So come on inside, you catch a cold Oh, darling the storm will pass when you grow old
Un coup d’œil à Tessa me confirmait qu’elle pensait exactement la même chose que moi. L’offre était alléchante, mais pour la proposition le salaire était encore trop bas. Ils allaient devoir augmenter s’il voulait avoir ma gueule angélique sur leur publicité commerciale. Dans cette grande salle de réunion au stade, on faisait presque abstraction que la tempête s’annonçait. Seul le vent qui s’engouffrait à quelques endroits trahissait la violence du temps d’aujourd’hui. Pourtant, après être venu s’entraîner tôt le matin – ordre de l’entraîneur – on avait décidé de caler ce rendez-vous qui semblait pressé. L’optimisation de nos deux emplois du temps avec Tessa était essentielle, et c’était la seule solution qu’on avait trouvé. Hélas, on n’avait pas pensé à ce que la tempête surgisse aussitôt. « Très bien, nous allons reviendrons vers vous avec une nouvelle proposition. Je dois simplement m’assurer avec mes supérieurs que c’est possible » « Et c’est tout à fait normal » Je me lève aussitôt qu’il le fait, pour lui serrer la main. Tessa en fait de même, avant que le type ne sorte de la salle en nous disant qu’il devait rejoindre ses enfants au plus vite. Nous, on se rassit pour discuter du contrat. « T’en penses quoi ? Tu penses qu’il joue franc jeu ? » Généralement, je choisissais les marques avec qui je travaillais d’une manière très minutieuse. Je n’aimais pas être associée aux grosses marques insoucieuses de l’éthique, de l’environnement ou encore de la moralité. Eux, étant encore jeune, nous n’avions pas assez de recul pour savoir si les valeurs de sa marque étaient vraiment ça. Mon regard s’attarde une seconde sur elle, avant de dévier sur l’immense vitre. Dehors, le blizzard fait rage. Je me lève, main dans les poches avant d’ajouter simplement devant la vitre : « On devrait peut être y aller si on ne veut pas rester coincé ici. Tu rentres chez moi ? » Une simple question, je pourrais la déposer chez elle, mais au vue du temps, mieux valait peut-être rentrer directement plutôt que de s’amuser à conduire dehors. Ma Dodge était performante, j’avais du posé les pneus 4 saisons pour plus de confort, mais je n’étais pas certaine qu’elle surmonte ces routes qui semblent déjà être bien gelée.
Aussi passible qu’elle peut l’être, Tessa, elle essaye de ne rien laisser paraître sur son visage. C’est une aptitude qu’elle a su acquérir avec les années et l’entraînement. Une aptitude nécessaire dans son travail – enfin futur travail officiel – si elle ne veut pas qu’une situation se retourne contre elle. Ne jamais laisser apparaître le moindre signe de faiblesse si elle veut éviter que ça soit utilisé contre elle. Étant une femme, elle doit d’autant plus faire attention et là, elle essaye simplement de percer à jour l’homme qui discute avec eux depuis un petit moment. Une nouvelle marque qui voudrait signer un contrat avec Tommy. Rien de surprenant vu sa popularité mais Tessa reste méfiante tant qu’elle n’en sait pas plus. Et elle négocie souvent comme personne forçant ainsi à reporter la signature du contrat – si jamais elle arrive. Désormais seule avec le blond, elle regarde brièvement dehors et frissonne. L’hiver ça ne la dérange pas, en fait elle adore, mais la tempête qui s’abat sur New York aujourd’hui semble plus violente que ce à quoi elle s’était attendue. « T’en penses quoi ? Tu penses qu’il joue franc jeu ? » Son attention reportée sur Tommy, la brune prend quelques secondes avant de répondre. « Honnêtement je suis toujours méfiante des jeunes sociétés, y a rarement de quoi se faire une idée. Mais je vais me renseigner, voir s’il y a quoi que ce soit de louche. » Elle griffonne ça dans son bloc-notes. Jamais elle ne se sépare de son portable, mais le papier ça ne trahit pas – sauf dans l’eau ou dans le feu. De cette manière elle est certaine de ne pas oublier. « On devrait peut être y aller si on ne veut pas rester coincé ici. Tu rentres chez moi ? » Sans pouvoir s’en empêcher, elle sourit en quittant son fauteuil. « C’est une invitation ? » Demande-t-elle, taquine. Son manteau déjà enfilé, elle se camoufle avec son écharpe et son bonnet. « Je pense que ça serait plus sûr, oui. Je veux pas que tu prennes des risques en faisant un détour. » Et elle ne se voit pas affronter le froid toute seule, ni même le métro. Tessa passe devant lui et prend la direction de l’ascenseur menant au parking. Le chemin, elle le connaît par cœur à force de l’avoir fait. « T’as Tyler ce soir ? Je dois le battre à Mario Kart et sauver mon honneur. » Dans l’ascenseur, elle appuie sur le bouton puis enfonce les mains dans ses poches. Rien que là le froid est mordant, Tessa ne veut même pas imaginer ce que ça doit être dehors. Heureusement ils seront vite au chaud chez Tommy.
