ZOEY | love to see you again

Mardi 14 janvier 2020
@Zoey Del Aguila

Zoey. Une personne qu'il semblait connaître depuis un bon bout de temps. Mais sa mémoire lui faisant défaut, il ne se souvenait même pas de son visage. De ce que lui avait raconté sa famille, elle avait été très insistante pour revoir Spoon. Ça avait attisé sa curiosité, Spoon n'avait pu s'empêcher d'avoir envie de la contacter. Ce qu'il fit après avoir fouillé son répertoire pour la centième fois, retrouvant ainsi son numéro. Mais ce ne fut pas sans stress. Peut-être que finalement, elle ne voulait pas le revoir. Peut-être qu'elle avait abandonné cette idée. Ses parents lui avaient dit qu'elle savait quant à sa mémoire. Alors, il n'avait pas trop de stress à avoir par rapport à ça.

Après quelques messages envoyés, le rendez-vous était convenu. Le Chipped Cup, à Manhattan, un quartier que Spoon côtoyait beaucoup au vu de son statut familial. Mais également de son statut professionnel. Il était un auteur à succès, après tout. Heureusement, personne ne l'abordait dans la rue, il préférait garder un certain anonymat afin de pouvoir se balader tranquillement.

Ainsi, le jour du rendez-vous, il arriva plutôt tôt. Convenu à seize heures, il était arrivé à quinze heure quarante-cinq et s'était commandé un simple soda. Il avait emporté un de ses carnets et travaillait dessus en attendant, mais il n'était que très peu concentré. Il relevait souvent la tête pour chercher du regard une fille qui le reconnaîtrait et qui viendrait vers lui. Avait-il hâte de la rencontrer ? Bien sûr. Cette femme l'intriguait beaucoup et il voulait comprendre pourquoi.

Quand j'avais appris pour son accident, je m'étais hâté d'aller le retrouver à l'hôpital. Bien sûr que non, je ne m'inquiétais pas pour lui, j'aurais fais ça pour n'importe qui. Une fois là-bas, j'avais eu un peu peur de croiser mon ex, puisqu'il était le parrain de Spoon et qu'ils sont assez proches. Heureusement, il n'était pas présent, mais les parents de Lawson ne m'avaient pas laissé pour autant approcher leur fils. En réalité, je peux les comprendre, étant donné ma relation avec la famille, c'était assez tendu, et ils ont d'ailleurs du se demander pourquoi je me trouvais là. Pourquoi j'avais été voir Spoon.
Non, je n'avais pas souris en voyant un message me demandant si je voulais qu'on se voit. Non, je n'avais pas passé deux heures dans la salle de bain pour me maquiller. Non, je n'avais pas décidé de porter ni mon parfum ni ma tenue préférée. Pourquoi faire? Et puis même si c'était le cas, rien à voir avec Lawson. Je fais tout ça pour me plaire à moi, et non pas pour plaire aux autres. Le bruit de mes talons raisonna dans le Chipped Cup lorsque je rentrai dans le café décoré comme dans mon compte de fée préférée. Je me pinçais les lèvres rouges en apercevant le brun au fond du café, occupé, comme bien souvent, à écrire dans son stupide carnet. Je soupirai un grand coup avant de m'approcher. Je ne m'asseyais pas tout de suite, mais posai mon sac à côté du siège en face du beau jeune homme. « Alors, Lawson, » je dis en essayant de garder la voix la plus impassible possible. « on m'a dit que tu as perdu la mémoire. » J'essayais de contenir un léger sourire en coin qui tentait de se former sur mon visage, en vain. « Même de moi, tu ne te souviens pas? »

Zoey avait été la rare personne à avoir autant insisté pour aller le voir à la clinique. Mais les parents de Spoon étaient têtus, eux aussi. Tant et si bien qu'ils ne laissèrent pas Zoey voir Spoon. L'auteur avait donc été intrigué par cette personne mais s'était gardé de l'appeler avant sa sortie de la clinique. Il n'avait aucune envie de voir ses parents en colère. Alors il avait tout simplement attendu sa sortie, puis sa petite indépendance afin de pouvoir lui proposer de se voir en toute tranquillité. De plus, il n'avait pas fait appel à Camelia. Zoey était au courant de sa perte de mémoire, inutile donc d'avoir cette assistante à ses côtés, indiscrète à souhait.

