my worst nightmare (wyatt)

my worst nightmare.

25 janvier 2019.

Je crois que l'une des chose qui va le plus me manquer lorsque je prendrais mon poste au sein du camion échelle 119, c'est ce 'vendredi café'. Chaque semaine, une différente personne du service administratif de la caserne doit venir avec de quoi bien commencer la journée. Pour éviter d'empoisonner mes collègues, j'ai acheté un gâteau à la pâtisserie du coin. Mais il me manque le café et j'entre donc chez Gimme Coffee avec une liste de boissons à commander. Nous ne sommes pas trop nombreux alors il ne devrait pas y avoir de catastrophe. Thomas me donne un coup et je grimace doucement. Je pose mes deux mains sur mon gros ventre. J'ai l'impression que je vais exploser. Qu'est-ce que j'ai hâte qu'il sorte de là. Je n'en peux plus de compter les heures de sommeil sur les doigts d'une main et de mettre un temps fou à sortir de ma voiture. Je n'ai pas l'habitude d'être handicapée de la sorte et je dois dire que ça me fait peur et bien comme il se doit. Parce que, bien que j'ai hâte de le rencontrer, je sais que ses premières semaines ne vont pas être des plus faciles. Il va commencer les premières heures de sa vie en se faisant charcuter de tous les côtés. J'essaye de ne pas voir le plus négatif de toute cette histoire mais je sais ce qui m'attend : des heures de soucis, à attendre que l'on me dise si le coeur de mon fils a tenu le coup ou pas. Je regarde mon ventre et souffle doucement " T'inquiète, je prends pas de café, on a clairement pas besoin de ça " On discute pas mal tous les deux. Enfin, je lui parle et il me répond avec quelques coups de pieds. C'est à mon tour et je commande les différentes boissons ainsi qu'une tisane pour moi. Je paye le tout et me mets de côté, attendant ma commande. Je tends la main pour attraper du sucre roux - Cami n'aime pas le sucre blanc - et ma main entre en collision avec celle de quelqu'un d'autre. " Excusez moi " Que je lance doucement en tournant le visage vers la personne en question. Un homme vu les mains plus musclées et fortes que j'avais sous les yeux il y a quelques secondes. Et lorsque je croise son regard, je me fige comme une statue de sel. Je ne m'y attendais pas à celle là. Le meilleur ami de mon défunt fiancé. En face de moi. Après six mois sans nouvelles. En même temps, je lui ai demandé de rester loin de moi, de nous oublier et l'ait honteusement accusé d'être responsable de la mort de Thomas. Thomas père. Puisque Thomas fils est encore au chaud mais s'excite fortement. " Wyatt… " Que je souffle à voix basse. Si je pensais me diriger vers un mieux en venant ici, j'ai eu tout faux. Fuir Chicago pour New-York n'a peut-être pas été ma meilleure idée. Et pourtant j'y croyais.

