(MEGHONEL) before the hour

Tu venais à peine d’arriver à l’aéroport, rejoignant le restant de l’équipe pour t’envoler vers San Francisco en vu d’un match. T’étais tout excité à l’idée de pouvoir jouer contre les Giants. De grands rivaux de longue date. Après quelques rapides checks à l’ensemble de l’équipe, ton téléphone s’était mis à sonner. Meghan n’avait pas vraiment l’habitude de t’appeler. Vous vous échangiez surtout des messages. Intrigué par son appel, tu avais décroché sans perdre de temps. « Meghan, ça va ? » Ton habituel sourire s’était dissipé, laissant place à une grande panique. Incapable de savoir quoi dire, tu balbuties des choses incompréhensibles et finis par dire « J’arrive ! » Sac en main, tu te mets à faire demi-tour et cris aux autres que tu ne peux venir. Les choses vont plus vite que prévues. Le bébé ne devait pas arriver avant la fin du mois. C’est trop tôt. Et même si tout est prêt, rien ne l’est. Es-tu réellement prêt à faire sa rencontre ? A connaître la vérité ? T’en sais rien, et t’es incapable de réfléchir. Tu montes dans la voiture de l’un de tes partenaires, et demande au chauffeur de bien vouloir t’emmener en direction de l’hôpital. Assis à l’arrière de la voiture, tu paniques complètement. N’arrive pas à réfléchir et regarde sans cesse la route pour en savoir où vous en êtes. T’avais promis à ton ex d’être là le jour J, et toi t’étais prêt à partir. Tu t’en serais voulu toute ta vie si tu l’avais laissée seule. Incapable de tenir ta promesse. Et tu mets bien une heure avant de pouvoir arriver à l’hôpital, oubliant ton sac dans la voiture, trop pressé pour rejoindre celle envers qui tes sentiments sont aujourd’hui très confus. Tu cours à travers les couloirs, bousculant certains passagers en chemin. A l’accueil de la maternité, tu demandes « Bonjour, je cherche Meghan Macleod, je suis … » Une fois vient derrière toi t’appelle. Et tu la reconnais. C’est Meghan assise sur l’un des sièges de la salle. « Mais … » Tu te précipites vers elle. « Pourquoi t’es pas dans une chambre ? ça va ? » Tu t’agenouilles devant elle, ne sachant pas si tu peux toucher son ventre qui doit être douloureux. Tes mains prennent les siennes, et tu les embrasses.

L’orage avait éclaté dans la nuit, rafraîchissant avec lui l’ambiance en ville. Meghan en avait profité pour quitter son appartement, de toute façon souvent étouffant, pour faire un peu les magasins. Une boutique pour elle, une boutique pour bébé. Et ainsi de suite. Elle fait quelques trouvailles et se dit que, comme elle commence à fatiguer, elle va peut-être bientôt rentrer. Rester debout trop longtemps devient compliqué. Après tout, elle a un poids supplémentaire à transporter. Avec, en plus, quelques sacs avec ses achats. Assise sur un banc, elle sort son téléphone pour commander un Uber, quand une vive douleur se fait ressentir. Elle pose sa main sur son ventre et laisse échapper un cri qui attire l’attention de plusieurs personnes autour.  La douleur part, et elle assure aux passants que tout va bien. Sauf que ça recommence, quelques minutes plus tard. Une vive douleur, qui l’inquiète finalement. Ça ne peut pas être normal. L’hôpital n’étant pas loin, une femme propose de l’accompagner en voiture. Installée sur le siège passager, Meghan attend que sa quatrième contraction passe pour trouver le nom d’Eris sur son téléphone. Celle-ci ne répond pas, mais elle laisse tout de même un message. Son appel suivant est pour Leo qui, lui, répond. Elle tente de s’expliquer, de le rassurer un peu aussi, sans savoir ce qu’il se passe pour autant. Elle est tout de même soulagée qu’il dise qu’il arrive. Elle a à peine le temps de raccrocher qu’à nouveau, tout son corps se crispe. Elle savait que ça serait douloureux, mais en réalité, on ne sait pas avant d’y être. Qu’est-ce qui lui a pris de garder ce bébé ? Sa conductrice la dépose rapidement, propose même de l’accompagner mais