Lorsque cette femme rentra, Spoon la remarqua tout de suite. Elle était différente des autres. C'était comme si elle apparaissait en couleur dans un monde en noir et blanc. Elle faisait tache, sans paraître tache. Spoon baissa les yeux, intimidé. Le regard rivé sur son carnet, il se racla la gorge et secoua la tête pour se remettre au travail. Mais alors qu'il essayait de relire la même phrase en vain, il vit de sa vision périphérique un sac à main atterrir sur le siège en face et entendit une voix raisonner, prononçant son nom de famille.

Il releva alors son regard sur la belle jeune femme qu'il avait repéré tout à l'heure. Son sourcil se leva, il resta un petit instant bouche bée devant elle alors qu'il écoutait ses paroles. Il eut un léger sourire en coin sur son visage, avant de hausser les épaules. « On dirait bien... Et j'crois que ça me désole tout autant que toi. » Spoon referma ses carnets, il les rangea même dans son sac, de toute façon il n'en avait plus besoin maintenant que Zoey l'intimidante était arrivée. Il attendit qu'elle prenne place en face de lui, en profitant pour observer son visage d'un peu plus près.

Spoiler:

J'examinais Spoon le regard joueur. Même si je n'osais pas l'admettre, j'avais toujours adoré détester l'écrivain. Surtout qu'il savait ce que je voulais, bien que je ne l'avais jamais dis, je ne voulais même pas le penser. La problème étant, avec son accident, il n'avait pas la moindre idée de qui j'étais ni de comment j'étais rentrée dans sa vie. Enfin, était-ce un problème, vraiment? Je n'avais pas décidé encore, allais-je profiter de la situation? Avant même de m'asseoir et jubilant à la vue de son regard, et surtout, de son sourire, je tendis la main vers lui, attendant qu'il me la serre. « Des présentations s'imposent, je présume, » je déglutis puis souris enfin, « Zoey Del Aguila, ta pire ennemie. » J'appréciais le regarder de haut, le voir lever la tête vers moi. J'ignorais le serpent qui se baladait dans mon ventre en observant chaque tâche de rousseur sur son nez. Je ne pus empêcher mon sourire de rester figé sur mon visage, j'étais bien heureuse de le voir enfin, et surtout, de voir qu'il allait bien. « Raconte-moi, Lawson, qu'est-ce qui t'es arrivé exactement? » Je me raclai la gorge avant d'ajouter, ma confiance en moi chutant d'un seul coup, « Parce que j'ai essayé de demander à Vincent et hum... il n'a évidemment pas voulu me répondre. » En même temps, il en avait fallut du culot pour l'appeler. Mais je voulais des nouvelles de Spoon à tout prix et ses parents ne m'avaient pas laissé le voir à l'hôpital, alors, j'avais pris mon courage à deux mains et recontacté l'homme de qui j'avais profité. Je m'assis enfin sur le petit fauteuil alors qu'il me répondait, mes yeux ne quittant à aucun moment les siens.

Spoiler:

Oui, Spoon était désolé de ne pas la connaître. Dans cet endroit, elle était remarquable. Les gens étaient fades mais pas elle. Spoon se sentait étrange, il avait une attirance particulière pour elle sans qu'il ne puisse expliquer pourquoi. Pourtant, il ne la connaissait pas... Enfin, si. Il la connaissait, mais c'était pendant sa vie antérieure. Quand il avait encore toute sa mémoire. Maintenant, c'était plus compliqué. Enfin, il était quand même content qu'elle ait accepté de le voir, même s'il avait été assez confiant qu'elle viendrait au vu de ses efforts pour le voir pendant qu'il était à la clinique.

