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 People walk in and out, true friends leave footprints [30 Avril/Keith]

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Invité a posté ce message Lun 15 Avr 2019 - 19:24 #

People walk in and out of your life

true friends leave footprints in your heart

ft. @Keith W. Crow



People walk in and out, true friends leave footprints [30 Avril/Keith] 599b500f7bf2015e06b0bc94

Les pulpes s'activèrent sur l'écran tactile d'un téléphone portable. Elles se pressèrent un instant, sûres d'elles, désireuses de faire bref mais volontaires à exprimer une certaine motivation au destinataire, -cela devait être la bonne-. Les lèvres féminines de l'émettrice s'écrasèrent fortement l'une contre l'autre avant que ce ne soit la dentition qui prenne le relais; oui, cette fois ne pouvait être que la bonne. Pourtant, les empreintes hésitèrent un peu avant même d'avoir noté la phrase toute entière. Elles se stoppèrent quelques secondes, les pouces levés quand un regard trop pointilleux relut l'intégralité de ce qui avait été inscrit. Les sourcils se froncèrent juste au-dessus de ces cils naturellement courbés et un énième soupir eut raison du message. Le doigt trouva rapidement la touche pour tout effacer, lettre après lettre, syllabe après syllabe, mot après mot. Une réflexion furtive, les zircons plantés sur le plafond de la pièce, avant que le texto ne soit repris pour la vingt-troisième fois; insatisfaite.

Assise au milieu de sa literie, dans cette chambre de colocation qu'elle partageait avec deux garçons, Joddie n'avait cessé de chercher les formulations parfaites, ou qui s'en rapprocheraient. Trente-quatre minutes qu'elle était bloquée sur ses draps défaits, entourée de ses cours copiés de sa plus rapide calligraphie. Les jambes croisées en tailleur, ses avant-bras reposaient sur le haut de ses cuisses, poignets couplés à ses chevilles. Ses billes marrons aux quelques reflets d'or fixaient intensément son mobile, là où à peine des salutations avaient été laissées. Elle trouva intérêt à relire le prénom de son seul auditeur, comme s'il allait pouvoir lui conférer une certaine solution à ce creux dans sa tête, à cet écran où un simple salut était posé comme s'ils s'étaient parlés dans la matinée, la veille au soir au plus tard. Trop informel, ou pas assez personnel, Joddie n'en savait pas grand-chose. Tout ce qu'elle avait deviné de ces précédents messages écrits puis effacés, c'était qu'ils n'avaient pas été à la hauteur de l'homme qui devait les recevoir.

Deux jours qu'elle y réfléchissait à ce S.M.S. Mercredi, elle avait eu comme un déclic, une pensée soudaine en repassant devant une boutique de quarante-cinq tours, celle dans laquelle elle passait le plus clair de son temps à dénicher les perles rares dont son père parlait souvent, -parce que Stephan avait toujours apprécié faire aller les disques vinyles sur sa vieille machine-. Elle n'y entra pas cette fois-là, mais eut un flash infondé; ce qui le reliait à cette boutique n'était que la musique, et peut-être le "C" qui grésillait sur la devanture, -lumière rouge vive prête à être changée-, par lequel son nom commençait, et son genre musical favori aussi. Totalement infondé, j'avais dit. Elle avait secoué la tête, et rouler de ses prunelles par la même occasion, avant de se hâter pour rejoindre l'appartement de Hell's Kitchen là où elle vivait, -pressée, parce qu'il était déjà tard et qu'elle n'avait jamais eu l'habitude de traîner après les cours-. D'ailleurs, elle n'avait jamais eu l'habitude de traîner dehors, seule, tout court.

Ce fut en coup de vent qu'elle passa dans le long couloir pour rejoindre la porte de sa chambre. Melech et Paulin étaient déjà rentrés de l'Université, l'un devait prendre sa douche, paré à sortir et choper quelques nanas comme d'accoutumée, quand l'autre était accompagné de son compagnon dans le salon. Le sac bandoulière fut jeté dans un coin de la pièce, comme toujours, et, motivée à chercher son ordinateur portable dans sa table de chevet, pensant l'y trouver, elle tomba nez à nez avec une photographie qui datait d'une bonne année passée. Trois nanas et quatre mecs posaient les uns contre les autres, amis et heureux. Cela devait être les rares fois où elle s'était autorisée à sourire, amusée par les bêtises que pouvaient raconter les plus comiques de la bande. Ses paupières se plissèrent à défaut de ses lippes, et elle en pinça soudainement pour ces moments. Joa était là, vivant, collé contre elle, un bras sur l'épaule d'un autre. Et puis, pas très loin, lui aussi était là. 

Jeudi, elle avait essayé de faire abstraction de ces souvenirs, de ce besoin encore flou qui martelait sa poitrine et l'empêchait d'écouter attentivement son professeur d’interactions "homme-machine" du monde industriel. Le bout de son stylo en bouche, Joddie le faisait aller de gauche à droite, puis de droite à gauche, le regard perdu sur la table en bois devant laquelle elle s'était installée presque machinalement. En trois heures, elle n'avait pris aucune note et n'avait aucunement écouté ce qui s'était dit non plus. La fin du cours fut une surprise, marquée par des recherches supplémentaires qu'elle n'omit pas de noter sur le côté de sa feuille blanche, cette fois-ci. Au-dehors de l'immeuble réservé à l'informatique et aux nouvelles technologies, ce furent les groupes d'amis riant ensemble qui la laissèrent voyager dans le passé, vers cette période de sa vie où quelques métissés de natifs se retrouvaient pour simplement s'apprécier avec leurs ressemblances, leurs différences et leurs complémentarités.

< Salut, c'est Joddie. Je ne sais pas si tu te rappelles de moi, depuis le temps... > Parce qu'elle se rappelait parfaitement de lui. Et comment ça n'aurait pu être le cas ? Elle se souvenait du premier jour où il s'était présenté à la bande, nouvel ami d'un membre de la famille qui avait jugé bon de l'introduire à son crew, et quel plaisir ce fut de l'avoir à leurs côtés. Les premières secondes marquèrent un trait de sa personnalité qui fit l'unanimité : par son sourire, sa bienveillance; un peu ce qui était supposé être la qualité de tous. Même si Joa et lui ne s'entendaient pas toujours très bien, et que la braise et le froid se heurtaient parfois, cela n'avait jamais entravé à l'amitié des uns et des autres, -pas même la sienne pour Keith-. < Je sais que ça va paraître étrange mais j'ai besoin de te revoir. > Un besoin ou une envie, là encore il était compliqué d'estimer ce qui la poussait réellement à le rencontrer, bien qu'au final le résultat serait le même.

< Si t'es d'accord, t'as juste à me dire quand t'es libre et on pourrait se voir au Starbucks de ton quartier. Je te joins mon emploi du temps pour que ça corrèle. Bon aprem'. > Elle avait tout envoyé d'une traite le vendredi à une heure vingt-deux de l'après-midi, pour éviter d'échanger davantage  par message, pour ne pas trop souffrir en cas de refus, et parce que c'était probablement la première fois de l'année, -de sa vie-, qu'elle entamait une démarche telle que celle-ci et ça lui faisait bizarre. Aussi, dès lors que son pouce appuya sur le bouton envoyer de son téléphone portable, elle lâcha automatiquement ce dernier sur le lit, comme si elle pourrait tenter de trouver un moyen d'annuler l'envoi, ou la réception, du message si elle gardait l'objet en main. Elle resta immobile un long moment à fixer l'écran du mobile sans qu'il ne s'allume de nouveau. Elle soupira et vint frotter son front de sa paume, glissant les phalanges de sa dextre gauche à la racine de ses mèches frisées; ça avait été pourtant si évident qu'il ne puisse s'en rappeler, ou vouloir la retrouver.

Elle se pencha et prit la photographie, sortie deux jours plus tôt, entre ses doigts avant de la jeter à nouveau dans le tiroir; moment même où le vibreur de son téléphone annonça un message reçu. Doucement, sa tête glissa vers l'objet qui eut émis le son. Ses cheveux bruns tombèrent de sa clavicule à son omoplate lorsque son regard de tigre parsemé d'ambre porta son attention sur le prénom qui s'était affiché en plein milieu. Les traits de son visage restèrent neutres, seul son cœur décida de réagir à l'angoisse de devoir faire face à un possible rejet. Il battit, si fort, tellement fort qu'elle eut cru faire face aux mêmes battements que lorsqu'elle vit exploser et brûler la voiture de Joa, sept mois plus tôt. Elle attendit quelques secondes avant de porter ses doigts autour de l'appareil et fit glisser de son pouce l'affichage. Les mots se reflétèrent dans ses pupilles sans qu'aucune émotion ne soit perceptible.

* * * * * * * * *

Mardi trente, dix-sept heures quarante-trois minutes, soit deux minutes avant les retrouvailles, Joddie, crop-top jaune moutarde, salopette large en denim trouée aux genoux et veste blanche, agrippa de sa main la poignée du Starbucks, tira la porte et entra à l'intérieur sans omettre de défaire la casquette rouge de sa tête, pour la retourner et ainsi mettre son visage plus au jour; par politesse. Elle salua d'un signe de tête furtif les serveurs et serveuses avant de porter un regard curieux sur l'espace réservé à la clientèle. Il semblait que, pour une fois, elle n'était ni en retard, ni trop en avance. L'établissement n'était pas bondé et elle n'eut aucun mal à trouver une table vide d'occupants dans l'attente que Keith ne fasse, à son tour, apparition. Il n'était pas nécessaire de dire qu'elle se sentait intérieurement stressée, même si elle ne laissait rien paraître. Même si on disait souvent qu'il fallait une première fois à tout, Joddie n'était pas certaine de vouloir réitérer l'opération de si tôt avec une seconde personne.

Elle dégaina son portable de la grande poche droite de son vêtement en jeans et boucha ses oreilles des écouteurs qui y étaient suspendus. Elle mit en route sa playlist et tomba sur Do me right de Wildson qu'elle ne daigna pas changer, car à peine quelques phrases s'articulèrent à ses tympans qu'une silhouette masculine lui sembla plus commune que les autres s'activant sur le trottoir d'en face. Elle n'était pas installée près des vitres, mais elle n'eut pas besoin d'une loupe télescopique pour reconnaître le descendant cherokee attendre que la voie soit libre de véhicules pour la traverser. Sa main gauche vint tirer sur les fils qui pendouillaient au niveau de sa gorge et l'accessoire tomba sur ses cuisses quand le pouce droit désactiva la lecture aléatoire des musiques. Son regard ne dévia pas de l'allure plutôt à l'aise qui s'avançait jusqu'au Starbucks. Tout du moins, il semblait bien plus confiant qu'elle ne l'était concernant sa présence en ces lieux. Ciel, il n'avait absolument pas changé; et ça la conforta à l'idée de le revoir.

Quand bien même Joa et lui avaient eu quelques différends parfois, le métissé Navajo n'avait jamais eu aucun mal à faire confiance à son cadet, tant et si bien qu'il avait accepté volontiers qu'il soit celui à ramener Joddie à la colocation ou chez son paternel, quand il n'avait pu se charger lui-même de la tâche. La demoiselle avait beau essayé de lui faire comprendre par tous les moyens qu'elle n'avait pas besoin d'un garde du corps pour retourner à son foyer, Joa avait été bien trop têtu pour l'entendre, si ce n'était au moins l'écouter. Une habitude prise qui finit par ne plus déranger, -coutume qui vint à plaire à Joddie aussi-; elle ne tint plus tête à son compagnon. Ils scellèrent un lien qui allait bien plus loin que la simple connaissance de départ, assez unique depuis que Keith avait été dans l'obligation d'être dans la confidence de l'alcoolisme de Stephan, un soir, très tard, où l'Aborigène avait été trouvé quelques rues plus tôt, assis sur le trottoir, une bouteille de liqueur à la main.

La tête de la jeune femme se posa alors dans sa propre paume et elle n'attendit plus qu'il franchisse les portes de l'entrée du fast-food, le cœur boosté par l'impatience. Lorsque sa carrure apparut dans son champ de vision, la brune aux yeux en amandes leva légèrement sa dextre droite pour palier à sa discrétion légendaire et ainsi se faire remarquer de l'étudiant, qui avait débuté les recherches, de quelques coups d'oeil à l'intérieur, de l'une des anciens membres du groupe d'amis. Joddie resta assise, la tête encore contre sa voûte palmaire, mais lorsqu'il fut enfin à sa hauteur, le geste naturel de plier ses phalanges droites en un poing qu'elle leva doucement en direction du jeune homme prit le dessus. Elle n'avait plus qu'à attendre qu'il cogne le sien tout contre, comme ils en avaient eu l'habitude autrefois. Ses lèvres ne se délièrent pas tout de suite, ses billes profitant de dévisager celui qui lui faisait à présent face, comme si elle le découvrait pour la première fois, ou après quelques années de séparation.

_ Ça fait un bail, osa-t-elle enfin après un court silence à observer son vis-à-vis, je ne sais pas trop par quoi commencer, ni par où, à vrai dire, avoua-t-elle légèrement mal à l'aise, son regard se détournant promptement. Car si elle n'avait pas pour habitude d'user de ses traits pour faire comprendre ses émotions et sentiments de l'instant, ses yeux avaient toujours réussi à raconter l'histoire de ses mots, -ou de ses maux-. Heureusement pour elle, Keith la connaissait depuis assez longtemps pour savoir qu'elle mettait un peu de temps à démarrer au début d'une conversation, mais que la suite se passait mieux. _ Je pense que je peux commencer par être sincèrement désolée, et par m'excuser, tu ne trouves pas, peina-t-elle à avaler sa salive en reportant ses mirettes brunes aux pigments jaunes sur lui. C'était un début. Après avoir disparu avant l'inhumation de Joa, elle n'avait trouvé le courage de répondre aux messages envoyés par les membres de la bande, changeant en moins d'une semaine son numéro de téléphone pour ne plus montrer signe de vie.

_ J'avais besoin de... Je devais..., essaya-t-elle de trouver les mots justes, en vain. Selon elle, rien ne pouvait expliquer son silence, parce qu'elle était certaine qu'ils auraient été capables de s'adapter à la situation, peut-être même de l'aider à s'en remettre plus vite; pour peu qu'on puisse réellement se remettre de la perte tragique de quelqu'un. Est-ce que tu les vois encore, est-ce qu'ils... vont bien, s'enquit-elle à demander après s'être pincée les lèvres, les ayant écrasé fortement l'une contre l'autre, dans l'attente insoutenable de leurs nouvelles, parce qu'ils avaient tous compté pour elle malgré son mutisme quasi quotidien à leur contact. Et toi, tu... est-ce que ça va, osa-t-elle. Probablement la question la plus essentielle jusqu'alors, parce qu'elle n'avait fait que penser à leur amitié ces derniers temps, ou ce qu'elle avait au moins été. Keith avait été un soutien important pour elle, et son père. Notamment lorsque ce dernier était bien trop saoul pour être transporté par les seuls bras d'une femme, lui avait toujours été là.