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Du café. Une grande dose de café afin de pouvoir affronter la journée à venir au poste. S’il a pour habitude de passer s’acheter un café bien noir sur la route vers le commissariat même après en avoir bu un chez lui, Wyatt en a d’autant plus besoin aujourd’hui. Il n’a pas passé la nuit la plus calme qui soit et, pour une fois, ça n’a rien à voir avec sa petite amie. C’est surtout l’affaire sur laquelle son équipe travaille qui l’empêche de dormir. Ça sera le cas tant qu’ils n’auront pas réglé tout ça. De toute manière son travail il a tendance à le ramener chez lui et donc à passer des heures à cogiter dans son lit alors que tout le monde dort. Il n’a pas voulu imposer ça à Cassie et il a évité de passer la nuit à bouger dans tous les sens en dormant sans elle, évitant ainsi que la brune ne se réveille. Après les derniers évènements qui l’ont traumatisé, la jeune femme a besoin de repos et lui, il lui en donne autant que possible. Alors, lorsqu’il rentre dans le Gimme Coffee, son esprit est déjà focalisé sur son affaire. Il n’en reste pas moins poli et salue Kat, la serveuse qu’il voit tous les matins à la même heure et qui connaît sa commande par cœur. Café noir, serré et sans sucre. Aucun accompagnement, sauf qu’aujourd’hui il change un peu et ajoute un expresso à emporter qui lui sera sucré. Commande payée, il s’écarte et sort son smartphone pour consulter ses mails le temps que ses deux cafés soient prêts. Rien de nouveau. Il faut dire qu’il a vérifié il y a moins d’une heure et si une grosse nouveauté était tombée, il aurait été appelé. Pour s’occuper, il décide donc d’aller prendre un sachet de sucre pour son expresso au moment où son portable vibre dans sa poche. Message de sa petite amie pour lui souhaiter une bonne journée. Sourire aux lèvres, Wyatt tape une réponse d’une main et de l’autre il cherche un sachet, rencontre une autre main et entend une voix s’excuser. Immédiatement, il se fige. Cette voix, il la connaît. Même après des mois loin de Chicago, il ne l’a pas oublié. Comment oublier la voix d’une personne qui vous dit tout haut ce que vous pensez tout bas, que vous auriez dû mourir à la place de votre coéquipier ? Impossible et pourtant il ose tourner la tête vers sa voisine qui en le voyant, se pétrifie. « Char … » Il ne finit pas. Pas alors que son regard est aussitôt attiré par son ventre énorme de femme enceinte. Merde. « T’es enceinte … » Brillante déduction de la part de l’agent Farrell. Il ne s’y attendait pas. Thomas ne lui a jamais dit que Charlie était enceinte. Est-ce qu’il l’a su au moins ? Il le lui aurait dit si ça avait été le cas, ils ne se cachaient rien. Et plutôt que de lui demander ce qu’elle fait à New York, il reste bloqué sur ce point alors que les démons qu’il s’efforce à garder enfermés s’agitent en lui, voyant là une porte de sortie pour le hanter à nouveau.

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25 janvier 2019.

Cette journée risque de changer ma vie. C'est même sur. Il est encore tôt et je suis sous le choc. Mes jambes tremblent et si je n'avais pas la main sur la table, je pense que je tomberais à la renverse. Le croiser est un choc. J'ai l'impression que quelque chose se brise en moi. Enfin, non. Que quelque chose se déchire. C'est comme si je m'évertuais à recoller mon coeur depuis des mois et qu'en un regard, il a tout foutu en l'air. Je suis comme pétrifiée face à lui. Je n'avais aucune idée d'où il était parti après l'échec de sa mission à Chicago, de leur mission. Thomas, oh Thomas… Mon fiancé me manque chaque jour un peu plus et il me manquera tous les jours, jusqu'à la fin de ma vie, je le sais. On n'oublie pas l'amour de sa vie comme ça, surtout pas quand un enfant est prêt à pointer le bout de son nez. En tout cas, si j'avais su que Wyatt était à New York, j'aurais surement choisi une autre ville pour m'installer. Il doit y avoir de très bons docteurs à Los Angeles, San Francisco ou même Miami. Je ne suis pas sûre que j'aurais pu supporter la chaleur de la Floride mais j'aurais été loin de lui et de tout ce que son visage fait remonter en moi. Une chose est sûre, je n'aurais pas posé mes valises ici. Mais je l'ai fait. Et je risque de croiser son visage encore quelques fois. Je risque d'éviter le Gimme Coffee pour un bon bout de temps, juste pour ne pas le revoir. " Perspicace à ce que je vois " Que je souffle doucement en attrapant le sucre roux et le lançant au fond de mon sac à main. " Thomas, je te présente le meilleur ami de ton père, Wyatt " Que je souffle en posant ma main sur mon ventre. Le meilleur ami de ton père et celui qui aurait été ton parrain si ton père avait toujours été là. Cependant, la vie en avait décidé autrement. J'avais des tas de commentaires cinglants à lancer, des préventions à donner à Thomas : ne devient pas comme Wyatt, par pitié. Ne laisse pas un futur père de famille mourir, jamais. Mais je n'en avais pas le courage à ce moment là. Même si je déteste Wyatt, que je lui en veux depuis plus de six mois, je n'arrive pas à décrocher mon regard de son visage. Le voir, le regarder, ça me ramène à de très beaux moments aussi. Thomas était toujours là, on partageait de très bons moments. Et c'est ça le pire dans cette histoire. Wyatt n'est pas relié à des souvenirs douloureux. Pas essentiellement du moins. Et je sais que j'ai été horrible avec lui quand Thomas est décédé. Je lui ai dis des tas de choses déplacées et infondées. Il n'y ait pour rien. Ce n'est pas lui qui a appuyé sur la détente. Mais le haïr était la solution de facilité et j'avais eu besoin de facilité à l'époque. Cependant, s'il ne l'avait pas tué, une partie de moi aurait préféré que Farrell ait été à la place de mon fiancé. Et contre ça, je ne pouvais rien faire. C'était idiot, Thomas m'en voudrait mais je n'arrivais pas à me raisonner. " Il saura jamais qu'il allait être papa, que notre famille allait s'agrandir " Que je finissais par souffler, avant qu'il me pose la question. Je pense qu'entre ça et le prénom du petit, il sait à quel point tout ça est terriblement douloureux pour moi. Mais je ne peux pas me laisser aller. Thomas compte sur moi. Mes deux Thomas comptent sur moi d'une manière ou d'une autre.

