(poppy & warner) + she doesn't look me in the eyes anymore

Poppy semblait trouver le sujet de Kara aussi intéressant que Warner. Le jeune homme doutait que ce soit parce qu’elle était passionnée par la vie de sa colocataire mais pensait que c’était plutôt car elle avait comprit, comme lui, que ça leur faisait un bon sujet de conversation. Ca repoussait un le moment des silences gênants. Elle venait de lui demander ce que Kara faisait dans la vie et Warner décida de lui répondre en toute honnêteté, quitte à passer pour un imbécile. “Oui c’est ça. Même que le jour où je l’ai rencontré, elle me faisait les poches. Je ne pense pas qu’elle soit très douée comme pickpocket.” Mais c’est sûr que c’était moralement très discutables ce que Kara faisait de sa vie. “Mais je ne sais pas, elle avait l’air d’avoir besoin que quelqu’un lui tende la main et c’est une bonne personne en vrai.” En tout cas, il lui semblait qu’elle l’était. Elle n’avait juste pas été aidé dans la vie. Enfin, elle n’était pas du genre à se confier beaucoup donc Warner ne pouvait pas dire qu’il savait tout à son sujet. Mais depuis qu’il vivait avec elle, il ne l’avait jamais entendu mentionner une quelconque famille ou quoi. Certes, peut-être que sa gentillesse allait le perdre un jour mais il s’en moquait un peu. Au moins, il pourrait toujours se regarder dans une glace. Soit, il continua ensuite sa préparation et indiqua à Poppy ou trouver les verres et le vin. Il était tellement passionné parce qu’il faisait qu’il ne remarqua qu’elle avait fini de servir les verres que quand elle lui demanda s’il avait deux secondes pour trinquer. Ils levèrent donc leur verre à son premier vrai plat et à leur amitié en devenir. Oui, c’était deux bonnes raisons de lever leur verre. “Et à notre intoxication alimentaire à venir aussi.” ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie avant de lui demander un conseil sur les épices qu’il fallait qu’il ajoute maintenant. Il écouta son conseil et ajouta avec modération ce qu’elle lui avait indiqué. Il mit ensuite l’eau pour les pâtes et baissa le feu sous la sauce. “Voilà, c’est presque prêt, il ne reste plus qu’à attendre les pâtes.” Et voilà, maintenant, il ne savait plus quoi dire. “Tu veux que je te fasse faire un tour de l’appart pour visiter ?” C’était bien ça, ça les occuperait quelques minutes en attendant que la nourriture soit prête.

Sa gentillesse, c’est bien ce qui caractérise le mieux Warner. Accueillir une pickpocket chez lui, c’était quand même risqué, il avait pris des risques en le faisant. Des risques qu’il arrive un jour chez lui et qu’il constate que toutes ses affaires ont disparues par exemple. Mais visiblement pour le moment, ça lui réussit plutôt bien. Sa mauvaise graine lui a même appris à cuisiner… Comme quoi, tout espoir n’est pas encore perdu. « Si tu crois que c’est une bonne personne, elle en vaut peut-être la peine alors. » Il faut toujours suivre son instinct, mais elle ne veut pas qu’il soit déçu ou qu’il finisse par le regretter. Il mérite mieux que ça.
Pour la peine, Poppy a envie de trinquer. A ce dîner, et à leur amitié. A leur essai en tout cas, elle ne sait pas encore si ça va se révéler être un succès ou non, mais ça vaut quand même la peine d’essayer. Warner crut visiblement bon d’ajouter quelque chose à leur toast, ce qui fit rire la jeune femme mais lui fit également lever les yeux au ciel. Elle trouve qu’il exagère en disant, ça il ne l’a pourtant pas habitué à ne pas avoir confiance en lui comme ça. « Ne dis pas de bêtise, je suis sûre que ce sera très bien. » Elle est prête à prendre le risque en tout cas. Surtout qu’elle y a ajouté son grain de sel, suite à sa demande. Donc si quelque chose cloche, ce sera en partie sa faute. En revanche, si tout est réussi, ce sera seulement grâce à lui. Elle n’aura pas beaucoup de mérite de toute façon, elle l’a juste conseillé sur un tout petit détail d’assaisonnement. En attendant que tout soit prêt, il lui propose de visiter l’appartement. Posant son verre, elle hoche la tête. « Bien sûr, avec plaisir. » Ça les occupera au moins quelques minutes. Ou quelques secondes, mais c’est toujours ça de pris. « Tu vis ici depuis ton arrivée ? »

