something extraordinary. (noor) / -18

« Allez Kenny, faut que t’arrêtes de te morfondre ! Elle est partie, passe à autre chose. » Je foudroie mon ami du regard. Il est marrant lui, c’est plus facile à dire qu’à faire. Ella est partie, elle s’est tirée de la ville. Elle m’a quitté, prétextant que c’est pour mon bonheur et que les choses iront mieux. Ouais bah moi, je le cherche toujours ce bonheur... C’est tout le contraire, je suis malheureux, le cœur en miette. Une fois de plus, j’ai envie de dire. Et, une fois de plus, mes potes veulent me redonner le sourire, d’où ma présence dans ce bar, une bière à la main. N’ayant pas l’âge légal pour y entrer et pour boire, ils ont été jusqu’à me faire fabriquer une fausse carte d’identité. « On va t’aider à te l’enlever de la tête ! Tu vois la nana au bar ? On pari que t’es incapable de l’accoster, de lui payer un verre et de parler un peu avec elle. » Je grogne devant son air provocateur. Ils me font chier ces cons, parce que je les connais, ils ne me lâcheront pas tant que je ne les aurais pas montré que je désire aller de l’avant. Et je me connais assez pour savoir que je vais le faire, l’envie de me débarrasser d’eux étant bien trop forte. « Ok et après, vous me lâchez et je rentre. » Ce n’est pas une question, mais une affirmation. Je paye son verre à cette fille, je discute deux minutes et je me tire. Du moins, dans ma tête, ce schéma semble facile à produire. Je fini donc ma bière pour me donner du courage, me lève et rejoins le bar d’un pas pressé. Je me sens sûr de moi, jusqu’à ce que l’objet du pari dévie la tête vers moi et que nos yeux se rencontrent. Je déglutis, avant de tenter un sourire, tout en m'installant à ses côtés. « Je peux vous offrir un verre ? » Que je lui demande d’emblée, perdant complètement mes moyens. C’est que je ne fais pas ça habituellement, accoster les femmes au bar, ce n’est pas mon truc. Je ne sais pas y faire et ça doit se voir. Je tourne la tête vers mes potes, ces derniers m’observant un sourire amusé aux lèvres. Bande d’enflures. Mon attention se reporte vers la jeune femme et je prends le temps de la détailler. Elle est très belle, il n’y a pas à dire, et...  Je me dégonfle. Je ne peux pas lui faire avaler des salades, je ne peux pas faire ça, impossible. Je ne suis pas ce genre de type. « Je... Ok, est-ce que vous pourriez faire semblant de me parler pendant quelques minutes ? Mes amis m’ont lancé un défi, celui de vous parler, et si je réussis, je pourrais partir. » J’arbore une petite moue, espérant qu’elle acceptera de jouer le jeu. La carte de l’honnêteté fonctionne toujours, non ?

@Noor Vargas-Calhoun

Pour ceux qui remarquent son comportement, elle doit surement paraitre assez étrange, mais c’est parce qu’aucune de ces personnes ne sait qui elle est vraiment. S’ils le savaient ils trouveraient ça plus normal. Ou peut-être pas. Mais peu importe, tout ce qu’elle sait elle c’est qu’elle aime bien rester là, au comptoir, à ne rien faire d’autre que regarder les gens autour d’elle, profiter de leur soirée et passer un bon moment dans le bar. Dans son bar. Malgré tout le temps passé depuis qu’elle en est propriétaire, elle a toujours du mal à se dire qu’il est à elle. Ça lui semble toujours peu crédible et si elle voyait ça d’un œil extérieur, elle aurait du mal à y croire. Pourtant c’est bien le cas. Perdue dans sa contemplation, elle n’en perd pas moins son attention et, du coin de l’œil, remarque du mouvement de plus en plus près d’elle. Alors elle tourne la tête et tombe sur le regard de l’homme qui s’approche. Polie, elle répond à son sourire pendant qu’il s’installe à côté d’elle. « Je peux vous offrir un verre ? » Il a l’air mal à l’aise et elle ne sait pas si elle doit trouver ça un peu bizarre ou adorable. Quoi qu’il en soit elle s’apprête à refuser. Ce n’est pas son genre de se laisser offrir un verre et encore moins ici. Mais avant qu’elle n’ouvre la bouche elle le voit tourner la tête. Ses yeux suivent la direction que prennent les siennes et tombent sur un groupe de mecs, surement ceux avec qui il est venu, qui les regardent amusés. Ça lui donne encore plus envie de dire non mais elle n’a pas le temps de le faire. Il s’est déjà remis face à elle