Meghan refuse, et lui offre une pâtisserie qu’elle avait achetée avant. Elle est rapidement prise en charge aux urgences, on lui donne à boire, mais elle ne peut s’empêcher de penser qu’il lui manque une main à tenir. A serrer. Finalement, la pression retombe quand le médecin lui annonce que ce n’était qu’une fausse alerte. Contractions de Braxton Hicks. On lui donne des conseils pour les éviter, et de l’eau, avant de la laisser repartir. Elle s’était tellement persuadée que c’était le moment qu’elle se retrouve toute chose une fois sortie de la salle d’examen. Ses mains posées sur son ventre, elle s’assoit sur une chaise à l’entrée des urgences et soupire. Elle laisse tomber ses sacs au sol pour sortir son téléphone. Doit-elle dire à Leo de ne plus venir ? En regardant l’heure de son appel, elle réalise qu’il devrait déjà être là. S’il est en route, mieux vaut lui éviter de faire demi-tour. Et elle n’a pas envie d’être seule. Même si ce n’était qu’une fausse alerte, tout ça l’a chamboulée. En attendant qu’il arrive, elle s’appuie contre le dossier, et laisse couler quelques larmes sur ses joues. Et quand elle le voit finalement entrer, en trombe, dans les urgences, elle se redresse et essuie ses yeux. « Leo… je suis là. » Dit-elle, assez fort pour qu’il l’entende malgré les mots qu’il prononce. Je suis quoi ? Qu’allait-il dire ? Pas le temps de continuer, aussitôt qu’il la voie, il arrive à son niveau et s’agenouille devant elle. Dans son regard, elle peut lire toute son inquiétude, et elle aurait presque envie de pleurer à nouveau. « Je… c’était une fausse alerte. Je crois que j’ai trop marché ce matin et que mon ventre n’était pas d’accord. » Elle ne pensait pas que ça pouvait arriver. Pourtant, elle avait déjà entendu parler de ces fausses contractions. « Mais tout va bien maintenant. De toute façon, elle doit encore rester au chaud. Elle n’est pas encore prête. » Dit-elle en touchant son ventre. Le bébé n’est pas prêt, et elle non plus à vrai dire. Pourtant, même si aujourd’hui n’était qu’un faux départ, le jour J va arriver, sans doute plus vite que prévu.

T’es complètement paniqué. C’est bien trop tôt. On t’a dit qu’il fallait neuf mois de grossesse, alors ça sera neuf mois, pas mois, pas plus. T’ignores pourquoi, mais t’écoute les conseils des médecins. Ils savent de quoi ils parlent. Alors retrouver Meghan assise sur l’un de ses fauteuils au beau milieu de l’accueil, c’est plus que rassurant. Tu ne comprends pas vraiment ce qui se passe. Mais si elle était véritablement sur le point d’accoucher, elle serait alors de l’autre côté. Certainement à crier tant la douleur doit être insupportable. Et ta main serait alors infirme sous la force que la sienne exercerait sur la tienne. Tu constates que ses yeux sont rouges, comme si elle avait pleuré. Alors que ta main se porte sur l’une desses joues et que tu prends place à côté d’elle. Et tu l’écoutes poursuivre ses explications, la pression descendant complètement. Non, tu ne sauras pas aujourd’hui si tu vas véritablement devenir papa. Bien que tu le sois déjà aux yeux de la loi avec Martin. Tu souffles un bout coup. « Tu m’as fait peur. Cinq minutes plus tard, et je décollais pour aller à l’autre bout du pays. » Tu ne l’aurais absolument pas supporté, et ça même si c’était une fausse alerte. « T’es certaine que tout va bien ? Le médecin a dit que tu pouvais rentrer ? » Tu croises les doigts pour que la réponse soit positive. Rien n’est prêt, absolument rien. Mais au fond, est-ce qu’elle voulait que tu sois là pour l’accouchement ? Peut-être voulait-elle uniquement te prévenir. Et toi, tête baissée, tu avais foncé. Pourtant, tu ne regrettes rien. Ton téléphone sonne. C’est ton coach, certainement énervé que tu sois partie comme une balle. Pour une fois, que tu ne fais pas un match, tu penses que l’équipe peut survivre sans toi. Après tout, à quoi servent les remplaçant dans ce cas ?

