« On en aura d’autres, des meilleurs. » J’aimerai y croire aussi, mais je n’aurai aucune base de comparaison. Ce seront de nouveaux des souvenirs, mais des meilleurs ? Je n’en aurai aucune idée. Cela dit, c’est le principe de reconstruire. Tout raser pour mieux solidifier. Ce ne seront alors pas des meilleurs souvenirs, mais mes propres souvenirs et au fond, ça me suffit. J’acquiesce sans rien ajouter d’autre. Je déteste être aussi fragile et vulnérable. Si avec les autres, j’ai un peu de conviction, de force et la tête haute, avec lui tout s’effondre. C’est comme savoir qu’il est le seul à percer mes défenses. « Viens sur mes genoux. » Je me redresse aussitôt, les sourcils froncés. Ais-je bien entendu sa demande ? On sait tous les deux que ses jambes sont fragiles, et qu’il ne sentira rien. Que ça pourra le faire vriller, m’engueuler à nouveau et lui faire du mal. « Hein ? Non…C’est… »« Vraiment, viens-là. On en a besoin tous les deux. » Il rit presque face à mon visage peu convaincu que ce soit une bonne idée. Pourtant, ses bras ouverts m’invitent à m’y installer, et au fond, j’en ai envie. J’ai toujours envie de me blottir contre lui. J’hésite encore un peu avant de me lever, et de m’asseoir doucement sur lui. Le buste tourné vers lui, ma tête rencontre la sienne alors que ses bras m’enveloppent déjà. « Si tu m’y autorises, je pourrais essayer de t’offrir à nouveau toutes ces premières fois. Ça sera différent parce qu’on est plus vraiment entiers mais ça sera nos nouveaux souvenirs. Même pour moi. » Je sens qu’il se perd dans cette demande, que son corps est apaisé et qu’il puise en moi la force dont il a besoin. Je bouge légèrement pour glisser un bras sur son épaule, ma main venant se placer sur sa nuque. Il ouvre de nouveau les yeux, aux multiples reflets gris qui me montrent à quel point il a besoin de se raccrocher à ça. Autant que moi. C’est moi qui brise notre échange de regard, en collant mon front contre le sien et en fermant les yeux. «Oui... Je veux essayer de nous retrouver, Cameron. » J’ai juste peur de ce que l’avenir nous réserve, j’ai peur que ses sentiments trop puissants finissent par me bouffer, parce que j’ai tout acquis d’un coup et que je suis incapable de les laisser s’exprimer encore. Ni en gestes. Ni en parole. C’est trop tôt. Trop irréel. J’ai surtout besoin d’être en phrase avec moi-même avant de pouvoir ne serait-ce penser à le lui dire.
« Hein ? Non … C’est … » Elle panique à ma demande et si je ne devrais pas en rire, je le fais quand même. Un risque que je veux prendre et qui me paraît minime à côté du fait de l’avoir si proche. Et, en effet, la voir s’asseoir sans sentir son poids sur mes jambes est assez étrange. Malgré ça, aucune colère ne monte en moi. Pas la moindre trace de rancoeur et de douleur. Je suis … bien. Alors que voir les mains des médecins et des infirmières sur mes jambes insensibles me fait souvent partir dans une colère noire, là … rien. De toute manière je le pensais : nous avons tous les deux besoin de ça. Même sans que cela signifie beaucoup, un simple vrai contact entre nous deux c’est rendre nos retrouvailles réelles. « Tu vois … C’est très bien. » Je souffle sans être capable de me détacher de son regard jusqu’à la serrer un peu plus dans mes bras et profiter de cette étreinte. C’est agréable et apaisant. Tout ce dont j’avais besoin pour calmer la rage en moi. Tout ce qui m’était nécessaire pour me sentir vivant et gratter la couche de désespoir pour y trouver le semblant de raison qui me permettra de ne pas sombrer. Sentir sa main dans ma nuque provoque quelques picotements qui m’obligent à ouvrir les yeux et réaliser qu’elle est bien là, que je ne suis pas en train d’halluciner le moment. « Oui ... Je veux essayer de nous retrouver, Cameron. » Il me faut énormément de contrôle pour ne pas l’embrasser. Baby steps. Nous devons y aller pas à pas, réapprendre à nous connaître puisque nous ne sommes plus qu’une version brisée de ceux que nous étions. « Se trouver tout simplement ça peut être mieux. » Au point où nous en sommes je ne suis pas sûr que “retrouver” soit possible mais recommencer à zéro et laisser derrière ce que nous avons connu, ça me semble être une bonne idée. « Il faudra juste attendre que je sorte d’ici et que j’ai le courage de sortir comme ça. » Faire face aux journalistes et au monde entier dans un fauteuil roulant autant dire que ça ne m’attire pas du tout.
