(MEGHONEL) before the hour

Elle te taquine, ose dire de toi que tu n’es pas quelqu’un d’organiser. Chose qui est absolument vrai. Tout part en vrille dans ta tête, et ça à des répercussions dans ta vie. Et tu le sais l’organisation ce n’est pas ton genre. Tu commences plein de choses, puis tu penses à autre chose et oublies ce que tu faisais à l’origine. Ce n’est pas pour rien que tu as engagé une personne pour faire le ménage quotidiennement chez toi. Une journée suffit pour que ce soit le bazar absolu chez toi. A vous deux, Martin et toi, vous faites autant de carnage que la tempête Katrina. Meghan n’est pas sans ignorée ce détail. Elle te connaît depuis un moment. Sait que tu te disperses facilement. Elle te donne un coup d’épaule. « Attends, tu crois qu’il tient de qui cette technique ? Quand il est question de Noël je suis à fond, enfin j’étais. Là je fais à la dernière minute, mais c’est une question de temps. Tu comprends. » Tu te trouves une excuse, parce qu’il doit toujours en avoir une. Tu ne peux pas être totalement responsable. Non, tu ne le veux pas. Tu penses être le bon Dieu. Ça fait rire les autres. Moins que cette conversation qui devient soudainement plus sérieuse. Elle perd de son amusement. Tu te mets comme à nu devant elle. Cette fois de manière spirituelle. Et tu souhaites qu’elle le face tout autant. Elle déclare que tu ne tais pas fait de films. Ça te rassure. Mais, elle n’en ai pas certaine. Ce qui te fait déglutir. Elle n’est pas au plus clair que toi. Vous avez su vous rapprocher sans vous dire quoi que ce soit. Sans rien demander. Ça s’est fait naturellement. Elle se met à parler rapidement. Assis tous les deux à l’arrière du Uber, vous parlez doucement. Pas besoin de faire participer le chauffeur à votre conversation. Et Meghan te regarde enfin. Elle met toutes ses émotions sur le compte de ses hormones. « Ah ouais ok … je comprends. » Tu ne sais pas quoi dire de plus. C’est une situation assez étrange pour vous deux. « Qui sait, c’est peut-être le timing qui est le bon. J’en sais rien. En tout cas, une chose est sûre, ça m’a fait voir les choses différemment. Je peux être honnête. Après le décès de mes parents, j’ai commencé à me dire que j’avais fait une boulette, que j’avais été con avec toi. Et là, c’est comme si on nous offrait une seconde chance. » Tu dis clairement ce que tu penses depuis si longtemps. Ce que tu ne lui as rien dit. Car la vérité doit sortir. Vous allez probablement devenir parents. Alors à quoi bon cacher tout ça ? Elle évoque le fait d’avoir peur. Peur que les choses changent si tu n’es pas le père. Dans ta tête, tu ne sais pas ce qui adviendra. Tu t’es attachée à cette princesse et encore plus à Meghan. Tu ne fais pas dans la demi-mesure. Et ça t’inquiète. Tu avais presque oublié le si. Tu passes un bras autour de son épaule et embrasses sa tête. « Je sais… » Quoi dire de plus. Toi-même, t’ignores comment ça va se passer. Tu ne veux pas lui mentir.

