Invité a posté ce message Jeu 20 Juin 2019 - 4:13#
It's been a loveless year
Seth et Christina
I'm aching up to let you in
. Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Il aurait voulu en sortir, s’arracher à cet esprit bien trop buté pour l’écouter, pour répondre à ses cris de désespoirs. Il aurait voulu sauver cette âme en miettes qui hurlait derrière ses yeux incapables de soutenir les siens. Comme si elle savait sa raison prête à flancher, comme si elle sentait que les dernières barrières morales étaient entrain de tomber alors que le fruit d'un amour perdu se trouvait dans la pièce voisine. N'était-ce que ce petit être qui la retenait de s'enfuir de cette vie dans laquelle elle s'enfermait depuis 8 longues années ? Etait-il donc le dernier lien qui la rattachait au père de famille ou subsistait-il encore un brin d'amour, que les problèmes financiers étouffaient ? Elle se devait de l'aimer encore, après tout ce temps. Elle se devait de l'aimer pour ce qu'ils avaient construit. Elle se devait de l'aimer car elle ne pouvait pas tirer un trait sur tout ce qu'ils avaient vécu, sur tout ce qu'ils avaient mis tant de temps à construire. Elle se devait de l'aimer car elle ne voulait pas croire qu'elle pouvait être tombée éperdument amoureuse de ce regard olive qui la rendait accro à chaque fois un peu plus.
Son coeur et sa raison se disputaient, causant le léger tremblement de ses mains alors qu'elle s'évertuait à vouloir faire disparaître toute trace de sa venue. Elle vidait les verres dans l'évier, les rinçait négligemment, tentant de faire taire le vacarme dans sa tête. Qu'il s'en aille, qu'il la laisse avec ses pensées. Qu'il n'alimente plus cette attirance interdite, dangereuse qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle se trouvait dans la même pièce. Sa tête ne voulait plus le voir alors que, sous sa poitrine, son organe menaçait de s'arrêter s'il s'éloignait d'elle. Situation sans solution, qui promettait la souffrance peu importe l'issue.
Alors qu'elle essuyait ses paumes humides sur un tissu, ouvrant la bouche comme prête à lui faire part de l'heure avancée, elle l'avait vu se tourner vers elle. Un simple regard et elle avait légèrement secoué la tête, supplique silencieuse pour ne pas qu'il s'approche. Pour ne pas qu'il lui fasse encore plus de mal, sans le savoir. Pourtant, même si elle savait que ses doigts laisseraient une marque brûlante sur sa peau, ce contact était tout ce dont elle avait besoin. Tout ce dont elle avait rêvé. Un aperçu de ce qu'elle ratait chaque jour où il se trouvait loin d'elle. Son poing, brandi entre leurs bustes, se desserra et ce fut sa paume qui se posa sur son torse, dans le but de le repousser. Mais elle n'en trouva pas la force, tant elle aurait préféré le retenir. Tant elle aurait voulu qu'il prononce d'autres mots. Des mots pour lesquels elle l'aurait suivi, à l'autre bout du monde. Des mots pour lesquels elle aurait trouvé le courage de lui répondre. Alors elle baissa la tête, laissant sa tempe se reposer de brèves secondes contre sa mâchoire avant qu'il ne lui glisse entre les doigts.
Ses doigts n'avaient pas brûlé sa peau, comme elle aurait pu le croire. Mais c'était leur absence qui lui faisait maintenant terriblement mal. C'était le bruit de cette porte qui se ferme qui lui avait fait fermer les yeux alors qu'elle se laissait tomber sur une chaise. C'était le soudain silence qui accompagnait son départ qui causait les hurlements de son âme, séparée de sa moitié.
Sa tête, alourdie par le poids des remords et des regrets, allait s'en doute se décrocher de ses épaules si elle ne la soutenait pas à deux mains, accoudée à la table de sa petite cuisine. Pendant combien de temps avait-elle fixé le vide ? Assez pour que la porte d'entrée s'ouvre à nouveau et, ayant perdu la notion du temps, elle leva rapidement la tête, comme pour espérer un retour. Comme pour espérer que son coeur soit aussi à l'agoni, loin du sien.
Mais ce n'était que Tim, qui s'était appuyé négligemment contre l'encadrement de la porte, quelques fleurs entre les mains. Dans un sourire, pensant pouvoir passer outre la dispute survenue quelques heures plus tôt, il finit par entrer.
-Je suis désolé, Chris.
En temps normal, il y aurait eu d'autres cris. Une dispute plus construite, pour appuyer de nouveau le fait qu'elle avait raison et qu'il avait tort. Mais elle avait couru dans ses bras, enfouissant le visage au creux de son épaule. Une étreinte qui, elle l'espérait, effacerait cette ébauche d'enlacement passée. Qui effacerait le manque d'autres bras autour de sa taille. Une étreinte durant laquelle elle aurait voulu ressentir encore un peu d'amour. Dans laquelle elle aurait voulu trouver une raison de rester. Mais en ouvrant les yeux, fixant la photo de famille accrochée sur le réfrigérateur, par dessus l'épaule de Tim, elle ne pensait qu'à sa raison de partir. Cette raison dont le sourire était la seule chose qui aurait pu calmer ses nerfs
