you and me (tomessa) (+18)

Des sourires, j'en offre quelques-uns à longueur de soirée mais aucun ne me semble être sincère. Il s'agit seulement d'une manière de dire que je vais bien alors que c'est loin d'être le cas. Je ne vais pas bien. Des semaines que j'ai cessé de l'être. Depuis que ce vide s'est créé et que son absence m'est devenue insupportable. Malgré ça, je tente de sauver les apparences et de prétendre que tout se passe pour le mieux pour moi. Certaines personnes ne sont pas dupes. D'autres ne voient rien et ce soir j'ai fait en sorte que personne ne me pose la moindre question. J'ai souri autant que j'ai pu, le cœur ailleurs… Jusqu'à ne plus pouvoir et m'éclipser de la soirée pour rentrer chez moi. Il me manque. C'est une vérité contre laquelle je ne peux rien. Sa présence, sa personne, son sourire, ses baisers… Tout chez lui est devenu une drogue dont je suis privée. Les mains enfoncées dans les poches de ma veste, mes talons claquant contre le bitume, je regrette d'avoir choisi cette petite robe bien trop légère pour cette soirée. Mais mes pensées vont rapidement ailleurs, retournent vers une journée où même sans être aussi tactiles que nous l'aurions voulu j'étais plus heureuse. Simplement parce qu'il était là, si proche. Soufflant longuement, j'accélère le pas. Mon lit m'appelle, ma couette chaude et le calme qui me permettra de me torturer plus encore. Tout ça, cette situation, je le supporte de moins en moins. Même si ma carrière et mon futur sont importants sont importants ça l'est bien moins que mon bonheur. Et mon bonheur c'est lui, c'est Tommy. À quelques pas de la maison je fouille dans mon sac à la recherche de mes clés, relève la tête une fois en mains et m'arrête brusquement. À peine quelques mètres et je vois sa silhouette découpée dans la lumière du réverbère. Il fait les cents pas, bouteille en main. « Tommy ? » Je m'approche et malgré ma question je sais que c'est lui. Je le sens. A sa hauteur, sans être trop proche, je sens déjà les relents d'alcool qui se dégagent de lui. « Eh, qu'est-ce que tu fais là ? » Ma voix douce laisser percevoir mon inquiétude tandis que mon cœur se serre presque de joie à le voir ici. J'en oublie que nous sommes au milieu de la nuit et en pleine nuit. Visibles de tous, je fais un pas encore vers lui, prête à poser ma main sur son bras pour l'obliger à regarder vers moi.

Merde pourquoi le voir reculer comme ça, éviter à tout prix que je le touche me fait autant mal ? Dans ma poitrine mon cœur se serre un peu trop douloureusement. Est-ce que j’ai fait quelque chose ? Est-ce que cette peur dont j’ai parlé à Cassie et Dani est réelle finalement et qu’il a pris conscience que cette pause doit durer éternellement ? Pendant quelques instants je cesse de respirer, le regarde avec tant de désespoir que même un aveugle pourrait le remarquer. Non, non, non … Je ne vais pas être capable d’encaisser ça, pas alors que j’ai besoin de lui. Pas alors qu’il est mon pilier, celui qui m’a soutenu dans tellement d’épreuves que sans lui je ne tiendrais plus. J’ai besoin qu’il me parle, que Tommy me donne une explication sur son état et son besoin de reculer afin d’être aussi loin de moi que possible. « J’ai.. J’ai…j’étais avec une autre » Je ne suis pas certaine de réellement encaisser ça non plus. Ma bouche s’ouvre sans qu’aucun son n’en sorte. Tommy, je le regarde avec douleur et l’envie de vomir. Pas parce que lui me dégoûte mais parce que j’ai été assez stupide pour espérer quelque chose d’impossible « Tu … », « J’y suis pas arrivé » Mon regard le suit tandis qu’il fait les cents pas. Comment ça il n’y est pas arrivé ? Est-ce réellement utile de me donner des détails alors que j’ai surtout envie de le pousser et de rentrer chez moi pour aller me cacher comme une gamine sous ma couette ? Je ne veux pas savoir. Je ne veux pas connaître détails. Le simple fait qu’il ait embrassé et touché une autre me rend folle. Il était dans son droit mais j’espérais qu’il n’aurait pas besoin d’en arriver là, comme moi je n’aurais jamais pu toucher un autre homme. « Putain, j’y arrive pas. Je suis incapable de te faire ça… aaargh ça me fou hors de moi. J’ai beau avoir été fort pour nous deux, garder une distance, j’y arrive plus. T’es constamment là et je sais pas comment le gérer. Parce que tout ce que je veux, c’est toi et même ça je peux pas l’avoir. Je hais ce type. Je hais le monde entier. » Ma tête a dû mal à suivre l’enchaînement, à comprendre ce que tout ça signifie.