et reprend la parole. « Je... Ok, est-ce que vous pourriez faire semblant de me parler pendant quelques minutes ? Mes amis m’ont lancé un défi, celui de vous parler, et si je réussis, je pourrais partir. » Et là elle rit. Elle a fait son choix finalement, elle trouve ça adorable. Drôle aussi, et son honnêteté lui a donné envie de changer d’avis. « Si je peux vous aider à vous débarrasser plus rapidement de vos amis alors, ce sera avec plaisir. » Même si elle ne sait pas pourquoi il tient tant à partir et qu’elle se dit qu’il n’avait qu’à pas venir s’il ne voulait pas être là, mais au moins il n’est pas venu vers elle pour la draguer lourdement, comme beaucoup, en croyant que lui offrir un verre pourra la mettre dans son lit, et du coup elle a envie de l’aider. C’est dans sa nature, être gentille avec les autres, encore plus quand elle a l’impression qu’ils le méritent. D’un coup d’œil vers le barman elle l’appelle pour qu’il vienne prendre la commande et, pendant qu’il les sert, engage la conversation, une question lui trottant dans la tête. « Et pourquoi ce défi ? Est-ce que c’est moi qui ai l’air complètement inabordable ou est-ce que c’est qu’ils vous croient incapable d’aller parler à une fille ? »

En me dirigeant vers la jeune femme, j’avais en tête que ça serait simple comme bonsoir et qu’en quelques minutes, je serais rentré chez moi, bien au chaud sous ma couette. Il faut croire que je me suis surestimé. J’ai beau avoir envie de partir, ça ne me change pas. Je reste le même mec bien trop timide pour aborder une fille comme ça, juste pour une discussion de quelques minutes et encore moins pour relever un défi. Alors je lâche tout, quitte à me prendre une mauvaise réaction en retour. Tant pis si elle m’envoie paître malgré ma bonne foi. Enfin si, ça me ferait un peu chier quand même parce que je vais devoir me taper mes potes jusqu’à ce qu’ils veulent partir et ça ne m’emballe pas du tout. Et… Elle rit. Je fronce légèrement les sourcils, ne sachant pas trop comment le prendre. C’est parce qu’elle me trouve drôle ? Ou peut-être idiot en fait, je ne sais pas. Visiblement, ce n’est pas le cas et je le comprends quand elle me répond. Un soupir de soulagement m’échappe, tout comme mes lèvres qui s’étirent toutes seules dans un sourire sincère. « Merci, vous me sauvez la mise. » Elle ne sait pas à quel point, d’ailleurs. Je m’installe donc à ses côtés avant qu’elle ne change d’avis, sans jeter un coup d’œil à ma bande de potes cette fois-ci. La demoiselle interpelle le barman pour qu’il nous serve un verre, puis me questionne sur les raisons de ce défi. Je tourne la tête vers elle pour lui répondre, un petit sourire au coin des lèvres : « Mh... Un mélange des deux, je dirais. » La vérité, c’est surtout que je viens de vivre une rupture douloureuse et qu’ils veulent me remettre sur pied, mais ça, je le garde pour moi. Ce n’est qu’une inconnue après tout. Si je n’ai déjà pas envie d’aborder l’histoire avec mes proches, je ne vais pas le faire avec elle. Je suis bien trop réservé pour ça. Un brin trop curieux aussi par contre, comme toujours. « Et vous ? Comment ça se fait que vous soyez seule au bar ? » Simple question, je ne la joue pas du tout plan drague, et je pense qu’elle l’a déjà compris. Que ce n’est pas mon genre les trucs comme ça, sinon je n’aurais pas été aussi transparent sur mes intentions dès le début. Je lui tends ensuite la main, toujours ce même petit sourire au coin. « Kenneth, enchanté. Et vous ? »

« Merci, vous me sauvez la mise. » Elle lui sourit en retour, comme pour lui dire qu’il n’y a pas de quoi et qu’elle le fait vraiment avec plaisir, pendant qu’il s’installe à côté d’elle. Et puisque son défi est de lui parler le temps d’un instant, elle en profite pour lui demander la raison de ce fameux défi. « Mh... Un mélange des deux, je dirais. » Pour la deuxième option, ce n’est finalement pas difficile à deviner, ça se ressent que son assurance est mise à rude épreuve parce que ce n’est pas le genre de trucs qu’il a l’habitude de faire. Pour la première option, elle fronce légèrement le nez, soucieuse. « Parce que j’ai l’air méchante ? » Elle ne peut pas s’empêcher d’y penser et de s’en inquiéter, c’est plus fort qu’elle. Elle