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Je sais qu'il a raison. Je sais que tout le monde peut avoir son heure de gloire, que chaque membre du groupe à sa part de groupies, mais j'avoue qu'en ce moment je suis bien trop en colère après Loar pour être objectif et pour laisser passer tout ça. Je ne supporte plus tellement qu'il soit le centre de l'attention. Je sais que c'est égoïste et je n'ai jamais dis que je ne l'étais pas. Je voudrais juste que tout soit plus simple et que tout ça ne soit pas arrivé. Je fini par raconter ce qu'il s'est passé à Kay. Ca ne me soulage pas vraiment. Je voudrais ... Je voudrais que ça m'aide à faire le point, mais non. Je hausse les épaules.

"Je n'en sais rien. Je n'ai pas tellement envie de savoir. Je sais juste ce qu'ils ont fait. J'allais lui dire. J'allais en parler avec lui. Je voulais que ça soit clair et je n'ai pas eu le temps de dire quoi que se soit. J'ai bien eu envie de le massacrer."

Je ne suis pas souvent violent, du moins, moins qu'avant et forcément ça risque de surprendre Kay. Il ne m'a pas connu à ma période rebelle, j'étais un véritable sale gosse et adolescent. J'ai eu pas mal de soucis d'ailleurs durant cette période là. Je me suis assagis, mais quand la colère revient je suis différent. Je bois une gorgée de bière et lui dis :

"Je devrais faire quoi à ton avis? Laisser couler ? Leur demander où ils en sont? Je ne sais pas si je me sens capable de le faire. ... "

Non je ne sais pas. Je ne supporterais pas qu'ils finissent par me dire qu'ils sont ensemble alors que je suis amoureux d'elle. Je crois que je ne pourrais même plus habiter avec eux.

Je lève un sourcil. Je ne suis pas d’accord avec lui. Je fais non de la tête, même s’il est vrai que certaines femmes sont casse-pieds et aiment bien foutre la merde, mais pas Victoire. Je ne la vois pas comme ça en tout cas. Je ne peux pas la voir comme une emmerdeuse. Elle est tous sauf chiante. Contrairement à moi et je la défends sans doute parce que je suis amoureux d’elle. Je lui réponds donc :

« Elle n’est pas comme ça. C’est juste moi qui est un pauvre idiot et qui a mis la merde dans le groupe, parce que je leur en veux. Je sais qu’ils étaient libres tous les deux. On l’est tous. Ils n’ont rien fait de mal au fond. »

Je commence à prendre conscience que j’y ai peut-être été un peu fort et que je risque de détruire une belle amitié et c’est loin d’être ce que je voulais faire.

Kay marque un point, lui a épousé son premier petit ami. Je n’ai jamais vraiment eu de petites amies. Je n’ai eu que des conquêtes, homme ou femme, mais jamais rien de sérieux. J’ai bien trop peur de souffrir.

« Tu étais sûr de toi ce jour-là ? Quand tu l’as épousé ? Comment tu sais quand tu es amoureux de quelqu’un ? »

Je lui pose toutes ces questions, parce que je ne le sais pas forcément. Enfin je commence à le savoir, dès que je vois Victoire j’ai envie de lui faire plaisir, d’être doux avec elle. Je sens quelque chose dans mon estomac ou peut-être le bas du ventre. Je me sens bizarre à chaque fois que je la vois, ça doit être ça.

J’acquiesce, oui évidement que je vais attendre. Je n’ai pas envie de faire n’importe quoi. Je m’en voudrais. C’est mon ami. Je ne veux pas perdre son amitié. Je lui demande s’il était sûr de lui et la réponse ne se fait pas attendre. Evidement. Ça semble en tout cas une évidence pour eux. Je souris en l’entendant me parler de lui. Il a l’air encore tellement amoureux et ça a l’air de lui faire tellement de bien de parler de lui. Il a eu de la chance de l’avoir. C’est une belle histoire. Je ne sais pas si j’aurais le droit à tous ça. Je l’espère et je ressens déjà quelque chose de particulier pour Victoire. Je n’ai pas envie de perdre ce sentiment. Ca me fait tellement de bien. Je me pince la lèvre et j’hésite avant d eposer ma main sur la sienne quand je vois une larme rouler sur sa joue. Je n’aurais peut-être pas du parler de ça.

« Je suis désolé. Je ne voulais pas … Je ne voulais pas te faire de la peine. »

Je ne voulais pas lui rappeler des mauvais souvenirs. C’était peut-être encore un peu tôt. Je change donc et lui dit :

« Alors comment tu trouves la bière ? »

Il ne m’a pas dit ce qu’il en pensait et je suis curieux de savoir si ça vaut les bières allemandes.

Je le regarde et fait non de la tête. Je ne voulais pas qu’il ait cette impression-là. Il ne fait pas pitié. Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Je ne voulais juste pas lui rappeler de mauvais souvenirs et je crois qu’il le sait. On se connait assez bien pour qu’il sache qu’il ne me fait pas pitié. Je trouve ça juste triste. Il a perdu quelqu’un qui lui était cher. Je sais ce que ça fait, même si pour ma part, je ne l’ai jamais vraiment connu. J’imagine que c’est encore pire quand on connaît quelqu’un.

« Je comprends et j’espère que ça te fera moins mal avec le temps. C’est ce qu’on dit en tout cas. »

Je sais que c’est facile à dire, beaucoup moins à tenir dans la réalité. Je comprends qu’on ne peut pas arrêter d’y penser du jour au lendemain et que certaines choses doivent rappeler la personne. Certaines choses plus que d’autre. C’est une bonne chose qu’il soit venu en Amérique.

« Tu veut rester pour toujours alors ? »

Je lui parle de la bière, histoire de changer un peu de sujet ce qui ne semble pas lui déplaire. Ce sera beaucoup moins risqué que de lui parler d’amour. Et il n’a pas l’air trop déçu de notre bière. Je ne m’y connais pas beaucoup, je suis plutôt sodas en générale, enfin avant j’étais très vodka, mais j’ai arrêté.

« Aucune idée. Il faudrait demander au serveur. Je me contente de la boire. Je ne suis pas un fin connaisseur, mais je viens souvent ici après les concerts et généralement je ne prends pas d’alcool, c’est Loar qui aime la bière. Je me contente de garder l’esprit vif pour conduire ensuite. »

Je suis devenu presque raisonnable, presque.