(ff) wyatt&roxanna - just you and i

Je balance mes clefs sur la console de l'entrée la porte à peine refermée. Un long soupir sort de ma bouche et j'ai l'impression que le moindre mouvement est correspond à un concert de cris de la part de mes muscles. Je rentre tout juste de l'entraînement et cette séance était vraiment... quelque chose. En même temps on a un match à domicile dans quelques jours donc c'est normal mais il n'empêche que ça fait mal. En tant que sportive de haut niveau depuis plusieurs années, j'ai la capacité de supporter ce genre d'intensité d'exercice physique. En tant que simple être humain... Aïe. Je balance ma veste sur le dossier du canapé en arrivant dans la pièce à vivre. Ne plus voir Cassie ici est vraiment étrange mais je commence à m'habituer. Ne plus voir mon frère est aussi bizarre mais j'ai vécu avec lui dans cet appartement beaucoup moins longtemps, alors ça n'a pas été aussi difficile. Surtout si l'on ajoute à ça que ces derniers temps, notre relation a été un peu... tendue. Nous n'en parlons pas. La situation est quand même mieux qu'au début alors, on prétend que ça suffit. La vérité, c'est que tout ce qui s'est passé est resté entre nous, mais aucun de nous deux ne veut en parler. Et je dois être honnête, pour le moment, ça me va. Ce n'est pas le moment de penser à Wyatt de toute façon, je viens juste de sortir d'un entraînement éprouvant et j'ai un match dans quelques jours. J'inspire profondément par le nez et expire ensuite par la bouche, plusieurs fois d'affilées, pour me détendre. Mon corps est endolori mais en plus d'en avoir l'habitude, c'est de la bonne fatigue. Dans la cuisine, je me sers un verre d'eau qui est rapidement terminé puis, je file dans la salle de bain me faire couler un bain. En attendant qu'il soit prêt, je reste plantée dans le couloir en faisant défiler les actualités sur mon portable.

L'été. Si dans d'autres championnats, c'est une période plutôt tranquille, ce n'est pas le cas pour nous. Le championnat commence à cette période et une fois de temps en temps... ah une fois de temps en temps, une grande compétition internationale vient tout bouleverser. C'était le cas cet été. En m'étirant dans mon couloirs, mon esprit dérive vers ce mois de joie qui paraît très loin maintenant. Mais mon corps tout entier vibre toujours grâce aux émotions que nous avons vécu en France. Il y a quatre ans, j'avais été championne du monde sans jouer. C'était déjà énorme mais là, le seul match que j'ai loupé, c'est le troisième match de phase de groupe. Cette fois, j'ai le sentiment du devoir compliqué. La difficulté, c'est le retour à la vie quotidienne. La chute des émotions. Personnellement, je ne savais même plus si les vacances étaient les bienvenues ou pas, tellement une partie de moi voulait que ça continue. Mais évidemment, ces vacances, heureusement qu'elles sont arrivées. Je suis de retour à l'entraînement depuis peu de temps et je sens que cet été n'a pas été comme les autres. Mon corps semble plus lourd et il peut être aussi plus fragile. C'est pour cette raison que je ne m'attends pas à beaucoup jouer pendant le match de ce week end, mais on verra bien. J'essaie de me concentrer sur une chose : mon bain. Mon corps n'a que cette idée en tête. En attendant qu'il soit prêt, j'erre sur mon téléphone. Et soudain, la sonnette de l'entrée. Je lève les yeux vers la porte et fronce les sourcils. Euuuuh... non ? C'est pas du tout ce que j'avais prévu ça. Après deux secondes de blanc, je finis par lever les yeux au ciel. Tout ce dont j'ai envie, c'est de prendre ce putain de bain mais apparemment, je vais devoir faire mais sociable. Faut savoir se sacrifier parfois dans la vie. Je trottine jusque dans la salle de bain pour arrêter l'eau puis, toujours en trottinant, je vais jusqu'à la porte d'entrée. Mes interrogations sur l'identité de la personne qui se trouve derrière la porte cessent quand je vois mon frère à travers le judas. Mon frère accompagné de mon neveu. Devinez lequel je suis vraiment heureuse de voir ? Okay, les choses ont été bizarres entre nous ces derniers temps mais je peux le faire. Surtout s'il est avec Peter. Grande inspiration. Sourire. Tout est là. J'ouvre la porte. « Tiens, salut ! Tout va bien ? »  Je demande quand même parce qu'après tout, Wyatt et moi ne sommes pas en très bons termes en ce moment donc, s'il est venu jusqu'ici, c'est peut-être une urgence.