Warner comprenait bien ce que voulait dire Poppy quand elle disait que sa gentillesse le perdrait un jour. Il avait accueilli une pickpocket chez lui, il aurait peut-être pu se retrouver avec plus rien chez lui. Mais ça n’avait pas été le cas et il était content d’avoir un peu mieux connu Kara. C’était comme avec Poppy d’ailleurs, s’il n’avait pas été si gentil, il ne voudrait peut-être plus la voir. Et pourtant, malgré tout ce qui avait pu se passer, le jeune homme ne se résoudait pas à l’exclure de sa vie. “Oui, tu verras qu’elle vaut la peine quand tu la rencontreras. La prochaine fois, je ferais en sorte qu’elle soit là.” Ce qui sous-entendait qu’il y aurait une prochaine fois et que cette fois là ne serait ni trop gênante, ni trop tendue.

Warner continua sa préparation et il avait presque fini quand Poppy servit les verres de vin. Ils trinquèrent alors, à leur amitié, entre autres choses. Mais Warner voulait aussi trinquer à leur intoxication alimentaire à venir ce qui fit visiblement lever les yeux au ciel à la jeune femme. “On verra bien. Il faut pas que je rate la cuisson.” Et c’est ce qu’il ratait toujours en fait. Maintenant qu’il n’avait plus vraiment rien à préparer et que le sujet de Kara était épuisé, Warner devait trouver autre chose à faire ou à dire au plus vite. C’est pour ça qu’il proposa à la jeune femme de lui faire visiter l’appartement. “Non, pas tout à fait. Enfin, j’ai du passer quelques jours à l’hôtel avant de trouver mon appartement mais sinon oui, j’ai pas changé depuis. J’aime bien cet appartement.” Il lui fit donc le tour du salon et de la cuisine avant de lui montrer le couloir qui donnait accès aux toilettes et à la salle de bain, si jamais elle avait besoin de ses deux pièces. “Et par là-bas, c’est les chambres.” dit-il en indiquant simplement les deux portes du fond. “Au début, j’avais prévu une chambre en plus au cas où ma famille viendrait mais y’a eu Kara et de toute façon c’est plus souvent moi qui fait le déplacement.” Sans compter le fait qu’ils préféraient largement aller dans un hôtel. Il sentit alors une odeur un peu désagréable. “Mince, le gâteau, je pensais avoir éteint le four.” fit-il en retournant à la hâte à la cuisine.

La prochaine fois… En l’entendant dire ça, Poppy a un léger sourire en coin. Il insinue qu’il y aura une prochaine fois du coup, alors qu’ils n’en sont encore qu’au début de la soirée. Rien ne dit que la soirée sera un succès. Mais bon, au moins c’est encourageant. « Donc il y aura une prochaine fois, c’est noté. » De savoir ça, ça lui enlève déjà un peu de pression pour la suite, elle est moins tendue. Elle avait déjà hâte de voir ce que la soirée allait lui réserver, Déjà, côté nourriture, ça semble plutôt bien parti. Il ne reste plus que les pâtes à faire cuire, et c’est le plus simple. Donc s’il en vient à rater ça, elle pourra définitivement le qualifier de peine perdue. Mais bon, il reste encore quelques minutes alors elle retient son verdict. Puis là, il tient à lui faire visiter son appartement, alors elle n’y pense plus vraiment. Il a eu une bonne idée, ça va les distraire quelques secondes, le temps de visiter les trois ou quatre pièces de l’endroit. Ca ne doit pas être si grand ici… mais c’est toujours ça. Après avoir repris son verre, elle le suit et l’écoute lui décrire l’endroit où il vit. Elle apprend qu’il n’a jamais déménagé depuis qu’il est là et du coup, elle se rend compte qu’elle ne sait même pas depuis combien de temps il vit ici. Elle n’a jamais eu l’occasion de lui demander, ils ont été trop occupés à parler d’autres choses. « Je ne te l’ai jamais demandé mais… ça fait longtemps que tu vis ici du coup ? » Elle veut savoir s’ils auraient pu se croiser bien plus tôt, même si au fond ça n’a aucune importance. Qu’il le sache six ou sept ans après n’aurait absolument rien changé. Et du coup, la suite de la conversation amène une autre question. Finalement, c’est facile, ils en ont des choses à se dire. « Tu y retournes souvent ? » Ca ne devrait pas l’étonner, contrairement à elle, il n’a aucune raison de ne pas vouloir rentrer en Angleterre. La visite est alors coupée lorsque Warner s’alarme de sentir quelque chose de pas normal. Immédiatement, et apparement en même temps que lui, elle réalise ce que ça veut dire : le gâteau est en train de brûler. Elle le suit jusqu’à la cuisine et se précipite pour éteindre le four et l’ouvrir. « Ouais, il a l’air un peu trop noir… Mais c’est pas grave je suis sûre que ce sera bon quand même. » Elle pince légèrement les lèvres, désolée. « C’est de ma faute, je t’ai déconcentré. »

