Is this a fresh start? (meghonel)

T’en as passé des nuits agitées, mais dormir au département de police, c’est bien la première fois. Des jours que tu prévois cette journée qui doit être quasi parfaite. Tu voulais montrer à Meghan que tu avais nettement mûri, prêt à t’engager dans du sérieux, faire les choses bien pour ton frère comme pour toi. Tu avances dans la vie, et tu voudrais qu’elle le sache également. Malheureusement, hier soir, alors que tu réalisais les dernières courses pour les cadeaux de Noël, tu as eu droit à une arrestation bien forcée en public. T’ignores toujours la raison de cette arrestation, mais t’as eu droit à des menottes et un séjour derrière les barreaux. Il a été difficile de fermer un œil. Et le seul coup de fil que tu as pu passer, c’est à ton frère, lui demandant s’il était possible de venir relayer la baby-sitter et garder Martin. C’est uniquement ce matin, que tu as pu être relâche contre quelques petites excuses du dérangement. C’est gentil mais qui va se charger de faire taire toutes ces personnes qui ont certainement pris cet instant en photo et l’ont relayé sur la toile ou les magazines. Un poil en retard, mal coiffé, l’haleine pas fraîche… tu sonnes en retard à la porte d’appartement de ton ex qui te manque cruellement. La porte ouverte, tu entres sans perdre plus de temps. « Excuse-moi, je suis vraiment en retard. J’ai pas pu t’appeler, j’ai passé la nuit au poste de police. Je t’expliquerai plus tard. Je peux prendre une douche rapide s’il te plaît, et on file au rendez-vous. » Tu l’embrasses sur la joue, et fonces rapidement dans sa salle de bain pour prendre la douche la plus rapide de la galaxie. Vous n’avez pas plus de temps à perdre. T’as prévenu en coup de vent l’agence pour leur demander de bien vouloir décaler le rendez-vous d’une demi-heure. C’est un véritable projet qui est en train de se monter. Cheveux à moitié séché et en bataille, tu te brosses les dents comme au camping sauvage, avec tes doigts, puis retrouves la blonde. « Je suis prêt, et au passage, toujours aussi agréable la douche. Si tu es partante, on peut y aller. Et je n’ai pas oublié la surprise. J'espère juste que ce n'est pas un bûche de Noël ou une ballade. Je m'attends à une grosse surprise vu tout le mystère. » Lui rappelles-tu, avec un large sourire.

Ce sont les gazouillements d’Adelaïde qui la réveillent. Dans son berceau, elle joue avec son pied, l’amène jusqu’à sa bouche, puis sourit au singe qui lui sert de doudou. Meghan l’observe jouer ainsi quelques minutes avant que la petite fille ne remarque sa présence et ne réclame d’être dans ses bras. Doucement, elle la prend, le sourire aux lèvres. La petite a déjà quatre mois, et Meghan a l’impression que le temps file à une vitesse folle. Et parfois, pour certaines choses, il passe beaucoup moins vite. Sa fille dans les bras, Meghan met des chaussons avant de sortir de sa chambre. Eris doit déjà être partie depuis longtemps, même le weekend. Elle ouvre le frigo pour se préparer un petit déjeuner, et sort quelques trucs, bien trop équilibrés pour la faire saliver. Elle prend un paquet de flocons d’avoine, et essaye de lire la recette proposée sur le côté. Sans ses lunettes, ni lentilles, c’est trop compliqué. Sauf qu’elle fait tous les endroits où pourraient être ses lunettes, sans les trouver. Les aurait-elle égarées quelque part ? Comme elle ne les met pas souvent, elles sont peut-être simplement planquées à un endroit auquel elle n’a pas pensé. Enfin pour l’instant, tant pis. Elle n’a pas le temps de s’occuper