Essoufflé et en sueur, je me réveillai brusquement, les draps de mon lit enroulé autour de mon corps comme un serpent autour de sa proie. Un cauchemar, encore. Toujours le même, mon inconscient me faisant revivre encore et encore les instants où je perdais mon meilleur ami et la moitié de mes hommes là-bas. La Syrie était devenue un lien direct avec mes cauchemars et mes traumatismes, à tel point que je ne supportais plus de voir les images aux journaux télévisés. Il était cependant hors de question que je le montre, je quittais la pièce quand je me trouvais avec quelqu'un, tout tranquillement en prenant le premier prétexte venu. Proposer à boire, aller aux WC... Jamais personne n'avait réalisé que je fuyais lâchement tout lien avec ce qu'il s'était passé là-bas, craignant perdre pieds en me retrouvant dominé par mes émotions. Je maitrisais bien la chose, je devais bien l'avouer. Jamais je n'avais pété un plomb, jamais je n'avais eu un mot plus haut que l'autre lorsque je me trouvais face à quelqu'un. Par contre, on ne pouvait pas dire que mes nuits étaient très calmes, c'est vrai. C'était pour cette raison que je me retrouvais à faire des siestes dans l'après-midi, étrangement la lumière du jour semblait éloigner les démons qui m'habitaient.
Repoussant avec un brin d'agacement mes draps, je descendis de mon lit pour me rendre dans ma salle de bain et m'asperger le visage d'eau. Je sus assez rapidement que je n'arriverai pas à dormir et que j'avais besoin de bouger pour me changer les idées. Malgré l'heure tardive, je me préparai discrètement pour un jogging nocturne, prenant bien soin de ne pas réveiller ma soeur qui dormait dans sa chambre à coucher. Je ne lui avais jamais rien à dis à elle également, mais j'étais quasiment certain qu'elle savait. Elle attendait simplement que je lâche le morceau pour en parler avec moi. Elle avait ce côté psychologie qui nous avait évité bien des disputes entre nous. Si on me forçait à parler, je me braquais et il était ensuite impossible de tirer quoique ce soit de moi. J'étais comme cela, une manière de me défendre comme une autre.
Rafraichis et prêt, je branchai mes écouteurs sur mon téléphone et parti au pas de course depuis le bas de mon immeuble. Je n'avais pas de but précis, pourtant mes pas m'amenèrent finalement au Sternberg park, bien plus calme qu'en pleine journée. Il fallait bien avouer qu'il devait être passé 2 heures du matin maintenant. Il était presque désert, mais cela ne m'inquiétait pas plus que cela. J'étais un homme, donc moins bien exposé à une quelconque agression. Et surtout, je savais me défendre. Je courais depuis une bonne trentaine de minutes lorsque je fini par m'arrêter, m'appuyant contre un banc pour observer le petit lac artificiel se trouvant dans le parc.
Ain't runnin' from myself no more. Together we'll win it all... or not.
Eileen & Caleb.
Le sommeil, Eileen ne se souvenait plus vraiment de ce que c'était. Cela faisait des mois qu'elle ne dormait que quelques heures par nuit et que le jour, elle donnait le change à son entourage amical et professionnel. La jeune femme ne savait pas comment elle tenait encore debout mais elle soupçonnait ses nerfs d'avoir pris le relais. Peut-être était ce aussi son entrainement militaire qui aidait grandement son corps à tenir le coup même avec simplement 3 heures de sommeil au compteur. Il ne fallait pas oublier qu'elle avait enchaîné plusieurs missions ses dernières années et que le repos n'était pas réellement possible sur le terrain. Toutefois, depuis son départ de Chicago, Eileen tentait de ne plus penser à ses années dans l'armée. Elle devait aller de l'avant et son arrivée à New-York avait pour but de la faire avancer.
