back to you - eliza&warner

Elle n’a pas spécialement peur en voiture. Elle n’a certes toujours pas son permis de conduire mais ça ne veut pas dire qu’elle n’est pas à l’aise. Elle pourrait très bien s’y mettre avec un peu de motivation. Et d’argent surtout. Mais clairement, à New York, ce n’est pas le plus utile. Si elle vient à quitter la ville pour un endroit un peu plus calme, peut-être que ça deviendra une priorité, mais avec toutes les solutions qui existent aujourd’hui, elle peut très bien s’en passer. Elle a totalement confiance en Warner pour la ramener en un seul morceau chez elle, ce n’est même pas la première fois qu’ils passent un trajet tous les deux. C’est pour ça qu’elle ne panique pas lorsqu’il freine un peu trop brusquement, ou qu’elle se cogne la tête et réalise qu’elle saigne. Si elle est encore en état de parler ou de penser clairement, ça ne peut pas être bien grave. Ce n’est pas un peu de sang qui va la mettre ko. Instinctivement, elle porte quand même la main à son front, et elle constate qu’elle saigne effectivement. Ce n’est vraiment pas son souci, ce qui l’inquiète c’est plutôt la voiture. Elle a un beau sens des priorités parfois. « Ca va, on va pas aller embêter un médecin pour une petite égratignure. » Elle demandera à Daisy de la regarder au pire, mais ça ne lui parait pas urgent. Elle ne se sent pas si mal. Pas de vertige, pas d’étoiles qui dansent devant les  yeux. « Arrête de t’excuser, je te dis que je vais bien. On va pas laisser la voiture là de toute façon, et on va encore moins appeler un taxi ou une ambulance. »  Elle ne va pas le laisser seul sur le bord de la route alors que c’est de sa faute s’il se trouve là. C’est pour elle qu’il a pris la route après tout. « Si ça peut te rassurer, je dirais pas à Daisy comment je me suis ouvert le crâne. » Si c’est bien ça qui le met dans cet état. Elle fouille quand même son sac à main pour essayer de trouver de quoi essuyer le sang qui coule. Une fois fait, elle se tourne à nouveau vers Warner. « On devrait peut-être sortir non, aller voir si tout va bien dehors ? »

Elle saigne. Elle ne s’en est pas aperçue tout de suite, mais elle saigne. Elle s’est légèrement ouvert le crâne, une toute petite éraflure en haut du front. Ca ne la fait pas paniquer, loin de là. Elle a déjà eu pire, et elle ne se sent pas si mal que ça. Ca la lance un peu, bien sûr, mais elle ne se sent pas prête à tomber dans les pommes et c’est bon signe, non ? Warner a l’air beaucoup plus inquiet qu’elle pour le coup, et elle le trouverait presque ridicule. Soit c’est lui qui en fait trop, soit elle qui ne s’inquiète pas assez, mais elle n’a pas envie d’aller passer sa soirée à l’hôpital. Elle a juste envie de rentrer chez elle, retrouver son lit et dormir pendant plusieurs jours d’affilée. La fatigue la pèse plus que jamais en cet instant, elle n’avait pas remarqué avant à quel point elle était fatiguée. Là encore, pas de quoi s’alarmer pour elle, mais Warner insiste. « Si je te promets que je montre ça à Daisy en rentrant, tu vas arrêter de t’inquiéter ? » Sa soeur va surement la tuer, et Warner aussi par la même occasion, mais si ça peut lui éviter de faire un crochet par l’hôpital… L’avantage de vivre avec sa soeur infirmière. Elle ne sait juste pas quand elle va pouvoir la voir, étant donné qu’elle est censée travailler ce soir, ce qui n’était pas prévu au programme. Qu’est ce qui peut bien lui arriver de toute façon ? Elle peut bien attendre. Puis pour le moment, ils sont coincés là. « Le choc n’était pas si violent, il ne peut pas y avoir tant de dégâts que ça… Si ? » Elle n’est pas rassurée quand même. Il faut vraiment qu’ils aillent constater les dégâts… Warner sort de la voiture, et Eliza le suit sans attendre. Elle s’est sans doute levée trop vite puisqu’elle se sent vaciller en sortant, mais elle ne s’en soucie pas vraiment. Avec la circulation, elle préfère d’abord s’inquiéter de ne pas se faire renverser. La pauvre voiture de Warner est bonne pour la dépanneuse. Elle ne sait même pas s’il y a quelque chose à faire, à ce point-là. « Ca va pas, je vais pas te laisser tout seul là. » Qui sait quand une dépanneuse pourra le rejoindre ? C’est un grand garçon, mais elle se sent responsable de ce qui est arrivé étant donné qu’il n’aurait jamais dû se retrouver sur la route à cet instant précis. « On prendra un taxi si tu veux après, mais je vais pas te laisser attendre seul au bord de la route. » Puis elle commence à se sentir de plus en plus fatiguée, et elle n’a pas très envie de prendre un taxi toute seule, très honnêtement. « Je te laisse régler tout ça avec l’autre folle là, appeler là dépanneuse et tout, je vais aller m’asseoir et t’attendre sagement là bas. » dit-elle en montrant l’espace derrière la barrière de sécurité.

