ZOEY | love to see you again

Spoon était assez confiant sans savoir pourquoi. Peut-être était-ce parce qu'il sentait bien cette attirance qui les liait. En tout cas, lui, il était attiré par Zoey. En même temps, qui ne pourrait pas l'être ? Mais c'était particulier. Ce n'était pas comme n'importe quelle jolie fille qu'il pourrait croiser dans la rue, non. C'était... Étrange. Et c'était comme si Spoon avait en tête de la séduire. Inconsciemment ? Peut-être pas. Peut-être qu'il savait ce qu'il voulait et qu'aujourd'hui, c'était elle qu'il voulait.

Quand elle arriva, Spoon se tourna vers elle et sourit en entendant son rire. « Il faut bien que j'essaie d'arriver à ta hauteur. » pour tenter de te séduire, rajouta-t-il dans sa tête pour lui seul. Il tapota la place libre à côté de lui sur laquelle était placée une couverture chaude en laine. Il en avait pris deux, une pour Zoey et une pour lui, la sienne étant déjà placée sur ses jambes. Il ouvrit alors la bouteille de champagne en laissant Zoey s'installer pour remplir les deux coupes. « Ce soir, on va admirer le coucher de soleil de New-York ! Sur ton spot préféré en plus. Rien de plus simple que ça. » Et pourtant, si beau.

Pourquoi n'arrivais-je plus à m'empêcher de sourire ? Pourquoi je me sentais si calme, apaisée ? Ce n'était habituel. Ce n'était pas normal. Rien de tout ça n'était normal. Mais pourtant ça me semblait si logique à la fois. Son sourire, son regard, c'était comme si c'était planifié. Comme si c'était écrit. Bien qu'anormal, ça devait arriver. Je m'assis juste à côté de lui, sans le lâcher une seconde du regard. J'attendais de voir ce qu'il comptait faire, je n'avais pas bien l'habitude d'être à cette place, mais il faut bien dire que ça ne me déplaisait pas. « A ma hauteur ? », je répondis, un sourire en coin toujours présent, « Oh, Lawson je ne sais pas trop si tu y es déjà, il va peut-être falloir un tout petit peu plus, » ce que je pensais en réalité, c'était que tout ça: le champagne, les jolis mots, c'était déjà trop. Je ne voulais juste pas paraître trop facile, je voulais garder un peu de contrôle, même si pour le coup, je me laissais porter totalement. Je m'installais confortablement sur la nappe à ses côtés alors qu'il remplissait les coupes. « La simplicité est ce qu'il y a de mieux bien souvent. » Je cherchais à voir où même il allait mener la conversation, parce que jusque là, le nouveau Spoon me plaisait beaucoup.

Si Spoon n'était pas dans la tête de Zoey, il voyait bien qu'elle était contente de cette petite soirée improvisée en quelques heures. Il aurait aimé savoir ce qu'elle en pensait mais il préférait plutôt se concentrer sur le moment présent et éviter de se prendre la tête. Il eut un petit rire à ses mots et secoua légèrement la tête. Il reprit ensuite une expression sérieuse, faussement pensive. « Mh, je vois. Et que dirais-tu d'une tarte aux fraises avec ce champagne ? Ça relèverait mon niveau là ? »

Un nouveau sourire, puis Spoon ouvre la bouteille. Il fit de son mieux pour ne pas en renverser partout, reposa la bouteille et tendit son verre en hochant la tête. « Tout à fait ! La vie est déjà trop compliquée pour qu'on en rajoute. » Son sourire ne mourait pas. Il se sentait bien ici, en paix. Et ça faisait du bien de sortir de son quotidien d'amnésique le temps d'une soirée. Alors, il lâcha un long soupir en levant sa coupe, plongeant son regard bleuté dans celui de Zoey. « A notre nouveau départ ? »

Je souris un peu plus lorsqu'il me parlait d'une tarte aux fraises. Je fis mine de réfléchir avant de lui répondre « Disons qu'avec ce genre de douceurs tu frôles la perfection. » Observant son sourire, je me rendais compte d'à quel point je mourrais d'envie de les embrasser. Mais je ne bougeais pas, pas question de retourner la situation, si pour une fois je pouvais rester assise et me laisser aller, je n'allais pas me gâcher ce plaisir. Le plaisir de se laisser séduire par celui qui, je pouvais enfin le dire, me plaisait beaucoup.
Je pris la coupe que l'écrivain me tendait, et hochait la tête à mon tour, « Oh oui, tu n'as pas idée, » ma vie également était compliquée, surtout en ce moment: entre le retour de Raven, mon incompréhension face à cette situation, ma colère envers Janae, et même l'accident de Spoon, mes émotions n'avaient pas été épargnés ces derniers temps. Mais je ne voulais pas penser à ça ce soir là, je voulais simplement me perdre dans le beau regard de Lawson et penser un peu à moi. « A notre nouveau départ, »je levais ma coupe également avant de prendre une gorgée de champagne, boisson alcoolisé qui était la seule que je buvais, d'ailleurs.

