître mais quand j’y pense qui me connaît réellement ? Je ne suis pas un livre ouvert, enfin pas tant que ça. Il y a certaines choses dont je n’aime pas parler à commencer par mon passé, ces petites choses qui m’ont traumatisé et que je préfère oublier. Un jour, je m’ouvrirai et il y de fortes chances que la personne face à moi soit la première à entendre tous ces détails que je garde enfoui en moi. J’ai toute confiance en Tommy et ce depuis le début. Je n’ai jamais su l’expliquer, c’est comme ça. Malgré ça, je me retiens pour je ne sais quelles raisons. Probablement la peur de trop m’ouvrir et d’être abandonnée, ce dont j’ai un peu trop l’habitude malheureusement. « Tu es celle qui me connais le mieux, en réalité. » Cet aveu me fait sourire. Sourire tendrement à tel point que je regrette autant la table qui m’empêche de poser ma main sur la sienne – ce qui n’est sans doute pas plus mal – que cette fichue obligation de restée éloigner. Je voudrais poser mes lèvres sur les siennes sans arrières pensées, uniquement pour lui transmettre tout ce que je ressens pour lui. Je n’en ai pas le droit cela dit. « Faut croire que toi non plus, tu ne sais toujours pas ce que tu vaux… Parce que je peux t’affirmer qu’il n’a d’yeux que pour toi. » Ce ne sont que de simples mots, ils restent suffisamment forts pour réveiller mon corps et mon cœur. Ce dernier s’emballe, bat à toute vitesse et me coupe la respiration quelques secondes. L’envie de pleurer me gagne. Ça me fatigue de devoir me retenir alors que je voudrais me lever, m’installer sur ses genoux et l’embrasser jusqu’à manquer d’air. Pourquoi faut-il que les jours nous séparant de ma remise de diplôme soient aussi nombreux hein ? « Pourtant t’en a besoin. Tu as plus de temps maintenant » L’intervention de Cassie nous permet de changer de sujet, de nous éloigner de cette pente glissante sur laquelle nous étions. « Je sais mais j’ai pas envie de partir seule. » Il serait plus exact de dire que je ne veux pas partir avec n’importe qui mais je me retiens de lire et par chance pour moi, Tyler revient à cet instant. « Dis P’pa tu pense qu’on pourra aller à Coney Island maintenant qu’il fait beau ? », « Tu veux pas attendre cet été plutôt ? Le temps est encore un peu capricieux » Sans Peter pour m’occuper, je suis forcée de regarder tour à tour le père et son fils, sourire en coin. « Noooon, ils viennent de tout rouvrir. Tata pourrait venir avec nous même… ? » Prise par surprise, j’échange un regard Tommy. Je réponds quoi à ça ? Evidemment que je voudrais passer une journée avec eux deux mais ce n’est pas conseillé en ce moment. « Tessa a beaucoup de choses à faire en ce moment…mais peut-être après sa remise de diplôme, mon grand ? », « Promis ?! » Le regard suppliant de Tyler posé pour moi, je finis par lui sourire en me penchant vers lui. « Promis ! », « Géniaal ! » S’écrit le gamin ce qui me fait doucement sourire alors que je me renfonce dans ma chaise, mon regard posé sur son père. « Je suppose que je vais devoir ajouter ça à mon agenda très léger. C’est peut-être ton fils qui va devenir ma plus grosse occupation maintenant. » Avec l’été qui arrive et les vacances avec, l’idée de passer du temps avec Tyler et le balader ici et là dans New York m’enchante. Je l’ai vu grandir mais cette année j’ai l’impression de l’avoir si peu vu que je voudrais bien me rattraper.