Sa présentation le fit froncer les sourcils tandis qu'il serrait sa main avec délicatesse. « Pire ennemie ? J'ai pas l'impression de te détester, pourtant. » dit-il alors avec un sourire en coin. Pour le moment. Il la laissa s'installer en face de lui en prenant une gorgée de sa boisson, puis il se mordilla la lèvre à sa question. Lorsqu'elle mentionna Vincent, de nouveau, il fronça les sourcils. Il avait quelques questions à lui poser mais d'abord, il fallait qu'il réponde à la sienne. « Ben... J'me suis fait renverser par une voiture. J'ai été dans le coma quelques semaines puis quand je me suis réveillé... Plus rien. Du coup, mes parents m'ont enfermé dans une clinique pendant toute une année, le temps que je réapprenne tout ce qu'il fallait apprendre. » Parce qu'il n'avait pas fait qu'oublier son entourage. Non, il avait tout oublié. « Alors, raconte-moi à ton tour. Comment on s'est connu ? Et comment tu connais Vincent, surtout ? J'ai besoin de savoir. »

Une fois qu'il eu serré sa main, je la lâchais doucement, si doucement que nos mains se caressèrent brièvement. Le sourire sur mes lèvres s'agrandit lorsqu'il me dit qu'il n'avait pas l'impression de me détester, ce à quoi je ne pus m'empêcher de répondre d'une voix un peu plus basse mais sans pour autant moins confiante, « Oh je n'ai pas dis que tu me détestais, Spoon. » Je prononçais rarement son prénom, surtout lorsque j'étais en face de lui. Et malgré tout, je l'aimais bien ce prénom, il était doux et innocent. J'hochais la tête lorsqu'il répondait à ma question, et c'est là qu'il me demanda de lui parler de notre rencontre. Je mis quelques secondes avant de me mettre à parler. Comment allais-je procéder ? Comment allait-il réagir si je lui disais la vérité ? Est-ce que je me souciais vraiment de ce qu'il allait penser de moi ? Pourquoi faut-il que ce soit arrivé à lui et pas à quelqu'un d'autre ? C'était quoi la bonne décision à prendre ? « Vincent... et moi sommes sortis ensemble. Pendant... longtemps. » Je soupirai et baissais les yeux, trop peur de voir son visage changer. J'aimais tellement le regard qu'il me portait, le sourire qui se trouvait au coin de ses lèvres. Mais je choisi l'honnêteté. « T'aimais pas notre relation. » Puis, je replongeais mes yeux dans les siens. « En même temps, ça n'a jamais été lui que je voulais. » Mais j'avais pas le choix. J'avais besoin de l'argent qu'il m'avait apporté. Sans lui, jamais je n'aurais pu intégrer la Make Up Forever Academy. Jamais je n'aurais pu devenir la femme que j'étais devenue.

Ce doux contact eut pour effet de faire frissonner Spoon des pieds à la tête. En même temps, il n'aurait jamais pensé qu'une aussi belle fille le fréquentait. Il n'avait qu'à se regarder pour se dire qu'il avait de la chance d'avoir traîner avec elle. Enfin, pour le moment, il ne savait pas trop à quoi s'en tenir puisqu'ils ne connaissaient pas la nature de leur relation. Il eut un léger sourire lorsqu'il l'entendit prononcer son prénom, puis raconta son accident et enfin, posa ses questions. Au vu du temps qu'elle mettait à répondre, Spoon eut des craintes.

Et il avait raison. La suite ne lui plut pas. Il savait que Vincent était marié depuis des lustres et que son mariage tenait encore. Aucun divorce à l'horizon. Alors, il fronça les sourcils. Vincent avait donc trompé sa femme avec Zoey. Mais ce qui l’intrigua le plus, ce fut la suite, encore. Bon, c'était certain qu'il n'aimait pas leur relation, même là, il ne l'aimait pas. Mais que voulait-elle dire par "ça n'a jamais été lui que je voulais" ? « Attends... Pourquoi t'es sortie avec si tu voulais pas ? » Pourquoi se forcer ? Pourquoi balayer toute morale alors qu'on ne veut pas d'une personne ? Soudain, il comprit. Il n'était pas bête et savait à quel point sa famille était fortunée. « Pour l'argent ? Tu avais besoin d'argent. C'est ça ? Est-ce que tu as profité de lui, Zoey ? » Son regard était interrogateur. A la fois, il avait peur de la réponse et la connaissait déjà. Mais il ne voulait pas juger. Il voulait connaître la raison profonde de ce qui l'avait poussée à faire ça.