Warner venait de faire une nouvelle promesse. Enfin, en quelques sortes... Il avait dit à Poppy qu'il ferait en sorte que Kara soit la prochaine fois et cela sous-entendait qu'il y aurait une prochaine fois. La jeune femme releva d'ailleurs bien cette information. "Bah oui." répondit le jeune homme en haussant les épaules, comme si c'était l'évidence même. Ca n'avait pourtant rien de si évident. "Enfin, sauf si tu veux pas." ajouta-t-il un peu hésitant. Il ne lui avait même pas demandé son avis. Peut-être qu'elle regrettait déjà d'être là ?

Après avoir fini ses derniers préparatifs, Warner entrepris de montrer à Poppy son appartement. Il s'était dit que ça les occuperait quelques minutes au moins donc c'était toujours ça de pris. Elle lui demanda si il avait toujours vécu là et après coup, elle lui demanda même depuis combien de temps il vivait ici. C'est vrai qu'ils n'étaient jamais passé par ce genre de conversation, plutôt basiques pourtant. Ils étaient passés directement aux conversations très sérieuses. "Euh, pas si longtemps. Ca fait un an et demi à peu près." Donc ça n'était quand même pas comme s'il venait juste d'arriver. Elle lui demanda également s'il retournait assez souvent en Angleterre. Tout dépendait ce qu'elle entendait par régulièrement. "Assez souvent quand même. J'y suis allé un peu pendant l'été. J'avais pas grand-chose à faire ici, des vacances à prendre et mes nièces qui me réclamaient. Mais j'essaie d'y aller au moins une fois tous les deux mois, ça dépend du temps que j'ai." Il allait probablement essayer d'y aller bientôt là parce qu'il avait envie et besoin de passer un peu de temps chez lui. Il fallait juste qu'il arrange ça. "C'est drôle parce que quand je suis arrivé ici, je ne pensais pas tenir plus de deux mois." Les gens étaient quand même très américains ici. Et pourtant, il était toujours là.Il n'eut pas le temps de se demander ce qu'il allait dire maintenant parce qu'une odeur de brûlé l'appela. En sortant son gâteau, il se rendit compte qu'il était un peu brûlé mais Poppy avait l'air sûre qu'il serait bon quand même. "Mouais, on verra bien. J'ai de la glace au pire." Ca ferait toujours l'affaire en guise de dessert. "[color=#009900]Et oui, c'est complètement ta faute." ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie."Qu'est-ce que tu comptes faire pour te faire pardonner ?"

