Invité a posté ce message Sam 28 Sep 2019 - 22:04#
Aujourd’hui, ils devaient évaluer Cameron, et les chances pour lui de retrouver ses jambes. Par des petits exercices à faire, ou des examens médicaux…à vrai dire, j’en sais trop rien. J’avais émis l’idée de venir pour le soutenir, mais il en avait rien voulu. J’ai pas l’intention de le materner, seulement de me montrer présente pour lui. Je devrais donc respecter ces décisions, et attendre d’avoir de ses nouvelles. Mais à vrai dire, je suis incapable de rester les bras croisés en sachant qu’il peut ne pas être bien. Contre son avis, je finis à l’hôpital et me renseigne sur le service vers lequel je dois me diriger. Etrangement, voir à quel point le personnel de l’hôpital est ouvert et gentil avec moi me réchauffe le cœur. Sans doute parce que notre histoire est venue ébranlée leur petit monde. Lorsque j’arrive, je le retrouve au loin dans une salle d’entraînement, où d’autres patients se trouvent. Ils veulent sans doute déterminer le meilleur plan d’action pour Cameron. Ils sont en pleine conversation – ou plutôt l’examinateur l’est. Je reste là derrière la baie vitrée, adossée au mur en les observant au loin. Il pourra m’engueuler d’être là, j’ai promis d’être là pour lui et je le serai. Même si ça me brise la distance qu’il ose m’imposer parfois. « Il est plus agréable lorsque vous lui rendez visite vous savez ? » Je ne reconnais pas le visage qui s’affiche à moi, mais je sais que c’est une infirmière à sa blouse.« J’essaye d’égayer ses journées. » Elle secoue la tête et ajoute : « Juste votre présence suffit pour l’apaiser. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir quelqu’un comme vous dans sa vie. » Je passe une main dans mes cheveux en regardant Cameron : « C’est moi qui suis chanceuse de l’avoir dans ma vie. » Elle sourit, pose une main sur mon épaule : « Le temps finit toujours par guérir ce que la vie a détruit. » Elle s’éclipse assez rapidement, et au fond, j’espère qu’elle a raison.
Invité a posté ce message Sam 28 Sep 2019 - 22:19#
Ça va être long. C’est tout ce que j’ai retenu du monologue du type pas plus vieux que moi qui a voulu tester les réflexes que je n’ai pas. Il n’a même pas essayer de me mettre debout, je crois qu’il a compris que j’allais lui en coller une. Savoir que je ne peux pas marcher me rend déjà assez fou, le voir je n’en ai pas envie. J’ai déjà bien assez grogné en le voyant taper avec son marteau orthopédique sur mes genoux. A croire que cet abruti s’attendait à un miracle. Puis il m’a balancé qu’il faudrait des mois voire même plus d’une année avant que tout “rentre dans l’ordre”. Je sens bien qu’il n’est pas convaincu et que tout va dépendre des résultats de mes prochains examens et de la possible rééducation à laquelle je vais avoir le droit. Soulagé qu’il décide de me foutre la paix, j’ai envie de bouffer sa main compatissante sur mon épaule et retourne mon fauteuil vers la sortie. Au moins une chose que j’ai su maîtriser rapidement. Je suis encore en train de pester de ma barbe quand je sors et tombe devant Oliana. « Je t’avais dit de pas venir ! » Ce qu’elle est têtue, merde. Je savais que j’allais être bougon, avoir envie d’envoyer tout le monde chier. Je ne voulais pas qu’elle vienne pour ça mais, encore une fois, tout le monde n’en fait qu’à sa tête autour de moi.