de ça. Alors elle improvise un bol avec du yaourt 0%, des flocons d’avoines et quelques fruits secs. Alors qu’elle mange, elle peut s’occuper de donner le sein à Adelaïde. Rapidement, il est l’heure de se préparer. Elle, elle aura le temps de terminer après avoir déposé sa fille chez la nourrice. Mais préparer toutes les affaires d’Adelaïde est toujours une tâche compliquée. Même si ça devient de plus en plus mécanique, heureusement. « Tu l’aimes bien cette robe de lutin, hein ? » Elle sourit, complètement gaga. Elle s’en veut un peu de laisser sa fille alors qu’elle ne travaille pas, mais elle se dit aussi que c’est pour une bonne raison. Elle a déjà manqué l’anniversaire de Leonel parce qu’elle était malade la semaine dernière. Il faut bien qu’elle se rattrape. Elle embrasse une dernière fois sa fille avant de la laisser dans les bras de la nourrice, et de rentrer chez elle. Leo doit venir la chercher dans une quarantaine de minutes, ce qui lui laisse largement le temps de se changer, de se maquiller et de se coiffer correctement. Elle est contente, la tenue qu’elle a choisie lui va bien. Elle n’a presque plus de ventre en trop, même si elle voudrait bien perdre un peu de tour de cuisse aussi. Mais ça viendra. Finalement, elle ne voit pas l’heure passer, et remarque que Leo devrait déjà être là depuis une quinzaine de minutes en quittant son miroir des yeux. Ça ne lui ressemble pas. Meghan lui envoie un message, qui reste sans réponse mais, heureusement, elle entend sonner une dizaine de minutes plus tard. Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne s’attendait pas à une telle excuse, mais ça ne l’empêche pas de croire Leo. Elle le connait assez pour savoir qu’il s’en veut, même si ce n’est pas sa faute. « Oui, oui, bien sûr, vas-y. » Elle n’a pas le temps de dire ouf qu’il est déjà parti dans la salle de bain. C’est un rendez-vous qui commence de façon bien étrange, mais ça amuse plus Meghan qu’autre chose. Pendant ce temps, elle s’occupe de ranger un peu le salon, ce qu’elle devrait faire plus souvent. Leo la rejoint rapidement, et semble déjà un peu moins stressé. « Ah mais ta surprise, c’était la douche. J’espère que tu en as bien profité. » Elle sourit, avant d’enfiler son manteau et une grosse écharpe. « Maintenant que tu ne ressembles plus à un vagabond, tu m’expliques le poste de police ? » Tout cela ne lui ressemble pas, il doit y avoir une explication logique à tout ça.

Tu ne perds pas une minute de plus, et fonces à la douche pour enlever toute cette crasse qui te répugne. Tu as un fort doute sur les colocs dont tu as hérité cette nuit. Le mieux ça aurait été de changer de vêtements, mais tu en absences de vêtements ici, tu feras avec ceux que tu as. Au moins, tu as une tête plus potable que tout à l’heure. Tu retrouves donc Meghan, et lui rappelles que tu n’as pas oublié la surprise dont elle fait tant de mystère. Ça fait trop longtemps que ça cogite à l’intérieur. Tu veux savoir de quoi il s’agit. Et tu ne vas pas croire qu’il s’agissait d’une bonne douche. Si la blonde t’avait rejoint, alors oui, tu aurais pu parler de surprise. Une magnifique surprise, mais prendre une douche n’était pas dans vos plans d’origine. Tu n’étais pas sensé arriver si en retard et encore moins dans cet état. « Hm … je doute que ce soit la surprise, mais j’en ai profité jusqu’à la dernière goûte. » Elle viendra à te le dire tôt où tard, tu as toute confiance en elle. T’enfiles ton manteau, et ouvres la porte qui vous mène dans le couloir de l’immeuble. « Je te raconterai tout