(anton) are we losing control, or is it meant to be

Ça le fait lever les yeux quand elle fait semblant de se marrer à propos de sa remarque sur son sourire. Décidément, ils semblent au moins avoir une chose en commun. Cette mimique qu’ils se provoquent chez l’un chez l’autre quand ils sont tous les deux. « Je serai moins con le jour où t’assumeras ton attirance. » Encore une fois elle a envie de rire, mais cette fois elle se retient. Ce jour-là n’est pas prêt d’arriver alors, parce que ce n’est pas le cas. « Y a rien à assumer. Mais continue d’être con, peu importe. » Elle s’y est habituée pour maintenant. Ça ne changera rien qu’il continue, elle réussira bien à vivre avec, elle le fait depuis déjà six mois. Puis elle finit par rire une nouvelle fois, pour de vrai là, quand il parle de ses performances sexuelles. Alors elle le provoque elle aussi. « Mais c’est que t’en connais un rayon sur la simulation, dis donc. Tu simules combien de fois par semaines ? Ton mec arrive pas à te donner un orgasme, c’est ça ? C’est pour ça que tu t’énerves aussi vite ? T’es frustré sexuellement ? » Evidemment, il surenchérit, elle n’en attendait pas moins de se part. Ça ne l’empêche pas d’arquer un sourcil. Tout de suite, l’argument de la meuf frustrée sexuellement quand elle s’énerve. Il pourrait au moins faire original, elle l’a déjà entendue celle-là. « On peut s’arranger, tu sais, je serai ravie de te faire jouir. » Comme d’habitude, il prend son air séducteur, elle, elle soupire. Elle ne sait même plus quoi lui répondre à force. Elle pourrait lui dire cent fois que ça n’arrivera pas, il continuerait encore à essayer de la faire céder. « D’ailleurs, je suis persuadé que t’es magnifique quand t’es au bord de la jouissance. Un spectacle que j’attends de voir avec impatience. » Un spectacle qu’il ne verra pas surtout. « Tu veux la vérité ? Ouais, figure toi que je m’y connais même très bien en simulation. Mais ça a rien à voir avec mon mec, c’est à force de côtoyer des gars dans ton genre que je suis devenue une experte. » Et ça, c’est vrai, elle ne s’en cache pas le moins du monde. Ouais, elle a déjà simulé avec certains mecs, alors oui, elle sait ce que c’est une fille qui simule. « Donc maintenant que j’ai compris ce que c’était de jouir, plusieurs fois par semaine, je vois pas pourquoi j’aurais envie de me jeter dans tes bras. » Elle se contente très bien de ce qu’elle a et c’est certainement pas le manque d’orgasmes qui réussirait à la faire flancher, il va falloir qu’il trouve autre chose. « Et ouais, magnifique, tellement excitante qu’il te faudrait des heures pour t’en remettre. Un truc que t’auras jamais l’occasion de vivre. » Il repose ses mains sur ses jambes et peu de temps plus tard elle lui attrape le poignet pour le faire cesser, en profitant pour changer de canapé et s’éloigner de lui. « Et toi, ça t’apporte quoi d’être en couple avec un mec qui semble pas te satisfaire ? C’est quoi la raison ? T’es amoureuse de lui ? Tu penses que c’est l’homme de ta vie ? » Il est plus sérieux que d’habitude, enfin, il le reste plus longtemps que d’habitude en tout cas cette fois. Ça la surprend un peu mais elle n’y fait pas vraiment attention plus que ça, elle a trop les nerfs contre lui pour le faire. « Si tu veux mon avis, c’est pas le cas, alors je me demande bien pourquoi tu t’évertues à rester avec lui. Tu devrais profiter de la vie pendant que t’en as encore la possibilité. » Profiter de la vie, c’est vivre comme il le fait sa définition ? Dans ce cas-là ils n’ont pas du tout le même dictionnaire. Et il n’aura pas fallu longtemps pour qu’il finisse par reprendre ce sourire qui l’énerve tant. « Enfin … C’est juste la vision d’un petit con qui veut te sauter. Je pense pas que t’en tiendras compte. » Pour une fois qu’il dit quelque chose de sensé. « Tu partages pas notre lit, t’en sais rien de s’il me satisfait. Quant à si je suis amoureuse de lui et si je pense que c’est l’homme de ma vie, c’est pas ton problème. » Puis elle ne voit pas en quoi ça change quelque chose, si elle reste avec lui c’est qu’il y a une raison et c’est la seule chose qui devrait être prise en compte. « Je profite de ma vie comme je veux. Si pour toi ça repose que sur le sexe avec des meufs de passage, tant mieux pour toi. Moi c’est pas comme ça que je vois les choses. » Elle a pas envie d’être comme lui, à faire venir un tas de mecs dans son lit, à rester célibataire pour faire venir un tas de mecs dans son lit, à s’amuser à briser des couples, très peu pour elle. « Et en effet, l’avis et la vision d’un petit con qui veut juste me sauter, je m’en tape. »