Invité a posté ce message Sam 28 Sep 2019 - 22:58#
Je patiente dans mon coin sans qu’il arrive à me voir. Je ne souhaite pas déranger l’évaluation, en quoi que ce soit. Pourtant j’ai la nette impression que tout ne se déroule pas comme prévu. Que les jambes de Cameron refusent de réagir à n’importe quel exercice et qu’il est en train de bouillonner. C’est mauvais, autant pour lui que pour moi, parce que je sais qu’il va se servir de moi comme son punchingball. Je prends une profonde inspiration pour me donner le courage d’être forte et d’être assez têtu pour ne pas céder à ses propos qui risqueront d’être dur. Lorsque je le vois arriver vers la porte de sortie, j’hésite une seconde à partir mais je fige, incapable de le laisser en plan. Je veux être là, je serai là. Ce qui me fait le plus mal à l’instant où il passe la porte et qu’il me voit c’est son regard dégoûté et haineux qu’il me porte. Moi en particulier ? Ou simplement dégoûté d’apprendre qu’il est peut-être condamné pendant des mois ? Des années ? « Je t’avais dis de pas venir ! » Je me pince les lèvres et ajoute : « Et te laisser te rabaisser pendant des heures parce que t’as pas passé les tests ? Je pouvais pas. » On savait tous les deux comment il serait après : exécrable. L’infirmière avait tord sur une chose : je l’apaise peut-être dans ses meilleurs jours, mais je suis persuadée que ma place est pendant les pires. Parce qu’il ne laisse pas sa famille l’approcher, ni ses amis je crois. Seul Warren et Tommy arrive à percer parfois sa carapace. Moi, je sais pas trop dans quelle zone je navigue avec lui, mais je refuse de me plier à ses caprices uniquement parce qu’il ne va pas bien. Au contraire, je suis certaine de devoir être là à ces moments, même si je vais m’en prendre plein la gueule. Sadique ? Un peu, lorsqu’il s’agit de lui. « Défoule-toi sur moi si ça te chante, mais je bougerai pas d’ici, Cam. »
Invité a posté ce message Dim 29 Sep 2019 - 15:52#
Ne l’avais-je pas prévenu ? Ne lui ai-je pas dit que j’allais régulièrement être de mauvaise humeur ? Dans mon état, ça ne devrait surprendre personne. J’ai toujours été un actif, je déteste rester à me tourner les pouces. Les courses, la vitesse, c’est tout ce qui me passionne. Et maintenant je suis coincé dans ce putain de fauteuil avec un enfoiré de rééducateur qui ne laisse rien présager de bon. Franchement, comment être optimiste lorsqu’un abruti pareil tire une tête de trois mètres de long, persuadé que vous allez finir votre vie avec des jambes inactives ? C’est impossible et là, j’ai surtout besoin qu’on me foute la paix. Bien sûr, c’était compter sur l’entêtement d’Oliana qui n’écoute jamais. Oh je l’aime, c’est un fait qui ne changera pas, mais je déteste l’idée qu’elle me voit ainsi. Je suis déjà bien dégoûté de moi-même, je n’ai pas envie de son optimisme. Pas maintenant. « Et te laisser te rabaisser pendant des heures parce que t’as pas passé les tests ? Je pouvais pas. » Je râle. C’est exaspérant qu’elle me connaisse si bien même en ayant oublié autant sur nous deux. Ça ne me calme pas vraiment mais … c’est vrai que ça me fait quelque chose. « Défoule-toi sur moi si ça te chante, mais je bougerai pas d’ici, Cam. » Nouveau grognement de ma part alors que mon regard presque assassin reste fixé sur elle. « Si ça te chante ! Je vais prendre l’air, libre à toi de me suivre. » Je n’attends pas sa réponse pour avancer vers la petite cour intérieure de l’hôpital. Loin du bruit de New York et des enfoirés de journalistes. Loin du reste du monde en fait. Dans un coin, je bloque mes roues et pousse un soupir agacé. J’en ai marre d’être là. J’en ai marre d’être coincé dans ce fauteuil, dans cet hôpital où je deviens de plus en plus fou.