dans la voiture. Mais crois-moi, si je peux m’éviter de revivre une soirée comme celle-ci, ça m’arrangerait. C’est plus éprouvant qu’un parcours du combattant. » Non, plus jamais tu ne veux revivre un instant comme celui-ci. Tu n’es pas un voyou, loin de là. Les seules infractions dont tu as pu commettre c’est frauder dans les transports en commun, et des infractions de la route. Bref, des infractions que tout le monde peut commettre. « Je préfère que l’on parle de la surprise en attendant. Tu peux tout me dire, tu le sais. » T’es bien trop curieux pour attendre davantage. Ça te travaillera tant que tu n’es pas au courant de ce qu’elle a derrière la tête. Bien plus que cette probable maison que vous allez visiter, ton futur bien. Un nouveau départ. Départ dont tu aimerais partager avec Meghan. Lui montrer que tu veux évoluer, prêt à partir sur des bases plus saines, d’adulte. Vous sortez de l’immeuble et arrivez à la voiture pour aller à quelques rues plus loin. « Bon maintenant qu’on est seul, je peux te dire ce qui s’est passé hier soir. Je me suis fait arrêter par les flics alors que je faisais les derniers achats pour Noël. Ils m’ont arrêté pour des vols. » Comme si ça te ressemblait toute cette histoire. Loin de là. T’as de l’argent et ne voit pas pourquoi tu aurais besoin de voler des objets pour offrir des cadeaux à ceux dont tu tiens. « Ils ont reconnu leur erreur que ce matin. Mais au fond, je suis certain que ça les amusait de me voir ruminer. »

Elle s’amuse avec cette surprise qu’elle lui a annoncée. Se plait à le voir si impatient. Normalement, il ne devrait pas être déçu. Enfin Meghan ne l’espère pas. Mais hors de question qu’elle lui révèle la surprise maintenant. En partie pour la préserver, et aussi parce qu’elle n’est pas sûre de pouvoir tenir longtemps une fois qu’il saura. Déjà qu’elle est impatiente, à elle toute seule. Enfin, même si leur rendez-vous ne commence pas vraiment comme prévu, Meghan passe déjà un bon moment. Comme souvent quand elle est avec Leonel. Bien sûr, elle est intriguée de la raison pour laquelle il a passé la nuit en prison, mais elle sait qu’il lui racontera la vérité bientôt. Tout comme elle le plaint pour la nuit horrible qu’il a dû passer. « Je veux bien te croire sur parole, parce que, personnellement, ça ne m’est jamais arrivé. » Elle se moque un peu quand même, le taquine parce qu’ils aiment ça. Et, le temps de sortir de l’immeuble, Leo a encore le temps de l’interroger sur la surprise qu’elle prévoit. « Je sais… » Elle hausse les épaules en souriant. « Mais j’ai pas envie de te le dire. » Craquer maintenant serait ridicule. Elle le suit quand ils sortent dehors, jusqu’à sa voiture, dans laquelle elle monte. Elle fronce un peu les sourcils en l’entendant parler de vols, expliquant que c’est la raison pour laquelle il a été arrêté. Comment est-ce possible d’être arrêté pour vol quand on n’a rien volé ? C’est le monde à l’envers. « Je ne savais pas que tu avais des tendances cleptomanes. Comme quoi, on en apprend toujours l’un sur l’autre. » A nouveau, elle se moque un peu, toujours avec le sourire. « C’est quand même fou ça. Dire que je me plains quand je dors mal parce qu’Adelaïde ne fait pas toujours ses nuits… je suppose que ça n’a rien à voir avec la prison quand même. » Et heureusement. Même si ça dure plus qu’une nuit en général. « Mais je te rassure, elle a bien dormi cette nuit, et moi aussi. Je suis en pleine forme. » Pleine forme, c’est peut-être un peu exagéré, mais au moins, elle ne tombe pas de fatigue. Ça serait dommage.

