don't ever let it end. (noor)

Je ne me suis jamais préparé aussi vite de toute ma vie. Cet appel avec Noor, il m’a complètement chamboulé. Je croyais être le seul à être aussi hésitant, à être aussi intimidé et perturbé par ce que je ressens pour elle. Elle m’a rassuré en m’avouant l’être elle aussi, sauf la partie des sentiments où, là, j’ai toujours un gros doute. Quelque chose me dit que ce qu’on vit ensemble n’est pas anodin non plus de son côté, mais je peux encore me tromper. Propre comme un sou neuf, je récupère les clés de ma voiture puis prends la route pour le bowling. Le lieu n’étant pas très loin, j’arrive un peu avant l’heure du rendez-vous et avant elle. Ça, je le constate en entrant à l’intérieur et je vais au comptoir pour demander une piste pour deux. J’ai le temps de régler la réservation lorsque du mouvement vers la porte d’entrée attire mon attention. Quelques personnes entrent et, dans le lot, celle que j’attends. Je souris rien qu’en la voyant, elle est si... magnifique, mon cœur en loupe un battement. Bon dieu, mais qu’est-ce qu’elle m’a fait cette femme ? Je vais à sa rencontre sans attendre, me stoppant une fois face à elle. « Bonsoir Noor. » Je souris, ne cachant pas une seconde ma joie. Je suis véritablement ravi de la voir, comme je lui avais dit au téléphone, j’en avais envie. Je lutte pour ne pas lui montrer le contraire, pour ne pas me retrancher dans ma timidité qui a tendance à revenir au galop lorsque je ne me sens pas dans mon élément. « Je nous ai pris une piste. Il faut attendre que ça sonne maintenant. » Je lève la main pour lui montrer le petit boîtier que je tiens. Plus qu’à attendre les vibrations signalant qu’une piste nous est attribuée pour commencer.

@Noor Vargas-Calhoun

Aussitôt son appel avec Kenneth terminé elle avait filé à la douche sans perdre une seconde. Le rejoindre à 20h ça lui convenait parfaitement, plus tôt elle pouvait le voir, mieux ça lui allait, mais ça lui laissait aussi peu de temps pour se préparer avant de s’engouffrer dans les transports en commun. Elle n’avait même pas pu prendre le temps d’hésiter sur ce qu’elle allait se mettre sur le dos, alors qu’habituellement elle aurait mis une heure à décider quelle tenue serait adéquate. Là il avait fallu choisir vite et la simplicité avait dû primer, mais même avec ça elle n’était pas en avance, rejoignant le métro en courant. Et quand elle en sort elle se remet à courir jusqu’à l‘entrée du bowling, endroit où elle s’arrête et regarde sa montre. Elle n’est pas en retard, elle peut donc se permettre de rester là une minute ou deux pour reprendre son souffle. Si jamais il est déjà là, elle n’a pas envie qu’il la voit toute haletante, et s’il n’est pas encore là, elle espère juste qu’il n’arrive pas pile à ce moment. Elle entre une fois sa respiration calmée, regardant un peu partout, et quand elle le voit venir vers elle un immense sourire étire ses lèvres. « Salut. » Spontanément elle s’approche un peu plus de lui pour déposer un bisou sur sa joue, parce qu’elle en a envie, elle a envie de le toucher. Il lui annonce qu’il a réservé une piste et qu’il faut attendre. « D’accord. » Le regard baissé sur le boitier elle hoche la tête. Elle n’y connait vraiment rien et elle ne savait même pas que ça se passait comme ça. Ses yeux se relève et en croisant les siens elle trouve la force de l’avouer. « En fait, j’ai une confidence à te faire. » Une petite moue apparaît sur son visage, désolée d’avance du boulet qu’elle va surement être. « J’avais jamais mis les pieds dans un bowling, je sais pas du tout comment ça marche, ni comment on joue. »

