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17 mars 2019, Windham.

Une semaine de vacances au ski, j’en rêvais. Ça faisait un moment que je proposais l’idée à mes plus proches amis, et après plusieurs semaines à en parler, nous avions tous réussi à nous trouver des dates communes. L’organisation avait ensuite été de mise quant au règlement des pass, avec réservation de cours pour les débutants. Le logement ? Nous avions le chalet familial à disposition, mes parents m’ayant quand même annoncés que s’il y avait le moindre dégât, ça serait ma tête qu’ils arracheraient. Mais bon, aucun risque, nous allons être très sages. Et pour ce qui était du transport, nous devions de base prendre deux voitures puisqu’il était initialement prévu que nous soyons 6. Sauf que Leroy et Jill avaient annulé au dernier moment, ce qui nous avait contraints à revoir nos plans et nous contenter d’une seule voiture, la mienne.
C’est ainsi que, dans la voiture, se trouve aujourd’hui Miles et son amie Mila à l’arrière, Naleya -dont la cuisse me sert régulièrement de repose-main- sur le siège passager et puis moi, à la conduite. Il n’y a pas énormément de route à faire en soit, alors nul besoin de changement de conducteur. De plus, j’ai l’habitude de faire ce trajet au moins une fois par an, je le connais par cœur à force. La musique à fond, les plus courageux -ou fous- d’entre nous osent se lancer dans des interprétations des chansons avec des paroles approximatives, créant l’hilarité des autres. Après quelques heures de route, nous arrivons à la station de ski Windham Mountain, et je nous fais emprunter un sentier amenant vers quelques chalets dont celui de mes parents, devant lequel je gare la voiture. « Et voilà, on y est. Je récupère les clés et on a le chalet pour nous. » Dis-je aux autres occupants du véhicule, avant de sortir pour rejoindre le gardien du chalet, gentil monsieur qui doit nous remettre les clés. Néanmoins, lorsque je reviens vers mes compagnons de séjour, ce n’est pas avec une très bonne nouvelle. « Alors, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle est que le jacuzzi marche parfaitement. » Chose qui me ravi énormément d'ailleurs. « La mauvaise est que la troisième chambre a connu un dégât des eaux, vous allez donc devoir partager la même chambre. » Je désigne Miles et Mila, bien évidemment, Naleya dormant d'office avec moi durant le séjour.

@Naleya Farrell @Miles Gasparini @Mila Rojas

Affalé sur le siège arrière, Miles regarde le paysage à travers la fenêtre. Comme il en avait besoin de ces vacances. A petit budget en plus, ce qui est un très bon point, qu’Anton n’avait pas eu besoin de répéter beaucoup avant qu’il n’accepte. En fait, il ne sait même pas s’il a seulement un peu hésité. Aucune vraie raison de refuser. Et quand Anton avait parlé de trouver une personne supplémentaire pour remplir le chalet, Mila était là, derrière le téléphone en haut-parleur et s’était montée du doigt très vivement. Ce qui n’avait absolument pas dérangé Miles. Il lui aurait sûrement proposé dans tous les cas. Et même si elle pique dans ses réserves de chips pendant le trajet, il ne regrette pas. Ou pas encore. Il jette de temps en temps un regard vers l’avant, où il voit la main d’Anton aller vers le siège passager. Un sourire ne manque pas d’étirer ses lèvres, même s’il se moquera de lui plus tard. Comme il en a l’habitude. Mais il voit bien que son ami est heureux. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Il s’appuie un peu plus dans son siège, tout en discutant et chantant parfois, et la route semble passer à une vitesse folle. Déjà, ils arrivent à destination et Miles sourit en reconnaissant le chalet. Ami avec Anton depuis longtemps, ce n’est pas la première fois qu’il y vient, mais il est toujours impressionné par les lieux. Loin de ce à quoi il a l’habitude. Régulièrement, il oublie qu’Anton a beaucoup d’argent. Il faut dire qu’il ne le montre pas, comme certains le font. Ils attendent dans la voiture le temps qu’Anton revienne avec les clés. Quand celui-ci remonte, c’est avec une mauvaise nouvelle. Certes, le jacuzzi fonctionne – et heureusement – mais il n’y a que deux chambres utilisables. En même temps, quand Leroy et Jill devaient être du voyage, ça se serait sans doute fini ainsi, donc ce n’est pas si dérangeant que ça. « Ouf, j’ai cru que j’allais devoir dormir avec Naleya. » Il soupire, comme s’il était vraiment soulagé. Anton ne le supporterait sans doute pas. « Moi ça ne me pose pas de problème. Par contre, j’te préviens, j’ai un syndrome très sévère des pieds froids. » Dit-il en se tournant vers Mila, un sourire sur le visage au lieu d’un air désolé.

