(meghonel) and the world collapses like a castle of cards

Quelques heures que cette jolie petite tête blonde est venue au monde. Émerveillant ta journée, comme si tu venais de découvrir la plus belle chose sur Terre. Il était difficile de penser à ce résultat qui devait tomber aujourd’hui. La veille, tu n’avais d’yeux que pour elle. Adelaïde, embrassait Meghan heureux de découvrir enfin ce qu’elle cachait sous son ventre tendu. Des jours que la blonde aurait dû accoucher. Il avait fallu accélérer les choses. Et tu te précipites à son chevet une fois de plus. Tu viens avant que les résultats ne tombent. Ça ne fait pas vingt-quatre heures, et pourtant, tu es là avec la blonde. Ta blonde ? C’est encore confus, vous en avez vaguement parlé. Assis sur le gros fauteuil, tu regardes la petite dormir dans le creux de tes bras, comme une petite poupée. Elle est si silencieuse. Si fragile. T’as peur de la lâcher, de lui faire du mal. « Tu veux que je la réveille pour que tu dormes mieux cette nuit ? » Petite blague. Jamais, tu te permettrais de la réveiller. Elle est trop adorable pour que tu viennes perturber son sommeil. De son petit poing, elle serre ton doigt. S’accroche à toi fermement. Pourtant, tu commences à avoir les bras endoloris, à la porter comme ça depuis un moment déjà. Doucement, tu te lèves, et viens la remettre dans son couffin. Elle sera mieux ici. Elle s’étire, lâche ton doigt, gardant les yeux fermement fermés. T’ouvres un chocolat que t’as offert à Meghan, et en propose un à la blonde. Après tout se sont les siens. « T’en veux un ? » dis-tu la bouche pleine. Évite de trop sourire. Y a rien de moins sexy qu’un sourire aux dents noires. Et tu viens t’asseoir sur le bord du lit, te tournant à moitié pour faire face à ton ex. Elle semble fatiguée. « Comment tu te sens ? » Possiblement qu’elle est stressée. Elle doit penser à l’annonce du médecin. Annonce qui sera déterminante pour vous deux. Peut-être que vous attendez cette réponse pour enfin officialiser les choses. Rendre ce qui est inévitable réel pour de bon.

Les horaires de visite ne sont pas encore commencés et Meghan profite de ce répit pour admirer cette petite fille. Sa petite fille. Hier encore, elle criait qu’elle ne savait pas ce qui lui avait pris. Toute la semaine, elle avait regretté et maudit son gros ventre, d’où ce bébé ne voulait pas sortir. Mais maintenant qu’elle est là, tout semble loin derrière elle. Adelaïde est parfaite. Des cheveux courts, à peine visibles tant ils sont blonds. Des grands yeux déjà curieux. Et une voix qui porte déjà très fort. Elle commence d’ailleurs à s’agiter, ce qui pousse Meghan à se lever pour aller la prendre. En passant, elle se cogne le pied contre le lit, et peste contre elle-même et contre le monde entier. N’a-t-elle pas assez souffert pour toute sa vie après avoir accouché ? Une semaine en retard en plus de ça. A croire que les femmes sont vraiment le dindon de la farce dans toute cette histoire. Juste parce qu’elles apportent la vie dans ce monde, dans la douleur et les cris, on ne devrait jamais leur en demander plus. Mais si, on en demande toujours plus. Quelle injustice. Adelaïde dans les bras, faisant attention à chaque geste, Meghan remonte dans le lit et baisse assez sa blouse d’hôpital pour lui donner le sein. La petite tête doucement, avant de se rendormir, et sa mère somnole avec elle. Ce sont des coups à la porte qui la réveillent et elle sourit en apercevant Leo. Il est le premier arrivé. Eris et Aaron ne viendront que plus tard. Après avoir quitté leur travail en vitesse hier, ils ont des heures à rattraper. Et Meghan apprécie ce temps à deux. Enfin à trois maintenant. En l’accueillant, elle réalise que son sein est toujours visible. Ses joues rosissent automatiquement, même si ce n’est rien qu’il n’ait jamais vu, et elle se rhabille en évitant de réveiller sa petite princesse. Celle-ci arrive vite dans les bras de Leo, toujours endormie. Cette vision cloue toujours le bec à