« J’espère pour toi que tu ne vivras jamais cette situation. Ça n’en vaut pas la peine. » En même temps, qui rêve d’aller faire un tour en cellule de dégrisement ? Personne de sensée. Seul un fou, ou une personne qui n’a pas d’endroit où dormir doit trouver ce lieu agréable. Ça reste chaud, et au sec. Quoi que chaud est un grand terme. Ce n’est pas un endroit glacial non plus. Le froid hivernal n’y pénètre pas, reste dans les rues de New York. Mais vous qui menez une vie plus qu’agréable, ne voyez pas l’intérêt dormir derrière les barreaux. Il y a mieux comme Airbnb. Et contrairement à ce malin qui a su donner une note Google sur la page du commissariat, tu garderas ton avis pour toi et tes proches. Inutile de partager ça à toute la terre. Mais en attendant de lui en dire plus, le long du chemin jusqu’à la voiture, tu en profites pour lui demander de te dévoiler cette fameuse surprise. Ça commence à tourner en boucle dans ta tête : surprise, surprise, surprise. C’est sans fin. Tu penses uniquement à ça. T’espères qu’elle ne va pas garder le silence encore trop longtemps. Ça va devenir insupportable à la longue. « Quoi ?! » Dis-tu très fort, surpris de cette réponse. Tu espérais qu’elle vienne tout dévoiler sans perdre plus de temps, mais visiblement la blondinette souhaite garder tout ça pour elle. Ou alors, elle n’a aucune surprise et souhaite seulement te faire tourner en bourrique. C’est tout à fait possible ça aussi. Mais, la connaissant, elle ne se donnerait pas autant de mal pour te torturer. Meghan est bien trop gentille et honnête pour ça. Alors, tu la regardes avec tes yeux de chien battu et lui supplies de tout de dire. « Allez s’te plaît, dis moi. » Tu poses ta petite tête sur son épaule, et bats des cils dans l’espoir qu’elle craque. « Et je te laisserai tranquille après, promis. » Bon ça, c’est moins gagné. S’il s’agit véritablement d’une surprise, tu seras bien trop excité pour la laisser en paix. Et c’est qu’une fois dans la voiture que vous parlez de cette fameuse nuit. C’est difficile d’expliquer tout ce qui a pu se produire, puisque toi-même tu ne comprends pas pourquoi tu as été arrêté. La raison qu’ils t’ont donnée ne te suffit absolument pas. Ça n’a aucune raison. Pour vols ? Comme si tu avais besoin de voler des banques pour vivre. Et surtout, comme si c’était ton genre. T’es plus du style a flippé lorsque tu fraudes dans le métro, alors voler des milliers de dollars dans une banque, c’est juste impossible. « Moi non plus. » Dis-tu en rigolant. Parce qu’en y repensant, c’est une blague. « On en apprend tous les jours. » Bien que ça reste un mensonge. « Je ne pense pas non, mais ça aura été qu’une nuit. Alors que toi, c’est quasi quotidiennement. » Dans ce sens. Tu préfères dormir une nuit en cellule, mais les sentiments que tu as pu ressentir durant ces heures sont incomparables. C’est un mélange de colère, d’incompréhension et de désarroi. Tant de sentiments à la fois. Et ça se bouscule. « Assez pour me dire qu’elle est cette surprise ? » Tu lui lances ton plus beau sourire tandis que vous roulez en direction de cette fameuse maison que tu penses acheter. T’es lourd, mais c’est de cette manière que tu vas la faire craquer.

