(björn) leave the light on.

dix-neuf heures ta journée touche à sa fin. une soirée d’inauguration du lancement officiel de l’application a lieu ce soir, alors tout le monde doit sortir à la même heure afin de se rejoindre là-bas le plus tôt possible. la soirée à lieu au pointe plaza hôtel. lieu simple. pas tape à l’œil du moins c’est ce que tu avais entendu sur cet hôtel, mais tu sais aussi qu’il a été racheté récemment. soirée entre collaborateurs, alors pas de robe hors de prix. pas de maquilleuse. pas de coiffeuse. il est vingt heures quand tu arrives chez toi. tu prépares minutieusement toutes tes affaires pour demain puisque tu sens que ça va s’éterniser. tu te douches. ce genre de soirée, ne te dérange pas plus que ça. le lieu et sympa et tu connais la totalité des personnes qui seront présentes. tu manges une barre de céréales. tu te brosses les dents et tu files sous la douche. tu ne t’attardes pas puisque tu ne comptes pas arriver en retard. tu te sèches le corps, sèche tes cheveux et tu enfiles de la lingerie. tu farfouilles dans ton dressing. tu avais choisi une tenue il y a deux jours, mais tu n’es pas certaine de ton choix. c’est beaucoup plus facile quand leeo choisit pour toi. une simple soirée entre collègues. il n’y avait aucun dress code, mais tu n’as pas pu t’empêcher de glaner quelques informations par-ci par-là dans le but d’être dans le même ton que tout le monde. ne pas arriver en robe et escarpins si tout le monde est en jean et en baskets ou inversement. tu regardes l’heure sur ton portable. tu restes dans les temps. tu optes pour une jupe en simili-cuir. un pull fin noir. tu essayes le haut est légèrement transparent, mais reste très sobre puisque tu avais choisi des sous-vêtements noirs. tu passes par la case maquillage. rien de bien élaboré. du mascara un peu de rouge à lèvres et le tour est joué. tu enfiles quelques bijoux et tes bottines noires au-dessus de la cheville. tu te regardes quelques secondes dans le miroir ça te semble presque bon. le bruit de l'interphone résonne en arrière-plan. des collègues. tu leurs ouvres la porte de l’immeuble. tu ouvres la porte avant qu’elles n’aient eu le temps de sonner ou de toquer. tu les laisses entrer. « entrez c'est ouvert. » tu proposes à boire. tu reçois une notification sur ton portable qui rappelle la soirée et qui donne toutes les informations nécéssaire. elles acceptent et tu les sers. vous papotez pendant que tu commences a boucler tes cheveux. les filles te préviennent que le van est arrivé. vous descendez, rentrez dans le van et rejoignez l’hôtel. vous êtes pile à l’heure. il y a déjà une dizaine de personnes présentes certainement celles qui devaient s’occuper que tout soit parfait. tu reçois un appel. tu t’éclipses. une fois de retour une de tes collègues t’interpelle. « je pense qu’on en aura besoin. » qu’elle te dit. tu fronces les sourcils. elle attire ton regard dans une autre direction et tu comprends. tu prends la petite bouteille qu’elle te tend. l’alcool ne coulera pas à flot, puisque demain vous travaillez tous et que c’est apparemment la femme de leeo qui a à tout prix voulu se charger de la partie buffet et boissons. tu sais d’avance que sa manœuvre n’est pas désintéressée. toi, ce buffet ne t’embête pas réellement, mais tu sais pertinemment que ce n’est pas le cas de tous et puis ce soir, tu aurais bien bu une coupe -ou deux- sa présence aidant, tu penses qu’un peu d’alcool ne pourrait pas te faire de mal, mais sur les tables des bouteilles d’eau, des jus de légumes ou de fruits pressés à froid, des bentos végétaliens, des soupes et sept variétés de shots santés différents. tu n’es pas spécialement attirée par l’alcool, mais le voir en sa compagnie, c’est au-dessus de tes forces. tu ne peux décemment pas quitter la soirée sans attirer les soupçons. ils forment le couple idéal. celui qu’on pourrait retrouver en papier glacé dans les magazines