Meghan. Elle est tellement heureuse. Ce n’est peut-être pas comme ça qu’elle imaginait les choses, et pourtant elle ne pourrait rêver de rien de mieux. Elle est sur son nuage, et ignore royalement les autres nuages autour d’elle, plus menaçants. Comme les résultats qui doivent arriver dans quelques heures. Un test de paternité proposé par son médecin quelques heures après l’accouchement. Un test dont les résultats semblent capitaux. Meghan veut juste avoir la confirmation de ce qu’elle sait déjà. Adelaïde est la fille de Leo. Il suffit de voir comme son petit poing s’accroche au doigt de Leo, même dans son sommeil. Elle s’appuie contre l‘oreiller et se repose encore un peu. Elle a toujours l’impression d’avoir couru un marathon. Chose qu’elle n‘a jamais faite pourtant. Quand Leo repose Adelaïde dans le couffin, elle se redresse un peu dans le lit, encore plus quand il lui propose un chocolat après en avoir mangé un. « Il reste encore de ceux qui ont de la framboise dedans ? » Ses préférés, sans aucun doute. Personne d’autre n’a eu le droit de les prendre mais elle ne sait plus combien elle en a déjà mangé. Elle prend le chocolat qu’il lui donne et se décale un peu dans le lit pour lui laisser de la place. Sa tête vient s’appuyer contre l’épaule de Leo, son regard posé sur le couffin, d’où elle voit seulement le ventre de sa fille se soulever au rythme de sa respiration. « Bien. Toujours fatiguée.  » Avoue-t-elle à demi-mot. « Mais tout ça en valait tellement la peine... Elle est parfaite hein ? Ce n‘est pas juste mes yeux de maman fatiguée qui me rendent folle ? »

Vous êtes bien, là tous les trois, dans cette chambre si paisible. Vous ressemblez à une petite famille. Un jeune couple qui vient d'avoir son premier enfant. On a d’ailleurs déjà fait une bourde à ce sujet. Te demandant si tu voulais rejoindre ta femme. Ça t'avait fait sourire, amusé de la situation, et tu n’avais rien dit. À quoi bon. C’était plaisant comme image. T'aimerais qu'un jour ça devienne réel, et tu t'es pris à rêver de vouloir cette douce vie avec la jolie blonde. Parmi ces boîtes, tu fouilles à la recherche du trésor. Ce chocolat à la framboise. « Ouais, mais y en plus beaucoup. T'es tombée dans boîte je crois bien. » Gâterie dans la main, tu la lui tends et viens prendre position à côté de la jeune mère qui se décale pour te faire un peu de place. Sa tête posée sur ton épaule, vous regardez la petite tête blonde qui dort tranquillement dans son petit lit douillé. Fatiguée, Meghan te demande si Adelaïde est parfaite. Si ce ne sont pas ses yeux qui lui jouent des tours. Tu ne peux qu'être d'accord avec elle. Et ça même si tu as toujours trouvé les nouveaux nés plutôt laids. « Non ce ne sont pas tes yeux. Et elle est en pleine forme en plus de ça. Elle a tout pour elle. Une beauté. » dis-tu sourire au, lèvres avant de déposer un petit baiser sur la joue de ton ex. Pour te mettre plus à ton aise, tu te décides d’enlever tes chaussures. Quelqu’un toque à la porte d’entrée, vous tirant de votre rêverie. La réalité reprend le dessus en un claquement de doigts. Inutile de demander l’intérêt de la présence du docteur. Vous le savez, mais avez voulu garder encore le mystère un peu plus longtemps. Plus de cinq mois que tu ignorés la vérité. Alors quelques heures de plus n'y changerait rien. Vous le saluez, et tu te redresses un peu. De son regard sérieux, tu sens que tu vas enfin savoir si tu es toi aussi à l'origine de la poupée qui dort paisiblement. « J'ai les résultats de paternité. Vous les voulez maintenant ? » D'un signe de tête, en accord avec Meghan, tu lui dis oui. Autant de jeter à l’eau. Ne pas laisser les choses tarder encore plus longtemps. Le cœur battant à la chamade, tu respires lentement. Ces mots peuvent tout faire basculer. Changer ta réalité. Et tu as peur. Peur que cela change tout en mal. Mais si tu étais bien et bel le père, tu dirais toute la vérité à Meghan. Lui avouerais ce que tu as sur le cœur depuis quelque temps.