Invité a posté ce message Dim 29 Sep 2019 - 21:26#
La vie est injuste. J’ai été dans le flou pendant des mois, sans arriver à me reconnaître, à aller de l’avant et poursuivre ma vie. J’ai du faire semblant d’aller bien et de sourire même quand ça n’allait pas. Et quand au final, j’ai fini par envoyer tout valser, je me suis presque trop sentie coupable de faire autant de mal, et de les rejeter autant. A contrario, Cameron se fou royalement du mal qu’il peut faire en nous rejetant chaque jour. Moi, moins que les autres, je dois avouer. Mais de toute façon, je ne l’écoute pas. « Si ça te chante ! Je vais prendre l’air, libre à toi de me suivre. » Il se met en route sans attendre, dans la petite cour, loin des regards indiscrets. Je reste un temps à le regarder avancé, en prenant le courage d’être forte. Je déteste sa mauvaise humeur, mais il m’avait prévenu. A prendre ou à laisser. Lorsqu’il s’installe dans un coin, je finis par sortir de l’enceinte et vient à le rejoindre en silence. Je m’installe sur le petit rebord qui se présente à moi, sans qu’il n’ose un regard vers moi. Je vais devoir désamorcer cette bombe sans savoir comment. Quoi dire ? Quoi faire ? Lui faire la morale sur son état ne sert à rien, et à vrai dire si j’étais dans son cas, je pense que j’aurai été sans doute pire que lui. Il faut que je lui parle de la seule chose qui peut le ramener vers moi, assez pour le faire redescendre et lui changer les esprits. Je joue nerveusement avec mes mains, le regard sur les roses quand j’ose demander : « Raconte-moi notre premier rendez-vous. » Peut-être lui faire comprendre que je veux m’en souvenir, que je veux rattraper ce que j’ai perdu lui permettrait de lui faire comprendre que je veux vraiment essayer de nous retrouver. Peut-être que ça lui fera réaliser qu’il faut qu’il se batte enfin, parce que j’ai beau être forte, je pourrais jamais reconstruire tout, toute seule. Son regard dévie sur moi, légèrement surpris par ma demande. « S'il te plait... » Je le supplie, comme un caprice, mais je sais que ça nous fera du bien à tous les deux de se replonger dedans.
Invité a posté ce message Lun 30 Sep 2019 - 12:41#
C’est pour mon bien. Ça m’aidera à remonter la pente et à ne pas perdre espoir. Les excuses pour m’obliger à voir du monde sont nombreuses, à tel point que je commence à baisser les bras. S’ils veulent venir, ils peuvent le faire mais ça ne m’engage pas à parler. Amanda est venue me voir sans Jacob et malgré ça je ne lui ai pas adressé la parole. A vrai dire, je ne l’ai même pas regardé. Je suis dur et ça ne me préoccupe pas plus que ça. Je voudrais qu’on me laisse broyer du noir comme je le souhaite. C’est moi qui suis dans ce foutu fauteuil, j’ai le droit de digérer les choses à ma manière, putain ! J’aimerais être moins difficile avec Oliana - et quelque part je le suis - seulement ce n’est pas une bonne journée. Alors oui, je boude dans un coin de la cour en laissant mes pensées sombres me dévorer. « Raconte-moi notre premier rendez-vous. » Surpris par sa demande, je la regarde avec appréhension. Je m’attendais à me faire remonter les bretelles, non pas à faire une balade dans mes souvenirs. « S'il te plait … » Pour la forme, je grogne un peu sans parvenir à détourner mon regard. « On a fait du karting. » J’annonce, prêt à en rester là. C’est sans compter sur son regard insistant. « Tu voulais essayer depuis un moment donc j’ai privatisé un circuit pour un après-midi. T’avais juste oublié que je suis pilote et compétiteur donc tu boudais à force de perdre … j’ai fini par te laisser gagner. » Je me perds dans les souvenirs de cet après-midi là et dans les émotions ressenties. « Ce sourire que t’avais en retirant ton casque … seigneur, je suis encore plus tombé amoureux de toi … » Même si, très franchement, la moindre petite chose après notre premier baiser me faisait oublier que j’avais été assez bête pour refouler mes sentiments. « On a fait un repas chez moi le soir, enfin … je t’ai appris à cuisiner pour que t’évites de passer ton temps à manger des pizzas. » Je ricane un peu en voyant sa tête mais j’avais adoré lui apprendre à cuisiner, nous lier d’une autre manière que par des discussions.