Elle n’a pas envie de s’occuper de la voiture accidentée. Ca dépasse ses compétences de toute façon, elle ne sait pas conduire et ça ne l’intéresse pas plus que ça. Puis elle sera mieux, assise derrière la barrière de sécurité. Pas forcément plus utile, mais au moins elle n’aura pas à attendre debout sans comprendre ce qu’il se passe sous son nez. Elle soupire presque quand elle s’assied. Elle espère sincèrement que ça ne va pas prendre trop de temps, parce qu’elle ne tient pas à passer la nuit ici. Elle n’a pas eu envie de partir et laisser Warner, mais une toute petite part d’elle-même rêve de ce fameux taxi qui l’emmènerait loin d’ici, vers son lit tant désiré. D’ailleurs, elle ferme les yeux un instant. Ca lui fait du bien, plus qu’elle ne l’aurait pensé. Elle se rend compte qu’elle a peut-être un peu sous estimé la violence du choc. Ca la lance de plus en plus, elle sent arriver la migraine qui ne la quittera pas de si tôt. Mais ce n’est pas pour ça qu’elle envisage d’aller voir un médecin quand même. Ca plus et la fatigue accumulée, ça pourrait expliquer son mal de crâne. Elle n’a pas pu examiner sa blessure précisément, mais elle ne peut pas s’être tant ouvert que ça, si ? Elle ne sait pas combien de temps s’est passé depuis qu’elle est allée s’asseoir, mais la voix de Warner la sort de sa rêverie, et elle ouvre difficilement les yeux. « Je sais pas, je pense que le décalage horaire et la fatigue me rattrapent. Je suis fatiguée. » Elle baille comme pour faire preuve de bonne foi, s’en convaincre ou convaincre Warner, elle ne sait pas trop. Elle l’écoute lui expliquer comment va se dérouler la suite puis elle hoche la tête avant de fermer à nouveau les yeux et de poser la tête sur son épaule, sans trop réfléchir. Ils n’ont rien de mieux à faire qu’à attendre de toute façon. « Oui on pourra aller dans une pharmacie si c’est la seule façon pour toi d’arrêter de t’inquiéter. » Elle a essayé plusieurs fois de marchander, mais elle n’a rien obtenu jusqu’ici. Elle n’a plus la force de se battre, alors elle imagine que c’est bon compromis. Elle ne sait juste pas ce qu’un pharmacien pourra faire pour une plaie à la tête, mais elle n’en dit rien.  « Désolée que tu aies eu à venir me chercher en tout cas. Si ça n’avait pas été le cas, on serait pas là à attendre sur le bord de la route, et t’aurais pas à faire réparer ta voiture. » ajoute-t-elle, les yeux toujours fermés, la tête toujours posée sur son épaule. Elle pourrait presque s’endormir comme ça, elle est bien. Elle n’a presque pas conscience que ce n’est pas forcément approprié, ou en tout cas elle choisit de l’ignorer.

Elle a presque réussi à oublier la situation dans laquelle elle se trouve. La voiture accidentée de Warner à quelques mètres. La circulation toujours aussi intense à quelques pas. Sa tête reposant sur l’épaule de son ex petit-ami comme si c’était tout à fait normal. Elle n’est pas loin de sombrer malgré tout ça, la seule chose la rappelant à la réalité étant son mal de crâne qui s’intensifie avec le temps, semble-t-il. Mais elle n’a pas le courage de bouger, ni même d’ouvrir les yeux. Paradoxalement, elle espère que la dépanneuse ne sera pas là tout de suite, pour pouvoir juste se reposer un peu plus longtemps. « C’est mieux que de rester dans la voiture. Moins confortable certes, mais aussi moins dangereux. » Elle ne commente pas le fait qu’elle ait pris la liberté de poser sa tête sur son épaule. Elle se sentirait obligée de la retirer si c’était le cas, et elle n’en a pas franchement envie. De toute façon il reprend la parole presque immédiatement, l’empêchant de dire quoi que ce soit. Elle n’est pas très convaincue par ce qu’il dit, elle n’est pas sûre qu’un tour à la pharmacie soit très utile, mais c’est toujours mieux que l’hôpital alors elle peut bien lui accorder ça. « Et après tu me ramènes chez moi hein ? » C’est bien juste pour ça qu’elle ne veut pas aller à l’hôpital. Elle veut retrouver son lit. Elle aura tout le temps de s’occuper de sa tête demain, si jamais elle a encore mal. Peut-être. Encore une fois, elle persiste à penser que ce n’est pas si grave étant donné l’intensité si faible du choc entre les deux voitures. Ca ne l’empêche pas de s’excuser encore une fois d’avoir fait déplacer Warner. Elle est prête à participer aux réparations d’ailleurs, s’il laisse faire. « Parce qu’il y a un moment idéal pour avoir accident ? » Elle sourit, les yeux toujours fermés. La seule chose qu’elle peut faire à ce stade, c’est parler et avoir des réactions faciales. Sinon, c’est trop dur. Malheureusement, l’heure de se lever et arrivée puisque la dépanneuse est là. Déjà, enfin, selon les points de vue. Elle ouvre les yeux difficilement, puis s’éloigne de Warner qui quelques secondes plus tard est déjà levé. Elle lui tend la main pour qu’il l’aide à se relever à son tour, ce qu’elle trouve difficile là-aussi. Les vertiges commencent, et ça l’inquiète un peu, elle doit l’avouer, mais elle refuse de le dire. Pas alors qu’elle est si près du but. « Vas y, je vais commander un Uber. » dit-elle après quelques secondes pour reprendre ses esprits, avant de sortir son téléphone. Elle n’a qu’une envie c’est de s’asseoir et de fermer les yeux à nouveau. La réservation faite, elle rejoint le jeune homme qui est en train de parler au dépanneur. Elle doit attendre qu’il ait fini et que la voiture soit bien attelée pour prendre la parole. « La voiture sera là d’ici cinq minutes a priori. » l’informe-t-elle avant de soupirer. Elle a vraiment besoin de s’asseoir. Maintenant.