people. toi t’es juste une erreur. tu ne peux t'en prendre qu'à toi alors tu tentes de faire bonne figure. tu salues quelques personnes. tu passes devant leeo et sa femme. t’es polie un simple signe de tête qu’il te rend, mais pas elle. tu n’y prêtes pas plus attention que ça. cinq minutes passent. leeo sollicite votre attention pendant que trois serveurs font le tour de la pièce et passent avec des coupes et une fois que nous avions tous une coupe en main il remercie tout le monde d'être présents avant d'effectuer son discours. vu la manière dont elle se colle à lui tu serais prête à avaler cette coupe d’une seule et unique traite si ça ne risquait pas de faire désordre. vous levez tous vos verres. tu applaudis d’une main. tu bois des bouts des lèvres. tu dois faire bonne figure alors que tu n'as qu'une seule envie c'est de prendre la poudre d'escampette. tu finis ta coupe et tu cherches du regard un serveur ou quelqu'un qui travaille ici qui pourrait te procurer un verre de vin et tu trouves contre un petit billet. tu fais le coup deux ou trois fois de plus. tu ne comptes plus et puis elle l'embrasse. tu souffles un bon coup. tu sais qu'ils tiennent à leur image. t'aperçois un homme que tu n'as jamais vu alors que tu travailles depuis plusieurs années dans cette entreprise. l'alcool aidant tu as eu cette idée formidable. s'il se permettait de la laisser se montrer aussi tactile et aussi entreprenante alors que tu es présente. tu vas faire de même. « bonsoir. vous êtes nouveau et vous travaillez dans quelle service ? » tu demandes curieuse. t’es clairement pas polie et tu réalises ça seulement après, alors tu rectifies le tir. « je suis ana et je suis assistante de direction ... pour monsieur deisler. » tu espères qu’il va en faire de même. tu ne l’as jamais vu avant cette soirée.

« pareillement » il ne travaille pas dans l’entreprise. tu t’en doutais un peu à vrai dire. tu as beau être l’assistante de leeo tu es souvent amenée à aller dans les différents pôles de l’entreprise et à moins qu’il ne soit stagiaire -dans ce cas ce n’est que le ou les pôles en question concernés qui sont au courant et ton frère puisque c’est lui qui s’occupait de valider ou non les demandes de stage-, leeo présente toujours tous les nouveaux collaborateurs et astuce irrémédiable pour savoir s’il fait parti de l’entreprise : le tutoiement. ici, tout le monde tutoie tout le monde. sauf en ce qui concerne leeo et ton frère. personne n’osait vraiment le faire, même si eux de leurs côtés le faisaient. tu essayes de reprendre totalement tes esprits. leeo n’avait jamais évoqué qu’il y aurait quelqu’un d’une entreprise sous-traitante à cette soirée. sinon tu te serais abstenue de boire quand bien même le spectacle de l’amour fou entre leeo et sa femme te mettait dans une situation particulièrement désagréable. tu irais même jusqu'à dire que la situation est particulièrement gênante. c’est toi et seulement toi qui avais choisi d’y mettre un terme. tu ne peux t’en prendre qu’à toi ou plutôt à ta foutue raison qui t’a empêché de vivre cette histoire. plus elle se montrait tendre et affectueuse plus tu avais envie de boire et vu que tu n’avais rien dans l’estomac ce n’est pas vraiment une bonne idée. en cinq ans, c’est la première fois que tu es obligée de la côtoyer pendant autant de temps. en général, tu ne la voyais au plus pendant dix minutes, quand elle venait demander sa carte bancaire à leeo ou pour lui emprunter ses clefs de maison ou sa voiture. dans ces cas-là, jamais elle ne te disait bonjour ou bonsoir. elle se contente de demander si leeo est occupé. si c’est le cas, elle s’assoit en face de toi, mais ne t’adresse en aucun cas un mot de plus. ils sont vraiment différents. ça ne t’étonne pas que leurs fiançailles aient durées en longueur. il te questionne sur ton boulot et sur la soirée. « depuis cinq ans, je suis arrivée à new york et j’ai eu le poste. parfaitement