_ Je n'ai pas encore réussi à entrer dans le cimetière, tu sais, confessa-t-elle au Cherokee, sans que sa voix ne faillit une seule fois, sans qu'elle ne se casse ou se disperse en diverses intonations plus ou moins aiguës, non. J'ai jamais trouvé le courage d'y aller, continua-t-elle avant de poser : est-ce que ses parents déposent tout de même les fleurs que j'envoie chaque mois ? Keith n'avait probablement jamais eu aucun mal à se faire apprécier des parents de la bande, tout du moins ceux qui étaient sur New-York ou encore en vie, -peu de personnes devaient le détester, pour sûr-, alors, si une personne devait être encore en contact de temps en temps avec les Grahams, ce devait être lui. A moins que les choses aient étrangement changé en sept mois. Joddie n'était plus vraiment de ceux à être au goût du jour. Sept mois... Sept longs et pénibles mois pendant lesquels elle avait tenté de s'affairer comme elle le put, jusqu'à ce que tout ceci ne la rattrape. Elle ne pouvait plus se permettre de jouer la solitaire éternellement.

Une grimace épousa l'un des coins de ses lippes mais disparut aussi vite qu'elle fut exprimée. _ Pardon, je parle trop, se rendit-elle compte en retirant son minois de sa paume, laissant ses avant-bras venir coller la table autour de laquelle ils étaient installés, ses mains se joignant devant elle. Elle aurait aimé lui offrir un sourire pour le rassurer sur les raisons qui l'avaient poussé à le questionner ainsi, mais elle ne pouvait toujours pas. Aussi surprenant que cela pouvait paraître, cela dit, elle n'était ni malheureuse, ni triste. La mort de Joa avait été un coup dur, mais depuis quelques semaines, elle s'était promise d'avancer; et la présence d'autres à ses côtés ne pourrait que l'aider à faire de plus grands pas vers sa liberté. _ Je n'ai encore rien commandé. Je n'étais pas certaine que tu aies toujours les mêmes goûts qu'avant, fit-elle, car si elle prenait un macchiato, comme d'accoutumée, qu'en était-il de ses habitudes à lui ?

_ J'y vais seule, ou tu veux m'accompagner, demanda-t-elle, commençant à se lever de la chaise sur laquelle elle s'était assise quelques minutes plus tôt, prête à aller faire la queue, une main tâtonnant déjà l'une de ses poches arrière à la recherche de son fin porte-feuille. Avait-il besoin de digérer les retrouvailles ?

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Invité a posté ce message Ven 19 Avr 2019 - 16:40 #


   


People walk in and out of your life
true friends leave footprints in your heart
-  Joddie Brown  &  Keith W. Crow  -

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We had the songs that we sang along to
You had the moves to make me dance with you
I always saw you reaching and catching stars
(...)
Did you get out? I'm wondering where you are

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Sortant de la salle où il était enfermé depuis des heures pour pratiquer ses notions d’enregistrement et ajustements avec les consoles - bases qu’il avait déjà plus ou moins apprises en suivant la carrière de sa mère par intermittence - il salua ses camarades, ayant déjà refusé leur invitations à aller manger un morceau et prendre une bière, son après-midi déjà avancé étant réservée pour quelques projets à terminer et une soirée qu'il ne pouvait annuler. Il n’avait cependant pas fait trois pas que son téléphone, retrouvant du réseau, s’agita dans la poche de son jeans, lui balançant des notifications de toutes sortes.

Vérifiant qu’il n’y aie pas d’urgence, il fit un rapide survol de ses courriels sans s’y arrêter, le tout pouvant attendre qu’il soit chez lui ou plus tard encore. Vint ensuite un appel manqué de son père et un message vocal indiquant qu’il le rappellerait le lendemain, chose qui lui tira une mince grimace d’avoir raté la communication, mais les mots cherokee à la fin du mémo ramenèrent un sourire sur ses lèvres. Une simple salutation, pas réellement personnelle si ce n’était de son prénom, mais ça l'inondait toujours de chaleur à chaque fois. Un sentiment d'appartenance ou une certaine fierté, allez savoir. Il régla un ou deux textos rapides ensuite avant qu’un numéro inconnu n’attire son attention. Oubliant ce qui l'entourait, il arrêta de marcher sans en prendre conscience, le contenu du message captant toute son attention. Rapidement ses doigts coururent sur le pavé tactile pour répondre, se dépêchant comme si deux minutes ferait une différence après cette attente. Peut-être après tout.

" J’ai pas si mauvaise mémoire ma vieille :P je suis pris toute la journée demain, mais voilà mon horaire aussi. Choisi ta journée et je te réserve ça avec plaisir! Et si on a besoin de bouger quelque chose, ça peut peut-être s'arranger alors te gêne pas! Anytime! ;) "

Sans hésiter, il avait inscrit un second message, détaillant son horaire lettres par lettres, associant abréviations et mots complets dans un résumé qui lui paraissait parfaitement compréhensible, mais qui, au final, ne l'était peut-être pas pour sa destinataire un fois envoyé et reçu. Tel que dit, il n'hésiterait pas à essayer de lui faire un espace dans la plage horaire, quitte à reporter ou annuler certaines choses, il pouvait même probablement se permettre de manquer un cours, sa moyenne n'en pâtirait pas vraiment et il trouverait bien quelqu'un pour lui prêter ses notes. Ce message était arrivé alors qu'il ne s'y attendait pas et qu'il n'avait eu aucun indice ou un évènement ou autre qui pouvait en justifier l'apparition, mais il prenait ce contact avec plaisir.

Récupérant son éternel casque d'écoute dans son sac de cours, il l'enfila et ne tarda pas, après un branchement rapide et coutumier à entendre les premières notes d'une mélodie s'élever dans ses oreilles, faisant vibrer ses tympans alors que ses pas le ramenait chez lui, à demi en automatisme, puisqu'il régla avec Joddie quelques détails pour leur prochaine rencontre.

***

D'abord surpris, les traits du brun démontre facilement le tout, s'étirant d'étonnement alors que son regard fixe son amie. Cependant, dès lors qu'il s'apprête à ouvrir la bouche pour chasser la culpabilité dans laquelle elle semble vouloir s'enfoncer, elle le coupe, cherchant ses mots pour expliquer cette solitude ou cet éloignement dont elle avait besoin et qu'il chasse d'un geste négligent de la main accompagné d'un sourire compréhensif. Pour lui, elle n'a ni besoin de s'excuser, ni besoin de s'expliquer : elle s'est éloignée et avait ses raisons. C'est tout. Elle l'a re-contacté, pour diverses raisons peut-être ou sur un simple coup de tête, une impulsion, mais que ce soit l'un comme l'autre, il n'a pas besoin de justification, se contentant simplement de retrouver une présence agréable qu'il connaissait bien. Ou du moins qu'il avait assez bien connue. Vu les évènements qui les avaient séparés, il s'attendait à voir des changements et des différences de ci, de là, parfois de simples détails peut-être, parfois de grands traits dans son esquisse, qui sait. Déjà de la voir hésitante devant lui prouvait une modification. Qu'en était-il de la fille forte qu'il avait pourtant raccompagné à plusieurs reprises? De la pilote entêtée à foncer et gagner les courses que d'autres la sous-estimait de remporter? À y repenser, il avait déjà constater quelques failles dans ce qui ne semblait pour autant pas être un masque, plutôt une facette dans l'ombre. Après tout, combien de fois avait-il dû lui promettre de ne rien dire au sujet de son père? Combien de fois avait-il assuré : "Il s'est passé quelque chose? Ha bon? J'ai rien vu pourtant." pour lui faire comprendre qu'il ne craquerait pas le moindre mot sur l'alcoolisme de son géniteur? Ce n'était pas le premier secret qu'il gardait, ce ne serait pas non plus le dernier; elle pouvait avoir confiance.

Lorsqu'elle s'enquit du sort des autres membres de la bande, le regard du métisse s'adoucit et se porta un instant sur les rues de la métropole qu'il apercevait par la fenêtre. Les choses avaient changées depuis le décès de Joa, il devait bien l'admettre, mais il savait aussi qu'elle n'apprécierait pas nécessairement la vérité, se sentirait mal peut-être même face à cette situation, mais pouvait-il la lui cacher? Ramenant ses pupilles pâles pour croiser les siennes, il hocha légèrement la tête.

- Ils vont bien ...de ce que j'en sais, l'informa-t-elle, calmement. Le groupe s'est un peu dissout depuis votre départ, expliqua-t-il choisissant tranquillement des mots qu'il n'espérait pas trop durs. Un peu tout le monde est rester en contact avec chacuns, mais certains ont toujours eu moins d'affinités, c'est pas moi qui te l'apprendra, fit-il avec un faible rire pour tenter de détendre le tout.

Il était le premier à ne pas partager les mêmes idéaux que le défunt, mais il n'y avait jamais eu de guerre entre les deux. Il n'avait jamais chercher à n'en provoquer une non plus, préférant laisser glisser certains commentaires ou certains idéaux de Joa qui contrastait avec les siens plutôt que de se chercher misère. Ça lui avait probablement éviter certains mots de tête; il n'aimait pas les disputes et ce n'était pas d'hier, même s'il avait au coeur de certains conflits par le passé. Avec l'ex de son amie, ça n'avait heureusement jamais dépasser le statut d'étincelles, quelques éclats de voix au plus loin. Les poings n'avait pas volés, même si une insulte banale ou deux avaient pu glisser parfois.

- J'ai une faible dévotion pour les cimetières, Joddie, avoua-t-il avec un sourire navré en baissant la tête, levant tout de même son regard vers elle, désolé de ne pouvoir lui offrir une réponse aux sujets des fleurs des fleurs qu'elle envoyait et des visites régulières des parents de Joa au cimetière.

Il avait revu ses parents à quelques reprises, mais n'était pas retourné au cimetière. Peut-être était-ce les croyances religieuses inculquées par sa grand-mère qui s'étaient mal installées dans sa cervelle ou les légendes et coutumes du clan paternel qui avaient brouillées la chose, mais toujours est-il qu'il ne mettait que très rarement les pieds dans les cimetières, à moins d'en avoir reçu la demande, préférant laisser le lieu de recueillement des autres tranquilles, ne partageant pas cet idéal. Il n'était d'ailleurs pas retourner en Georgie voir la pierre tombale de sa grand-mère depuis qu'ils l'avaient posée en terre, non parce qu'il n'aimait pas sa Nanny, mais plutôt que ce n'était pas vers quoi il se tournait s'il voulait penser à elle ou exprimer une pensée qu'il désirait voir s'envoler jusqu'à elle. Chacun sa vision de la chose ou ses croyances. Les siennes étaient déjà difficiles à suivre, empruntées ici et là à certaines cultures mixtes pour se l'approprier et l'adapter à soi.

La voyant grimacer puis s'excuser, un rire silencieux secoua les muscles de ses épaules et il se redressa, décourbant sa colonne vertébrale sans toutefois paraître imposant; il continuait de dégager le calme décontracté qui le qualifiait souvent. Après les nouvelles syllabes offertes par la jeune femme, il se mit sur pieds, presque d'un bon, pour la couper dans son élan.

- Tes fesses sont toujours là, l'informa-t-il en la voyant tatonner. Et ton portefeuille y reste planqué si c'est ce que tu cherches : c'est moi qui t'invite, ajouta-t-il avec un clin d'oeil.

Se penchant, il se permit de déposer une bise inoffensive sur sa joue ronde, soufflant à son oreille :

- C'est bon de te revoir.

Une simple phrase pour lui faire comprendre ce que son habituelle attitude ne pouvait peut-être pas démontrer : elle n'avait pas besoin de se justifier, il prenait son retour tel qu'il était sans besoin de plus. Bougeant avant qu'elle n'ajoute quoi que ce soit, il recula d'un pas, puis d'un second et d'un autre encore, un large sourire aux lèvres et le regard joueur.

- Macchiato, c'est ça? La questionna-t-il en s'éloignant à reculons, sautillant presque de façon joyeuse.

Avait-il bonne mémoire ou avait-elle changé ses habitudes? Après validation du choix de Joddie, la commande en tête, il alla lui-même faire la file, profitant que les deux personnes devant lui n'émette leur désirs pour parcourir l'ardoise à la recherche de sa future consommation. Sans réelle surprise, son choix s'arrêta sur une habitude, presqu’un rituel depuis qu'il avait fait connaissance avec le café de qualité - du moins de meilleurs qualités que les stations-services et les aires de repos des diverses autoroutes parcourues. Il demanda donc un cappuccino simple, sans rien d'autre. Il préférait l'amertume du liquide que le goût sucré des milles et une variantes proposées.

Inconsciemment, sa tête suivait en rythme les mesures de la chanson s'élevant des hauts-parleurs, quelconque musique pop particulièrement à la mode ses derniers temps lui conférant le droit de jouer partout à tout moment et sur toutes les fréquences et qui, même si elle ne faisait pas parti de son registre, s'était assez inscrit dans sa tête pour qu'il en connaissent les paroles et puisse les fredonner de façon absente durant l'attente. Se tournant vers Joddie, il finit par esquisser deux ou trois pas de danse, espérant lui faire craquer un sourire ou mieux encore, un rire, mais il en reçut plutôt un regard de travers de l'employé qui lui apporta les breuvages qui semblait trouvé incohérente cet éclat de joie qu'il ne partageait définitivement pas. Loin de s'en offusquer, il lui offrit un sourire trop innocent et trop enfantin pour ne pas aggraver son cas et, attrapant les tasses, revint vers son amie avec sa bonne humeur.

- Hors donc, tu as besoin de moi pour quelque chose en particulier ou c'est juste pour mes beaux yeux et mon sourire charmeur? La questionna-t-il en déposant la tasse de liquide bouillant devant elle et reprenant place sur la chaise qu'il avait quitté quelques minutes plus tôt.

Loin d'être imbu, il savait qu'il pouvait avoir un certain charme s'il se forçait, mais Joddie était une amie et la petite amie d'un pote, aussi il n'avait jamais tenté quoi que ce soit en ce sens envers elle. Ce genre de réplique était surtout une moquerie à sa propre encontre; il était bien capable de rire de lui-même pour en amuser les autres. Après tout, la vie était plus intéressante si on ne passait pas son temps à se prendre la tête au sujet de la première remarque qui passait. Il y avait déjà certains sujets qui le faisait monter au front, c'était bien assez.

- Sans stress, je demande simplement, précisa-t-il réalisant qu'elle pourrait peut-être se faire une mauvaise idée de sa pensée pour cette rencontre au vue de sa dernière question.

Il n'insinuait pas qu'elle ne voulait le revoir que parce qu'elle avait un service à lui soutirer ...et quand bien même, il pouvait être là pour ça aussi si ce n'était que ça. Il espérait seulement que ce ne soit pas parce qu'elle aie quelques ennuis que ce soit et si c'était le cas, ils essaieraient bien de trouver une solution à deux; il ne voyait pas vraiment d'épreuve insurmontable. Une hésitation traversa un instant ses neurones, lui faisant détailler d'un bref regard de haut en bas la jeune femme qui se tenait devant lui. Non, ça ne devait pas être ça. Y avait-il eut assez de mois ou de semaines parcourues depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vu? Il savait que le délai pouvait varier, mais la moyenne restait neuf mois, non? Est-ce que ce temps avait passé depuis le départ de Joa?