Elle arrive, pile à l’heure, et toujours aussi sublime qu’à l’habitude. De quoi faire battre mon palpitant un peu plus vite, peut-être bien trop rapidement pour des sentiments purement amicaux. Mais je repousse tout ça, toutes ses sensations qui m’envahissent lorsque je la vois ou que je me trouve en sa présence. À la place, tranquillement -ou du moins, je tente de l’être en apparence-, je me faufile parmi les gens pour la rejoindre et reste sur les fesses quand elle dépose un baiser sur ma joue. Je n’avais jamais autant apprécié un simple bisou sur la joue avant ce soir, c’est dingue, j’en ai des frissons. Ça craint, complètement. Je lui montre le boîtier, sans juger nécessaire d’expliquer, jusqu’à ce qu’elle m’avoue n’avoir jamais joué. « Tu me fais une blague, c’est ça ? » Ça fuse avant même que je ne puisse retenir mon questionnement, alors que pourtant, sur son visage, j’ai bien vu qu’elle ne déconnait pas. Elle n’a jamais mis les pieds en ces lieux, encore moins sur une piste de bowling, et je ne veux surtout pas qu’elle se méprenne sur ma réaction. Non, je ne me fous pas de sa gueule, en aucun cas, alors je me rattrape rapidement. « T’es la première personne que je rencontre et qui n’y a jamais joué avant. » Je souris légèrement. C’est l’inverse en fait, la plupart de mes potes sont limite des professionnels, encore meilleurs joueurs que moi. Toutefois, cette nouvelle information sur sa personne me plaît énormément, ça ne fait que la rendre unique à mes yeux. Bien plus qu’elle ne l’était déjà. « Je peux t’apprendre si tu veux, ou on peut aller faire autre chose, si tu préfères. » Je sens le boîtier qui vibre au creux de ma main, signe qu’une piste est libre pour nous, mais je n’y prête guère attention. Ma concentration est rivée pleinement sur Noor et sur ses envies. Si elle veut qu’on fasse quelque chose d’autre ce soir, alors je déposerais ce truc sans hésitation, et ça peu importe que j’ai déjà payé la partie. Mais si, au contraire, elle souhaite tester malgré tout ce jeu ce soir, je me ferais une joie de lui montrer comment ça fonctionne. Ça serait un honneur même.

Elle n’aurait pas pensé qu’elle serait perdue aussi rapidement, mais à peine rentrée et un baiser déposé sur la joue de Kenneth, elle ne comprend déjà pas comment ça marche, avec cette histoire de boitier. Si elle s’était dit qu’elle avait un peu de temps avant de lui dire la vérité, ce n’est finalement pas le cas et elle n’a pas vraiment d’autre choix que de le faire maintenant si elle ne veut pas qu’il se demande si elle n’a pas un problème. Et sa réaction au moment où elle lui avoue qu’elle n’a jamais mis les pieds dans un bowling est instantanée, et elle se sent encore un peu plus conne. Voilà, il va se moquer d’elle maintenant, elle aurait mieux fait de lui dire avant, au téléphone, ou de ne pas accepter l’idée de faire cette activité, ou ne rien lui dire du tout et faire semblant qu’elle savait comment ça marche. Même si pour cette dernière solution, il aurait vite remarqué qu’elle mentait. Ne sachant pas quoi dire elle hausse simplement les épaules, mais l’instant de malaise ne dure pas longtemps puisqu’il se reprend rapidement. Elle sourit elle aussi, c’est vrai que c’est assez étonnant quelqu’un qui n’y a jamais joué, du moins à son âge, c’est pourtant bien le cas. La révélation lui fait proposer deux solutions et à l’entente de la deuxième Noor se précipite pour lui répondre. « Non non, ça va aller, il faut bien une première fois à tout comme on dit. » Ce serait quand même dommage de manquer cette occasion de jouer au bowling pour la première fois, surtout maintenant qu’ils sont là, et qu’une piste est disponible. C’est ce qu’elle suppose en tout cas quand elle baisse les yeux sur sa main et remarque les petites vibrations du boitier. « J’espère que t’es un bon prof, j’aimerais assez ne pas trop me ridiculiser. » Son regard remonte vers le sien et son petit sourire en coin apparaît. Quand elle y pense, ça l’arrange plutôt bien cette situation finalement, peut-être que ça favorisera le rapprochement et cette idée lui plait beaucoup. Vraiment beaucoup. Bon, ça ne l’empêche pas de se sentir encore un peu conne quand même, parce qu’elle ne sait toujours pas trop quoi faire là tout de suite.