Invité a posté ce message Lun 30 Sep 2019 - 21:42#
Les dégâts de mon accident, enfin… de notre accident, m’ont toujours fait peur. J’ai peur qu’ils soient totalement irréversibles, et j’ai simplement perdu trois ans de ma vie. Trois ans qui visiblement ont été si décisif qu’ils avaient changés ma vie. Difficile de ne pas paniquer lorsque je me rends compte que c’est toujours au même stade, malgré les mois passées qui auraient dû m’aider à retrouver tout ça. Je continue à faire certains examens, à faire des exercices pour solliciter ma mémoire mais les lésions de l’accident avaient été trop profondes. Trop dévastatrices. « On a fait du karting » commence-t-il en cédant à cette diversion, une nouvelle fois. Tant pour qu’il s’apaise lui-même, tant pour tenter de me faire réagir. « Tu voulais essayer depuis un moment donc j’ai privatisé un circuit pour un après-midi. T’avais juste oubliée que je suis pilote et compétiteur donc tu boudais à force de perdre…j’ai fini par te laisser gagner » Je me perds dans ses souvenirs, en souriant. Etrangement, je nous reconnais bien là. Mais c’est déchirant de voir que ce qu’il me raconte n’éveille toujours rien en moi. Pas même un flash. Un déjà-vu. Un micro-souvenir. « Ce sourire que t’avais en retirant ton casque…seigneur, je suis encore plus tombé amoureux de toi… » C’est à chaque fois pareil, lorsque je me rends compte que plus rien ne me vient, que mon cerveau refuse de retrouver ces souvenirs, je panique. Je panique si bien que mes yeux se remplissent de larmes malgré mon sourire timide face à sa déclaration. « On a fait un repas chez moi le soir, enfin…je t’ai appris à cuisiner pour que t’évites de passer ton temps à manger des pizzas. » J’ose un éclat de rire qui se mélange à un petit sanglot. Je suis partagée entre la vérité qui m’arrive en pleine gueule et ces moments qui nous correspondent trop bien. Il ricane aussi mais finit par s’arrêter lorsqu’il constate que je pleure légèrement. Je devance sa question : « C’est rien…c’est juste que…. » Je prends une seconde pour trouver mes mots mais il me les complète : Y’a rien qui vient. Aucun souvenir, aucun flashback. Je ne me souviens de rien, et le deuil de mes souvenirs reste encore trop dur à envisager. Je m’étonne simplement qu’il finisse ma phrase. Cette connexion existe-t-elle encore vraiment ? « Oui… » Commençais-je comme explication. « J’ai parfois un sentiment de déjà-vu parfois, mais rien qui ne s’approche d’un vrai souvenir. » Je repense à cette fois où un simple livre, qui décrivait les beautés de Rome, m’avait parut trop réel. J’avais assimilé cette connaissance à Cameron, sans comprendre. C’était encore un mensonge de sa part, alors que ce sentiment, j’en suis persuadée était vrai : « On a vraiment été à Rome, n’est-ce pas ? »
Invité a posté ce message Lun 30 Sep 2019 - 22:01#
Les souvenirs que nous nous sommes créés, ceux qu’elle a oublié, j’évite de m’y plonger. Ils sont beaux, réchauffent le coeur, mais c’est également trop douloureux. Savoir que nous avons perdu notre lien, qu’elle ne parvient pas à se souvenir, c’est comme laisser des griffes lacérer un peu plus mon myocarde. Sur le coup, perdu dans mes pensées, je ne remarque pas son malaise. Ce n’est qu’après coup que ses larmes me font l’effet d’une claque. Mais quel con ! J’ai sauté à pieds joints, je me suis laissé aller à prendre le risque de parler de ça. Elle me l’a demandé pour me détendre et comme un connard j’ai saisi la perche sans réfléchir aux conséquences pour elle. « C’est rien … c’est juste que …. », « Tu ne t’en souviens pas. » Je termine pour elle. Je sais qu’elle fait de son mieux pour retrouver la mémoire mais si même parler de nos moments ensemble n’éveille aucune sensation, j’ignore si c’est bon signe. J’en doute. « Oui … » Continuant de m’insulter en silence, j’ai envie de l’obliger à venir dans mes bras sans pour autant le faire. Sans doute que ce sera de trop pour elle … même pour moi, de ne pas sentir son poids sur mes jambes et m’en apaiser. « J’ai parfois un sentiment de déjà-vu, mais rien qui ne s’approche d’un vrai souvenir. » Je manque de la prendre en pitié, ce qui serait hypocrite de ma part. Secouant la tête, je me contente de poser ma main sur la sienne. « Des souvenirs, Ollie, tu peux en créer aussi souvent que tu le souhaites. Vois ceux que je te raconte comme une jolie histoire, pour le reste … qui sait ? Un jour on en aura sans doute de nouveaux. » Je dis ça en haussant les épaules. Je ne sais pas de quoi sera fait demain après tout. « On a vraiment été à Rome, n’est-ce pas ? » Je confirme en grognant. La dernière fois qu’elle m’a demandé, j’ai menti. « Juillet 2018. Nos dernières vacances avant … » Je ne termine pas, c’est inutile. « Je te demande pardon … Pour avoir menti sur ça aussi. »
