Voilà, tu as fini ton boulot, mais tu ne peux pas le nier, tu traînes un peu des pieds à l’idée de rentrer chez toi. Chaque fois que tu restes trop longtemps seule, tu finis par penser à lui et te mettre à pleurer. Tu vas finir comme une vieille éponge oubliée sous un lavabo... Dessécher et, froide. Peut-être que tu pourrais sortir un peu ? Appeler tes amis ? Humpf. Tu ne sais pas trop. Tu finis par t’arrêter contre un mur dans la rue, tu sors simplement ton téléphone de ta poche et tu navigues entre les différentes applications de celui-ci. Facebook ? Rien. Youtube ? Rien. Instagram ? Oh ! La boutique. Tu regardes l’heure, tu entres le circuit à faire de la boulangerie à la boutique et le nombre de minutes qu’il faut pour y arriver à pied et, tu es déjà parti. Cela te fera peut-être un peu de bien de te plonger dans autre chose que des musiques à l’eau de rose. Qui, au contraire, ne font que t’enfoncer un peu plus dans ta tristesse. Puis, cela te donnera l’occasion de revoir un peu Nicholas. Tu ne sais plus depuis quand tu ne l’as pas revu. Le pauvre, tu ne tiens pas à le mettre de côté ! Certainement pas. [...] Plus ou moins trente minutes de marche plus tard, tu arrives finalement devant la boutique. Juste l’odeur de bonbons qui en dégage t’incite un peu plus à y entrer. Tu remontes un peu ton sac sur ton épaule et, tu pénètres dans l’antre des super-héros. Tu t’avances un peu, cherchant un peu Nicholas du regard avant de venir te glisser près de lui, lui tapotant alors gentiment l’épaule alors qu’il se trouve dos à toi. Hey... Salut Nicholas ! Laisses-tu sortir d’une voix mi-heureuse, mi-maussade. Pourtant, t’essayes vraiment tant bien que mal d’afficher un sourire sur tes lèvres, un sourire sincère mais, même ici, le souvenir de ton cher petit ami te revient au visage. Je.. Je me suis dit que j’allais passer un peu te voir après le boulot. Marmonnes-tu comme une espèce d’excuse à ta présence ici. Puis, cela fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de passer. Oui, presque deux semaines pour toi, c’est longtemps.
La journée avait été plutôt tranquille. Peu de personne le matin, la petite fournée du midi et l’après-midi avait surtout vu des enfants, partager sur les bonbons qu’ils voulaient prendre. Certains avaient même tentés de soudoyer leurs parents pour en avoir un peu plus. Pour la fournée du midi, il savait que c’était les habitués qui venaient sur le temps de leur pause déjeuner ou des personnes qui flânaient dans le coin. Il avait donc passé une bonne journée et c’était amusé à voir certains parents céder à leurs enfants, mais en indiquant bien que ça serait la seule chose qu’ils auraient en plus aujourd’hui. Il se doutait que certains disaient vrais, mais d’autres semblaient être du genre à céder facilement. Cependant, il restait professionnel et ne disait rien. Parfois, il pouvait se le permettre quand il connaissait le parent ou quand c’était cette personne qui lui en parlait. Autrement, il restait à sa place, mais il ne pouvait s’empêcher d’esquisser un sourire. Etant seul au magasin, il en profita pour avancer dans la lecture de comics en retard. Son meilleur ami était en congé, ils arrivaient à alterner en général. Nicholas avait pris ses vacances entre la dernière semaine de juillet et la première d’août, donc son meilleur ami avait décidé de prendre à la fin du mois. Il devait en plus allait voir sa famille, donc Nick avait fait en sorte de l’arranger le plus possible. En fin d’après-midi, il laissa deux jeunes venir payer des POP et des bandes dessinées. Leur souhaitant une bonne fin de journée, il attrapa son cahier de dessin et ses crayons, avant de voir où il en était. Son projet avec Asteria avançait doucement, mais sûrement. Après tout, créer leur propre bande dessinée prendrait du temps, mais ils avaient déjà la trame de fond et l’histoire en tête, donc c’était un bon début.