Totalement perdue, je ne peux que le regarder avaler une longue gorgée d’alcool en essayant de comprendre où il veut en venir. Mais dans ma poitrine tout s’agite, à croire qu’une partie de moi semble avoir compris quelque chose qui échappe encore à mon cerveau. « Je suis fou de toi, putain. Je sais pas comment t’es parvenu à faire ça, mais j’ai jamais aimé quelqu’un autant. Je… » Si elle le pouvait, ma mâchoire tomberait au sol. "J’ai jamais aimé quelqu’un autant" …  Ce bout de phrase tourne encore et encore dans ma tête sans que je ne me rende compte que Tommy s’éloigne encore pour s’approcher d’une voiture et vomir. Il me faut quelques secondes de plus pour revenir à moi et lui imposer la fin de cette distance entre nous. « Suis-moi, t’as besoin d’une douche, Tommy. »  Sans lui laisser le temps de me repousser, j’attrape son bras et l’aide à gagner la maison. A l’intérieur, j’allume tout sur notre passage, monte en direction de la salle de bain dont je ferme la porte d’un coup de talon. Sa bouteille d’alcool arrachée de sa main, je la pose sur le meuble et apprécie que pour une fois la porte de la douche n’ait pas été fermée. Je reprends ma poussée, l’oblige à entrer dedans et sans me préoccuper de nos vêtements j’allume l’eau froide qui jaillit directement au-dessus de nos têtes. « T’es un con, Tommy Matthews. Si t’étais pas autant ivre je t’en aurais collé une pour avoir touché une autre femme. Je te castrerais même pour y avoir seulement pensé. » Je gronde, les sourcils froncés par ma colère alors que l’eau dégouline partout sur mon visage. « Et je te déteste de me dire que tu m’aimes en étant ivre … Ça fait des semaines que je me retiens de te dire à quel point j’ai besoin de toi, à quel point je suis amoureuse de toi et toi … tu bois pour me le dire ? T’es vraiment un con … un con que j’aime mais un con quand même espèce d’abruti. » Mes larmes mélangées à l’eau, je secoue la tête de gauche à droite en me foutant d’avoir crié tout ça, d’avoir probablement réveillé la maison. Je le hais et l’aime tellement que je finis par lui asséner une claque avant même d’y réfléchir.

La douche froide ça me semble être une excellente idée, pour lui et non pas pour moi. Prendre le temps de retirer nos vêtements ne m’effleure même pas l’esprit. Il a surtout besoin que tout soit remis en place, presque comme une punition pour être venu ici complètement ivre et surtout pour avoir tenté de coucher avec une autre. Mais en réalité c’est le fait de le voir aussi mal qui me fait agir. Dans son état, il a besoin de ça pour aller mieux même si je vais subir également la fraîcheur de l’eau. « On est encore… » Sans le laisser terminer, j’ouvre l’eau froide et sursaute légèrement. J’ai beau savoir ce qui m’attends, mon corps réagit un peu trop vivement et mon cerveau lui décide de me faire trop parler. J’enchaîne sans réfléchir, jongle entre colère et besoin de lui confier ce que je garde depuis trop longtemps pour moi avant de terminer par une gifle. Ma main est partie plus vite que je ne l’aurais pensé. Et même si je m’en veux, ça me fait aussi le plus grand bien. Trop de frustration par sa faute et un pic de colère et de jalousie que je n’avais pas vu venir. Ça ne m’empêche pas de le regarder les lèvres pincées et la culpabilité se lisant dans mon regard alors qu’il masse sa joue agressée. « Je… » C’est un air menaçant que je lui lance, un avertissement pour l’empêcher de dire quelque chose qui ne me plaira pas. Nous avons déjà l’air de deux cons entièrement habillés sous l’eau froide, une connerie de plus me ferait péter un plomb. Mais ses mains m’attrapent et me plaquent contre lui. Instinctivement, mes bras passent autour de sa taille, le serrent plus contre moi. « Je suis désolé, tellement désolé. Je… devrais t’offrir le monde et non un type bourré » Je pourrais étouffer d’être autant serrer contre lui, dans ses bras, en réalité ça me fait le plus grand bien. J’avais besoin de ça, besoin de sa présence pour ne pas totalement sombrer. J’ai besoin de lui comme je n’ai jamais eu besoin d’une autre personne par le passé. Complètement dépendante de cet homme. « T’es devenu le centre de mon monde, je suis paniqué à l’idée qu’un jour je puisse te perdre » Mes doigts sur le tissu mouillé de son haut, je redresse la tête sans pour autant me décoller de Tommy. « Je me moque du monde, c’est toi que je veux. Je n’ai jamais voulu que toi mais t’es trop borné pour comprendre tous les signaux que je t’envoyais. » Dis-je dans un soupire. A contrecœur je me sépare de lui et commence à déboutonner sa chemise sous son regard surpris. « On va mettre de l’eau partout et tu rentres pas dans ma chambre avec des vêtements trempés. » Expliqué-je simplement en continuant de lui retirer son haut qui lui colle à la peau, retirant ma robe par la suite. « Retente de coucher avec une autre, tu seras certain de me perdre, Tommy. Je ne supporte pas l’idée que tu touches une autre femme. Je veux être la seule comme t’es le seul homme à pouvoir m’avoir. » Sa chemise par terre, je m’attaque à son jean qui va s’avérer plus difficile s’il ne m’aide pas un peu alors j’attends un instant, relève les yeux vers lui. « C’est ce que j’essaye de te dire depuis des semaines, que je t’aime et que je te veux que pour moi. Parce que moi je ne suis qu’à toi. » J’espère que cette fois je suis assez claire pour lui. Coupant l’eau qui semble avoir fait son effet, je reste plantée devant lui, sourcil arqué pour lui faire comprendre silencieusement de m’aider à le déshabiller entièrement.