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Si on lui avait dit qu’un jour il croiserait à nouveau la route de Charlotte Spencer – enceinte qui plus est – jamais Wyatt n’y aurait cru. Du moins, il aurait tout fait pour ne pas y croire. Parce que voir cette femme si peu de temps après le décès de son partenaire, c’est une épreuve pour lui. Tout comme ça doit être une épreuve pour elle. Tous les trois ont vécu d’excellents moments à Chicago. Ce n’était pas tout le temps facile, pas avec l’affaire sur laquelle Thomas et Wyatt étaient en infiltration, mais il y a eu beaucoup de bons moments. Particulièrement pour Thomas puisqu’il a été jusqu’à se fiancer. Wyatt espérait tellement le meilleur pour lui. Pour eux. C’est tout ce qu’il a toujours souhaité, malheureusement rien ne s’est passé comme prévu. La mort de son partenaire, il l’a sur sa conscience. Il n’aurait rien pu faire – surtout, Thomas lui a fait comprendre de ne rien faire – ce qui ne change en rien la sensation qu’il aurait pu faire plus même s’il sait qu’il aurait fini lui aussi avec une balle dans la tête. Ça ne l’aurait pas aidé à grand-chose mais qu’importe. Et il avait déjà bien assez de ses cauchemars sans avoir besoin d’ajouter la vision de Charlie enceinte. La prochaine fois, il préférera le café du poste de police, ça sera plus sûr. En attendant, l’ironie dont elle fait preuve est parfaitement justifiée. « Thomas … » Il répète tout bas. Ça ne l’étonne pas qu’elle désire l’appeler après son défunt père mais ça le retourne un peu plus. Merde, il n’aura jamais l’occasion de voir son fils naître et grandir. On lui a arraché cette chance alors qu’il sait que fonder sa famille était l’un de ses rêves. Dire qu’il aurait pu l’avoir sans tout ça. Cette journée, elle va être que trop sous le signe du remord et de la nostalgie, c’est tout l’effet que ses retrouvailles avec Charlie vont lui faire. Il est même assez étonné qu’elle ne l’ait pas ignoré et qu’elle ne soit pas sortie du café. Etant donné la façon dont ils se quittés la dernière fois, ça lui aurait semblé parfaitement logique. « Je suis désolé. » Ça sonne vide. Sans doute parce qu’il le lui a déjà dit un millier de fois avant d’être exfiltré à New York. Wyatt est encore terriblement désolé six mois plus tard. « T’es arrivée quand à New York ? » Ça, il devrait le savoir, comme le fait qu’elle est enceinte. Parmi ses collègues à Chicago, il a une connaissance qui était supposé garder un œil sur Charlie, comment se fait-il qu’elle ne lui ait pas dit qu’elle était partie ? Ça aurait pu lui éviter le choc de la voir avec son ventre bien rond.

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25 janvier 2019.