« Tu vois…C’est très bien. » J’ai un certain doute sur ça. Est-ce vraiment recommandé dans son état ? Est-ce vraiment bien que je sois assis sur ses jambes qu’il ne ressent plus ? Etrangement, il n’a pas l’air de s’offusquer de l’absence de sensation, ni ne se tends. Non, il est loin de réagir comme tout à l’heure avec l’éducateur. Tout était différent, son regard, ses épaules, sa posture. Là, il est juste…Bien ? Grâce à ma présence ? A notre proximité ? J’ose à peine y croire, et pourtant…ça me réchauffe le cœur de savoir que je suis capable de le détendre. J’ai peut-être bien fait de m’obstiner à venir alors, si je sais que ma proximité l’aide à passer de sales moments. « Se trouver tout simplement ça peut-être mieux. » Au fond, il n’a pas tord. Nous retrouver n’a aucun sens étant donné qu’on a tous les deux changé, et que pour moi…je ne l’ai jamais vraiment perdu. J’ai failli. Définitivement, même. Mais je ne l’ai pas fait. J’acquiesce doucement en songeant à cette connexion qu’on commence à trouver. Ou du moins, à échanger. « Il faudra juste attendre que je sorte d’ici et que j’ai le courage de sortir comme ça. » Ma deuxième main atterrit sa joue, la lui caresse. Mon geste est loin d’être hésitant, c’est comme si c’était un geste naturel et habituel. Ça n’empêche pas mon cœur de battre la chamade face à tant de tendresse nouvelle pour ma part. « Je serai là pour affronter ça ensemble… » Je commence à dire tout en retombant dans ses yeux. C’est si fusionnel comme moment, que j’ai du mal à encaisser ce que mon corps me dicte de faire. Il veut plus. Il a besoin de plus. Mais j’en suis pas capable. Je soupire une seconde avant d’ajouter : « Je veux juste que tu gardes espoirs» Pour lui. Pour nous deux. Des paroles que j’avais déjà écris par sms, mais que je trouvais fondamentales de le lui répéter. Sans attendre une réponse de sa part, je m’approche un peu plus de lui, et enfonce ma tête dans son cou. Son parfum m’enivre aussitôt, un parfum masculin qui lui correspond parfaitement.
Est-ce si surprenant de réaliser que l’avoir sur mes genoux sans pour autant sentir mon poids ne me dérange pas ? Alors que voir le personnel hospitalier me toucher dans tous les sens sans que je n’ai la moindre sensation me met hors de moi ? Je n’en suis pas sûr. Oliana a toujours été différente pour tout. La seule femme que je respectais en dehors de sa mère et de nos soeurs. La seule que j’acceptais dans mon lit pour des raisons stupides, la seule dont la présence avec d’autres hommes me rendait jaloux … la seule que j’ai véritablement aimé. Ça me semble même logique de le supporter, de ne pas y faire attention. Est-ce malin alors que mon corps se remet doucement de l’accident ? Peut-être pas mais pour le moment je m’en moque. Tout comme je me moque du fait qu’elle ne se souvienne pas parce que je sais qu’il y a de quoi refaire une vie sans que ça compte. « Je serai là pour affronter ça ensemble … » Petit sourire aux lèvres, je passe une main sur sa joue pour en chasser la mèche de cheveux bruns qui la barrait. « Je veux juste que tu gardes espoir » Je n’ai pas envie de lui mentir, du moins je n’ai plus envie de le faire, raison pour laquelle je soupire avant de répondre : « Pour toi et moi ça peut se faire, pour le reste … On ne peut pas trop m’en demander. » Sa tête nichée dans mon cou, je sens son souffle chaud contre ma peau et ferme les yeux, parfaitement bien. « Que je retrouve l’usage de mes jambes ou non, il faut qu’on me laisse le temps de m’adapter et je vais avoir du mal. Je ne suis pas quelqu’un d’inactif et la chose qui me permettait de me remettre les idées en place, je l’ai perdu. Laisse-moi du temps pour l’espoir. » Il faut déjà que j’accepte ma condition ce qui n’est pas encore fait, chaque chose en son temps.