bien, mais ça serait plutôt à moi de vous poser cette question. » tu commences. leeo est occupé ton frère en voyage d’affaires donc c’était à toi d’être certaine qu’il passe une bonne soirée et non à lui de s’inquiéter du déroulement de ta soirée. « vous profitez de votre soirée ? » tu le questionnes. si ce n’était pas le cas, tu devais faire en sorte d'inverser la vapeur du moins si c’est encore faisable. « vous avez besoin de quelque chose ? » tu préfères vérifier deux fois. juste pour être certaine. il se présente. il s’appelle donc karl. « enchanté karl. j’en ai pour deux petites minutes. » tu t’éclipses et tu reviens avec deux jus, deux shots et un verre. tu ne pouvais décemment pas soudoyer les serveurs pour deux verres encore moins devant karl et tu estimais que tu avais suffisamment bu pour ce soir. tu ne sais pas si la femme de leeo a été prévenue de sa venue. si c’est le cas un vin aoc grand cru ou encore un champagne millésimé n’aurait pas été de trop en présence d’une personne venant d’une entreprise sous-traitante. « chou frisé, épinard, laitue romaine, persil, concombre, céleri et citron ou cèleri et citron pour les jus. » tu marques une pause. tu as presque envie de t’excuser, mais tu te dois d’être en accord avec ce qu’elle a organisé au niveau des boissons et de l’alimentation alors tu fais bonne figure. « safran, citron, noix de coco, eau filtrée et poivre noir pour les shots. » toi tu avais opté pour le plus fort le shot safran, citron, noix de coco, eau filtrée et poivre noir. une fois son choix fait. tu trinques avec karl. « à votre entreprise, la mienne, à cette collaboration fructueuse et à cette application. » application qui facilite les journée. plus besoin de courir à droite et à gauche pour faire valider des devis, signer des documents, faire passer des notes dans un pôle ou l’autre et surtout, tu pouvais communiquer facilement grâce à cette application avec chacun des collaborateurs. tu réussis à boire d'une traite le shot. un bon coup de fouet. pile ce dont tu avais besoin.

karl t’affirme qu’il passe une bonne soirée ça te rassure un peu et il n’oublie pas de te signaler au passage que tu as de la chance de travailler dans une bonne ambiance. tu lui adresses un sourire. « c’est vrai que c’est rare ... je suis consciente de la chance que j'ai d'aller travailler là-bas tous les jours et surtout d'avoir débuté ma carrière là-bas. » le cadre est idéal. l’ambiance est bonne. il y a beaucoup de travail, mais ça ne te fais absolument pas peur. pour preuve ta passion pour ce travail a même été l’élément déclencheur de ta rupture. tu connais que cette entreprise. tu as commencé là-bas et tu resteras certainement là-bas un bon bout de temps. du moins, si tout se passe bien et surtout si leeo a toujours besoin de toi. tu remarques rapidement qu'il n'a aucun verre devant lui. tu veux corriger le tir. après lui avoir signalé, tu t’éclipses deux petites minutes pour chercher de quoi boire. rien de bien folichon. t'as presque envie de t'excuser. tu en profites pour jeter un coup d’œil sur leeo. tu te pinces les lèvres. tu es en train de te faire du mal pour rien. tu reviens vous trinquez. apparemment l’application n’est pas le dernier projet que son entreprise va vous aidez à réaliser. alors là, tu ne sais pas à quoi joue leeo. pourquoi il n’est pas présent à ses côtés ? alors qu’il va certainement à nouveau collaborer avec son entreprise. tu ne le comprends pas vraiment ce soir. tu as du mal à le suivre. à comprendre pourquoi c’est sa femme qui s’est occupée du buffet ? pourquoi est-ce qu’elle est présente à cette soirée ? des questions qui resteront sans réponse. malheureusement. pour le coup tu es toute seule avec lui, c’est certainement la première fois en cinq ans que ça arrive. tu as intérêt à donner une bonne image de l’entreprise. c’est malheureusement pas la soirée idéale pour toi. le rôle de l’assistante de