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Invité a posté ce message Sam 20 Avr 2019 - 13:57 #

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Les mains au niveau de son fessier, doigts à l'intérieur de ses poches arrière, Joddie porta attention au mouvement bref et spontané de Keith. Elle stoppa le geste qui voulait faire sortir son porte-feuille de sa cachette à la remarque du plus âgé, gardant ses yeux ancrés dans ses billes claires, immobile quand il lui fit face. Le clin d’œil qui lui fut adressé laissa un souffle vif et chaud s'extirper de ses narines. Comment aurait-elle pu imaginer que ça puisse se passer autrement ? Il était si imprévisiblement prévisible, comme il l'eut été, -comme il l'eut toujours été. Ses phalanges glissèrent pour s'échapper du tissu, parce qu'elle n'avait jamais ressenti le besoin de perdre du temps à discuter sur ce genre de choses, ça avait toujours été un coup lui, un coup elle, ils n'avaient jamais vraiment compté. Au même moment, les lèvres du Cherokee s'étaient approchées de sa joue pour s'y poser, et elle n'avait eu aucun mouvement de recul, étrangement. L'homme avait pour habitude de se montrer affectueusement démonstratif, avec les autres plus qu'avec elle à l'époque, mais elle en avait été assez témoin pour ne pas s'effrayer de la proximité; Joa n'était plus là pour se vexer.

Joddie se surprit même à dévier légèrement son faciès en direction de l'étudiant, porta son front non loin du portrait baissé de son ami, l'arête de son nez au niveau de sa mandibule, lorsqu'il lui souffla à l'oreille des mots réconfortants qui lui caressèrent les tympans. Souriante à l'intérieur, elle ferma simplement les paupières, acquiesçant légèrement de la tête. Parce qu'elle avait compris, parce qu'elle partageait ce sentiment aussi. Avait-elle réellement besoin d'entrouvrir les lippes et laisser quelques mots l'exprimer ? Non. L'apesanteur qui flottait entre les deux camarades était suffisant, bien plus révélateur que n'importe quelle parole. Son museau frôla l'épiderme du jeune homme lorsqu'il recula. L'instant avait semblé durer le temps infini d'un ralenti cinématographique quand, en réalité, il n'avait suspendu que quelques dizaines de secondes de leur horloge biologique. Elle ouvrit à nouveau ses yeux bruns sur lui, d'abord, puis sur le monde qui les entourait. Le suspend l'avait quelque peu perdue, ce furent les pas énergiques de Keith qui défigèrent sa silhouette, son ton interrogatif aussi.

_ Macchiato, répéta-t-elle, justement pour confirmer sa partie de la commande, avant que le métis n'ait rejoint la courte file d'attente. Joddie ne resta pas bien longtemps debout et reprit sa place sur la chaise qu'elle eut précédemment occupée, laissant l'homme se charger de tout; elle pouvait avoir confiance en lui pour ne rien oublier. Sa main gauche agrippa la visière de la casquette à l'arrière de son crâne pour la ôter, la posa sur la table, au niveau du mur près duquel le meuble était collé, et passa son autre dextre dans sa chevelure frisée pour la regonfler sur le dessus de son crâne, le couvre-chef l'ayant quelque peu aplatie. Elle reporta son attention sur le plus grand qui vérifiait les diverses propositions de boisson, même si, à coup sûr, il n'irait pas se pencher sur l'originalité. Tous deux partageaient le goût des bonnes choses, dans leur simplicité. Son coude côté Ouest rejoignit le bois, son dos se courba pour que sa tempe puisse se tenir en équilibre sur l'os rond de sa paume. La patience et la tranquillité dans toute leur splendeur, bien plus apaisée à présent qu'il lui avait indirectement assuré que leur relation pouvait perdurer là où elle s'était précédemment arrêtée.

Le calme ressenti par la jeune femme, propulsé par l'environnement et le rythme des chansons pop des haut-parleurs, fut très vite interrompu par quelques vibrations qui émanèrent de son téléphone portable. Elle passa sa main dessus, le sortit de sa salopette pour le mettre à plat devant elle, désactivant l'écran de quelques coups de doigts pour découvrir la conversation Skype de ses colocataires. Le bavard de Paulin qui faisait encore des siennes à envoyer des blagues, -pas du tout drôles mais qui prêtaient tout de même à esquisser en son for intérieur-, alors qu'il était sensé être en amphithéâtre; Joddie était persuadée qu'il avait ratée sa vocation : les chiffres, ça n'était pas pour lui. Elle releva le regard sur Keith, lâchant l'écran de ses quartz, en même temps qu'il tourna sa tête vers elle, la fixant de ses topazes. Il n'attendit pas bien longtemps pour tenter de la faire rire, elle plissa simplement les coins de ses pierres foncées à la vue de ses pas rythmés par la musique, secouant un peu la tête de gauche à droite pour marquer le comique de la situation. Elle n'était pas facile à expanser ouvertement ses émotions, il savait tout de même qu'elle n'était pas insensible à son côté extraverti. Plus qu'au contraire, elle l'adorait pour ça.

Beaucoup de nanas auraient pu se sentir gênées de devoir se présenter en compagnie d'une personne aussi expressive que Keith, qui ne trouvait pas d'importance à ce que pouvait déduire les autres sur sa manière d'être et d'agir, Joddie s'en amusait, discrètement, silencieusement peut-être. Ça lui permettait de s'évader à travers lui dans cette innocence et naïveté qu'elle n'avait jamais eu l'impression d'avoir vu exister en elle. Trop rapidement pointée comme faisant partie de l'anormalité, tout ça pour des choix qui ne résultaient d'aucun sens logique aux yeux d'autres, elle n'avait trouvé réconfort qu'auprès d'eux, qu'auprès de lui, et de Lui aussi. Alors, elle vivait à ses côtés, elle respirait à nouveau. Même si elle tendait à ne pas sourire, la lueur dans ses yeux composait la partition aux notes légères que seul le musicien pouvait dessiner puis interpréter. Elle aimait ne pas avoir à forcer les manifestations de pensées, de sentiments : il devinait si bien. Une amitié comme celle-ci ne devait se présenter qu'une seule fois dans la vie d'une personne, et elle avait eu affreusement peur de l'avoir perdue à jamais. Elle s'en serait voulu, probablement à vie, si ça avait été le cas, -si elle l'avait perdu, lui.

_ Merci, fit-elle en rapprochant la tasse qui lui était destinée, posée délicatement par Keith sur la table avant qu'il ne retrouve sa place face à elle. Elle pinça ses lèvres l'une contre l'autre à la question du jeune homme, ses zircons dans la couleur brune du liquide. Elle n'avait pourtant pas besoin d'y réfléchir, elle connaissait déjà la réponse, ce qu'elle devait lui dire, ce qui devait être articulé. Malgré tout, elle se tut, le laissant plaisanter puis reprendre une bribe de mots pour effacer tout possible malentendu. C'était étrange : il ne prenait pas autant de pincettes avec ces autres. Croyait-il, qu'après tout ce temps, elle puisse se vexer ? Allons, elle était probablement la mieux placée pour savoir qu'il n'y avait aucun sous-entendu derrière cette allusion de perfection; bien qu'il était tout de même un ami parfait à ses yeux. Elle se tut, en pause, comme un besoin de silence quand elle savait qu'il préférait les enchaînements, peu à l'aise avec les blancs. Elle en jouait peut-être un peu, comme avant. Elle releva les billes dans les siennes, luisantes et mystérieuses avant que ses lèvres inexpressives ne se détachent l'une de l'autre. _ Pourquoi tu me regardes comme ça, posa-t-elle, sans attendre une réelle réponse, les coins de ses lippes légèrement relevés en une fine, très fine, esquisse amusée.

L'attente insupportable, n'était-ce pas ? Elle plissa les yeux, ses cils noirs, longs et courbés battant deux ou trois mesures avant qu'elle ne reprenne la parole, d'une voix douce. _ Ton sourire, répéta-t-elle sans quitter ses prunelles claires de ses perles, peut-être tes yeux aussi, ajouta-t-elle après un court instant mutique, probablement toi, conclut-elle naturellement, sans faillir avant de baisser ses yeux sur le récipient au logo vert de l'établissement. Tu m'as manqué, porta-t-elle à nouveau ses iris sur le visage de son vis-à-vis, marquant ainsi que les mois avaient été longs sans son soutien, difficiles sans lui à ses côtés pour l'aider à gérer tout ça, tu me manques, rectifia-t-elle aussitôt, plus pour tous ces moments encore à partager, -parce qu'une véritable amitié ne pouvait s'arrêter de vivre à cause de la distance, parce qu'elle ne s'était jamais éteinte et, qu'à présent, elle avait besoin de retrouver Keith, physiquement-; en espérant que ça soit la même chose de son côté, parce qu'elle n'était pas le genre de filles à forcer la main. _ C'était évident, non, l'interrogea-t-elle. Avait-elle, une seule fois, laissé paraître s'être rapprochée de lui pour une raison autre que celle scellant leur relation ?

Une différence flagrante, ici, qui balançait entre Keith et Joddie. Le premier avait toujours des gestes affectifs, parfois irréfléchis, instinctifs et désintéressés envers ceux qu'il appréciait quand la deuxième posait des mots pensés, matures, parfois forts sur ses sentiments, les adressant sans peur aux membres qui comptaient pour elle. Si elle avait été comme Keith pendant son adolescence, câline, adepte de la promiscuité, peut-être que la jalousie démontrée et possessive de Joa avait été ce qui changea la donne. Elle l'avait connu trop réactif, le sang chaud, pour s'autoriser à poursuivre ainsi sans risquer de provoquer le déluge. Pour compenser, elle avait appris à s'exprimer brièvement dans un vocabulaire sans utiliser de détours; directe, parfois rentre-dedans. Tout au contraire, avec son défunt compagnon, elle s'était retenue, n'avait jamais sortis de mots intenses parce qu'il prenait une grande place dans leur couple, le meneur de leur duo, ne permettant qu'à Joddie de s'éteindre et de ne faire qu'un avec lui; probablement que ça lui avait permis d'avoir une totale emprise sur elle, d'ailleurs. Elle n'avait été que son ombre, et ça lui avait suffi jusqu'à présent.

_ De toute façon, ça aurait été compliqué de t'oublier, se laissa-t-elle aller aux confessions, jouant encore d'un silence comblé par la musique, porta le rebord de la tasse à ses lèvres pour boire une gorgée du café chaud, dans ses moments sobres, mon père réussissait à me rappeler ton existence de manière plutôt surprenante, fit-elle, laissant le deuxième souffle chaud et rieur de leurs retrouvailles s'échapper de ses narines en se remémorant les épisodes. Oh, ils n'avaient pas été nombreux, ces instants, malheureusement, -parce que Stephan était bien trop passionné par les liqueurs pour tenir vingt-quatre heures sans en abuser-, mais ça avait suffi. Malgré ses états à la limite du coma éthylique, il avait quelques brefs souvenirs de la présence du jeune homme, aux côtés de la chair de sa chair, pour le relever de l'endroit où il s'était allongé/était tombé, pour le transporter de ruelle en ruelle parmi les junkies du Bronx, -là pour affaires ou pour se shooter-, et pour le monter dans les escaliers exigus de son immeuble de quartier malfamé, les voisins aussi saouls que lui sur leur palier à profiter de la scène; curieux.

Ça n'avait rien de marrant, en soi. Keith et Joddie en avaient sué plus d'une fois pour soulever son poids mort, avaient peiné à le maintenir accroché à leurs épaules, l'avaient traîné sur des centaines de mètres avant que la jeune femme ne cède sous la fatigue, obligeant l'étudiant à parcourir les dernières enjambées à supporter les trois quarts du quinquagénaire malgré les efforts de sa fille. Le plus difficile avait été de tenir à trois sur les mêmes marches. Ils s'étaient cognés aux murs, à la rambarde, tellement de fois. Ensemble, ils avaient gagné certains bleus, avaient partagé les mêmes contractures et les mêmes griffures. Ils avaient galéré tous deux sous les rires, hurlements et disputes des ivres, des violents, des appartement adjacents, jusqu'à finir sur le pas de porte devant un battant en bois récalcitrant, usé par les années et les coups. Non, ça n'avait rien de marrant, mais ça faisait partie de leurs souvenirs. Et comme chaque souvenir, il était bon de se rappeler, -parce qu'une amitié n'était pas uniquement faite de joie, un peu comme pour chaque couple, il y avait des hauts et des bas. _ J'ai eu comme l'impression qu'il préférait quand tu étais là, ça lui semblait plus amusant, blagua-t-elle sans que ses traits ne s'étirent.

_ Il va bien, profita-t-elle de l'informer de l'état de santé de Stephan, l'homme qui osait appeler celui qui lui faisait face fiston dans les pires situations, ou K. pour paraître garder l'âme d'un jeunot quand son visage semblait en avoir soixante-dix. Aller bien ne voulait pas dire qu'il était guéri, Keith le savait très bien. Elle lui avait d'ailleurs confié avoir essayé de le confier à un établissement qui se chargeait de gens comme lui, addictes à ce qui pouvait les détruire, mais il s'était enfui à chaque fois pour retrouver un goût de liberté à travers l'alcool. Elle avait vingt-deux ans, et la première fois qu'elle fut confrontée à son père saoul remontait à six ans; elle n'était alors âgée que de seize ans. Malgré ce qu'on pouvait penser, elle n'était pas attristée non plus par la situation de son père, parce qu'il semblait se plaire ainsi comme elle adorait prendre le risque de frotter, à vive allure, les pneus de ses voitures sur l'asphalte de circuits. Il l'avait longtemps laissé faire ce qui lui semblait être bon pour elle, alors elle faisait de même pour lui, restant à ses côtés pour l'accompagner. Elle but d'autres gorgées de sa boisson; elle n'était pas malheureuse.

_ Et tes parents, comment ils vont, s'autorisa-t-elle à prendre des nouvelles des siens. Elle n'était probablement pas au courant de tout ce qui les concernait, mais en avait entendu l'essentiel. Ils comptaient beaucoup pour Keith, et malgré leurs relations distantes elle devinait que le garçon représentait beaucoup pour eux aussi. Elle l'avait su élever par sa grand-mère maternelle quand sa génitrice parcourait les villes à la conquête de gloire dans les bars, vivant de sa passion, respirant par elle; par la musique. Elle n'avait jamais eu l'occasion de le voir s'exprimer sur ses sentiments, mais il ne semblait pas lui en vouloir pour ça; ce que Joddie trouvait merveilleux. Aussi, son père ne paraissait pas plus présent à ses côtés. Ça n'avait jamais été un sujet de conversation abordé par le plus vieux d'une année, elle ne les avait jamais croisés non plus, mais l'étudiante en mécatronique espérait qu'ils puissent deviner ô combien il pouvait être fiers de leur fils, parce qu'il était exceptionnel. Pour l'avoir côtoyé des jours successifs entiers, elle était probablement celle qui pouvait l'affirmer, et le confirmer à qui voudrait bien l'entendre.

_ Tu vas passer l'été avec eux, cette année encore, demanda-t-elle détails, parce que peut-être que ces habitudes avaient changé pour une raison ou une autre, -notamment à cause d'études ou d'autres projets plus personnels du jeune homme. Elle finit sa tasse d'une traite avant qu'elle ne soit trop froide pour être appréciée, et conversa sur ses projets, à elle. _ J'ai besoin de changement, perso, commença-t-elle, je n'irai pas en Europe pour une quelconque compétition cette fois-ci, affirma-t-elle ne pas avoir le désir de concourir sur la même piste qui vit mourir son ex-compagnon, -ce qui restait compréhensif-, je vais certainement prendre quelques vacances, ça fait longtemps, hocha-t-elle doucement de la tête, tentant de se conforter à l'idée de laisser son paternel seul dans le Bronx, -idée encore difficile, mais pour laquelle elle prendrait quelques dispositions avant son départ-. _ C'est toujours mieux à plusieurs, s'enquit-elle d'ajouter après avoir dévisagé Keith quelques secondes, si tu as deux semaines à perdre fin Août..., laissa-t-elle en suspend la proposition avant de hausser les épaules, les montant doucement pour les descendre tout aussi délicatement avant d'ajouter : j'ai besoin de bouger.