Après avoir été terrifiée à l’idée que l’accouchement ait lieu plus tôt que prévu, c’est un autre type de peur qui ronge l’estomac de Meghan. Cette conversation, elle y avait pensé pourtant. Après tout, ils ont recommencé à coucher ensemble depuis quelques mois et ils se comportent déjà comme une famille, alors que ce bébé n’est pas encore là. Alors que ce bébé n’est pas forcément celui de Leo. Cette conversation devait arriver et pourtant, elle n’y est pas prête. Alors elle donne une réponse à Leo, sans vraiment en donner. Repousse la conversation. Repousse son choix. En partie à cause des hormones. En partie parce qu’elle a peur de ce qui pourrait se passer. Elle s’imagine assez souvent avec lui, heureuse, pour savoir à quel point le perdre lui ferait du mal. Et tout lui parait trop incertain. Dans la voiture, elle l’observe alors qu’il lui dit comprendre, puis explique ce que lui, ressent. Le cœur de Meghan s’accélère. Elle ne savait pas tout ça. En même temps, ils n’en ont jamais trop parlé. Se sont concentrés sur leur présent et ce bébé, plutôt que sur leur passé qui s’était mal terminé. « Oui… peut-être qu’on avait besoin de ça, finalement. » Se perdre, pour mieux se retrouver. Même si Meghan était amoureuse de lui et avait souffert de leur rupture, elle a l’impression que tout est différent cette fois. Est-elle encore amoureuse de lui ? Peut-être. En vérité, elle préfère ne pas répondre à cette question pour l’instant. Parce qu’il reste encore ce petit si, qui peut encore tout déterminer. Tout changer. Leo passe son bras autour de ses épaules, et Meghan pose sa tête contre lui, respire son odeur rassurante. Elle voudrait qu’il lui dise que cette histoire de paternité ne change rien. Mais s’il ne le fait pas, c’est parce qu’il ne veut pas lui mentir. Et tout ça terrorise Meghan. « Tu ne dois pas prendre un avion au fait ? Tu dois jouer où ? » Elle change de sujet, mais en vérité, celui-ci l’intéresse vraiment. N’est-ce pas risqué pour sa carrière d’être là, au lieu d’être avec son équipe ?

Un bras autour des épaules de la blonde, tu viens baiser son front posé sur ton épaule. Tu ne dis rien de plus au sujet de la probable annonce. Celle que tu redoutes plus que tout au monde. C’est mieux que de lui faire espérer des choses dont tu seras incapable de tenir. Tu n’en sais rien. Et pour tout dire, tu n’y penses pas vraiment. Car au fond, tu en es persuadé, tu es le père. La nature fait bien les choses, non ? C’est ce qu’on t’a sans cesse dit. Pourquoi ça changerait ? Et penser au négatif, ça n’a jamais fait parti de ta personnalité. Tu pars toujours vainqueur. C’est ton credo. Et jusque-là ça t’a plutôt bien réussi. « Tu peux parler au passé. L’avion est déjà parti depuis un moment maintenant. » Sur ton téléphone, tu regardes l’heure, et les messages des gars de ton équipe. Avant de s’envoler, ils avaient tous pris la peine de te demander des nouvelles. Nouvelles qui s’avéreront fausses. Mais ils comprendront que tu ais voulu rester en ville. Nombreux sont déjà pères, et ont connu cet instant. Et puis, ça laisse la place aux remplaçants qui ne demandent qu’à être mis dans la lumière du jour. « A San Francisco, mais t’en fais pas. Tout le monde comprend. Je jouerai le match prochain. » Ta carrière ne va pas être remise en cause parce que tu dois louper un match. Tu n’es pas le premier à devoir t’absenter et tu ne seras pas le dernier. Tant que tu es là et que tu te donnes à cent-pour-cent sur le terrain. C’est tout qu’il faut. De l’investissement. Et puis ce n’est pas comme si tu t’absentais pour aller faire des folies. « Et puis, je suis content d’être là. Vraiment. » Tu lèves son menton délicatement et viens presser tes lèvres sur les siennes, avant de lui sourire et revenir en position initiale.