« Je ferais tout pour l’éviter alors. » Un effort qui n’en est pas vraiment un. Si elle avait dû se rebeller et avoir une phase un peu criminelle, ça serait arrivé plus tôt, quand elle était plus jeune. Pas maintenant qu’elle a un bébé et qu’en plus, elle vit avec quelqu’un qui travaille pour le FBI. Pas le bon moment. Enfin, à défaut d’être une criminelle, elle s’amuse beaucoup à rendre Leo encore plus impatient. Elle pourrait se faire prendre à son propre jeu et se rendre elle-même impatiente, mais tant pis. Dans tous les cas, elle devrait avoir ce qu’elle veut. Et lui aussi. « Arrête d’insister, je ne dirais rien. » Ou peut-être qu’elle va finir par craquer et qu’il a raison de pousser toujours plus. Mais pour l’instant, elle est déterminée à ne pas lâcher le morceau. Au moins, pas tant qu’ils sont encore dans son immeuble et auraient la possibilité de faire demi-tour. Ils ont rendez-vous avec un agent immobilier, et Leo semble avoir vraiment envie de déménager, alors elle ne va quand même pas le priver de ça. Le reste peut attendre. Mais pas trop longtemps quand même. Ils montent en voiture, et Leo lui explique sa mésaventure. Être arrêté pour vol quand on n’a rien volé, il faudra quand même que la police lui explique, parce que Meghan ne comprend pas comment c’est possible. Mais dans quelques années, ils pourront sans doute en rire. Même si Meghan prend un peu d’avance en comparant la situation à la sienne, quand ses nuits sont perturbées par Adelaïde. « En fait, ça va. Je m’attendais presque à pire, quand on lit les livres et les avis d’autres parents. Ou c'est que j'anticipais tellement qu'au final, ce n'est pas si terrible que ça. » Elle doit avoir de la chance. Adelaïde n’est pas un bébé difficile, même si, bien sûr, tout n’est pas toujours rose. Et quand elle rassure Leo sur sa forme, celui-ci trouve le moyen de l’interroger encore une fois sur la surprise qu’elle lui réserve. Elle lâche un rire, ne s’étant pas préparée à ce qu’il demande encore, aussi tôt. « Désolée de te décevoir mais non. » Elle penche la tête vers lui et sourit. « Mais si tu veux tout savoir, pour la surprise, je peux avoir besoin d’être en forme. » C’est toujours mieux quand on l’est, du moins. Même si ça reste possible quand on est fatigué, mais ce n’est pas aussi bien. « Donc j’espère que tu vas tomber amoureux de la première maison qu’on va visiter. Comme ça, ça sera terminé plus vite, et on pourra en arriver à ma surprise. » Elle se mordille un peu la lèvre, n’étant toujours pas décidée à dévoiler le pot aux roses tout de suite. Mais elle lui donne tout de même certains indices.

A son refus de ne rien te dire, une fois de plus, ton visage se transforme en celui d’un enfant de six qui vient de lui refuser le plus merveilleux des jouets. Gentiment, tu te mets à bouder, pensant les lèvres en bec de canard et fronçant les sourcils. C’est qu’elle est dure en affaire la blonde. C’est uniquement à l’usure qu’on peut l’avoir. Et niveau lourdeur, tu peux être pas mal parfois. Devenir le genre de gars qu’on aime tenir à distance, tant tu peux être insupportable. Un véritable enfant âgé de vingt-huit ans. C’est à se demander si tu as vraiment cet âge. « Ou peut-être qu’ils ont des bébés ingrats qui aiment transformer la vie de leurs parents en véritable cauchemar, alors qu’Adelaïde est le plus beau des petits anges ? » Chaque bébé a son cycle du sommeil après tout, et si tes souvenirs sont bons, Martin était loin d’être le genre de nourrisson à laisser ses parents pouvoir dormir. Mais vu comment il est aujourd’hui, il n’y a rien de bien surprenant. « Ouais, je pense que c’est plus ça. » Tu respectes profondément ses parents qui ne voient pas le bout d’un bon sommeil, d’une nuit complète. Toi qui es un véritable dormeur, ne peux songer une seconde au calvaire que ça peut être. Tu n’as absolument pas hâte de vivre cette étape. Bien que tu y penses de temps en temps, puisqu’avec la femme qui se trouve à ta droite, vous tentez de vous donner une autre chance. La dernière. Mais tu es certain de ce que