(fb) you put a spell on me - tomessa.

Pourquoi cette hésitation ? Pourquoi fixer ces deux tenues différentes sans parvenir à choisir la bonne alors qu’il ne s’agit que d’une soirée devant un match ? Rien qui demande autant de préparation et malgré ça je suis là, à hésiter sur ce que je veux porter alors que nous allons nous contenter de manger et boire devant la télévision comme souvent lors de ce type de soirée. Je ne saurais expliquer pourquoi et comment mais il y a eu cette évolution entre lui et moi ces derniers temps. Des regards un peu plus appuyés, des mots qui laissaient planer le doute quant à leur signification. A moins que je ne me fasse des films simplement parce que mon corps me fait comprendre que je désire une chose qui m’a été interdite pendant des années par respect et par manque de chance. Dans un soupire, convaincue de me faire des films, j’opte pour un jean, un chemisier et j’attache mes cheveux avant de saluer Leonel et de filer en direction de la maison de Tommy non sans avoir récupéré le pack de bières acheté ce matin. Je tente de me vider la tête pendant le trajet sans y parvenir. Je repense à ce que j’imagine sans doute, à ce que je voudrais de plus tout en sachant que je ne vais jamais oser sortir de ma zone de confort, pas avec lui en tout cas, pas en sachant ce que je risque de perdre. Dire que j’ai passé des années à jalouser Lisa de l’avoir eu alors qu’elle n’avait même pas conscience que l’homme qu’elle avait poussé était merveilleux. Ce n’est pas faute d’avoir tenté de lui faire comprendre et c’est sa négligence - ainsi que mon amitié envers lui - qui m’a poussé à prendre son partie en apprenant ce qu’elle a été capable de lui faire. Enfin arrivée, je chasse tout ça de mon esprit, sonne en changeant le pack de bières de main lorsque la porte s’ouvre. « Theresa ! » Je grimace en entendant mon prénom mais je n’ai pas le temps de répliquer que Jordan me serre dans ses bras, sa main glissant un peu trop pas dans mon dos - le risque d’avoir couché avec lui il y a trois mois après avoir trop bu malgré mes tentatives de lui faire comprendre qu’il n’y aura jamais plus rien entre nous. « Salut, Jordan. » Je souffle une fois relâchée. Il me laisse entrer et me guide jusqu’au salon où plusieurs gars de l’équipe sont déjà en train de s’envoyer des vannes. « Tessa ! Il manquait plus que toi. » De ses grandes jambes, Clyde ne fait que quelques pas pour me serrer contre lui. « Tommy est dans la cuisine, tu devrais lui apporter ça qu’il te débarrasse c’est trouillard. » Trouillard n’est pas vraiment le qualificatif que j’utiliserai pour lui et ça doit se lire sur ma tête puisqu’il ajoute. « Il a fuit quand on a commencé à débattre de l’équipe, hormis la nôtre, qui serait possiblement championne cette année. » Le débat est tellement important qu’ils repartent immédiatement alors que je prends la direction de la cuisine avant de lâcher « Les patriots les gars ! » qui fait réagir tout le monde alors que j’entre dans la pièce et manque de perdre toute confiance en moi dès que le regard de Tommy tombe sur moi. « Pardon pour le retard, mon cours a été plus long que prévu. » Je m’excuse en grimaçant. Quelques pas faits dans sa direction et je soulève le pack. « Je suppose que tu vas savoir quoi faire de ça ? » Que je demande en humectant mes lèvres.