direction parfaite et souriante va être difficile à tenir, mais il ne te laisse pas vraiment le choix leeo pour le coup. alors tu dois rester professionnel en toute circonstance, même avec quelques verres en trop. tu as dû boire trois petits verres. remplis jusqu’à la moitié à chaque fois. ce qui représente. un verre normal de vin. alors tu mets plus la faute de ton comportement. qui se veut un peu trop sans gêne selon toi sur la coupe de champagne. tu n’avais vraiment pas l’habitude. tu lui laisses le choix. toi, tu avais déjà décidé avant d’aller le chercher. tu optes pour le shot. ça allait te remettre d’aplomb plus rapidement. tu ne sais pas combien de fois, tu avais usé de ce genre de jus. tu savais que le meilleur moyen de le terminer. du moins pour toi, c’est de le boire en une seule fois. toujours la même sensation à la fin, mais ça avait le mérite d’être moins désagréable que de le boire en plusieurs fois. il te propose d’aller te chercher un shot. visiblement un serveur a corrigé le tir durant ta courte absence. « c’est gentil, mais je dois refuser, sinon je vais me transformer en pile électrique demain je travaille alors je vais me contenter des jus. » généralement t’en prends un le matin. tu n’es pas sûre qu’en prendre un peu de temps avant de dormir soit une bonne idée, mais ça avait le mérite de te remettre les idées en place. tout le monde autour de vous semblait se montrer raisonnable à ce niveau. tu refuses aussi poliment que possible après lui avoir adressé un sourire. tu as déjà bu plus que de raison donc plus de shot ni d’alcool pour toi. demain, tu allais passer ta deuxième journée type avec certainement en prime des maux de tête. tu remarques que sa coupe est vide. tu ne pouvais plus boire, mais lui ne travaille pas pour leeo donc il pouvait avoir une seconde coupe de champagne. « mais je vais quand même trinquer avec vous. » tu interpelles un serveur pour lui demander une autre coupe de champagne pour lui et une coupe vide pour toi. il revient avec dans la minute qui vient, tu le remercies et tu glisses dans sa main un billet de vingt dollars. tu verses le jus chou frisé, épinard, laitue romaine, persil, concombre, céleri et citron dedans. « je ne sais pas trop à quoi on peut trinquer … je crois bien qu’on a bien fait le tour la première fois. » tu lui adresses un sourire. « à cette soirée et à ce lieu d’exception peut-être ? » tu le questionnes. il a peut-être une meilleure idée que la tienne même si le lieu est splendide. leeo a bien choisi. comme toujours, tu as envie de dire. il a toujours un coup d’avance sur tout et cela se confirme encore ce soir. il pense que tu n’apprécies pas la soirée. il est certainement loin du compte. « si je vous assure… je suis un peu fatiguée, c’est tout, il n’y a rien de plus vraiment, mais je suis contente d'être ici et d'être en aussi bonne compagnie. » si il y a des choses en plus. c’est juste qu’on est vendredi soir, que tu as bossé toute la semaine, que demain tu remets ça et que ton patron est venu avec sa femme alors qu’il y a quelques semaines, c’est toi qu’il embrassait sur son bureau. tu ne pouvais décemment lui dire ce qui n’allait pas dans cette soirée, mais tu es tout de même ravie de ne pas être seule. tu sens un regard insistant sur toi. tu ne tournes même pas les yeux, tu sais de qui il s’agit. leeo et en l’espace de quelques secondes, tu ne sens plus son regard sur toi. « vous êtes né à new york ? » tu le questionnes. tu n'as pas l'impression qu'il soit né ici, mais parfois les impressions sont mauvaises. « si vous me trouvez trop indiscrète, il faut me le dire. n'hésitez pas. on a deux règles dans cette entreprise : on se tutoie tous et on ne parle jamais travail lors des soirées ou alors très peu et ça juste à la fin. » tu commences. « et vous êtes bien évidemment autorisé à me rendre la pareille. » autrement dit ça marche dans les deux sens. tu préfères lui préciser.