Invité a posté ce message Ven 16 Aoû 2019 - 11:08#
Ma faim semble s’être faite la malle. Trop angoissée par cette discussion, mon estomac se noue trop douloureusement pour que j’ai le courage d’avaler ces tapas qui, pourtant, me donnent l’eau à la bouche depuis quelques minutes. Même boire mon mojito me semble être une épreuve insurmontable. Ça ira mieux une fois que nous aurons changé de sujet ou simplement une fois que je serais parvenue à me détendre un peu plus. J’agite lentement la tête en écoutant la réponse d’Archibald. Je sais que les journalistes couchent ce qu’ils veulent dans leurs papiers, ça ne change pas que je suis passée de l’ombre à la lumière à cause d’eux et que ça ne s’est pas fait sous mon meilleur jour – mensonge ou pas. « Il l’est. Il m’a toujours soutenu, bon je dis pas qu’il a fait les bons choix à chaque fois mais il me fait passer en priorité, t’as pas de souci à te faire de ce côté-là. » Je préfère seulement ne pas lui parler de la décision de nous séparer quand nous avons subi un chantage, décision pour laquelle je n’étais pas d’accord et qui m’a détruit. Je ne veux pas qu’il le sache et qu’il juge Tommy pour des actes qu’il pensait être justes. « Je sais, j’aurais dû t’en parler avant mais je sais pas … dernièrement c’était un peu compliqué. Tout m’est tombé dessus, j’avais surtout l’impression de me noyer. » Ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Plus depuis cette période sombre avant mon adoption à laquelle je ne voulais plus penser. Je trouve enfin le courage de terminer mon verre et de le faire passer avec une tapas. « Il est … gentil. C’était assez étrange de le rencontrer comme ça et d’avoir l’impression d’être un fantôme pour lui. » Dis-je en haussant les épaules. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de ma mère biologique mais selon mon père je suis son portrait craché … mais brune. « Mais non, c’est pas un cliché, pas du peu que j’ai pu lui parler. »
Je plisse les yeux. Je le fais parce que je reconnais ce petit air qui prend place sur le visage de mon frère. Je le vois rarement et de ce fait, j’ai appris à le reconnaître en un rien de temps. Il faut croire qu’en grandissant proche d’une personne on finit forcément par découvrir les tics qu’elle peut avoir, particulièrement les tics corporels. « Tu te méfies de lui, pas vrai ? Tu te méfies de Tommy. » Je voudrais lui en vouloir d’avoir si peu confiance mais … une part de moi peut comprendre. Il est mon frère et il a sans doute entendu parler de Tommy Matthews le coureur de jupon. Il a souvent fait des apparitions dans les journaux avec une femme différente à son bras à chaque fois depuis son divorce. Personne qu’il n’est plus désormais. « Je te jure que si jamais j’ai besoin de lui faire comprendre ma façon de penser, je le ferais. » J’insiste en secouant la tête. De toute manière avec ma jalousie maladive, Tommy sait que je pourrais lui en coller une simplement parce qu’il m’aura énervé et malgré ça il m’accepte telle que je suis. Cela dit ce n’est pas le sujet principal de cette discussion qui me coupe un peu l’appétit contrairement à Archibald qui semble se régaler. « Tu pourrais supposer qu’il l’a été, je suis quand même née d’une relation extra-conjugale. » Mais si j’ai bien compris son mariage est bien moins amoureux que ce qu’on pourrait croire. « Je ne sais pas trop ce qu’on a en commun pour le moment, on vient de deux mondes complètement différents quand même. » Lui grand PDG et moi … eh bien je suis moi quoi. Alors oui, ma famille maternelle est issue de la bourgeoisie Galloise mais étant donné qu’elle m’a fermement rejeté, je n’ai pas grandi avec de l’argent qui tombait du ciel ce qui n’est pas plus mal. « Mais t’es sérieux ? Tu viendrais vraiment avec moi ? Je voudrais pas que tu te sentes obligé ou que tu prennes sur ton temps pour m’accompagner. » Pourtant je sais que ça me rassurerait. Tommy aussi mais Archibald peut-être un peu plus pour le moment. Il est le premier à m’avoir donné l’impression de compter et le premier auquel je me suis complètement ouvert, quelque part je sais que le fait qu’il soit là pour me soutenir chasserait toutes mes angoisses.
Invité a posté ce message Sam 14 Sep 2019 - 11:40#
Tommy ou un autre. Tommy ou un autre. J’ignore la raison pour laquelle je reste focalisée là-dessus mais l’idée qu’il puisse y avoir un autre me donne la nausée. Suis-je devenue complètement dépendante du sportif ? Complètement et je n’ai pas honte de l’admettre, pas plus du fait que je me sens prête à crier sur tous les toits à quel point j’aime cet homme. Ça me rend niaise mais tant que je suis heureuse je ne vois pas le problème. Sauf lorsqu’il est question d’un autre et que cette pensée suffit à me faire paniquer. Ce n’est pourtant pas le moment de me laisser envahir par des “et si ?”. « Je sais mais je t’assure que la seule chose que tu vas gagner c’est de devoir faire le concours de celui qui me protègera le plus contre lui. » Dis-je en levant les yeux au ciel à mon tour. Ça pourrait presque être intéressant à voir seulement j’ai autre chose à faire de que les voir tous les deux se demander lequel est le plus à même de veiller à ma sécurité. D’autant que je peux me débrouiller toute seule contrairement à ce qu’il pensent. « T’es un goinfre ! » Assuré-je en me servant malgré tout dans le plateau de tapas. Mon estomac est encore un peu noué par toute l’angoisse ressentie mais j’admets que manger un peu fait du bien. « Roh tout de suite les grands mots ! Tu sais que j’aime pas avoir l’impression d’imposer les choses. Je me suis débrouillée seule pendant des années, c’est une habitude qui a du mal à partir. » Elle reste néanmoins moins importante qu’il y a quelques années bien que j’ai gardé certains réflexes comme garder pour moi ce qui me tracasse alors que je ferais mieux d’en parler. Une tapas dans la main, prête à la manger, je m’étouffe avec ma propre salive en levant vers mon frère un regard larmoyant, les joues cramoisies. « Pitié c’est pas le genre de conversation que je veux avoir avec toi et je suis persuadée que toi non plus. Je promets de manger si tu ne fais plus jamais référence à la cause de mon absence. » Bon j’attends pas réellement sa promesse pour manger et contrecarrer les effets de l’alcool sur mon estomac presque vide. « Tu penses que les parents ne m’en voudront pas alors ? Ils ont fait tellement pour moi que j’arrive pas à me défaire de l’impression de les trahir. » Puisque, après tout, sans eux j’ignore où je serais aujourd’hui.