C’est la saison des grands matchs : Le Super Bowl est l’évènement sportif de l’année. C’est pendant cette période qu’on en voit souvent plein les yeux, alors que le monde entier nous regarde. Compétition au Texas, on rentre les semaines où on a quelques jours de repos entre les matchs. L’avantage d’une compétition proche de new york. Pourtant même si on est chez nous, ce n’est pas pour autant qu’on laisse la compétition de côté, non. Les soirs des plus gros matchs on se retrouve généralement à la maison pour le regarder et étudier les autres équipes qui pourrait nous battre. Bon, pour passer une bonne soirée aussi, j’avoue. La plupart des gars sont là : Jordan, Clyde, Kyle. Même Liam et sa copine ont eu l’opportunité de venir, alors qu’elle est généralement chiante pour l’accompagner à ce genre de soirée. Seul Tessa manque à l’appel pour le moment. Pas membres de l’équipe, mais tellement fan de football qu’elle refuse de manquer les matchs et préfère les regarder avec nous. « Bon qui veut une bière ? » Je demande en sachant déjà les réponses. Tous lèvent les mains en guise de réponse avant de commencer à débattre sur la composition des équipes et de leurs potentiels. Dans la cuisine, je m’arrête devant le prospectus de la pizzeria sur le frigo. Je l’arrache, sort mon téléphone et commence à commander quelques pizzas pour nourrir ses futurs morfales. J’entends la sonnerie retentir et à la voix grave et franche de Jordan, je sais que Tessa est enfin arrivée. Je devrais m’en foutre royalement mais je mentirai en le disant. J’ai beau dire qu’elle n’est qu’une amie, dernièrement il y’a ce petit jeu qui s’installe entre nous. Que…j’ai doucement installé, je dois avouer, auquel elle réponds parfaitement. Ce que ça implique ? Je n’en sais rien, mais à chaque fois que je la vois, j’ai bien trop envie de savoir ce que ses vêtements parfois trop ample cache en dessous.   « Très bien, merci. »  dis-je avant de raccrocher et lever les yeux pour croiser celui de Tessa qui m’observait. J’ai beau la connaître depuis des années maintenant, l’effet est toujours le même désormais : un rapide coup d’œil de haut en bas pour l’étudier – ou la mater. « Pardon pour le retard, mon cours a été plus long que prévu » Je souris en rangeant mon téléphone. « Aucun problème. Le match n’a pas encore commencé »  « Je suppose que tu vas savoir quoi faire de ça ? » Elle soulève le pack de bière qu’elle avance vers moi. « Oh oui, donne ! »  J’ouvre le frigo et sort 7 bières fraîches et les remplace par celle qu’elle vient d’apporter. 3 données à Tessa, 4 pour moi, je referme le frigo avec le pied avant de lui emboiter le pas pour revenir vers les autres. « Putain, tu t’es perdu Matthews ou quoi ? » Je dépose les bières sur la table basse en secouant la tête : « Non, j’ai juste pensé à vous nourrir, bandes de morfales » Généralement on s’installe un peu à l’arrache. Liam et Lara partage le fauteuil à part, Clyde préfère être par terre, Jordan est sur le canapé tout à droite. Je m’installe à l’autre bout, parce qu’on sait tous que Kyle bouge beaucoup trop pour rester assis à un endroit en particulier. Il reste uniquement la place du milieu pour Tessa, entre Jordan et moi. J’avoue ne pas avoir aimer le fait qu’ils ont tous les deux couchés ensemble – de ce que j’ai compris, Jordan fait tout pour l’avoir de nouveau dans son lit. Et en gros connard que je suis, je préfère le taquiner sur les non qu’il se prend sans cesse. Par dépit, Tessa s’installe en prenant soin de ne toucher ni moi, ni Jordan, ce qui au fond me fait sourire. « Bon alors, si vous devez pariés sur une équipe, ce serait la quelle ? » « Les eagles, ils ont toutes leurs chances. » « Les Patriots » Ma voix s’élèvent alors que les têtes se tournent vers moi. « Bah quoi ? Ils ont une super équipe cette année. » J’hausse les épaules en buvant ma bière, sous le regard de Tessa. « Vous vous êtes concernés avec Tessa ou quoi ? » râle Jordan en secouant la tête. Je plante mon regard dans cette belle brune, l’air assez amusé qu’on puisse faire les mêmes pronostiques.

