- dreams are lost.

D’une humeur de chien depuis mon réveil, je n’ai de cesse de repousser tout le monde. Je ne veux voir personne, ne supporte la présence de qui que ce soit. Sans arrêt bougon, j’envoie même les infirmières promener. Je suis le patient le plus agaçant de l’hôpital et ça reste le cadet de mes soucis. Bloqué dans mon lit à Los Angeles puis à New York, j’en ai assez de voir sans arrêt les mêmes têtes, d’être coincé entre quatre murs et de supporter des médecins optimistes alors qu’il n’y a aucun progrès. Personne ne s’attend à un miracle hormis moi. Je voudrais me réveiller un matin et voir mes pieds bouger. Je voudrais pouvoir me tenir à nouveau sur mes deux jambes, partir d’ici et faire un gros fuck à la vie. Ça n’arrive pas. Les lésions encore assez sérieuses, je reste sous surveillance, me déplace en fauteuil jusqu’à ce que la fatigue ait raison de moi ou que la douleur me terrasse. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même et parce que je me donne envie de vomir, je refuse les visites. Sauf qu’on ne me laisse pas le choix. Le personnel hospitalier certain que ça me fait du bien, on laisse venir quelques personnes ce qui ne m’oblige en rien à discuter. Exécrable, je ne fais d’efforts avec personne, pas même mes soeurs ou même Oliana. Je suis dur, parfois mauvais, mais il faut comprendre mon aversion envers cette situation. Épuisé d’avoir lutté toute la semaine, déprimé d’avoir encore échoué aux tests des médecins, je fixe la fenêtre de ma chambre en somnolant. L’avantage de la morphine c’est qu’elle me permet de dormir lorsque je n’ai rien de mieux à faire - en plus de calmer la douleur. Lentement, ma tête me fait moins mal et il est plus facile de respirer sans avoir l’impression que mes côtes sont sur le point d’éclater. J’ignore combien de temps je dors mais lorsque mes paupières s’ouvrent je sens immédiatement une présence dans la pièce. Un coup d’oeil sur ma droite m’informe qu’il s’agit d’Amelia, assise sur le fauteuil le plus proche du lit. Je révèle être réveillé d’abord grâce au soupir agacé que je pousse. « Vous êtes vraiment tous bornés. Je peux pas être tranquille, sérieusement ? » On m’a dit que c’est une question d’inquiétude et d’amour. Ils veulent être là pour moi, me soutenir pour me permettre de guérir plus vite. Je doute qu’une telle chose soit possible ou même de si j’en ai envie. La seule chose dont je suis certain c’est que je rêve de quitter cet hôpital et de solitude, deux choses auxquelles je n’ai toujours pas le droit. Le regard toujours rivé sur ma cadette, je soupire encore. « Dis-moi au moins que t’es venue seule. » Je n’ai pas envie de supporter qui que ce soit d’autres. J’essaye de repousser tout le monde, Maxyne, Amanda, Tommy, Warren … vraiment tout le monde mais je sais que je peux supporter de les voir un à un. Je peux même supporter de les voir tout court contrairement à Jacob qui, heureusement, n’a pas eu le culot de se pointer dans ma chambre.