n’aime pas être méchante, elle fait toujours attention à ne pas l’être, alors ça la préoccupe de le paraître jusqu’à en avoir l’air inabordable. « Et vous ? Comment ça se fait que vous soyez seule au bar ? » Tout en haussant les épaules elle répond sans réfléchir, le plus simplement et sincèrement possible. « J’aime bien. » Dans ces moments-là elle est dans sa petite bulle. Elle trouve ça intéressant, et parfois amusant aussi, de regarder comment les gens agissent. Ce n’est qu’une partie de la réponse, elle aime également le faire parce que ça lui permet d’avoir des retours sur ce qui va ou ne va pas dans son bar, mais ça elle ne le dit à personne alors elle ne va pas lui dire à lui. « M’asseoir seule pour observer les gens, c’est cool. Vous me trouvez surement bizarre maintenant, vous avez le droit de le dire. » Il ne serait pas le premier à la trouver étrange et elle rit doucement, avec autodérision. « Kenneth, enchanté. Et vous ? » Elle attrape et serre la main qu’il lui tend. Il a toujours son petit sourire craquant sur le visage et ça la fait sourire elle aussi. « Noor, enchantée également. » Puis c’est son verre qu’elle attrape, pour l’amener à ses lèvres et en boire une gorgée. Elle n’est pas sûre du temps qu’il est censé passé avec elle pour gagner son pari et combien de temps il aura envie de le faire, mais elle suppose qu’il lui en fera part quand ce sera bon, alors elle reprend la conversation. « Apparemment on ne va passer que quelques minutes ensemble et surement ne jamais se revoir mais, ça vous dérange si on se tutoie ? » Elle a aimé sa politesse et son respect de ne pas l’avoir tutoyée directement, certains ne prennent pas cette peine, mais maintenant que les présentations sont faites, elle se dit qu’ils peuvent s’en passer, c’est un peu trop guindé pour elle.

Elle fronce du nez, chose qui ne fait que la rendre encore plus charmante. Son interrogation à elle me fait froncer légèrement les sourcils. Où est-ce qu’elle est allée chercher ça ? « Non, ce n’est pas le cas. » Je réponds rapidement, quasiment dans la foulée de son questionnement, preuve une fois de plus de mon honnêteté. « Je suppose que c’est parce que les femmes jolies comme vous envoient sur les roses les mecs qui viennent les aborder dans un bar. » Ouais, ça doit être ça. Je n’en suis pas certains, vu mon manque d’expérience dans le domaine et dans les bars, mais peut-être que ça lui suffira comme supposition. C’est peut-être le cas et elle me le fera comprendre. Étrangement, j’ai bien envie de connaître son état d’esprit, ça m’intéresse bien plus que son physique -bien qu’il soit avantageux-. Alors je la questionne, à mon tour, sur sa présence en ces lieux, notamment à cet endroit du bar. Elle hausse les épaules avant de m’apporter un élément de réponse, avant de la développer avec plus d’explications. Un petit sourire vient se poser au coin de mes lèvres, une fois de plus. « Je ne vous trouve pas bizarre, chacun ses passe-temps. Je ne suis pas du genre à juger les gens sur ça. » Clairement pas mon style, non. Moi, je suis plus du genre à trouver ça captivant de découvrir les passions des autres. Lui tendant la main, je me présente ensuite, jugeant ça bien de connaître au moins l’identité de la demoiselle, même si le temps qu’on passera ensemble ne sera pas énorme. Noor, qu’elle s’appelle. C’est joli et original, elle le porte bien, je dois dire. Elle prend son verre et je l’imite, buvant une gorgée de ma boisson. Le silence se fait entre nous, jusqu’à ce qu’elle relance la conversation, me questionnant à nouveau. « Ça ne me dérange pas du tout. » Et je lui souris. On doit avoir environ le même âge, ou elle est peut-être un peu plus âgée, mais pas de beaucoup. Donc oui, la tutoyer ne me pose pas de problèmes. « Tu viens souvent ici ? » Je me lance donc sans le vouvoiement, et aussi dans un nouveau sujet de conversation. Comme elle le dit si bien, on ne sait pas combien de temps on va devoir parler. Enfin si, de base j’avais prévu de lui parler seulement quelques courtes minutes, mais je commence à me dire qu’une petite conversation avec elle ne serait pas de refus. Elle m’intrigue assez pour ça, alors qu’on n’a pas beaucoup discuté encore. Assez étrange tout ça.