La journée avait été rude et elle avait tenté de traîner au bureau pour terminer quelques dossiers, Camila l'avait vite renvoyé chez elle. Cami était une collègue mais surtout une amie et même si elle ne savait pas tout ce qui pouvait se passer dans la tête de la brune, elle savait toujours l'arrêter à temps. Les deux jeunes femmes travaillaient ensemble sur une enquête complexe et la plus expérimentée des deux avait convaincu l'autre qu'il fallait parfois prendre du recul pour être plus efficace. C'était donc sans grande volonté qu'Eileen avait rejoint son appartement. Elan, sa colocataire, n'était pas là et après avoir pris un verre de vin rouge devant l'émission de Jimmy Kimmel, E. avait tenté de s'endormir, en vain. Cette lutte acharnée avait eu raison d'elle et vers 1h30 du matin, elle décidait de rendre les armes.
Armée de sa tenue de sport et de ses écouteurs, elle descendait en trombes les escaliers de sa résidence pour partir courir sans but précis. Elle avait besoin de se vider la tête, peu importait l'endroit ou son instinct allait l'emmener. Rapidement, elle avait rejoint Sternberg Park et si un tel endroit était déconseillé aux femmes la nuit, ce n'était pas son genre d'avoir peur. Peut-être était elle, d'ailleurs, trop kamikaze sur sa sécurité. Eileen n'avait qu'une envie, que son cerveau s'arrête 5 minutes de réfléchir et qu'il l'a laisse en paix. Courir était un bon exutoire puisque elle arrivait à se canaliser durant ce lapes de temps. Soudain, elle se stoppait à quelques mètres d'un banc ou se trouvait un homme, un autre coureur. Regardant autour d'elle, elle eut l'illusion, quelques secondes, que cette personne n'était pas réelle... Il avait une posture familière et encore une fois, elle s'en voulait de tout rapporter à cet homme qu'elle avait connu. Eileen décidait de reprendre sa course mais rapidement elle en fut incapable. Une pression venait de s'exercer sur son cou lui laissant à peine le temps de crier. Elle se débattait comme elle pouvait mais l'air lui manquait rapidement. Pu*ain d'idée à la c*n de venir ici, toute seule.
Il était parfois difficile de me retrouver dans un endroit si calme, alors que mes rêves et mes cauchemars étaient hantés de bruits de bombes, coups de feu, cris et larmes. Quand je me réveillais de ce genre de moments, le silence autour de moi me paraissait assourdissant. Angoissant, oppressant. Peut-être était-ce pour cela que j'arrivais à mieux dormir durant la journée, je n'avais jamais posé la question à la psy qui me suivait depuis mon retour ici. Elle avait reçu mon dossier lors de mon transfert depuis Chicago et j'avoue me sentir plus à l'aise face à elle que face à l'ancien qui se trouvait sur la base de Chicago. Peut-être parce que je le connaissais depuis des années, à force de trainer à la caserne dans les pieds de mon père. Ce dernier était d'ailleurs à la retraite désormais, et maintenant que ma soeur et moi étions tout ce qu'il y a de plus autonomes, ils avaient décidé de faire une espèce de tour du monde. Je les enviais un peu, parfois.
Perdu dans mes pensées, je ne saurais dire combien de temps je restai ainsi, le regard dans le vague, appuyé contre le banc devant moi. La playlist que je réservais pour ce genre de moment avait touché à sa fin, j'avais oublié de la mettre en mode répétition. Mais je ne m'en étais même pas forcément rendu compte. Il s'agissait pour la plupart de musique rock, rythmée et qui me donnaient l'énergie nécessaire pour avaler des kilomètres de bitume sans trop réfléchir. L’exténuation physique prenait parfois sur le mental. Mais aujourd'hui je sentais que cela ne suffirait pas, j'allais donc sans doute rentrer en courant toujours et aller taper dans le sac de sable qui se trouvait à la cave. Ma soeur avait été suffisamment gentille pour m'autoriser à l'installer là-bas en bas. Il fallait bien avouer que je l'avais en échange laissée installer sa table à dessin dans le salon. Soit disant qu'il y avait un meilleur éclairage que dans sa chambre. Mais cela ne me dérangeait pas, ainsi je pouvais profiter de sa compagnie pendant que je jouais à des jeux vidéo sur ma console.