« Parce que je refusais d’admettre ce qu’on avait. Tu sais comment l’amour a détruit ma vie. » D’abord sans un mot, je le fixe. Je le sais. Je le sais trop bien et déteste Lisa pour tout ce qu’elle lui a fait. Devenue comme ses parents, aussi mauvaise qu’ils l’ont toujours été, elle a fait souffrir et détruit un homme qui vaut de l’or. L’homme le plus loyal, aimant et doux qu’il m’a été donné de connaître. Mes sentiments pour lui obscurcissent probablement mon jugement mais avant même qu’ils ne prennent une telle place je le considérai comme bien trop parfait pour mériter ce que son ex-femme lui a infligé. « Je sais … Mais je suis pas Lisa, il n’est pas question que je te fasse du mal. » Malgré ma colère, il y a ce petit sourire qui se dessine sur mes lèvres. Comment pourrais-je lui faire du tort ? J’en souffrirai aussi, comme j’ai souffert de la distance imposée entre nous. Concentrée sur le fait de lui retirer ses vêtements gorgés d’eau, je tremble à l’instant où je sens sa main se poser sur ma peau. Ça me picote à l’endroit où il me touche, provoque une vague de désir dans tout mon corps que je peine à refouler. « Je n’ai envie que de ce corps… » Si l’idée qu’il me déshabille et me prenne directement ici me tente, ce n’est pas malin, surtout pas dans son état et je finis par l’obliger à dégager sa main pour m’occuper de son pantalon qui est affreusement difficile à lui retirer ainsi mouillé. Je peux me féliciter de ne pas avoir plus réfléchi que ça. « Je… Tu veux vraiment me déshabiller ici ? Ça tourne trop là » Redressée, sourcils froncés, il faut admettre qu’il y a un grand risque qu’il tombe et se fasse mal. Vu sa taille et son poids, je serais incapable de l’aider à tenir en équilibre ou de le soulever. Dans un soupire, je retire mes derniers vêtements, sors de la douche pour m’envelopper dans une serviette bien chaude et reviens vers lui. « Viens-là. » Je lui ordonne en l’attirant hors de la douche. Je lui donne une serviette, le pousse pour qu’il s’assoie sur les toilettes et parviens enfin à lui retirer son maudit pantalon. « Je ne te mérite pas », « Non ce soir c’est sûr que tu ne me mérite absolument pas ! C’est pas une raison pour te laisser gérer dans ton état. » Nouveau frisson face à la caresse qu’il m’offre. J’ai terriblement envie de lui et je sais que je vais devoir me contenir malgré sa présence dans mon lit. Tommy debout, je ressers sa serviette et l’entraîne vers le couloir. « J’ai gagné un ticket vers ton lit, charmante demoiselle ? » Ma chambre n’étant pas loin de la salle de bain, nous y sommes en un rien de temps. « Pour dormir seulement, je ne prendrais certainement pas le risque que tu t’endormes sur moi, tu vas m’étouffer. » Porte ouverte, je le fais entrer, referme derrière nous – à clé si jamais Leonel rentre plus tôt que prévu et que Martin décide de me sauter dessus. De nouveau près de Tommy qui n’a pas bouger, je fais tomber sa serviette, relâche la mienne et le fait reculer jusqu’à mon lit. « T’as beau être très sexy et me donner très chaud là, tout de suite, t’es complètement ivre et je préfère que tu dormes. Va sous la couette maintenant. » J’appuie sur ses épaules pour l’obliger à retomber sur le lit et fais le tour pour m’allonger de mon côté. « Et viens-là … J’ai froid et tu claques sérieusement des dents. » Bras ouverts, mes mains s’agitent pour lui faire comprendre de venir se blottir contre moi.

