(nicola) mindblown in the afternoon

Jouer du piano, c’est comme le vélo, ça ne se perd pas ! que lui répétait toujours sa prof. Et Robin, toute naïve qu’elle était, elle la prenait au mot. Ah, si elle avait su qu’une voiture viendrait la percuter de plein fouet entre temps. Depuis, sa tête n’est qu’un mélange de bouts de phrases, d’inquiétudes et de compote, et c’est probablement pour ça qu’elle est aussi paniquée aujourd’hui. Elle avait donné rendez-vous à Nicola quelques jours plus tôt, convaincue que pratiquer avec quelqu’un pourrait l’aider à se remettre en selle. Il y avait toujours une place dans son cœur pour cette femme, parce qu’elles s’étaient toutes deux toujours entendues sur ce que devrait être la musique, sur la façon de l’aborder et de la créer. Mais c’est aussi parce que tout ça comptait tellement à ses yeux qu’elle était terrorisée à l’idée d’entendre la sonnette de son appartement retentir, comme si c’est son bourreau qui était sur le point d’entrer chez elle.

Son cocon était en chantier : les draps retournés de son lit traînaient au sol, les rideaux à moitiés fermés laissaient filtrer assez de lumière pour rendre le tout vivable puisque c’est surtout une petite lampe de bureau qui éclairait la pièce à vivre, et tout un tas de partitions traînait à même le sol. Elle n’était pas prête à accueillir quelqu’un, et faute de pouvoir rendre le tout accueillant avant de recevoir son amie, elle décida de consacrer le peu de temps qu’il lui restait pour dissimuler les cernes qui pendaient sous ses yeux. Car non, elle n’avait pas non plus fermé l’œil de la nuit : elle avait relues ses partitions, encore et encore, sans jamais parvenir à en retenir le moindre changement de rythme. Ce n’est pas la première fois qu’il lui arrivait de se retrouver dans des états pareils, mais ne toujours pas être parvenue à comprendre pourquoi ça se produisait commençait à lui faire péter les plombs.

Bientôt, Nicola signala sa présence en poussant sur la sonnette. Robin vint ouvrir la porte, lui fit rapidement la bise avant de retourner dans le salon en laissant son invitée prendre soin de refermer la porte – parce qu’elle ne pensait pas vraiment non plus à être polie quand elle était ainsi perturbée. Elle tira les rideaux pour faire entrer la lumière dans la pièce et se dépêcha de regrouper toutes les feuilles qui jonchaient le sol.

- Désolée pour le foutoir, Nico. J’ai honte de t’accueillir comme ça, mais j'ai été un peu débordée alors.... Fais comme chez toi, je t'en prie. Tu veux boire quelque chose ?

Quelques jours plus tôt, tu avais eu un message de la part de Robin. Une amie avec qui tu partages cette même passion pour l’art de la musique. Avant, vous jouez régulièrement ensemble quelques partitions. Chacune sur son instrument favori. Mais les choses ont dû changer suite à certains événements. T’es donc heureuse d’avoir trouvé un moment à vous accorder. Reprendre ce qui te manque cruellement. Jouer quelques morceaux avec Aaron n’est pas aussi satisfaisant. Bien qu’il soit un très bon musicien lui aussi. Toujours accompagné de Némo, ton Beagle, tu arrives enfin chez Robin, et sonnes. Tu n’as pas apporté ton violoncelle, mais ton violon. Il dort depuis plusieurs jours, il est temps de le dépoussiérer. La porte s’ouvre enfin, et suite à une rapide bise de la part de la blonde, tu refermes derrière-toi la porte d’entrée de son logement. Tenu en laisse, Némo est sage. Il a bien grandi et ne ressemble plus à ce petit chiot. Il reste encore parfois un peu fou, mais sait mieux se tenir lorsqu’il vient avec toi. Il te suit partout où tu vas. Même au travail, ce qui ne semble absolument pas déranger tes bosses. Fort heureusement, car tu ne te vois pas le lancer chez toi. Tu regardes donc ton amie s’empresser de ranger son petit bazar. « Houlà, des lutins ont saccagé ton salon ? Je suis venue avec Némo, j'espère que ça ne te dérange pas. » Tu te mets à rire, bien que tu te fiches complètement de voir un endroit en foutoir. T’es loin d’être la reine du rangement. « T’en fais pas, mais si tu es occupée je peux revenir plus tard, et faire une ballade. Ça ne me dérange pas. » Le mot ballade fait réagir ton chien, qui se met à te regarder avec tes yeux brillants. Il réagit parfaitement à ce mot qui veut dire pour lui qu’il va pouvoir se dégourdir les pattes pendant plusieurs minutes. Il n’est pas vraiment habitué à rester enfermer longtemps. Régulièrement, tu le sors quand tu es chez toi, et au travail, tu fais tes pauses en sa compagnie. Il est constamment libre de ses mouvements. Tu refuses de devoir le cloisonner dans un petit espace.