Genre, maintenant. Joddie était connue pour être une jeune femme active où les seules fois où elle pouvait rester stagnante à un même endroit étaient lorsqu'elle se devait d'étudier dans sa chambre ou la bibliothèque de l'université, écouteurs dans les oreilles ou les quarante-cinq tours de son paternel tournant sur la platine vinyle, pour couvrir le bruit d'autres étudiants ou des voisins. Elle jeta un regard rapide sur le contenu de la tasse du Cherokee, sans le presser de finir en trombe avant de remettre sa casquette sur son crâne, à l'endroit, cette fois-ci, visière légèrement relevée pour ne pas cacher entièrement son visage. _ A moins que tu sois fatigué ou aies prévu autre chose, demanda-t-elle tout de même, bien qu'elle ne le connaissait pas fainéant, ni ne pensait qu'il ait pu prévoir quoi que ce soit d'autre qui pourrait entraver ou raccourcir leurs retrouvailles. Elle avait tout de même compté un tant soit peu pour lui, non ? Et elle comptait encore un chouïa aujourd'hui, n'était-ce pas ? Sauf si une personne pouvait représenter bien plus à ses yeux qu'une amie à cet instant : à moins que ta copine soit entrain de t'attendre sagement chez toi, auquel cas je comprendrais que tu puisses préférer la rejoindre, fit-elle, sincère.

Jusqu'à preuve du contraire, elle se rappelait l'avoir quitté en couple. En avait-il d'ailleurs profité pour se fiancer à cette demoiselle ces sept derniers mois ?  

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Invité a posté ce message Ven 26 Avr 2019 - 4:31 #


   


People walk in and out of your life
true friends leave footprints in your heart
-  Joddie Brown  &  Keith W. Crow  -

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We had the songs that we sang along to
You had the moves to make me dance with you
I always saw you reaching and catching stars
(...)
Did you get out? I'm wondering where you are

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Son inspection bien que sommaire et rapide ne passa pas inaperçue et son amie ne se gêna pas pour le lui faire comprendre, le questionnant sur le pourquoi de la chose. Il ne distinguait aucune offense dans la question. Peut-être plus une certaine curiosité ou un étonnement? Il n'aurait su dire exactement, mais il comprenait que s'il avait été pris fautif, elle ne lui en tenait pas rigueur.

- J'essayais de deviner la raison, se contente-il de déclarer, un certain amusement faisant relever ses pommettes, plissant ses yeux légèrement.

Il n'allait pas aborder le sujet de lui-même puisque celui-ci pouvait être des plus délicats. Après tout son hypothèse première était peut-être véridique et elle ne savait comment gérer. Ou peut-être l'avait-elle été pendant quelques temps et c'était désormais de l'histoire ancienne puisque l'embryon n'avait vu le jour ou le nouveau né était-il peut-être bercé par d'autres bras. Ou rien de tout ça et un quelconque commentaire à ce sujet serait vu comme une insulte sur son poids alors qu'il n'y avait rien à redire sur ce sujet. C'était aussi une avenue à envisager! Et peu importe le résultat parmi l'éventail de possibilité, il ne voulait être le premier à en parler.

Lorsque Joddie se décida après un certain silence à lui divulguer la raison de son appel, il affichait un sourire calme, patient ...qu'il perdit au fur des paroles, le troquant contre un fard qui rougit graduellement ses joues. La surprise resta un instant flottante dans ses prunelles avant qu'elle ne lui avoue simplement qu'il lui avait manqué et lui manquait toujours. La déclaration adoucit ses traits et, le coude posé sur la table, faisant fit de l'étiquette, il tendit l'une de ses mains encrées jusqu'aux jointures, par-dessus les tasses de café, paume ouverte vers la jeune femme, la laissant la prendre si elle en avait envie. Simplement pour la rassurer qu'il ne s'évaporerait pas.

- Je suis là, assura-t-il dans souffle apaisant.

Il n'ajouta pas qu'il n'avait pas bougé, que ce n'était pas lui qui avait coupé les ponts. Il n'insinuait jamais ce genre de chose, prenant les départs et les arrivés dans sa vie avec une certaine inscouciance qui laissait parfois d'autres penser qu'il n'avait rien à faire de personne, alors que ce n'était pas le cas. La vie lui avait simplement appris à faire ainsi. Entre les mouvements fréquents de sa mère et les absences de son père, il avait naturellement trouvé une balance, préférant se réjouir de leur présences plutôt que de pleurer leur distance. Distance qui ne paraissait jamais réellement grande lorsque la communication était possible. Dans le cas de son amie, les ponts avaient été coupés presque abruptement, le numéro de téléphone changé et lorsqu'il l'avait appris, il n'avait pas chercher à faire comme certains autres et insistés; il était simplement rester dans son coin à se dire qu'un jour elle reviendrait d'elle-même probablement. Sa patience semblait avoir porté fruit.

- De toute façon, ça aurait été compliqué de t'oublier, avoua-t-elle.

Un rire s'échappa de ses lèvres, faisant trembler momentanément ses épaules.

- Me voilà rassurer! Ne pût-il s'empêcher alors qu'elle ajoutait que son père avait des manières plutôt surprenantes pour lui rappeler son existence. L'information le fit tiquer, penchant sa tête et fronçant ses sourcils d'incompréhension alors que les notes d'amusement s'évaporaient dans l'air. C'est à dire?

Vaguement, elle lui apprit que son géniteur semblait trouver plus amusant lorsqu'il était présent, ce qui n'amena que plus d'incompréhension sur le visage du métisse. Il ne se souvenait pourtant pas vraiment de moments où il y avait matière à rire réellement lorsqu'ils s'étaient croisés, bien qu'il pouvait admettre que l'homme n'avait jamais réellement montré de mauvaises humeurs en sa présence. Ou peut-être seulement au départ? Il s'était ensuite familiariser assez rapidement, se permettant de lui attribuer le surnom de "fiston", chose qui lui avait fait étrange les premières fois, avant d'assimiler que c'était probablement au même titre que le vieux Benny, voisin de sa grand-mère, qui l'appelait tout autant "gamin" que sa parenté. Le terme avait alors coulé et s'était taillé une habitude comme la rivière se taille un lit à force de passages.

Malgré son étonnement, il hocha la tête lorsqu'elle affirma que son paternel allait bien. C'était une bonne chose. Est-ce que ça voulait dire qu'il se tenait un peu plus loin de la bouteille? Il ne pouvait le dire à cette simple phrase. Peut-être. Ça ne lui ferait probablement pas de mal, mais il doutait qu'il en soit ainsi. Bien qu'après les évènements qui avait poussé la brunette à s'isoler, un changement de cap de la part de son père pouvait être possible.

- La situation est encore comme avant? Questionna-t-il à la légèrement en portant la tasse à ses lèvres pour en récolter une gorgée alors que ses yeux ne quittait pas ceux de sa vis-à-vis.

Le côté anodin de la chose prenait pourtant un tournant beaucoup plus profond de questionnement pour les deux amis. Les gens allant et venant dans le café n'avait pas besoin de connaître le penchant du sénior, mais Keith désirait se faire une idée de la situation ou il n'aurait cesse de s'inquiéter. "Aller bien" pouvait signifier tellement de réponses variées et contradictoires après tout. Il voulait seulement s'assurer que son amie ne subissait pas de contre-coup qui la ferait trébucher sous le poids des responsabilités.

Le sujet dévia cependant vers ces propres parents et il ne put s'empêcher de sourire à nouveau, une certaine fierté passant dans son regard alors qu'il répondait par l'affirmative d'un hochement de tête. Tête qu'il baissa comme s'il avait été coupable de quoi que ce soit lorsqu'elle le questionna sur ses plans pour la période estivale. Il avait effectivement prévu quelques absences de ci, de là. Ayant accepté plusieurs remplacements de dernière minute et horaires disparates, il avait gagné assez d'estime de son patron pour se permettre quelques demandes de congés. Qui plus est, le campus était fermé pour l'été et la station de radio également, hors donc, il faisait parti des travailleurs saisonniers. Et tandis que certains retournaient dans leur ville natale, lui ne le figurait pas tout à fait ainsi.

- Je m'ennuie des soirées de feux de camps à écouter les histoires des anciens, admit-il.

Les territoires verts des terres ancestrales de sa famille paternel ne lui étaient plus autorisées, mais il comptait bien retrouver la réserve Cherokee où son père s'était installé depuis quelques années.

- En chemin, j'ai VIP pour assister à certains festivals où ma mère se produit, expliqua-t-il avec les yeux pétillants de fierté.

Il avait toujours autant d'admiration pour sa mère, lorsqu'il assistait à l'une de ses performances, il redevenait le gamin de cinq ans à pull à capuchon de grenouille se glissant dans un coin du bar pour admirer toute la splendeur et le talent de la grande blonde qu'était sa génitrice. Il ne lui ressemblait pas tellement, les gens ayant de la difficulté à les associés, mais leur lien était évident lorsqu'ils étaient ensemble, l'affection de la mère pour son fils étant indéniable. Aussi, il n'était pas surprenant de les voir se lancer tous les deux dans des pas de danses sans même se consulter ou échanger un duo sur l'air qui passait à la radio. Keith ne partageait cependant pas l'attrait de la scène avec sa sénior, son malaise même face à celle-ci et sa gêne de la foule le laissant plutôt confortablement installé en coulisse.

Ses pensés revenant à son amie, il fût d'abord étonné d'apprendre qu'elle ne s'envolerait pas pour l'Europe cette année, mais se rangea rapidement sous la logique lorsqu'il fût question de compétition. Ce n'était peut-être pas encore le temps après tout.

- Si tu veux m'accompagner sur les routes poussiéreuses pour traverser une part des États-Unis, y'a qu'à dire, proposa-t-il sur un coup de tête. De la musique à revendre, une vieille bagnole, des paysages divers, des kilomètres de route, de probables laissez-passer VIP à plusieurs concerts, jus de pêche - tradition oblige - et fire water cherokee au menu, énuméra-t-il comme caractéristiques de vente censé la charmer ou pas, tandis qu'une certaine moquerie perçait dans sa voix alors qu'il s'appuyait, bien à l'aise, contre le dossier de sa chaise.

Il n'avait pas prévu faire cette route accompagné, mais si Joddie désirait se joindre à lui, ce ne serait pas une déception. Qui plus est, il n'avait aucune honte à ce qu'elle partage son univers ou qu'elle connaisse un peu mieux ses parents. L'inverse était aussi valable. Ce pouvait être amusant au contraire et il n'était pas contre les souvenirs que ça pourrait créer. Aussi, peut-être que de parcourir une asphalte tranquillement calmerait la pilote flamboyante qu'il avait devant lui. Peut-être y trouverait-elle un baume pour panser ses blessures.

Hochant la tête en signe d'approbation lorsqu'elle indiqua son besoin de bouger, il amorça de se lever mais interrompit son geste lorsqu'elle mentionna la possibilité qu'il préfère passer du temps avec sa copine.

- Ma copine? Répéta-t-il, confus.

Il lui coula un regard, cherchant un instant de quel individu elle pouvait bien parler puisque son calepin était vide de ce genre de relation depuis plusieurs mois déjà. M'enfin, il y avait bien la jolie chose qu'il avait rencontré en soirée qu'il espérait revoir, mais…

- Oh! S'exclama-t-il lorsqu'il compris de qui il s'agissait. Non, je… commença-t-il, d'abord hésitant, avant de continuer : je me suis fait doubler, disons, admit-il finalement avec un petit plissement des lèvres, alors qu'il se redressait sur ses pieds, prêt à suivre Joddie vers la sortie, lui indiquant d'ailleurs celle-ci avec un large mouvement de bras et une faible révérence. Après vous Mademoiselle Brown, lui intima-t-il de manière pompeuse pour le plaisir de lui tirer un quelconque amusement.


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Invité a posté ce message Ven 26 Avr 2019 - 18:10 #

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Joddie hocha simplement la tête lorsque le descendant cherokee lui eut demandé si la situation était toujours semblable à la maison. Chaque vendredi soir, elle quittait l'appartement qu'elle partageait avec Melech et Paulin, non sans avoir fait un tour par la cuisine pour s'assurer discrètement qu'ils ne manqueraient de rien pendant son absence, -elle savait le plus jeune être financièrement instable par période, elle n'aimait pas qu'il se prive d'une bonne alimentation quand son conjoint ne pouvait passer, et le Français, tellement absorbé par les jeux vidéos et ses conquêtes, qu'il en oubliait de se nourrir si aucun plat préparé n'était bon à réchauffer en express. Sac bandoulière sur son épaule, elle avait pris la coutume de passer à la supérette du quartier de sa colocation, ce qui était de loin préférable lorsqu'on savait que la ruelle où son père habitait ne conférait aucune sécurité, junkies et autres gangs se faisant la guerre continuellement à la tombée du jour. Elle achetait de quoi servir quelques mets faciles à réaliser, s'assurant ainsi que Stephan aurait, au moins, deux jours de repas équilibrés à la semaine.

Elle marchait une dizaine de minutes avant d'emprunter l'entrée du métro à la 50th St. Broadway, descendant les marches qui la menaient au souterrain deux par deux, pressée de ne rater le wagon qui était déjà à quai, -parce que, si elle prenait le suivant, elle serait en retard de vingt minutes. L'Aborigène avait toujours été clair là-dessus depuis qu'ils avaient emménagé dans le Bronx : le trajet devait se faire d'un point A à un point B, sans détour possible, vingt heures était l'horaire pointé par le paternel auquel elle devait être à l'intérieur de l'appartement, histoire de lui éviter bien de l'embarras. Pourtant, ces derniers mois, combien de fois avait-elle eu à le ramasser seule dans la rue après l'avoir cherché durant des heures ? Elle se rappelait encore des moments où, pas assez forte pour relever son père, quelques gars l'avaient entourée par curiosité, un brin moqueurs et les paroles puant la testostérone. Elle n'avait pas répondu, n'avait pas failli, s'était concentrée sur Stephan jusqu'à ce que le peu d'esprit qu'il avait retrouvé puisse leur permettre d'écourter la situation; quand Keith était là, il lui semblait qu'elle ne craignait rien, au moins.

Sur le trajet de la ligne deux du MTA NYC Transit, elle se calait toujours contre l'une des rambardes, l'une des hanches collée au métal quand l'autre se voyait être cachée par son sac de cours. Elle profitait d'être encore à Manhattan pour porter ses écouteurs aux oreilles et se laissait bercer tout au long des douze arrêts par quelques sons hip-hop, gagnant ainsi en tête le rythme que ses enjambées devraient prendre une fois arrivée à la Prospect Avenue Station. Elle préférait de loin la soul et la pop, mais avoir vécu dans cet arrondissement pour dix années avait eu raison de ses goûts, et il avait fallu se fondre dans la masse aussi, pour passer inaperçue. L'odeur de substances peu licites avait déjà envahi son environnement à la 135th St., elle avait pris l'habitude de retenir sa respiration, contrôlant les bouffées d'air inspirées pour les rendre moins toxiques, -ou supposer qu'elles l'étaient moins, en tout cas-. Elle fixait un point face à elle, évitant de tourner ses yeux bruns sur les gars qui commençaient déjà à se retrouver dans les transports en commun, déjà surexcités de la soirée annoncée.  