« Non, non, j’ai très envie qu’on continue à se voir. » Une amitié, ça s’entretient, alors ils ne vont pas avoir d’autre choix que de se revoir. Puis ils n’ont pas fait tous ces efforts pour au final ne plus se voir. Ils ont tous les deux établi avoir envie de garder l’autre dans sa vie, et cela implique de se voir en face à face. Ca lui va à elle, surtout que ça ne se passe pas aussi mal que ce qu’elle avait prévu. Ce n’est pas si bizarre ou gênant, ils ont quand même des choses à se dire. Surtout qu’ils ont tout fait à l’envers depuis qu’ils sont revenus dans la vie de l’un et de l’autre. Ils ont commencé par se dire les choses difficiles, et maintenant ils doivent réapprendre à se connaître. Ce n’est pas une mince affaire, mais petit à petit, ils en prennent le chemin. Ca amène Poppy à lui parler de l’Angleterre, le pays dont ils sont tous les deux originaires, ce qui les réunis une première fois, et plus ou moins la raison qui les a séparés. S’ils avaient vécu ailleurs, dans d’autres familles, peut-être que tout aurait été différent. Mais bon pas de mauvaises pensées ce soir. « C’est vrai que j’ai tendance à oublier que peu de gens partent de chez eux sans vouloir y retourner par la suite. » Ca a été plus fort qu’elle. Mais tant mieux si Warner a des gens qui l’aiment et qu’il aime en retour. C’est important qu’il ait ça, toutes les familles ne sont pas dysfonctionnelles comme la sienne. « C’est vrai que t’es trop anglais pour ça. Tu ne regrettes pas d’être venu ici quand même ? » S’il a tenu un an et demi, c’est bien la preuve que ce n’est pas si horrible que ça. Mais au fond, c’est un anglais, et il aime trop son pays et la vie là-bas pour être vraiment heureux ici, elle imagine. « Tu comptes rester longtemps ici ? » C’est une simple curiosité, mais elle veut savoir combien de temps elle va avoir avec lui. Seulement, ils sont interrompus par le gâteau qui brûle. Ils auront tout le temps d’en reparler plus tard. « C’est très bien de la glace. Surveille quand même tes pâtes hein, parce que sinon on va être obligés de manger de la sauce avec des chips. T’as des chips au moins ? » Ou autre chose, peu importe. Mais du coup, ça lui donne une bonne idée pour se faire pardonner, même si elle disait plutôt ça pour rire, ce n’est en rien sa faute et elle le sait. « Si jamais, on peut toujours commander à manger et c’est moi qui offrirait. T’auras quand même essayé. » Rien ne dit que le repas sera gâché, c’est encore rattrapable.

Warner comptait sur le fait de revoir Poppy une prochaine fois. Ils avaient dit qu’ils allaient faire en sorte d’essayer d’avoir des relations plus cordiales, et même de devenir amis. Cela ne pouvait néanmoins arriver que s’ils faisaient un peu plus connaissance. Il ne pouvait quand même pas trop s’avancer et savoir si la jeune femme était du même avis que lui. Elle lui confirma cependant qu’elle avait très envie qu’ils continuent de se voir. Warner hocha a tête, satisfait. “Très bien.” Avec le temps, avec un peu de chance, leurs échanges paraîtraient plus naturels et moins timides. Ils n’auraient plus à forcer les choses. Déjà, ils continuaient à faire connaissance : Poppy venait de lui demander depuis quand il était à et s’il rentrait souvent en Angleterre et Warner répondit à ses deux questions, ajoutant même qu’il ne pensait pas rester très longtemps quand il était arrivé là. “Et si ça arrive.” répondit-il sur un ton amusé quand elle fit remarquer le fait qu’elle oubliait que des gens avaient parfois l’intention de retourner chez eux. “Mais tu n’as vraiment jamais eu envie de rentrer ?” demanda-t-il curieux. “Je veux dire, pas pour voir ta famille évidemment mais c’est quand même là-bas que tu es née et que t’as grandi, ça aurait pu te manquer.” Mais après, il ne savait pas trop ce qu’elle en pensait elle. Après tout, s’il avait cette conception des choses, c’était peut-être parce qu’il était trop anglais comme elle le disait si bien. “C’est drôle, je pensais justement que les gens étaient trop américains ici.” avoua-t-il avec un petit sourire. “Mais non, je ne regrette pas trop. C’est bien de voir des choses différentes parfois j’imagine. J’ai même commencé à me plaire ici.” Ce qui était quand même assez incroyable, il n’aurait jamais cru que ça pouvait arriver. “Et je ne sais pas trop, je n’ai pas prévu de partir pour le moment mais de là à dire que je vais passer ma vie ici, je ne sais pas.” Il ne pouvait pas savoir ce qui allait arriver après mais il y avait peu de chance qu’il n’est pas envie de partir un jour. La cuisine se rappela bientôt à lui. Il avait oublié son gâteau qui était à présent cramé mais ce n’était pas grave parce qu’il avait de la glace. En tout cas, c’était totalement de la faute de Poppy. Celle-ci lui rappela quand même qu’il fallait qu’il surveille les pâtes. “Oui bien sûr, c’est ce que je fais.” Maintenant, il avait de la chance que ça n’est pas cramé ça aussi. “Mais j’ai toujours du mal à savoir quand elles sont prêtes.” Kara lui avait dit d’en lancer une contre le mur pour voir si ça collait mais l n’était pas certain du fait que sa colocataire était sérieuse. Elle se foutait très probablement de sa gueule. “Et oui j’ai des chips, évidemment. Comment tu crois que je me nourris ? J’ai même des chips à la bolognaise. Ca servait à quoi que je m’embête à cuisiner ça sérieux ?” La jeune femme évoqua finalement le fait qu’ils pourraient commander si jamais c’était raté et elle offrirait. Warner secoua la tête, même s’il savait qu’elle plaisantait et que son repas ne serait pas totalement raté. “Je vais sûrement t’inviter à manger et te faire payer la commande oui.”