En toute franchise, ces derniers temps je ne sais plus quoi penser de ma relation avec Tommy. Respectueuse et presque distante pendant des années, son divorce semble avoir totalement changé la donne. Je ne sais pas quoi en penser et ce probablement parce que j’ai sans arrêt la peur d’être une conquête de plus à son tableau de chasse. Du moins si j’interprète les signaux correctement. Je sais qu’il me respecte, nous sommes devenus presque meilleurs amis je dirais, mais … j’ignore pourquoi j’ai la crainte de finir maltraiter. Sans doute parce que le peu de relations que j’ai eu - vraiment peu - n’ont jamais été idéales. J’irais jusqu’à dire que je suis une catastrophe en couple à cause de ma jalousie. En arriver là est impossible entre nous mais ça ne chasse pas ma peur de gâcher notre amitié simplement parce que tout en moi me hurle de le laisser me faire ce que bon lui semble. Il n’y a qu’à voir son petit sourire apparaître sur ses lèvres alors qu’il range son téléphone pour que je me sente faiblir. Ce type est tellement bien foutu que ça en devient indécent. « Aucun problème. Le match n’a pas encore commencé » Ramenée sur terre, je m’empresse de lui tendre le pack de bières plutôt que de rester comme une idiote à le regarder. D'autant que niveau discrétion on a fait mieux. « Oh oui, donne ! » Libérée, je finis toutefois assez vite encombrée par les bières qu’il me tend et dont je compte aller me débarasser dans le salon. C’est la solution parfaite pour fuir et arrêter de baver comme une idiote sur un homme supposé n’être qu’un bon ami et surtout l’ex mari … ouais, non ça je m’en contre fou maintenant. Dans l’autre pièce, Tommy se fait immédiatement chambrer et réplique sur le fait qu’il s’occupait de nourrir nos estomacs. Je pose les bières sur la table, en garde une dans ma main et observe l’endroit où je peux m’installer. Il ne me reste que le canapé entre Jordan et le propriétaire des lieux. J’hésite un instant à m’asseoir par terre mais je prends sur moi et me laisse tomber sur le divan en veillant à garder une distance de sécurité. Ca ne semble pas suffire à Jordan qui me lance un sourire lourd de sens auquel je dois me retenir de répondre en levant les yeux au ciel. A la place je bois une longue gorgée de bière en sachant que c’est courir le risque de vite finir pompette. « Les Patriots » C’est la seule chose qui me parvient de la conversation et aussitôt mon regard tombe sur mon voisin. « Bah quoi ? Ils ont une super équipe cette année. », « Vous vous êtes concernés avec Tessa ou quoi ? » Est-ce de la jalousie que je sens dans sa voix ? Sans doute mais je n’ai d’yeux que pour Tommy et ça pendant un long moment ce que personne ne semble remarquer. Je finis néanmoins par entendre Clyde me demander pour quelles raisons je mise sur les Patriots ce qui me force à regarder vers lui. « Les stats ne mentent pas. Désolée les gars mais leurs joueurs ont des pronostiques bien meilleurs que les vôtres … ça veut pas dire que vous allez pas faire une saison d’enfer. » Dis-je en haussant les épaules pour finalement m’enfoncer un peu plus dans le canapé au moment où je sens une main se poser sur ma cuisse. « T’es mignonne quand tu essayes de te rattraper. » Je me maudis aussi d’être trop polie pour répliquer à Jordan que je le serais bien moins au moment où je vais lui coller une gifle. A la place je souris, mal à l’aise, dégage ma jambe en prétendant vouloir la croiser avec l’autre et finit par me coller à Tommy dont le parfum m'enivre aussitôt.

Un prédateur devant une proie facile, c’est ce que j’ai souvent l’habitude d’être face aux nanas. J’ai mes atouts, et je sais très bien comment les utiliser afin d’arriver à mes fins. Généralement, séduire une nana et la baiser c’est une chose facile, avant de la lâcher et de passer à une autre. C’est mon quotidien – ça me va très bien. Pourquoi alors j’ai envie de changer la donne avec Tessa ? Je sais très bien que je finis par les jeter dès le lendemain, que je les traite toute de la même manière et que je finirai sans doute par le faire avec elle. Pourquoi prendre le risque de perdre son amitié pour une putain de partie de jambe en l’air hein ? C’est fou. Mais ses courbes en ce moment m’obsèdent. Tellement que je suis parfois obligé de me branler en pendant à elle. Est-ce juste un fantasme ? Une phase ? Un caprice ? Peut-être bien. Mais le jeu qu’on s’est doucement accordé m’attire comme une douce tentation. La remarque de Jordan me fait arquer un sourcil et mon regard accorde mon attention sur lui, puis sur Tessa. Nos regards se croisent une seconde et je sais qu’elle pense exactement comme moi. « Les stats ne mentent pas désolée les gars mais leurs joueurs ont des pronostiques bien meilleurs que les vôtres » J’acquiesce