La Jackson Avenue Station dépassée, elle se levait, prête à bondir au-dehors. Accrochée à la barre de fer, elle avait toujours le regard levé sur la ligne rouge qui récapitulait les différents arrêts qu'elle avait déjà vues défiler. Debout, se sentir approchée par des gens qui, eux aussi, devaient descendre faisait battre son cœur à la chamade. Bien qu'elle ne laissait pas présager son angoisse, tous ses sens étaient en éveil, des frissons imperceptibles parcourant son échine quand elle pressentait des billes peu innocentes parcourir ses courbes féminines qu'elle ne prenait pas gare à cacher; trop attachée à sa liberté. Heureusement, il ne lui était jamais rien arrivé depuis qu'elle avait quitté l'Ohio, mais combien de nanas s'étaient vues se faire harceler, agresser ou violer pour les avoir excités ? Combien de gars avaient reçu des coups pour les avoir malencontreusement bousculés ? Joddie savait que, malgré le désir de ne pas être plongée dans ce genre de schéma, elle avait plus de chances de se faire coincer, un jour, que de retrouver son père sobre. Les portes s'ouvrirent, elle fit un pas vers la sortie, stoppée dans son élan par un groupe de rappers amateurs qui passèrent devant elle; moins une avant qu'elle ne leur fonce dedans.

_ Il m'accueille toujours chaleureusement quand je rentre à la maison pour le week-end, fit-elle, le regard souriant, jouant de ses pulpes contre la paume de Keith, -voûte dans laquelle elle eut posé sa main quand il lui avait proposée la sienne. Scellant ainsi physiquement leurs retrouvailles, elle était tout de même restée dans la retenue. A comprendre qu'il était déjà saoul, une bouteille à la main entamée depuis une bonne heure, probablement la deuxième ouverte de la journée, -s'il n'était pas déjà avachi dans le canapé du salon, à moitié dans les vapes-. Rien n'avait changé de ce côté-là, comme il pouvait s'en douter. Elle tapota doucement deux fois dans la dextre de son vis-à-vis, l'esquisse se voulant légère pour lui confier que ça faisait partie de son quotidien et qu'elle n'en était pas vraiment affectée. Elle glissa ses phalanges pour rendre la liberté à son ami qui, à son tour, lui confessa quelques brèves nouvelles de ses parents et de ce qui était prévu pour lui durant les vacances. L'étudiante aimait voir cette étincelle surplomber ses pierres précieuses de couleur claire quand il parlait des habitudes dont il ne pouvait se séparer, et comment ne pas le comprendre ?

La proposition suivante fut une surprise pour elle. Keith n'avait jamais montré une quelconque volonté à partager ses vacances avec qui que c'était du groupe par le passé, profitant de ce moment pour n'être que le sien; à moins qu'il n'avait jamais eu l'occasion pour parfaire une invitation. Elle ne dit rien au départ, le laissant argumenter le programme qui les attendrait si elle voulait faire partie du voyage. Elle l'écouta volontiers énumérer la vieille bagnole qu'ils loueraient pour parcourir les chemins de poussière, bercés par quelques titres country, -elle supposait-, qui s'apparenteraient parfaitement au voyage engagé. Quelques concerts qui ne pourraient que ravir les oreilles de balades amoureuses sur quelques riffs d'une folk, bluegrass actives et picking énergique. Elle avait beau ne pas être familière à la musique et aux instruments, encore moins au chant, mais ça ne l'empêchait pas d'aimer fermer les paupières pour se laisser transporter par des heures de notes. Combien de fois avait-elle été en désaccord avec Joa, à cause de ça, d'ailleurs ? Elle qui aurait préféré faire l'amour sur de l'acoustique plutôt que laisser un film d'horreur passé en fond.

_ Ça donne envie, murmura-t-elle lorsqu'il termina par l'annonce de jus de fruits qu'elle avait toujours bien plus appréciés que n'importe quelle autre boisson sucrée, concluant par les esprits de partage et positivistes que les natifs avaient naturellement d'ancrés en eux. Elle n'avait eu l'occasion de rencontrer sa grand-mère paternelle que deux fois de toute sa vie, mais ces entrevues avaient été tellement bénéfiques. Peut-être était-ce grâce à elle qu'elle accueillait si bien les impasses qui s'imposaient à sa vie ? Peut-être était-ce grâce aux différents contes et mythes qu'elle lui eut racontés qu'elle arrivait à faire face à toutes ces difficultés qui entravaient sa route ? Personne ne pouvait le savoir, pas même elle. D'ailleurs, chez les Grahams, elle avait su retrouver quelques similitudes auprès du père issu d'une famille amérindienne qui avait vécu lui-même dans la réserve semi-autonome du Sud de l'Utah, à croire que peu importait le continent d'où ils étaient issus, les natifs partageaient le même état d'esprit. Elle s'était sentie chez elle auprès d'eux, et sans aucune doute qu'elle ne pourrait qu'apprécier la présence de Cherokees. Elle prendra le temps d'y réfléchir, et voir si cela ne pourrait réellement déranger le métis.

_ Oh, fit-elle après avoir entrouvert les lèvres dès lors qu'elle comprit qu'elle avait évoqué un sujet clos depuis un bail, et pas forcément de manière très juste pour Keith. Elle glissa lentement ses mains du tissu de sa casquette, qu'elle eut ajustée sur le haut de son crâne, en plongeant son regard de quartz fumé dans celui du plus âgé et pinça sa lippe inférieure de sa dentition en signe d'excuse. Elle n'avait pas eu le temps de rencontrer la chanceuse, elle ne pouvait même pas dire si elle l'avait appréciée ou détestée de ce que son ami lui en avait dit; de toute façon, la question ne se posait même plus. Elle rassembla les tasses et les cuillères contre le mur, comme un semblant de rangement, ne pouvant s'en empêcher, avant de lever son fessier de l'assise et rapprocher la chaise près de la table pour ne laisser qu'une fine distance entre les bois. Face à l'étudiant, elle eut un mouvement de recul quand il se mit à l'inviter à avancer devant lui en une révérence. Elle le fixa intensément, se retenant de relever les coins de ses lèvres, en vain. Elle croisa les bras sous sa poitrine et ne put contenir un son léger et rieur, secoua la tête énergiquement puis se hâta de passer la sortie de l'établissement, avant de ne pouvoir taire un éclat; ça paraissait tellement facile à ses côtés.

Une fois à l'extérieur, les semelles épaisses de ses baskets sur le trottoir, elle attendit tout de même être rejointe par Keith avant de se mettre en route, empruntant le côté droit de la grande rue, à coup de pur hasard. Parce qu'elle ne connaissait pas Brooklyn tant que ça, elle aimait se laisser guider par son instinct, marchant sans réel but, parce que ça changeait de son quotidien. Les passages de voitures étaient nombreux à cette heure-ci, et Joddie ne pouvait s'empêcher de garder un oeil sur quelques merveilles qui se présentaient à ses yeux, garées ou en mouvement. Suivis par quelques reprises boomant des haut-parleurs fixés à l'extérieur des magasins et bars, elle profitait que les musiques tournent sur leur trajet pour simplement profiter de la présence du jeune homme à ses côtés. Un bol d'air frais qui lui permettait enfin d'inspirer longuement à plein poumon et de se sentir moins lourde par le poids de sa fuite passée. La séparation douloureuse, malgré tout, qui lui avait permis de le retrouver sans gros encombre; il avait accepté son retour. Pourtant, son cœur à elle avait tellement angoissé que ça ne puisse être à l'identique, qu'ils n'aient plus rien à se dire, plus envie de se regarder, plus besoin de la compagnie de cet autre qu'ils avaient appréciée, adorée, aimée.

Joddie enleva sa casquette, l'attacha à un cran de la ceinture de sa salopette avant de réduire petit à petit la distance entre eux, à force de progression, à force de rencontrer une population dense sur leur chemin qui pourrait les séparer, aussi. Le côté de son bras ne frôla pas celui du plus grand, mais sa tempe droite se cala sur son deltoïde gauche dans le plus tranquille des silences, sans qu'elle n'ait à ralentir le pas, son épiderme roulant jusqu'à ce que ce ne soit son front qui procure une tendre caresse sur le vêtement du Cherokee, l'arête de son nez glissant sur le muscle du jeune homme pour reculer aussitôt. Elle profita de l'écart regagné pour faire aller le haut de sa chevelure du bout de ses doigts afin de les remettre en ordre. _ David m'a trouvé un sponsor pour la mi-saison, informa-t-elle son compagnon de marche, se décalant vers le bord du trottoir pour suivre le contour en pierres grises, faisant aller un pied devant l'autre pour tester son équilibre, je l'ai rencontré en début de mois, continua-t-elle avant de grimacer, je n'étais pas vraiment pour en sachant qu'il était le patron de l'Eden Club mais..., prolongea-t-elle le dernier mot sans pour autant continuer. Elle n'avait pas vraiment eu le choix, c'était accepter ça ou ne pouvoir concourir fin Mai.

La métissée aborigène l'avait appris de Samael Johnson lui-même, alors qu'il n'avait pas hésité à faire le déplacement pour reluquer ses performances sur le bitume lors d'une session en-dehors de New-York. Un oubli de son mentor, ou l'envie de ne pas l'embêter avec de tels détails, qu'importait : David, Doc'n'Dad de son surnom, avait accordé son aval à celui qui se voulait autant protecteur que gagnant des courses de la pilote professionnelle, et ça avait été loin d'être plaisant pour la jeune femme de se retrouver face à la situation sans en avoir été informée au préalable. Elle avait tout de même passé un déjeuner en compagnie du presque quadragénaire. Charmant, dans la conversation, -peut-être too much pour que ce soit vrai, d'ailleurs-, mais il restait tout de même le propriétaire d'un club, là où l'alcool coulait à flot, et Joddie ne raffolait pas être assimilée à de tels endroits, rapport à son père. David le savait pourtant. Keith et lui étaient les seuls à savoir pour Stephan. _ Je l'ai assommé de questions, fit-elle, il a tenu bon, ce qui n'était pas simple devant une jeune femme qui savait ce qu'elle voulait, et aux valeurs auxquelles elle était accrochées, à voire maintenant s'il mérite de gagner son pain sur mon dos.

Jouant toujours l'équilibriste sur un bout du trottoir, elle tourna la tête vers Keith, les yeux pétillants de fierté d'être restée une femme épanouie et décisionnaire, malgré tout ça. Une demoiselle de caractère usée par les coups durs qui gardait pourtant un charme naturel à ceux qui osaient gratter un peu à la surface. Tu es déjà allé à l'Eden Club, interrogea-t-elle le Cherokee, portant sa main droite sur son épaule gauche lorsqu'elle se sentit perdre l'équilibre, préférant plonger ses zircons aux maigres reflets dorés dans ses topazes tachetées de gris plutôt que de se concentrer sur ses appuis. Elle savait celui qui lui offrait sa carrure en soutien sortir bien plus souvent qu'elle. Et ce n'était pas bien compliqué quand on la savait très réfractaire à côtoyer les soirées étudiantes, de base. La dernière fois qu'elle avait osé mettre un pied dans ce genre d'endroits avait été pour l'anniversaire d'une nana de la bande, moment où elle s'était sentie tellement mal à l'aise des regards jaloux et possessifs de Joa qu'elle avait préféré ne pas créer la zizanie et s'asseoir tranquillement à tenir compagnie aux fatigués qui reprenaient leur souffle l'un après l'autre; elle s'était tout de même amusée à écouter les histoires palpitantes de quelques uns qui avaient un coup dans le nez.

_ Attends, le stoppa-t-elle en coinçant son haut entre ses doigts, les pas mis en pause, contrebalançant de forces synergiques, pour qu'il s'arrête net à son tour. Elle plissa les paupières, le faciès tourné vers le trottoir d'en face et commença à lire intérieurement le nom de la boutique affiché au-dessus d'une des portes. _ Y'a ce genre de boutiques dans cette partie de Brooklyn, demanda-t-elle, surprise, en portant son attention sur un magasin de chaussures qui proposait diverses marques à bon prix, connaissant le quartier plutôt huppé. _ Tu crois qu'ils font la marque Mustang, tourna-t-elle violemment le visage vers Keith, les sourcils relevés, les yeux interrogatifs, la main glissant de son vêtement. Elle avait beau se taper un salaire plus que convenable, il n'en était pas moins qu'elle avait toujours adoré les commerces modestes, ne s'étant jamais trouvée à sa place dans des ateliers chics, encore moins classiques. _ Ça te dérange si on va voir, deux minutes, grimaça-t-elle légèrement, consciente qu'ils n'étaient pas là pour ça, juste pour les rando 38C blau de chez Mustang. Et il pouvait la croire, elle n'était pas le genre de nanas à passer des heures dans les boutiques de chaussures.

Elles arrivaient de la toute dernière collection de printemps, et elle peinait à les avoir en 38 sur les sites : elles partaient vite, bien trop vite, les fans de la marque se les arrachaient.

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Invité a posté ce message Mer 1 Mai 2019 - 3:54 #


   


People walk in and out of your life
true friends leave footprints in your heart
-  Joddie Brown  &  Keith W. Crow  -

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We had the songs that we sang along to
You had the moves to make me dance with you
I always saw you reaching and catching stars
(...)
Did you get out? I'm wondering where you are

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Il hocha la tête d’un air entendu, comprenant ce qu'elle ne disait pas et que d'autre n'auraient pas déchiffrer entre les lignes de ses paroles et les non-dits. Ce que ses yeux pétillants et ses pommettes soulevées pour découvrir un sourire lui permettaient de communiquer alors qu'elle jouait tranquillement avec le creux de sa paume, indiquait au jeune Crow que le paternel se tenait peut-être encore beaucoup accroché à la bouteille, mais qu'il n'était pas encore totalement à la dérive, reconnaissant encore sa fille, n'essayant pas de passer une quelconque frustration d'ivrogne mal engueulé sur elle ou autre épisode à plus larges conséquences encore. C'était rassurant en un sens. La vie aurait probablement été mieux pour la jeune pilote si son père n'avait pas eu cet intérêt pour la boisson, mais elle aurait également pu être nettement pire si l'on en croyait les cas qui se produisait tous les jours un peu partout, non? Une vie parfaite n'était bonne que pour les contes de fées et seulement parce qu'on voyait pas l'envers du décor. Dans la vie réelle, il fallait savoir s'adapter et tirer le maximum de ce qui se présentait à soi. Tout simplement.