Cet été aura été inoubliable et assez chargé aussi. La Coupe du Monde en France a occupé tout mon esprit pendant très longtemps et une fois que ça a été terminé, je suis resté quelques jours à New York, histoire de me poser et de revoir tout le monde, avant de partir une semaine de mon côté en République Dominicaine pour souffler un peu. Et ensuite revenir terminer mes vacances chez moi avant de reprendre l'entraînement pour de bon. Après tout, notre championnat continue et être dans le coin m'a donné l'occasion d'aller voir jouer mes équipières qui sont restées ici cet été ou qui viennent juste de reprendre. Maintenant, c'est moi qui ai repris et mon corps n'a pas l'air très reconnaissant. C'est pour ça que j'ai hâte de prendre un bon bain et c'est aussi pour ça que je fais un peu la gueule en entendant quelqu'un sonner à la porte. J'ai du mal à masquer ma surprise quand, en ouvrant la porte, je trouve mon frère et son fils sur le seuil de ma porte. Je suis encore plus surprise de voir... qu'il a l'air surpris que je lui ai ouvert la porte. Même si notre relation est tendue en ce moment, elles ne sont pas SI tendues que ça. Je le salue et lui demande s'il y a un problème, parce que pour qu'il vienne sans prévenir... « Salut … » dit-il avec une drôle de voix. Je fronce les sourcils. « Ouais … enfin si on veut. Je peux entrer, il pèse lourd. » Je m'écarte de l'encadrement de la porte. « Oui, vas-y entre. » Au passage, je fais un grand sourire à mon neveu et agite la main pour lui faire coucou. Il faudrait qu'il reste comme ça toute sa vie, comme ça, il y aura jamais aucun risque que ça soit tendu avec lui comme ça l'est actuellement avec son père. « Qu'est-ce qui se passe ? Un problème avec mon neveu préféré ? » ai-je fait intriguée. J'observe Wyatt, attentive à son langage corporel que je connais... parce que c'est mon frère. Je sens jusqu'ici la tension dans son corps et la fatigue. Je ne pense pas que ça soit à cause de moi, mais plus à cause du petit être qu'il y a dans ses bras. Après, je peux me tromper. « Tu veux que je le prenne ? » ai-je fait en tendant les bras vers le bébé. J'ai pris une petite douche rapide après l'entrainement mais je porte encore mon survêtement et mes cheveux sont attachés. Si je prends Peter, je ne risque pas de le coller à moi par la sueur, c'est déjà ça. J'espère juste que les choses vont rester calmes entre son père et moi.

Avant que les tensions n'apparaissent entre nous, on savait sans même se le dire qu'on pouvait débarquer chez l'un ou chez l'autre sans prévenir. On savait qu'on pouvait compter l'un sur l'autre sans avoir besoin de mots. Maintenant, c'est plus flou. Maintenant... disons qu'il faudrait des mots pour le préciser. Tout au fond, je sais que je peux toujours compter sur lui mais nous sommes vraiment dans une période compliquée. Du coup, je veux juste savoir ce qui se passe, trouver une solution et surtout, ne pas m'engueuler avec lui. « Plus ou moins un problème avec lui, oui. » répond Wyatt. Je fronce les sourcils. Ça ne peut pas être grave, n'est-ce pas ? Il ne me l'annoncerait pas comme ça si c'était le cas. Il détache Peter de son cosy et me le tend. Je souris au bébé alors que je le prends dans mes bras. « Il a perdu sa tétine et monsieur ne veut pas de celle de remplacement. Cassie pense l’avoir oublié ici la dernière fois qu’elle est venue te voir ce que j’espère être le cas parce que j’ai vraiment besoin qu’il dorme. » m'explique mon frère. « Oh... » Sur le coup, je suis à deux doigts d'ajouter "c'est tout ?", parce que je ne sais pas pourquoi, je me suis attendu à quelque chose de plus grave mais, à voir sa tête, c'est déjà beaucoup trop. Je suis pas sûre qu'il aurait bien pris le truc si j'avais été au bout de ma phrase. En attendant, je berce doucement mon neveu pour qu'il soit calme. Enfin j'essaie, parce qu'il bouge pas mal. « Hum, là tout de suite, ça ne me dit rien, désolée. Mais je vais jeter un coup d'oeil. » Mon cerveau essaie de se souvenir de quelque chose, n'importe quoi qui pourrait m'indiquer que la tétine est chez moi. Cassie est venue y a pas si longtemps, alors... « Désolé de passer à l’improviste, t’avais sans doute mieux à faire. » Je hausse les épaules en tenant toujours Peter. Le fait de l'avoir dans les bras me fait oublier les problèmes que j'ai avec son père. « J'allais prendre un bain, je rentre juste de l'entraînement. Mais bon... j'imagine que t'avais aussi mieux à faire que de faire un détour par ici. » Ma voix est neutre, tranquille mais... Est-ce qu'il y a un sous-entendu clair ? Non... Si ? Je me pose la question, mais un peu tard. Normalement ça nous pose pas spécialement de problème de faire un détour chez l'un ou chez l'autre... je crois ? Je sais plus. Je souris puis me baisse pour remettre Peter dans son cosy. « Je le remets là le temps de chercher sa tétine... sauf si tu veux que ta pause se termine déjà. » ai-je fait en jetant un coup d'oeil à mon frère. Je termine d'attacher Peter. « Tu sais que tu peux t'installer complètement sur le canapé, il va pas te morde. » ai-je fait à Wyatt. Je reporte à nouveau mon attention sur mon neveu. « Bon, elle est où ta tétine à toi, tu peux me le dire ? » Le bébé me regarde avec de grands yeux puis s'agite à nouveau mais heureusement, sans se mettre à pleurer. J'aimerais bien qu'il me comprenne, ça me faciliterait la tâche.