« Non, ce n’est pas le cas. » Là voilà rassurée alors, il n’a pas l’air de mentir, sa précipitation le lui faisant comprendre. « Je suppose que c’est parce que les femmes jolies comme vous envoient sur les roses les mecs qui viennent les aborder dans un bar. » Cette phrase lui tire un sourire amusé et assez flattée aussi. Il y en a au moins une petite partie qui n’est pas fausse en tout cas, elle avait eu l’intention de le refouler au départ. « Ça a un petit côté plaisant d’être classée dans cette catégorie alors, je dois l’avouer. » Elle ne va pas se plaindre qu’on la qualifie de jolie femme, évidemment. Mais ça lui entraîne aussi une autre réflexion. « Et donc, vos amis essayaient de vous envoyer vous prendre un refus alors ? Pas très sympa ça. J’espère que vous vous vanterez bien comme il faut de leur avoir cloué le bec. » Elle ne sait pas vraiment pourquoi ils ont fait ça, si c’est juste pour s’amuser ou peut-être le forcer à leur prouver, se prouver à lui-même, quelque chose, mais elle espère en tout cas qu’il en prendra avantage auprès d’eux. Puis la conversation dérive sur ce qu’elle fait seule au bar. « Je ne vous trouve pas bizarre, chacun ses passe-temps. Je ne suis pas du genre à juger les gens sur ça. » Elle ne peut pas empêcher la petite lueur de surprise qui passe dans ses yeux, elle ne s’attendait pas à ce qu’il dise ça, ce n’est pas ce qu’elle entend la plupart du temps. « Vous avez l’air d’être quelqu’un de vraiment très gentil. C’est agréable. » On n’en croise pas tous les jours des gens qui semblent aussi compréhensifs, encore moins parmi les mecs qui viennent accoster les filles au bar. Il est différent, pas le genre habituel, elle aime bien. Raison de plus pour laquelle elle lui propose qu’ils se tutoient après qu’il se soient présentés. « Ça ne me dérange pas du tout. » Tout comme lui elle sourit, contente de cette réponse, qu’il met en application en lui posant une nouvelle question. « Tu viens souvent ici ? » Son sourire s’agrandit un peu plus. Pendant un court instant, presque imperceptible, elle réfléchit à comment tourner sa phrase. « Disons que c’est quasiment le seul bar de la ville dans lequel je viens alors… J’aime l’ambiance. » Façon un peu détournée d’affirmer qu’en effet, elle vient souvent ici, sans pour autant avouer que c’est même quasiment tous les jours. Ce serait bizarre de dire ça et, ne sachant pas la raison, il la prendrait surement pour une alcoolique. « Je crois pas t’avoir déjà vu par contre. » En bonne observatrice qu’elle est, elle se souvient facilement des têtes qu’elle croise dans ce bar et, par conséquent, sait aussi repérer ceux qu’elle n’a jamais vus. Dont lui. Si ça avait été le cas, elle s’en rappellerait.