Alors que je tournai brusquement les talons, la scène qui se passait dans un coin du parc s'afficha à mes yeux. Mon corps réagi machinalement, avant que mon esprit ne réalise pleinement la situation et ce qu'il était en train de se passer. C'était sans doute lié à ma profession. Dégageant les écouteurs de mes oreilles, je m'avançai d'un pas déterminé et furieux en direction de l'agresseur et l'agressée. Il me semblait d'ici qu'il s'agissait d'une silhouette féminine, ou alors peut-être un adolescent. Mais c'était en tout cas quelqu'un qui semblait en détresse et cela me suffisait pour agir. « Tu fais quoi mon gars?! » lançai-je d'une voix forte. Je me savais grand et relativement musclé, en tout cas je l'étais définitivement plus que l'autre. Il se figea brusquement en entendant ma voix, il ne m'avait apparemment pas repéré jusqu'à maintenant. Tant pis pour lui. Il n'eut cependant pas le temps de se retourner que je le saisis par les épaules pour le plaquer contre le tronc d'arbre juste derrière nous. Son visage à la hauteur du mien l'empêchait ainsi de toucher terre. Il n'en menait pas large et ne semblait pas penser une seule seconde qu'il pouvait se faire prendre. En tout cas, il ne portait rien pour se dissimuler le visage. « Tu te sens fort et puissant en agressant des femmes en pleine nuit dans un parc? Ta mère doit être fière de toi tiens, f*ls de p*te » crachai-je en gardant mon visage proche du sien. Cela aurait pu être ma soeur, ma mère, une amie. Et elles auraient très bien pu ne pas avoir d'aide, également. Ma présence ici tenait presque du miracle. « Tu sais quoi? Tu vas attendre avec nous que les flics viennent te chercher et que Mademoiselle nous accompagne pour porter plainte contre toi. »
Une clé de bras plus tard, il était sur le sol et incapable de bouger. Alors que je contactais le commissariat le plus proche, je me tournai enfin vers la victime pour prendre de ses nouvelles. J'avais bien vu qu'elle n'avait pas de blessure physique nécessitant une intervention immédiate, et heureusement. Sinon j'aurais du laisser filer ce parfait abruti. « Tout va bien Madem... Eileen? » Putain de merde. Eileen. C'était elle, je ne pouvais pas en douter.
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Eileen & Caleb.
Eileen ne savait pas réellement ce qui l'avait poussé à venir jusqu'au parc. La seule certitude qu'elle avait actuellement, c'était courir, toujours courir. La sensation qu'elle ressentait pendant cette activité lui faisait du bien, comme un bon cours de Yoga pour les adeptes du bien-être. Son feel good à elle, c'était ça, le running. Il lui arrivait souvent d'aller courir après le travail. Après tout, ce qu'elle faisait n'était pas toujours simple et avoir le nez dans les affaires de meurtres ou de disparitions n'était pas toujours facile à encaisser. Pourtant, Eileen avait vu d'autres choses atroces lors de ses missions à l'étranger mais à l'époque, elle avait le soutien de son ex petit ami, lui aussi dans l'armée. Sa présence et son réconfort avait toujours été précieux et si elle ne s'était pas écroulée après son premier échec d'extraction de civile, c'était grâce à lui. Désormais, elle était seule et elle devait réussir à remonter la pente après chaque coup dur, comme la grande fille qu'elle était.
