disappointment. (tessa)

onze heures. tu sors de ton bureau. tu laisses la porte est grande ouverte, comme d’habitude. tu descends. tu vas au service de comptabilité. récuperer des documents sur lesquelles tu plancheras dans quelques heures. une fois les documents récupérés. « bonjour. » tu avais eu l’occasion de travailler dans ce service pendant quelques jours lorsque tu as été embauchée. pendant ses quelques jours, tu as travaillé les trois-quarts du temps avec lui. tu lui adresses un sourire. tu t’apprêtes à repartir, mais il te propose une boisson. « de l’eau ? » tu hoches la tête. « je veux bien. » il sort de son bureau. il se dirige vers le distributeur. il tend la bouteille que tu prends. vous restez quelques instants sur le pas de sa porte. tu lui proposes ton aide. lui précisant que tu ne trouves plus rien à faire. tu n’es pas très calée en comptabilité. ce n’est pas vraiment ton domaine en même temps, mais tu arrives à te débrouiller et ça il le sait. travailler à deux lui permettra d’avancer un peu plus vite de gagner un peu de temps. il accepte. tu prends une chaise. chaise que tu positionnes à coté de la sienne. tu sors ton étui de lunette. tu poses ton sac sous la chaise. tu mets tes lunettes. vous parvenez assez vite à boucler l’ébauche du budget. « t’as encore des bons restes. » tu esquisses un sourire. « donc je peux me considérer comme embauchée ? » tu n’envisages pas une seule seconde de changer de métier, mais on ne sait jamais. « absolument. » qu’il répond avec un léger rictus sur les lèvres. « tu déjeunes ici à midi ? » tu secoues la tête. « non pas aujourd’hui, je déjeune dehors. » tu esquisses un sourire. « la brune aux yeux bleus qui vient souvent ? » t’es surprise, mais tu réponds tout de même. « tessa oui. » il grimace du coup, tu ne peux pas t’empêcher de vouloir en savoir plus. il t’explique qu’il trouve qu’elle pose vraiment beaucoup trop de questions sur davon. t’es tentée de lui dire qu’il est un peu trop méfiant voire même paranoïaque, mais tu te remémores les derniers mois et tu te rends compte que finalement, il n’est peut-être pas autant que tu le pensais. tu rassembles les pièces du puzzle et il a raison. trop gros pour n’être qu’une simple coïncidence tessa ne t'a parlé pratiquement que de davon. habilement certes, mais c’était principalement davon par-ci davon par-là. tu n’es pas la seule qu’elle a questionné. alors forcément, tu crains le pire. comment elle a pu faire ça ? comment elle a pu te faire ça surtout ? t’en as besoin de ce boulot, c’est loin de ne représenter qu’un loisir. t'en as vraiment besoin ce boulot te permet de payer ton loyer en plus de tes charges et de tes courses. elle est censée pouvoir le comprendre et c’est ça qui te blesse encore plus dans sa démarche. parce que tu ne sais pas ce qu’elle compte faire des ses informations. tu exclus la revente d’informations à la concurrence puisque ses questions ne tournaient pas autour du prototype et jamais elle ne s’est retrouvée toute seule dans ton bureau. mais elle peut très bien revendre des informations à la presse à sensation. tessa est étudiante et serveuse dans une pizzeria, alors elle est censée comprendre, mais si ça se trouve elle t’a aussi menti sur cette partie de sa vie. tu doutes de tout désormais. tu jettes un coup d’œil à l’heure. « je vais devoir y aller. » pas vraiment la vérité, mais t’es vraiment en colère. tu montes les documents dans ton bureau. t’allais devoir le dire à davon. par chance t’es pas vraiment volubile et davon reste quand même très secret pour toi. tu quittes le building et tu conduis direction le pain quotidien. tu t’installes à une table à l’intérieur. la serveuse te demande ce que tu souhaites boire. tu lui demandes un kombucha. pas vraiment ton choix initial, mais c’était la seule boisson que tu pouvais emporter si jamais. t’es vraiment remontée contre elle, mais t’avais pas d’autres choix que de faire bonne figure jusqu’à