Je souris à ce qu’elle dit. « Ravi que ça vous plaise, dans ce cas. » C’est toujours agréable de voir qu’une personne aime ce qu’on dit d’elle. Et en même temps, vu que je viens de la complimenter, il est logique qu’elle apprécie. L’inverse aurait été complètement déconcertant. Elle me questionne ensuite à nouveau sur les raisons de ma venue ici. Elle semble tenir à comprendre les vraies raisons du pourquoi. Je décide de ne pas m’y attarder, ne désirant pas aborder le sujet. « Disons que c’est un peu plus complexe que ça, mais oui, je compte bien me vanter d’avoir pu vous parler. » Dis-je avec un air amusé, avant de réaliser que ça ne sera clairement pas possible. Je ne suis pas le genre de mec à me vanter, et malheureusement, je ne pourrais pas me forcer pour y arriver. Sur mes lèvres, une petite moue contrariée prend place, effaçant bien vite l’amusement qui était affiché sur mon visage. « Ou au moins juste leur dire que j’ai réussi. » Oui, finalement, cette option me convient le mieux. Elle me ressemble bien plus que la vantardise. Même si, clairement, mes potes mériteraient que je me vante de cet exploit et peut-être même de petites choses mensongères en plus. Des choses qui ne se produiront pas bien évidemment, encore moins ce soir avec cette demoiselle-là. La surprise peut se lire sur son visage lorsque je ne la juge pas et ce qu’elle rétorque me fait froncer les sourcils. « Je vous remercie, même si ça ne devrait pas être aussi surprenant. » C’est ça qui est choquant, que les gens soient de moins en moins compréhensif. À mon tour de la questionner et sa réponse m’intrigue. J’aimerais bien savoir ce qui lui plaît vraiment ici, mais je n’ai pas le temps de demander, étant bien trop déconcerté par la réflexion qui suit. Évidemment qu’elle ne peut pas m’avoir croisé ici, ni dans aucun autre bar de cette ville, étant donné que je n’ai pas l’âge légal pour y entrer. Sauf que je ne peux pas lui dire ça, je ne la connais pas, et même si elle me fait une bonne impression, elle pourrait très bien me dénoncer au barman ou à quelqu’un d’autre. Cela dit, je ne suis pas non plus certain de ça. Il s’agirait d’un acte bien trop mauvais et vicieux, choses qui ne lui correspondent pas au premier abord. Je ne peux pas me tromper autant sur sa personne, si ? Quoi qu’il en soit, je ne dois rien lâcher sur mon âge réel. « Non, je ne suis pas très friand des bars. » Simple vérité. Ça pourrait être totalement étrange pour un mec de mon âge, mais c’est bien le cas, je vais rarement dans les bars et boites de nuits. Je préfère bien plus les soirées qui se déroulent dans des maisons, et même là, je n’y vais pas très souvent. « J’ai un peu de mal à me sentir oppressé, avec une foule de gens autour. Je préfère largement être seul, dans la nature si possible, à découvrir des paysages époustouflants. » J’aime voyager, découvrir des endroits que je ne connaissais pas avant, et je ne m’en cache pas. Parfois, je passe plus pour un type asocial qu’autre chose d’ailleurs. « Et là, c’est toi qui dois me trouver bizarre. » Que j’ajoute avec un petit sourire. Sûrement que c’est déjà le cas, en fait.

« Disons que c’est un peu plus complexe que ça, mais oui, je compte bien me vanter d’avoir pu vous parler. » Il affiche d’abord un air amusé, mais qui se transforme dans les secondes qui suivent par une petite moue sur ses lèvres. Elle fronce les sourcils de ce soudain changement d’expression. « Ou au moins juste leur dire que j’ai réussi. » Ce qu’il ajoute la fait légèrement rire et secouer la tête de droite à gauche. Puis son regard dérive pour aller se poser un peu plus loin, sur son groupe d’amis, qui leur jettent quelques coups d’œil de temps à autre. Elle repose alors les siens sur Kenneth et se penche vers lui, plaçant la main sur sa cuisse et approchant la bouche au plus près de son oreille pour y susurrer quelques mots. « Soyez plus audacieux parfois Kenneth, je vous jure que de temps en temps ça fait du bien. » Quand elle se remet droite elle laisse doucement et sensuellement glisser ses doigts le long de sa jambe, sourire en coin sur les lèvres. S’il n’a pas envie de se vanter, elle elle a envie de donner matière à ses potes pour qu’ils se retrouvent bêtes d’avoir douté de lui. Elle le complimente ensuite sur sa gentillesse et cette fois c’est lui qui fronce les sourcils. « Je vous remercie, même si ça ne devrait pas être aussi surprenant. » Elle hausse les épaules. Il n’a pas tort, c’est dommage que ce soit le cas, mais des gens comme lui elle n’en croise pas souvent. Du moins de ce qu’elle voit pour l’instant, parce qu’elle ne le connait pas finalement. Elle essaie d’en savoir un peu plus cependant. « Non, je ne suis pas