don't you worry child (maxyne)

« Tu finiras par trouver ton bonheur à toi aussi, Ollie. Peut importe sous quel forme, il faut seulement te laisser un peu de temps » J’acquiesce, sans grande conviction. Comment être heureuse en ayant cette impression d’avoir tout perdue ? D’oublier quelque chose de très important ? D’avoir l’impression que ma vie n’est pas complète depuis l’accident ? De devoir faire semblant que tout va bien lorsque tout va mal ? Ils ont beau tous tenté de me convaincre que ça ira, mais ils n’imaginent pas que les jours sont difficiles, qu’il m’arrive parfois à penser à la pire des solutions parce que je me sens horriblement seule et perdue. Non, ils n’imaginent pas que je suis détruite. Je ne peux qu’acquiescer en espérant qu’un jour, je puisse moi-même me convaincre qu’ils avaient raison, que le bonheur m’attends au coin de la rue et qu’il faut simplement que je sois ouverte pour le voir. « C’est pas toujours facile…mais je fais ce qui est le mieux pour ma fille même si ce n’est pas nécessairement ce qui est le mieux pour moi » « Je comprends » Au fond, c’est ce que devrait faire tout parent non ? Accepter, protéger et encourager son enfant dans toutes les situations, quitte à ce que ça lui fasse mal. Sujet un peu délicat et difficile, je préfère changer et partir à l’eau en la mettant au défi. Un défi totalement irréalisable parce que mon avance ne lui permet pas de me rattraper. « Tricheuuuuuse Ollie Winston ! » Je me mets à rire alors que je lui envoie un peu d’eau dans la tronche. L’eau est froide mais ça fait du bien avec cette chaleur. « On est bien dans l’eau surtout ! Alors….tu commences à te remettre un peu dans ton boulot ? » Je laisse mon corps s’adapter au rythme des vagues alors que j’hausse les épaules : « Pas vraiment. Oliver fait tout pour que je me sente bien, mais Kyle est doué pour me remplacer. Alors que moi…j’ai l’impression d’être celle sortie à peine d’étude, incapable de gérer un hôtel de luxe » Je devrais avoir derrière moi plus de 4 ans d’expérience. Tout ce dont je me souviens c’est cette année en Finlande, où encore novice j’avais des choses à apprendre. Difficile de me dire que j’étais à la tête d’un grand hôtel surplombant Central Park. « ça m’attire toujours autant…mais je suis loin d’avoir l’assurance…que j’avais. » Ou l’étoffe de ce poste ; je me demande juste simplement si je ne devrais pas reprendre à zéro et changer d’environnement pour former à nouveau.

C'est tellement difficile de voir ma soeur comme ça. De savoir qu'elle souffre alors qu'elle devrait être heureuse. Elle aurait dû se marier avec Cameron, être heureuse avec lui comme elle l'était avant son accident. Au lieu de ça, elle doit vivre sans arrêt sans avoir l'impression qu'un jour elle aura elle aussi accès au bonheur. Je me sens presque mal de lui parler de mes problèmes alors qu'elle en a des bien plus graves que les miens. Et même si je tente du mieux que je peux de l'encourager, de lui dire que tout ira bien un jour, je n'ai aucune certitude que c'est la vérité, même que je doute fortement qu'elle soit pleinement heureuse sans lui. Comme je sais très bien que lui ne pourra jamais être heureux sans elle. Ils sont fait l'un pour l'autre et pourtant, ils doivent vivre séparés parce que la vie en a décidé ainsi. Parce que si Ollie apprends la vérité, ce serait fatal pour elle. Mais plus les jours passent et plus j'ai l'impression que ce sera bien pire si elle finit par tout apprendre après tous ces mensonges que nous lui racontons constamment. Je préfère cependant ne pas penser à tout cela, comme elle préfère changer de sujet lorsque la conversation au sujet de Warren devient un peu trop sérieuse. Je sais qu'elle ne veut tout simplement pas gâcher notre journée et honnêtement, même si ça ne me dérange pas de répondre à ses questions dans le but de possiblement, l'aider à retrouver les souvenirs qu'elle a perdu, j'aime mieux ne plus penser à lui et profiter du temps que j'ai rarement seule avec Oliana. C'est ma petite soeur après tout et je l'aime plus que tout au monde. Ma famille a toujours été une partie importante de ma vie et le simple fait de voir ce sourire sur ses lèvres lorsqu'elle s'élance vers l'eau, fière de son coup parce qu'elle m'a dépassé - même si elle a triché - ça vaut de l'or. Je sais qu'elle ne pourra peut-être jamais être pleinement heureuse, mais de la voir sourire, ça me satisfait pour le moment. Une fois dans l'eau plutôt froide je nage un peu et pour la rejoindre et continue de bouger mes bras et mes jambes alors que je m'arrête devant elle. À moi de poser quelques questions pour savoir comment elle se sent. Je sais que la reprise au boulot n'est certainement pas la chose la plus facile. C'est exactement pour cette raison que je tente d'avoir des informations là-dessus. « Pas vraiment. Oliver fait tout pour que je me sente bien, mais Kyle est doué pour me remplacer. Alors que moi…j’ai l’impression d’être celle sortie à peine d’étude, incapable de gérer un hôtel de luxe... ça m’attire toujours autant…mais je suis loin d’avoir l’assurance…que j’avais. » M'approchant d'elle, je glisse ma main sur son bras comme pour la rassurer un peu. C'est certain que l'accident l'a changé et je peux comprendre qu'elle ne se sens plus véritablement aussi confiante qu'avant. « Ça va venir Ollie, laisse-toi un peu de temps. Puis, pour t'avoir vu à l'oeuvre quelques fois, je sais que t'as ça dans le sang. » Un sourire réconfortant sur les lèvres, je sais que mes paroles ne valent peut-être rien en ce moment, mais elles sont sincères. Elle a vraiment un talent, elle doit simplement le retrouver.