Même si elle n’a pas envie de laisser la peur l’envahir, le stress lui tordre le ventre, c’est parfois plus fort qu’elle. Elle avait décidé de demander le test de paternité à peine quelques heures après l’arrivée d’Adelaïde, parce que ça lui semblait être la chose à faire. Et elle voulait savoir ce qu’elle suppose déjà. Avoir confirmation de ce qu’elle souhaite par-dessus tout. Au fond, ça n’a jamais été les hormones. Ils amplifiaient peut-être tout, mais ce qu’elle ressentait était réel. Et ce temps où ils sont tous les trois le lui confirme. Leonel est toujours parfait avec elle. Et il l’est avec Adelaïde aussi. Elle sait ce qu’elle veut. « Une infirmière a dû m’en piquer. » Ce qui l’étonnerait beaucoup et elle n’est pas sûre que Leo croit à cette possibilité non plus. Elle n’a pourtant pas de raison de se sentir coupable d’avoir été un peu trop gourmande. Et il reste encore d’autres chocolats, heureusement. Elle sourit en l’entendant complimenter Adelaïde, et se blottit contre lui quand il monte avec elle dans le lit. « Oui… elle est parfaite. » Elle ne réalise toujours pas qu’elle est bien là, sortie de son ventre. Elle a fabriqué un être vivant, mais elle n’a sans doute pas fait le plus dur encore. Pour l’instant, elle n’a pas envie d’y réfléchir. Elle se colle un peu plus à Leo, et pourrait sans doute s’endormir auprès de lui s’ils n’étaient pas dérangés par des coups donnés à la porte. Elle se raidit aussitôt quand le médecin entre dans la chambre. Elle n’a pas envie d’imaginer cette option, et pourtant son cerveau y va régulièrement. Mais elle a envie d’y croire. De croire qu’elle et Leo pourraient former une famille. Une seconde chance après la première, totalement différente. Les résultats pourraient tout changer. Elle espère que non, mais la vérité, c’est qu’elle n’en sait rien. « Vous êtes sûre de ne pas vouloir être seule ? » Cette fois, c’est seulement Meghan qu’il regarde. Elle secoue la tête, avant de s’interrompre et de comprendre. « Vous voulez dire que… » Elle n’ose pas terminer sa phrase, se redresse dans le lit, suppliant presque le médecin du regard. Mais il ne peut rien changer au résultat. « Je suis désolé. Le test est revenu négatif. » Meghan ne sait même pas comment réagir. Elle n’ose pas regarder Leo, de peur de voir sa réaction. « N’hésitez pas à nous faire signe si vous avez besoin d’autre chose. » L’air gêné, le médecin ressort de la chambre à reculons. Meghan ignore combien de temps ils restent silencieux. Ce n’est pas la première fois mais ce n’est pas le genre de silence qu’on apprécie. Elle finit par tourner la tête vers Leo, espérant que son expression saura la rassurer. « Dis quelque chose. » Sa voix est faible. Comme si elle savait d’avance que tout avait changé.

« Une infirmière t’en a piqué, comme c’est mignon. » Large sourire, tête d’abruti, tu te moques légèrement de la blonde. Car c’est l’excuse la plus bidon qu’elle pouvait te sortir. Le genre de connerie que toi-même, tu pourrais sortir pour t’innocenter. Tu pourrais manger encore un autre chocolat. Mais alors une autre s’en suivrait, et ça jusqu’à ce que la boîte apparaisse vide. Ce n’est pas vraiment la meilleure des idées. Toi qui payes au quotidien ton acharnement sur des pizzas ou autre alimentation peu saine pour un sportif dans ton genre. Comme le dit ta sœur, t’es loin d’avoir la taille zéro, et tu n’as pas besoin de bouée pour rester à la surface de l’eau. T’assumes parfaitement cette petite poignée d’amour qui vient casser les clichés des grands sportifs. Assise à côté de Meghan, tu contemples la princesse qui dort profondément dans son berceau. Habituellement, tu es le premier à mentir, dire que le bébé est sublime, alors qu’il ressemble à un rat humain. Mais, c’est différent. Une fois de plus. Tu l’as trouvé véritablement belle. Une perle sur terre. Tu te vois déjà devoir ralentir les garçons et leur rappeler les règles du respect. Tu pars un peu loin dans tes pensées, mais reste tout proche de la blonde.
