now i'm fucked up and i'm missing you. (noor)

Je ferme les yeux en l’écoutant. Elle a raison, c’est bien pire notre situation maintenant que je viens d'avouer l’aimer toujours autant qu’avant. Plus on parle, plus on reste accroché et plus je souffre. Et en même temps, je me dis que toutes les souffrances du monde valent la peine d’être vécu lorsque Noor prononce les mots magiques. Ces mots qui m’ont toujours fait vibrer, ces mots qui font battre mon cœur à vive allure : "Je t’aime". Elle m’aime toujours et, bordel, c’est fou comme ça me fait du bien de le savoir. J’ai tellement peur qu’un jour, elle ne ressente plus rien pour moi. Je sais que ça serait sûrement le mieux pour nous, pour elle surtout, mais je ne veux pas que ça se produise. On ne peut pas être ensemble, on ne doit pas, mais je ne peux pas imaginer un seul instant la partager avec un autre. Je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’un jour elle puisse en aimer un autre plus que moi. C’est tout simplement impossible. La demoiselle s’allonge à mes côtés, collée à moi et la tête sur mon épaule. Ma main se glisse au creux de son dos, tandis que mon autre bras vient entourer sa taille pour conserver notre proximité. Elle me dit avoir peur et je reste silencieux, attendant la suite sans broncher. Parce qu’il y a forcément une suite. Et elle vient, après qu’elle ait glissé sa main sous mon t-shirt, me provoquant une panoplie de frissons. Je resserre notre étreinte en entendant ce qu’elle prononce, mes yeux se fermant d’eux-mêmes. Sa bouche vient se poser dans mon cou, endroit où elle dépose un baiser et c’est plus fort que moi, ça me fait frissonner. Ça me fait de l'effet. Mais ça me ramène en arrière aussi tout ça, et une larme perle à nouveau sur ma joue. Je n'aime pas ça, pleurer devant les gens, même si je sais qu'avec elle, je peux craquer en toute confiance. Parce qu'elle ne va pas se moquer Noor, elle n'est pas comme ça. Alors je finis par lâcher ce que j'ai sur le coeur, ce truc qui, au fond, me fait le plus peur. « Je veux pas te perdre Noor… J’ai peur parce que je pourrais pas y faire face… Pas encore une fois. » "Encore une fois", c’est le terme exact. Quand elle est partie, je l’ai vécu comme une perte, comme celle de ma mère, et ma seconde dépression a vu le jour. Je doute de parvenir à me relever si, un jour, je la perds pour toujours. Et ça arrivera, j'en suis persuadé, même si je n'en ai pas envie. Un jour, ça ne sera plus moi qu'elle regardera avec autant d'amour, parce qu'elle en aura eu marre de m'aimer dans l'ombre.

Nuit qui s’annonce à la fois comme un moment qui la rendra heureuse et à la fois comme un moment difficile à vivre. Mais elle ne peut pas la refuser et être raisonnable, quand il s’agit de lui elle est bien trop faible pour résister. Encore plus lorsqu’il passe ses bras autour d’elle pour la serrer contre lui. Comment est-ce qu’elle pourrait rester impassible à tout ça alors qu’elle est complètement et profondément amoureuse de celui auprès de qui elle se trouve. Elle n’arrive même pas à résister à l’envie de lui avouer sa peur de ne plus jamais pouvoir l’aimer aux yeux de tout le monde. Elle ne s’attendait cependant pas à entrainer de nouvelles larmes chez lui et ça lui brise le cœur. Elle n’aime pas être celle qui provoque sa peine, elle voudrait au contraire être celle qui le rend heureux et lui donne le sourire. « Je veux pas te perdre Noor… J’ai peur parce que je pourrais pas y faire face… Pas encore une fois. » Son cœur se serre à ces paroles, sa gorge aussi, tout devient noué. C’est son souvenir le plus horrible qui remonte à ses pensées. Elle se relève pour s’appuyer sur son coude et passe la jambe au-dessus de celle de Kenneth, pour être toujours un peu plus proche de lui. Puis sa main se pose sur sa joue et de son pouce elle essuie la larme qui y coule. « Je suis là, je vais nulle part. Plus jamais. » Toute sa vie. Elle s’en voudra toute sa vie de ce qui s’est passé entre eux cet été là. C’est de sa faute, elle le sait très bien, la situation dans laquelle ils sont aujourd’hui, c’est à cause d’elle. Mais elle ne fera plus la même erreur, maintenant elle sait que c’était la plus grosse connerie qu’elle ait jamais fait. Son regard se plonge dans le sien et elle se contente de le