Dans ses dires, elle prétend ne pas ressentir d’attirance à mon égard et je lève encore les yeux. Cette fille… J’en ai connu des têtues, mais elle, elle bat tous les records. « Continue de t’en persuader. » Je lâche tout simplement. Ça pourrait paraître vantard -et ça l’est sûrement peut-être un peu-, mais l’attirance elle est là et ça me fait doucement rire qu’elle tente de le nier à ce point-là. À croire qu’elle tient vraiment à le respecter, son mec. Sauf que ça ne me fait pas reculer, pas même un peu. Ça me donne même encore plus envie de pousser le jeu un peu plus loin. Je monterais d’un cran la prochaine fois qu’on se retrouvera seuls, et on verra bien comment elle réagira. Elle rétorque sur le fait d’avoir déjà simulé avec des mecs, puis m’évoque le fait d’avoir des orgasmes plusieurs fois par semaine avec son mec et je roule des yeux. Ce qu’il ne faut pas entendre. « Quand tu m’auras réellement "côtoyé", t’auras pas le même discours. » Moi ? Sûr de moi ? Ouais, énormément. Je connais mes compétences dans le domaine et je n’en doute pas le moins du monde. Bien au contraire. « Plusieurs fois par semaine ? T’es sûre que tu parles d’orgasmes avec ton mec ou de ceux que tu te donnes seule dans ta chambre ? » J’hausse un sourcil, un air moqueur sur le visage. Qu’elle ne me fasse pas croire qu’elle ne se donne pas du plaisir toute seule, ou je vais devoir lui rappeler où se situe la salle de bain et à quel point les murs ne sont pas épais. « On t’a jamais dit qu’il ne faut jamais dire jamais ? On reparlera de cette petite conversation le jour où on aura terminé notre partie de jambes en l’air. » Je lui souris, sachant pertinemment que cette petite affirmation va la piquer à vif une fois de plus. J’aime vraiment beaucoup trop ça, l’agacer. C’est une partie de plaisir immense, je ne m’en lasse pas. Rapidement, on revient à son mec et au fait qu’il ne la satisfait pas au lit. Du moins, elle me dit le contraire et je lâche un petit rire. Elle ajoute ensuite que ses histoires de cœur ne sont pas mon problème, finissant par dire qu’elle s’en tape de mon avis et je ris de plus belle, reprenant par la suite mon sérieux pour déclarer : « Si t’étais amoureuse, tu te serais pas gêné pour le dire à voix haute, peu importe que ça me regarde ou pas. » Un constat, une fois de plus. Elle ne l’aime pas ce type et ça se voit comme le nez au milieu du visage. Je ne comprends pas trop l’intérêt de rester avec lui, mais bon, elle n’a pas totalement tort pour une fois. Ça ne me regarde pas et je ne sais même pas pourquoi je lui donne mon avis là-dessus. Ce qui m’intéresse c’est son corps, rien d’autre après tout, et couple ou pas couple, je l’aurai. « Je t’ai jamais dit d’être comme moi, même si ça te décoincerait un peu. Je dis juste que c’est débile de rester en couple avec quelqu’un parce qu’il est.. sympa ? Si ça se trouve, tu rates totalement les plus belles années de ta vie, celles où tu peux encore faire des conneries sans avoir d’obligations, mais c’est toi qui vois. » Pour avoir failli tourner la page sur cette vie lorsque j’étais à Haïti, je suis bien placé pour en parler. Mais là encore, ce ne sont pas mes affaires. Pourquoi je lui parle aussi sérieusement d’ailleurs ? Lui taper la conversation, ça n’a jamais été mon délire, alors encore moins lui faire part de ce que je pense. Elle semble être d’accord, chose qui me fait soupirer. Et alors que je vais répondre, la porte d’entrée se fait entendre. « Sauvée. » Que je lâche dans un murmure. Je me lève ensuite, lance un clin d’œil à la demoiselle, puis part saluer la personne venant de rentrer avant de monter pour rejoindre ma chambre. Cette discussion est close pour aujourd’hui, mais pas mes provocations. Ça, ça durera jusqu’à ce qu’elle cède, chose qui arrivera.

the end.