En arrivant au parc, Eileen n'avait pas eu peur. Il y avait un bon éclairage et avec sa musique sur les oreilles, le silence qui résonnait lui était inconnu. Toutes personnes censées aurait surement trouvé son attitude stupide ou inconsciente mais pour la jeune femme, être une femme n'était pas une excuse pour se priver d'agir comme elle le sentait. De plus, elle se sentait assez préparée pour se défendre comme toutes personnes agressives, ou presque. Il ne fallait pas attendre longtemps pour que ce genre de personne n'arrive. Eileen avait fait l'erreur de s'arrêter et donc, d'être vulnérable en étant statique. L'individu derrière elle la tenait fort et malgré un coup de coude dans le ventre, il ne relâchait pas réellement sa prise. Les secondes devenaient des minutes mais comme si c'était totalement irréel, une voix raisonnait à quelques pas. « Tu fais quoi mon gars ?! » Eileen se demandait si cette voix était réelle ou si elle l'entendait dans sa tête ou pire, si son subconscient l'inventait. « Tu te sens fort et puissant en agressant des femmes en pleine nuit dans un parc? Ta mère doit être fière de toi tiens, f*ls de p*te. » Il avait été repoussé et E. faisait quelques pas pour reprendre son souffle et retrouver ses esprits. Elle avait envie de l'insulter, de le frapper aussi fort que sa frustration le lui permettait mais son corps ne bougeait pas. « Tu sais quoi ? Tu vas attendre avec nous que les flics viennent te chercher et que Mademoiselle nous accompagne pour porter plainte contre toi. » Elle n'écoutait pas vraiment ce qu'ils se disaient, leur tournant toujours le dos. Elle soufflait avant de prendre son courage à deux mains et de leur faire face. « Tout va bien Madem... Eileen ? » Elle avait entendu sa voix mais son cerveau avait bloqué les connexions. Il était impossible pour elle de se retrouver en compagnie de Caleb, son ex fiancé, l'homme qu'elle avait le plus aimé sur cette terre. Comment avait elle pu passer à côté ? L'agresseur avait sectionné le côté rationnel de son cerveau ne le laissant se concentrer que sur la survie. « Caleb... » Son souffle était de nouveau court mais plus pour ce qu'elle venait de vivre, juste à cause de ce qu'elle voyait. Il était là, comme un fantôme et pire que tout, il venait de l'aider, probablement de la sauver. Son cœur s'arrêtait, cette soirée lui apportait trop d'émotions. « Bon sang... » soufflait-elle en s'éloignant d'eux ne pouvant pas rester là à regarder son agresseur et encore moins Caleb. Quelques secondes plus tard, la police arrivait et les lumières de leur voiture éclairaient plus largement l'endroit ou ils étaient. Avec un peu de chance, Eileen les connaissait et elle arriverait à coffrer ce pauvre type sans avoir à trop parler à celui qui l'avait lâchement abandonnée, mais aussi sauvée ce soir.
Je me sentais perdre patience et un peu les pédales face à cet homme, qui n'avait pas grand chose que j'appréciais. On pouvait même largement dire qu'il avait tout ce que je détestais. La lâcheté, le mépris des femmes... J'étais un homme donc sûrement pas aussi bien placé qu'une femme pour défendre leurs intérêts, mais il y a longtemps que j'avais compris qu'il était nécessaire pour elle de se battre au moins deux fois plus que les hommes. Je n'avais jamais compris pourquoi, en toute honnêteté. Tout comme je n'avais jamais compris pourquoi nos salaires devraient être basés sur notre couleur de peau, nos origines ou notre sexe. Voir notre orientation sexuelle. Pourtant l'armée était sans doute l'endroit le plus rempli de ce genre de clichés, mais j'avais toujours fait en sorte de ne jamais privilégier une personne en raison de sa personnalité. Je privilégiais les actes et les actions plutôt que le reste. Et j'avais également toujours tenu à ce que cela soit la même chose auprès de mes hommes. Je ne pouvais malheureusement pas maitriser tout ce qu'il se passait dans une caserne, mais j'espérais avoir néanmoins réussi à faire comprendre certaines choses.
« Caleb... » fit Eileen en réalisant qui elle avait en face d'elle. Elle espérait sans doute se voir sauver la vie par quelqu'un d'autre que moi, ce que je pouvais comprendre. On ne pouvait pas dire que notre relation s'était terminée sur une très bonne note. On s'était disputés, son frère avait du intervenir et j'avais ensuite accepté une mission de l'autre côté du globe. « Bon sang... » marmonna-t-elle en s'éloignant du duo que je formais avec son agresseur. Je ne fis rien pour l'en empêcher, constatant qu'elle ne prenait pas la poudre d'escampette. Un silence naquit entre nous, alors que les gyrophares des voitures de police finirent par illuminer le parc. Deux hommes et une femme en sortirent et s'approchèrent de nous. Les deux mâles s'approchèrent pour embarquer l'agresseur, alors que la policière s'approcha d'Eileen. Sans doute avaient-il opté pour cette manière de faire pour ne pas trop la choquer en plus, je ne savais pas trop. Toujours est-il qu'ils nous demandèrent à tous les deux de venir au commissariat pour la plainte et le témoignage.