C'était rare, que Spoon ait autant le sourire, pendant si longtemps sans le perdre. Parfois, quand il l'avait, il le perdait à un moment où à un autre en se rappelant qu'il avait tout perdu dans sa vie. Ses souvenirs, ses amis, son métier, jusqu'à son identité. Mais il venait de prendre une bonne initiative avec Zoey. Un nouveau départ est quelque chose dont les gens peuvent souvent rêver. Et Spoon avait la possibilité de le faire maintenant. « Je la frôle seulement ? J'aurais bien aimé l'atteindre quand même. Si proche et pourtant si loin... » Son sourire devint un peu plus taquin. Il pinça ensuite les lèvres. Zoey reconnaissait avoir une vie compliquée, il aurait aimé lui dire qu'elle pouvait en parler avec lui mais il n'avait aucune envie qu'elle se replonge dans son quotidien maintenant, alors que la soirée démarrait si bien.

Enfin, il leva son verre et trinqua au nouveau départ. Les verres tintèrent entre eux et il but une gorgée de cette boisson pétillante alors que son regard l'était tout autant. Spoon se mit à observer l'horizon. Le soleil se couchait, le ciel était d'un orangé sublime. Son sourire se calma quelque peu sans mourir. Il devint seulement très fin. « Je me demande bien ce que je vais pouvoir faire pour me surpasser au prochain rencard... » dit-il alors d'un air taquin, buvant une autre gorgée de champagne et se redressant pour faire mine de n'avoir rien dit. « J'ai préparé des petits canapés pour l'entrée. Il y en a au foie gras et au saumon, et quelques uns au caviar aussi. Tu en veux ? » dit-il alors en sortant une petite assiette pleine de canapés bien garnis, enveloppés dans un peu d'aluminium pour conserver la saveur.

Je ne me rendais en réalité très peu compte de ce qui m'arrivait. Je n'avais absolument pas l'habitude, mais ça ne me déplaisait pas le moins du monde. Je ne savais pas pourquoi je n'arrivais plus à lâcher Spoon du regard. Ses yeux d'un bleu perçant, ses tâches de rousseurs qui soulignent la douceur de son visage, un sourire dessiné sur des lèvres que je... que je... J'avais perdu le fil, je n'avais pas vraiment écouté sa réponse, je m'étais noyée dans mes pensées, et c'est pourquoi je ne réagis même pas à ce qu'il m'avait répondu et ne fis qu'hausser les épaules. Je ne voulais pas non plus qu'il voit à quel point j'étais déboussolée, il était hors de question de lâcher prise à ce point là. Je tenais à garder un minimum la tête sur les épaules.

Une gorgée de champagne, et je fermais les yeux je profitais du vent qui dansait sur le bout de mon nez. L'ambiance était calme, j'étais calme. La nervosité avait quitté chaque centimètre carré de mon corps, j'arrivais à respirer doucement, profondément. Une seconde gorgée de champagne, sans avoir eu besoin d'ouvrir les yeux et, pile au moment où j'allais déglutir, Spoon se demanda à voix haute "ce qu'il allait pouvoir faire au prochain rancard pour se surpasser". Je ne vais pas vous mentir, les bulles ont faillis passer par le mauvais trou. Mais je fis de mon mieux pour rester calme bien que je ne savais plus trop où me mettre. Je n'avais pas l'habitude de succomber à des hommes qui me plaisaient vraiment, et ça me faisait vraiment tout drôle. Il me proposa, l'air de rien, des petits canapés qu'il avait préparé au préalable, et pas n'importe quels amuse bouches, il ne se foutait vraiment pas de moi. Je souris un peu et hochais la tête, « Avec plaisir, merci, » répondis-je en regardant l'assortiment devant moi. J'hésitai un peu, mais optais pour l'option "foie gras" sans trop me faire prier. Après avoir terminé ce délicieux toast, je posais une question qui m'avait démangé de poser depuis quelques heures maintenant. « Tu écrivais quoi ? » je me redressais un peu et reposais enfin mon regard sur ses yeux, « Tout à l'heure, au café quand je suis arrivée ? » J'avais beau faire la dure, l'art et moi, c'était une histoire d'amour. Même si je ne lisais pas énormément, je savais apprécier la bonne littérature, et j'avais toujours voulu lire un écrit de Spoon, mais je ne m'y étais jamais résolue.