Thomas. C'est comme ça que j'ai décidé d'appeler mon fils. Je ne voyais aucun autre nombre pour lui. C'est ma façon de lui rendre hommage d'une certaine façon. Je n'aurais jamais pensé que ma vie serait comme ça, si douloureuse. Revoir Wyatt, ça me fout un sacré coup au coeur et ce n'est vraiment pas facile. Mais je ne peux rien y faire. Je ne vais pas quitter le lieu sans mes cafés - ce serait du gâchis - et puis, il faut que j'avance. Je sais que ce café est à éviter mais je finirais bien par le recroiser un jour ou l'autre. Je le sais. C'est toujours comme ça. New York est immense, le quartier aussi et pourtant, regardez nous, deux adultes en face l'un de l'autre qui ne savent même pas quoi se dire. Il est désolé. Et moi aussi. Qu'est-ce que je suis désolée de voir ma guérison foutue en l'air pour un sachet de sucre. Si ma collègue prenait du sucre blanc comme tout le monde, on en serait pas là. Mais c'est comme ça. La vie est ainsi et on ne peut rien y faire. " Octobre " Que je lance doucement, ne sachant pas vraiment pourquoi je lui réponds. Qu'est-ce que ça peut bien lui foutre sérieusement ? Et je me mords l'intérieur de la bouche pour ne pas balancer que si j'avais su qu'il était là, j'aurais pris l'avion pour une autre destination. " Thomas a une malformation cardiaque… " Thomas. Pas Thomas Junior. Tout simplement parce qu'il n'y aura jamais de Thomas Senior dans notre vie, à mon grand damn. Je ne sais même pas pourquoi je m'étale, pourquoi je lui parle de ce genre de choses. Je crois que mon défunt fiancé me botterait le cul d'être un monstre avec son meilleur ami. Je dois me reprendre et arrêter d'en vouloir à Wyatt. Mais demain. Parce qu'aujourd'hui, j'ai toujours beaucoup trop de rancoeur pour lui sourire, m'excuser de tout ce que je lui ai balancé il y a six mois. " Je voulais éviter d'enterrer un deuxième corps en moins d'un an alors autant venir là où les meilleurs docteurs se trouvent " Ça sort si naturellement de ma bouche. Avec tant de haine que ça pourrait tuer un régiment si mes mots étaient du poison. Je soupire doucement et le regard, avec mes yeux fatigués, les cernes surement trop présentes. Je n'ai pas trop fait attention à mon reflet dans le miroir ce matin. " Pourquoi ? " Ça l'intéresse soudainement ce qu'il se passe dans ma vie ? Rien n'a été facile ces derniers mois et je sais que rien ne rendra plus facile les semaines qui vont arriver. Qu'est-ce que j'aimerais retourner il y a sept-huit mois. Sentir les bras de Thomas autour de moi, le sentir quitter le lit conjugal au petit matin et laisser des draps frais. Mais temporairement. Seulement, en juin, le temporaire est devenu définitif et c'est si dur sans lui. J'ai du soutien mais rien ni personne n'est Thomas. Et Wyatt est ce qui s'en rapproche le plus même si j'ai envie de lui arracher les yeux. Ces sentiments contradictoires ouvrent un peu plus le gouffre qu'est mon coeur. " Désolée de venir bousculer tes plans de vie paisible loin de tout ce merdier " Que je souffle, un peu ironiquement. Je ne suis pas désolée du tout, autant être claire là dessus.

