give love around

les indéniables bonnes manières

Depuis qu’il avait fait l’acquisition d’une maison, Archibald avait engagé un architecte pour s’occuper des travaux. Il avait également poser quelques jours de congés pour pouvoir s’occuper pleinement de conduire à bien les amélioration de sa nouvelle demeure et, étant relativement libre dans son travail il posait généralement ces congés quelques jours avant de les prendre. Archibald pianotait sur son téléphone, réajustant les jours de congés qu’il avait pris. Adossé sur le mur à peine poncer de sa maison, il comptait aller se chercher à manger à quelques rues d’ici.
Ses habits salit par la poussière, ou du moins son tee-shirt qui avait prit quelques tons de blanc était à changer. Il retira le tee-shirt noir -qui tirait à présent plus vers le gris- pour en remettre un autre bleu marine bien plus propre que le précèdent.
Il laissa les ouvriers dans sa maison, visiblement eux aussi en pause déjeuner et, à peine l’avait-il quitter, que son collègue l’appela, il avait dû certainement voir les modifications de ses vacances. Archibald souhaitait prendre quelques jours de plus et, ce qui n’arrangeait pas vraiment son collègue qui ne voulait pas se retrouver avec plusieurs chantiers sur les bras alors pour couper la poire en deux il retira deux jours de son planning de congé, le Canadien avait mit beaucoup de côté sa vie personnelle ces derniers-temps, il pouvait faire quelques concessions mais ne sacrifierait plus sa vie.

Il marcha quelques mètres, et trouva le petit restaurant où il avait pour habitude de commander. Voilà ce qu’il aimait le plus dans le fait d’avoir acheter son logement t ici : il connaissait très bien les lieux. “ Une salade bowl, avocat poulet sans sauce. “ demanda t-il tout en pianotant sur son téléphone. ‘ Nous n’avons plus d’avocat. ‘ répondit la serveuse qui ne semblait pas vraiment enchantée d’être ici. “ Ce n’est pas inscrit sur votre panneau. “ rétorqua t-il en levant le doigt vers ce dernier. Avec tout l’entrain du monde, la serveuse leva les yeux et soupira en jetant son regard le plus aimable à Archibald. ‘ On a du oublier. ‘
Le grand brun fit de son mieux pour ne pas lui faire remarquer sa nonchalance et demanda finalement une salade mangue et poulet.
Tout en attendant sa commande, il joua sur son téléphone pour faire passer le temps et, éviter de rentrer en contact avec la serveuse qu’il n’avait jamais vu auparavant ici.
‘ Ça fera dix-sept dollars. ‘ lui dit-elle sans même le regarder, il approcha alors et lui tendit sa monnaie. “ Vous pouvez me sourire, je ne vais vous mordre. “ lança t-il ironiquement.

Archibald se saisit de son sac de commande et repartit chez son nouveau chez lui,  même si leur salade sont délicieuses il n’était plus vraiment sur de revenir là-bas.

En remontant la rue, il entendit une voiture arrivée et une portière claquer et, se dit que c’était le bon moment pour entamer une discussion avec un voisin ou une voisine présente. Il devait s’excuser de la gêne qu’il provoquait avec ces travaux, même s’il était conscient qu’il ne pouvait pas faire autrement.
Il toqua alors à la porte qu’il avait entendu se claquer quelques minutes plus tôt, sac à la main il attendit que la dite porte s’ouvre et sourit à ce qui serait sa future voisine.

“ Bonjour, je suis le voisin chiant qui fait des travaux en ce moment. Je viens d’emménager et, je voudrais déjà m’excuser pour le bruit et vous dire que si jamais y a le moindre soucis ou peu importe je ne suis pas le genre de tête de con qui n'écoute pas. Je suis présent encore pendant deux semaines et, je pense que tant que je suis là mes ouvriers devraient pas vraiment vous ennuyer mais sait-on jamais je préfère prendre les devants. “

 

Good fences make good neighbors.

Christina était une femme calme. C’était une qualité que ses pairs pouvaient admirer au quotidien, la voyant prendre une profonde inspiration face à une situation délicate plutôt que de s’énerver. C’était aussi sans doute ce qui avait fait d’elle une mère qui ne haussait quasiment jamais le ton face à son fils. Mais toute patience pouvait atteindre ses limites et il y avait un sujet avec lequel elle ne prenait jamais la peine de prendre cette profonde inspiration qui la calmait pourtant : Ricardo.