Joddie ne s'était pas élevée de la rue, elle menait une bonne carrière avant que l'accident ne secoue tout son univers, elle poursuivait ses études… S'il n'était pas toujours parfaitement conscient de ce qui l'entourait, le sénior était tout de même emprunt d'une grande fierté envers sa fille. Keith se souvenait de l'avoir, quelques fois, entendu lui raconté, de manière un peu décousue peut-être, les exploits de sa progéniture, qu'ils soient sur un certains circuits de kart ou sur une large piste de course. Que le tout date d'une dizaine d'années ou de quelques mois à peine, il se souvenait de certaines expressions de son visage, de certains moments où un geste d'excitation venait appuyer une exclamation. Avait-il tout saisi de ce qu'il lui avait été déclamé? Non. Est-ce que ça changeait réellement quelque chose? Non. Il laissait l'homme babiller, l'encourageant parfois à poursuivre pour rester éveiller un moment de plus. Ça leur évitait qu'ils ne soient obligés de porter un poids mort sur leur épaules lorsqu'il était encore capable de faire des pas, aussi titubant soit-il. Truc particulièrement utile dans les cages d'escaliers exigües qui n'étaient pas conçues pour passer à trois humains de large. Une fois lancé sur un sujet - peu importe lequel -, il essayait simplement qu'il ne s'enflamme pas trop au point de se mettre à hurler ou de s'attirer des ennuis supplémentaires.

Dérivant du parent Brown vers ses propres géniteurs, Keith admit facilement qu'il reprendrait la route, comme tous les étés auparavant, pour les retrouver. Le plan restait plus ou moins vagues, certaines dates seulement étaient fixées avec une étendue de mystère entre deux étapes. Il ne prévoyait pas de A à Z, préférait se laisser porter par l'envie du moment. Ce qui l'avait parfois obligé à dormir dans la voiture parce qu'il ne trouvait pas de chambres libres ou qu'il était trop fatigué pour continuer et devait s'arrêter dans une aire de repos au milieu de nul part. Ça arrivait. Ça faisait parti des expériences et parfois laissait un souvenir à lui tirer un sourire amusé en y repensant.

Pour le moment par contre, il rêvait déjà de retrouver l'univers de la réserve où son père avait déplacé ses racines. L'ambiance y était plus légère que son ancienne demeure, les paroles n'étaient pas les mêmes, les mentalités non plus. Si le métissisme du jeune Crow était parfois jugé en silence par certains, le sens de la famille prônant et son respect pour les traditions, même s'il ne les appliquait pas toujours, lui avait valu plus d'une simple tolérance poli : il se savait accueilli en cette terre. De la même façon, s'il détonnait auprès de la grande blonde caucasienne qu'était sa mère, personne sur de l'équipe n'irait en faire un drame. Que ce soit lui ou la chanteuse, aucun ne se cachait des origines ou de l'histoire familiale qu'ils avaient et leurs réponses ouvertes sur la question amenaient d'ailleurs probablement la paix du côté des curieux. Après tout, pourquoi inventer des histoires que le premier venu pourrait contredire? Ainsi, très peu pouvaient se poser la question à savoir qui était le jeune homme à regarder ainsi la performance flamboyante de la mère Crow sur scène depuis les coulisses. Et si question il y avait, à leur première interaction ensemble, il risquait de ne plus en avoir. Il se souvenait d'une rumeur qui avait voulu courir un temps, affirmant qu'il était un amant de tournée ou une sorte de boytoy pour la star montante, rumeur qui avait fait pétard mouillé puisque facilement coulée par la première interview à la radio qui avait suivit, mais avait peut-être apporté quelques fans provenant de la communauté native américaine.

Sans trop y réfléchir, il avait ouvert la bouche suite à l'expression de son amie pour son désir de prendre des vacances loin des circuits pour la période estivale. Lui proposant de l'accompagner, il s'était surpris lui-même puisqu'il effectuait normalement ce genre de périple seul. En y réfléchissant, il devait bien admettre qu'aucun de ses amis ne l'avaient accompagnés lors des vacances. La même chose pour ses petites amies. Avait-il simplement déjà eu une petite amie en été? Peut-être, mais il ne se sentait pas de calculer pour le moment afin de confirmer ou infirmer le tout. Il parcourait normalement les kilomètres seulement accompagné par la musique qui résonnait dans l'habitacle, souvent accompagnée de sa voix. Pourtant, il se perdit au jeu à décliner à Joddie une liste de points censé lui vendre - de manière plus ou moins réussi, à vous de juger - les attraits de sa compagnie. Le tout sembla plaire puisqu'elle émit un commentaire, admis que ce pourrait être tentant. Peut-être changerait-elle d'idée lorsqu'il serait temps de partir, mais ils s'arrangeraient bien rendu là.

Le questionnant sur ses autres relations et plus particulièrement sur sa petite amie, le brun mis un temps avant de comprendre de qui il s'agissait, s'étonnant d'abord qu'elle soit au courant qu'il aie rencontré une fille en soirée, puis comprenant qu'elle parlait de son ex. Il admis avec une vague grimace que la situation l'avait dépassée. Il s'était vu annoncé qu'elle était amoureuse, mais pas de lui et donc qu'il n'y aurait plus rien entre eux. Il n'avait rien trouvé d'autre que de lui souhaiter bonne vie. Qu'aurait-il pu faire d'autres de toute façon? Son ton voix calme avait été mal interprété, elle lui avait reproché un je-m'en-foutisme profond dont il n'était pas munis. Il avait eu beau essayer de s'expliquer, elle avait fini par partir en furie en claquant la porte et lui avait passé une partie de l'après-midi avec un mal de tête. Il détestait les cris. Autant ses oreilles étaient habituées aux forts décibels sortants des haut-parleurs, autant les engueulades lui fichaient des migraines si elles s'étiraient trop longtemps!

Emboîtant le pas à la brunette, il se retrouva à déhambuler avec elle, tranquillement, sur les trottoirs de la métropole, se laissant guider par les envies de la jeune femme. Il ne s'étonna pas véritablement lorsqu'elle se rapprocha, lui offrant une caresse propre à elle, comme une embrassade amicale et douce venant se poser sur son bras. Il lui sourit simplement en retour, de ce sourire enjoué qui le qualifiait si bien, passant une main sage au milieu de son dos pour lui rendre le toucher. Et si son regard se posa par la suite sur le chemin qu'il parcourait, elle pouvait être certaine d'avoir son attention, lorsqu'elle lui expliqua ses nouvelles tribulations. Un nouveau sponsor. Pas au mieux, mais… mais tu en as besoin d'un, compléta-t-il dans sa tête, hochant simplement pour signifier qu'il avait compris sans les mots manquants. Elle lui raconta leur rencontre et il laissa échapper un rire devant la franchise des paroles. Il ne doutait pas une seule seconde qu'elle ait pu faire subir à ce type tout un interrogatoire! Le fait qu'il aie tenu bon l'engageait sur la bonne voie, c'était l'une des étapes à passer pour se faire accepter par cette pilote qui savait ce qu'elle voulait pour sa carrière. La suite des événements dicteraient si le sponsor resterait en place pour les prochaines saisons où si l'agent devrait encore se casser la tête à en chercher un. Pour sa part, il n'avait aucune idée du boulot que ça représentait, mais il faisait un rapprochement avec les investisseurs pour les tournées de sa mère. Ce devait être plus ou moins la même, à plus ou moins grande échelle.

- Le nom me dit quelque chose, admit-il lorsqu'elle le questionna, portant en même temps un mouvement de réflexe pour la soutenir alors qu'elle s'amusait à jouer de son équilibre. À savoir si j'y ai passé une soirée ou si on m'en a vanté les mérites, ça par contre, je pourrais pas te dire, expliqua-t-il en penchant la tête légèrement sur le côté, ce qui démontrait peut-être tout seul qu'il n'y avait pas mis les pieds, mais connaissait vaguement l'endroit. Je suis plutôt Playground, Output et autre du genre, je crois que je t'apprends pas vraiment grand chose, se moqua-t-il doucement, citant les premiers noms qui lui passait par la tête. Ce n'était un secret pour personne qui le connaissait moindrement qu'il acceptait régulièrement les invitations à sortir en boites ou dans les diverses party des campus de New-York - même s'il ne s'agissait pas toujours de celui de sa propre université -, cependant, il ne s'y rendait que rarement seul, préférant, en ces temps, s'approprier le contrôle de la musique dans son chez soi.

Étonné, il entendit l'ordre de Joddie, stoppant machinalement près d'elle, la laissant regarder ce qu'elle voulait bien et rit doucement devant la surprise qu'elle afficha.

- Apparemment, acquiesça-t-il avec un sourire amusé.

Son amusement redoubla lorsqu'elle le questionna sur une marque en particulier : il n'en avait pas la moindre idée, n'attachant que très peu d'importance à la marque indiqué sur ses accessoires et vêtements, ne les achetant que pour leur confort et leur apparence qui lui convenait. Il ne fallait pas lui demander s'il portait un jeans Levis, Echo ou autre en ce moment même, il ne serait pas en mesure de le dire.

- Tu comptes me faire faire la tournée des boutiques? S'étonna-t-il un instant comme si elle était soudainement devenu une extra-terrestre. ...avant d'éclater de rire et d'indiquer la boutique d'un mouvement de tête : Allez, viens, j'ai toute la journée de toute façon, finit-il par dire, l'incitant à traverser la rue après s'être assuré qu'aucune voiture n'allait les percuter. Ils parcoururent le bitume sans encombre et franchir la porte vitrée, faisant entendre un classique son de clochette, pour savoir si elle trouvait ce qu'elle désirait. Une fois à l'intérieur, il porta un regard curieux sur la marchandise sans pour autant avoir une faiblesse pour quoi que ce soit. Il se laissait parfois tenter par quelque chose, mais de manière générale, il n'avait jamais été véritablement dépensier. Il ne ressentait pas ce besoin à l'exception peut-être de la quantité astronomique de titres musicaux qui s'accumulaient sur son ordinateur et son téléphone ou les cds, vinyles et même vieilles cassettes qui s'empilaient un peu partout chez lui ou prenait place de façon peut-être parfois aléatoire sur les tablettes du salon ou de sa chambre. C'était probablement le point faible de son compte en banque, mais il n'avait encore jamais fait pleurer sa carte de crédit pour un titre rare.

- Tu trouves ce que tu veux? La questionna-t-il en se rapprochant. Ou t'as besoin qu'on trouve tous les établissements qui pourraient les avoir? Proposa-t-il sans méchanceté, plus amusé et gentiment moqueur que véritablement ennuyé par la situation. Si le shopping n'était pas une activité vers laquelle il se tournait de lui-même, ce n'était pas non plus quelque chose qui le rebutait de faire en compagnie de son amie, la présence primant sur le décor.


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Invité a posté ce message Jeu 2 Mai 2019 - 12:21 #

People walk in and out of your life

true friends leave footprints in your heart

ft. @Keith W. Crow



People walk in and out, true friends leave footprints [30 Avril/Keith] 599b500f7bf2015e06b0bc94

La sonnette tintinnabula à leur entrée et ils ne passèrent pas inaperçus des vendeurs majoritairement féminines de la boutique qui les saluèrent à l'unisson. Joddie hocha simplement de la tête par politesse en direction des employés entassés au fond du magasin avant de se mettre à parcourir les allées. Commençant par le premier bloc présent à sa gauche, elle le contourna en laissant ses mirettes foncées passer sur toutes les paires de chaussures exposées, ses pas se juxtaposant doucement les uns aux autres pour s'assurer de ne pas louper celle qu'elle recherchait depuis une bonne semaine maintenant. Le premier ensemble ne fut pas concluant, alors elle n'hésita pas à passer au deuxième qui fut également un échec. Se tournant vers le mur où étaient fixées des étagères, elle pinça le coin de sa lèvre inférieure. Assez grande pour ne pas avoir à lever la tête, elle passa en revue les baskets montantes et colorées présentes sur les planches de bois quand son index et majeur gauches touchèrent, de leur pulpe, la chair basse de sa bouche, jouant avec d'un mouvement balancier d'Est en Ouest. Elle trouvait cela tout de même bien étonnant qu'elles ne soient pas mises en vitrine, à la vue de tous, vue leur popularité du moment.

Au retour du jeune homme à ses côtés, elle secoua la tête sans lui porter un regard, concentrée, sa langue claquant silencieusement contre son palais. A la deuxième phrase, par contre, elle resta statique un instant, les lèvres entrouvertes, les yeux rivés sur les bottines sans vraiment leur porter d'attention, puis tourna son faciès vers Keith. _ Tu sais très bien que je serais incapable de te faire subir une session de shopping, déclara-t-elle, bousculant doucement de son épaule le corps de son ami, le regard pétillant et rieur. Joddie avait beau prendre soin de son apparence, ce n'était pas le genre de femmes à passer des heures dans un centre commercial ou à butiner de boutique en boutique une journée entière. La plupart de ses achats vestimentaires se faisaient sur la toile, pour plus de choix, probablement pour éviter de se sentir à l'étroit aussi. Elle ne supportait pas être étouffée par la présence massive d'autres personnes autour d'elle. Fan des espaces épurés, elle peinait déjà bien assez à supporter son lieu d'études aux heures de pointe, décidant parfois de s'y rendre plus tôt, quitte à devoir louer assise à la bibliothèque avant le début de ses cours. Il n'était ainsi pas rare de la trouver à Columbia dès huit heures du matin; elle n'avait été passionnée des grasses matinées que lorsqu'elle pouvait les vivre dans les bras de Joa.  

_ Est-ce que je peux vous aider, interrogea l'une des vendeuses que Joddie n'avait pas vue, ni entendue, arriver à leur hauteur. La concernée dévia son regard du Cherokee pour le dévier sur la brune aux yeux bleus, plus petite qu'elle de dix centimètres au moins et se permit de la dévisager, plus par surprise insolence. _ Oui, fit-elle, d'une intonation légèrement haute, presque aussi perplexe que la voix de la salariée, pourquoi pas, haussa-t-elle les épaules, parce qu'elle gagnerait au moins du temps sur la recherche; et quelle belle preuve d'amélioration quand on savait que la métisse était plutôt habituée à refuser, évitant ainsi à devoir converser avec de parfaits inconnus, je n'arrive pas à trouver les Mustang trente-..., fut-elle coupée par la jeune femme qui compléta sans difficulté la référence des rando dont il s'agissait. L'Aborigène eut un léger mouvement de sourcils, l'un gagnant un peu plus de hauteur sur l'autre, ce qui fit gagner un sourire rieur à sa vis-à-vis. _ Vous n'êtes pas la première à me les demander, expliqua-t-elle, quelle pointure, posa-t-elle, enjouée pour une raison que Joddie peinait à comprendre, installez-vous, je vous les apporte, indiqua-t-elle un banc de son menton après que l'information lui ait été donnée.

Elle tourna les talons, rejoignant l'arrière-boutique d'un pas décidé et, toujours aussi étonnée par tant d'énergie, l'étudiante en mécatronique braqua ses pierres foncées sur le fanatique de country, amusée par la situation. Elle contorsionna son anatomie vers le siège pointé, laissant ses doigts venir entourés le poignet de Keith pour l'inciter à la suivre, lui rendant sa liberté aussitôt qu'il eut débuté son premier mouvement. L'endroit où se poser n'étant bien très éloigné du mur de chaussures, ils ne mirent pas bien longtemps à y arriver. Joddie s'y assit et commença à défaire les lacets de ses baskets légèrement compensées, se retrouvant en chaussettes basses blanches sur le parquet gris. Elle croisa ses chevilles, les paumes plaquées sur ses cuisses et leva la tête vers son partenaire de sortie. _ Tu ne m'as pas dit comment se passaient tes études, s'intéressa-t-elle en laissant ses orteils mouver au rythme du son qui passait à la radio. En Août, avant que Joa et elle ne partent pour l'Europe, il était confiant concernant son avenir professionnel, est-ce que c'était toujours le cas ? Arrêté à devenir agent ou producteur d'artistes, Joddie n'avait pas eu assez de temps en Septembre pour se renseigner sur les opportunités d'avenir de son ami, obnubilée par les aller-retours à l'hôpital pour visiter son homme.