Elle me révèle n'avoir jamais joué au bowling et, après avoir été étonné, je lui propose qu'on fasse autre chose si elle préfère. Sa réaction est immédiate et unanime. Elle désire qu'on reste ici, son argument me faisant sourire. « Cet état d’esprit me plaît beaucoup. » Et si seulement il ne pouvait y avoir que ça qui me plaît chez elle, ça me faciliterait la vie... Ok, non, il ne faut pas que je pense à ce genre de chose. Je parviens à chasser tout ça de mon esprit en entendant sa petite boutade, taquinerie qui me fait légèrement rire. « Je vais essayer de faire mon possible pour être le meilleur des professeurs. » Je lui réponds avec amusement, pourtant, je la prends à cœur cette mission. Je ferais en sorte qu'a la fin de la partie, elle me dise qu'elle a passé une très bonne soirée. « On va d'abord enfiler les chaussures. » Je lui indique de me suivre jusqu'au comptoir où on récupère les chaussures à nos pointures, puis on s'installe sur des fauteuils pour les chausser. Une fois chose faites, on se dirige vers la piste libérée et j’inscris nos prénoms sur l’écran afin de pouvoir commencer la partie. Mon habituelle galanterie me pousse à faire passer les femmes en première, ce soir n'est pas une exception. Elle débute donc et, en bon prof, je lui montre comment insérer ses doigts dans les trous de la boule de bowling. Je la regarde s'agiter avec la boule, chercher comment la lancer, et ça me fait lâcher un petit rire. « Attends, je vais te montrer. » Je me rapproche d’elle, me plaçant dans son dos, et me collant légèrement à elle tout en posant une main sur la sienne pour la guider. Mon autre main, elle, s'installe sur sa taille. « Il faut que tu fasses un mouvement comme ça. » Je lui explique doucement à l'oreille ce qu'elle doit faire, exerçant une pression sur sa main pour la bouger. « Ensuite, le mieux est de prendre un peu d'élan, mais pour un premier lancer, tu veux peut-être que je t'aide jusqu'au bout ? » Que je lui demande, me collant inconsciemment un peu plus contre elle. J'essaie de le repousser, mais ouais, j'aimerais qu'elle me dise de rester là. J'aime bien cette proximité entre nous.