Rentrer en Angleterre, c’est quelque chose que Poppy a du mal à concevoir. Ca n’a jamais été son intention, pour elle, quand elle est partie, c’était définitif. Elle n’a jamais compté sur le fait d’y retourner un jour, même juste pour visiter. Même si elle ne reverrait aucun membre de sa famille. Il y a trop de mauvais souvenirs là-bas, elle ne s’y est jamais sentie à sa place. « Je sais, mais nan. C’est drôle, mais je à partir du moment où je suis montée dans l’avion, je me suis sentie mieux. Je n’étais pas à ma place là-bas, t’es le mieux placé pour le savoir. » Alors certes, ça ne veut pas forcément dire qu’avec le temps, il est impossible qu’elle y retourne. Peut-être quand elle aura complètement mûri, ou fait la paix avec tout ça. Mais ce n’est pas près d’arriver. Puis elle se sent vraiment bien ici, elle ne se voit plus vivre ailleurs. Il y a tellement à découvrir, les gens sont mieux, moins anglais, justement. Cet état d’esprit lui convient nettement mieux. Tout le contraire de Warner, qui est un vrai anglais, pur et dur, et qui ne renierait ses origines pour rien au monde. C’est bien une des choses qu’ils n’ont pas en commun. Entre autre, mais leur avis diverge vraiment sur ce point. « Tu mériterais presque une médaille pour supporter de vivre ici. » Elle doit avouer que ça l’arrange bien, qu’il n’ait pas envie de partir pour le moment. Elle sait que ça arrivera un jour, c’est inévitable, et elle ne pourra pas l’en empêcher. Elle n’en aura pas le droit, et elle essaye de ne pas y penser du coup. Parce qu’avoir de nouveau Warner dans sa vie, elle pourrait y prendre goût. Elle est d’ailleurs contente qu’ils réussissent à se voir comme ça, elle a hâte de voir ce que va donner le repas qui est quasiment prêt. Le gâteau sera mangeable, elle en sera convaincue, puis au pire, elle fera semblant d’apprécier juste pour lui faire plaisir et lui donner envie de recommencer. Poppy se penche au-dessus de la casserole, attape une fourchette puis attrape une pâte avec pour le goûter. « En général j’aime bien goûter pour m’en assurer. » Elle porte la fourchette à la bouche, puis hoche la tête. « Ca m’a l’air prêt. Tu veux que je mette la table le temps que tu finisses de préparer, ou c’est déjà tout prêt ? »