C’était son jour de repos. Tim était, une fois encore, fourré dans ce local délabré qu’il aimait qualifier d’ « entreprise » à qui voulait l’entendre et, comme à chaque fois qu’elle en avait l’occasion, elle était partie chercher le petit garçon à la sortie de l’école, pour le ramener déjeuner. Devant les grilles de sortie, au milieu des autres parents, elle avait attendu quelques minutes, jouant sur son téléphone portable avant de voir enfin le visage de son précieux trésor, qui ne semblait plus aussi enjoué à l’idée d’aller déjeuner avec sa maman. Et pour cause, ce fut les larmes aux yeux et accompagné par sa maîtresse qu’il retrouva sa mère, se blottissant contre les jambes de celle-ci. L’institutrice, visiblement gênée, évoqua un incident survenu durant la classe : un autre élève avait violemment mordu son fils, qui souleva un peu sa manche pour montrer le bleu dans lequel était encore visible l’empreinte des dents.

-C’est encore le petit Justin ?, devina la brune excédée.
-Il a été mis au coin et s’est excusé.
-Et sous prétexte qu’il s’excuse, je dois laisser mon fils se faire mordre toutes les semaines ? C’est la dernière fois que Ricardo se plaint de cet enfant. Vous direz au directeur que je veux un rendez-vous au plus tard la semaine prochaine.
-Ce sont des enfants, madame Muñoz. Ils ne sont pas si méchants.
-Vous voulez vraiment que je vous morde, là tout de suite, pour voir si je suis pas si méchante ? Alors prenez moi ce rendez-vous. Viens Ricky, on rentre à la maison.

Du trajet, elle n’avait pas décoléré et chaque regard dans le rétroviseur, où elle voyait son fils assis calmement à l’arrière, lui donnait envie d’aller trouver cet autre petit garçon pour lui ficher la peur de sa vie. Mais elle ne pouvait légalement aller menacer un gamin de six ans et aller vers de tels extrêmes n’étaient pas dans ses habitudes, même si l’envie ne lui manquait pas. Ricardo émit l’idée de manger dans un célèbre fast-food et si sa mère était partante pour cuisiner quelque chose à la maison, elle coupa la poire en deux en lui promettant de lui faire elle-même un burger.

-Avec de la sauce ?
-Plein de sauce, promit-elle.

Une fois dans leur rue, alors qu’elle commençait à se garer, son petit garçon penché vers la fenêtre cria alors.

-Attention maman !
-Mon dieu, hurle pas comme ça, je l’ai vu le panneau.

La mère de famille finit par couper le contact et, une fois son fils dans le salon, elle lui demanda de rester là le temps qu’elle aille prendre du désinfectant dans la salle de bain. Elle ne savait pas où cet enfant mal élevé avait traîné et si l’institutrice lui paraissait assez incompétente, elle se demandait bien si elle avait au moins passé la morsure sous l’eau. Mais à peine eut elle le temps de se diriger vers les escaliers pour rejoindre sa salle de bain que l’on toqua à la porte. Il était un peu tard pour que ce soit le facteur et un recommandé ainsi elle vérifia d’abord par le judas avant d’ouvrir la porte sur le jeune homme. C’était donc lui, le fameux fauteur de trouble qui faisait soupirer bon nombre de voisin avec ses travaux. Mais devant autant de gentillesse, et après cet épisode à l’école, Christina n’était pas du genre à passer sa colère.

-C’est agréable de pouvoir mettre un visage sur autant de bruit, plaisanta-t-elle en lui rendant son sourire et en ouvrant un peu plus la porte. Mais bienvenue dans le quartier, c’est très gentil à vous d’être venu. Christina. Christina Muñoz, se présenta-t-elle en lui tendant la main. Les travaux finis, c’est mon fils que vous risquez d’entendre beaucoup dans la rue quand il fait du vélo.

les indéniables bonnes manières

N'étant pas du genre à laisser courir le moindre problème, Archibald prenait toujours les devants et de toute évidence cela lui avait toujours servit puisqu'il était indéniablement toujours aimé par ses voisins et n'avait jamais expérimenté le moindre problème : enfin du moins lui ne l'avait jamais classé comme un problème.

" Oh attendez un peu qu'ils fassent creusé ma piscine. " dit-il en attendant quelques secondes, retenant un sourire. " C'est une blague, je ne suis pas le genre de voisin à avoir de piscine. " finit-il par lâcher plissant le nez, il n'avait de toute évidence pas la place pour faire une piscine creusé. Il préférait avoir une intimité bien défini avec ses voisins que de leur exposer une vie privée qu'il souhaitait gardé pour lui.