Certes elle n’a jamais joué au bowling et elle a un peu peur de se rendre totalement ridicule, pas terrible pour se montrer sous sa meilleure image et pour tenter de lui plaire, mais elle n’a pas envie de reculer. Trop tard maintenant qu’ils sont là et il faut de toute façon bien une première fois à tout. Si elle ne commence jamais ce n’est pas comme ça qu’elle saura comment jouer. Une vision des choses qui semple plaire à Kenneth. Mais en contrepartie il va falloir qu’il l’aide et qu’il lui apprenne comment faire, et peut-être que c’est l’idée de ce possible rapprochement physique qui l’a fait ne pas hésiter quant à l’envie de rester. Elle compte sur lui pour être le meilleur des professeurs comme il le dit et il lui annonce ensuite qu’ils doivent commencer par aller changer de chaussures. Elle le suit, récupère sa paire et ils s’assoient pour les mettre. Une fois enfilées elle se lève et fixe ses pieds un instant. « Ce qu’on dit est vrai alors, digne de la fashion week les chaussures de bowling. » Bon, elle ne s’attendait pas à la grande classe, mais elle s’attendait quand même à plus sobre, pas à ces couleurs mélangées. C’est moche, on peut le dire, mais au moins tout le monde a l’air aussi ridicule. Les choses sérieuses vont donc pouvoir commencer et elle regarde donc Kenneth inscrire leurs noms pendant qu’elle attend sagement qu’il lui explique la marche à suivre. C’est elle qui démarre. Rien de bien compliqué, elle doit mettre ses doigts dans la boule et la lancer. Mais la lancer comment, bonne question. Elle essaie plusieurs sens, mettant sa paume vers l’avant, puis vers l’arrière, cherchant la meilleure façon de lancer. Et ça fait rire Kenneth. Une petite moue apparaît sur le visage de la brune, mais ça ne dure pas bien longtemps puisqu’il vient l’aider, se collant un peu à elle, une main sur sa taille, l’autre sur la sienne. Mais finalement se concentrer alors qu’il murmure à son oreille n’est pas du tout plus aisé, l’aide qu’il lui propose ne lui est donc pas de refus et elle hoche la tête. Puis elle n’a pas envie qu’il s’éloigne aussi, ils peuvent faire toute la partie comme ça, ça lui conviendrait bien. Grâce à sa main qui guide la sienne elle lance donc la boule, qui ne fait tomber que quatre quilles. « Pas terrible ça non ? » Son regard cherche celui de Kenneth, puis se tourne vers l’écran et elle fronce les sourcils. « C’est encore à moi ? » Elle pensait qu’il tirait chacun leur tour mais il lui confirme que non et qu’elle a en effet un deuxième lancé à faire. « Il vaut mieux que tu m’aides encore une fois, histoire que je prenne bien le truc. » Le premier n’était pas top alors bon, il devrait lui montrer une nouvelle fois, ce sera mieux.

Je lâche un rire à ce qu’elle dit, l’observant un peu mieux dans son ensemble avec les chaussures mises, puis sourit. « Tu restes quand même très belle. » Ça sort plus vite qu’il n’en faut, sans que j’aie le temps d’y réfléchir. Il ne faut pas que je me laisse entraîner sur cette pente là, ça n’apportera rien de bon. Ouvrant la marche, je nous mène jusqu’à notre piste et m’occupe du lancement de la partie, avec notamment l’inscription de nos prénoms. Noor est la première à lancer et je lui montre comment se saisir de la boule. La première étape est rapidement validée et acquise, la seconde, un peu moins. Je la laisse galérer un peu au début, avant de me décider à l’aider. Me plaçant derrière elle, une main sur sa taille et l’autre sur sa main, je la fais exécuter les mouvements basiques pour le lancer. Elle semble bien saisir ce que je lui dis, mais je lui propose tout de même de l’accompagner pour le premier lancer, au cas où elle ne se sentirait pas totalement à l’aise. Elle hoche la tête en guise d’approbation, me faisant doucement sourire. Rester contre elle n’est clairement pas déplaisant, je pourrais rester là pendant un long moment. Sauf qu’il faut bouger pour jeter la boule et, comme prévu, je l’accompagne dans son geste. Quatre quilles tombent et la demoiselle cherche mon regard tout en me questionnant. « Pour un premier lancer, c’est pas mal. Et oui, c’est encore à toi. » Je lui souris, prêt à prendre place dans le canapé, mais elle me demande de l’aide à nouveau et je ne peux la lui refuser. Je reprends donc ma position derrière elle et l’aide à lancer. Toutes les quilles restantes tombent, chose qui fait sauter Noor de joie, me faisant rire. « Un spare dès la première manche, c’est plus que pas mal. » J’ose espérer ne pas trop merder avec mon lancer après. L’aidant aussi à tirer son troisième lancer, le score s’affiche sur sa ligne, et l’écran annonce ensuite que c’est à moi. « J’espère ne pas être trop rouillé. » Dis-je en riant tout en prenant une boule. Je me place par la suite sur la piste, prend de l’élan et lance... huit quilles s’écroulent. Pas mauvais du tout. Restant concentré, je ne dis rien et saisis une nouvelle boule pour la lancer. Les deux dernières quilles tombent et mon troisième lancer se prépare. Je prends ainsi une autre boule, m’élance, lâche la boule et... cette fois, ce sont quatre quilles qui tombent. « Je crois qu’on est au même score, égalité parfaite. » Que je lâche à l’attention de la jeune femme en revenant vers elle, petit sourire au coin des lèvres.