regarder sans rien dire. Une seconde, puis une deuxième, et une troisième… puis d'autres encore. Elle pourrait passer des heures à ne rien faire d’autre que fixer ses yeux. Sauf que c’est éprouvant, difficile à gérer dans cette situation, ça fait resurgir bien trop de souvenirs de leur relation passée. Son regard descend vers sa bouche et son pouce se déplace légèrement pour caresser doucement sa lèvre inférieure. « Juste une soirée pour faire ce qu’on veut hein, demain tout redevient comme avant ? » Ses yeux remontent, à nouveau elle le fixe en silence. Il n’a qu’à dire quelque chose et elle change d’avis quant à ce qu’elle a envie de faire. Mais rien ne vient, alors sa main glisse sur sa nuque et elle s’approche pour l’embrasser. A peine le contact engagé qu’elle ressent un bien être total et que son corps se détend, comme s’il avait reçu la dose qu’il réclamait depuis beaucoup trop de temps. C’est comme pouvoir reprendre son souffle après avoir manqué d’air. Mais c’est aussi une torture de se dire que ce n’est que pour cette nuit.

Je craque, encore. Je n’aime vraiment pas ça, mais c’est plus fort que moi. Ce rapprochement ce soir, comme si rien nous avait séparés, ça me serre le cœur. Ça me fait autant de bien que de mal, parce que comme on le dit depuis le début de la soirée, ça ne sera que pour ce soir et demain… Demain tout redeviendra "normal", si on peut appeler ça une normalité. Mes paroles font réagir la demoiselle qui se relève sur son coude. Sa jambe se place sur la mienne et sa main se positionne sur ma joue, dans l’espoir sûrement de trouver mon regard. Je ne lutte pas, plongeant mes yeux dans les siens tandis qu’elle s’attèle à essuyer la larme qui roule sur ma joue. Ce qu’elle me dit me fait doucement sourire. Je sais qu’elle le pense vraiment, qu’elle a envie de rester pour toujours à mes côtés. C’est la même chose pour moi, jamais je ne pourrais lui tourner le dos. Même si on devrait le faire et avancer, tourner cette page qui ne veut pas se tourner d’elle-même et écrire un nouveau chapitre à nos histoires avec une tierce personne. C’est ce qu’on devrait faire, oui. Mais entre devoir et pouvoir, il y a un fossé énorme bien trop souvent. Et alors que je suis supposé lui dire l’inverse, je finis par lui demander : « C’est promis ? » Le tout en glissant ma main sur sa joue à mon tour, la caressant doucement de mon pouce. Comment je pourrais être en capacité de lui dire de ne pas me promettre ce genre de chose alors que mon cœur n’attend que ça ? C’est impossible de lutter et quand bien même ça n'en sera que plus douloureux, j’ai besoin de l’entendre me faire cette promesse. Doucement, elle caresse ma lèvre inférieure et je sais ce qu’il va se passer lorsqu’elle me questionne. Je ne réponds rien, attendant patiemment qu’elle fasse cette chose dont on a tous les deux envies et, ça se produit. Ses lèvres rencontrent les miennes pour un doux baiser et, dès la première seconde, la chaleur qui se diffuse dans mon corps me fait perdre pied. Nos bouches jointes me font revivre, c’est peut-être cliché, mais c’est ce que je ressens au plus profond de mon être. J’approfondis notre baiser, le gardant toujours aussi doux et tendre, tandis que nos langues se rejoignent et se caressent lentement. C’est bon, tellement qu’on ne met pas fin à ce contact de suite, et lorsque c’est le cas, je pose mon front contre le sien, déclarant dans un murmure : « Ça me manque. Tes baisers, ta peau… Toi toute entière. Tu me manques, Noor. » Certes, on se voit tous les jours, mais ce n’est pas comme on le voudrait. Il n’y a aucun contact physique et c’est dur à vivre. Mais le pire, c’est que parfois, il n’y a aucune parole pendant toute une journée. Lorsque nous étions ensemble, et même lorsqu’on tentait de se retrouver, on se parlait tout le temps. C’est ce qu’il y a de pire à mes yeux. Ne plus pouvoir lui parler comme avant. « Tu crois vraiment qu’on pourra se contenter que d’une seule soirée ? » Moi, je ne crois pas. Demain, on est supposé retrouver notre quotidien, mais je ne suis pas sûr de pouvoir le faire. Pas après avoir retrouvé la douceur de ses lèvres, pas alors que je meurs d’envie de l’embrasser à nouveau, chose sur laquelle je ne me fais pas prier puisque ma bouche retrouve bien vite la sienne.

