where's the "good" in "goodbye" ? - oliaron.

Céder c’est ce que je fais de mieux avec elle. C’est le cas depuis toujours et pour la moindre petite chose. Je m’énerve, je l’envoie promener mais ça se conclue souvent de la même façon : moi qui finis par revenir vers elle et lui donner ce qu’elle veut. C’était le cas avant même de réaliser mes sentiments et ce parce que ces derniers étaient déjà là, enfouis au fond de moi. Je refusais de faire face à la réalité et là je voudrais encore être capable de ça. Vivre dans le déni, ignorer ce que je perds pour ne pas avoir à en souffrir. Difficile d’oublier que vous ne pouvez plus utiliser vos jambes … Alors pour le déni, on passera. En revanche, je cède. Je me décale comme je le peux dans mon état et je la laisse venir se caler contre moi. Des mois que je n’ai pas ressenti cette sensation de bien-être que seules nos étreintes savaient éveiller. De mois que je rêve de pouvoir l’avoir contre moi de cette façon. Je suis seulement désolé qu’il ait fallu que ma vie se joue pour en arriver là. Cela dit, je suis bien trop fatigué pour m’en préoccuper pour le moment. « T’as jamais réussi à me tenir tête » Si je n’arrive pas à rire, un demi sourire apparaît toutefois sur mon visage. Elle fait écho à mes pensées et ça me rassure. Ça me prouve que, finalement, notre connexion est encore là. Il nous faut seulement creuser pour la faire sortir de son trou. « T’en as souvent trop profité. » Je ne parle pas seulement de lorsque nous étions ensemble mais même une fois adolescents où nous tenir tête était une habitude éreintante pour nos proches. Elle savait que ses caprices auraient raison de moi et elle insistait jusqu’à ce que je baisse les bras. « Je veux plus qu’on choisisse pour moi, Cameron. Laisse-moi essayer. Laisse-moi être forte pour deux. » Me dit elle enfin. Il faut qu’elle sache que je ne serais pas facile à vivre. En temps normal j’ai un caractère de cochon, dans mon état ça risque d’être pire. Oliana doit s’y préparer si elle tient absolument à rester dans les parages. « J’ai compris la leçon, promis. » Ne plus jamais lui mentir et ne plus jamais agir en supposant que c’est pour son bien. A partir de maintenant je ferais en sorte de dire les choses, même celles qui font mal en y mettant les formes. La souffrance due à ces nombreux mois de mensonge a été suffisante pour me vacciner à tout jamais. Oh je chercherais encore à la protéger, je me connais, mais pas en mentant. « Je vais vouloir te secouer et t’étriper, quand tu seras dans tes pires moment. Je le sais … Mais ma vie sans toi n’a aucune raison d’être vécue. » Je ris un peu mais grimace aussitôt. La douleur au niveau de mes côtes me rappelle immédiatement à l’ordre. Respire est une difficulté que je peux gérer, rire non. « La mienne non plus … » M’apprêtant à ajouter qu’elle est ce qui permet à ma vie de ne pas s’effondrer, je la sens tomber un peu plus contre moi jusqu’à ce que sa respiration devienne plus calme. Une main passée sur son visage pour dégager ses cheveux, j’embrasse son frère, laisse mes lèvres près de celui-ci et ferme les yeux. Tant pis si les infirmières nous retrouvent dans les bras l’un de l’autre, endormis. J’ai autant besoin de dormir que de sentir tout son être proche de moi.