go down that road again / camila

A chacun de régler ses problèmes comme il l’entend, c’est ce que je tente de me répéter sans arrêt plutôt que d’aller mettre mon nez dans des histoires qui ne me concernent pas. J’ai déjà du mal à gérer ma propre vie, par moment je me demande ce qui me prends d’aller m’intéresser d’un peu trop près à celle des autres. Cela dit, si je peux tenter d’aider un proche de quelque manière que ce soit autant que je le fasse. Ça ne coûte rien, que ça soit à cette personne ou à moi-même. Libre à Camila de faire ce qu’elle veut après tout, je suis la dernière personne qui ira juger ses décisions. Pas alors que j’enchaîne régulièrement les erreurs et que je peine à me rattraper. J’essaye, ce n’est pas le problème, seulement le mieux serait tout de même que j’arrête de foncer sans réfléchir. D’un mouvement de la tête, j’approuve ce qu’elle me répond. Dans un sens il serait bien qu’une personne soit capable de nous permettre de régler nos soucis, mais c’est un espoir utopique. « Par simple curiosité, je te demanderai des nouvelles pour savoir où tu en es. » Sourire en coin, je la taquine tout en pensant tout de même ce que je dis. C’est une excuse parfaite pour prendre dans ses nouvelles en plus de ça. Mais puisque ce n’est pas le sujet ni la raison de ma présence, je me concentre de nouveau sur Mandy et sur nos affaires liées. Café bu doucement, j’approuve une nouvelle fois les paroles du lieutenant. « On peut faire ça, de toute manière je n’ai rien à cacher concernant mon enquête, ta présence est loin de me déranger. » Nous allons être la preuve vivante que les services peuvent échanger et s’entraider, ce qui tient souvent du mythe. « L’avantage qu’on à avoir nos bureaux dans le même bâtiment c’est qu’on va lui éviter de se sentir dans une zone trouble. Elle te connaît, elle connaît l’endroit, ça ne peut qu’aider. » Bien sûr, je pourrais l’interroger dans mes bureaux quelques étages au-dessus, ce n’est pas nécessaire cela dit. « Tu préfères peut-être qu’on le fasse une fois que j’aurais l’assurance de pouvoir la mettre en sécurité ? Cela dit, si elle veut que j’en fasse de même pour ses proches, il va falloir qu’elle me donne quelque chose. Dans le cas contraire, ça risque d’être compliqué. » Pas infaisable, mais on m’autorisera plus facilement à faire travailler certaines connexions hautement placée si j’ai quelque chose à me mettre sous la dent – et qui fasse avancer mon enquête de préférence.

Je souris malgré moi, de ce petit sourire en coin que j’offre toujours facilement. Je souris dès qu’elle confirme qu’elle me tiendra au courant. Je souris parce que je suis touché qu’elle décide d’accepter de me mettre au courant. Rien ne l’y oblige après tout. Je n’ai pas été un ami digne de ce nom ces derniers temps, il serait normal qu’elle considère que ça ne me regarde pas. Et, pour dire vrai, ça ne me regarde pas. Le fait que Camila en décide autrement, ça me fait forcément plaisir. J’essaye de me rattraper, de ne pas être aussi focalisé sur mon travail que j’ai pu l’être ces dernières années. Je tente de m’améliorer comme je le peux, de changer mes mauvaises habitudes et de me prouver que je suis capable d’être celui que j’ai toujours été et voulu être. Ça commence par être plus attentif à mon entourage même si mon travail me demande du temps. « J’offrirai à nouveau le café et sans doute de quoi manger aussi. » Pourquoi pas un tour dans un IHOP un matin avant d’aller bosser ? Ou pendant, généralement il suffit d’avoir nos portables pour nous contacter. De jour comme de nuit ce qui, par moment, peut vite agacer. Seulement c’est le métier que nous avons choisi, conscients de mes mauvais et des bons côtés. C’est définitivement à noter dans un coin de ma mémoire ça. « Oh je ne doute pas de toi ni de ton équipe, je sais qu’en général on doute plutôt du FBI. » C’était mon cas quand j’étais flic et … en fait c’est toujours le cas, je veille seulement à ce que mon unité soit irréprochable. Surtout si ça peut faciliter les échanges entre services et ce n’est pas négligeable dans certains cas. Comme là. « Je devais seulement m’assurer qu’on puisse collaborer aujourd’hui, ça te va s’y on s’organise ça rapidement ? Demain ça serait parfait, le temps que je briefe l’équipe et que tu puisses la contacter ? » Plus vite nous règlerons cette affaire et mieux tout le monde se portera. Si ça ne tenait qu’à moi, je l’interrogerai dès maintenant, mais mieux vaut pour moi que Seth soit avec moi ou un autre membre de l’équipe si jamais mon partenaire ne peut pas se libérer. Pour le reste, je sais que la présence de Camila ne pourra que nous être bénéfique. « Et dans un souci d’équité, je pourrais te faire envoyer ce qu’on a sur notre affaire, peut-être que ça t’aidera à avancer dans la tienne. »

« Aaah le plaisir de se faire payer le café et la nourriture, ça ne manque jamais. » Je ne peux me retenir de dire, un sourire amusé apparaissant sur mon visage. Je comprends, qui pourrait refuser une telle offre ? Mais en réalité je sais que c’est l’idée qu’on se revoit, qu’on puisse discuter librement sans avoir à craindre qu’on épie notre conversation. Un flic c’est très curieux, nous le savons l’un comme l’autre parce que nous sommes également curieux. Souvent c’est ce qui fait d’une personne un bon policier. Je dis bien souvent puisqu’il arrive que la curiosité soit trop poussée et dérangeante chez certains. « Mais je te promets de ne pas mettre une éternité cette fois. » Finis-je par dire, sincère. Je tente toujours de m’améliorer et ce n’est pas maintenant que je dois relâcher mes efforts. Et puis j’ai réellement envie d’en savoir plus, peut-être est-ce mon côté féminin qui ressort ou tout bonnement l’ami que je suis supposé être ? Revenant à la raison de ma présence dans ces locaux, un nouveau petit sourire étire le coin de ma bouche alors qu’elle affirme ne pas douter de mon équipe et ajoute qu’elle fait du bon travail. « C’est vrai que je n’ai vraiment pas à me plaindre. Non seulement ce sont des personnes de confiance, mais ils n’arrêtent pas de se surpasser. » Ils deviennent même doucement une seconde famille à force de les côtoyer sans arrêt et que nous devons compter les uns sur les autres pour rester envie. Et puis Seth, il est devenu un peu comme un frère aussi casse-pied soit-il – et il doit penser exactement la même chose de moi. « Faisons comme ça alors. Je vais rejoindre mon bureau et t’envoyer ce que j’ai par mail, ça sera plus rapide et dès que tu as une heure pour Mandy, t’auras qu’à m’y répondre. » Dis-je avant de finir mon café, ce qui signe aussi la fin de mon temps avec elle. Je me lève alors, gagne la porte de son bureau et m’arrête devant celle-ci. « On devrait faire ça plus souvent, j’avais oublié à quel point c’est agréable. » Enième sourire et je sors de la pièce, jette mon gobelet dans la poubelle la plus proche et m’empresse de gagner mon bureau pour lui envoyer ce que j’ai promis de lui transmettre.