Alors que tu te retrouves nu-pieds, confortablement bien installé dans le lit de ton ex qui ne semble plus vraiment être ton ex, le médecin fait son entrée. Prêt à vous dévoiler ce que seul lui sait. Le cœur figé, tu attends le dénouement de l’histoire. Dans l’incompréhension totale, tu fronces les sourcils. Pourquoi il demande à Meghan si elle ne préfère pas être seule. C’est toi le deuxième intéressé dans tout ça. Tu n’es pas un étranger. Tes yeux se posent sur ta voisine, qui elle au contraire semble totalement comprendre la situation. Dans l’incompréhension absolue, tu retournes ton regard vers le médecin. T’as qu’une envie qu’il accouche et qu’il dévoile ce que tu ignores encore. « Je suis désolé. Le test est revenu négatif. » T’as dû mal entendre. Tous trois silencieux, le médecin décide de finalement reprendre la parole, et partir pour vous laisser digérer la nouvelle. Si on peut l’appeler ainsi. Regard dans le vide, tu tentes de remettre dans l’ordre les informations. L’annonce est plus brutale qu’une chute de quinze étages. Meghan est la première à reprendre la parole. Elle veut entendre ta voix, savoir ce que tu penses. Pourtant, tout tourne en boucle dans ta tête, mais riens n’arrive à se mettre dans l’ordre. Ce qui t’avait permis de remonter la pente, de te sortir de tes idées noires, venait de te retomber en pleine poire. « Je ne sais pas quoi dire Meghan.. » Resté figé un long moment à regarder dans le vide, tu décides de finalement de te tourner vers la jeune femme. « Tu vas lui annoncer comment ? » T’as pas envie de parler de ce que tu ressens. Et quoi que vous allez bien pouvoir parler, tout te brisera. Alors autant parler du père.

Elle n’est absolument pas dérangée par le fait qu’il ne la croie pas. De toute façon, elle ment. Plus pour le principe, parce qu’elle estime qu’elle a bien le droit de manger tous les chocolats qu’elle veut, surtout quand on les lui a offerts. Leonel la connait de toute façon et tous ces petits mots, ses petits gestes, la font toujours plus fondre. Elle sait ce dont elle a envie. Peu importe les hormones, ils n’inventent pas des sentiments qui n’existent pas. Et la vérité, c’est que, s’il le lui proposait, elle accepterait de remettre le couvert. De recommencer à zéro, de constituer cette famille dont elle a toujours rêvé. Cette famille, avec lui. Mais avant cela, il reste un détail à éclaircir. Et la rumeur dit que le diable est dans les détails. En effet, celui-ci parait capital, et ne peut être écarté qu’une fois que le médecin arrive dans la chambre, quelques minutes plus tard. Meghan s’était tellement attendue à avoir une réponse positive, à avoir la confirmation de ce qu’elle voulait, de ce en quoi elle croyait de plus en plus depuis quelques mois… qu’elle ne sait pas quoi dire. Et le silence de Leo, qui est pourtant toujours à ses côtés, lui parait lourd. Interminable. Et pourtant, plein de réponses qu’elle ne veut pas entendre. Lui aussi, il voulait autre chose. Ils en avaient parlé, et Meghan savait qu’il ne mentait pas, qu’il s’était déjà investi dans la vie de celle qu’il pensait être sa fille. Il est là depuis hier. C’est la seule preuve dont elle ait besoin. Et pourtant, ce n’est en rien ce qu’ils espéraient. Il ne sait pas quoi dire. Ils sont deux dans cette situation. Et pourtant, Meghan a besoin qu’il trouve les mots. Qu’il la rassure. Qu’il lui dise que ça ne change rien. Qu’il l’aime toujours. Qu’il aime toujours Adelaïde. Mais à la place, il lui pose une question tellement inattendue qu’elle ne comprend pas immédiatement. « A qui ? » Et alors qu’elle prononce la question, la connexion se fait. Le père. Si ce n’est pas Leo, c’est Adrian. Et elle n’y avait pas vraiment réfléchi. N’avait pas imaginé cette possibilité jusqu’au bout, tant elle espérait pour l’autre. « Je… j’en sais rien. » Et qu’est-ce que ça change ? Mais Meghan devine que si Leo en parle, c’est parce qu’il veut savoir. Ou parce qu’il a besoin de réfléchir. « Je ne sais même pas si Adrian est au courant qu’elle est née… » Elle ne lui avait jamais dit qui c’était, mais le révéler maintenant, ça lui parait normal. Il mérite au moins la vérité.