Elle n’est pas prête, pas du tout. Et même si ce n’est pas pour aujourd’hui finalement, elle panique. Pourquoi serait-elle davantage prête dans une vingtaine de jours ? Peu importe la réserve de couches et tous les achats pour le bébé qu’elle peut faire, elle ne se sent pas prête. Pourtant, elle n’aura bientôt plus le choix. Mais pour l’instant, elle préfère se concentrer sur ce soulagement qui l’étreint, alors qu’elle attend Leo près de l’entrée des urgences. Elle ne pensait pas qu’il viendrait aussitôt qu’elle l’appellerait. Dans son plan pour la naissance, elle compte principalement sur Eris. Pour la suite aussi. Sur son frère aussi. Mais pour le reste, tout est très incertain. Pourtant, Leo arrive, inquiet, là pour elle. Même si elle n’est pas en plein accouchement, il est là. Et ça lui fait chaud au cœur. Peut-être que ce n’est pas que les hormones finalement. Il semble s’en vouloir d’avoir failli partir, alors même qu’il en avait tout à fait le droit. Ils n’ont jamais parlé de ce jour, et Meghan réalise qu’ils auraient sans doute dû le faire. Leo s’est investi dans sa grossesse bien plus qu’elle ne l’aurait pensé, et pourtant, tout reste toujours flou. Et, au fond, elle est heureuse qu’il ne soit pas parti, de ne pas se retrouver seule maintenant. « Oui, oui… je peux rentrer. » Elle répond, ses pensées étant bien plus loin. Elle a toujours du mal à revenir à la réalité. Jusqu’à croiser le regard de Leo. Elle passe une main sur sa joue, et approche son visage du sien, jusqu’à ce que leur front se touche. « Je suis contente que tu sois là. » Dit-elle à voix basse. Même sans rien faire, il l’apaise. « Tu m’emmènes ailleurs ? J’ai pas envie de rester là. »

C’est un soulagement qui s’empare de toi. Corps détendu, âme tranquille, tu peux souffler au même titre que la future maman. Tu sais que ça peut être difficile pour elle. La blonde doit ressentir un tel soulagement. Pourtant, elle ne démontre rien. Assise juste en face de toi, elle semble pourtant si loin. La tête ailleurs, à des kilomètres de là. Tes mots ne semblent avoir aucun impact, à l’inverse de ton regard. Moment de douceur, en plongeant tes yeux dans les tiens, elle vient poser sa fine main sur l’une de tes joues et approche son front du tien. Visages à proximité, tu sens sa respiration et humes son parfum. Rien n’est véritablement claire entre vous, comme le restant de votre histoire. Un jour, vous parviendrez à poser des mots sur chaque chose, vos relations prendront un véritable sens. « Moi aussi. » Dis-tu doucement. « Je sais qu’on en a pas parlé, mais je tenais à être là pour toi. Je sais que rien n’est véritablement clair entre nous, mais je trouvais que c’était important. » Bien plus important qu’un match dont l’équipe peut gagner facilement sans ton jeu. Cette conversation devra se poursuivre ailleurs. Loin de cette foule, et cette odeur désagréable qu’identifie parfaitement l’hôpital. Meghan demande à partir, aller ailleurs. Certainement un endroit bien moins stressant qu’ici. Tu commandes un Uber, et demande à ce qu’il vienne vous chercher directement à la sortie de l’établissement. La blonde doit être assez épuisée comme ça, évitons de lui en demander trop. « On peut aller chez moi, si tu veux. Martin est chez mes grands-parents, ça sera calme. » Autant en profiter. Calme est l’exacte opposé de l’ambiance qu’il y a habituellement chez les Shacklebolt. C’est souvent un foutoir sans nom, surtout depuis que Tessa est partie. Tu lui donnes tes mains, et aides la blonde à se lever.