" J'ai un neveu un peu près du même âge et je sais à quel point ils peuvent être infernal. Il passera je pense de temps en temps chez moi, donc il est possible qu'à deux ils fassent bien plus de bruit. On va devoir supporter le regard désapprobateur des voisins, je suis sûr qu'on devrait pouvoir à nous deux se faire détester du quartier, enfin du moins assez pour qu'ils maudissent les enfants. " ajouta t-il en souriant à cette dernière.

" Je me suis même pas présenté, je manque de bonnes manières. Archibald Goldstein. "

Il hocha frénétiquement la tête, être poli, courtois, galant, convenable et surtout respectueux : voilà les piliers du caractère d'Archibald. Il n'était jamais inconvenant ni même agressif, il était plutôt celui qui calmait le jeu, le gars diplomatique qu'on ne penserait jamais s'énerver.



 

Good fences make good neighbors.

Les travaux n’étaient pas quelque qui aidaient les relations de voisinage. Et avec le bruit ambiant dans le commissariat, ce n’était pas une fois dans son salon que Christina avait envie de subir cette cacophonie. Pourtant, dans un sens, si elle jouait la voisine compréhensive, elle avait presque envie de le remercier pour le bruit monstre que pouvaient faire ses ouvriers. Ce bruit qui, s’il empêchait parfois le petit Ricardo de faire une sieste ou causait les grognements et les plaintes de Tim, empêchait tout autant Chris de penser. Ses idées, ses rêves et ses angoisses se retrouvaient stoppées net par le martèlement incessant des métaux que l’on frappe, des cris des ouvriers qui s’interpellaient. C’était cette raison qui l’empêchait de bougonner et lui permettait d’accueillir son nouveau voisin avec un sourire aussi grand. Cette histoire de piscine fut presque un soulagement et ce fut avec une certaine appréhension qu’elle apprit que les travaux ne traîneraient pas en longueur. La possibilité qu’un autre enfant ne vienne dans le quartier semblait réjouir la mère de famille, soucieuse que son fils se sociabilise le plus possible.

« S’il est aussi énergique que mon fils, je pense qu’on va nous regarder de travers pendant un certain temps », concéda-t-elle avec un large sourire. « Mais n’hésitez surtout pas à venir sonner chez-nous quand vous aurez votre neveu, s’il veut jouer. Le père de Ricardo a installé un petit trampoline dans la cour arrière, les enfants adorent. »

Le père de Ricardo. Voici déjà quelques semaines qu’elle ne mentionne plus Tim comme « mon compagnon » ou bien « mon mari », malgré l’absence d’alliance. Une distance que le principal intéressé ne ressentait pas mais qui soulageait la brune.

« Et j’oublie les miennes également », se reprit-elle sur ses bonnes manières « Vous voulez peut-être un café ? »

les indéniables bonnes manières

" Mais ça sera avec plaisir que je viendrais avec mon neveu. " répondit-il en souriant, ayant nettement remarquer qu'elle nommait le père de son fils par un titre qui incitait à tout sauf à une vie conjugale partagé. Indirectement il avait obtenu une information sur son voisinage et c'était le premier d'une longue série, puisque de manière générale on aimait parler à Archibald, il était une oreille attentive que personne ne refusait. La deuxième qualité qui allait de pair son talent d'écoute était sa capacité à garder tout pour sa personne. Muet comme une tombe, le brun avait une empathie que son entourage proche ne savait pas d'où elle venait.

" Je ne refuserais pas un café. " acquiesça t-il en attendant qu'elle l'invite par des gestes à rentrer chez elle, puis une fois un pied dans sa demeure il détailla chaque recoin. Archibald était ingénieur en génie civil, il passait son temps à concevoir des plans et bien loin du métier d'architecte, il aimait connaître la structure d'un bâtiment même si son métier consistait plus à trouver des solutions économiquement durable pour développer les pays qui ne pouvait pas avoir accès comme à l'eau potable.

" Vous habitez depuis longtemps ici ? " demanda t-il, curieux de savoir si elle pourrait lui parler plus en détails du voisinage, même si Archibald n'avait sûrement pas choisit ce quartier sans se renseigner sur l'ambiance du quartier mais, il n'y avait encore rien de mieux pour se renseigner qu'une personne qui y habitait depuis quelques temps.



 

Good fences make good neighbors.