Je ne l'aurais avoué à personne, mais j'avais peur. J'avais peur du regard que Spoon pouvait avoir sur la situation, je ne voulais pas qu'il change. Je ne voulais pas qu'il me juge, et Dieu sait que beaucoup jugent ce que j'ai fais. Mais je ne m'en suis pas cachée, et je ne suis pas fière de ce que j'ai fais à cette femme que je ne connaissais pas, mais je n'avais pas le choix. « Oui, pour l'argent. » Je soupirais et me redressais sur la chaise, je ne voulais pas montrer de signe de honte. « C'est toujours ce que tu as dis, que j'ai profité de lui. Mais ce que personne ne veut entendre, c'est qu'il n'était pas aveugle ni stupide, il savait pourquoi j'étais là. » J'haussais les épaules et me pinçais les lèvres, pourquoi mon coeur battait si vite ? « Tu comprends bien pourquoi je ne suis pas populaire chez les Lawson. » Je m'attendais à tout. Surtout que, j'avais lu un peu sur le sujet avant de rejoindre Spoon dans ce café. Je savais qu'une perte de mémoire pouvait également altérer la personnalité de quelqu'un à son réveil, donc il pouvait réagir n'importe comment. Je jouais avec la poignet de mon sac à main, désormais posé à mes pieds, anxieuse. En même temps, il fallait bien qu'il comprenne ce que je faisais là, à lui dire la vérité. J'aurais pu lui mentir, jouer avec lui, mais je ne pouvais pas lui faire ça à lui.

Spoon n'avait jamais été stupide. Il était doté d'une certaine perspicacité, mais également, une petite naïveté. C'était bien la raison pour laquelle il ne voulait pas la juger trop rapidement. Il avait l'espoir qu'elle ait une explication. N'importe laquelle. Juste une explication. Ses mots tombaient petit à petit, Spoon voyait bien qu'elle commençait à être stressée. L'était-elle parce qu'elle avait honte ? Ou bien parce qu'elle avait peur du regard de l'écrivain ? Il écouta encore. Le regard dans le vide, il tentait de comprendre la situation. Zoey avait profité de Vincent, mais était-il vraiment tout blanc, lui ?

Il hocha la tête à sa question. Oui, il comprenait sa réputation dans la famille. Mais si, auparavant, il l'aurait accusé sans grand ménagement pour ses actes, aujourd'hui, il ne se sentait pas de le faire. Elle avait raison : Vincent aussi était coupable. Ils étaient deux dans ce couple. D'un côté, Zoey, profitant de l'argent de son parrain. De l'autre, Vincent, profitant du corps de Zoey. Contre de l'argent. Il ne trouvait pas ça très orthodoxe. Son dos s'affaissa sur le siège dans un long soupir. « Est-ce que tu le fréquentes encore ? » Le regard enfin relevé vers le visage de Zoey, Spoon attendit sa réponse. S'il avait pu décider de faire une croix sur son passé, peut-être qu'il le pourrait aussi sur le passé de Zoey... Si tant est que cette histoire soit vraiment du passé.

Il m'écoutait silencieusement. Pas de regard méchant, pas de poing ni de dents serré, une simple oreille attentive. Il me semblait qu'il attendait de tout savoir avant de se faire une opinion. « Non. Je ne lui avais pas parlé depuis des mois avant que... »  je soupirai une nouvelle fois, « avant que j'entende parler de ton accident. Je l'ai appelé pour avoir de tes nouvelles. Mais, certainement pour ne pas énerver sa femme, il m'a raccroché au nez quand il a reconnu ma voix. » Notre relation s'était terminée comme un accord: Spoon et sa famille venaient de découvrir cette aventure, en avaient parlé à la femme de Vincent, il ne voulait plus faire de mal à sa femme, et même si j'avais encore besoin d'argent, après avoir rencontré Spoon -qui ne m'avait pas ménagé dans ses accusations- je n'avais étrangement plus envie de passer du temps avec Vincent.  « Ca fait un peu moins d'un an qu'on a arrêté de se fréquenter, » quand je t'ai rencontré, pensais-je sans le répéter à haute voix. Je lâchais mon sac à main et croisais mes doigts. Je n'avais aucune idée de ce qui pouvait se passer par la suite. L'évolution de la discussion ne me paraissait pas claire. Où es-ce que cela allait nous mener ?