Je fais passer sous silence son excuse, me contente de continuer ce que j’ai commencé. M’occuper de lui sans la moindre aide augmente mon état de fatigue. Mon lit m’appelle et je ne pourrais le rejoindre que lorsqu’il sera séparé de ses vêtements trempés. « Impossible de m’endormir avec ton corps sous le mien », « T’as pas trop le choix. » Je me contente de lui répondre avant d’entrer dans ma chambre. Il n’est pas question qu’il me touche dans cet état même s’il me manque affreusement et que mon corps le réclame. Il va dormir et moi aussi, bien plus apaisée de l’avoir contre moi. Ce qui ne tarde pas à se faire. Je me détends immédiatement en sentant la chaleur de son corps venir m’envelopper, balayant la détresse ressentie ces dernières semaines. Mes muscles parfaitement décontractés, mes paupières s’avèrent plus lourdes que ce à quoi je m’attendais. Je l’entends à peine me dire bonne nuit que déjà je m’endors. Et je passe la meilleure nuit depuis des jours. Certes régulièrement serrée un peu trop fort contre Tommy, mon sourire dévoile à quel point j’aime cette proximité et le sentir aussi possessif y compris dans son sommeil. J’ai trop chaud aussi mais n’ai pas le courage de bouger de peur qu’il s’éloigne. Et malgré les quelques réveils, je me sens parfaitement reposée lorsque le jour se lève et que les premiers rayons du soleil viennent taper le lit. Je bats des cils à plusieurs reprises, veux bouger mais un poids m’en empêche. « Tommy ? » Chuchoté-je en parvenant à dégager une main qui passe dans ses cheveux en bataille, je me décale de sorte à pouvoir poser mon regard sur son visage endormi. « Tu m’écrases, marmotte. » Non pas que cette proximité me dérange mais j’ai grandement besoin d’étirer mes membres et de respirer un peu plus convenablement. « J’aime tellement me réveiller avec ton visage » Me dit-il, à moitié réveillé pour finalement se redresser et s’approcher de moi. Je recule pour lui refuser ce baiser et il ne tarde pas à comprendre pour quelle raison. Si je l’aime, ce n’est pas à ce point non plus, certainement pas au réveil. « Lavage de dent ? » Dans un petit rire, j’agite la tête pour confirmer.

« Lavage de dent. T’as pas intérêt à bouger de ce lit », « Je ne vais nulle part. » Lui assuré-je alors qu’il quitte le lit et m’offre une très belle vision quelques instants. Ce n’est que lorsqu’il a totalement disparu que je prends le temps de m’étirer, mes muscles et articulations ravis de ces mouvements. J’attrape ensuite mon téléphone, échange quelques messages jusqu’à entendre la porte de la chambre claquer. Je lève les yeux, oublie ce que j’étais en train d’écrire et le dévore du regard. Cet homme est vraiment trop bien foutu et mon cœur s’emballe rien qu’en me rappelant la confidence de la veille. Je pourrais presque en trembler de plaisir. « Je crois qu'on est tout seul... Où on en était ? Ah oui… juste là » Il me semble en effet que Leonel est en déplacement, Martin chez leurs grands-parents, ce qui m’a échappé hier. Et qui me sort à nouveau de la tête en voyant Tommy s’approcher assez pour m’embrasser. Incapable de viser ma table de nuit, mon téléphone finit par terre dans un bruit sourd qui m’importe peu. Mes mains sur les joues du blond, je ne le lâche pas tant que ça n’est pas nécessaire. J’ai ce manque en moi qui disparaît à mesure que nos langues dansent ensemble et des papillons dans l’estomac. « Tu m’as manqué » Je soupire d’aise en sentant sa bouche dans mon cou, glisse mes mains dans ses cheveux que je tire légèrement. « Tu m’as manqué aussi. » Que je parviens à répondre avant de gémir un peu trop fort en sentant à la fois sa peau chaude contre la mienne et son érection entre nous. Reprenant possession de ses lèvres, je le bascule en arrière sur le lit, grimpe sur lui en mordant sa lèvre. « Et je ne veux plus jamais ressentir ça. » Je sens ses mains parcourir mon corps, l’explorer comme s’il ne le connaissait pas. J’en tremble de plaisir, glisse une main entre nous, mes lèvres à nouveau sur les siennes, et le guide en moi poussant un long râle de plaisir. Je cesse de l’embrasser, mon front contre le sien, l’air me manquant un instant et mon corps se faisant à la présence du sien. « Redis-le moi, Tommy. Je veux l’entendre sans que tu sois ivre cette fois. » Et j’en tremble d’excitation d’avance. Lui en moi, je caresse sa joue rugueuse du bout du doigt, mon visage restant tout proche du sien.