doucement, parce qu’elle a raison : on a des points forts, mais loin de faire le poids contre les monstres. « …ça veut pas dire que vous allez pas faire une saison d’enfer » Je souris en secouant la tête : « Oh, avec des joueurs comme vous, on va se la foirer cette saison » Je plaisante bien entendu, en tant que capitaine, je me dois de motiver les troupes. Et pourtant c’est un coussin que je me prends en pleine tronche parce que Liam n’a pas apprécié ma remarque. « La ferme Matthews ! » Je ris reportant mon attention sur Jordan et sa main déplacée. Je connais assez Tessa pour savoir qu’elle est mal à l’aise, assez pour repousser sa main et s’approcher de moi. Nos corps se frôlent presque et me provoque une décharge électrique. Pour plus d’espace entre nous, je soulève mon bras de son côté et le passe sur le dossier du canapé. J’en profite pour donner une petite claque sur l’oreille de Jordan : « Laisse-la tranquille Jordan. T’as déjà eu ta chance » Mon regard envers lui est taquin mais assez sincère. Ils savent tous que le premier qui fait mal ou rends mal à l’aise Tessa, je le démonte. Parce que Tessa c’est devenue quelqu’un d’important à mes yeux, une fidèle amie, une confidente avec qui je partage énormément de chose. Je pourrais jamais la remercier de m’avoir choisi contre sa meilleure amie, lors du divorce. De toute façon, depuis qu’on se connait, on a toujours eu une relation assez fusionnelle – une relation que Lisa jalousait parfois. Jordan croise les bras en grognant alors que Tessa reste tendue à souhait. La réaction de Jordan ? Le fait que je sais ce qu’il s’est passé entre eux deux ? Le fait de l’énoncer devant tout le monde, alors que tout le monde sait ? Je ne saurai dire. Je reporte mon attention à la télé en étendant mes pieds sur la table basse et en buvant ma bière. L’hymne nationale vient d’être chanter, les équipes sont prêtes à rentrer sur le terrain : le match va bientôt commencer. Ils commencent à parler des deux équipes qui s’affrontent : les Eagles de Philadelphie, mon ancienne équipe, contre les Cowboys de Dallas. « Détends-toi un peu, veux-tu » Je souffle à Tessa alors que ma main sur le dossier sur canapé se pose sur son épaule. Mon doigt effectue quelques mouvements de massage tandis qu’elle me dévisage : « Tu vas pas rester droite comme un piquet toute la soirée, non ? »

« Oh, avec des joueurs comme vous, on va se la foirer cette saison », « La ferme Matthews ! » En temps normal je me serais mise à rire de cette taquinerie entre eux. S'il y a une chose à retenir de cette équipe c'est qu'il s’agit plus d'une grande famille composée de frères toujours prêts à se charrier mais là sans arrêt les uns pour les autres. Je trouve ça beau voire même inspirant pour une gamine qui aura mis du temps à trouver sa place dans une famille. La seule chose qui vient gâcher mon plaisir face à cette petite querelle c'est la main de Jordan sur ma cuisse. J'ai bien compris qu'il veut une seconde chance, je n'ai pas envie de la lui donner. Rien que la première n'aurait jamais dû avoir lieu mais je me sentais seule et j'avais légèrement trop bu. J'étais consciente de mes actes mais clairement pas des conséquences que je paye maintenant. Et oui, ça me gêne parce que cette trop grande expression de son désir ne me plait pas, surtout avec un public. Surtout avec Tommy juste à côté. Pourquoi ? Je ne saurais répondre à cette question, ça ne me plait pas c'est tout. Ce qui me plait un peu trop en revanche c'est la proximité inattendue entre nous, cette décharge électrique qui se propage dans ton mon corps lorsque je le frôle. Je me surprends même à vouloir me blottir contre lui, toucher un peu plus son corps, laisser ma main s'aventurer… okay, stop ! Ça ne va plus du tout, mes pensées dérivent que trop vers des scènes classées x qui me font gigoter sur le canapé. « Laisse-la tranquille Jordan. T’as déjà eu ta chance » En revanche là, je me fige. Sait-il réellement vanté d'avoir couché avec moi auprès de tous ses équipiers ? Pourquoi ça me travaille autant de savoir ce que Tommy en pense ? Me protège-t-il juste parce que je suis une amie ou il réplique ça parce qu'il n'aime pas l'idée qu'il me touche ? Mais qu'est-ce qui me prend en ce moment ? Je m'en moque. Je m'en moque tellement que je reste tendue et je ne fais pas attention au début du match… « Détends-toi un peu, veux-tu. Tu vas pas rester droite comme un piquet toute la soirée, non ? » J'ignore de quelle manière il s'y prend mais je m’apaise de plus en plus. « Ouais, désolée. » Je m'excuse pour la seconde fois de la soirée. Sa main sur mon épaule, je me détends à vue d'œil et me concentre sur le match et le début de l'action. J'écoute les commentaires de ces professionnels avec un sourire en