ce que tu comprennes ce qu’elle comptait vraiment faire des informations qu’elle avait habilement réussi à te soutirer. tu ne sais pas comment vraiment annoncer la chose à davon. tu commences à écrire, mais sans cesses tu effaces. tu répètes le même schéma jusqu’à entendre la voix de tessa. ton visage se crispe immédiatement. tu ranges ton portable dans ton sac, tu souffles essayant de te décrisper un peu par la même occasion. tu te lèves de ta chaise et tu lui fais signe et tu ne sais même pas comment tu parviens à lui adresser un sourire, mais tu le fais. elle s’installe en face de toi. « salut. »

Mais qu’est-ce que je fais bon sang ? Qu’est-ce qui me prend ? Utiliser quelqu’un pour parvenir à mes fins ce n’est tellement pas moi. Par moment, j’ai juste envie de me mettre une bonne paire de claques, rassembler mon courage puis m’excuser auprès d’elle en déballant toute la vérité au préalable. Peut-être vais-je faire ça après tout ? Je suis supposée manger avec elle ce midi et ma culpabilité me ronge trop pour que je continue mon petit manège. J’ai détesté le faire dès le début mais le besoin d’en savoir plus sur Davon a surpassé le reste. Je sais que lui aussi se renseigne sur moi. Après notre rencontre et courte discussion à l’Heron, je ne le vois pas faire autrement. J’ai éveillé sa curiosité autant qu’il a éveillé la mienne et je ne suis pas certaine que ça soit une bonne chose. Pour moi, pas pour lui. Davon, c’est le genre d’homme sûr de lui et que rien ne semble toucher. Moi je risque d’être dévoilée alors que je ne sais même pas quoi faire des informations que j’ai en ma possession. C’est pour cette raison que j’ai eu besoin de fouiner un peu en essayant d’être discrète. J’ai tenté de mettre ça sur un contrat de plus. Fouiner, en apprendre le maximum sur ma cible pour être ensuite sûre de moi avant de faire une proposition, c’est ce que je fais de mieux alors que mon métier n’est même pas officiel. C’est de cette manière que je m’assure de trouver des sponsors pour Tommy qui ne le forceront pas à dénaturer la personne qu’il est et à aller contre ses principes. Ça pourrait ne rien me faire si Ana ne s’était pas révélée aussi adorable et attachante. Maintenant je me sens sale et minable de l’avoir utilisé à des fins personnelles et je sais que ça va se lire partout sur moi lorsqu’on va se voir. D’ici une heure. Je grogne et me sors du lit. Mes révisions ont fait passer le temps si vite que si ça continu je vais être en retard. Et dieu sait que je déteste ça. Je range mes affaires à toute vitesse, pose le tout sur mon bureau et file sous la douche. Enfin prête, mes cheveux relâchés dans l’espoir de gagner un peu plus de chaleur avec le froid qu’il fait, je quitte la maison et prends le métro en direction de Manhattan. L’angoisse grandie un peu plus en moi à mesure que j’approche de ma destination. Il faut que je lui dise la vérité, quitte à ce qu’elle me déteste et m’insulte. De toute manière, je n’aurais que ce que je mérite pour l’avoir utilisé. Les mains tremblantes, je sors du métro, étouffe à cause du chauffage un peu trop fort sur le quai puis grimace lorsque le vent glacé me balaye le visage. Il me faut cinq petites minutes de plus pour gagner notre lieu de rendez-vous et à peine une minute pour apercevoir sa chevelure blonde. Je souffle un bon coup et me dirige vers elle avec le peu d’assurance qui me reste. « Salut. » Soufflé-je une fois à sa hauteur et, étrangement, je vois son corps se crisper en entendant ma voix. Ou peut-être suis-je simplement paranoïaque à cause de tout ce qui se joue dans ma tête ? Oui, c‘est bien possible ça. Pourtant, ce moment où nous nous saluons me donne l’impression d’être tendu et alors que je m’installe sur la chaise face à elle, cette sensation ne me quitte toujours pas. « Ça va ? » Demandé-je en contrôlant du mieux que je le peux le tremblement de ma voix alors que mes sourcils se froncent à cause de l’inquiétude.