Je sais qu’il faudrait qu’on parle avec Wyatt. Même pas besoin de sixième sens pour comprendre ça. Je nous connais suffisamment. Mais c’est aussi parce que je nous connais suffisamment que je sais qu’on est un peu trop bornés lui et moi pour faire le premier pas. Alors à la place, on laisse cette tension traîner entre nous parce que c’est ce qu’on a de mieux pour le moment. C’est comme si on était pas encore près à passer au niveau supérieur. En attendant, je ne peux pas ne pas lui donner un coup de main, en particulier quand il s’agit de Peter. Je me suis retenue de faire un commentaire sur sa tête au moment où je lui ai ouvert la porte. J’ignore s’il était espérait ne pas me voir ou simplement, s’il s’était attendu à ce que je n’ouvre pas, ce qui est complètement étrange vu que j’habite ici. Je sais seulement que lui faire une remarque sur ça ne fera rien avancer. Alors il entre dans l’appartement avec le cosy de Peter et m’explique la situation. Si au départ, j’ai pu croire qu’il y avait quelque chose de sérieux avec mon neveu, je suis vite rassurée par cette histoire de tétine. Je sais que l’agitation de mon neveu à cause de cette tétine disparue est une des raisons pour laquelle mon frère à une mine fatiguée, mais j’ai cru pendant une seconde que ça pourrait être pire. Du coup je compatis à la tête de mon frère… mais bon, sur le moment je me dis que c’est l’avantage d’être tata. J’ai juste les bons côtés. Je lui explique que je ne me rappelle pas avoir vu de tétine traîner et aussi, que je sors de l’entraînement quand il me dit que j’avais sûrement mieux à faire. « J’aurais simplement préféré qu’il accepte sa fichue autre tétine. » dit-il en grognant. Je me retiens de sourire. « On dirait qu’il commence déjà à être très… spécifique en ce qui concerne ses affaires. » ai-je fait en ayant toujours Peter dans les bras. Il a l’air de trouver mes cheveux très amusant, ce qui n’est pas pour me rassurer. « Ton entraînement c’est bien passé ? » Je hausse légèrement les épaules. « Oui, rien de particulier. Comme c’est la reprise pour moi après mes vacances, c’était plutôt tranquille. » ai-je répondu. Je me suis entraînée à part, comme beaucoup d’internationales le font dans notre championnat actuellement. Nos autres coéquipières ont le droit à un tout autre entraînement vu qu’elles sont en plein championnat. Je finis par remettre Peter dans son cosy, non sans lui avoir demandé s’il sait où est sa tétine. Si seulement il pouvait me répondre, mais non, tout ce qu’il fait c’est me fixer avec ses grands yeux. « Il a tendance à jeter les choses pour s’amuser, ça a pu glisser sous un meuble. » m’informe Wyatt. Je hausse un sourcil et regarde à nouveau Peter. « Tu fais ça toi ? » Mon neveu me répond en babillant avec un sourire, tout en s’agitant dans son cosy pendant quelques secondes. D’accord. « Dis-moi, tu serais pas en train de mener la vie dure à tes parents en ce moment ? » ai-je fait en secouant la tête doucement. Bref, je reporte mon attention sur mon frère parce qu’il faut vraiment que j’arrête de parler à cet enfant qui ne peut pas me répondre. J’essaie de faire marcher mes neurones. « Je pense qu’on peut enlever ma chambre, celle de Cassie.. enfin la chambre d’amis, la salle de bain et les toilettes de nos recherches. Ce qui nous laisse… tout le reste. » ai-je soupiré. « On s’y met ? Je prends le salon si tu veux, c’est la plus grosse surface. Si tu veux prendre la cuisine… »