coin, mon esprit analytique prenant le dessus. C'est plus fort que moi, je vois les erreurs, trouve les failles et grogne quand un joueur ne s'en rend pas compte. Entre ça et la bonne compagnie, ce sont les meilleures soirées au monde. Bière dans ma main, je finis par me pencher en avant lorsqu'une belle action débute. Je suis tellement concentrée, tellement excitée à l'idée de voir un sacré beau touchdown, que ma main libre saisi la première chose qu'elle rencontre sans réaliser qu'il s'agit de la cuisse de Tommy. Et je serre un peu plus jusqu'à ce que l'action tombe à l'eau et que je lève la main en l'air en signe de désapprobation. « C'est fou comme parfois vous voyez pas les ouvertures que vous avez sous le nez. » Je grogne en retournant contre le dossier du canapé, goulot de ma bière porté à mes lèvres. « Je sais, facile à dire sur un canapé mais quand même… »

Je l’avais vu elle, en premier. Sa chevelure brune virevoltant au milieu de la piste de danse, ses courbes délicieuses ondulant selon le rythme de la musique, mais c’est surtout son sourire et ses yeux qui m’ont hanté pendant une petite période. La seule chose qui m’a empêché d’aller vers Tessa dès la première seconde a été Lisa, sa meilleure amie et ma future femme. Plus entreprenante, plus ouverte, j’ai succombé à ses charmes ce soir même, parce que j’étais trop bourré et ne pensait qu’au sexe. Le lendemain, c’est comme si Lisa et moi étions devenu le nouveau couple dont tout le monde parlait : parfait, beau et populaire. A l’époque, j’aimais cette célébrité et parce que c’était la seule attention que je recevais. Mes choix ont fait que j’ai épousé Lisa, que j’ai eu un gosse qui n’était pas vraiment le mien, et que j’ai divorcé. Mais si vous me posez la question maintenant sur laquelle j’avais vu en premier et qui m’avait hypnotisé ce soir-là, je vous répondrai sans hésitation Tessa. Dans son petit jean moulant, et un chemisier, parce qu’à l’époque elle n’assumait pas vraiment son corps. C’était toujours un peu le cas d’ailleurs aujourd’hui, mais ses tenues ont changées. Ses formes aussi. Sa beauté naturelle aussi. Forcément, le petit jeu qui a entre nous augmente ces souvenirs douloureux qui auraient pu changer toute ma vie, littéralement. Ça me pousse vers l’envie de savoir ce que j’ai loupé toutes ses années. Oh, je sais que la curiosité est un vilain défaut, hélas…je suis né avec. « Ouais, désolée » Je masse son épaule, sans arrière pensée, et la voir se détendre sous mes mains m’apaise tout autant. Un regard coup d’œil vers Jordan m’informe qu’il fixe ma main avec sévérité. Mais il ne fera ou ne dira rien, parce que j’ai toujours eu une certaine autorité avec eux, surtout chez moi. Ma main finit par s’arrêter doucement, emporté par le début du match et se repose le long du dossier, là où elle était initialement. On est tenu en haleine pendant de longues minutes, tandis qu’on commente certains jeux. « Ils auraient du faire un flea flicker » dis-je alors que Kyle commentait l’action manquée. « Tu rigoles là ? Avec le colosse de Grupert ? Il lâche pas le quaterback » « Qui a dit que je parlais du QB ? » Il arque ses sourcils, en réfléchissant une seconde avant de se remettre au jeu. Je sais qu’à son sourire, il a compris où je voulais en venir. C’est la différence entre lui et moi : l’habitude de lire le jeu qui se présente à moi, à décider des prochaines actions offensives en fonction de la défense de l’adversaire. Je fais ça depuis bien trop d’années pour ne pas avoir des bons réflexes. Nouvelle action d’offensive, nouveau coup exceptionnel…et pourtant manqué. Mais tout ce sur quoi j’ai été obnubilé c’est la main de Tessa sur ma cuisse. Elle provoque une électrocution en moi, direct à ma queue. Putain, Tommy ! Je me taperais si je pouvais de réagir comme ça avec elle, parce que je sais que je ne veux pas l’afficher à mon palmarès comme toutes les autres. « C’est fou comme parfois vous voyez pas les ouvertures que vous avez sous le nez » Sa main enlevée, mon regard reste une seconde sur ma cuisse alors que Tessa ajoute : « Je sais, facile à dire sur un canapé mais quand même » Je rendre dans un mutisme une seconde, préférant boire ma bière pour calmer mes pensées salaces. « C’est à cause de l’adrénaline ça ! » dit Clyde, en secouant la tête. « Et des 300kg qui t’arrivent dessus » ajoute Jordan. Un bon placage d’un bon défenseur c’est effectivement recevoir 300 kg avec la vitesse et la propulsion. Ça peut vite faire mal. La sonnerie retentit à ce moment, j’en profite pour me sortir de cette main qui était trop mal placée selon moi. « C’est les pizza ! » Canapé abandonné, je quitte le salon et commence à sortir mon portefeuille avant d’ouvrir la porte sur le livreur. Une belle distraction !