Elle préfère ne pas imaginer l’état dans lequel elle sera le jour J. Pourtant, il approche de plus en plus et cette frayeur de ce matin ne la rassure pas. Elle sait bien qu’un bébé peut arriver en avance, pour beaucoup de raisons. Mais elle ne se sent pas prête pour autant. Elle sera bien obligée de passer par l’accouchement pourtant. Mais elle préfère ne pas y penser aujourd’hui. C’était une fausse alerte. Une façon pour son corps de lui montrer qu’elle en faisait trop et qu’elle doit ralentir. Une matinée dans les magasins, c’est beaucoup trop. Elle est malgré tout heureuse que Leonel soit là, qu’il soit venu aussitôt qu’elle l’a appelé, même si c’était pour rien. Et ce qu’il lui dit lui fait chaud au cœur. Ils n’ont pas discuté de la suite, ce qui arrange sans doute Meghan. Elle n’a pas osé poser la question, de peur qu’il change d’avis, ou qu’il lui demande ce qu’elle, elle veut. Mais qu’il soit là pour elle, c’est peut-être tout ce dont elle a envie. « Merci… » Chuchote-t-elle contre son visage, finissant par fermer les yeux. Elle voudrait lui dire beaucoup plus, mais elle ne le fait pas. A la place, elle lui demande de la sortir de là. Maintenant qu’elle sait que tout va bien, elle n’a pas envie de rester plus que nécessaire à l’hôpital. L’odeur, les microbes et la chaleur, non merci. Lorsque Leo s’écarte d’elle pour sortir son téléphone, elle pose sa tête sur son épaule et le regarde commander une voiture. Depuis qu’il est là, elle se sent beaucoup plus sereine. Moins paniquée à l’idée de cet accouchement qui approche. De ce bébé qu’elle tiendra bientôt dans ses bras. « Ça me va. » Du calme lui fera du bien. Elle pourrait lui demander de la ramener chez elle, mais il habite plus près. Et elle n’a pas envie qu’il parte tout de suite après. « Il va bien ? Martin ? » Cela fait quelques semaines que Meghan ne l’a pas vu. En général, quand elle voit Leo, ils sont seuls. Elle prend la main de son ex qui l’aide à se lever, et lui donne une partie de ses sacs. « J’ai peut-être un peu trop dépensé. » Dit-elle, un sourire innocent aux lèvres. Pourtant, elle n’a rien acheté d’inutile. Avoir un bébé peut vite coûter cher.

Tu commandes un Uber dans l’espoir qu’il ne vous fasse pas trop attendre. Il ne faudrait pas que la blonde ait une nouvelle fausse alerte. Vos cœur ne tiendront pas une seconde fois. Elle vient poser sa tête sur ton épaule et tu l’embrasses sur le sommet de sa tête. Un signe de tendresse qui vous définit tant. C’est devenu une habitude entre vous. Vous vous comportez comme un couple, et pourtant vous ne vous dites rien. Tu ne la considères pas comme l’une de tes conquêtes, comme un plan cul que tu vois régulièrement. Elle n’est rien de tout ça. Tu voudrais que les choses passent un nouveau cap. Tu ne penses plus que c’est ce bébé qui rend votre relation spéciale. Tu t’es attaché à Meghan, et bien plus que tu ne l’aurais voulu. Jamais tes sentiments ont été aussi confus à son égard, et certainement aussi forts. Pourtant vous agissez comme si rien n’était. Elle accepte alors d’aller chez toi, de profiter de ce calme qui s’offre à vous ce soir. Ensemble rien que vous deux. Et certainement des plats italiens, car tu ne sais pas faire varier ton alimentation et que tu ne sais pas cuisiner sans rater tes plats. « Oui, très bien, quoi qu’il vient d’apprendre que le père noël n’est qu’un tissu de mensonges. Mais ça va son monde survit à cette tragique annonce. » Tu n’avais pas pu retarder plus que ça. Le préserver plus longtemps dans cette bulle insouciante. Malgré toi, on lui avait dévoilé la duperie. Mais tu préfères encore répondre à des questions innocentes comme celles-là plutôt que sur la façon dont on fait le bébé. T’espères ne jamais avoir à lui expliquer ça. Qu’il restera dans un monde merveilleux où les garçons naissent dans un chou et les filles dans une rose. Et ça même si tu trouves qu’il n’y a rien de plus romantique que de faire l’amour. Car l’acte à le nom d’un sentiment le plus fort qu’il puisse exister. Tu aides Meghan à se relever et prends ses sacs. Un nombre incalculable. Elle avoue avoir certainement trop dépensé. « T’as simulé l’accouchement uniquement pour que je porte tes sacs. Je comprends mieux désormais. » Tu plaisantes bien évidemment. Même si l’idée est quelque peu plus intéressante. Elle t’aurait retenu à New-York désireuse de te voir encore une fois. Vous vous avancez vers la sortie, un bras chargé de sacs et l’autre autour de la taille de la blonde la guidant soigneusement vers l’extérieur. « Meghan … j’ai une question … » Tu prends ton courage à deux mains et souhaites finalement éclaircir ce qui se passe.