tu bous intérieurement. tu ne sais pas comment tu vas réagir. t’as peut-être atteint un nouveau stade. tu n’as jamais été aussi énervée. tu n’as jamais été énervée tout court en fait. t’es relativement toujours calme, alors il en fallait beaucoup pour te mettre hors de toi. personne n’avait jamais réussi. personne n’avait réussi du moins jusqu’à présent. tessa avait fait fort en arrivant à te mettre en colère et à découvrir les limites de ton tempérament. elle apparaît dans ton champs de vision. si avant de la voir, tu avais espéré en savoir plus avant de lui avouer que tu étais au courant. une fois tessa devant toi, ce n’est plus la même histoire. plus du tout la même histoire même. jouer la comédie, tu t’en sentais parfaitement incapable. t’es certainement beaucoup trop honnête et droite. tu ne pouvais pas lui faire ce que justement, tu lui reprochais. trop honnête, mais tu te maudissais d’avoir autant de valeurs. tu te maudissais de ne pas réussir à être capable de mettre de côté cette côté de ta personnalité pour essayer un minimum de sauver tes fesses. parce que oui, il était hors de question que tu n’en parles pas à davon pour le coup. tu ne lui as jamais menti et tu ne commenceras pas aujourd’hui. tu commenceras encore moins pour sauver tes fesses. tu lui diras parce que tu t'en veux et que tu culpabilises beaucoup. tu en voulais encore plus à tessa. elle s'installe te demande si tu vas bien. tu hausses les épaules. « ça pouvait aller. » tu commences. c’est bien vrai, tu t’es levée de bonne humeur. la circulation était bonne. pas de petits désagréments au boulot. pas de changement au planning de dernière minute. ta matinée s’est vraiment bien passée jusqu’à ce que t’apprennes que tessa s’était tout simplement servie de toi pour obtenir des informations sur davon. « jusqu’à ce que je me rende compte que j’allais certainement devoir trouver un autre boulot, mais à part ça tout va bien. » tu conclus. toujours de manière très calme. visiblement tu as une bonne maitrise de toi. tu espères seulement qu’elle aura l’honnêteté d’avouer qu’en effet elle s’est servie de toi ou qu’elle aura au moins la décence de ne pas faire comme si elle ne comprenait simplement pas où tu souhaitais en venir. « et toi ? »

J’ai le cœur au bord des lèvres, sensation particulièrement désagréable que j’évite comme la peste. En même temps qui apprécie le fait d’avoir la nausée, d’être aussi stressé ? Certainement pas moi et encore moins lorsque je sais la raison de mon état. Je ne suis pas fière, mon dieu non. Sur le coup j’ai pensé que ça ne ferait de mal à personne, grossière erreur ! Moi qui me vante d’être quelqu’un de réfléchi, j’en ai été l’opposée. Tout ça parce que cet homme n’a pas été capable de me donner les informations dont j’avais besoin et que j’ai ressenti la nécessité d’en apprendre autant que possible sur lui. Pour être capable de lui tenir tête un peu mieux la prochaine fois ? Pour en apprendre plus sur son père à travers lui ? Par simple curiosité vis-à-vis de cet homme qui semble avoir tellement de secrets ? Je ne sais pas. Peut-être un mélange de tout ça avec une pointe de panique. Parce qu’une simple phrase de Davon à son beau-père suffirait à faire sauter ma vie et j’en ai peur. Pourtant, là ce qui m’inquiète le plus c’est tout de même le mal que j’ai pu faire à Ana alors que ce n’était pas mon but. Et je sens bien que quelque chose ne va pas. Assise face à elle, ce que la blonde me confie me fait pâlir. Merde. « T’es au courant. » Dis-je avant d’humecter nerveusement mes lèvres. Maintenant je voudrais me terrer dans un trou, mais je dois assumer les conséquences de mes actes et m’excuser. C’est primordial pour qu’elle ne se sente pas mal d’avoir été utilisée et pour que je ne passe pas le reste de ma vie à me haïr. « Je suis désolée, Ana. A vrai dire j’ai aucune excuses et … tu ne vas pas avoir à changer de travail. » J’aime croire que je suis sûre de ça, qu’il ne va pas la virer parce qu’elle est tombée dans le panneau. « Tu ne vas pas être virée parce qu’il cherche tout autant d’informations à mon sujet et que ça serait hypocrite de sa part. » Je parle comme si elle savait tout alors que je ne sais pas ce dont elle est au courant ni même comment elle a appris ce à quoi je jouais. Si ça se trouve je viens même de lui déballer une information qu’elle ignorait : que son patron fouille ma vie, mon passé. « Mais je suis vraiment désolée. Je ne voulais pas en arriver là, c’est … c’était une occasion, je pensais juste poser des questions, m’arrêter là … » Ça n’a pas été le cas. Finalement j’ai apprécier discuter avec elle et ça a été trop vite pour que je sache quand et comment m’arrêter.