Ma main me brûle ou du moins c’est la sensation que j’ai lorsque je me rends compte de l’endroit où je l’ai posé. Faisant tout ce qui est en mon pouvoir pour ne rien laisser transparaître lorsque je le remarque, le match m’aide à penser à autre chose. Du moins en apparences. Je ne peux pas totalement nier la décharge électrique qui s’est propagée dans mon corps ni les battements trop rapides de mon coeur. Entre ça et son petit massage improvisé, autant dire que je suis plus que perturbée. Plus rien ne va. Plus rien ne se passe comme avant et j’ignore si ça me plait ou si ça me fait totalement paniquer. Tommy a pris une place importante avec le temps, si importante que je ne suis pas certaine de vouloir risquer ça. Seulement je ne peux pas non plus nier cette attirance qui existe depuis le début et augmente un peu plus depuis quelques temps. Tout en moi le réclame. J’ai envie de savoir quel effet me provoquera ses lèvres sur les miennes ou de savoir à quel point j’apprécierais ses caresses, ses soupires contre ma peau. Des pensées imaginaires qui me font mordre l’intérieur de ma joue pour tenter de me calmer. « C’est à cause de l’adrénaline ça ! » Revenant doucement à la réalité, je pose mon regard sur Clyde et ne suis pas tellement convaincue. Je pense surtout qu’il était trop pris dans l’action qu’il avait en tête pour en saisir une autre qui se serait présentée. « Et des 300kg qui t’arrivent dessus » Ou alors c’est en effet ça. Une grimace déforme les traits de mon visage en m’imaginant écraser par les monstres qu’ils sont sur le terrain. Malgré tout l’équipement là pour les protéger les accidents restent courant et ont toujours été ce qui me terrifie. « C’est les pizza ! » Tommy se lève d’un coup est disparaît en direction de l’entrée de la maison sans que personne ne se propose pour aller l’aider. Non pas qu’il n’ait pas les bras mais vu le petit monde j’imagine qu’il a commandé pour nourrir un régiment ce qui fait beaucoup de cartons. J’hésite un instant et sens le regard insistant de Jordan sur moi. « Il peut se débrouiller. » Autrement dit sois sage et reste là. « Tu commences à me faire chier. » Ma réplique lui coupe le sifflet et j’entends Clyde ricaner alors que je me lève rejoindre Tommy dans l’entrée qui ferme la porte, les bras pleins. « Donne superman, j’ai pas envie que tu te casses quelque chose avant votre prochain match parce que les feignants là-bas veulent pas bouger. » Dis-je en tendant les bras pour le décharger un peu.

Je n’ai pas l’habitude d’être autant perturbé par une nana. Généralement, c’est moi qui les chasse. Moi qui décide ce que je veux faire et comment je veux le faire. Moi qui prends les directives et laisse le lion s’exprimer comme il en a envie. C’est moi qui les perturbe avec des mains un peu plus entreprenante, des paroles parfois directes et sensuelles, des regards trop intenses et plein de sens, un rapprochement doucement qui fait augmenter la tension entre deux corps. Remarquer que mon corps s’active lorsque Tessa pose une simple main sur ma cuisse me perturbe beaucoup trop. Alors je préfère m’éloigner et l’arrivée des pizzas est une bonne excuse. Qu’importe si personne ne se bouge le cul pour m’aider. « Merci ! » dis-je en tendant le billet au livreur, la montagne de pizza dans l’autre bras. « Gardez la monnaie ! » L’homme ultra content me remercie avant de s’éclipser. Je ferme la porte lorsque j’entends la voix de Tessa : « Donne superman, j’ai pas envie que tu te casses quelque chose avant votre prochain match parce que les feignants là-bas veulent pas bouger » Bras déjà tendus, je lui souris et la taquine : « T’es sûr que ça va pas être trop lourd pour toi ? » On repasse à la taquinerie, la meilleure tactique pour détendre l’atmosphère et pour surtout oublier ce qu’elle a éveillé en moi quelques instants auparavant. Elle m’affirme le contraire alors que je finis par lui donner certains cartons. Nos mains se frôlent, s’électrisent et nos regards se croisent. Pendant une seconde, j’ai l’impression que le monde a arrêté de tourner et que ce simple contact nous fait réaliser combien tout semble nous être attractif. Mais les cris dans le salon sur un touchdown me fait revenir à la réalité. Je m’éclairci la gorge avant d’ajouter : « On va nourrir les fauves » Lorsqu’on arrive, certains font déjà de la place sur la table basse pour poser tout ça. « Bon appétit ! » Tessa a déjà rejoint le canapé mais plutôt que d’être à côté de Jordan a pris ma place. Visiblement, elle commence à en avoir marre de lui, et c’est sa manière à elle de lui faire comprendre les choses. Mais je n’ai pas envie de rejoindre le canapé entre eux deux. Je préfère m’installer par terre, utilisant l’accoudoir du canapé comme dossier. Je récupère ma bière et boit un peu pendant que les plus affamés se servent déjà. Lorsque tout le monde a pris une part, je me sers en dernier. J’entends déjà Tessa me dire de revenir sur le canapé parce qu’elle a piqué ma place, simplement parce qu’elle est bien trop élevé pour laisser le maître de maison s’installer par terre.

