Mutinerie ft. Nina Bae

Ça sentait franchement la journée de merde...

Vous connaissiez ce sentiment ou pas ? Cet espèce de pressentiment que la journée allait être pourrie et qu'un truc allait s'inviter dans votre vie pour vous casser les couilles... Et bah c'était ce que je ressentais là. Je savais pas pourquoi, mais j'étais persuadé que quelqu'un était décidé à me faire chier.

J'étais au bureau tôt, comme souvent, dans mon costume entièrement gris, même si beaucoup de connards dans cet immeuble aimaient dire dans mon dos que j'étais un glandeur qui n'en branlait pas une ici. J'avais souvent l'air d'errer sans but dans les couloirs, donc je pouvais pas leur en vouloir. Et puis, c'était important de laisser aux gens la liberté d'expression. D'ailleurs, je ne m'interdisais pas le droit d'exercer ma liberté d'expression à moi en leur crachant à la gueule quand je le voulais. Tous ces minables se prenaient pour plus importants qu'ils n'étaient.

C'était même pas méchant avec eux, mais j'étais le fils du grand patron, et j'avais la charge de tout mon étage. Est-ce que qui que ce soit dans ce bâtiment pouvait en dire autant ? Non. J'étais le seul à pouvoir dire ça. Donc sans vouloir me vanter, je n'étais pas n'importe qui ici, j'avais un peu de valeur, alors que ces crétins étaient tous comme les meubles, c'est à dire qu'on pouvait s'en débarrasser pour refaire le bureau à neuf quand ça nous chantait.

J'étais le seul à l'étage. Pas de secrétaire, personne dans les bureaux, aucun de mes présentateurs, personne de la logistique... Il n'y avait que moi. C'était calme en leur absence. Difficile d'imaginer que c'était la cohue dans ces bureaux aux heures de pointe pendant le journal. C'était presque apaisant d'être ici dans ce calme et dans la pénombre, mais... ça changeait rien au fait que cette journée puait la merde. J'y pouvais rien, y'avait un sale truc qui flottait dans l'air...

Minute après minute, le bureau commença à se remplir, chacun commençant à se mettre au travail en temps et en heure... Tout le monde se mettait à bosser... tout le monde sauf tous les abrutis de la météo... et je parle même pas de cette salope de Nina qui était toujours pas là. Je détestais qu'elle soit en retard. Ça m'empêchait de poser les yeux et les mains sur elle, et c'était particulièrement frustrant. Certains avaient besoin d'un café pour bien commencer la journée, moi j'avais besoin de toucher le cul de Nina. Chacun son truc hein, je jugeais personne, alors me jugez pas non plus.

Bref, l'asiat était pas là, alors j'avais d'autres problèmes plus urgents à gérer. Et je veux dire par là que tous les glands de la météo avaient l'air de pas en glander une et d'attendre dans un coin. Ils me faisaient quoi ces merdeux ?

C'est après un long soupir que je décidai d'aller à leur rencontre. Ils étaient rassemblés dans un coin, et ils se mirent limite à prendre peur et à se cacher à mon arrivée. A part bien sûr les quelques malins qui se prenaient pour les représentants du peuple et qui restaient pour me faire face. Je sentais comme un vent de mutinerie flotter dans l'air désormais. Ces gens se croyaient à bord d'un vieux navire et espéraient avoir la tête du capitaine ? Je les ferais tous bouffer par les requins s'ils étaient pas contents ces chiens.

Ils m'apprirent qu'ils avaient décidé de ne pas travailler aujourd'hui. … Pardon ? J'avais bien entendu ?

Les bouffons voulaient qu'aucune météo ne soit diffusée aujourd'hui, et ils s'étaient tous mis d'accord pour militer... militer contre moi. Leur liste de reproches et de demandes était relativement absurde, et je ne comptais pas céder devant de vulgaires rats juste bons à quitter le navire.