tu détestes te retrouver dans une telle situation. tu n’aurais jamais imaginé te retrouver dans une telle situation un jour donc tu échangerais volontiers ta place. peut-être que sur ce coup avec tessa t’as été un peu trop une bonne poire. elle a été très habile. tellement habile que forcément, tu ne t’es pas méfiée plus que ça. tu ne peux t’empêcher de repenser aux informations que tu as pu lui donner. par chance davon était très secret et heureusement pour toi, tu parvenais à tenir ta langue quand il s’agissait de répondre aux interrogations quand il s’agissait d’une autre personne. tessa a au moins le mérite de ne pas te mener en bateau plus longtemps. tu ne peux décemment pas lui enlever cette qualité. « oui je suis au courant. » tu lui confirmes plus par principe que pour autre chose. tessa te dit qu’elle est désolée. en précisant qu’elle n’a aucune excuse. ça tombe bien parce que tu trouves qu’aucune excuse au monde ne peut justifier de se servir de quelqu’un pour atteindre son objectif. quelque soit son objectif ou encore sa motivation : se servir de quelqu’un c’est moche. tu trouves ça même très moche. tessa te dit, tu n’aurais pas à changer de boulot. t’es forcément intriguée. beaucoup trop intriguée pour ne pas réagir. comment elle peut affirmer une telle chose. « parce que maintenant tu lui parles directement ? » tu commences. « ou c’est une simple intuition ? » tu conclus. si c’est le cas t’es pas plus rassurée qu’au début de ce déjeuner. ce n’est pas son intuition qui payera ton loyer. « tu ne vas pas être virée parce qu’il cherche tout autant d’informations à mon sujet et que ça serait hypocrite de sa part. » tu secoues la tête. tu ne sais pas si elle est consciente que cette information ne t’apporte absolument aucun point de pression sur lui. et quand bien même tu ne vas pas risquer de te foutre un peu plus dans une situation délicate. « t’en a déjà assez fait comme ça tessa. » tu lui dis. t’as envie de lui dire qu’elle t’a assez foutu dans la merde comme ça sans avoir besoin d’en rajouter une couche, mais t’as pas l’habitude d’être aussi dure avec une personne. qu'importe le mal que tessa a pu te faire. tu n'y parviens pas. alors tu t’abstiens et c’est sûrement mieux de cette façon. « et t’oublies un détail, c’est lui mon patron et pas l’inverse. » s’il a envie de se renseigner sur elle, il le fera et que tu le saches ne permettra pas de conserver ta place. bien au contraire. en ayant connaissance de ce genre d’élément tu risques même d'empirer -si c’est encore possible- les choses. « s’il a envie de me renvoyer, il le fera tessa et ça sera vraiment un jeu d’enfant pour lui. » tu ne peux même pas mettre ça sur le compte de l’expérience. elle travaille donc elle n’a aucune excuse. elle savait ce que ça pouvait te coûter ta place. et elle le sait toujours. elle le savait et pourtant ça ne l'a pas empêcher de continuer. davon pouvait te licencier. il pouvait le faire. tu t’es fait embaucher rapidement et tu pourrais te faire licencier tout aussi rapidement. tessa lui a fournit le prétexte idéal. alors qu’elle essaye de positiver te contrarie encore plus. un licenciement pour faute. on a beau avoir essayé de te débaucher à plusieurs reprises depuis que tu as commencé là-bas. ce n’est pas pour autant que ça te rassure. parce que tout se sait. et cette histoire ça nuira forcément à ta réputation sur le marché du travail. t’es bien trop consciente des modalités de licenciement aux états-unis pour ne pas être angoissée d’avance. il n'y a pas de préavis. si demain matin, il décide de te licencier, tu devrais remballer toutes tes affaires et partir avant midi. le tout sans indemnité et dire par la même occasion adieu à ta couverture médicale. « pourquoi tu as fait ça tessa ? » tu lui demandes. parce que tu veux des réponses. pourquoi elle cherche autant d’informations sur lui. pourquoi il cherche des informations sur elle. ou encore pourquoi elle t’a fait ça à toi. tu veux toutes les réponses qu’elle peut te donner.