« Merci ! Gardez la monnaie ! » Que j’entends en arrivant dans l’entrée de la maison. Tommy de dos à moi, je laisse mon regard s’aventurer sur ses larges épaules et descendre de plus en plus bas. Je ne tourne définitivement plus rond et même si j’aimerais affirmer qu’il s’agit seulement du petit jeu qui s’est mis en place entre nous, je mentirai. A l’instant où mon regard a croisé le bleu de ses iris à cette soirée qui a lié nos vies, j’en ai eu le souffle coupé et maintenant que je peux en profiter j’ignore s’il s’agit d’une bonne idée ou d’une grosse connerie. Pensée rapidement chassée de mon esprit par la porte qui claque, je lui propose aussitôt mon aide - que je ne sois pas venue là pour rien hormis reluquer ses fesses. « T’es sûr que ça va pas être trop lourd pour toi ? » Mes yeux plissés pour me donner un air menaçant - ce qui doit échouer lamentablement - je redresse fièrement les épaules. « Donne-moi ça avant que je te tue, j’en ai dans les bras moi monsieur. » Étant donné certaines figures lors des représentations de l’équipe de cheerleading, c’est plutôt conseillé et au large sourire que je lui offre je lui fais comprendre répondre à sa taquinerie. Il finit donc par céder et à peine ma main frôle la sienne que je suis obligée de refouler un frisson. Nos regards se cherchent, se trouvent et ne se quittent plus. Dans un autre monde, seulement en compagnie de Tommy, mon myocarde s’emballe et je me vois déjà balancer ces boîtes qui nous séparent et lui sauter dessus. Oui, je le vois très clairement mais n’en fait rien et reviens brutalement à la réalité lorsque, visiblement, il y a un touchdown. « On va nourrir les fauves » Je voudrais rester là le temps de reprendre mes esprits mais je lui emboite le pas et pose les pizzas sur la table basse. De retour sur le canapé, de préférence loin de Jordan, je ne peux pas passer à côté du fait que Tommy préfère s’installer par terre. Est-ce de ma faute ? Parce que je lui fous pas la paix alors que c’est probablement ce dont il a envie ? Mon dieu ai-je complètement halluciné tous les signaux ? L’horreur ! Je m’enfonce contre le dossier du canapé, part de pizza à la main et mortifiée. « Je peux me décaler si tu veux, Tom. T’es pas obligé de rester par terre. » Je tente, ce qui ne le fait pas bouger alors qu’il m’assure que ça ne le dérange pas et qu’il peut étendre un peu mieux ses jambes. Je suis une catastrophe ambulante qui s’est imaginée des choses et qui réalise à quel point elle faisait fausse route que maintenant. Terriblement mal à l’aise, je parviens tout juste à manger ma part de pizza et à regarder le match. Pourtant, à plusieurs reprises je l’observe du coin de l’oeil en me répétant combien j’ai été stupide de croire qu’une fille comme moi n’aurait pu qu’un peu l’intéresser. Il était marié à Lisa après tout, je n’aurais jamais dû me faire de fausses idées. Et je passe mon temps à me répéter ça jusqu’à ce que le match se termine comme les pizzas et les bières. Les premiers gars partent alors que je tente encore de me changer les idées en embarquant les cartons de pizza vides puis les cadavres de bières dans la cuisine - mais aussi pour éviter une étreinte embarrassante avec Jordan. Pour connaître la maison à force d’y venir, je n’ai aucun mal à ranger pour me sentir utile mais surtout moins stupide. Ce n’est qu’un entendant sa voix dans mon dos me demander ce que je fais que je me tourne vers lui après avoir sursauté. « J’ai … j’ai rangé. » Ce qui semble être une évidence puisque tout est niquel. Et maintenant je me trouve comme une idiote à le fixer avec cette petite distance entre nous qui ne semble pas suffire à apaiser mon corps qui le réclame douloureusement. Malgré ce que je pense avoir réalisé, j’ai toujours autant envie de goûter à ses lèvres, de caresser ses muscles parfaits, de descendre de ses épaules parfaites à ce petit v bien taillé que j’ai vu plus d’une fois et qui se perd dans son pantalon jusqu’à sa … bordel, voilà que je rougis en remarquant que mes yeux ont suivi le parcours que je fantasme et que je vais jusqu’à mordre ma lèvre pour tenter de contenir le soupir qui monte en moi.