Quand elle le voit heureux, qu’elle le voit sourire, rire, aussitôt elle se sent bien, même si elle était malheureuse la seconde précédente. A l’inverse quand elle le voit triste, pleurer, ça la met aussitôt d’une humeur massacrante, ou chagrine, comme en ce moment. Ses émotions découlent parfois complètement de celles de Kenneth, elle en a bien conscience et elle a conscience qu’il vaudrait mieux que ce ne soit plus le cas, parce que ça veut dire trop de choses, mais elle n’y peut rien, elle ne contrôle pas. Alors forcément, là qu’elle voit une nouvelle larme couler sur sa joue, ça lui met le cœur en miettes. « C’est promis ? » Si elle était réaliste, si son côté rêveur et optimiste ne prenait pas le dessus, elle ne pourrait pas lui promettre ça. Et Noor est quelqu’un de très terre-à-terre, elle est réfléchie, responsable. Puis finalement, quand il s’agit de lui, tout ça ça s’envole, c’est plus son cerveau qui parle, juste son cœur. « C’est promis. » Elle ne peut pas empêcher son regard de descendre sur ses lèvres après lui avoir dit ça, cette bouche qui l’attire beaucoup trop pour qu’elle puisse résister. Ce qu’elle ne cherche même pas à faire, non, elle cherche plutôt à voir si lui va l’en empêcher. Mais il ne fait rien, alors elle l’embrasse, et c’est comme si rien n’avait changé ces deux dernières années. Ça lui provoque toujours autant de sensations, de plaisir, et elle sait que pour lui aussi, puisqu’il y répond en joignant sa langue à la sienne. Elle voudrait que le temps s’arrête là, maintenant, et ça la ramène à la réalité lorsque leurs lèvres se quittent, et qu’elle se dit que c’est impossible. « Ça me manque. Tes baisers, ta peau… Toi toute entière. Tu me manques, Noor. » A elle aussi ça lui manque. Elle ne sait pas s’il s’imagine à quel point, mais parfois elle a l’impression qu’elle pourrait craquer d’un seul coup, même devant tout le monde, et ça lui demande une force incroyable pour ne pas le faire. « Je suis sûre que même le manque de cocaïne réussirait pas à surpasser ce manque-là. » C’est vraiment comme ça qu’elle ressent les choses elle en tout cas. Elle voit pas comment elle pourrait trouver un manque plus fort que celui qu’elle vit en ce moment. Elle est complètement accro, certains penseront surement à la limite de la folie, de l’idiotie, du ridicule, mais ce serait juste parce qu’ils ne comprennent pas. « Tu crois vraiment qu’on pourra se contenter que d’une seule soirée ? » Elle n’a pas besoin d’y réfléchir, elle sait déjà. Mais il capture à nouveau ses lèvres avant qu’elle ne donne sa réponse, qui ne vient alors que quelques secondes plus tard. « Honnêtement ? » Peut-être que lui aussi il la connait déjà d’ailleurs, peut-être que ce n’est qu’une question rhétorique, ou peut-être qu’il a envie qu’elle lui dise que oui, pour se donner la force de croire que ça pourrait être vrai, ou un truc du genre, elle sait pas trop. Mais elle a pas envie de mentir, ça servirait à rien. « J’y crois pas du tout. » Elle sait parfaitement que dès qu’elle aura mis un pied en dehors de cette chambre demain matin, elle aura déjà envie d’y retourner. Sauf qu’elle ne pourra pas, parce que malgré l’envie ils n’ont pas le droit. Il faut croire qu’ils ne sont pas nés sous une bonne étoile.