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« Honnêtement je suis toujours méfiante des jeunes sociétés, y a rarement de quoi se faire une idée » Sur ce point, ils étaient tous les deux d’accord. Mais, c’était souvent les plus belles opportunités. « Mais je vais me renseigner, voir s’il y a quoi que ce soit de louche » J’acquiesce sans répondre. De toute façon, il faut se renseigner pour se donner un avis, sur ce point-là, elle était meilleure que moi. Proposant de partir, je lui demande si elle préfère venir chez moi directement plutôt que chez elle. « C’est une invitation ? » demande-t-elle d’une voix taquine. Je souris en l’aidant à mettre son écharpe, geste presque trop tendre. « Peut-être bien » Assuré qu’elle soit bien couverte, j’enfile ma veste aussi et mon écharpe très rapidement avant d’être prêt à sortir de la salle. « Je pense que ça serait plus sûr, oui. Je veux pas que tu prennes des risques en faisant un détour » Visiblement, je n’avais pas besoin de lui dire ce que je pensais, elle l’avait lu dans mes pensées. Ça m’étonnait encore ce genre de chose-là entre nous. Pourtant, elle pouvait compléter depuis des années mes phrases sans que je ne lui dise rien. « Tu m’enlèves les mots de la bouche » dis-je en souriant, tout en la suivant vers l’ascenseur. « T’as Tyler ce soir ? Je dois le battre à Mario Kart et sauver mon honneur » J’éclate de rire : Tyler et Mario Kart c’est une histoire d’amour. Même moi, je suis un vrai looseur sur ce jeu. « J’aurai adoré voir cette revanche, mais non, il reste chez Lisa pour cette semaine. On s’est dit qu’avec la tempête, ce serait mieux. » Ca me prive de le voir pratiquement tous le mois, mais je sais qu’il est en sécurité au moins. « Par contre, je ne garantie pas qu’on soit vraiment seul. Mes colocs se sont sans doute tous réfugier aussi à la villa. » Ascenseur en route, elle nous emmène jusqu’au sous seul ou, étrangement, les lumières s’éteignent à la seconde où la porte s’ouvre…un peu. Elle semble s’être arrêtée en pleine course. Je regarde Tessa qui semble intriguée elle aussi. Dans le noir complet, seul les lumières des issus de secours ici et là de l’immense parking nous révèlent l’endroit où nous sommes. « Une coupure d’électricité tu pense ? » Je sors mon téléphone et le lui tends, torche allumé. Mes mains se déposent sur les portes de l’ascenseur et en grimaçant je tente de les repousser ; Elles pèsent une tonne mais ne sont pas non plus coincés. Je reprends mon téléphone alors qu’elle sort le sien pour faire pareil et tente de chercher un interrupteur.