Jamais ne je me suis retrouvée dans une telle situation. Il faut dire que je ne me suis jamais servie de quelqu’un comme je l’ai fait avec Ana. Ce n’est pas mon genre. Même si je suis une personne déterminée, que je sais ce que je veux et que je me bats pour obtenir ce que je désire, jamais je n’ai été faire du mal à quelqu’un. Jamais jusqu’à maintenant … Et la blonde n’a pas idée à quel point je me sens mal de l’avoir mêlé à tout ça, de ne pas avoir été franche avec elle dès le départ. Sa colère envers moi, je la comprends parfaitement. Elle est totalement justifiée et je ne mérite que ça. Malgré tout, j’ai besoin de me rattraper et même de me justifier. J’ai probablement besoin d’en parler avec quelqu’un aussi, quelqu’un qui connaît Davon et une personne autre que Tommy. Parce que lui me pousse à aller vers cette famille qui ne connaît pas mon existence alors que je ne sais toujours pas si je suis prête à ça. C’est en partie pour ça que je me suis autant renseignée. En fait non, c’est totalement pour ça et parce que Davon Herondale est un véritable mur ce qui est particulièrement agaçant. J’ai fait comme j’ai pu avec les moyens que j’avais, sauf que – malheureusement – je suis allée trop loin et je n’en suis pas fière. Loin de là. Je laisse Ana douter de moi, l’informe que son patron cherche également des détails me concernant – et que Tommy lui a donné à mon grand désarroi – puis grimace en l’entendant affirmer que j’en ai déjà assez fait. Elle n’a pas tort, mais elle doit être rassurée concernant son travail. « Non, je n’oublie pas. Mais toi tu ignores que moi j’ai un gros moyen de pression sur lui. C’est de ma faute et s’il pense à la rejeter sur toi, je ferais en sorte qu’il s’arrête assez vite. Je te dois bien ça. » Parce que je suis l’héritière de l’entreprise de son père adoptif. Si je sors au grand jour, c’est à moi que reviendront pas mal de choses et je sais que ça ne risque pas de lui plaire. Je ne veux pas de tout ça bien sûr, mais si je dois utiliser ça pour qu’il n’aille pas calmer ses nerfs sur Ana qui n’a rien demandé et qui ne savait pas, je le ferais. La question qu’elle finit par me poser je suis à la fois terrorisée de l’entendre mais également soulagée. Je m’enfonce un peu plus contre le dossier de ma chaise, humecte mes lèvres sans quitter l’Australienne du regard. Après ce que je lui ai fait, je lui dois aussi la vérité alors je soupire un coup, m’arme de courage. « Parce que c’est mon demi-frère et que j’avais besoin d’en savoir plus sur son père. » Lâché-je, serrant mes mains pour cacher mes tremblements. « Enfin techniquement demi-frère par adoption de ce que j’ai compris. Michael Herondale, son beau-père … c’est mon père biologique. » Je la jauge pour tenter d’anticiper sa réaction sans pour autant y parvenir. Je suis douée dans mon métier pour deviner lorsqu’une personne essaye de m’avoir, avec Ana c’est différent parce que je suis touchée personnellement. Alors je reste silencieuse et la laisse réagir comme bon lui semble.