Il continua à dessiner entre deux clients, que ça soit pour les faire payer leurs articles, ou les servir ou juste pour répondre à leurs questions. Puis, il reprit son cahier, avant de voir un homme lui amener un colis. Parfait, les nouveautés étaient enfin là. Remerciant le livreur, il mit le carton derrière le comptoir et l’ouvrit pour vérifier qu’il y avait tout ce qu’indiquait le bon de commande. Si ça n’était pas le cas, il allait devoir appeler pour préciser ce qu’il manquait. Une fois l’inventaire fait, il alla se mettre face aux rayons pour savoir où il pourrait mettre les nouveautés. Il y avait plusieurs places possibles, mais il avait appris à mettre ses produits en valeur depuis le temps. Mais, il fut coupé en sentant quelqu’un tapoter son épaule. Se retournant, il ne pû s’empêcher de sourire en voyant Lila.
Salut toi.
Malheureusement Nick remarqua que la jeune femme ne semblait pas aller bien. Sa façon d’hésiter en parlant et il fronça les sourcils.
C’est vrai que ça fait longtemps.
Oui deux semaines pouvaient parfois être longues, mais il se concentra plutôt sur elle.
Tout va bien ? Tu sembles un peu … triste.
Il espérait que ça n’était rien de grave. Peut-être un client casse pied et désagréable, ça c’était gérable encore. Mais si c’était un problème de santé ou avec un proche, c’était plus complexe. Déposant les livres qu’il avait en mains, il se concentra pleinement sur la jeune femme.
Au fond de toi, tu n’espères pas le déranger. Tu ne voudrais pas non plus le ralentir dans ce qu’il semblait être en train d’effectuer. Oui, longtemps. Répètes-tu en passant l’une de tes mains contre ta nuque. T’es nerveuse. C’est un fait, chaque geste que tu fais, chaque mot que tu prononces transpire la nervosité. T’aimerais être le genre de femme qui ne montre jamais quand une chose déraille dans ta vie. Celles qui semblent si fortes en toute circonstance. Mais, non. Tu ne l’es pas. Toi tu tiens plutôt de la petite nana qui s’efforce à sourire mais dont ne le sourire ne dupe personne. Si je vais... Bien ? Voilà, tu hésites encore en parlant. Pas étonnant que tu sois si transparente aux yeux des autres. Tu lâches un petit rire nerveux. Tu veux que je t’aide dans ce que tu fais ? Virage à 360 pour toi là. T’es un peu bête au fond de faire ça. Ce n’est d’ailleurs que lorsque tes mots ont quittés tes lèvres que tu t’en rends compte. Changer de sujet. Il n’y a sans doute rien de plus alarmant. Tu fais quelques pas en arrière, histoire de lui laisser un peu d’espace tout de même. Disons que c’est un peu compliqué dernièrement et, si tu le veux bien, j’aimerais bien avoir l’avis d’un homme. Tu racles un peu ta gorge après tes mots. Il est vrai que c’est un sujet compliqué, délicat même et, c’est bien pour cela que tes iris se baladent quelques secondes autour de vous. Sans doute afin de vérifier que personne ne se trouve proche de vous. C’est... C’est à propos d’une chose qu’on m’a rapporté. Je ne sais pas si je dois réellement m’inquiéter. Ou, si je suis en train de psychoter pour rien depuis plus d’une semaine... Baissant un peu les yeux, tu ne cesses de penser à ses mots. Ce qu’elle t’a dit. Est-ce qu’il oserait réellement te faire ça ? Vous êtes ensembles depuis pas mal de mois maintenant et, tu ne l’imagines pas te tromper. Pourtant, c’est toujours dans ce genre de moment, où l’on ne soupçonne strictement rien, que les mauvaises nouvelles vous tombes sur le coin de gueule. Comme une claque foutrement bien placée sur votre joue gauche.