Aller au ski, c’est un truc que Naleya n’a encore jamais fait de sa vie. Sa famille n’ayant jamais roulé sur l’or, leurs préoccupations premières n’étaient pas vraiment de se payer ce genre de vacances. Ça ne l’a jamais dérangée, mais du coup quand Anton avait parlé d’aller y passer quelques jours à plusieurs, elle n’avait pas hésité une seconde. Et elle se retrouve donc aujourd’hui dans la voiture, en direction de la station, en compagnie de son colocataire, de Miles, meilleur ami de ce dernier, et de Mila, la colocataire de Miles cette fois. Enfin, de ce qu’elle a compris, parce qu’elle ne connait pas grand-chose d’eux finalement, mais ce séjour sera l’occasion d’apprendre à mieux les connaitre. En tout cas l’ambiance passe déjà bien pendant le trajet puisqu’il passe rapidement grâce à leur magnifique karaoké et à toutes les conneries qu’ils peuvent dire. Une fois arrivés devant le chalet, Anton part récupérer les clés et revient avec deux annonces. Et à la remarque que fait Miles en l’apprenant, elle prend un air faussement vexé. « Hey, dis pas ça comme si c’était un truc qui a l’air repoussant non plus. » Mais en tout cas elle est d’accord avec Mila sur le fait que la mauvaise nouvelle aurait été la panne du jacuzzi. Parce que le problème dans la troisième chambre, ce n’est pas à elle que ça change quelque chose, et puis elle suppose que ce n’est pas bien grave qu’ils doivent dormir ensemble. « Y a des moyens sympas pour qu’ils se réchauffent vite les pieds froids quand on partage le même lit. » Elle hausse les épaules innocemment, même si ses paroles sont pleines de sous-entendus. Elle ne sait pas grand-chose sur eux mais si c’est elle que Miles a invité à venir, c’est qu’ils doivent beaucoup s’apprécier non ? Alors pourquoi pas, ils formeraient un beau couple en tout cas.

L’arrivée au chalet ne se passe pas comme prévu puisque c’est une mauvaise nouvelle qui nous attend. J’annonce donc la chose à mes compagnons de la semaine, pensant intérieurement aux deux bons points de cette situation. D’une, le jacuzzi fonctionne parfaitement et de deux, mes parents ne pourront pas m’engueuler pour la chambre inondée, cette catastrophe n’étant pas de notre ressort. Je lève les yeux au ciel à la première remarque de Miles, il le sait pertinemment que je ne l’aurai pas accepté. Je ne partage pas, c’est un fait acté. Celle de Mila me fait en revanche rire. « Je suis complètement d’accord avec Mila, ce séjour aurait été d’une tristesse sans ce jacuzzi. » Il n’y aurait rien eu pour nous réchauffer, hormis la chaleur corporelle -ce qui diminue pas mal le côté dramatique de la chose finalement-. Les deux amis en viennent ensuite à échanger sur les pieds froids de Miles et je ris de nouveau, lançant un regard plein de sous-entendu à ma belle coloc. « Des chaussettes, par exemple. » Que je lance sournoisement. Ce n’est clairement pas le meilleur des moyens pour le faire, on le sait tous ici. « Bon, c'est pas tout, mais il faut rentrer les affaires. »  Je me dirige donc vers le coffre de la voiture, l’ouvrant pour en retirer les valises et refermant le coffre une fois chose faites. Puis, prenant mon bagage et celui de Naleya en mains -la galanterie me perdre-, je fais signe aux trois compères de me suivre. Ouvrant la porte du chalet, je les laisse tous entrer avant de pénétrer les lieux à mon tour et de fermer derrière nous. « Bienvenue chez moi. » Que je lâche avec un certain amusement dans un premier temps, ajoutant dans un second temps : « Miles et Mila, votre chambre se trouve au fond à gauche à l’étage, si vous voulez déposer vos valises. » Et puis, la tête tournée vers ma coloc, je finis par dire d’un ton pas vraiment innocent : « La nôtre est au fond à droite au même étage. Au moins, personne dérangera personne le soir. »