« Peut-être bien » Voilà une réponse qui ne la surprend même pas. Elle le connaît de plus en plus, sait parfois lire en lui avec une facilité déconcertante. Alors, elle sourit une fois qu’il a terminé de s’assurer qu’elle est bien protégée, prête à affronter le froid. C’est dans ce genre de moment qu’elle voit le père en lui, toujours dans le besoin de s’assurer qu’un proche est prêt à affronter le pire des froids. « Tu m’enlèves les mots de la bouche », « C’est parce que je suis devenue télépathe. Il me faut encore un peu d’expérience pour lire dans les pensées des types comme celui qu’on vient de voir. » Qu’elle affirme sans une once de sérieux. Elle le connaît, c’est tout. Sans compter qu’elle aurait pu faire la même proposition si elle avait une voiture capable d’affronter la tempête de neige. Enfin, si elle avait eu une voiture tout court ce qui n’est pas le cas. Trop cher. Pour Tessa c’est généralement le métro ou le bus lorsqu’elle a la foi. Sauf ce soir. « J’aurai adoré voir cette revanche, mais non, il reste chez Lisa pour cette semaine. On s’est dit qu’avec la tempête, ce serait mieux. Par contre, je ne garantis pas qu’on soit vraiment seuls. Mes colocs se sont sans doute tous réfugier aussi à la villa. » Son regard bleu posé sur le sportif, elle éprouve un léger pincement au cœur en réalisant que Tommy ne voit pratiquement pas son fils alors que Lisa n’a aucun mérite. Ce qu’elle ne dira jamais de vive voix. « Plus on est de fous, plus on rit à ce qui paraît. J’aurais qu’à faire une partie contre l’un d’eux. » Dit-elle en haussant les épaules de façon désinvolte, son petit sourire toujours en coin. Du moins jusqu’à ce que l’ascenseur s’arrête et que les lumières se coupent. Ça, ça ne lui plait pas. Et cette porte qui ne s’ouvre pas entièrement … Pourquoi panique-t-elle aussi vite ? « Une coupure d’électricité tu pense ? » Non ! Pitié, non ! D’une main tremblante, elle attrape le portable tendu par Tommy et l’éclaire du mieux qu’elle le peut. Quelque part, elle a de la chance d’être coincée avec un quaterback, autrement elle aurait été incapable de bouger les portes ne serait-ce que d’un millimètre. Portable rendu, elle sort le sien, éclaire le panneau des boutons de l’ascenseur et commence à s’exciter sur celui supposé ouvrir les portes. « C’est peut-être le moment de t’avouer que j’ai du mal à l’idée d’être coincée dans un ascenseur et plus particulièrement sous terre. » C’est carrément une peur panique si elle doit être franche et au regard paniqué qu’elle lance à Tommy – seulement éclairés de leur téléphone – impossible de le nier.
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« C’est parce que je suis devenue télépathe. Il me faut encore un peu d’expérience pour lui dans les pensées des types comme celui qu’on vient de voir. » Je fais une légère moue avant d’ajouter : « Superwoman hein ? » Ma voix est assez légère, mais assez forte pour qu’elle puisse l’entendre. Tessa, elle se veut être une superwoman, dans tous les domaines. Pour cause, elle n’aurait jamais fait des études, devenue cheerleader pro, mon agent, et pris en plus un job à la pizzeria si elle n’était qu’une femme ordinaire. Cela explique pourquoi elle n’est avec personne. Cela dit, ça me convient assez bien. Je dois avouer que je l’échangerais pour personne d’autre ma Tessa. Nous sommes pas exclusifs, nous ne sommes pas un couple, et pourtant, j’ai besoin de ma dose quotidienne d’elle pour ne pas sombrer. Mais lui avouer, ça…je préférerais mourir. « Plus on est de fous, plus on rit à ce qui paraît. J’aurais qu’à faire une partie contre l’un deux » Je passe une main dans mes cheveux en souriant. Je pense à toutes ses soirées jeux vidéo qu’on a pu faire avec tous les autres. J’avais eu une très bonne idée d’ouvrir cette villa à des étrangers. L’avoir autant animé me réchauffe le cœur, plus qu’il n’y paraît. « Y’en aura toujours un partant. Moi compris » C’est sur cette note d’enfance qu’on rejoint l’ascenseur. Porte à peine ouverte, lumière éteinte ; je garde mon sang froid. Je repousse les portes après quelques efforts – heureusement que je fais de la musculation tous les jours. Je l’entends s’exciter sur les boutons de l’ascenseur avant d’ajouter : « C’est peut-être le moment de t’avouer que j’ai du mal à l’idée d’être coincée dans un ascenseur et plus particulièrement sous terre. » Les portes enfin ouvertes, je me tourne vers elle, mais la pénombre m’empêche de plonger mon regard dans le sien. Une main sur sa joue que je caresse doucement, j’ajoute : « Tu ne crains rien. Surtout avec moi. » Je lui dépose un baiser sur le front avant de murmurer : « On va sortir d’ici, je te le promet » S’il avait émit cette peur durant toutes ses années, la voir aussi paniquer et fébrile me donne envie de la prendre dans mes bras à jamais. Mais à la place, je lui saisis la main et l’emporte hors de l’ascenseur. Il fait horriblement froid dans ce sous-sol, le vent s’engouffre quelque part et rends l’ambiance très austère. Je cherche un interrupteur, mais une fois trouvé, celui-ci ne réponds pas. « On a bien plus d’électricité. » Les portes sont électriques, donc sortir de ce parking avec la voiture risque d’être difficile. Je me mords les lèvres en réfléchissant. Les escaliers sont normalement de ce côté ; je l’embarque pour finir par trouver une porte coupe-feu. « Mais qui fait ça ?! Une porte coupe feu qui empêche d’accéder à l’issu de secours. » Je grogne. Visiblement on est coincé dans ce putain de parking, sans arriver à sortir. Mais je ne le dis pas à voix haute, pour pas l’alarmer. Mon regard tombe sur elle, je sais qu’elle la deviner.