« Tu restes très beau aussi. » Ce n’est pas juste pour être polie en lui rendant la pareille, elle le pense vraiment. Et puis ses pieds ne sont pas ce qui retient son attention de toute façon, elle a autre chose à regarder. Comme ses fesses quand il passe devant elle pour aller jusqu’à leur piste par exemple. Elle n’y peut rien, c’est trop tentant, et puis pourquoi se gêner après tout. Ses yeux remontent rapidement quand il est temps de commencer et Kenneth vient l’aider à s’en sortir. Son corps qui entre en contact avec le sien pour pouvoir la guider, elle en profite pour accepter qu’il reste là et lance la boule avec elle. Lancer qui n’était pas mal à ce qu’il lui dit, mais elle préfère considérer que c’était nul et qu’elle a encore besoin de lui pour les autres. Il lui parle de spare quand toutes les quilles sont tombées après sa deuxième boule, mais le nom lui passe un peu au-dessus, tout ce qu’elle sait c’est qu’elle est contente, qu’elle le montre et que ça fait rire Kenneth. Son tour finit et c’est donc à lui de jouer. Il a l’air vraiment concentré et ça fait sourire Noor de le voir comme ça. S’ils se connaissaient un peu mieux elle serait allée détourner son attention pour le gêner, mais ce n’est pas encore assez le cas pour qu’elle se permette de le faire. Elle le regarde donc faire sagement et il revient en annonçant leur égalité parfaite. « C’est que tu dois vraiment être un bon prof alors. » Bon, ça c’est plutôt à voir quand elle se mettra à lancer seule. Et c’est d’ailleurs ce qu’elle s’apprête à faire. « Allez, j’essaie comme une grande cette fois. » Essai qui se trouve être tout sauf concluant. Elle regarde la boule partir et, à peine à la moitié de la piste, finir dans la gouttière. Elle était partie confiance et toute fière, mais ses épaules retombent aussitôt et elle se tourne vers Kenneth avec une petite moue triste sur le visage. D’un geste de la main elle lui fait signe de la rejoindre. « Reviens-là. » Il se remet derrière elle, remet la main sur sa taille, mais cette fois elle ne se gêne pas pour reculer un peu et se coller encore plus contre lui, tout en mettant sa main libre par-dessus la sienne. Ils lancent, et cette fois ce sont six quilles qui tombent.

Je souris, trop gêné pour rétorquer, et on part prendre possession de notre piste. Dans un premier temps, je l’aide en me plaçant dans son dos, bien que ça ne soit pas très simple comme situation. Pourtant, je résiste à la tentation et elle lance. Viens ensuite mon tour et, une fois fini, nous sommes à égalité. La demoiselle se lève, décrétant qu’elle veut essayer seule. « Tu peux le faire, Noor. » Je crois en elle, peut-être trop puisqu’elle rate complètement son premier lancer toute seule, la boule terminant dans la gouttière. Je grimace légèrement en voyant sa petite moue triste, mais ça disparaît quand elle me dit de la rejoindre. « Me voilà. » Que je dis dans un rire, revenant rapidement me positionner derrière elle. La jeune femme, cette fois, se colle bien plus contre moi, une chose qui n’est clairement pas pour me déplaire. Tranquillement, je l’aide de nouveau à lancer. Six quilles sont touchées, bien plus que lors de son essai, et maintenant que le deuxième lancée est réalisé, je peux la lâcher. Enfin, c’est ce que je devrais faire, mais pas ce que j’exécute, allant même jusqu’à dire à son oreille : « À croire que je te suis indispensable. » Ça me plaît un peu trop de le penser, mon rythme cardiaque qui s’accélère me le prouve. Mes doigts enlacent les siens et ma main agrippe un peu plus sa hanche, lui interdisant malgré moi de rompre le contact. Ma tête enfouit au creux de son cou, je ferme les yeux, humant son parfum. Je crois bien que je pourrais rester comme ça un long moment, mais je me fais rappeler par la réalité lorsque l’écran fait du bruit, signifiant que c’est mon tour. Ça me fait redescendre, d’un coup... Bordel. « Mh… Je crois que c’est à moi de jouer. » Je me détache de la ravissante qatarienne, avec sûrement un peu trop de rapidité pour que ça paraisse normal, allant récupérer une boule de bowling et prenant ensuite place face à la piste. Il me faut quelques minutes afin de reprendre un souffle correct, et calmer les battements de mon cœur, pour pouvoir lancer comme il faut la boule et c’est ce que je fais une fois ma concentration revenue. Neuf quilles s’écroulent, de quoi me faire légèrement râler, le strike était près. Je récupère une seconde boule, la lance et fait ainsi tomber la dernière quille restante. Le lancer suivant n’est quant à lui pas très bon et je découvre les joies de la gouttière. « Pour ne pas te laisser seule dans la gouttière. » Que je lance à Noor, taquin comme bien souvent.