« Tu ne t’en souviens pas » Cette conclusion me fait frissonner sans que j’arrive à masquer ma détresse. Les chances s’amenuisent à mesure que les jours passent. J’ai toujours du mal à l’accepter, parce que je vais devoir tout reconstruire. Dans ma tête, je suis qu’une gamine qui vient de sortir de son diplôme et qui revient d’un an à l’étranger. J’avais muri, mais rien à voir avec le fait d’avoir une vraie vie à New York. Avoir un vrai boulot, me sentir chez-moi à chaque fois que je rentre dans l’appartement, avoir des amis sur qui compter, avoir une vie de couple. Une vie de couple avec Cameron. C’est abstrait et utopique à la fois. C’est comme savoir que l’impossible est possible, sans l’avoir obtenu. Je n’ai pas encore fait totalement le deuil de mes souvenirs perdus, comment pourrais-je ? « Des souvenirs, Ollie, tu peux en créer aussi souvent que tu le souhaites. Vois ceux que je te raconte comme une jolie histoire, pour le reste…qui sait ? Un jour on en aura sans doute de nouveaux. »« Mais c’était nos souvenirs… » Nos premiers tout : notre premier baiser, notre premier rencard, notre première fois, l’emménagement ensemble, sa demande en mariage. Il a une longueur d’avance sur quelque chose que j’aurai voulu savoir, que j’aurai voulu garder aussi pour moi. Nos moments intimes. Notre connexion. Ça fait mal de se dire que tout ça est partie en poussière. « Juillet 2018. Nos dernières vacances avant…Je te demande pardon…pour avoir menti sur ça aussi… » Sa main sur la mienne, j’encaisse de nouveau la confirmation de son énième mensonge, avant d’entrelacer nos doigts et de les porter à mes lèvres pour que j’y dépose un léger baiser. « C’est du passé… » Vraiment ? C’est ce que j’essaye de me dire pour être forte, pour vraiment passer à autre chose. Pour pouvoir enfin lui pardonner. Pour essayer. Pour le retrouver. Ma tête se penche et vient se poser sur son épaule. Je me demande simplement si un jour ce sera possible. Parce que même si nous le voulons tous les deux, mon cœur finira par nous séparer une énième fois. J’ai peur que la troisième fois, ce soit la bonne. Comment lui faire subir ma perte une nouvelle fois ? Serais-je assez forte pour la lui éviter ? Ou serais-je simplement égoïste en ne l’envisageant pas ?
Me pardonner va me demander un temps infini. Elle est la seule personne envers qui je voulais être véritablement bon, la seule à qui je voulais prouver être autre chose que ce don juan millionnaire. Je voulais être moi et que ce soit suffisant. Ça l’a été pendant un temps et puis … tout a explosé. La culpabilité de ne pas avoir su contrôler la voiture s’est mélangée à celle de lui mentir. Et les deux ne veulent toujours pas disparaître. Mais le pire dans tout ça c’est de savoir que je me sens aussi coupable de me souvenir alors qu’elle non. « Mais c’était nos souvenirs … » Réplique-t-elle avec un regard si triste que ça m’en brise le coeur. Plus qu’il ne l’a déjà été ces derniers mois. « On en aura d’autres, des meilleurs. » J’ignore d’où me vient cette conviction. Je suis certain de ça, peut-être parce qu’elle refuse de me lâcher et que, par conséquent, je m’accroche à elle. Je m’accroche à l’idée que, finalement, tout n’est pas aussi perdu que je le pensais. « C’est du passé … » Est-ce vraiment le cas ? Peut-elle réellement mettre derrière elle tout ce que nous lui avons fait ? Tout ce que je lui ai fait ? Je ne sais pas. Sa tête en appuie sur mon épaule, je ferme les yeux un instant. Ça me permet d’oublier un petit peu l’endroit où je me trouve. « Viens sur mes genoux. » Je m’entends lui demander. Yeux rouverts, je rencontre son regard surpris ce qui me fait légèrement rire. « Vraiment, viens-là. On en a besoin tous les deux. » Mes bras s’ouvrent pour insister un petit peu et ne se referment que lorsqu’elle s’autorise à me céder. Je ne la sens peut-être pas sur mes jambes mais je la sens contre moi et c’est suffisant. Ma joue contre sa tête, je ferme à nouveau les yeux. « Si tu m’y autorises, je pourrais essayer de t’offrir à nouveau toutes ces premières fois. Ça sera différent parce qu’on est plus vraiment entiers mais ça sera nos nouveaux souvenirs. Même pour moi. »