« Superwoman hein ? » Lèvres pincées, elle tente de dissimuler son amusement comme elle le peut et agite la tête afin de confirmer. Elle trouve que c’est un surnom qui lui va assez bien, sans vouloir se lancer des fleurs bien sûr. Mais parfois elle a l’impression de vraiment penser l’être sauf que son corps la rattrape vite. Pour le moment elle s’en sort et elle croise les doigts pour que ça continu comme ça. Dans le pire des cas … eh bien elle ne sait pas en fait. Elle ne peut rien mettre entre parenthèses, ce qui la désole. « Y’en aura toujours un partant. Moi compris » Ça lui semble être un bon plan pour le reste de la soirée et si en plus ils sont plusieurs à jouer, ce sera encore mieux. Malheureusement la tempête semble en décider autrement. L’ascenseur arrivé à destination, il refuse néanmoins de s’ouvrir complètement provoquant ainsi un début de panique chez la brune. Hors de question qu’ils soient enfermés dans cette boîte métallique, elle ne le supportera pas. Appuyer sur le bouton d’ouverture ne sert pas à grand-chose mais dans sa peur, Tessa n’est pas très lucide. « Tu ne crains rien. Surtout avec moi. » La main de Tommy sur sa joue la force à se calmer et surtout à arrêter de martyriser le pauvre bouton qui n’a rien demandé. Elle ne se détend pas entièrement pour autant. Tout ça, ça ne lui annonce rien de bon. « On va sortir d’ici, je te le promet », « Y a intérêt où je vais être insupportable. » Grommelle-t-elle. Le soulagement qui s’empare d’elle lorsqu’ils sortent enfin est indescriptible. Toutefois, Tessa sait qu’elle se sentira mieux encore s’ils quittent ce parking sous-terrain au plus vite. Le début de peur dans l’ascenseur à suffit à lui donner l’impression de suffoquer. « On a bien plus d’électricité. » Le vent est glacial et s’infiltre n’importe où il peut. Le parking est un véritable congélateur et sans électricité elle sait qu’ils ne pourront pas sortir avec la voiture. « Mais qui fait ça ?! Une porte coupe feu qui empêche d’accéder à l’issu de secours. » Il grogne et elle, elle panique encore plus. Terrorisée à l’idée que son pire cauchemar se réalise, elle pose sur Tommy un regard de biche affolée. « Tu veux dire qu’on est coincés ? On est coincés dans un parking SOUS-TERRAIN ?! » Sa voix décolle dans les aigus. Non, non ça ne peut pas être le cas. Elle sent son estomac se serrer et un frisson la faire trembler. Le genre de frisson mélangeant panique et effroi. Bêtement, elle donne un coup d’épaule contre la porte qui ne bouge pas. A la place elle se fait mal et grogne. « On va mourir de froid ici ! Faut qu’on sorte, je peux pas rester ici ! » Les larmes lui montent aux yeux. Oh non, ce n’est pas le moment pour le scénario catastrophe. Pliée en deux, les mains sur ses cuisses, elle peine à respirer. « Je peux … je peux pas respirer. » Elle est loin maintenant superwoman.