« N’importe qui voudra t’accompagner si tu leur demandes, Tessa. C’est fou comment tu repousses à chaque fois quelque chose qui pourrait te faire du bien » Une grimace se dessine sur mon visage. Loin d’être discrète, je ne cherche pas à me cacher de toute manière. Je sais bien que je pourrais demander à n’importe qui de m’accompagner mais ce n’est pas le problème. Le problème c’est que je n’ai pas envie de partir avec n’importe qui. C’est probablement bête de ma part mais qu’est-ce que je peux y faire ? Est-ce qu’il peut réellement me blâmer de vouloir vivre des choses avec lui ? Puisque notre relation n’a jamais rien eu de sérieux – ou du moins d’officiel – partir en vacances ou même en week-end simplement tous les deux ça ne s’est jamais fait. Et j’en ai envie. Dans le genre vraiment envie. Me couper du monde avec lui, j’aspire de plus en plus à ça ces derniers temps. Le manque ou tout bonnement mes sentiments ? Peut-être un mélange des deux. « C’est pas ça … » Répondis-je enfin dans un soupire mi agacé. « Je ne veux pas partir avec n’importe qui, c’est tout. J’irais mais pour le moment c’est pas ma première préoccupation. » Ce serait plus pratique de lui faire comprendre si je lui disais clairement ce que je ressens mais hormis nous faire du mal ça ne servira à rien. Une chance pour moi, c’est là que Tyler décide d’intervenir nous permettant ainsi de changer de sujet. « Et c’est un mal ? Il t’adore » Dans un petit rire moqueur, je regarde Tyler retirer la main de son père de ses cheveux alors qu’hormis une petite grimace il n’a rien dit pour moi tout à l’heure. « Oh mais moi aussi je l’adore ce petit champion. » Affirmé-je en adressant un grand sourire à l’intéressé qui me le rend immédiatement. « De toute manière…si tu passes du temps avec lui, tu passeras forcément du temps avec son père » Je ne peux rien faire contre, j’ai un frisson qui me secoue légèrement à la penser de passer du temps avec Tommy. Ça m’est devenu si vital que la moindre allusion provoque une vague de désir qui s’intensifie entre mes cuisses. « Forcément … » Je me retiens d’ajouter autre chose. Même si Tyler ne fait plus attention à nous, je n’ai pas envie de dire quelque chose qu’il ne faudrait pas. Je préfère largement regarder son père sans m’en cacher, humectant doucement mes lèvres avant de mordre celle du bas.

Développer, lui dire très clairement que je n’ai pas envie de profiter de son cadeau sans lui, ne me semble pas être une bonne idée. Il y a cette distance que nous tentons tout de même de garder. Moindre que celle de tout à l’heure mais elle est là malgré tout. Sécurité pour éviter que nous ne soyons trop faibles, si l’envie d’être réellement tactile avec Tommy me démange j’évite quand même. Il m’y a autorisé seulement je me connais assez pour savoir que je ne saurais pas me contenter du strict minimum. Alors lui admettre que je veux partir avec lui, me couper du monde et n’être qu’avec lui, c’est trop dangereux. Je préfère mordre ma langue, être évasive bien qu’à son regard je comprends qu’il a deviné. Ou du moins qu’il a une petite idée de ma pensée et qu’il n’ira pas poser la question pour les mêmes raisons qui m’obligent à ne pas en dire plus. Heureusement l’intervention de Tyler nous permet de changer de sujet bien que la pensée de passer du temps avec ces deux hommes me fait presqu’autant de mal. Mais j’adore trop ce gamin – et son père – pour refuser une telle proposition. Plus tard cela dit, lorsque notre situation sera moins … difficile. Long échange de regard, je sens tout mon corps s’éveiller un peu trop. Encore une fois, je remercie le ciel qu’une table se dresse entre nous et m’évite de lui sauter dessus. Je veux dire, de lui sauter littéralement dessus. L’embrasser jusqu’à en perdre haleine même devant tous les invités me démange. « P’pa c’est l’heure des cadeaux ! » Ramenée à la triste réalité – partiellement – par la voix de Tyler, je regarde derrière moi et remarque que tous les invités se sont rassemblés et que Wyatt regarde vers nous. Son sourire en coin veut probablement dire quelque chose mais je préfère ne pas réfléchir à sa signification. « Hein ? », « Wyatt t’appelle. Il a besoin de toi pour les cadeaux » « Ah…oui. » Notre connexion se rompt à l’instant où il se lève me laissant une sensation de vide dans la poitrine. J’en fais de même et repousse ma chaise mais m’approche de Tyler. « Il est toujours bizarre papa, avec toi tata. », « Peut-être un peu mais faut pas lui dire. » Je lance un regard complice à l’enfant ne voulant pas penser à ce qu’il veut dire par-là. Une main passée derrière la tête de Tyler, je l’entraîne avec moi en direction des invités prête à revenir réellement à la réalité pour le reste de l’après-midi.