très friand des bars. J’ai un peu de mal à me sentir oppressé, avec une foule de gens autour. Je préfère largement être seul, dans la nature si possible, à découvrir des paysages époustouflants. » A nouveau un sourire étire les lèvres de Noor, elle trouve que c’est un beau hasard d’être tombée sur quelqu’un qui partage le même amour qu’elle pour tout ça. « Et là, c’est toi qui dois me trouver bizarre. » Une nouvelle fois elle rit. Chacun son tour d’avoir des hobbies différents de la majorité des gens, mais elle ne le trouve pas bizarre pour autant, elle serait bien la dernière à pouvoir juger. « Absolument pas. Ça nous fait même un point commun. J’ai quelques voyages en solo, à l’aventure totale, à mon actif. » Elle voudrait d’ailleurs pouvoir faire ça tout au long de sa vie. Ce qu’elle a l’intention de faire en fait, elle ne voit pas ce qui pourrait l’en empêcher. Rien qu’en parler lui donne envie de partir, là tout de suite, à la conquête de sa prochaine merveille du monde, dans le but de réaliser son objectif. Sans qu’elle s’en rende compte l’alcool dans son verre descend de plus en plus, et bientôt elle se retrouve à rappeler le barman pour commander un autre verre, se tournant à nouveau vers Kenneth pour savoir s’il en veut un aussi. « Est-ce que tu restes encore un peu ou est-ce que c’est le moment pour toi d’en finir avec ce défi ? » Elle se surprend à craindre sa réponse. Elle n’a pas envie qu’il parte, ça la décevrait, et pourtant c’est ce qui était prévu depuis le début, qu’il ne reste que quelques minutes. Alors elle se contentera de sourire s’il rejoint ses potes, ravalant sa déception et tentant d’oublier rapidement cette rencontre.

Elle rit en comprenant sûrement à quel point mon cas est grave. Je suis vraiment irrécupérable à ce niveau-là, et à sa place, j’aurai ris moi aussi, je pense. Je la vois poser les yeux sur mes amis. C’est sûr que si elle cherche un mec qui a de l’assurance, ce n’est pas en restant avec moi qu’elle le trouvera. Par contre, dans mes potes, il y en a. Je suis habitué à ce que les femmes préfèrent passer leur soirée avec l’un d’entre eux, donc ça ne m’étonnerait pas qu’elle me laisse en plan pour les rejoindre. Mais ce n’est pas ce qu’elle fait. Au lieu de ça, elle se penche vers moi, sa main se glissant sur ma cuisse et vient me murmurer des mots à l’oreille, de quoi me troubler un peu. J’arque un sourcil, la regardant s’éloigner pendant que je reprends mes esprits. « Alors, je peux poser ma main sur votre cuisse ? » Que je lui demande aussitôt, ma gentillesse revenant au triple galop. Complètement à l’opposé de ce qu’elle me conseille et cette réflexion me fait doucement rire. Il faut vraiment que je fasse des efforts, alors avant qu’elle me réponde, je me reprends. « Non, ne répondez pas. Je dois être audacieux. » Je peux l’être, je peux le faire, je le sais. N’attendant pas plus longtemps, je me rapproche un peu plus d’elle et pose ma main sur sa cuisse, bien à la vue de mon groupe de potes. Puis je lui souris, complice de ce petit stratagème qui va sans aucun doute faire en sorte qu’ils me laissent tranquille. La conversation dévie ensuite sur le manque de personne comme moi, avec une dose de compliments que je préfère passer sous silence, encore peu à l’aise avec ça. Puis elle bascule sur sa présence dans ce bar, chose qui entraîne un aveu de ma part sur mon amour de l’aventure. Ça pourrait lui sembler bizarre, mais elle m’étonne en me disant le contraire, m’avouant à son tour qu’elle aime ça. « Je suis ravi de rencontrer quelqu’un qui apprécie ce genre d’aventure. C’est tellement rare de nos jours. » Vraiment rare, alors ouais, ça fait réellement plaisir. Alors qu’on discute, la demoiselle commande un nouveau verre, me faisant réaliser qu’on a déjà vidé les nôtres. Il faudrait que je me calme, je ne tiens pas vraiment l’alcool, et pourtant, j’en demande un second moi aussi. Complètement timbré ce soir. Elle me questionne sur mes intentions à présent, soit retourné avec mes potes, soit resté avec elle. Le deal était de l’aborder, de passer un peu de temps avec elle, et enfin partir de ce foutu bar. Sauf que maintenant que j’ai discuté un peu avec elle, je n’ai plus envie de m’en aller. Juste quelques minutes en sa compagnie et mes plans de base s’évaporent. Et maintenant, j’espère qu’elle désire passer encore du temps avec moi. Je dévie les yeux vers ma bande de potes, ces derniers me regardant et attendant sûrement que je revienne, avant de me tourner à nouveau vers la jeune femme. « J’aimerai bien en savoir plus sur tous tes voyages, si ça ne te dérange pas que je reste encore un peu, bien évidemment. » Je lui souris, attendant patiemment sa réponse.