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« Y’a intérêt ou je vais être insupportable » J’acquiesce mais ne dit rien. Je dealerai avec ça si elle pète vraiment un câble. Mais pour le moment, j’essaye simplement d’analyser la situation. Je connais ses lieux comme ma poche, alors je pense forcément de suite à la porte électrique des voitures, qui est immobilisé. Puis aux escaliers. Mais une fois devant, la déception est grande. « Tu veux dire qu’on est coincé ? » Je grimace. Je lui confirmer ne fera qu’empirer son état, mais je crois bien qu’on est définitivement bien coincé. Cela dit, je n’ai pas encore dit mon dernier mot. « On est coincé dans un parking sous-terrain ?! » Sa voix vrille, me déchire une seconde les tympans. Elle tente stupidement de pousser la porte blindée avec son épaule. Je n’ai pas le temps de réagir, non à la place je grimace une seconde fois face à son épaule douloureux. « On va mourir de froid ici ! Faut qu’on sorte, je peux pas rester ici ! »« Personne ne va mourir ici...»La panique la submerge, ses yeux s’inondent. D’ordinaire de sang froid, c’est la première fois qu’elle perd pieds autant. C’est presque étrange. « Je peux…Je peux pas respirer » Recroquevillée sur elle-même, ses mains sur ses cuisses, sa respiration est lourde, difficile. « Hey, Tessa… » Une main sur son dos, l’autre qui chasse ses cheveux qui retombent sur son visage, je me penche pour la regarder. « Calme-toi… » Ma voix est douce, rassurante. Je lui relève le menton pour croiser son regard. J’y vois tout le désespoir qui règne en elle, sa panique a pris le dessus. « Respire avec moi. » J’inspire grandement, puis expulse. Elle tente de me suivre mais c’est presque chaotique. Quand j’étais petit, j’avais ce genre de crise de panique assez souvent. L’abandon de ma mère avait laissé des traces visibles. Mon père toujours en déplacement, il m’arrivait souvent à paniquer de ne jamais le revoir. Meredith avait appris à dompter ces peurs indésirables. « Cites-moi 5 marques de voitures » Elle m’interroge, toujours à souffle court. Redressée, elle tente de regarder autour de soi pour s’exécuter. Se focaliser sur autre chose que la peur qui vous tétanise, voilà le secret. Ça pouvait être n’importe quoi, mais petit je préférais me focaliser sur ce que j’avais autour de moi. Elle me demandait de citer des objets, des formes, des couleurs, juste pour faire abstraction de ma panique. Tessa s’exécute, et à mesure qu’elle énumère les marques, sa respiration se calme. Cinquième énumérée, je lui souris, plaçant mes mains froides sur ses joues rougies par l’adrénaline : « Ca va mieux ? » Sa tête acquiesce, et je dépose un énième baiser sur son front. « Viens, je vais allumer la voiture pour nous chauffer. Je crois même avoir une couverture dans le coffre » Toujours en avoir une, on ne sait jamais. Le jamais était enfin là. Incapable de la laisser loin de moi, je lui passe un bras autour de l’épaule pour l’emmener vers ma Dodge. « Je vais aller voir si j’arrive à ouvrir la porte du Parking manuellement après. »
« Personne ne va mourir ici... » Si, eux ! Tessa en est plus que persuadée. Il fait froid et ils n’ont aucun moyen de sortir de là. En plus de ça, la tempête va aller en s’intensifiant, le froid va être de pire en pire et ils n’ont aucune véritable source de chaleur. Son manteau, son écharpe et son bonnet ne lui seront pas d’une grande utilité. Ce n’est pas ce qui la fait autant paniquer. Non, c’est plutôt l’idée d’être coincée sous terre. Elle sait qu’il n’y a pas de risque que le tout leur tombe dessus et, qu’en un sens, ils sont en sécurité, malheureusement elle n’arrive pas à s’en persuader. Pour elle, la catastrophe pointe le bout de son nez et son imagination lui joue des tours. A tel point qu’une crise s’empare d’elle, l’empêche de respirer correctement. Elle offre la pire facette de sa personnalité à Tommy sans le moindre contrôle dessus. « Hey, Tessa… Calme-toi… Respire avec moi. » Se calmer … elle aimerait bien et même tenter de caler sa respiration sur celle du blond ne l’aide pas. Son esprit reste coincé sur l’idée qu’ils vont mourir ici, sous terre. Ils auraient dû rester dans la salle de réunion même s’ils auraient pu avoir un souci avec le vent violent qui souffle à l’extérieur. Cela dit, ça semble tellement mieux aux yeux de Tessa qu’elle regrette vraiment leur départ. « Cites-moi 5 marques de voitures », « Quoi ? » Demande-t-elle entre deux respirations bruyantes. Elle se