A ce moment très grand brûlé, plongé dans le coma artificiel, elle n'avait trouvé de passion que d'attendre auprès de son copain. Bien que les jours passant la rapprochaient de plus en plus de l'évidence, elle ne trouvait pas le courage de consommer son temps libre autrement. Toutes les journées à ses côtés lui avaient semblé bénéfiques, sur le coup, mais est-ce que ça avait réellement été le cas ? En Octobre, elle n'avait pas adressée la parole à ses compatriotes, ou très peu. A l'enterrement du fils Grahams, elle avait voulu rester silencieuse et discrète, probablement pour éviter de s'effondrer, préférant éclater de douleur et s'accorder quelques flots de larmes une fois seule. _ Toujours pas décidé à devenir toi-même artiste, ajouta-t-elle à la première question, les sourcils accompagnant sa voix chantante. D'aussi loin qu'elle se souvenait, elle ne l'avait jamais entendu jouer d'un instrument, pourtant, elle avait bien eu vent qu'il savait, au moins, user de coups de cordes. D'où ? Elle ne savait plus très bien qui lui avait soufflé. Peut-être qu'elle avait tendue l'oreille sur une brève conversation quand son compagnon trouvait toujours moyen à la garder au plus proche de lui, histoire qu'elle n'aille pas s'intéresser à discussion plus captivante et fascinante que la sienne.

Par contre, il était certain qu'elle l'avait déjà pris sur le fait de pousser la chansonnette de sa voix grave, même s'il n'avait pas utilisée sa pleine puissance. A chaque fois qu'une musique qu'il connaissait faisait apparition dans les haut-parleurs, elle avait tendue l'ouïe en sa direction, de façon discrète, pour l'écouter fredonner quelques partitions de la chanson, souvent le refrain quand les conversations continuaient de fuser de part et d'autre du groupe. Ça avait toujours paru impossible pour lui de s'en empêcher, et pour cause : il avait baigné dedans et détenait une perception de la musique inouïe. Rien n'était plus évident de le voir évoluer dans ce domaine, que ça soit sur scène ou en arrière-plan. Il n'était pas à côté de la plaque, tout comme Joddie qui avait trouvée sa voie. Si aujourd'hui elle était au devant, frôlant ou montant sur les différents podiums de courses automobiles, elle savait que sa carrière professionnelle ne durerait pas autant qu'elle le pourrait. Par choix, elle était persuadée de se retirer à ses trente ans. Déjà pour user ses mains sur la mécanique et la robotique, mais aussi pour ne pas faire la même erreur que son père, professionnel et adulé fut un temps, dont la carrière eut un impact indéniable sur la vie de famille qu'ils connurent. Si aujourd'hui elle ne s'y voyait pas, passée la trentaine, il était certain qu'elle s'adonnerait à construire la sienne.

Le symbole de la famille avait toujours été puissant dans l'éducation de Joddie. Même si leur lieu de résidence avait été l'Ohio, l'activité du paternel avait toujours obligé les membres de la communauté restreinte à mouver d'Etat en Etat pour quelques jours, souvent les week-ends. En semaine, il était arrivé qu'ils soient séparés mais ça n'avait jamais changé grand-chose à l'unité à laquelle ils étaient tous raccrochés. Ayant grandi bercée par les coutumes des Aborigènes, guidée par les règles légères mais indispensables du Christianisme de sa mère colombienne, Joddie accordait une importance capitale aux membres de son cercle, capable d'offrir son intégralité. La distance n'arrachait pas les liens qui s'étaient construits, et malgré les miles, elle avait toujours une pensée pour sa mère et ses sœurs, peu importait où elles se trouvaient. Si aujourd'hui sa seule tribu de sang était Stephan, elle avait trouvée étendue du mot famille dans le groupe d'amis qui s'était consolidé d'année en année tel un clan autochtone. Jamais ses actions n'avaient été à l'encontre du sang natif qui coulait dans ses veines, pas plus que ses pensées ou sa manière de vivre, ayant un vif intérêt pour la simplicité malgré les nombreux chiffres de ses comptes en banque. Considérant tout ça, et bien qu'elle se trouvait encore jeune, loin d'être attirée par la maternité, forcément qu'elle y passerait.

_ Et voici, courra presque la vendeuse entre les rayons, la boite de chaussures enfin trouvée dans ce qui devait être un bazar monstre dans l'arrière-boutique pour avoir mis autant de temps à trouver une référence. Joddie lâcha Keith du regard et le porta sur l'employée baissée à ses côtés qui s'activait à défaire le couvercle, puis les nombreux papiers enfouis dans la paire qui évitaient qu'elles ne puissent prendre la forme de pieds. Baskets typées randonnée tendues, la métisse s'en acquitta et les enfila, scellant furtivement les lacets sur le devant pour les rentrer à l'intérieur. _ Vous avez de longues jambes, complimenta la salariée les membres inférieurs de sa cliente, le coude sur sa cuisse, sa mâchoire calée dans sa paume. _ Merci, fut-elle surprise de la facilité qu'elle eut à lui rentrer-dedans par la flatterie; avait-elle appris ça dans son école de commerce ? Joddie ne faillit pourtant pas et se concentra à rendre plus joli le laçage. _ J'ai des escarpins qui devraient les sublimer davantage à vous proposer. Surtout que votre copain est grand, vous pouvez vous le permettre, lâcha-t-elle une proposition d'essayage. Habituée au mètre quatre-vingt-dix de Joa, elle ne releva pas la dernière partie de la phrase et déclina gentiment l'invitation : désolée mais, je n'ai pas pour habitude de monter sur des échasses.

Avait-elle au moins une fois tentée l'aventure ? D'aussi loin qu'elle se rappelait, elle avait toujours portées des chaussures décontractées. Ballerines, baskets, bottines avec un faible talon, à la rigueur, mais rien de bien haut qui puisse risquer de la faire marcher en biais, ou pire de lui casser une cheville. Pourtant, il fallait bien avouer qu'elle n'aurait d'autre choix que d'y passer le jour où elle se devrait de se rendre à l'Eden Club pour faire preuve d'une amitié faussement soudée avec le patron. Heureusement, elle avait encore le temps de demander à une demoiselle de l'exercer à la tâche d'ici-là. _ Pourtant, je suis certaine que Monsieur apprécierait, ajouta-t-elle, levant ses pupilles bleutées sur le visage de Keith. _ Monsieur, répéta Joddie, interrogative. Le manque de réponse à sa question lui fit lever le nez des Mustang et la direction qu'avaient pris les yeux de la vendeuse l'obligea à faire de même et porter son attention sur son camarade. _ Oh, s'enquit-elle simplement de chantonner une onomatopée, comprenant de qui elle était entrain de parler. Un fin sourire amusé et complice fut adressé au plus âgé qui eut gagné l'attention des deux jeunes femmes avant qu'elle ne secoue la tête en guise de désapprobation. _ Ce n'est pas le mien, se déposséda-t-elle de Keith comme compagnon de vie auprès de l'employée.

Était-ce parce qu'il était rare de voir un homme accompagner une simple amie dans une boutique de vêtements, chaussures ou accessoires ? Il était certain que cette tâche était plutôt réservée à la personne qui avait gagné le cœur d'une demoiselle, mais cette fois-ci était imprévue. Ce n'était pas une activité habituelle qu'ils avaient, Keith et Joddie, de se retrouver dans ce type d'endroit. Au contraire, cela devait être la deuxième ou troisième fois, et encore si on comptait les courses qu'ils avaient fait ensemble pour la bande à la supérette. Du coup, c'était bien une première. _ Excusez-moi, rougit-elle en se rendant compte qu'elle avait mal envisagé la relation qui liait le jeune homme et la jeune femme qui lui faisaient face. _ Aucun mal, accepta Joddie, forçant une esquisse qui disparut dans la foulée. Après tout, ce n'était pas comme si elle l'avait confondu à être en couple avec une personne inintéressante, Keith était au moins un homme avec qui elle s'entendait, contrairement à tous ces hommes à qui elle refusait de porter ne serait-ce qu'un peu d'attention. Depuis Octobre, à combien d'entre eux avait-elle refusé un début d'histoire ? Elle mettait très vite un terme aux propositions, parce qu'elle n'était pas de ces nanas qui acceptaient et voyaient par la suite si ça fonctionnait.

Oh, il y avait bien cet étudiant de New Haven, dans le Connecticut, avec qui elle conversait via les réseaux sociaux depuis quelques mois, qui semblait être intéressé par elle et à qui elle n'avait pas fermée automatiquement la porte; leur lien s'étant construit petit à petit, d'abord autour des voitures, lui aidant son père au garage familial quand il n'étudiait pas pour devenir professeur. Brun aux yeux bleus pétillants et le sourire communicatif à la Thomas Doherty, elle n'avait jamais accepté un face à face, refusant à chaque tentative du garçon plus âgé de deux années. Pourtant, elle n'avait pas bloqué son compte et continuait de répondre à ses messages aujourd'hui, notamment depuis qu'elle avait tenté de se séparer de cette amitié du net et qu'il lui avait envoyée, après quelques jours de silence radio, "fall into me" de Brantley Gilbbert. Elle l'avait écoutée, avait compris la signification de la chanson et, bien qu'elle ne se voyait pas avancer dans une autre direction avec lui, l'avait fait patienter une semaine supplémentaire avant de reprendre contact. Ils étaient ensuite passés des conversations sur messenger aux appels téléphoniques assez rapidement, et depuis quelques temps, plusieurs heures par semaine en visio. Elle mettait énormément de stop à ses avances, pourtant, il ne semblait pas se décourager plus que ça de se voir un jour la conquérir. Drôle d'idée.

_ Je les prends, fit-elle après avoir observé le rendu à ses pieds. Bien évidemment qu'elle ne porterait pas ces chaussures avec un vêtement en jeans comme celui dont elle était habillée aujourd'hui, le ton sur ton n'ayant jamais fait partie d'un semblant de look irréprochable, mais elle les imaginait bien s'accoupler d'un short coloré ou d'un skinny blanc. Aussi, elle ne voulait pas faire subir plus de temps à l'intérieur du magasin à Keith et prit rapidement une décision; d'ailleurs, avait-elle au moins déjà été longue à faire un choix ? Pas à sa connaissance, ou alors c'était passé inaperçu. Elle les retira à la va-vite et tendit le tout à la vendeuse qui ne réagit pas. Fixant le faciès de l'étudiant, elle était comme obnubilée, rêveuse. Joddie observa les traits souriants de l'employée de l'établissement avant de glisser son regard on ne pouvait plus amusé sur son ami, moment où la salariée s'éveilla en sursaut et agrippa la paire qu'elle rangea, s'emmêlant légèrement les pinceaux dans le sens à appliquer aux montures avant de se lever et se diriger auprès de sa collègue qui tenait la caisse. _ Tu lui as tapé dans l'oeil, fit-elle. a métisse partagea ses yeux rieurs avec Keith et un haussement d'épaules en prime. Était-ce si étonnant ? Le Cherokee était beau garçon et devait probablement répondre à pas mal d'approches.

Une fois les pieds plongés à nouveau dans ses baskets et les fins cordons entrés à l'intérieur, Joddie se déplaça jusqu'à l'endroit où elle se devait de payer, attendue par une autre brune. La boîte passée, elle tendit sa carte après l'avoir sortie de son portefeuille et tapa le code personnel de l'objet magnétique. _ J'ai envie de manger un pot de glace au caramel, informa-t-elle celui qui se tenait près d'elle après s'être légèrement tournée vers lui, tu crois qu'il y a un Häagen-Dazs dans le coin, demanda-t-elle à son compagnon de journée, bien décidée à trouver n'importe quel prétexte pour passer encore un peu de temps en sa compagnie malgré l'horloge qui n'avait cessé de faire tourner ses aiguilles. Une manière bien à elle d'insister sur le fait qu'il lui avait énormément manqué, et que les paroles prononcées tantôt n'avaient pas été que du vent, -d'autant plus qu'il avait eu le malheur de lui faire comprendre qu'il avait du temps à lui accorder en cette fin d'après-midi. _ Joddie Brown, articula la chef d'équipe après avoir retirée la carte de la machine et s'être penchée sur cette dernière; peut-être d'abord parce que la Centurion lui avait tapée dans l'oeil par sa rareté sur le marché, surtout parce que le nom lui disait étrangement quelque chose.

L'interpellée tourna alors son minois en direction de celle qui avait soufflés ses nom et prénom puis, d'un air interrogatif, patienta afin qu'elle puisse s'exprimer sur ce qui semblait clocher. _ Joddie Brown, ça me dit quelque chose, déclara-t-elle en fronçant les sourcils, lâchant de ses billes marrons la carte pour les poser sur la pilote professionnelle qui se tût, bien loin de vouloir faire face aux projecteurs aujourd'hui; oui, non, pas maintenant, vous ne seriez pas mannequin ? Joddie répondit à la suspicion de sa vis-à-vis par un signe de tête négatif avant de tendre la main pour récupérer son bien. _ Je dois faire erreur alors, se résout-elle en tendant et la carte, et le sac. _ Bonne journée, clôtura Joddie assez rapidement avant de tourner les talons, les enjambées pressées de quitter l'espace quand elle sentait les regards pointés sur leur duo. Elle ne voulait pas que leurs retrouvailles soient gâchées par le semblant de notoriété qui lui restait encore des années passées, ils auront bien assez de temps à devoir y faire face lorsqu'elle remonterait dans une McLaren fin Mai, début Juin. Pour l'heure elle ne désirait qu'une chose : qu'il l'emmène commander un pot de crème glacée qu'ils dégusteraient dans un petit parc de Brooklyn, non loin d'où ils se situaient.
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Invité a posté ce message Dim 5 Mai 2019 - 22:51 #


   


People walk in and out of your life
true friends leave footprints in your heart
-  Joddie Brown  &  Keith W. Crow  -

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We had the songs that we sang along to
You had the moves to make me dance with you
I always saw you reaching and catching stars
(...)
Did you get out? I'm wondering where you are

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Un rire silencieux le secoua, offrant un large sourire à sa vis-à-vis par la même occasion. Il devait bien admettre qu'elle ne l'avait jamais entraîner dans de longues et - selon les points de vue possible - pénibles journées dédiées au shopping. Elle n'était pas de celle qui lui faisait parcourir centre commerciaux ou avenue de boutiques pour renflouer un garde-robe déjà bien garnis. Il se souvenait bien de quelques arrêts de ci, de là en sa compagnie, mais là encore, est-ce qu'ils n'étaient pas avec quelqu'un d'autre de la bande? Ou n'était-ce seulement des passages rapides puisque c'était sur le chemin pour aller à X ou Y endroit? Les pauses en boutiques les plus longues étaient peut-être même de sa propre faute puisqu'il suffisait de le faire entrer chez un disquaire pour qu'il perde la notion du temps, flânant un peu partout à la recherche d'une perle rare, d'un vieux souvenir à ajouter à sa collection ou du prochain album qui ne manquerait pas de tourner dans les semaines à venir et qui referait surface une fois de temps en temps. Ça devenait habituel lorsqu’on le fréquentait : il ne fallait pas nécessairement chercher d’où venait les rythmiques qui passaient dans ses écouteurs ou qu’il fredonnait par instant, certains n’étant que faiblement connu ou d’un temps ou seul les grand-parents les écoutaient.