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Octobre. Elle est à New York depuis octobre et lui il découvre ça que maintenant. Autant dire qu’il risque fortement de passer un appel une fois au poste pour engueuler une ou deux personnes. S’il a demandé à ce qu’on veille sur Charlie ce n’était pas pour faire chier, mais parce qu’il avait besoin de savoir qu’elle allait bien. Aussi bien qu’on peut aller après avoir perdu l’homme de sa vie. Elle allait mal quoi mais puisqu’elle l’avait chassé de sa vie, avait déversé sa haine sur lui, impossible pour Wyatt de veiller lui-même sur elle. Encore moins lorsqu’il a été rappelé à New York. Demander à des collègues de le faire pour lui, c’est la seule solution qu’il a trouvé à l’époque. Quelque part, avoir ces petits rapports sur la jeune femme de temps en temps ça lui donnait la sensation de ne pas totalement rompre le contact même si elle n’a jamais rien su. C’était aussi une façon de ne pas oublier Thomas, de l’honorer parce que Wyatt sait qu’il lui aurait collé une droite s’il était parti en effaçant totalement Charlie de sa vie. Seulement, tomber sur elle aussi brutalement, il ne s’y attendait pas. Il n’y était pas prêt non plus. Ce qu’elle annonce ensuite lui fait l’effet d’une seconde douche froide en à peine quelques minutes. Y a-t-il au moins une bonne nouvelle dans ce monde de merde ? Ou tout bonnement dans cette journée qui commence mal, vraiment très mal même ? Le flic ouvre la bouche, prêt à s’excuser une fois encore, mais n’en fait rien. La réplique de Charlie est une claque si violente que le trentenaire en perd ses mots pendant quelques secondes. Une éternité à ses yeux alors qu’il fixe la blonde. « Une malformation cardiaque … » Répète-t-il pour donner plus de réalité à tout ça. Il a surtout l’air d’un pauvre crétin uniquement capable de répéter ce qu’on lui dit, mais pris de court comme il l’est, presque en état de choc, Wyatt a du mal à réfléchir convenablement. Et puis il n’a pas assez de caféine dans les veines pour être totalement bien réveillé. Charlie lui demande pourquoi. Pas besoin de développer pour qu’il comprenne qu’elle veut savoir la raison pour laquelle il s’intéresse à elle. « Je pensais que ça allait à Chicago. » Qu’il se contente de répondre. C’était du moins ce qu’on lui avait rapporté mais puisqu’on lui avait jamais parlé de grossesse, le flic suppose qu’il y a pas mal de choses qu’il n’a pas su finalement. « Tu m’en veux encore … » C’est une constatation. L’ironie dans sa voix lui fait du mal. Oh il ne s’attendait pas à ce qu’elle ait passé l’éponge, mais sa rancœur le blesse vraiment trop. Lui qui pensait être passé à autre chose, il sait maintenant qu’il rêvait tout debout. « Est-ce qu’il y a au moins une chance qu’un jour tu me pardonnes de ne pas l’avoir sauvé ? Aussi infime soit-elle … » D’autant qu’il ne s’est lui-même jamais pardonné de n’avoir rien pu faire. La colère de Charlie c’est surtout le moyen de rouvrir une blessure qui commençait à peine à cicatriser.

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25 janvier 2019.

Je sais que le petit coeur de Thomas est en mauvaise santé depuis bien longtemps. Et pourtant, à chaque fois que j'en parle, que je le dis à quelqu'un, c'est comme si on m'annonçait la nouvelle une fois de plus. Je n'arrive pas à l'emmagasiner, à l'intégrer. C'est plus fort que moi. J'aimerais bien que tout cela soit un mauvais rêve mais ce n'est pas le cas. Les médecins m'ont dit que ce genre de malformation, c'est juste "comme ça". Je n'ai rien fait pour que mon fils soit malade, c'est juste un mauvais concours de circonstances. Et franchement, je commence à croire que toutes les circonstances sont contre moi ces derniers temps. Je déteste cela. Je me sens si mal, brisée, détruite, maudite en quelque sorte. C'est à croire que quelqu'un a lancé un mauvais sort et que je ne m'en sors pas. Il n'y a que la mort pour se débarrasser d'un mauvais sort ? Dommage pour moi alors. Parce que ça ne fait pas partie de mes plans. La vie est dure, tous les jours un peu plus douloureuse mais je n'abandonnerais pas, jamais. Pour Thomas. Pour mes deux Thomas. Je le regarde quand il me dit qu'il pensait que ça allait à Chicago. Je fronce un sourcil et me retiens grandement de rire. C'est une blague, pas vrai ? Il pensait que ça allait ? Est-ce qu'il va bien lui ? Est-ce qu'il vit sa vie tranquillement, comme si de rien n'était ? Et cette colère qui monte en moi sort bientôt en quelques mots. Je lui en veux encore. Bien entendu. Mais pas que. " J'en veux à la terre entière en fait. Je perds mon futur mari, j'apprends que je suis enceinte et quelques mois, que mon fils risque de mourir en venant au monde. J'en veux à la terre entière " Que je répète avec beaucoup trop de hargne dans la voix. Je ne devrais pas m'énerver maintenant, je ne devrais pas m'énerver à aucun moment. Mais c'est trop facile d'être énervée. Ça évite de trop réfléchir et surtout, de dealer avec tout ce que je ressens en ce moment. C'est un sentiment fourre-tout qui me facilite la vie. Pas pour longtemps mais je prends ce que je peux quand je le peux. " Je sais pas Wyatt. Je sais pas si je pourrais oublier qu'il s'est fait sauter la cervelle, qu'on a été obligé de laisser le cercueil fermé, que j'ai jamais pu lui dire au revoir ou embrasser son front une dernière fois " Ce qu'on nous montre à la télévision, c'est le côté joli des balles. Mais je peux vous assurer qu'une balle, ça détruit tout sur son chemin et dans la tête… C'est le pire. " Intérieurement, je sais que t'as rien pu faire. Il m'expliquait assez souvent comment ça fonctionnait, on bosse assez avec la police pour savoir comment ça se passe mais… Je peux pas lui en vouloir d'avoir choisi ce métier, d'avoir accepter cette affectation. Je peux pas lui crier dessus, il est mort " Et c'était ça le plus dur en fait. S'il avait été gravement blessé, j'aurais pu lui crier dessus pour ce qu'il avait fait mais là… Je n'ai personne. Personne sauf Wyatt. Il est mon bouc émissaire, mon punching ball. Ça finira par passer. Mais quand ? C'est une question à laquelle je ne peux pas répondre malheureusement.