Maintenant que Leo lui avoue qu’il va rater son match parce qu’il est resté là, Meghan ne peut s’empêcher de se sentir coupable. Surtout que ce n’était qu’une fausse alerte. Sa fille va rester au chaud encore quelques temps. Aussi longtemps que possible, elle espère. Mais ce n’était pas la peine que Leo laisse tomber ses impératifs pour être là. Il l’avait fait sans qu’elle demande, et au fond, ça la touche réellement. Depuis qu’elle est enceinte, Leo a toujours été là pour elle. Alors qu’elle ne lui a jamais demandé. Alors qu’ils ne sont plus ensemble. Alors qu’il n’est peut-être même pas impliqué dans tout ça. Et pourtant, il a choisi de s’impliquer. Et même s’il dit que ses coéquipiers ne lui en voudront pas, Meghan imagine que ce n’est pas complètement vrai. Certes, l’équipe est bonne mais Leo rajoute forcément de la valeur à l’équipe. « D’accord. J’essayerais de ne pas te refaire le même coup la prochaine fois. » Mais s’il est venu si vite, c’est qu’il voulait être là. Il n’empêche que Meghan ne veut pas qu’il se sente obligé. Normalement, Eris sera là le jour J. Mais si Leo est là aussi, elle sait qu’elle se sentira mieux. Comme quand il confirme être heureux d’être là avant de l’embrasser doucement. Elle est vraiment heureuse. Mais elle préfère ne pas trop s’emballer. Prendre les choses à leur rythme, sans rien presser. Elle pose une main sur son ventre quand elle sent un coup. « Regarde, elle bouge. » Elle guide la main de Leo jusqu’à l’endroit où elle a senti bouger, et sourit en le regardant dans les yeux. Puis elle vient poser sa tête sur son épaule et soupire d’aise. « Je suis heureuse que tu sois là aussi. »

« Je te dis de pas t’en faire. Et je me doute que la prochaine sera la bonne. » Nombreuses des femmes enceintes ont connu les fausses alertes. Ça fait toujours peur, mais au moins on sait comment réagir lorsque le jour se produira véritablement. Tu n’en veux absolument pas à Meghan. Au contraire, t’es heureux qu’elle ait pensé à toi. Et si c’était à refaire, tu agirais exactement de la même manière. Mais vaudrait mieux pas que ça se reproduise, car ce n’est pas aussi sûr que l’équipe soit ravie de devoir faire sans toi à la dernière minute, une fois de plus. Il ne faut pas oublier que tu as un contrat et que celui-ci stipule que tu dois réaliser x matchs … Plus tard, tu prendras le temps de les prévenir que le bébé est toujours au chaud dans le ventre de sa mère. « Et ce jour-là, je serai présent. Match ou pas. Tu peux compter sur moi. » C’est une manière de lui montrer que peu importe ton planning, pour elle, tu le libéreras. Quitte à devoir prendre l’avion depuis l’autre bout du pays, et d’arriver en retard. Tu feras tout ce que tu pourras pour elle. Après, tout, tu lui as bien dit que tu serais là pour elle. Et pourquoi pas le fameux jour. Ça semble être le plus important. Et la blonde sent que ça bouge à l’intérieur de son ventre bien arrondi. Pas étonnant vu la fausse alerte. La petite doit danser et se tortiller dans tous les sens. Ça ne fait aucun doute. Meghan s’empare alors de ta main, et vient la guider sur son ventre. Paume posée, tu sens que quelque chose tente de pousser ta main. Certainement son petit pied qui s’étire. Heureux comme un enfant, tu souris, les yeux remplis de paillettes. Aujourd’hui, tu viens de réaliser que dans peu de temps elle découvrira le monde réel. Doucement, la blonde vient poser sa tête sur ton épaule, heureuse de se retrouver avec toi. Aux yeux de tous, vous formez le parfait petit couple. Vous semblez parfaitement vous aimer, et mener une petite vie sereine. Si tout était aussi facile. « Moi aussi. » La main toujours posée sur son ventre du guette le moindre geste du bébé. « Merci. » De manière spontanée, tu viens à la remercier. La remercier d’avoir su changer ta vie, et te faire retrouver ton sourire. Rien n’était gagné, toi qui souriais machinalement, uniquement pour éviter que l’on vienne te poser plus de questions et d’attrister un peu plus tes proches. Mais aujourd’hui, tout est réel. T’es heureux, pour de bon.