Pour lui, rentrer en Angleterre de temps en temps était naturel. C’était son pays, là que vivait encore sa famille et beaucoup de ses amis. D’ailleurs, il imaginait bien qu’il y retournerait à un moment donné dans sa vie. Il n’était pas sûre de passer sa vie ici. Mais il était curieux de savoir comment Poppy voyait les choses, si elle n’avait jamais eu envie d’y retourner, ne serait-ce que pour visiter. Certes, elle ne devait avoir aucune envie de voir sa famille mais ça restait quand même le pays où elle était née et où elle avait grandi. Apparemment, ce n’était pas le cas, elle avait semble-t-il rayé l’Angleterre de sa vie dès qu’elle était montée dans l’avion. “Je savais que tu ne te sentais pas à ta place dans ta famille oui, je ne savais juste pas que c’était valable pour tout le pays.” Mais il pouvait le concevoir, si elle n’avait pas de bons souvenirs là-bas, il était normal qu’elle n’ait pas envie d’y retourner. Elle se fondait bien dans le paysage parmi tous ces américains d’ailleurs. La jeune femme déclara qu’il méritait une médaille pour supporter de vivre aussi et Warner haussa les épaules. “Ce n’est pas si terrible que ça. Les gens sont sympas si on met de côté leur côté eh bien… américain quoi.” Il ne voyait pas comment définir ça mieux à vrai dire.

En discutant, ils avaient mis en danger la réussite du repas de Warner. Mais il fallait voir le côté positif, c’est que la conversation était assez intéressante pour qu’il oublie la nourriture. Ca voulait donc dire que les choses se passaient mieux que prévu. Le gâteau était un peu grillé mais il pouvait encore réussir les pâtes, il demanda conseil à Poppy qui les goûta et décida qu’elles étaient prêtes. Warner coupa donc l’eau et s’attella à la fin de la préparation pendant que la jeune femme proposait de mettre la table. “Je veux bien, j’ai pas eu le temps non.” Dû à son retard de préparation. "Tout est là.” ajouta-t-il en lui désignant le placard du doigt. Il termina de tout préparer et amena son plat jusqu’à la table. “Par contre, j’ai pas d’entrée parce que je savais rien faire.” Kara ne lui avait rien appris de tout ça. “Du coup ça se passe comment, tu veux que je fasse le goûteur ?”

Il y a encore beaucoup de choses que Warner ne sait pas. Ou en tout cas, ne peut pas comprendre. Ce n’est pas de sa faute, elle a beau s’être confiée à lui et rien qu’à lui à l’époque, elle ne lui disait pas tout, ou en tout cas ne prenait pas spécialement le temps de tout lui expliquer. Et il y a certaines choses que certaines personnes ne peuvent pas comprendre, c’est comme ça. Quoi qu’il en soit, ça ne l’étonne pas qu’il ne comprenne pas qu’elle puisse ne pas avoir envie de remettre les pieds chez eux. « C’est pas spécialement le pays, c’est plus tout ce qui lui est associé. » Mais à lui de la convaincre, pourquoi pas. Avec de bons arguments, elle peut peut-être se laisser convaincre. « Et de toute façon, il n’y a plus rien qui me retient là-bas, je n’ai aucune bonne raison d’y retourner. » Visiter, faire du tourisme, elle n’en a pas les moyens et il y a bien assez à voir ici, aux Etats-Unis. Elle se sent beaucoup mieux ici de toute façon, bien plus chez elle. Elle trouve juste dommage que Warner ne s’y sente pas bien. « Ce n’est pas si mal d’être américain. » Bizarrement, quelque chose lui dit qu’elle aura du mal à le convaincre, mais il ne faut jamais dire jamais. Elle l’aura à l’usure.
Voyant que le dîner est prêt, Poppy se propose de mettre la table. Warner lui indique où se trouve tout ce dont elle a besoin et elle s’exécute. Ca ne lui prend pas beaucoup de temps, ils ne sont que deux après tout. Une fois que c’est fait, elle revient dans la cuisine. « Pas besoin d’entrée, t’en as fait largement assez je pense. » Elle se met à rire lorsqu’il lui propose de goûter en premier, quel gentleman. « C’est bon, te sens pas obligé. On s’installe ? » Sans attendre, elle prend le plat de pâtes et vient le poser sur la table avant de s’installer. « Je meurs de faim. Je sais pas si t’as envie de dire quelque chose avant qu’on ne goûte à ton tout premier plat ? »