CODAGE PAR AMATIS | @OLIANA WINSTON

Etre au boulot, c’est comme être dans la peau de quelqu’un d’autre. Cette étrangère qui a su gérer un hôtel aussi luxueux, aussi grand qu’est le Quin. Cette femme, sûre d’elle, capable de diriger toute une équipe, des clients les plus pointilleux, de faire du chiffre d’affaire sans perdre les moindres détails. C’est être dans les baskets de cette fille que je ne suis pas. Et ça me fait mal, parce que même si j’ai réussi à atteindre mon rêve, je ne m’en souviens pas. L’expérience qu’elle a acquise, je ne l’ai pas. La confiance qu’elle avait, je ne l’ai pas. J’ai beau avoir Oliver qui m’encourage à essayer, à me donner des tâches qui m’aident à me remettre dans le pied, j’ai surtout l’impression d’être une potiche qui fait mal son taff, et qui…pourrait être remplacé par Kyle. Ce type est une machine, et je le vois bien dans ses yeux : il a de la pitié pour moi, mais il attend juste le jour où je finirai par me rendre compte que cette supercherie a assez durée, il attend simplement mon départ pour avoir le job dont il a toujours rêvé. Au final ? Il le mériterait plus que moi. « Ça va venir Ollie, laisse-toi un peu de temps. Puis, pour t’avoir vu à l’œuvre quelques fois, je sais que t’as ça dans le sang » Ma réponse risque d’être pessimiste et décourageante, mais je laisse mon cœur ouvert encore quelques instant : « Ce n’est pas parce que je sais faire du vélo que je dois concourir à un tour. Je ne suis plus cette fille que tout le monde souhaite que je sois, et ça m’épuise de devoir faire semblant, de tenter d’être à la hauteur de tout le monde. Je ne fais que tous les décevoir » Ces paroles résonnent malgré la mer qui me berce, parce que non seulement elles me parlent énormément dans mon travail, mais elles sont surtout véridiques sur mon plan personnel. Avec ma famille. Avec mes amis. Avec Cameron. Et au fond, c’est ce que je ressens : les décevoir de n’être que l’ombre de moi-même, de pas arriver à me souvenir, de ne plus savoir qui je suis.

Je sais que parler de son boulot, c'est automatiquement lui rappeler qu'elle n'a plus nécessairement la facilité qu'elle avait à le faire, mais ayant toujours été très positive, je préfère penser qu'elle arrivera à recommencer à l'être ou bien à trouver une autre façon de bien faire les choses, mais visiblement, Ollie elle ne voit pas les choses de la même façon que nous et ça lui fait probablement mal que je parle du passé comme si c'était encore son présent, mais j'y crois. Elle ne se souviens plus de beaucoup de choses et ça me fait mal de la voir comme ça, mais je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'elle arrive à voir la vie du bon côté, ce qui ne semble pas être si facile que ça pour elle. Nageant encore pour rester en place, je la regarde et un petit s'installe avant qu'elle ouvre la bouche. « Ce n’est pas parce que je sais faire du vélo que je dois concourir à un tour. Je ne suis plus cette fille que tout le monde souhaite que je sois, et ça m’épuise de devoir faire semblant, de tenter d’être à la hauteur de tout le monde. Je ne fais que tous les décevoir » À mon tour de rester silencieuse un moment, tentant d'assimiler tout ce qu'elle vient de me dire. C'est difficile d'entendre ces mots sortir de sa bouche, surtout parce que depuis qu'elle est réveillée, je fais tout pour qu'elle ne se sente pas comme ça, mais je sais que ce n'est pas une chose facile pour elle et que ce n'est pas moi qui vit tout ce qu'elle doit endurer à tous les jours. Ça me fait surtout mal au coeur de l'entendre parler comme ça, qu'elle pense nous décevoir alors qu'elle fait tellement d'efforts pour ne pas le faire. J'aimerais vraiment pouvoir lui enlever toute cette douleur qu'elle ressent, mais je sais que c'est impossible pour moi de le faire. Tant que ses souvenirs ne reviennent pas - si un jours ils reviennent - je n'ai promis de rien dire et je me déteste chaque fois que j'y pense. Je maudit surtout mon père de nous avoir interdit de lui dire quoique ce soit même si c'est pour sa santé. « Peu importe ce que tu penses, tu ne nous décevras jamais Ollie. Tout ce qu'on veut, c'est la fille que t'es en ce moment parce qu'elle est aussi extraordinaire que celle d'avant. Je sais que c'est difficile pour toi, mais t'es encore là, t'es encore ma soeur et tu le seras toujours. » Dis-je en souriant, restant près d'elle. Je sais que ça ne suffira pas à la rassurer, mais je tente du mieux que je peux de le faire. Pour moi, elle est toujours la même, bien que j'arrive à comprendre qu'elle ne voit pas la différence entre les deux. Elle ne sait pas qui elle était avant l'accident et c'est troublant, mais je veux bien tout faire pour qu'elle ne se sente pas comme si elle ne faisait plus partie de ce monde ou de notre famille. Elle est encore là et elle le restera peu importe ce qu'elle décide de devenir. Et pour changer de sujet et retrouver ne serait-ce qu'un petit sourire, je lui envoie un peu d'eau au visage et me rigole. Ce qui, évidemment, la fait rire un peu aussi. Le but de cette journée est quand même de s'amuser avec ma soeur et de lui changer les idées, je ne veux plus qu'elle pense au négatif, plus aujourd'hui en tout cas.

END.

CODAGE PAR AMATIS | @OLIANA WINSTON