Christina avait toujours eu le contact facile et dans son métier, c’était un plus. Avoir le petit Ricardo avait réveillé en elle une part bien plus douce, bien plus avenante et elle était de ces femmes avec qui on allait volontiers discuter au parc ou devant l’école. Celles dont le sourire accueillant mettait en confiance en quelques minutes. Pourtant, contrairement à cette image qu’elle renvoyait, elle restait très secrète. Quelques détails sur sa vie, qu’elle trouvait sans importance, étaient facilement lâchés au cours des conversations. Mais elle n’était pas de ceux qui se plaignaient ou pleuraient sur les épaules des autres. Elle resta muette sur ses problèmes et sur les solutions. De quoi lui faire se demander, parfois, si elle était vraiment heureuse.

La brune recula d’un pas en tirant la porte, lui faisant signe d’entrer. Dans le couloir exigu, qui donnait sur des escaliers, quelques photos de famille, pendus au mur en guise de décoration. Essentiellement des photos d’enfant, quelques-unes en famille. Sur la gauche, le mur s’ouvrait sur le salon où, à plat ventre sur le tapis, Ricardo jouait déjà avec ses figurines en plastique. Mais elle tourna sur la droite, pour pénétrer dans la cuisine.

« On s’est installés en 2012 », répondit-elle en ouvrant un placard pour sortir deux tasses à café. « Ricky ? Viens dire bonjour à monsieur Goldstein. »

Le petit apparut dans la pièce après quelques secondes, ses grands yeux bruns posés sur l’inconnu à qui il adressa un petit signe de la main avec un sourire, révélant l’incisive qu’il avait perdu la veille. Sa mère appuya sur le bouton de la machine à café avant d’aller vers le réfrigérateur, ébouriffant les cheveux de sa progéniture au passage.

« Vous le prenez comment, votre café ? »

les indéniables bonnes manières

L’âme et le charme d’une maison ne pouvait être juger qu’à la façon dont celle-ci était habitée. Archibald avait pendant plusieurs années bien essayer de se sentir ‘comme chez lui’ en Italie, mais rien n’y faisait il exprimait toujours ce besoin d’aller ailleurs, de retourner à ses racines : New York.
Certes, il n’avait pas toujours vécu ici, mais c’est ici qu’il se sentait le mieux. Ce qui lui avait fait réaliser cela, c’était depuis l’achat de sa maison. Ce lieu qu’il pourrait habiter et posséder à son image et c’est là, tout ce qu’il ressentait chez Christina : une âme, une vraie.
Toutes ces imperfections donnait vie et sûrement une histoire à cette demeure. Les photos, les biblos et l’odeur unique que contenait chaque habitation en faisait un lieu bien particulier.

“ Ah je vois, j’ai habité pendant un moment près de l’université quand j’étais encore étudiant puis, je suis parti en Italie un peu plus tard puis en revenant ici, je me suis dis que j’allais venir habiter dans un quartier plus résidentiel.”  dit-il en hochant la tête machinalement, avant de baisser la tête vers le petit garçon pour finalement venir s’accroupir à sa hauteur. “ Salut Ricardo. “ lui dit-il en souriant, puis voyant qu’il lui manquait une dent, sourit de plus belle. “ Wow, tu perds déjà tes dents ! Tu sais ce qu’on dit ? Qu’elle repousse encore plus forte après.” rétorqua t-il se relevant de sa grande taille tout en s’approchant de Christina qui s’enquit de savoir comment il désirait son café.

“ Court avec un sucre, sinon je risque de décoller.” il passa sa main dans ses cheveux et décida de prendre place sur un siège bien qu’on ne l’y ai pas encore invité. “ Je me permets.” puis tout en rapprochant le siège sur lequel il était assis de la table, jeta un regard à Ricardo qui semblait bien plus passionné par ses jouets que par la venue d’Archibald.

“ Vous travaillez dans quoi ?” demanda t-il en s'éclaircissant la voix, bien que quelques indices étaient dissimulés dans la maison il n’y avait pas prêté attention. Il avait beaucoup de qualité mais, remarquer les détails pour pouvoir les interpréter ça n’en était pas un qu’il possédait.

Le petit Ricardo qui jusqu’à présent était resté dans son coin, vint rejoindre sa mère pour lui demander quelque chose à son oreille, visiblement c’était une demande qui nécessitait une taille supérieur à celle du petit garçon pour pouvoir lui attraper un jouet tout particulier. “ C’est quoi comme figurine ? On dirait un soldat dans une espèce de calèche.. ah non c’est sur un boulet à canon, autant pour moi ! “ dit-il en se demandant si avec l’âge il n’avait pas perdu un peu de sa qualité de vue.

