tu parles d'une surprise + MEGHONEL

J A N V I E R, 2 0 1 9 – Là, t’en étais certain ! Elle allait avoir cet enfant. Que tu le veuilles ou non, tu avais une chance sur deux d’être papa. Papa. T’en reviens pas, tu n’arrives pas à te mettre ça dans le crâne. Enfin, tu allais officiellement devenir père en adoptant Martin, mais la situation dans laquelle tu te trouves avec ton petit frère, n’a rien à voir avec ce qui peut avoir lieu entre Meghan et toi. Et même s’il s’avère que tu n’es pas le père, tu penses que ça changera à tout jamais ce qu’il y a entre vous. Ça remet tout en cause, que vous le vouliez ou non. « Hm … d’accord. » Tu ne sais pas vraiment ce que tu dois dire. C’est fou comme un simple mot peut t’enlever tous les mots de ta bouche. Changer complètement votre avenir. Tu regardes fixement son ventre, et a dû mal à réaliser que là-dedans, une petite graine est en train de pousser. Ça fait au moins trois mois. Trois mois qu’elle n’est plus seule, que vos vies sont possiblement étroitement liées à vie. C’est difficile à avaler. A comprendre. « Je comprends, t’en fais pas. » Un mois. C’est courageux de sa part de t’en avoir parlé presque immédiatement. Après tout, elle aurait pu se taire pendant encore de nombreuses semaines, des années. Tu n’aurais rien capté, pas fait le rapprochement entre l’enfant et toi. Du moins, pas avant un long moment. Et là, tu sens les responsabilités peser lourds sur tes épaules. « Je … J’en sais rien, je pense que je dois encore assimiler l’information. » Et là, tu te rends compte de la connerie que tu venais de dire. Tu venais de te faire passer pour le plus connard de tous les temps. Celui qui prend la fuite dès que les choses deviennent trop sérieuses. Meghan doit penser que t’es toujours le même mec, celui qui fuit et que ne veut pas s’engager dans la vie. « Enfin, non, je ne dis pas que … j’assumerai entièrement mes responsabilités. Je ne dis pas que je vais me barrer … laisse moi juste tout mettre en ordre dans ma tête. » Ta vie était déjà un véritable merdier sans nom. Tu ne pensais qu’elle pouvait se compliquer davantage. Mais le plus compliqué dans toute cette histoire, c’est de ne pas être certain de l’issue. Si tu étais sûr d’être le père, tu serais comment te préparer aux évènements à venir. Alors que là, tu ignores ta place. Ne sais véritablement ce que ton avenir va être. T’as pas envie d’embarquer les autres là-dedans. Ils subissent déjà assez comme ça. « Et … ça ne me regarde peut-être, mais t’en as parlé à l’autre … l’autre homme en question ? »

Depuis qu’elle lui a annoncé la nouvelle, elle n’a pas bougé, s’est contentée de le regarder. Et malgré ça, elle ne sait toujours pas trop que penser de sa réaction. Il n’a rien dit de mauvais, mais rien de bon non plus, a surtout posé des questions. Elle ne lui en veut pas, comprenant très bien qu’il ne puisse pas se décider tout de suite, choisir de se réjouir ou non, surtout dans ces circonstances, mais elle voudrait bien savoir, au moins un peu. Et au fond, elle n’a pas envie de vivre ça toute seule. Elle s’est déjà éloignée de beaucoup de son projet initial, elle n’a pas envie de renoncer à un père pour son enfant. Et au lieu d’un père, elle pourrait en avoir trois. Ça paraît presque ridicule. Elle voudrait savoir dès maintenant, mais sa gynécologue n’avait pu lui donner qu’une semaine. La mauvaise semaine justement. Et elle se doute bien que ce doute sur la paternité possible de Leo ne l’aide pas à savoir que penser tout ça. Il doit assimiler, il a raison. Elle, elle a eu plus de temps que lui pour le faire et parfois, elle n’est toujours pas sûre de prendre la bonne décision. Cette grossesse implique beaucoup de choses, beaucoup de complications et beaucoup de changements dans sa vie. Pourtant, elle a choisi de voir le côté positif. Elle voudrait pourtant savoir de quel côté penche Leo, au moins un peu, se faire une idée. Ce qu’il lui dit ensuite la rassure un peu. Difficile pour lui d’assumer quand la responsabilité pourrait ne pas être la sienne. Il y a des chances, c’est sûr. Ils avaient couché ensemble juste avant que Meghan décide de rompre, parce qu’elle hésitait encore. Elle s’était protégée avec chacun des hommes avec qui elle avait couché et pourtant, c’était arrivé quand même. « Ne t’inquiète pas, je ne te demande pas de choisir ce soir, d’être complètement partant là-dedans. Je voulais juste que tu le saches. » Elle choisit d’ignorer ce qu’elle ressent là-dedans, parce que ce n’est pas facile. Peut-être qu’elle espérait un peu que Leo accepte tout ça sans sourciller et que cette grossesse soit l’engagement qui manquait dans leur relation. Il lui manque, plus qu’elle ne veut bien l’admettre. Mais cet enfant n’est peut-être même pas le sien. La question qu’il lui pose ensuite la gêne un peu. L’autre homme... elle se mordille la lèvre et croise ses jambes, pas tout à fait à l’aise. Il a supposé qu’il n’y avait qu’un autre homme, et après réflexion, ça semble logique qu’il croit ça. A-t-elle besoin de le corriger ? Sans doute pas. « Je... Non, pas encore. Tu es le premier au courant. » Qu’est-ce que ça change au fond ? Elle aura toujours deux autres hommes à prévenir, dont un à retrouver alors qu’elle ne connaît que son prénom. Mais Leo n’a pas besoin de savoir qu’elle a eu besoin de plusieurs aventures pour l’éliminer de son système. Et que, même ça, ça n’avait pas complètement fonctionné. Au-dessus de leur tête, du bruit se fait entendre, sans doute Martin. Elle l’avait presque oublié dans tout ça. « Je devrais peut-être vous laisser. Te laisser assimiler tout ça. »