tu veux. Plus que les fois précédentes. Comme le fait de vouloir savoir qu’elle est cette surprise qui t’attend. Les secrets ça reste trop difficile pour toi. T’aimes bien tout savoir sur tout, et de préférence assez rapidement. Impatient, tu tentes le tout pour le tout et remet ça sur le tapis. On ne sait jamais, elle peut craquer sous la pression. Les yeux rivés sur la route, vous roulez en direction du lieu de rendez-vous. Pas en avance, comme à ton habitude, mais cette fois, tu as su prévenir la personne et donner une excuse qu’elle n’entendra pas deux fois dans la même semaine. « Non, ok. » Dis-tu tout doucement dans ta barbe, déçu de voir ton stratagème tomber à l’eau lourdement. Mais Meghan vient tout de même à te donner un petit indice. Indice qui ne semble pas t’en dire davantage sur ce que ça va être. Tu sais seulement que ce n’est pas un bien et qu’il va falloir se bouger. Tu fronces les sourcils, tentant de comprendre ce que ça peut-être. Silencieusement, tu réfléchis tandis que la blonde te rappelle que plus vite vous terminez avec les visites et plus vite vous irez à cette fameuse surprise. Tu souffles légèrement, désespéré de ne pas savoir ce que ça peut bien être. Tu n’as pas envie de bâcler ce rendez-vous, mais normalement, tu as demandé une maison en particulier. Et t’espère que ça sera la bonne. Non seulement, ça t’évite d’en visiter quinze mille et de te mettre le doute, en plus de t’agacer à tourner en rond. Et tu pourrais également savoir le plus rapidement possible qu’elle est cette surprise. Être en forme, voilà ton indice. Tournant, à droite, tu continues à réfléchir. « On va à la salle de sport ? » Tu ne vois pas en quoi ça peut être une surprise. « Faire une randonné ? Tu sais qu’il fait glacial dehors, et que c’est loin d’être la saison idéale ? » Bien que ça pourrait être vraiment sympathique comme sortie. Mais tu n’as pas envie de perdre des membres en route, tant il fait froid à l’extérieur de la voiture. Tu préfères encore faire des visites, beaucoup de visites, et donc rester au chaud. « Bon, si tout va bien, on aura qu’une seule maison à visiter. Normalement, c’est la bonne. Donc ça ne devrait pas durer longtemps. » Pour la soulager, ou te soulager, tu as besoin de le préciser, tandis que ta main droite se pose sur l’un des genoux de Meghan, comme pour la rassurer.

« Les pauvres alors… Mais même si elle ne faisait pas ses nuits, je la garderais quand même. » Elle sourit, comme si c’était une question qu’elle avait pu se poser. Mais non, hors de question. Elle aime sa fille plus qu’elle n’a jamais aimé personne et, sur ça, tous les témoignages avaient raison. La vie change quand on amène une nouvelle vie au monde. Peut-être que ça s’estompe quand l’enfant grandit, peut-être pas. Un bébé demande tellement d’attention que notre monde ne peut que tourner autour de lui. Mais savoir que cet enfant est la chair de notre chair, qu’il dépend entièrement de nous et qu’il a toute une vie devant lui… ça chamboule tout le reste. Même si Meghan essaye quand même de ne pas perdre toutes ses anciennes priorités, qui ne le sont plus tout à fait. Mais sa relation avec Leo reste importante pour elle. Très importante. Ce n’est pas pour rien qu’elle a fait des efforts toute la semaine en vue de leur rendez-vous aujourd’hui. Pour cette fameuse surprise avec laquelle elle fait tourner Leo en bourrique. Elle lui donne tout de même quelques indices, espérant peut-être un peu qu’il trouve. Même si, dans tous les cas, elle devra attendre encore un peu. Au moins le temps qu’ils visitent une ou plusieurs maisons. Elle ne sait pas si Leonel trouvera ce qu’il veut dès aujourd’hui. Après tout, ce n’est pas toujours évident d’avoir le coup de cœur, même si elle suppose que l’aspect financier ne sera pas un problème pour lui. Déjà un avantage quand on part à la recherche d’un nouveau logement, surtout à New York, où l’immobilier coûte si cher. Meghan l’a bien constaté cette année. Elle sourit en l’écoutant faire des suppositions sur la fameuse surprise qu’elle lui