J'acceptai d'un signe de tête, avant d'aller m'installer à l'arrière de la voiture de police. L'un des agent invita Eileen à s'installer devant, en compagnie de la policière qui prenait le volant. Je ne savais pas si c'était pour éviter un quiproquo ou pour surveiller l'homme menotté à l'arrière du fourgon, mais j'avais décidé de ne pas me questionner sur la psychologie de la police actuellement. Je préférai envoyer un message à Calia pour ne pas qu'elle panique si elle se réveillait et qu'elle voyait que je n'étais pas là. Et que je mettais du temps à rentrer, surtout. Arrivés au poste de police, on nous installa dans une salle d'attente vide et je me retrouvai seul face à Eileen pour la première fois depuis bien trop longtemps. « Ca va? » fini-je par demander maladroitement, assis sur ma chaise inconfortable, mes coudes appuyés sur mes genoux.
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Eileen & Caleb.
Outre le choc d'avoir été agressée pour la première fois, le fait de revoir Caleb chamboulait totalement Eileen. Même s'ils venaient de la même ville, elle n'avait jamais pensé le recroiser un jour... Après tout, elle avait vécu des années à Chicago et elle n'avait pourtant pas croisé la moitié de ses habitants. De plus, New-York comptait des millions de personnes, plus que sa ville natale, et l'idée de le croiser dans un parc ou au travers d'une rue ne lui était jamais venu à l'esprit. Sans compter que la jeune femme était persuadée qu'il était encore à l'autre bout du monde. Il fallait, ce soir, qu'elle se rende à l'évidence, l'homme qui venait de lui sauver la vie n'était autre que Caleb. Si elle ne lui en voulait plus à mort, ce qui n'était pas le cas, de l'avoir abandonné et laissé à sa tristesse, elle en aurait peut être rigolé. Eileen s'était détournée des deux hommes, elle avait besoin de reprendre conscience de ce qui venait d'arriver. Comme on lui avait appris à l'armée lorsque un événement dramatique arrivait, elle soufflait de manière fluide tentant de réguler son stress mais aussi sa respiration.
La police était arrivée et instinctivement, la policière présente venait vers elle pour savoir comment elle se sentait. Rapidement, elle la rassurait lui expliquant qu'elle avait juste été surprise de la violence plus que blessée physiquement. Sans adresser un regard à Caleb, elle montait à l'avant du véhicule de police. Ils allaient devoir passer quelques heures au poste et même si cela ne ravissait pas la jeune femme, elle savait que c'était aussi pour éviter que ce genre d'incident n'arrive à d'autres personnes vulnérables. Muette comme une carpe tout au long du trajet, le cerveau d'Eileen était pourtant en ébullition. Que devait-elle faire face à son ex fiancé ? Comment pouvait-elle gérer tout ce qu'elle ressentait ? L'envie d'écrire à James lui traversait l'esprit mais elle se ravisait rapidement sentant que la présence de son frère ne ferait qu'aggraver les choses, du moins entre elle et son sauveur. Ils arrivèrent au poste peu de temps après, et l'agresseur en question était envoyé dans une pièce d'interrogatoire. Eileen et Caleb, eux, étaient installés dans une salle d'attente presque vide ou ne se trouvait que quelques sièges pas des plus confortables à première vue. « Ça va ? » Il venait de rompre le silence. Eileen levait lentement les yeux du sol vers le jeune homme. « Depuis que tu m'as abandonnée ou ce soir ? » répondit-elle sans réfléchir plus longtemps. Depuis leur énorme dispute ou rien de cohérent et de bon n'en était ressortie, elle n'avait jamais pu lui parler. Elle avait essayé quelques jours plus tard mais Caleb était déjà parti en mission, sans un mot et sans plus de précision. Cet abandon avait été le début de la descente aux enfers pour la jeune femme qu'elle était, mais bien sur, par fierté -bienvenue chez les Everwood- elle ne comptait pas lui avouer, jamais.