Elle me le promet, mon cœur se remet à battre la chamade, et je dois me contenir pour ne pas crier et partager dans toute la maison la fusée de sentiments qui se propage en moi. Parce que ça doit demeurer secret, malheureusement. Notre secret. Tout comme ce baiser qu’elle m’offre et auquel je ne peux que répondre, nos langues se retrouvant avec joie et tendresse. Je n’ai aucunement envie de lâcher ses lèvres parfaites, pas avant de devoir le faire par nécessité, celle de respirer. Je lui fais part du manque que je ressens face à son absence dans ma vie, puis je souris en écoutant les paroles qui sortent de sa bouche. « N’oublie jamais que t’es ce qui m’est arrivé de mieux dans la vie, d'accord ? » Et je le pense tellement. Cette fille, elle me rend heureux, toujours. Parfois, je me demande vraiment comment nos parents ne peuvent rien voir, alors que mon amour pour elle est tout autant visible qu’une constellation dans un ciel bien étoilé. À ce moment précis, j’en oublie même que nous ne sommes pas seuls dans cette maison. Une chose qui se produit souvent dès que je me trouve avec elle, seul, dans une pièce. Je ne vois plus qu’elle, car mon monde, il ne tourne qu’autour d’elle et ça a toujours été ainsi. Dans un monde où nous serions tous des planètes du système solaire, je serais forcément une planète du type héliocentrique, mais avec pour soleil cette jeune femme qui fait battre mon cœur. Une extrasolaire, une planète à part. Une exoplanète qui tournerait autour de celle que serait Noor. Parce que même dans un autre monde, dans une autre vie, elle serait le centre de mon univers. La questionnant, je ne parviens pas à attendre sa réponse, ayant bien trop envie de l’embrasser de nouveau. Ça faisait des mois qu’on n’avait pas eus un tel échange et, clairement ouais, ça m’avait bien trop manqué. Plus que ce que j’ai pu le croire, rien de comparable avec les baisers échangés avec mon ex copine. Vraiment rien. Rompant le baiser, elle répond à mon interrogation et je cale mon front contre le sien, fermant les yeux. « Moi non plus, j’y crois pas du tout. » Ça serait un pur mensonge d’y croire, de toute façon. On le sait autant l’un que l’autre et ça me soulage qu’elle ne veuille pas mentir à ce sujet. Je me retrouve tirailler entre deux choix. Celui de la folie et celui de la sagesse. Forcément, je décide d’emprunter celui qu’on devrait éviter tous les deux, ne pouvant lutter contre mes sentiments et mes envies. « Je sais que c’est mal, que ça serait jouer avec le feu et plein d’autres choses, mais… J’ai envie d’être avec toi, même si ça doit rester secret. Je veux être avec toi. » Un aveu qui vient du plus profond de mon cœur. Un amour comme le nôtre doit être protégé, conserver dans toute sa splendeur. Si elle est d’accord avec moi, alors je le ferai, je protégerais notre amour toute ma vie, je lui fournirais une défense tous azimuts, parce que ça en vaut la peine. Elle en vaut la peine. Je suis prêt à tout, même à vivre un amour caché avec elle, une passion secrète, tant que je suis à ses côtés. Ça ne sera sûrement pas toujours facile, on souffrira de ne pouvoir être ensemble aux yeux de tous, mais c’est le revers de la médaille. Et malgré tous les effets qui ne seront pas positif, là, à cet instant, je me sens apte à courir le risque. Prêt à n’avoir le droit qu’à sa compagnie que quelques minutes. Tout pour les beaux yeux de l’amour de ma vie. « Je te promets qu’il n’y aura personne d’autre que toi, Noor. Personne, pour toujours. » Une énième promesse que j’ai bien l’intention de tenir. De toute façon, je ne veux personne d’autre qu’elle. Les gens diront sûrement qu’on a toute la vie devant nous, qu’on tombera à nouveau amoureux d’une tierce personne. Moi, je sais que c’est faux. Je n’aimerais jamais une autre femme que Noor.