« Donne-moi ça avant que je te tue, j’en ai dans les bras moi monsieur » Je ricane en levant les yeux. Pour l’avoir déjà vu à l’entraînement, je sais qu’elle est tout aussi sportive que moi. Mais ça ne m’empêche pas de la taquiner, parce que c’est ce que je fais de mieux avec elle. Et cela depuis des années, maintenant. Retour à la réalité après un moment suspendu, pizza distribués, je retrouve ma place par terre. Parce que je n’ai clairement pas envie de m’installer près d’elle, je finirai par faire une connerie, je sais. Encore un contact rapide, même pas prémédités et je serai capable de ne plus à contrôler ma queue. Le sol me paraît alors comme un allier, même si c’est mauvais pour mes fesses. Je tente de me concentrer sur le match, pizza en main, mais le visage de Tessa apparaît dans mon champs de vision et ajoute : « Je peux me décaler si tu veux, Tom. T’es pas obligé de rester par terre » Je secoue la tête, en la regardant dans les yeux. Putain ses yeux ! Pourquoi les a-t-elle aussi bleu ? Attractif ? Si puissant que j’ai envie de m’y perdre des jours entiers. Je prends une petite inspiration et ajoute : « Non, t’en fais pas, je suis bien là. » Je me promets mentalement de changer le canapé, une idée qui commence à être urgent : beaucoup trop petit pour trois personnes…ou du moins, des gros gabarits comme nous. A chaque fois c’est le même problème. Sauf qu’avant, lorsqu’on faisait ça, Lisa finissait blottie dans mes bras…quand elle daignait vouloir s’intéresser à ma passion. Une passion qui finit par me captiver à nouveau alors que le match devient de plus en plus intéressant. Ça m’empêche de penser à Tessa, si près de moi. Parce que quand je suis dans un match, très peu de chose peut arriver à me divertir, et tout le monde le sait. Une chance pour le Quaterback que je suis et qui doit se coltiner parfois les matchs des adversaires pour les étudier. Je ne vois pas le reste du temps passer, et lorsque le coup final a sonné, les autres s’étirent, continuent de partager leur point de vue, m’embarquant parfois dans une analyse poussée avant que les premiers décident de rentrer, sur le bas de la porte. Lorsqu’ils finissent par partir définitivement, je pense être seul, en ayant oublié presque la présence de Tessa, absorbé par mes conversations. Je la retrouve dans le salon, elle est de dos et tout est pratiquement rangé. « Qu’est-ce que tu fais ? » J’ose demander, mais ma voix le fait sursauter. « J’ai…J’ai rangé » ses joues rougies d’être prises sur le fait, alors que mon regard capte le sien. Oh, mais le sien m’analyse, descend lentement le long de mon corps jusqu’à… Bordel, est-elle en train de me mater là ? J’en ai presque une grosse palpitation dans l’entrejambe tant la voir me reluquer sans gêne. Et cette lèvre qu’elle mord…Veut-elle vraiment ma peau ce soir ? « Tu devrais pas mordre ta lèvre » Je grogne en repoussant mes dernières réticences, mes derniers neurones connectés. Je déconnecte tout. Mon cerveau. Ma conscience. Ma respiration. Je suis juste animé par quelque chose de plus imprévisible : cette foutue tentation. Cette putain de curiosité. Et vous savez quoi ? J’adore y céder. Je m’avance vers elle d’un pas lentement, alors qu’elle me regarde figée. Une biche devant un prédateur. Voilà ce que nous sommes devenus. Je lui saisis le coussin qu’elle était en train de replacer tout en ne quittant par son regard bleuté. Son océan, comme j’adore l’appeler. Coussin jeté rapidement sur le coussin, je lève mon pouce pour caresser ses lèvres. « Ça me donne envie de faire pareil. » J’ai totalement vrillé, animé par ce que j’aurai du faire il y a bien longtemps. Ce que j’aurai du testé bien avant Lisa, ce qui aurait pu être une expérience inoubliable. C’est ce que j’ose me dire tout en ne quittant pas les lèvres  de mon regard.