Je ne me souvenais plus vraiment des derniers mots qu'on s'était échangés Eileen et moi, pour être tout à fait honnête. Clairement, ce n'était rien de très gentil. Son frère avait du intervenir et j'avais honte de mon comportement de l'époque, pour être tout à fait honnête. Mais moi qui aimait tant maitriser les choses dans ma vie, j'avais été à la fois sous le coup des émotions et sous la perte de contrôle de la quasi-totalité de ma vie. Tout notre monde s'était écroulé d'un seul coup et c'était sans doute un peu trop pour moi. Comme quoi, ce n'était pas parce qu'on avait le physique d'un dur et un mental d'acier que cela nous permettait pour autant de contrôler ses émotions à longueur de temps. J'en avais été la preuve, et j'avais été bien heureux d'accepter cette mission de l'autre côté du monde. Je savais que la Syrie ne serait pas un endroit facile à vivre et j'en payais encore aujourd'hui le prix, c'était vrai aussi. Peut-être que la partie sadomasochiste qui dormait en moi m'avait dit d'y aller pour me faire payer mon comportement envers Eileen.
On se retrouva coincés tous les deux dans cette pièce relativement exiguë, spécialement pour deux ex qui s'étaient quittés en froid. Je ne savais pas vraiment quoi dire, mais je n'avais pas envie non plus de rester coincé dans un silence froid et tendu. Je lui demandai donc comment elle allait, après tout elle venait de vivre une agression. Et même si elle avait un côté dure à cuire, cela n'empêchait pas de vivres certains traumatismes. « Depuis que tu m'as abandonnée ou ce soir ? » J'avoue que j'avais plus pensé à ce soir, et je trouvais cela particulièrement mal placé étant donné qu'à mes yeux nous avions rompu d'un commun accord. Cette dispute avait mit un terme à notre relation, pas mon départ. C'était en tout cas mon point de vue. Me retenant d'extrême justesse de lever les yeux au ciel, je choisi plutôt de lui répondre d'un ton faussement calme. « Je pensais plutôt à ce soir » répondis-je d'un ton neutre, celui que j'utilisais habituellement quand je souhaitais éviter des disputes. Eileen l'avait entendu auparavant, naturellement. Mais peut-être ne ferait-elle pas le lien.
La policière fit rapidement son apparition dans la pièce, nous appelant tous les deux dans son bureau pour prendre la plainte d'Eileen et que je confirme sa version des faits. Ce que je trouvais d'ailleurs particulièrement stupide, il y avait-il vraiment des femmes qui s'inventaient une agression commise par un homme qu'elles ne connaissaient ni d'Eve ni d'Adam? Mais, encore une fois, il n'était pas encore temps de parler et de polémiquer sur la psychologie policière. Je m'assis donc aux côtés d'Eileen, légèrement en retrait, les bras croisés sur ma poitrine pendant qu'elle faisait sa déposition. Elle allait devoir décliner son identité, que je connaissais encore par coeur, y compris l'endroit où elle travaillait. J'avais fais mes recherches, j'avoue. J'avais profité de mon grade pour voir dans quel service elle avait été affectée.
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Eileen & Caleb.
Ce qui venait d'arriver à Eileen était traumatisant mais actuellement, le choc qu'elle devait gérer était celui d'avoir revu Caleb. On pouvait dire qu'elle était totalement chamboulée et qu'un melting pot d'émotions bouillonnaient en elle. Elle devait réussir à faire la part des choses entre son agression, les faits exactes qui venaient de se passer et les sentiments qui remontaient soudainement à la surface, l'amour, la douleur, l'abandon et tout un tas d'autres ressentis pénibles. La jeune femme était restée silencieuse tout au long de la route et ce même si la policière avait essayé par deux fois de détendre un peu l'atmosphère. Peut-être se demandait elle pourquoi Eileen n'était pas plus avenante avec son sauveur. Au fond, elle était reconnaissante envers son ex fiancé d'avoir été là, d'avoir agi que ce soit pour elle ou pour une autre puisque jusqu'à la fin, il n'avait pas su son identité.