redresse, le regard plein d’incompréhension puis cite une marque d’une voix chevrotante. Puis une autre et, concentrée sur ça, elle se calme lentement. D’abord sa respiration puis les battements de son cœur. Les mains froides de Tommy posées sur ses joues, elle tourne la tête vers lui. « Ça va mieux ? » Encore incapable de parler correctement, Tessa secoue brièvement la tête pour lui répondre. Ça va mais ce n’est pas tout à fait ça. Elle n’ira jamais bien tant qu’ils seront coincés ici. « Viens, je vais allumer la voiture pour nous chauffer. Je crois même avoir une couverture dans le coffre. Je vais aller voir si j’arrive à ouvrir la porte du parking manuellement après. » Collée à lui tandis qu’ils prennent la direction de la voiture de Tommy, elle se pétrifie en l’entendant dire qu’il ira voir s’il peut ouvrir la porte du parking. « Non ou je viens avec toi. » Son regard voyage de la Dodge au sportif. « Tu me laisses pas toute seule, pas question. En plus la tempête est supposée empirer, même si t’arrives à ouvrir manuellement la porte, ça sera trop dangereux de rouler. » Il n’y a qu’à tendre l’oreille pour entendre le vent siffler de plus en plus fort. Elle ne veut même pas imaginer la neige qui a dû recouvrir toute la ville et rendre les routes impraticables. « La couverture, le chauffage et la radio, on va faire ça … c’est mieux. » La radio c’est seulement pour qu’elle pense à autre chose, le reste c’est pour éviter de mourir de froid. Et, bornée, elle attrape la main de Tommy, prête à l’empêcher de s’éloigner.
So come on inside, you catch a cold Oh, darling the storm will pass when you grow old
Finir ma journée bloqués dans le froid n’est définitivement pas comment j’avais imaginé finir ma journée. Même si être avec Tessa est toujours plaisant, j’aurai préféré pouvoir rentrer à la villa pour être au chaud. Au lieu de ça, nous sommes comme deux cons, complètement bloqués à cause de la tempête et d’une coupure de courant. Pour couronner le tout, Tessa panique. Elle panique à n’en plus respirer, alors j’applique ce qu’on m’a appris. Ça avait souvent marché pour moi, alors pourquoi pas pour elle ? Si elle semble étonnée au début, elle se prend au jeu et se calme à mesure qu’elle me cite les marques de voitures. Le contact de mes mains sur ses joues à raison de sa panique. Je lui soumets alors l’idée d’aller se réchauffer dans la voiture, alors que j’irai trouver comment sortir d’ici. Ça me semblait plus urgent, pour sa propre sécurité. « Non ou je viens avec toi. » Elle agrippe l’une de mes mains si fortes qu’elle exprime toute sa détermination. « Tu me laisses pas toute seule, pas question. En plus la tempête est supposée empirer, même si t’arrives à ouvrir manuellement la porte, ça sera trop dangereux de rouler. »« C’est pas faux » avouais-je en avançant vers ma voiture, la main dans la poche pour sortir les clés. « La couverture, le chauffage et la radio, on va faire ça…c’est mieux. »« La radio ? » dis-je en me détachant d’elle, le bruit de la voiture résonnant dans tout le parking qui nous indique qu’elle est ouverte. « Installe-toi à l’arrière, j’arrive. » Elle ouvre la porte, mais n’y entre pas, simplement pour s’assurer que je ne vais pas loin. Je vais seulement récupérer la couverture dans le coffre et ce n’est que lorsque je suis à nouveau près d’elle, qu’elle se décide à rentrer. Je ne peux m’empêcher de sourire légèrement face à cette partie d’elle que je ne connaissais pas. Si d’ordinaire, elle se montre forte, déterminée et impitoyable. La voir aussi fébrile et vulnérable me fait fondre. Plus que d’habitude. Je me penche sans rentrer une main sur le toit : « Tu me laisse allumer la voiture et la radio ? » Elle grimace une seconde comme une gamine, prête à me tirer la langue mais je n’attends pas son avis. Je pose simplement la couverture et ouvre la porte du conducteur pour mettre le monteur. A la seconde où c’est le cas, la radio se met en route et n’émet qu’un simple son qui grésille. « Génial.. » J’essaye d’autres radio, toujours pareil. Visiblement sous terre, on capte mal. J’appuie sur le bouton bluetooth et soupire en sortant de la voiture et m’infiltrant à l’arrière. Elle est déjà sous la couverture, grelotant. Mais elle repousse un pan pour que je m’installe près d’elle. Une seule de mes mains est à l’extérieur, cherchant une playlist. Je tremble tellement ma main est gelée. « Qu’est-ce que tu veux écouter pour te détendre ? » osais-je quand même demander.