« non, je n’oublie pas. mais toi tu ignores que moi j’ai un gros moyen de pression sur lui. c’est de ma faute et s’il pense à la rejeter sur toi, je ferais en sorte qu’il s’arrête assez vite. je te dois bien ça. » elle passe du coq à l'âne, tu ne le suis pas. tu ne la suis pas, tu ne comprends pas où elle veut en venir. tu ne comprends pas le rapport, si son but, c'est de te perdre et bien elle est bien partie pour car tu es perdue. totalement perdue. un brouillard intense s'installe devant tes yeux. tu hoches la tête doucement pour qu’elle continue de parler. tu as besoin qu'elle continue de parler, dans sa lancée, car tu ne comprends toujours pas comment elle peut prétendre qu’elle pourra empêcher davon de de te licencier. et même si c’est le cas, même si elle a un moyen de pression sur lui jamais tu n’accepteras qu’elle fasse pression sur lui pour sauver ta place. parce si davon pensait que tu devais être licenciée c’est ce que tu méritais tout simplement. tu ne te voyais pas garder ta place surtout pas en travaillant en étroite collaboration avec lui parce que tessa avait un moyen de pression quelque soit son moyen de pression. alors oui, il y avait toujours l’option qui consistait à changer de service tout simplement, mais c’est le poste d’assistante de direction que tu veux exercer rien d’autre. qu’importe la paye, qu’importe les horaires. c’est une vraie vocation. « parce que c’est mon demi-frère et que j’avais besoin d’en savoir plus sur son père. » ça ne t’aide pas beaucoup plus. tu as l’impression d’avoir du cirage dans le ciboulot. il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler comme il faut toujours marcher dans les souliers de celui que l'on juge. tu as juste l’impression d’être prise entre deux feux. d’un côté tessa et de l’autre davon. tu connaissais tessa depuis quelques mois et tu travaillais dans l’entreprise depuis sept ans, mais même depuis que tu travaillais en étroite collaboration avec lui. jamais vous n’avez abordé un sujet aussi personnel. jamais vous n’avez parlé de vos vies respective. pourtant tu passes plus de dix heures de ta journée dans ton bureau à proximité du sien six jours par semaine, sans exception, les trajets en avion et les voyages d’affaires, mais ce n’est ni son genre ni le tien d’ailleurs. et ça confirme ce que tu pensais, tu n’accepteras qu’elle fasse pression sur lui en utilisant un tel argument. ce n'est pas de cette manière que tu souhaites garder ta place tu préfères encore être licenciée en ayant la conscience tranquille. « enfin techniquement demi-frère par adoption de ce que j’ai compris. michael herondale, son beau-père … c’est mon père biologique. » s’il y a bien une chose que tu peux comprendre, c’est l’importance de connaître ses racines et son histoire familiale. même si elle avait l’air de tenir énormément à sa famille adoptive. elle en a le droit. elle a même parfaitement le droit. même si elle n’a pas utilisé les bonnes armes pour y parvenir. tu aimerais pouvoir lui dire que la fin ne justifie pas les moyens. mais t’en sais rien parce que tu n’as pas la même histoire qu’elle. toi tu as toujours eu une famille sur laquelle tu pouvais compter depuis ta naissance et des des parents plus que formidables. peut-être que tu aurais agi de la même manière qu’elle si tu te retrouvais dans sa situation ou peut-être pas. t’aimerais te convaincre que tu n’aurais utilisé personne, mais tu ne peux pas en être totalement certaine. ce n’était pas simplement son histoire et celle de son père biologique. c’était aussi celle de davon et de sa mère. tu n’avais rien à faire entre eux. ce n’est en aucun cas tes histoires. tessa aurait du directement s’adresser au principal intéressé plutôt qu’à toi ou à quelqu’un qui travaille dans l’entreprise. parce que maintenant, que tu avais connaissance de tout les éléments ça devenait en quelques sorte aussi ton problème et ça te mettait dans une situation vraiment délicate. c’était à michael que tessa devait poser des questions. c’est lui son père biologique. c’était à elle et lui de régler cela. davon n’y est pour rien. tu ne comprends toujours pas pourquoi davon était au milieu de toutes les interrogations de tessa. tu as besoin d’y voir clair. tu te lèves de ta chaise sans prononcer un seul mot. t’as besoin de prendre l’air. histoire de te remettre les idées en place. tu sors lui faisant signe que tu reviens. laissant tes affaires sur place.