Qu’ils n’aient que deux chambres au lieu de trois ne gâchera nullement la joie de Miles d’être ici. C’était même ce qui était prévu au départ, quand ils devaient être plus nombreux à partir. Et comme le soulignent Mila et Anton, tant que le jacuzzi fonctionne, tout va bien. S’il y a de la neige sur la piste et du soleil dans le ciel aussi. Miles n’a pas souvent l’occasion de skier et, même s’il n’est pas très doué, il attend ça avec impatience. « Qui porte des chaussettes pour dormir ? Hors de question. » D’ailleurs, il croit que Naleya pensait à autre chose, mais il n’en est pas complètement certain. De toute façon, ce n’est pas parce qu’ils vont partager un lit qu’il se passera quelque chose. Ils partagent un appartement depuis trois ans, ça ne veut rien dire. Sortant les valises, ils prennent enfin la direction du chalet. Miles y est déjà venu mais il le trouve toujours aussi impressionnant. Bien loin de ce à quoi il est habitué au quotidien. Il s’imagine très bien ce qu’Anton et Naleya vont faire dans leur chambre. Ils ne s’en cachent même pas. Partir en vacances ensemble, dormir dans la même chambre. Ça fait très vacances en amoureux. Mais Miles ne le dit pas, parce qu’il préfère ne pas gêner Anton devant elle. Pas tout de suite. Et puis ils risqueraient de penser que ça vaut pour Mila et lui aussi. Sauf qu’eux, ne couchent pas ensemble et encore moins tous les jours. « faudra pas oublier de sortir du lit le matin hein. » Ils sont quand même là pour profiter de la montagne, sinon ils auraient pu rester à New York. « J’ai pas envie d’aller ranger tout de suite, j’ai envie d’aller me dégourdir les jambes. » Après la route, même si elle n’était pas si longue que ça, le besoin se fait ressentir. « Ou bien de tester le jacuzzi, j’hésite. » Choix difficile. « Vous voulez commencer par quoi ? A moins qu’on se sépare. »

La mauvaise nouvelle de la chambre indisponible, qui ne semble pas tellement poser de problèmes à personne au final, entraîne une discussion sur les pieds froids de Miles et entraîne donc également une plainte de Mila qui ne veut pas avoir à supporter ça. Ce à quoi Naleya suggère une solution, pleine de sous-entendus, mais c’est en fait une histoire de chaussettes qui finit par en ressortir. Clairement pas ce à quoi elle avait pensé et elle sait qu’ils le savent tous très bien. « Pourquoi est-ce qu’on a une conversation sur les chaussettes alors qu’on est tous assez grands pour savoir que je parlais de baise, hein ? » Inutile qu’ils fassent tous les innocents, aucun d’eux ne l’est. Récupérant toutes leurs affaires dans le coffre de la voiture, ils se dirigent enfin vers le chalet pour aller les poser et Naleya jette un coup d’œil tout autour d’elle pour découvrir les lieux. Mais pas vraiment le temps de tout regarder qu’Anton parle des chambres et, qu’à nouveau, les sous-entendus reprennent. Rapidement mis de côté quand Miles propose de ranger les valises plus tard et demande ce qu’ils ont envie de faire. Peu importe pour Naleya, tout lui convient, elle n’est pas bien chiante. Mila elle vote pour le jacuzzi plutôt que d’aller se dégourdir les jambes. « Va pour le jacuzzi alors, ce serait bête d’aller chacun de son côté alors qu’on vient d’arriver. » Ils sont quand même venus pour passer un séjour tous les quatre et ils auront surement plusieurs occasions de se retrouver séparés, là qu’ils peuvent être ensembles, autant en profiter. Mais ça n’empêche que du coup, pour finir dans le jacuzzi, au final il faut quand même aller mettre les valises dans les chambres pour les ouvrir et se changer.