réserve. Forcément, il pense à des choses sportives. En soi, ç’en est une. Mais il est encore loin de la réponse. « Et puis une randonnée en plein New York, j’ai connu mieux… » Non pas qu’elle n’aime pas la ville mais pour avoir grandi avec la nature sauvage à deux pas, elle n’associe pas vraiment le mot randonnée avec New York. Si elle doit emmener Leonel en randonnée, ça sera plutôt dans son Canada natal. « Tu as beaucoup de foi en ton agent immobilier. J’espère pour toi qu’il est mieux que le mien. » Elle plaisante, parce qu’il lui a finalement trouvé l’appartement dans lequel elle vit et se plait. Mais avant ça, ç’avait été un défilé de choses qui n’allaient pas. Peut-être que son budget ne correspondait pas à ses demandes. La voiture s’arrête finalement, et elle regarde autour, se demandant de quelle maison il s’agit. « Un premier point positif : c’est pas loin de chez moi. »

Tu tentes désespérément de trouver la réponse, ce que peut être cette fameuse surprise. Visiblement, elle ne te dira rien dans l’immédiat. Elle préfère te faire tourner en bourrique, et jouer avec toi. Et tu rentres si facilement dans son petit jeu. Le grand sportif en toi, pense immédiatement à du sport. Tu ne sais pas encore de quel sport, il peut s’agir, mais tu ne tarderas pas à trouver. À moins qu’il ne s’agisse absolument pas de ça. Dans ce cas, tu es très loin de la réalité. Tu proposes une randonnée, sans pour autant être véritablement convaincu par cette hypothèse. Et lorsque Meghan évoque le fait que New York n’est pas vraiment propice à ce genre d’expédition. Elle marque un point. New York a beau être une ville magnifique, elle n’est en rien la nature sauvage que peut offrir certaines villes. Central Park est bien endroit rempli de verdure, mais bien trop plat pour qu’on puisse appeler ça de la randonnée. « T’as raison… Franchement, je vois de quoi il peut s’agir. » Dis-tu déçu de ne pas avoir trouvé de quoi il pouvait bien s’agir. Finalement, tu vas vraiment devoir attendre la fin de la visite pour le découvrir. Ça demandera encore plusieurs minutes, mais une fois dans la maison, tu mettras de côté cette pensée. « Il a tout intérêt, je compte pas faire quinze visites. » De toute manière, tu fonctionnes au coup de cœur, et si tu te fis à ce que tu as déjà pu voir en photo, cette maison serait la bonne. Mieux organisée que la tienne, elle offre de plus grands espaces, et un extérieur complètement adapté pour deux amoureux de l’air frais comme Martin et toi. Ça reste grand rien que pour vous deux, mais tu sais que tu fais une bonne affaire. Après quelques minutes de trajet, sans encombre, tu gares la voiture le long de la route, à deux pas de l’adresse indiqué. « Je suis bien d’accord avec toi. Premier point. Mais tu verras, la maison a plein d’autres atouts. » Tu éteins le moteur, enlèves les clés, sors pour récupérer à l’arrière une écharpe tout en fermant ton manteau, puis verrouille la voiture. Vous avancez lentement en remontant la rue, apercevant au loin l’agent qui vous attend paisiblement. Tu regardes sur ta droite et vois la maison qui ressemble en tout point à ce que tu as pu voir en photo. T’aime tout particulièrement cette brique rouge qui la revête qui vient contraster avec le noir des ouvertures et de l’escalier qui permet d’accéder à l’entrée. Du doigt, tu indiques la maison à Meghan, sourire aux lèvres. « C’est celle-là. » T’as un bon pressentiment sur la chose. Tu as fait de nombreuses recherches sur internet, et dit exactement ce que tu voulais à l’agent. Pas grand-chose en soit. Une maison typique de Brooklyn, avec un extérieur, et plus de deux chambres, avec une grande pièce principale. Tu préférais voir les biens qu’il voulait te proposer en photo avant de faire toute visite, afin de donner ton aval. Tu n’as pas vraiment de temps à perdre, alors autant l’user comme il faut. Arrivés à la hauteur de l’agent, tu lui serres la main et le salues à haute voix, content de voir les choses se concrétiser au fur du temps. « On commence la visite ? » Demandes-tu en te frottant les mains.