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Dans ta tête, c’est pire qu’un GPS perdu et qui tente à de multiples reprises de réinitialiser le trajet sans pour autant aboutir à quelque chose. Tu ne sais plus vraiment quoi penser. C’est assez flou et pourtant, tu sais que Meghan aimerait entendre la bonne réponse. Mais si ta réponse n’était pas à la hauteur de ce que tu pouvais lui donner pour le moment. Toi-même, tu aurais voulu être plus au clair, savoir quoi lui répondre, connaître l’issue à tout ça. Mais rien. C’était le vide cérébral. Toi qui pensais avoir réponse à tout, voilà qui cogitais sur ton canapé. Il était difficile de te canaliser, de te laisser perplexe. Et la belle blonde avait trouvé les mots. Ça t’avait paralysé, et les effets étaient aussi efficace qu’un anesthésiant. Et lorsqu’elle te dit qu’elle ne te donnait pas d’ultimatum ce soir, tu ne peux que surélever le coin droit de ta bouche. Comme s’il y avait un choix à faire. Au fond, tu sais que tu ne peux lui dire non, lui dire qu’elle n’a qu’à se débrouiller toute seule. Tu vois déjà que c’est une véritable galère de s’occuper d’un enfant, et ça même quand on est bien entouré, alors tout seul, t’oses pas imaginer. Mais tu souhaites tout mettre en ordre avant de lui donner ta réponse. Et tu te sens honoré d’être le premier à connaître sa grossesse. Tu te dis que tu dois avoir une place spéciale, qu’elle te considère différemment. C’est peut-être votre ancienne relation, le fait que vous soyez ex. L’autre est peut-être un simple mec comme ça, quelqu’un sans importance. Tu te contentes d’être silencieux. De tout enregistrer. Mais c’est compliqué. Et lorsqu’elle te propose de te laisser seul, tu n’as qu’une envie, lui dire oui. T’as besoin d’être seul, de te retrouver pour penser à tout ça. « Je pense oui. Je … » Tu en perds toujours autant les mots. « Je suis désolé de ne pas sauter au plafond, de ne pas trouver les mots. Je ne veux pas te laisser penser que tu es seule face à ça. Je veux juste assimiler le tout. » Doucement, vous vous levez, et ne sachez pas quoi faire. Vous prendre dans les bras, ou ne rien faire. Vos retrouvailles étaient loin d’être aussi chaleureuses que tu le pensais. Au contraire, elle avait été distante du début à la fin. Et vos au revoirs étaient encore plus étranges. « Ne pense pas que je veuille te mettre à la porte, mettre fin à tout ça. Je suis-là. » Tu te mords la lèvre, et la vois s’engouffrer à nouveau dans le froid de la ville. Tu la regardes s’en aller, et s’est le cœur lourd que tu refermes la porte.