Existe-t-il au moins une façon de me rattraper ? De me racheter après ce que j’ai fait ? Etant donné que j’agis de cette manière pour la première fois, je ne saurais le dire. Quelque part – et comme punition – je voudrais presqu’elle ne me pardonne pas. Qu’elle me dise comprendre mais qu’elle n’ira pas plus loin. Ce serait une bonne façon de punir la bêtise que j’ai faite. Seulement, Ana, j’ai appris à l’apprécier à chaque fois que nous nous sommes vues. C’est une jeune femme qui mérite d’être connue et appréciée pour qui elle est. J’aurais simplement préféré ne pas l’utiliser comme je l’ai fait. Je ne voyais pas comment agir autrement. Approcher de trop près son patron serait courir le risque qu’il fouille plus qu’il n’est sans doute en train de le faire dans ma vie, et qu’il découvre trop vite ce secret que je garde depuis un bon moment maintenant. Sans compter que je n’ai pas la moindre envie que Davon ait la moindre emprise sur moi. S’il y a une chose que j’ai très vite saisi à son sujet c’est qu’il est un homme qui sait ce qu’il veut. Un homme qu’il vaut mieux avoir de son côté plutôt que contre soi. Non pas que j’ai peur de me retrouver du mauvais côté de la ligne, dans le mauvais camp, toutefois il y a quelque chose qui m’effraie chez le blond. Et j’ai aussi peur que mon père biologique soit le même. Suis-je réellement prête à entrer dans la vie d’une personne comme ça ? J’ai déjà du mal à gérer mon existence, y ajouter une complication je ne suis pas certaine d’y parvenir. Rien que pour ça, des informations, j’en ai besoin. Comme pour trouver le moyen de me rapprocher tout en veillant sur mes arrières. Je n’aurais pas dû impliquer Ana dans le processus. Je doute sincèrement que son patron la vire pour ça – il pourrait même ne pas savoir, ça ne serait pas plus mal – mais dans le cas contraire j’irais plaider sa cause. La blonde n’y est pour rien et elle ne savait pas, la seule à blâmer c’est moi. Durant toute ma tirade, elle ne pipe pas. Dois-je m’en inquiéter ou non ? Je ne saurais dire. Parfois, lire dans les pensées serait un pouvoir que j’aimerais avoir en ma possession mais que de temps en temps. A cet instant précis il me permettrait de savoir ce qu’elle pense tandis qu’elle se lève sans rien dire, me fait comprendre d’avoir besoin de s’éloigner un peu. Lèvres pincées – l’estomac aussi d’ailleurs – je laisse s’écouler deux minutes avant de me lever à mon tour afin de la rejoindre. « Je suis vraiment désolée, Ana. » Dis-je pour la énième fois lorsque je me retrouve à sa hauteur. « Je ne suis pas certaine qu’il y ait un moyen de me racheter, je tiens tout de même à ce que tu saches que je suis vraiment désolée de t’avoir fait ça. » De toute manière, tant que l’Australienne ne me dira pas le fond de la pensée je ne saurais pas sur quel pied danser.

elle s’excuse ou tu devrais plutôt dire qu’elle s’excuse encore. est-ce que tessa pense réellement que ses excuses allaient pouvoir changer quelque chose ? elle pouvait toujours essayer de s'excuser un million de fois, mais ça ne risque pas d’arranger pour autant les choses. tu seras toujours autant partagée. t’auras toujours autant les fesses entre deux chaises. elle te dit qu’elle n’est pas certaine de trouver un moyen de se racheter. t’espères au moins que le jeu en vaut la chandelle. tu ne sais pas quoi penser. tu ne sais plus quoi penser. tu as l’impression d’être complétement confuse. tu lui avais fais confiance. rapidement. trop rapidement pour le coup, mais c’était bien terminé maintenant. tu prends quelques secondes avant de prendre la parole. « je pouvais comprendre tessa. » tu commences. tu marques une pause. « j'aurais pu comprendre. » tu te rectifies. il fait un peu trop frais à ton goût alors tu décides de regagner l’intérieur. votre conversation ne regarde personne. elle te suit. t’as juste l’impression qu’elle s’est servie de toi. amitié à sens unique visiblement. on ne t’y reprendra plus. t’as pas l’habitude d’être méchante. ni d’être aussi rancunière, mais là, c’était totalement différent. si elle était réellement sincère dans sa démarche, elle allait devoir ramer pour regagner ta confiance et ton amitié. vous regagnez vos place. « j’ai mes parents au téléphone tous les jours et mes frères aussi alors s’il y a bien quelqu’un qui aurait pu comprendre, c’est bien moi tessa. » pourquoi est-ce qu’elle a utilisé un stratagème aussi vicieux ? au début oui pourquoi pas. oui elle pouvait parce qu’elle ne te connaissait pas. mais pourquoi est-ce qu’elle a continué après ? elle savait très bien que ta famille avait une place centrale dans ta vie. tu aurais pu comprendre. « est-ce que tu te rends compte de la situation dans laquelle tu m’as mise et dans la situation dans laquelle tu me mets maintenant ? » maintenant que tu connais une partie de la vie privée de davon. tu lui demandes. question rhétorique étant donnée qu’elle se soit autant excusée elle doit se douter que tu te retrouves maintenant dans une situation très délicate. tu ne souhaites même pas ça à ton pire ennemi. « qu’est-ce que tu dirais si la situation était inversée ? » tu commences. certainement pas la même chose. est-ce qu’elle a au moins pensé aux conséquences de ses actes. tu n’as aucun lien avec le beau-père de davon. tu te retrouvais dans le pétrin pour une histoire qui ne te concernait pas et qui ne concernait même pas directement davon.