Après sa tentative solo complètement ratée, qui la déprime un peu de voir à quel point elle n’est pas douée quand même, elle profite de ce prétexte pour inviter Kenneth à se coller à nouveau à elle. Un tir beaucoup moins catastrophique puisque plus de la moitié des quilles tombent et, à sa grande surprise, Kenneth ne s’éloigne pas tout de suite. Ce n’est pas pour lui déplaire, loin de là, et son sourire s’agrandit pendant que son cœur s’emballe légèrement lorsqu’il murmure à son oreille. Pour le coup, ce qu’il dit n’est pas faux, mais elle n’a pas envie de répondre quoi que ce soit pour ne pas mettre fin à ce moment, un instant comme figé dans le temps, où ils se contentent de rester l’un contre l’autre. Le jeu n’est pas d’accord avec ça lui, et les rappelle à l’ordre sur le fait que c’est au tour de Kenneth. Ce dernier se recule alors avec une rapidité qui laisse Noor un peu déconcertée et muette. Elle hoche la tête en lui laissant la place et va s’asseoir le temps de le regarder faire. Encore une fois, il s’en sort bien mieux qu’elle, et elle ne comprend d’ailleurs pas pourquoi il râle, 9 quilles c’est presque parfait, sauf pour sa dernière boule. La remarque qu’il fait en revenant la fait rire et lui tirer la langue, et elle en oublie rapidement ce petit moment étrange passé quelques minutes plus tôt. A son tour et elle décide de re tenter de le faire toute seule. La boule part droit et cette fois elle y croit, mais sa bouche s’ouvre grand quand elle la voit finir par dévier et finir, encore, dans la gouttière. Sa moue réapparaît, mais cette fois elle s’acharne. « Je ressaie, je ressaie, je vais y arriver. » Elle prend sa deuxième boule se place devant la piste et se concentre. « Je peux quand même pas être si nulle. » Après plusieurs secondes elle lance et le trajet de la boule lui semble durer une éternité. Mais hallelujah, pour la première fois elle réussit à faire tomber 4 quilles toute seule. Bon, ça reste nul, mais c’est quand même une amélioration. Toujours sa petite moue sur le visage, elle se tourne vers Kenneth. « Je vais arrêter de lancer sans toi, c’est décidé. » Parce qu’à ce rythme-là elle va vraiment finir ridiculisée avec le score qu’elle aura à la fin. Pour être sûre que ça n’arrive vraiment pas elle en rajoute une couche. « On augmente la difficulté pour toi, c’est injuste cette différence de niveau. » Et avant qu’il n’ait le temps de prendre sa boule elle saute sur son dos, resserrant ses jambes autour de sa taille et ses bras autour de son cou. Petit à petit elle se sent de plus en plus à l’aise avec lui, de plus en plus elle-même. Et elle aime bien être une chieuse parfois.