Elle l’a vite compris que l’homme qu’elle a en face d’elle n’est pas du genre provocateur ou vantard, mais elle trouve ça dommage qu’il n’en profite pas un peu, et elle elle a envie qu’il le gagne comme il se doit ce défi. Même si les sourires et les rires qu’elle sort depuis tout à l’heure devraient déjà un minimum suffire à les convaincre. Et ils sont totalement vrais ceux-là, pas juste là pour l’aider. Mais ça lui plait d’en rajouter une couche pour jouer le jeu à fond. « Alors, je peux poser ma main sur votre cuisse ? » Les lèvres de Noor s’étirent et elle s’apprête à lui répondre, mais il ne lui en laisse pas le temps. « Non, ne répondez pas. Je dois être audacieux. » Son sourire se transforme en léger pouffement quand il se reprend. Pas moqueur, mais parce qu’il l’amuse, sa gentillesse est touchante. Bien que peut-être un peu trop présente. Remarque qui lui traverse l’esprit alors qu’elle est bien la dernière à pouvoir le juger sur ça. Ça n’empêche que pendant une seconde elle pense au fait qu’elle aimerait bien voir comment il est quand il est énervé, ou du moins dans une situation où il se lâche un peu plus. Elle en est presque déçue de savoir que ça n’arrivera jamais. Mais là au moins elle réussit à le faire être plus à l’aise puisqu’il l’écoute et met aussitôt en pratique ce qu’elle vient de lui dire, posant à son tour la main sur sa cuisse avant de lui sourire. Le regard qu’elle lui lance est taquin. « Verdict ? C’est pas au moins un peu agréable ? » Elle parle d’être audacieux évidemment, pas de poser les doigts sur elle. Quoi que, elle ne trouve pas ce contact désagréable elle en tout cas. La conversation avance et ils en apprennent plus l’un sur l’autre, notamment sur ce qu’ils aiment faire, se trouvant même déjà un point commun, qui n’est pourtant pas très répandu. « Je suis ravi de rencontrer quelqu’un qui apprécie ce genre d’aventure. C’est tellement rare de nos jours. » Certes, beaucoup préfèrent partir en voyage en famille, entre amis, avec tout le confort nécessaire. Selon Noor ils manquent presque toute la partie la plus intéressante et amusante. Le frisson de l’aventure. Perdus dans leur discussion, leurs verres se vident petit à petit et elle finit par en commander un autre, demandant au passage à Kenneth s’il en reprend un aussi et reste en sa compagnie ou non. Elle le regarde innocemment, comme si elle attendait sa réponse patiemment, mais la vérité c’est que quand elle le voit tourner la tête vers son groupe d’amis, une pointe d’appréhension fait grimper son impatience. « J’aimerai bien en savoir plus sur tous tes voyages, si ça ne te dérange pas que je reste encore un peu, bien évidemment. » Pour la énième fois depuis les dernières minutes son sourire s’agrandit, et elle ne cache pas qu’elle est ravie de sa décision. « Absolument pas, ça me fait même plaisir pour tout avouer. Dis-moi tout ce que tu veux savoir. »