“ Quand j’étais plus jeune j’étais un passionné de magie, si bien que je voulais devenir magicien, honnêtement ma mère croyait dur comme fer que j’allais faire ce métier plus puis ça m’est passé…. Je lui faisais toujours des petits spectacles avant de dîner, je pense même que je dormais avec une baguette à cet époque là. “ raconta t-il en fouillant dans sa mémoire par un regard. “ Vous en faites par pour le sucre je vais l’ajouter moi-même. “ il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’un coup de vent fit claquer une porte fenêtre qu’Archibald s’empressa de fermer. Le coup de vent ayant projeté quelques papiers en l’air.



 

Good fences make good neighbors.

Il était bien agréable d’avoir quelqu’un à la maison, elle n’allait pas mentir. Si cette maison respirait la vie, avec les jouets qui traînaient un peu partout malgré les remontrances de la mère de famille, les photos qui couvraient le réfrigérateur ou encore le manteau dans l’entrée qui laissait voir l’existence d’un père dans le foyer, il fallait avouer qu’elle était bien austère, la plupart du temps. Quand le calme n’était pas troublé par les disputes du couple, les membres de la famille s’adressaient à peine la parole. Enfin, Chris parlait à peine à son compagnon et préférait s’enfermer dans le travail, quitte à délaisser son enfant qui le lui faisait payer avec un nombre incalculable de bêtises pour essayer d’attirer son attention.

« Après l’Italie et une zone étudiante, c’est bien étrange d’ajouter ce quartier à votre liste de destination. Mais si vous voulez du calme, vous allez pas être déçu. Il se passe pas grand-chose dans le quartier », lui révèle-t-elle avec un sourire. Elle reste près de la cafetière, qui fait parfois un peu des siennes, jetant un regard vers ce voisin qui semble bien s’y prendre avec les enfants. Il s’installe et elle fait un vague signe de main qui signifie qu’il peut bien faire comme chez lui. Sa question la surprend un peu, quand elle sait que sa plaque et l’étui de son arme (celle-ci en sécurité dans le coffre à l’étage) sont pendus au porte-manteau de l’entrée. Mais sans doute ce nouveau voisin est-il distrait. « Je travaille dans la police alors j’espère qu’il n’y aura pas de soucis de tapage nocturne » Elle accompagne sa plaisanterie d’un sourire bienveillant avant de lui retourner la question. « Et vous ? ».

Mais Ricardo sort de son mutisme et quelque peu timide en présence d’étranger, se colle à sa mère qui se penche pour l’écouter. Il désigne la figurine, perchée en hauteur sur l’étagère, à côté des verres. Elle fronce un peu les sourcils, se demande bien pourquoi son père a planqué le jouet, mais elle finit par pouffer quand elle entend Archibald devinait ce que la babiole représente. « C’est quoi une calèche ? » l’interroge alors le petit, soucieux d’avoir une réponse avant de retourner jouer. « Une calèche c’est comme le carrosse de Cendrillon, tu sais le film que t’as vu avec ta cousine ». Il grimace, marmonne quelque chose sur le fait que c’est pour les filles, ce qui fait lever les yeux de sa mère au ciel. Mais l’intervention du voisin dans la discussion semble passionner le petit garçon, qui en délaisse sa figurine et dont les yeux s’agrandissent à la simple pensée que cet homme puisse faire des tours de magie. « Un magicien ? » répète la brune en approchant de la table avec les deux tasses fumantes. « Je risque de vous réquisitionner pour le prochain anniversaire de Ricky ». Mais alors qu’elle dépose les cafés, une bourrasque de vent fait s’envoler les quelques papiers qui traînaient sur le plan de travail et elle retient de justesse un juron, que Ricardo ne manque pas de crier : « Merde alors ». Devant l’air sévère de sa mère, le petit garçon sort son plus beau sourire et Christina s’empresse de l’excuser. « J’ai eu le malheur de le dire pendant un dîner et les enfants, ça répète tout », explique-t-elle avant d’envoyer le petit dans le salon. Après avoir ramasser les quelques feuilles tombées au sol, elle s’installe enfin en face de son invité et pousse vers lui le sucrier.