Dans l’annonce, Meghan semble avoir complètement oublié que si tu ne pouvais être le père de la petite blonde, un autre l’était forcément. Elle ne comprend pas ta question, de qui tu peux bien vouloir parler. Comme si malgré tout, ça coulait de source, que c’était toi le père d’Adelaïde. Et dieu que tu aurais été fier de l’être. Bien plus que tu ne l’aurais pensé. Mais aujourd’hui, c’est un monde qui s’écroule sous vos pieds. Les idées que vous vous aviez conçus s’évaporent, laissant planer une gêne au-dessus de vos corps. Alors tu la regardes, lui reposant à nouveau la question des yeux, car même si ce n’est plus ton affaire, t’as envie de savoir. Et finalement, elle comprend. Pourtant, elle ne semble pas plus savoir que toi comment les choses vont se dérouler. Elle est encore bien loin de tout ça. Et malgré le fait qu’il ne soit pas là, que tu ne l’as jamais vu l’accompagner à un moindre rendez-vous pour le bébé, tu te dis que ta place tu ne l’as plus. Des promesses tu ne lui en avais pas vraiment faite. T’étais si persuadé de former une famille avec, que tu n’avais pas vraiment voulu penser à cette option. Option qui s’avère plus en être une. Réalité. On t’avait prévenu que tu allais te brûler les ailes. Et pourtant, tu en avais fait qu’à ta tête. Têtu comme tu es. « Adrian ? » Tu connais enfin son prénom. Lui qui se faisait seulement appeler l’autre dans ta tête. Et ça te fout un coup supplémentaire dans l’estomac. C’est plus violant, désormais que tu sais comment il se prénomme. Pourtant, il devait bien avoir un prénom cet homme. Mais c’était moins réel tant que tu ignorais tout de lui. Et qui il est au juste ? Tant de questions. Tu te lèves du lit, marche pieds nus sur le sol et vient voir la petite qui dort paisiblement dans son lit. « Tu devrais l’appeler tu ne penses pas ? »

C’est comme si elle voyait s’écrouler tous ses rêves juste devant elle. Elle s’efforce à ne pas regarder Leo dans les yeux, de peur de lire la même chose dans ses yeux. Meghan avait tellement espéré, et elle sait que c’est aussi le cas de Leo, que la nouvelle tombe comme un couperet sur leur relation qui n’en est pas une. Ou qui l’était. Meghan n’a plus aucune idée de ce qu’ils sont. Et dans tout ça, c’est un autre qui est le père de sa fille. Adrian. Un ami que Leo a peut-être rencontré une ou deux fois, quand ils étaient encore ensemble. Un ami qui ne semblait pas vouloir de cet enfant, de cette responsabilité. Mais Meghan ne voulait pas penser à ça tout de suite. Ce sont les questions de Leo qui l’y poussent. Il veut savoir comment elle va lui annoncer la nouvelle. Autant dire qu’elle n’en a aucune idée. Elle n’y avait jamais réfléchi. Du coin de l’œil, elle le regarde se lever, faire quelques pas jusqu’au couffin où dort Adelaïde. Elle essaye surtout de ne pas pleurer. Ce qui, avec les hormones dont elle déborde toujours, est loin d’être évident. Et elle préfère qu’il ne voie pas ça. C’est ridicule de réagir ainsi. Elle savait dès le début que l’identité du père ne serait établie qu’après la naissance. Qu’il y avait une chance sur deux. Enfin même sur trois au début. Elle avait été ridicule d’espérer. A croire que le destin se fout bien de ce qu’elle veut. De ce qu’ils voulaient tous les deux. « Oui… je l’appellerais. Tout à l’heure. » Elle n’a pas envie de faire ça tout de suite, ni même d’y penser. Pas quand Leo est aussi distant avec elle. Elle déglutit et prend une longue respiration. « Qu’est-ce que tu veux… toi ? » Après tout, n’est-ce pas la seule chose qui compte ? Au-delà du résultat, de tout ce qu’il implique. Que veut-il faire ?