Meghan est contente de quitter enfin l’hôpital. Elle l’aurait sans doute fait avant, si Leo n’avait pas dit qu’il la rejoignait. Elle ne l’avait pas attendu longtemps et, mine de rien, elle est heureuse de ne pas être seule. Ou bien d’être avec lui, tout simplement. Leur relation n’est pas vraiment définie. Elle n’en a pas parlé, il n’en a pas parlé. Et pourtant, ils agissent presque plus comme un couple qu’à l’époque où ils en formaient réellement un. Tout en restant dans le flou, ce qui convient à Meghan autant que ça la dérange. Mais pour l’instant, ce n’est pas sa préoccupation première. Elle doit d’abord penser à cet enfant qui grandit en elle, et qui a bien failli sortir aujourd’hui. D’un enfant à un autre, elle interroge Leo sur Martin, et sourit en l’entendant parler du père noël. Voudra-t-elle que sa fille y croit ? Sans doute. Oui, elle veut de beaux Noël, avec des étoiles plein les yeux. Et Leo aurait tout à fait sa place dans cette vision idyllique. « Le pauvre quand même. Enfin il faudra m’expliquer comment il apprend pour le Père Noël en plein été. » Ce n’est pas vraiment la période où on en parle le plus, mais il suffit d’une personne qui a décidé de dire la vérité. Martin s’en remettra, et il n’en voudra à personne de lui avoir offert un peu de rêve quand il était enfant. C’est ainsi que Meghan voit les choses, et ainsi qu’elle pense les appliquer avec son propre enfant. Mais pour l’instant, elle n’est pas encore née et Meghan a hâte d’être chez Leo plutôt qu’à l’hôpital. Pour une fois, elle n’a pas spécialement en tête de finir dans son lit. Elle a juste envie d’être avec lui, même s’il suggère qu’il n’est là que pour porter ses sacs. « C’est ma nouvelle astuce shopping, comme embaucher un porteur de sacs sortirait de mon budget. » Elle arrivait plutôt bien à les porter, jusqu’à avoir de fausses contractions. Là, elle est nettement plus fatiguée, donc elle est heureuse de lui en confier une partie. Elle en garde tout de même quelques-uns et avance vers la sortie, escortée par Leo. Quand il lui annonce avoir une question, mais sans la donner, elle le regarde, un peu inquiète. Que pourrait-il lui demander ? Tout un tas de choses, c’est certain. « Tout ce que tu veux. » Elle n’a pas envie de résister ou de mentir. Elle veut être honnête avec lui, parce qu’il le mérite avec tout ce qu’il fait pour elle. Mais peut-être qu’elle changera d’avis une fois la question posée.

Elle prend des nouvelles de Martin. Et tu lui en donnes de bonnes, en dehors du fait qu’il vient d’apprendre que le père Noël n’est qu’une légende, un chantage monté de toute pièce par les parents afin de tenir en place leurs enfants. Mensonge qui a bercé tous les enfants, et qui bercent encore les adultes. Pendant un mois, il égaille les journées des hommes, les réunit et leur montre quel est réel sens de Noël. Alors t’es partisan à cette duperie. Tu trouves que c’est un beau rêve auquel tout le monde à droit. Et rien ne pressait à ce que Martin apprenne la réalité. Ça devait se faire naturellement. Tu étires tes lèvres tristement. Tu te souviens avoir été brisé lorsque tu avais appris que le père Noël n’était pas gros avec une grosse barbe blanche, qu’il ne portait pas de tenue rouge et qu’il n’était pas unique. « Il est déjà en train de faire sa liste. Il dit ne pas vouloir être en retard pour avoir les meilleurs cadeaux. » Tu souffles amusé. Tu agissais comme lui à son âge, sortais le même argument. Il n’y a pas de période pour faire sa liste Noël : toujours trop tôt, toujours trop tard. Et puis il oubliera vite cette histoire, passera à quelque chose de plus important. Il grandit plus vite que tu ne le voudrais, perd chaque jour de plus son insouciance si touchante. Il se souciera des filles. T’espères juste que ça ne sera pas trop tôt. Il a le temps, rien ne presse. Car si on regarde la fratrie, vous êtes de vrais calamités en amour. Lily ne veut pas entendre parler et toi tu ne sais pas où tu en es. Tu sais qu’il y a quelque chose entre Meghan et toi, mais tu n’arrives pas à poser des mots dessus. Tu prends alors ton courage à deux mains, lui dis que tu as une question. Mais tu ne sais comment la lui poser. T’as peur de te prendre une claque monumentale, et de la faire fuir, car après tout, tu te fais peut-être des films. « Sois honnête, ok, tu l’as toujours été. » Tu préfères qu’elle te dise clairement qu’entre vous c’est que de cul et ses avantages. Que tu interprètes mal ses signes de tendresse, et que tes sentiments se sont développés à sens unique. « Je voulais savoir où on en était toi et moi ? Je veux dire on se voit régulièrement, il y a quelque chose entre nous. Quelque chose qu’il n’y avait pas quand on était ensemble. Je me fais peut-être des films, mais ça fait un moment que ça me trotte dans la tête. » T’espères qu’elle sera honnête comme l’a toujours été jusqu’à présent.