Je serai là pour affronter ses moments difficiles. Sortir enfin de l’hôpital et affronter la ruée de photographe qui siège devant l’établissement ne sera pas facile. Je lutte chaque jour pour pouvoir rentrer parce que leurs questions intempestives sont dures à entendre. Est-ce que vous êtes de nouveau ensemble ? Lui avez-vous pardonné ces tromperies ? Que pensez-vous de toute cette supercherie dans laquelle vous étiez confronté ? Pour eux, je ne suis qu’une bête de foire qui leur apporte du fric. Et ça me dégoûte que des gens puissent jouer autant avec ma vie privée. Alors lorsque j’arrive, j’essaye toujours de me faire discrète, de rejoindre le corps de sécurité rapidement. Parfois lorsqu’il y a quelqu’un, je passe par l’entrée de service escorté par l’un d’eux. Parce que c’est invivable. Je sais simplement que ce sera encore plus difficile quand Cameron sortira d’ici. En chaise roulante, en plus. Je ne sais pas comment il aura le courage d’affronter ça, dans quel état ça le mettra, je sais juste que je serai là pour l’accompagner. Sa main sur ma joue dans une caresse tendre me fait frissonner et me donne envie d’être pleinement contre lui. « Pour toi et moi, ça peut se faire, pour le reste…On ne peut pas trop m’en demander. » Je prie chaque jour pour qu’il retrouve sa motricité, et tout ce qui le rend heureux. 50% de chances, c’est 50% à espérer qu’il redevienne un homme entier. « Que je retrouve l’usage de mes jambes ou non, il faut qu’on me laisse le temps de m’adapter et je vais avoir du mal. Je ne suis pas quelqu’un d’inactif et la chose qui me permettait de me remettre les idées en place, je l’ai perdu. Laisse-moi du temps pour l’espoir. » Conduire. Il a toujours aimé ça, et perdre cette constante va sans doute le détruire. Il va devoir se reconstruire sans, s’il perd l’usage de ses jambes définitivement. Seulement, même moi je n’imagine pas Cameron sans une voiture. Pourtant… Je me redresse, capte son regard et vient d’une main hésitante caresser sa tempe. « Ça change rien pour moi… » J’humecte mes lèvres, le cœur battant par ce que je vais dire : « Que tu retrouves l’usage de tes jambes ou non, t’es toujours le même homme pour moi »
Je ne sais pas ce que je vais devenir si je ne conduis plus. Piloter c’est ce qui m’a sauvé, ce qui m’a empêché de devenir plus que le petit con que j’étais à l’époque. Ça m’a donné un but, une perspective d’avenir. Sans compter que, derrière le volant, j’oublie tout. Concentré sur la route, sur ma course, ça me permet de faire le vide dans ma tête et de me sentir mieux. Perdre ou gagner, je sors souvent le sourire aux lèvres et de bonne humeur. Comment vais-je faire si je n’ai plus ça ? J’ai toujours ma compagnie et mon travail reste lié aux courses mais … ce n’est pas pareil. Je tente d’y penser le moins possible mais coincé dans cet hôpital à la con, je n’ai rien d’autre à faire et ça me fout en pétard. La main d’Oliana qui caresse ma tempe me sort de mes pensées et, par automatisme, je souris. Très discrètement, mais je souris quand même. « Ça change rien pour moi … » Ne sachant pas ce qu’elle entend par-là, j’arque un sourcil, et la laisse continuer. « Que tu retrouves l’usage de tes jambes ou non, t’es toujours le même homme pour moi » Mon regard ne la quitte plus. Ce n’est peut-être pas grand-chose mais pour moi ça signifie énormément. Elle pourrait ne pas vouloir supporter un type brisé, un type en fauteuil, je ne pourrais pas la blâmer. « Merci. » Je souffle en tournant la tête pour embrasser la paume de sa main. « Mais t’es certaine de vouloir supporter mes sautes d’humeur et ma rééducation ? Ca ne va pas être facile, tu sais que j’ai un sale caractère et le petit espoir qui revient, je veux pas le briser parce que je serais insupportable. » Je m’estime déjà très chanceux de l’avoir de nouveau dans ma vie, je ne voudrais pas tout gâcher.