Ce qu'ils voulaient ? Tout un tas de trucs de merde... Ils se plaignaient de l'ambiance que je faisais régner sur leur lieu de travail, se plaignaient de la façon dont je les traitais. Ils se plaignaient aussi du manque de reconnaissance ou d'opportunités que la direction leur offrait, de leurs salaires pas assez élevés, ou du salaire beaucoup exorbitant que je versais à Nina. Puisque je détestais ce genre de comportement, je choisis de leur répondre en leur disant d'arrêter leur merde et de retourner bosser, ce qui les fit se planquer dans un coin pour protester.

Putain...

Je le savais. Une bande de guignols qui allait me casser les couilles... Putain, la journée commençait à peine, et je me retrouvais à devoir gérer une bande de fils de putes mécontents... Comme si j'en avais quelque-chose à foutre de leurs états d'âme à la con, moi...
D'ailleurs, j'allais avoir deux mots à échanger avec ma secrétaire, parce qu'à part elle, je ne voyais pas qui avait pu sortir le salaire de Nina... à moins que cette débile de chinetoque ait lâché l'info au reste de son équipe elle-même... elle serait bien assez conne pour faire ça, disons qu'elle avait pas le cerveau le plus gros de la Terre. C'était une putain de chinoise hein, pour écarter les cuisses y'avait du monde, mais pour réfléchir, c'était plus difficile.
Mais on verrait ça plus tard.

Les tristes clochards avaient fait leurs demandes. Tout gars normal aurait donc réfléchi à la façon de leur donner ce qu'ils voulaient pour que la météo puisse se tenir comme prévu aujourd'hui, mais... je n'étais pas un gars normal. Ce que je voulais moi, c'était trouver un moyen de faire en sorte que la météo se déroule comme prévu sans avoir besoin de la quasi-totalité de ces abrutis, pour bien leur montrer qu'on pouvait se passer d'eux, et qu'ils reviennent en rampant par la suite. C'était ce que je voulais, et c'était ce que j'obtiendrais, parce que j'avais toujours ce que je voulais.

Et si je voulais pouvoir me foutre de la gueule de ces chiens et faire en sorte que le météo se déroule aussi parfaitement que possible, il me fallait déjà une chose avant tout : ma Miss Météo. Et cette connasse était toujours pas là, parce que ça l'amusait visiblement d'être en retard PILE LE JOUR OU J'AVAIS BESOIN D'ELLE !
On se calme...
J'étais sûr qu'elle allait arriver d'une minute à l'autre et que j'allais pouvoir régler ce problème de merde sans avoir à m'énerver. On se relaxe, on relâche la pression, et on attend...

Je pris la direction de l'ascenseur afin de l'attendre. Je jetai un regard à mon téléphone, remarquant que je n'avais pas de nouveau message. Oui, ce que je redoutais le plus à cet instant, c'était un petit message de merde de sa part disant : « Je suis malade, je peux pas venir », parce que ça, ça aurait foutu tout mon plan en l'air.

Et je me mis simplement à patienter plus ou moins tranquillement, m'impatientant plus qu'autre chose devant l'ascenseur. Je profitai aussi de l'attente pour mettre mon plan en route et placer mes pions. Même si je traitais tous ces abrutis comme de vulgaires merdes, je savais quand même qui faisait quoi dans cette équipe, et de quoi truc ou machin étaient capables. Donc le but était très simple : récupérer deux ou trois dissidents prêts à travailler en échange d'une contrepartie qui ne me coûterait pas grand-chose, et coller cette pute de Nina devant la caméra dans une petite tenue comme tous les jours pour annoncer le froid, le vent et tout ce qui va avec. Je savais déjà vers qui me tourner. Ils avaient beau faire les rebelles, certains espéraient tellement une évolution de carrière ou quelques petits bénéfices ridicules que ce serait d'une simplicité enfantine de soudoyer les membres de l'équipe dont j'avais besoin pour que les choses se déroulent parfaitement.

… Mais tout ça ne serait pas possible si cette salope ne foutait pas les pieds dans le bureau... Putain, elle attendait quoi au juste ?! J'avais vraiment envie de la... … Putain de merde... On se calme mon grand, malgré ton envie féroce de lui cracher en pleine gueule quand elle arrivera, on se retient, parce que c'est pas le moment de se battre là...

Okay... on se calme... et on attend la chaudasse.