Ils se retrouvent ce soir, vraiment, presque comme avant, comme si rien n’avait changé. Elle aurait aimé que l’occasion pour laquelle ça arrive soit différente mais elle se sent beaucoup trop bien pour s’en plaindre. Elle n’a pas envie de se retenir de lui dire qu’à elle aussi il lui manque énormément. « N’oublie jamais que t’es ce qui m’est arrivé de mieux dans la vie, d'accord ? » C’est fou comme ce mec réussit à la rendre dingue. Il a toujours les mots pour la faire craquer. Comment est-ce qu’elle pourrait ne pas flancher et ne pas tomber un peu plus amoureuse chaque fois qu’il lui dit d’aussi belles paroles. Elle ne peut pas, c’est ce qui pose problème. Une nouvelle fois ses lèvres vont rencontrer celles de Kenny et elle lui fait ressentir tout ce qu’elle ressent, à quel point elle l’aime. « Je t’aime. » Et lui glissant ces trois petits mots pourtant si importants entre deux baisers. Même si malheureusement tout ça c’est supposé n’être que pour une soirée. Ça devrait en tout cas. Mais lorsqu’il lui demande s’ils pourront s’en contenter, elle est obligée de lui dire la vérité, qu’elle n’y croit pas du tout. Elle sait très bien qu’elle n’y arrivera pas, que maintenant qu’elle y a regouté elle va en vouloir encore, et elle sait surtout qu’elle n’a pas envie de s’en contenter. Fermant les yeux il pose son front contre le sien avant de répondre à son tour. « Moi non plus, j’y crois pas du tout. » Au moins ils sont d’accord sur le fait que ça ne sert à rien de se mentir et sur le fait que de recommencer à se passer l’un de l’autre après cette soirée sera presque impossible. Soupirant pour seule réponse, elle remet sa tête sur son épaule, se laissant apaiser par les légers mouvements de sa respiration. « Je sais que c’est mal, que ça serait jouer avec le feu et plein d’autres choses, mais… J’ai envie d’être avec toi, même si ça doit rester secret. Je veux être avec toi. » Surprise, elle se relève aussitôt pour se remettre dans la position dans laquelle elle était quelques minutes plus tôt, appuyée sur son bras, pour pouvoir bien planter ses yeux dans les siens. Il doit le voir dans son regard, elle est perturbée par ce qu’il vient de dire, ne sachant pas si c’est bien ce qu’il pense vraiment. Elle ne sait pas quoi lui répondre, pas encore, elle a besoin de quelques secondes pour que ça se mette en place dans sa tête. « Je te promets qu’il n’y aura personne d’autre que toi, Noor. Personne, pour toujours. » Elle est en train de fondre, parce qu’elle l’aime trop pour rester calme face des paroles comme celles-là. Pendant encore quelques secondes elle continue à le fixer sans parler. Avec beaucoup de mal elle essaie de retenir le grand sourire qui veut s’afficher sur ses lèvres. Elle ne devrait pas se sentir comme une enfant qui vient de recevoir la cadeau qu’elle voulait le plus à Noël, mais c’est pourtant le cas. « C’est vraiment ce que tu veux ? Qu’on soit ensemble en cachette ? » Elle a besoin de cette confirmation, parce qu’elle elle en meurt d’envie, mais elle ne peut pas faire ça s’il n’est pas sûr que c’est ce qu’il souhaite. Puis son sourire retombe et son regard s’assombrit légèrement, laissant place au doute. « Je supporterais pas de te voir proche d’une autre fille si on est ensemble. » C’était déjà une torture à subir lorsqu’ils n’étaient plus ensemble, là ce serait cent fois pire. Et elle ne pourrait même pas le montrer, parce que ce serait quelque chose de normal pour tout le monde, ce serait ce qui devrait logiquement se passer, ce à quoi les gens s’attendent. Et ça l’effraie.