Une fois installés dans la salle d'attente, Caleb lui avait demandé comment elle allait. Sans réfléchir, elle avait répondu un peu cash. Elle restait extrêmement blessée et même si elle avait toujours dit le contraire à ses amis, elle n'était clairement pas passé à autre chose. Comment pouvait-elle oublier le seul homme qu'elle avait jamais aimé, alors que cette relation n'avait pas eu réellement de fin ? Les mots qu'ils s'étaient échangés un an auparavant n'avaient plus de sens pour elle, puisque la colère de l'instant était passée. Elle regardait le jeune homme, se reconcentrant sur leur début de discussion. « Je pensais plutôt à ce soir. » Ce ton, elle ne le connaissait que trop bien. Se mordant légèrement la lèvre inférieure pour se contenir, elle reprenait la parole. « Oui, le reste, ça t'est égal évidemment... » Après tout, il n'avait jamais donné de nouvelles, il n'avait même pas annoncé son départ, ce qui pouvait arriver à Eileen devait lui passer bien au dessus. « Ça peut aller, je veux juste faire payer cet enfoiré. » répondit-elle ensuite. Elle avait de la haine pour ce pauvre type qui attaquait les femmes dans leur dos, et tout court aussi. La policière était de retour quelques minutes plus tard, et les deux jeunes gens se dirigèrent donc vers la salle d'audition. Eileen connaissait la procédure et elle s'exécutait donc sans réfléchir, expliquant tout ce qui était arrivé de A à Z. Caleb confirmait ses dires, et il semblait que la femme en face d'elle ne remettait, de toute façon, pas en questions ses paroles.
L'audition durait un moment et Eileen ne savait plus vraiment quelle heure il était lorsque ils sortaient de la salle. Tout ce qu'elle savait, c'était que son agresseur allait passer en comparution immédiate et qu'avec de la chance et un juge un peu ferme, il n'embêterait plus personne pendant un bon moment. « Merci de m'avoir aidé ce soir et d'avoir confirmé mon témoignage. » Même si elle lui en voulait, elle ne pouvait pas non plus être ingrate. Caleb avait été là, il avait agi correctement et même si à ses yeux, ça n'avait pas toujours été le cas, à cet instant, elle n'avait rien à lui reprocher.
nightgaunt
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Invité a posté ce message Mar 12 Mar 2019 - 15:59#
Eileen & Caleb
Light up, light up As if you have a choice
C'était étrange de me retrouver là, et surtout d'avoir revu Eileen de cette manière. Je m'étais dis en cherchant des informations sur elle que je pourrais tomber "par hasard" sur elle au détour d'une rue ou dans un café. Quelque part de plus accueillant et dans des circonstances un peu plus détendues que suite à une agression dont elle avait été la victime. Mais le destin était joueur, apparemment. Cela dit, heureusement que j'avais été là. Je n'étais pas absolument certain de l'issu de cette agression si je n'avais pas trainé dans les parages. Sans vouloir diminuer les capacités physique d'Eileen, cet homme avait réussi à la surprendre par derrière et avait donc plutôt bien réussi son coup. Mais elle semblait en forme, tellement qu'elle n'hésitait pas à me lancer des pics. « Oui, le reste, ça t'est égal évidemment... » répondit-elle lorsque je mentionnai ce soir. « Crois ce qui te semble bon » répondis-je froidement, piqué au vif. C'était de toute manière ce qu'elle semblait chercher chez moi. J'avais une légère tendance à la susceptibilité, spécialement lorsque j'estimais que je n'étais pas le seul responsable des choses. C'était là cas dans ce sujet-là. « Ça peut aller, je veux juste faire payer cet enfoiré. » J'acquiesçai d'un signe de tête, approuvant ces paroles. Il y avait trop de personnes sous le choc pour ne pas vouloir ou pouvoir poursuivre une procédure jusqu'à la fin.