les indéniables bonnes manières

“ Oui l’Italie à vrai ça n’était pas vraiment mon idée, mon ex voulait absolument un quartier vivant et qu’elle était par la même occasion Italienne, je me suis laissé enrôler. “ dit-il en hochant machinalement la tête, le simple fait de l’évoquer lui donnait immédiatement l’envie de fumer. Archibald avait beau dire qu’elle ne le hantait plus, cette manie de vouloir absolument fumer une cigarette quand il se sentait trop stressé ou bien, tout simplement par habitude, ça, ne le quittait jamais.
“ Non, je ne suis plus du genre fêtard mais j’ai eu mes belles années.” répondit-il en accompagnant son rire. “ Je suis ingénieur en génie civil, comme ça, ça peut paraître chiant mais quand on aime ça c’est génial.” il marqua un temps de pause de quelques secondes pour se saisir de la tasse de café. “ C’est un peu comme pour tout enfaite, je ne suis vraiment douée pour donner envie de faire mon métier. “ Archibald n’avait pas la qualité de pouvoir transmettre son savoir ou même l’amour de son travail, mais il savait parfaitement apprendre et mettre en oeuvre ce qu’on lui apprenait.

“ Je suis plus sûr d’avoir mes talents de magiciens à vrai dire, ça fait bien des années que je n’y es pas touché. “ dit-il en haussant les sourcils, reprenant bien quelques années dans la figure, puis une fois les papiers rassemblés et la crise du vent géré dans sa totalité, il put reprendre leur conversation. “ Ce qui le plus surprenant ce n’est pas qu’ils répètent tout, c’est qu’ils savent exactement quoi répéter. “ insista t-il en souriant à Christina.
“ Vous avez toujours voulu faire flic ou bien c’était plus comme un métier que vous avez choisi parce vous avez de la famille qui bosse aussi dans ce domaine ? Ça peut faire très cliché ce que je demande, mais je me suis toujours posé la question si ce cliché était vrai. “




 

Good fences make good neighbors.

Il n’est pas allé en Europe de sa propre initiative et évoque une ancienne petite-amie, de quoi lui offrir un léger sourire alors qu’elle jette un œil à son fils. « Ah, qu’est-ce qu’on ne ferait pas par amour ? » soupire-t-elle. Partir à l’autre bout du monde ou rester dans une vie qui ne nous convient pas. Chacun à ses motivations, qui poussent parfois à faire des décisions peu réfléchies.

« Vous m’avez l’air encore jeune pour parler des belles années au passé » note-t-elle avant d’entrouvrir les lèvres dans un sifflement admiratif quand il lui confit comment il gagne sa vie. « C’est plus impressionnant que chiant, si vous voulez mon avis ». Elle se saisit de sa tasse, ajoute un peu de lait avant de la porter à ses lèvres. Le temps d’avaler, elle hausse les épaules comme début de réponse avant de continuer une fois la bouche libre. « Ca doit quand même être un métier intéressant ».

Ricardo s’est désintéressé de la conversation et a fui, en toute discrétion, vers le salon pour continuer à jouer avec ses figurines. Un enfant qui évite au maximum les adultes et elle a parfois peur que ce soit sa faute, qu’elle lui ait appris à fuir les nombreuses disputes qu’elle avait avec son père. Elle croise les jambes, se laisse aller contre le dossier de la chaise alors que ses doigts font tourner la tasse sur la nappe où quelques tâches subsistent malgré les lavages répétés. « Et je ne vous raconte pas comment vous regarde les autres parents à l’école, quand c’est votre fils qui a appris aux autres le gros-mot du jour ». Elle lève les yeux au ciel avec un léger soupir, tant elle hait les sorties de classe et les autres mères parfaites, manucurées et superbement coiffées.

« Croyez-moi, j’aurai aimé que mes parents aient pu faire partie de la police » lui confit-elle, pensant une seconde à la piètre place d’homme à tout faire de son père. « Mais non, pas de flic dans la famille. Il n’y a que moi. Ca m’est venu dans mon adolescence, j’ai vu une série télé. Donc quand j’en ai eu l’occasion, je suis venue à New-York, pour pouvoir la même voiture quand dans cette stupide série ». Elle secoue un peu la tête avec un rire, boit une gorgée de café. « Même si c’était une raison un peu nulle, je n’ai jamais regretté ». Un petit sourire creuse le coin de sa bouche puis elle s’intéresse. « Mais vous, ingénieur ? Vos parents vous ont poussé dans les études ou vous êtes un fan de maths ? ».