Je tourne la tête vers ma coloc, un air faussement surpris sur le visage. « Tu parlais de baise ? Ça m’était pas venu à l’esprit, t’es vraiment trop perverse pour moi. » Ça pourrait peut-être passer pour une vérité auprès de Mila qui ne me connaît pas vraiment. En ce qui concerne Miles, j’en doute fortement. Quant à Naleya... Impossible qu’elle y croit une seule seconde. La proposition de déposer nos valises fait mouche, mes trois colocataires de la semaine étant fortement intéressés par l’idée de tester le jacuzzi. Ce n’est pas pour me déplaire, loin de là. « Le jacuzzi, ça me tente bien aussi. » Comment ne pas être tenté par ça, en même temps ? Néanmoins, on ne peut pas laisser les valises ici, surtout avec le besoin de prendre à l’intérieur d’entre elles les affaires pour aller dans l’eau. « Il faudra quand même monter les valises du coup. On se retrouve tous ici dans dix minutes, le temps de se changer. » Je ne pense pas qu’on aura besoin de plus de temps pour se foutre en maillots de bain. Je prends aussi le temps d’indiquer à Miles et Mila où se situe la salle de bains, me faisant la réflexion que l’un des deux ira sûrement dans cette pièce pour revêtir son maillot. Reprenant ma valise et celle de Naleya -autant éviter le risque de chute dans les escaliers-, j’ouvre la marche jusqu’à notre chambre pour ces prochains jours, et on y entre pour nous mettre en tenue. J’enfile rapidement mon short de bain et récupère des serviettes dans l’armoire, puis me tourne vers la jeune femme. Mes yeux traînent alors sur la moindre parcelle de peau de la belle, bien entendu, qui commence à peine à retirer ses vêtements. « Je crois que je vais descendre, tout de suite. » Que je lâche, me mordant la lèvre inférieure. Ouais, vaux mieux avant que l’envie de rester plus longtemps dans cette chambre prenne le pas sur la raison. Déposant un baiser rapide sur ses lèvres, je sors ensuite de la chambre pour attendre la petite troupe au niveau des escaliers.

Miles voit ce voyage improvisé comme un excellent moyen d’apprendre à connaître Naleya. Même si Anton continue de dire que ça n’est rien de sérieux, il n’est pas aveugle. Et en tant que meilleur ami, c’est important qu’il puisse se faire un avis sur celle qui partage le lit – et la vie – d’Anton. Pour l’instant, il n’a rien à y redire. Et même quand elle réagit de façon très franche au fait qu’aucun d’entre eux ne veuille parler de sexe pour se réchauffer les pieds, Miles se dit qu’elle est vraiment bien. Selon lui, le sexe ne devrait pas du tout être un tabou et ça ne semble pas en être un entre elle et Anton. « Tu baises avec tes chaussettes Anton ? Tu m’avais jamais dit ça. » Il détourne à nouveau le sujet, même s’il se doute que Mila ne risque pas d’être gênée par leurs propos. Sous prétexte qu’ils sont colocs et en couple sans l’être, il faudrait que Miles couche avec sa colocataire aussi ? Il préfère jouer l’innocent, plutôt qu’entrer dans une plaisanterie qui pourrait se retourner contre lui. Il connait assez Anton pour ça. Et visiblement, Naleya pourrait être pareille. Tout le monde opte pour le jacuzzi, ce qui convient très bien à Miles, même s’ils doivent monter quand même leurs affaires du coup. « T’as qu’à prendre la chambre, j’irais dans la salle de bain. Je voulais me refaire une beauté justement. » Dit-il à Mila quand ils se retrouvent seuls dans le couloir, leurs sacs à la main. Ils ne vont quand même pas se changer au même endroit, même s’ils vont y dormir ensemble, plus tard. Il pose tout de même ses affaires dans la chambre et en sort seulement son short de bain et une serviette. Assez contradictoire d’avoir ça dans sa valise quand on part au ski mais il a l’habitude de venir ici avec Anton. En fait, il n’est presque jamais allé au ski ailleurs qu’ici. Une fois dans la salle de bain, il se change rapidement, en profite pour passer aux toilettes, puis rejoint le hall avant les dix minutes octroyées par Anton. Cela dit, il est déjà là, lui aussi. « Tiens, c’est encore possible de te voir sans ta moitié. Je pensais pas. » Il lui donne un coup d’épaule, le taquinant volontairement. Tant qu’elle n’est pas là, il peut se le permettre. Le faire devant Naleya impliquerait une discussion qu’ils ne sont visiblement pas prêts à avoir tous les deux. Et Miles n’a pas envie de les mettre dans l’embarras. Il veut que le séjour se déroule bien. « Mila ne devrait pas tarder. Enfin je pense… si elle retrouve le chemin dans ton château. »