J’ai totalement merdé et parfois je me dis que ça sera gravé sur ma pierre tombale. "Ci-gît Theresa Goldstein, elle merdait souvent" … ça irait parfaitement selon moi. Mais là j’ai vraiment merdé et je ne suis pas certaine de trouver de quelle façon arranger les choses. J’aurais surtout peur d’empirer la situation et ce n’est pas ce que je veux. Je pourrais la défendre face à Davon si ça s’avère nécessaire mais j’espère sincèrement qu’il n’ira pas lui reprocher quoi que ce soit alors qu’elle ne savait pas. C’est moi qui vais devoir prendre, pas Ana et je ferais de mon mieux pour que ça se soit le cas. Pour le moment, ce n’est pas réellement le souci. Même si je m’excuse pour la énième fois, j’ai conscience que ça ne changera pas grand-chose à la situation. J’y tiens tout de même. « Je pouvais comprendre Tessa. J'aurais pu comprendre. J’ai mes parents au téléphone tous les jours et mes frères aussi alors s’il y a bien quelqu’un qui aurait pu comprendre, c’est bien moi Tessa. » Lèvre mordue, je ne sais pas quoi lui répondre. Parce qu’une part de moi n’est pas certaine qu’elle puisse réellement comprendre. Puisque je suis la fille biologique du beau-père de Davon, son héritage est supposé me revenir. Mon arrivée risque de chambouler pas mal de choses et pas que pour moi. Je ne suis même pas certaine d’y être préparée. Je ne veux pas de cet héritage, je veux avant tout connaître mon père, mais c’est la première chose à laquelle tout le monde va penser. Être discrète, me renseigner sans que ça se sache, c’était essentiel et même si j’aurais préféré ne pas utiliser Ana, je l’ai fait pour éviter de faire des vagues. « Est-ce que tu te rends compte de la situation dans laquelle tu m’as mise et dans la situation dans laquelle tu me mets maintenant ? » J’en ai bien une petite idée parce que je doute qu’elle avait très envie d’en savoir un peu trop sur la vie privée de son patron. Elle n’est pas supposée le voir différemment. « J’en ai une idée, oui. » Je lui dis tout de même sans me départir de mon air désolé. Mais pour le moment est-ce que je peux faire quelque chose ? Je ne crois pas. Il est trop tôt pour savoir si Davon va l’apprendre et lui rejeter la faute sur elle – ce qui serait assez hypocrite venant du type qui a utilisé Tommy pour avoir des informations sur moi. « Qu’est-ce que tu dirais si la situation était inversée ? » Je l’aurais pris aussi bien qu’elle, c’est certain. Je soupire et humecte mes lèvres. « Très probablement la même chose que toi. Ecoute, je compte bien me racheter, je ne sais pas encore comment mais je le ferais et d’une manière ou d’une autre, je veillerai à ce que rien ne te tombe dessus. » Je dois avoir assez de cordes à mon arc pour réussir à tenir cette promesse.