Le léger sourire qu’il m’offre lorsque je caresse sa tempe me surprend et réchauffe mon cœur à la fois. Je ne sais pas comment mais j’ai définitivement réussi à l’apaiser et à lui faire changer les idées. D’une certaine manière, je suis contente d’être venue même si c’était mal parti. Si je n’avais pas été là, il aurait ruminé tout seul dans coin, aurait été une bombe à retardement et aurait envoyé valser n’importe qui l’approchant. « Merci. » Il embrasse la paume de ma main, et ça électrifie tout mon corps. Des petits picotements partout, comme des vieilles sensations qui me submergent. J’ai pendant une seconde le sentiment d’être habitué à ce geste aussi simple d’un baiser. Alors, c’est ça… ? Ce que je ressens lorsqu’on est si proche physiquement ? Ou est-ce juste un petit aperçu de tout ce qui peut éveiller en moi ? Je suis à la fois curieuse et terrorisée d’en découvrir plus. Il reprend, m’arrachant à mes indécisions : « Mais t’es certaine de vouloir supporter mes sautes d’humeur et ma rééducation ? Ca ne va pas être facile, tu sais que j’ai un sale caractère et le petit espoir qui revient, je veux pas le briser parce que je serais insupportable. » Je scrute son regard une seconde, ramassant mes idées avant qu’un couple ne passe par là, un aussi malade puisque se trimballant une perfusion. Je les regarde une seconde tout en ajoutant : « Oh, je suis pas prête… » C’est franc et sincère, et je sens qu’à ses épaules il se contracte, ce qui me ramène vers lui. « Avant de savoir…j’étais persuadée de manquer quelque chose d’important dans ma vie, sans pouvoir l’identifier. Après, malgré les kilomètres entre nous, j’avais toujours cette sensation de manque et d’absence. Et…quand j’ai cru… » Mes yeux se floutent sous les souvenirs douloureux qui remontent. « Quand j’ai cru ne plus pouvoir te voir, j’ai compris que c’était toi. C’était toi dont j’avais besoin. Je suis pas prête à affronter tes sales caractères, mais je suis encore moins prête d’être loin de toi. »
Ma condition, je ne veux l’imposer à personne. Ce n’est pas pour rien que je ne voulais voir personne. Non seulement je peine à accepter les choses mais je sais être désagréable. A quoi bon les laisser s’approcher de moi si c’est pour être bougon et les envoyer promener à chaque fois ? De mauvaise humeur je peux être mauvais et la dernière chose dont j’ai envie c’est de blesser quelqu’un parce que je vais mal. Je sais que, par exemple, Maxyne a dû mal à accepter la distance que je leur impose, mais pour le moment c’est mieux pour eux et c’est mieux pour moi. Une preuve supplémentaire qu’Oliana est une exception. Oh je n’étais pas ravi de la voir en sortant de la salle mais maintenant que je suis plus ouvert à la discussion, elle apaise l’animal blessé que je suis. « Oh, je suis pas prête … » Et moi je ne l’étais pas à l’entendre être aussi directe. C’est mérité cela dit même si je me tends un peu, presque apeuré à l’idée qu’elle me dise que si je ne fais pas plus d’efforts, elle partira. « Avant de savoir … j’étais persuadée de manquer quelque chose d’important dans ma vie, sans pouvoir l’identifier. Après, malgré les kilomètres entre nous, j’avais toujours cette sensation de manque et d’absence. Et … quand j’ai cru … » Je déglutis sans dire un mot. Je n’ai pas eu le courage de voir les images de l’accident mais étant donné la violence dont je me souviens, ça n’a pas dû être beau à voir. « Quand j’ai cru ne plus pouvoir te voir, j’ai compris que c’était toi. C’était toi dont j’avais besoin. Je suis pas prête à affronter ton sale caractère, mais je suis encore moins prête d’être loin de toi. » Mon regard la scrute. Il ne cherche pas une preuve de sincérité, je n’en ai pas besoin, mais il analyse malgré tout. « J’ai besoin de toi. » J’ignore d’où ça sort mais l’avouer me soulage plus que je ne le pensais. Je me racle toutefois la gorge et continue : « J’ai toujours eu besoin de toi, Ollie. Même avant notre couple, tu me remettais sur les rails comme personne et tu n’as jamais eu peur de me rentrer dedans quand je dépassais les bornes. Sans toi … J’ai dépéris et j’ignore si j’aurais tenu encore longtemps comme ça. »