Bien évidemment qu’elle l’appellera plus tard. Au vu du silence pesant, elle n’est pas encore prête à passer ce coup de fil. Cet appel pourrait très bien rendre les choses encore plus compliquées. Tu ne sais rien sur les désirs d’Adrian, mais une chose est sûre, tu ne comprends pas pourquoi elle a couché avec lui. Tu croyais qu’il s’agissait d’un simple ami. Mais dans l’immédiat, tu ne songes pas plus à lui que ça. Tes pensées sont surtout dirigées vers cet ange qui dort paisiblement, ignorant tout. Debout devant le couffin, tu tournes le dos à Meghan. C’est bien trop difficile de la regarder dans les yeux. Tu gardes ton regard désespéré pour toi. Tentes de cacher ce visage décomposé. Évite de trop parler, et faire ressentir cette voix qui peut s’éteindre à tout instant. La blonde est loin d’être ignorante. Depuis le temps, elle sait comment tu fonctionnes, sait à quel point tu as un cœur d’artichaut. Pourtant, tu vas devoir à nouveau parler et répondre à sa question. Qu’est-ce que tu veux au juste ? Tu voudrais revenir en arrière, et changer les résultats. Seulement, c’est impossible. Ça restera une réalité alternative possible uniquement dans ta tête. « Comment ça, qu’est-ce que je veux ? » T’en sais rien. C’est bien trop difficile de songer à quoi que ce soit. Quelque chose s’est brisé. Un espoir de renouveau. Est-ce que tu serais prêt à surmonter tout ça ? Et elle dans tout ça ? Peut-être qu’elle veut construire une vie avec Adrian, et former une famille avec lui. Tout serait tellement plus simple comme ça. Enfin, tu te décides à la regarder, t’assaillant sur le gros fauteuil présent dans la chambre. Tu te frottes la barbe. Pourquoi tout doit être aussi compliqué ? « J’en sais trop rien.. » A quoi bon lui mentir ? Tu ignores ce que tu désires réellement. Tu n’arrives pas à penser. Une seule chose tourne en boucle dans ta tête : tu n’es pas le père. Les paroles du médecin reviennent sans cesse à l’esprit. A la longue, tu t’étais persuadé que tu l’étais.

Petit à petit, l’information fait son chemin dans son cerveau. Lui parait plus réelle. Même si elle voudrait encore qu’elle ne le soit pas. Demander aux docteurs de vérifier, encore et encore. Mais au fond, le résultat sera toujours le même. Adelaïde n’est pas la fille de Leo, et ça risque de tout changer. Pour la petite, pour eux deux, pour Adrian aussi. Comment va-t-il réagir ? Cette question, Meghan la garde pour plus tard. Quand elle sera seule. Parce qu’elle va sans doute l’être. Si Leo s’était autant investi, c’était parce qu’il pensait qu’elle portait son enfant. C’est logique. Et en fait, c’est d’un autre qu’elle était tombée enceinte. Parce qu’elle avait eu la bonne idée d’aller coucher avec un ami pour se remettre de sa rupture avec Leo. Qu’est-ce qu’elle avait été bête. Et l’entendre ne pas savoir ce qu’il veut, ça ne fait que lui confirmer ce qu’elle craignait. Il était là pour son enfant. Et finalement, ce n’est pas son enfant, alors il ne veut plus se retrouver coincé. Ça parait logique. Elle aurait dû s'en douter. Elle s’était protégée pourtant. Mais pas assez. Jamais assez. Elle le regarde alors qu’il s’assoit dans le fauteuil à côté d’elle. C’est comme s’il y avait un mur entre eux. Un mur qui vient d’apparaitre, et contre lequel elle ne peut rien. « Je ne sais pas non plus… » C’est douloureux. Partout. Elle a terriblement envie de pleurer, mais elle s’y refuse. Pas maintenant. Elle ne veut pas qu’en plus de tout ça, il ait pitié d’elle. Qu’il reste parce qu’elle pleure. « Je crois que… je ferais mieux de me reposer. Tant qu’Adelaïde dort aussi. » Alors au lieu de le faire rester, elle préfère lui dire de partir. Pour pouvoir pleurer. Parce qu’il lui semble évident que Leo a fait son choix mais ne l’assume pas encore. Alors elle fait le choix pour lui, parce que ça parait plus simple. Mais ça n’en est pas moins douloureux.