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Il a tellement l’air d’un con là, planté devant elle a juste pouvoir répéter bêtement ce qu’elle lui dit. C’est à croire que son cerveau, il a arrêté de fonctionner à l’instant où il l’a reconnu, au moment même où tous ces démons qu’il pensait retenus derrière une porte sont sortis en applaudissant bien lourdement dans sa tête. S’il doit être franc, il n’a jamais pensé pouvoir mettre la mort de Thomas derrière lui. Ça va le hanter toute sa vie et même si c’est masochiste, Wyatt tient à ce que ça le hante. Il ne veut pas oublier son partenaire, il ne veut pas qu’il tombe dans l’oubli, ça le tuerait. Seulement la douleur et les cauchemars sont des choses dont il pourrait se passer. Et il commençait lentement à se remettre. Ses nuits étaient devenues moins agitées, maintenant il sait que ça va recommencer, qu’il va faire une rechute. Tout ça parce que Charlie lui rappelle trop de choses. Des détails dont il ne voulait surtout pas se souvenir. En plus de ça – et ça n’arrange rien à son malaise – elle est enceinte. Elle porte la vie en elle. Certes une vie qui commence pas très bien, mais qui est un souvenir de l’homme qu’ils ont connu et perdu. Dire qu’il aurait pu ne jamais le savoir. Silencieux, qu’est-ce qu’il est supposé lui dire ? Il la comprend mais il la connaît assez pour savoir que s’il prend le risque de le lui dire, elle va rire et lui en coller une. Parce qu’il ne peut pas totalement comprendre ce qu’elle endure. Lui, il n’a pas perdu l’amour de sa vie. Ceci dit, la simple idée que quelque chose puisse arriver à Cassie éveille cette rage qu’il garde enchaînée au fond de lui. « Pourtant tu le peux. » Lui crier dessus. C’est ce qu’il a fait lui. Il s’est énervé une bonne heure sur sa tombe. Il avait l’air d’un abruti – comme maintenant mais en pire – à parler à une pierre froide, mais il s’est dit que peu importe l’endroit où Thomas se trouve désormais, il allait l’entendre l’engueuler, lui donner tous ces jolis petits noms d’oiseaux qu’il mérite. Il a déversé sa haine, sa douleur et son incompréhension sur cette fichue tombe. Ne lui restait plus que le manque, le vide qu’il a laissé. « Tu sais que j’aurais voulu faire quelque chose, que j’aurais échangé nos places si j’en avais été capable. J’avais bien moins à perdre que lui. Mais je n’ai pas pu et la seule façon que j’ai eu de l’engueuler c’était face à sa putain de pierre tombale. Ça m’a fait du bien, mais il me manque toujours. C’était un frère pour moi et je serais resté à Chicago si … » Il s’arrête un instant. Ils sont réellement en train d’avoir cette conversation dans un café, c’est tout bonnement irréel. « Si tu m’y avais autorisé. Mais après ce que tu m’as dit, partir ça me semblait être le mieux pour toi. Je serais resté pourtant, d’autant plus si j’avais su. » Qu’il dit en désignant son ventre bien arrondi. Elle ne le lui aurait pas permis, elle a été très claire là-dessus. A la place, il est rentré à New York, il a essayé de passer à autre chose tout en veillant de loin sur elle. Maintenant, il ne sait plus vraiment s’il doit être heureux de la voir ou paniqué comme jamais.