Son regard se fige sur moi. Je ne sais pas ce qu’il essaye d’y trouver, mais j’ai cette impression que ces paroles l’ont atteint au plus profond de lui. Pourtant, je suis plus que sincère dans cette vérité. J’ai toujours eu besoin de lui, depuis ma plus tendre enfance. Mais depuis l’accident, c’est étrange cette sensation. Ce manque pas identifiable et pourtant présent. Qui a dit que le corps n’avait pas de mémoire ? Qui a dit que le cœur oubliait facilement sa raison de battre ? Je l’ai assimilé doucement, parce que je ressentais pour Cameron était trop puissant et violent pour ma raison. Sans m’en souvenir, je sais que mes sentiments sont encore là. Ils n’attendent simplement que d’être libérer. « J’ai besoin de toi. » Le ton de sa voix me noue l’estomac. C’est plus un aveu qui sort de ses tripes, un aveu qu’il aurait aimé dire depuis bien longtemps mais qu’il faisait taire pour ne pas se faire du mal. « J’ai toujours eu besoin de toi, Ollie. Même avant notre couple, tu me remettais sur les rails comme personne et tu n’as jamais eu peur de me rentrer dedans quand je dépassais les bornes. Sans toi…j’ai dépéris et j’ignore si j’aurais tenu encore longtemps comme ça. » C’est là que ça me frappe. Que ces mensonges le bouffaient vraiment, qu’il sait sans doute détester pour ce qu’il faisait, et qu’il a abandonné sa raison pour me garder en vie. Oh, il me l’a dit maintes fois, mais la sincérité dont il fait preuve maintenant, principalement dans ses yeux, me brise le cœur. Je me pince les lèvres, en sentant une larme perler sur ma joue avant de laisser mes mains repasser sur sa nuque et de coller mon front au sien. « J’ai aussi dépéris sans toi. »D’une autre manière, plus abstraite, pas très évidente à saisir, mais les morceaux du puzzle commence à s’assembler. J’ai cette envie de lui montrer, de lui redonner cette espoir. Même les yeux fermés, je sens l’attraction de ses lèvres sur les miennes. Je ressens mon cœur qui me pousse encore à ça, et ma tête qui m’affirme que c’est trop tôt. Ce ne serait pas bien. Surtout lorsqu’on est tous les deux aussi mal. Je capitule en soupirant avant de me redresser : « J’ai… » Je commence presque trop gênée : « J’ai besoin de me décoller de toi, c’est trop...violent ce que je ressens. J’ai du mal à tout assimiler. »
« J’ai aussi dépéris sans toi. » J’avale difficilement ma salive. Savoir que je lui ai fait du mal alors que j’ai toujours voulu la protéger ça ne me plait pas. Ça me fait du mal et me pousse à me haïr un peu plus. J’ai été un abruti de première et un égoïste. Certes, je voulais m’assurer qu’elle reste de ce monde mais à quelles conditions ? Lui mentir et la priver de ses souvenirs ce n’était pas l’aider et puisqu’il n’y a que les idiots pour ne pas changer d’avis, je sais maintenant que si c’était à refaire je ferais les choses différemment. Je n’en ai pas le pouvoir mais je peux au moins essayer de bien agir à partir de maintenant. Mon silence lui répond. Je me perds dans l’instant, dans cette sensation d’apaisement qui me gagne. Après tout ce temps, après les mots parfois durs que nous nous sommes échangés, je ne pensais pas avoir le droit à ce petit moment parfait de paix. Je m’y accroche désespérément tout en sachant que toute bonne chose a une fin. Mais je suis bien, Oliana contre moi, son souffle contre ma peau … jusqu’à ce qu’elle se redresse et s’éloigne. « J’ai … » Arraché à mes pensées, je le regarde sans comprendre ce qui se passe. « J’ai besoin de me décoller de toi, c’est trop … violent ce que je ressens. J’ai du mal à tout assimiler. » Oh … Pendant une dizaine de secondes je ne dis rien et la laisse s’éloigner, reprendre la place qui était sienne tout à l’heure. « C’est pas grave, Ollie. On va faire ça pas à pas. » Ce qui ne m’empêche pas de prendre sa main dans la mienne. Je veux qu’elle sache que cette fois je ne la repousserai pas, que je compte me rattraper et lui prouver que j’en vaux le coup. « Je ne te mettrais jamais la pression, tu le sais ? De toute manière il va falloir être patiente avec moi mais on a qu’à faire ça ensemble … à notre rythme. »