Ses lèvres rejoignent les miennes encore une fois et je savoure ce baiser comme tous les autres depuis le début de cette soirée. C’est dingue à quel point ce simple contact m’a manqué, à quel point je n’en serais jamais rassasié. Je pourrais passer toute ma vie à ne faire que ça, l’embrasser. Ou juste à entendre les trois mots qu’elle prononce entre deux baisers, ces mots qui font que les battements de mon cœur s’emballent. « Je t’aime. » Que je prononce en retour, avec cette facilité déconcertante que j’ai toujours eue face à elle. Parce que c’est facile avec Noor, tout a toujours été simple. Facile d’être charmé par elle, facile de sentir que sa vie dépend de la sienne. Facile d’être tombé éperdument et irrévocablement amoureux d’elle. Et c’est sûrement la seule chose qu’on ne pourra jamais m’enlever, malgré tous les coups durs de la vie : mon amour pour elle. C’est pour ça que je n’hésite pas une seule seconde avant de lui proposer qu’on continue quand même ensemble, de façon secrète. J’ai beau savoir que ce n’est pas une bonne chose, je ne peux me résoudre à ne plus l’avoir dans mes bras comme ce soir. Je n’ai plus envie de me voiler la face, j’ai besoin d’elle dans ma vie et pas seulement en tant que fille de ma future belle-mère. Non, je la veux en tant que petite-amie, amour de toute une vie, future femme parce que j’ai bien l’intention de l’épouser un jour. Je garde le rêve et l’espoir de voir ce moment arrivé, celui où elle me rejoindra vêtue de blanc à l’autel. Elle se relève un peu et je décèle de la surprise dans ses yeux. Je ne peux pas lui en tenir rigueur, ce que je lui demande est énorme, un acte qui pourrait tout détruire sur son passage et qui provoquerait sans aucun doute un carnage si jamais notre secret venait à être découvert. Une chose qu’on ne tient pas à vivre autant elle que moi, mais comme je viens de lui dire, je suis prêt à prendre le risque. Vu sa réaction, je m’attends à ce qu’elle me dise qu’elle ne préfère pas qu’on se lance dans une relation secrète, mais non. Elle sourit. Le genre de sourire qui me fait toujours autant fondre, mais qui disparaît quand même assez rapidement lorsqu’elle évoque l’idée de me voir avec une autre. Une légère moue pointe sur mon visage, grimace qui s'estompe bien vite au moment où je pose doucement ma bouche contre la sienne, l’embrassant avec une tendresse infinie l’espace de quelques secondes. « Y aura pas d’autres filles, t’as toujours été celle que je veux Noor. Toi, toujours toi. » Je murmure contre ses lèvres, y déposant ensuite de nouveau les miennes contre les siennes. C’est le cas, ça a toujours été elle. Même quand j’étais avec mon ex, je pensais à elle. Même quand mon ex m’a posé un ultimatum, je n’ai pas hésité et j’ai choisi Noor. Je crois bien que ça sera toujours ça, elle passera toujours avant parce que mon amour pour elle est viscéral. De longues minutes passent et on se bécote toujours, prenant le temps de se retrouver, de savourer nos retrouvailles. Pourtant, je finis par me décoller et par lâcher, dans un sourire : « Amour, je dois me lever pour enlever mes vêtements. » On se détache l’un de l’autre pour que je puisse retirer mon jean et mon tee-shirt, gardant mon caleçon comme d’habitude, et je retrouve la demoiselle dans mon lit, celle-ci s’étant aussi mise à l’aise. « Je vois que t’as repris ton côté du lit. » Dis-je d’un ton amusé. Le côté gauche, c’est le sien depuis toujours, ça n’a pas changé. Je me place dans son dos, passant un bras autour de sa taille et l’autre sous son oreiller, puis me colle contre elle, retrouvant la chaleur de son corps. C’est naturel, mon corps épouse le sien comme avant, comme si rien n’avait changé et ça me plaît. Malgré la tristesse, malgré la douleur, cette nuit sera forcément la meilleure depuis août 2016, depuis notre dernière nuit ensemble. Je lui fais tourner la tête vers moi pour l'embrasser une dernière fois, et déclare : « Bonne nuit. »

the end.