Passé le gros de sa crise de panique, Tessa retrouve un semblant de respiration. Malgré ça, elle la sent encore, comme tapit dans l’ombre à attendre la prochaine occasion pour l’attaquer. Tout ce qu’elle espère c’est que cette occasion ne se présentera jamais. Avec le froid, elle n’est pas certaine de parvenir à se calmer ou encore de trouver de quoi lui changer les idées comme il l’a fait avec les voitures. D’ailleurs, comment a-t-il su de quelle manière l’aider à retrouver ses esprits ? Une question qu’elle ne doit pas oublier de lui poser. Sauf que, pour le moment, ce n’est pas à ça qu’elle pense. Non, elle préfère l’empêcher de la quitter. L’idée de se retrouver toute seule près de sa Dodge ça n’est pas assez rassurant pour elle. Elle a besoin d’une présence humaine et réconfortante pour ne pas complètement sombrer pour la seconde fois. Et qui sait ce qui pourrait lui arriver là-bas ? Il pourrait se blesser en voulant ouvrir la porte du parking. Ce n’est définitivement pas une bonne idée et la brune ne le laissera pas partir. « C’est pas faux » Parvenue à la convaincre, elle se sent un peu plus rassurée. De toute manière, comme elle le lui a signalé, elle l’aurait suivi s’il était resté sur l’idée de les faire sortir d’ici. Oh Tessa en rêve mais pas si ça signifie être plus en danger qu’ils ne le sont actuellement. « La radio ? » Sa surprise ne l’étonne pas. Elle n’est pas certaine qu’ils captent quoi que ce soit là-dessous. « Oui, enfin n’importe quoi qui ressemble à de la musique pour que je pense à autre chose. » Elle lui explique une fois arrivés à la voiture. Il faut qu’elle se change les idées, c’est primordial. « Installe-toi à l’arrière, j’arrive. » Malgré ce que Tommy lui dit, elle ne bouge pas. La main sur la poignée de la porte, elle le suit du regard tandis qu’il va ouvrir le coffre pour en sortir la fameuse couverture. Elle attend d’être certaine que ce n’est pas une tactique pour s’éclipser vers la porte du parking avant de s’installer. Son manteau retiré pour plus de confort, elle le met immédiatement sur elle comme une couverture et utilise la vraie également. « Tu me laisse allumer la voiture et la radio ? » Se retenant de lui tirer la langue, elle grimace en entendant la radio grésiller. C’est bien ce qu’elle craignait : ils ne captent pas si profond sous terre, une pensée qui lui arrache un frisson. Heureusement, elle peut compter sur la présence de Tommy qui s’installe à ses côtés à l’arrière. Elle lui tend un peu de la couverture qui n’est pas assez grande. Alors elle se rapproche, se colle à lui de sorte à pouvoir mieux la partager. « Qu’est-ce que tu veux écouter pour te détendre ? », « N’importe quoi du moment que j’oublie où on est. » De toute manière elle sait que ça ne va pas fonctionner. Si elle tremble ce n’est pas uniquement à cause de froid, c’est aussi la panique qui l’assaille une fois encore. Elle cherche la main libre du blond sous la couette et la serre doucement. « Comment tu as su de quelle manière me calmer ? » Elle lui demande enfin. Décidée à lui faire face, elle s’asseoir en tailleur et pose son regard sur lui sans lâcher sa main.
lose my mind
