alec&roxanna - when you move...

À la fois pensive et attentive, je parcours les rues de New York au volant de ma voiture. Je reviens de Manhattan, il est un peu près vingt-deux heures. J’ai passé la fin d’après-midi et la soirée chez une de mes coéquipières. Nous étions quatre en tout et si au départ, c’était juste pour boire un café, ça s’est vite terminé en entraînement tranquille. Avant ça, je suis passé voir notre entraîneur et notre président. J’ai roulé jusqu’au New Jersey pour aller au centre d’entraînement de notre équipe. Après ce qui s’est passé au bar l’autre soir, les rumeurs ont fait leurs chemins dans les médias. Si le coach et le président me font confiance, j’ai cru bon d’aller leur expliquer deux trois choses. Même si je suis en vacances, le fait que les médias parlent de cette nuit là comme si j’étais bourrée ne donne pas la meilleure image possible à mes employeurs. Certains médias ont même construit toute une histoire avec Jake, comme quoi il aurait été jaloux et aurait foutu son poing dans la gueule d’un mec qui m’approchait de trop près alors que j’avais bu. Si je ne me suis pas attardée sur la situation avec Jake, j’ai préféré expliquer ce qui s’est passé. Le monde entier n’est pas obligé de savoir qu’un connard avait mis un truc dans mon verre mais je pense que le dire au coach et au président était la meilleure chose à faire. La honte et la colère étaient toujours là mais je l’ai fait. Ils ont compris et n’ont pas insisté. On a profité de ma présence pour discuter de la coupe du monde, de ce que j’avais loupé dans le championnat et du programme de ma reprise. J’en ai profité pour aller saluer pas mal d’employés du club et surtout, j’ai été voir mes coéquipières s’entraîner. Les voir m’a vraiment fait plaisir et me replonger dans l’ambiance de mon club aussi. C’est là qu’avec certaines, on a prévu d’aller boire un café chez l’une d’entre elles qui habite aussi à New York. Et finalement, comme son appartement est très grand et que l’entraînement qu’elles avaient fait juste avant était tranquille, ça s’est vite transformé en deuxième séance. Le tout, s’est prolongé jusqu’à vingt-et-une heures trente. On a fini par arrêter histoire que les filles ne poussent pas trop fort dans une journée mais ça m’a vraiment fait du bien. Toujours au volant de ma voiture, je fais rouler mes épaules pour me détendre un peu. Je repense à la tête de mon coach et de mon président quand je leur ai dit ce qui m’est arrivée. Les filles ne m’ont pas posé de questions. Elles savent que je ne bois pas beaucoup et elles connaissent aussi ma relation avec Jake, c’est tout ce qui leur faut. J’arrive vers chez moi après quelques minutes de trajet. Il y a moins de monde à cette heure donc c’est plus facile. Il ne fait pas encore nuit mais le soleil ne va pas tarder à commencer sa descente. Dans ma rue, je tourne dans le parking réservé aux habitants et me gare à ma place habituelle. Je ressors du parking en fouillant dans mon sac. Ma rue est plutôt calme mais il y a toujours du mouvement. J’arrive devant mon immeuble et arrive enfin à sortir mes clés. Quand je relève les yeux vers la porte d’entrée, je m’arrête brusquement. « Alec ? »

La fatigue me prend par surprise alors que je me gare sur ma place de parking. Cette fin de journée a été chargée, entre mon aller-retour dans le New Jersey, le fait de reparler à mon coach et au président de ce qui s’est passé au bar et l’entraînement avec les filles… Je suis en vacances et je dois avoir un peu perdu le rythme de tout ça. J’aurais aussi aimé revenir à notre camp d’entraînement pour d’autres raisons qu’un connard qui a essayé de profiter de moi, mais les choses sont comme elles sont. Dans mes pensées alors que je cherche mes clés dans mon sac, je remarque la silhouette qui se tient devant l’entrée de mon immeuble au dernier moment. Je m’arrête net, surprise. Il est en train de fumer. Son prénom sort de ma bouche comme une question. Que fait Alec devant chez moi ? « Je sais, j’aurai pu prévenir. Mais je n’avais plus de batterie » dit-il. Intriguée, je pense légèrement la tête sur le côté. « Tu as été pris d’un besoin urgent de me voir, t’as pas besoin de te justifier tu sais. » l’ai-je taquiné avant de reprendre : « C’est plus pour toi. Tu m’as attendue longtemps ? » Une fois la surprise passée, un sourire s’épanouit pleinement sur mon visage. À cause de la folie qui s’est emparée de ma vie ces derniers mois avec la Coupe du monde, je n’ai pas beaucoup vu Alec. Et je dois avouer que je suis contente de le voir, ça me frappe assez soudainement. « Mais je ne suis pas venue les mains vides » dit-il en s’approchant un peu. Je hausse les sourcils. Mon regard sur lui se faire encore un peu plus interrogateur et je vois à son sourire qu’il est content de lui. « Ah oui ? » Je connais Alec depuis quelques mois seulement et tout n’a pas été rose avec lui. Il y a eu des hauts et des bas parce qu’il n’est pas évident à suivre parfois et je n’ai pas non plus le caractère le plus facile du monde. Malgré tout, il est quand même devant chez moi aujourd’hui. Je crois que ça résumé notre relation. Les clés toujours en main, je me mets devant la porte de l’immeuble et badge pour l’ouvrir. J’entrouvre la porte et me tourne vers Alec. « J’imagine que t’as pas fait tout ce chemin pour rester à l’entrée de mon immeuble. »