L'audition d'Eileen se déroula plutôt bien, peut-être que le fait que ce soit une femme qui l'interroge aida un peu les choses. J'écoutai attentivement, avant de décliner ma propre identité et de confirmer les paroles de mon ex-compagne, me basant depuis mon point de vue. La policière ne nous garda pas plus longtemps, peut-être avait-elle envie d'un bon café étant donné l'heure avancée à laquelle nous nous trouvions. Dès qu'on nous octroya la possibilité de partir, je ne me fis pas prier et suivi Eileen jusqu'au dehors, les mains enfoncées dans les poches de mon jogging. « Merci de m'avoir aidé ce soir et d'avoir confirmé mon témoignage. » Je haussai les épaules en la regardant. Je m'efforçais de toujours faire les choses juste, ou du moins de faire en sorte de ne pas avoir de regrets. « C'était la moindre des choses » répondis-je honnêtement. Je pense pouvoir dire sans mentir que je l'aurais fait pour n'importe qui. Sortant machinalement mon téléphone de ma poche, je jetai un coup d'oeil à l'écran et répondit rapidement au message mi-curieux, mi-inquiet de Calia. Elle avait effectivement remarqué mon absence. « Je te raccompagne » informai-je Eileen lorsque nous fûmes arrivés à l'extérieur. Il n'y avait pas grand monde au-dehors, ce qui devait être normal étant donné l'heure, encore une fois. « Si tu n'habites pas loin on y va à pieds, sinon je peux commander un taxi. A moins que tu sois trop fatiguée, et dans ce cas-là ça sera un taxi tout court. » Il était hors de question que je la laisse rentrer seule, surtout étant donné les circonstances. Avec un peu de malchance elle allait tomber à nouveau sur un malade et je m'en voudrais.
Invité a posté ce message Sam 16 Mar 2019 - 12:20#
Ain't runnin' from myself no more. Together we'll win it all... or not.
Eileen & Caleb.
Eileen était du genre impulsive. Elle ne savait pas toujours réfléchir avec sa tête et laissait ses émotions prendre le dessus... En mission, cela avait failli lui jouer des tours mais heureusement pour elle, Caleb avait sauvé ses fesses à plusieurs reprises. Malgré ce qui était arrivé entre eux, elle savait qu'elle lui devait pas mal de choses et cette soirée était un ajout de plus à la longue liste déjà existante. Elle relevait les yeux vers son ex fiancé alors qu'elle le piquait, encore une fois. Ils se connaissaient même si un an était passé depuis leur dernier échange, et la jeune femme savait comment le faire sortir de son gongs même si elle n'en était pas encore là. Eileen avait juste envie de le faire réagir, puisque si il réagissait à ses paroles, s'il s'en agaçait, cela voulait probablement dire qu'il n'était pas complètement passé à autre chose. Malgré sa rancœur, elle n'avait pas envie qu'il l'ait oublié ou qu'il ait mis un point final à tout sentiment. « Crois ce qui te semble bon. » répondit-il froidement. « Je n'ai pas vraiment eu d'autres choix, de toute façon. » Il était parti et elle s'était retrouvée comme une idiote face à son appartement de fonction, vide. Cela dit, pour l'instant, elle ne comptait absolument pas lui avouer.
La policière les convoquait peu après et ils passèrent quelques minutes ou plus, Eileen avait perdu la notion du temps, a raconter ce qui était arrivé. Ce n'était pas vraiment de guetter de cœur qu'elle le faisait mais si cela pouvait éviter à une autre femme d'être agressée alors c'était une bonne chose. Caleb était là mais elle faisait en sorte de ne pas s'attarder sur sa présence, son odeur et sa voix. D'ailleurs, elle s'en voulait de lui laisser avoir encore de l'emprise sur elle après tout ce qui était arrivé... A croire que ce qu'elle ressentait était encore bien trop présent et ce malgré les mois écoulés.
Une fois dehors, l'air frais remettait les idées en place à la jeune militaire. Elle allait pouvoir oublier cette nuit, si cela était possible, et passer à autre chose. Avant tout, elle remerciait Caleb, puisque sans lui, elle n'aurait peut être pas aussi bien fini sa course. « C'était la moindre des choses. » Elle acquiesçait légèrement de la tête le laissant répondre à ce qui semblait être un message. Détournant la tête, elle regardait la rue, déserte. « Je te raccompagne. Si tu n'habites pas loin on y va à pieds, sinon je peux commander un taxi. A moins que tu sois trop fatiguée, et dans ce cas-là ça sera un taxi tout court. » Décidément, son instinct de sauveur était au maximum et Eileen aurait presque pu apprécier autant d'égards s'ils n'avaient pas ce passif. « Tu n'as pas à faire ça, c'est gentil mais tu es peut-être attendu, le soleil va se lever. » commençait-elle avant de reprendre. « Et je crois que marcher me ferait du bien. » L'ambiance clos d'un taxi n'était pas vraiment ce qu'elle désirait et marcher lui semblait être plus propice à une potentielle discussion s'il insistait pour la raccompagner.
nightgaunt