« Tant mieux alors. Ça sera vraiment une surprise. » Et une bonne surprise. Surtout qu’il est loin du compte, même si ça peut être un genre de sport. Pas celui qu’il a en tête, cela dit. Parce que la randonnée, ça n’a rien à voir. Mais pour l’instant, Meghan préfère se concentrer sur la visite qu’ils ont à faire avant de pouvoir passer à cette fameuse surprise. Leonel semble sûr de lui concernant cette première maison, et elle lui envie ça. Elle, ça n’avait pas été si simple. Encore qu’elle avait trouvé en une journée de visite, ce qui peut paraitre assez peu. Mais elle avait hésité un peu plus longtemps que ça. « Tu lui as mis la pression en fait. » En même temps, c’est son travail, autant que l’agent immobilier le fasse bien. Surtout qu’avec Leo, il a un bon client, qui achètera une maison à un prix élevé et donc, sans doute, avec une grosse commission. Non pas que Meghan comprenne quelque chose à tout ça. La voiture s’arrête dans une rue qu’elle connaît de vue, parce qu’elle n’est pas si loin de chez elle que ça. Fait qu’elle souligne comme un point positif. Elle ne sait pas si Leo pense à eux en achetant cette maison, à un futur qu’ils pourraient avoir, mais elle a bien envie de croire que oui. Alors qu’ils ont dit qu’ils prenaient les choses doucement. Elle suit le jeune homme dans la rue, jusqu’à ce qu’il lui désigne une maison de l’autre côté de la rue. En effet, elle a l’air vraiment bien. Meghan peut comprendre qu’il ait déjà un coup de cœur. « L’extérieur donne envie déjà. Si l’intérieur est à la hauteur, je comprends que tu n’aies besoin que d’une visite. » Au fond, Meghan se dit que Leo a changé. Il est plus sûr de lui. Il sait ce qu’il veut. Ou peut-être qu’il était déjà comme ça avant, mais pas à propos de leur relation. Ils retrouvent rapidement l’agent immobilier et Meghan se surprend à avoir hâte de découvrir l’intérieur, comme si c’était pour elle. L’homme mène les deux jusqu’à la porte, et ouvre celle-ci sur une entrée qui semble gigantesque. Les plafonds sont très hauts, ce qui rappelle à Meghan son propre appartement. L’agent commence déjà à expliquer l’histoire de la maison, l’agencement des pièces, et elle l’écoute d’une oreille, jusqu’à ce qu’une phrase attire davantage son attention. « … Je ne savais pas que c’était une maison pour un couple, mais je pense qu’elle vous conviendra tout autant. La famille qui y habitait avant vous a été très heureuse. » Elle déglutit difficilement, avant d’ouvrir la bouche pour le reprendre. « Oh non… je ne fais que l’accompagner. » Elle ne se sent pas à l’aise du tout de devoir le préciser. « J’ai acheté un appartement en début d’année, j’ai déjà donné. » Elle ajoute une petite plaisanterie, espérant que son malaise en sera moins visible.