Parler de Martin est une bonne distraction après cette légère frayeur. Ou peut-être grande frayeur. Elle préfère ne pas trop en parler à Leo, même s’il a dû le voir à son état quand il est arrivé. Et sans doute qu’il était au moins aussi paniqué qu’elle. C’est forcément un moment stressant. Même si c’est elle qui doit faire sortir tout un être vivant de son corps. Heureusement, elle a encore un peu de temps pour se faire à l’idée. Sauf que pendant ce temps, sa fille va encore grandir. Mais elle ne doit pas penser à ça. Elle préfère sourire en imaginant Martin préparer sa liste au Père Noël au mois de juillet. Mais les enfants peuvent être ainsi. Toujours pressés d’avoir le prochain cadeau. « Qu’est-ce qu’il est organisé. T’es sûr que c’est vraiment ton frère ? » Elle sourit, donnant un léger coup d’épaule à Leo. Ils sont tellement complices ces temps-ci qu’elle sait qu’il n’y a aucune chance qu’il le prenne mal. Il sait qu’elle plaisante et même si c’est vrai qu’il peut être bordélique parfois, Meghan n’est pas tellement mieux. Alors qu’ils quittent l’hôpital, Leo devient d’un coup plus sérieux. Forcément, ça intrigue la future maman. L’inquiète peut-être aussi un peu. Mais elle veut être honnête avec lui. Elle a bien vu que sous-entendre les choses quand ils étaient encore ensemble n’était pas suffisant. Même si, là, tout parait différent. Mais peut-être que c’est parce qu’ils n’ont rien défini justement. Quand il prend finalement la parole et lui fait part de ses interrogations, Meghan se dit qu’elle avait raison. Il n’aime pas non plus ce flou qui perdure autour d’eux. Mais en même temps, la blonde redoutait un peu cette conversation. « Tu ne fais pas de films, non. Enfin je ne pense pas. » Elle n’arrive pas à en être sûre. Mais ces derniers temps, Leonel a pris tellement de place dans sa vie qu’elle a du mal à l’imaginer en sortir à nouveau. Comme la voiture est déjà là, il lui ouvre la portière et elle rentre, posant ses sacs sur le sol et attachant sa ceinture, avant de le regarder. « J’y ai beaucoup pensé, ces derniers temps. Il faut dire que j’ai beaucoup de temps libre, ce qui me laisse trop de temps pour penser… enfin pour réflé... réfléchir quoi. » Il faut qu’elle se calme, elle n’arrive plus à parler correctement. Elle pose son regard sur le conducteur, dont elle ne voit que la nuque et prend une respiration, avant de se tourner à nouveau vers Leo. « En fait, j’ai l’impression de devenir folle avec les hormones. Du coup, je crois que je sais ce dont j’aurais envie, mais j’ai aussi peur que mon jugement soit troublé par tout ça. » Et elle s’en veut de ne pas être capable de savoir ce qu’elle veut. Enfin d’en être entièrement sûre. « Et j’ai aussi peur que ton avis puisse changer. Tu sais, si… » Elle pose ses mains sur son ventre, n’osant pas formuler la chose à haute voix. Elle a cette image d’une famille en tête, mais elle sait que rien n’est sûr. Même si elle sait ce qu’elle voudrait.