L'arrêt du jour ne s'éterneriserait cependant pas tellement s'il devait en croire l'intervention de la demoiselle apparut de nul part pour les aider. Ou plutôt pour aider son amie. La blondinette semblait empresser de la servir, sachant exactement ce dont il était question. À se demander si Jo' pourrait terminer toutes ses phrases. Un certain flottement perplexe resta après le départ de l'employé vers l'arrière du magasin et il fallu à Keith de se faire tirer pour amorcer un quelconque mouvement.

- Ça se passe très bien et la boite qui a signé ma mère me prendrait pour un stage, si j'ai besoin quand ce sera l'heure, répondit-il fixant la pointe de ses souliers avec un sourire tranquille avant de tourner la tête vers la brunette. Il n'avait pas demandé, mais en parlant avec les diverses personnes pendant les enregistrements ou les répets auxquelles il avait pu assister ses derniers mois, ça n'avait pas été bien difficile pour lui d'avouer la trajectoire suivi par ses études et, de fil en aiguille, il avait fini par se voir offrir la possibilité d'un stage sans nécessairement l'avoir demandé. Je devrais faire mes preuves ailleurs pour un boulot, par contre si j'en crois l'agent de ma mère. Du moins, selon lui, ce serait plus crédible après sur le CV, expliqua-t-il. Pour que je ne passe pas mon temps à me faire dire que si j'ai eu une ouverture, c'est que le lien familiale a joué dans la balance.

Il osait espérer que ça n'arriverait pas vraiment, que ce ne soit pas une raison de l'embaucher quelque part. Il était fier de sa mère, adorerait travailler avec elle et il était loin de s'en cacher, mais il espérait tout de même arriver à se tracer une route sans que ce ne soit nécessairement parce qu'il portait le nom de Crow. Aussi heureux soit-il de le porter.

- Toujours pas décidé à devenir toi-même artiste?

La question le surpris et la fixant quelque secondes, inédit, il finit par détourner le regard, cachant ainsi une part de trouble qui pouvait flotter derrière ses iris et la vague coloration qui prenait place sous le bronzé de ses joues.

- Je ne joue pas d'instruments, émit-il comme faible argument.

C'était plus simple à dire ainsi, n’apportait pas vraiment moins de questions mais il préférait ce genre d’explications moins lourdes, puisque la vérité était légèrement différente : il savait, mais ne pouvait plus pour une longue séance. Sans grande surprise, à grandir avec une mère comme la sienne, ses doigts avaient été familiarisé avec les cordes de guitare dès son plus jeune âge, alors que l'instrument au format adulte était encore beaucoup trop grand pour ses petites mains potelés. Dans les mêmes âges, elles avaient plus facilement couru les touches de faux ivoire du piano droit du salon de sa grand-mère à apprendre à ses côtés ou au côté de sa chanteuse préférée, serrés contre l'un contre l'autre sur le petit banc de bois dur. Il avait appris à jouer des mélodies à quatres mains alors qu'elles ne les nécessitaient pas et avait connu les joies et les rires qui pouvaient en découler en même temps que les accords. En vieillissant, il avait fait connaissance avec les tambours battants des tribus qui secouaient l'âme lors des chants traditionnels. Il y avait porté un intérêt particulier qui l'avait guidé vers de nombreuses percussions aussi bien le xylophone que la batterie, mais ses conneries d'adolescence rendaient aujourd'hui la pratique d'un instrument quel qu'il soit plus complexe comme quelques mouvements usuel de la vie. Ce n'était pas impossible et il grattait encore parfois la guitare qui trônait dans un coin de sa chambre, mais bien vite, trop vite, la douleur des années passées refaisait surface et il se devait de déposer à nouveau l'instrument sur son socle d'exposition, ne gardant qu'un goût amer à la bouche qui mettait parfois de longues heures à s'effacer. Et la musique l'ayant toujours bercé, s'il se permettait une chanson, il savait d'avance qu'il ne lâcherait pas l'instrument jusqu'à ce qu'il ne puisse plus continuer. Si ça n'avait pas été de tout ça, il aurait probablement été de ceux qui passe des jours et des nuits éveillés, à laisser les notes emplirent la pièce au fil des changements de lumières du jour, les yeux fermés à se laisser border par les mélodies parfois improvisées ou longuement connues, oubliant les essentiels de l'humanité et tous les problèmes pour ne faire qu'un avec la musique. S'il avait ainsi pu oblitéré le reste, il ferait peut-être partie de l'équipe de musiciens de sa mère, mais n'ayant plus cette perspective, il avait adopté une autre voie qui lui convenait tout aussi bien.

- Je ne suis pas à l'aise sur scène non plus, admit-il finalement pour couper un argument qui pourrait facilement fuser puisque nombre d'artistes n'avaient que leur voix pour seul instrument. Dans les studios, ça va encore : une ou deux pratiques et je peux y arriver, mais je peux pas monter sur scène. La foule, les centaines de yeux… j'ai l'impression de devenir agoraphobe. Je peux pas faire un pas devant l'autre, avoua-t-il.

Il avait déjà tenté l’expérience plus d’une fois. Une guitare ou une basse à la main, au fond de la scène, se faisant oublier puisqu’il n'était pas l’élément focal - la voix -, s’il fermait les yeux et ne se concentrait que sur les accords c’était encore faisable, mais après quelques chansons seulement, sa chemise était trempée. Malgré tout, ça faisait des années qu’il n’avait pas essayé, peut-être l’expérience serait-elle différente maintenant. Après tout, il avait réussi à enregistrer les backs vocals pour un album. C'était là une de ses tares, s'il paraissait affirmé et confiant dans la vie de tous les jours, chantant pour le plaisir et fredonnant à tous moments sans même réellement s'en rendre compte parfois, c'était une toute autre paire de manches lorsqu'il se retrouvait avec un micro près des lèvres. L'appareil bloquait la voix dans sa gorge, il bredouillait, piquait parfois un fard et avait souvent le réflexe de le repousser doucement si quelqu'un lui avait mis sous le nez pour capter la mélodie qu'il laissait filtrer. En studio, il se devait de fermer les yeux pour une ou deux prises au minimum. Les écouteurs sur les oreilles, il finissait par oublier l'environnement et c'est ainsi qu'on pouvait en tirer le meilleur, mais cette concentration était fragile.

Amusé, il détourna la tête pour cacher le sourire moqueur qui s'inscrivait sur ses lèvres en entendant les remarques de la vendeuse pour vendre quelques escarpins à la brunette. De son souvenir, il n'avait jamais vu Joddie en talons hauts et la réponse de cette dernière confirma rapidement cette pensée. Ce n'était pas une image qu'il arrivait à créer simplement dans son esprit. Non pas qu'il croit que son amie n'avait pas le physique pour ou ne pourrait pas affirmé un tel look, mais ce n'était pas "Joddie". Si, du jour au lendemain, elle décidait qu'elle s'appropriait une telle apparence, il n'avait rien à y dire bien évidemment, mais peut-être aurait-il besoin d'un temps d'adaptation. Lorsqu'il fut question des goûts de "Monsieur", il tourna la tête, prêt à voir une grimace déformer les traits de son amie, avant de découvrir le regard de la vendeuse posé sur sa propre personne. Oula! Elle faisait fausse route la blondinette! Échangeant un coup d'oeil complice avec l'aborigène, il la laissa répondre avec tout son tact. "Ce n'est pas le mien." fut la formulation choisie. Pouffant de rire, tandis que la vendeuse bredouillait une excuse, il se permit d'articuler un commentaire à l'attention de son amie :

- Dis comme ça, j'ai l'air du bouledogue que t'aurais emprunté à ta meilleure amie pour qu'on te fiche la paix, souffla-t-il de sa voix grave, rieuse.

Il pouvait bien en rire. Après tout, il y a quelques mois, c'était encore un peu son rôle. C'est ainsi qu'ils avaient appris à se connaître en tout cas : il avait fait chien de garde à plusieurs reprises pour la raccompagner jusqu'à chez elle lorsque Joa ne le pouvait pas. Et si la première proposition avait été justement pour s'éloigner de lui, c'était rapidement devenu une entente tacite entre les trois. Bien rare étaient les fois où Keith avait dû décliner parce qu'il avait autre chose de prévu et ne pouvait se permettre de faire le détour. De façon générale, ils pouvaient compter sur lui, l'exercice n'étant aucunement une corvée puisqu'il avait trouver une bonne amie en bout de ligne, même si ça avait apporté quelques flammèches avec le copain de celle-ci.

L'essayage se terminant, la vendeuse s'éclipsa finalement au bout d'un moment, après une partie de Tetris avec les chaussures dans la boîte. Le commentaire de la brune sur la raison de ce manque de coordination tira un léger sourire au metisse, quelque peu gêné, mais il se contenta de la pousser gentiment de l'épaule.

- Arrête, elle était subjugué par tes jambes, contra-t-il.

Il s'éclipsait, détournant une attention qu'il ne cherchait pas nécessairement et ça avait l'utilité de l'empêcher de donner une douce teinte rosé à ses joues. Sans fuir l'intérêt des femmes, il ne la cherchait pas à tout instant de sa vie non plus. En règle générale, le premier abord de la part de la gente féminine pouvait le rendre assez pataud, mais il lui suffisait normalement que d'une phrase ou d'un sourire pour retrouver son habituel sourire et sa facilité à parler. Dans l'autre sens, il n'avait aucune difficulté à aborder qui que ce soit. Ce n'était que le jeu de charmes à son égard qui pouvait lui faire perdre pied, mais il s'en remettait. Qui n'appréciait pas de se sentir désiré? Après, il ne s'appelait pas Narcisse non plus.

Mais s'il était plus ou moins conscient de l'effet qu'il avait sur les autres, ils eurent pour preuve que l'aborigène en avait tout autant lorsqu'elle se vit demander si elle faisait partie d'un panel de mannequinat. Un sourire en coin étira les lèvres du cherokee tandis qu'il glissait un regard à son amie. Elle réfuta bien vite cette idée et ils se glissèrent à nouveau dans le trafic mondain sans plus d'incidents.

- C'est par-là si tu veux te régaler, indiqua le jeune homme en pointant une direction.

Ils firent quelques pas et sans pouvoir s'en empêcher, il la devança et se retourna pour la regarder des pieds à la tête, circulant à reculons sur les trottoirs pourtant quelque peu achalandé.

- Miss Jo' Brown, mannequin internationale, la titra-t-il pour se moquer gentiment. Ça en jette, tu ferais un malheur! S'exclama-t-il comme si c'était une avenue à portée de main et extrêmement facile d'accès, comme s'il suffisait de prendre un rendez-vous avec une agence et qu'elle ferait demain la couverture du Vogue Italia.

À dire vrai, c'était plus que pensable, mais disons qu'il envisageait plus une parution portant sur le succès de certaines femmes dans un monde dit réservé aux hommes, comme celui de la course où elle performait. Échappant encore quelques notes de rires, il reprit place à ses côtés, calquant ses pas aux siens et fila dans le même sens que les autres piétons pour gagner la crèmerie où ils pourraient sans doute trouver leur bonheur.

L'endroit était munie d'une minuscule terrasse coinçant quelques assises à l'avant de la devanture colorée annonçant facilement la vocation de l'endroit. Pas très grand, le local fournissait promettait pourtant monts et merveilles de saveurs et il ne fut pas difficile pour Keith d'arrêter son choix sur l'un d'eux : si pour le café, il préférait le goût amer du breuvage, pour les friandises, il résistait difficilement au chocolat. Les deux ensemble par contre, ce n'était pas une option. Capitulant pour un pot au chocolat belge, il attendit que son amie arrête son choix et que le tout soit payer pour l'interroger.

- Tu veux manger ici ou on continue de flâner? Proposa-t-il.

Déambuler sans but précis dans le quartier ne le dérangeait pas particulièrement, la balade ne lui faisait aucun mal et la compagnie était agréable, il n'avait pas vraiment besoin de plus.

- ...Ou on peut aller chez moi, finit-il par ajouter en réalisant qu'ils n'étaient pas bien loin des grandes tours de briques brunes qui abritait son appartement.

Depuis qu'il s'était installé à New-York pour préparer son entrée à Columbia, il avait fait son nid sur Morton Street et n'avait pas encore changé. Trois ans déjà qu'il habitait au douzième étage, septième porte et il n'avait pas ressenti le besoin de changer d'endroit. Sans être dans le grand luxe, le logis était loin d'être sur le point de s'écrouler. Le loyer était abordable et ça lui convenait. Les voisins étaient parfois bruyants et il était arrivé qu'il se fasse réveillé au milieu de la nuit par des fêtards passants d'un endroit à l'autre ou au matin par des enfants courants dans le couloir, mais en soit, il ne donnait probablement pas sa place avec le volume de la stéréo à tout moment.


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Invité a posté ce message Jeu 9 Mai 2019 - 10:58 #

People walk in and out of your life

true friends leave footprints in your heart

ft. @Keith W. Crow



People walk in and out, true friends leave footprints [30 Avril/Keith] 599b500f7bf2015e06b0bc94

Sortis côte à côte de la boutique, Joddie suivit le geste de Keith lui indiquant le chemin à emprunter pour satisfaire son envie soudaine de sucre. Les semelles de ses baskets frôlèrent à nouveau les pavés du trottoir tandis qu'une légère brise de fin d'après-midi caressait son épiderme. Elle se laissait parfois fermer les paupières quand sa main envoyait balader le sac, enfermant son bien nouvellement acquis, d'avant en arrière. D'une démarche peu linéaire, elle flemmardait plus qu'elle ne marchait, ses pas s'amusant à zigzaguer pour suivre une jointure virant à droite puis à gauche, loin d'admettre un plan parfait; et qu'est-ce qu'elle détestait la perfection, de toute façon. La métisse soupira doucement de bien-être, après avoir cueilli l'air frais de ses narines, puis se prit d'attention pour les passants qui, contrairement à elle, gagnaient en cadence, pressés d'ouvrir la porte de leur logement pour oublier leur journée intense. La sienne l'avait été aussi, intelligemment déjà, émotionnellement ensuite, pourtant elle ne trouvait pas important d'en finir, la faute à celui qui naviguait auprès d'elle ce soir.

Ils tournèrent en bout de rue pour continuer le long d'une autre, moment où la vivacité de son comparse natif fit gagner de la hauteur à ses sourcils. Il la devança et elle suivit son mouvement, les pierres remplies d'incompréhension, sans qu'elle n'ose dire mot. Elle ne réclama pas d'explication puisqu'il ne tarda pas à se retourner pour lui faire face, joignant le rythme de ses enjambées aux siennes à reculons. Elle tiqua de la tête, cette dernière se secouant quelque peu dans l'attente d'une phrase qui pourrait la tirer du brouillard. Le regard qu'il lui accorda, inspectant son anatomie, ne la fit pas faillir, les deux exclamations qui suivirent, par contre, eurent le don de faire dévier ses pupilles sur la population alentour de telle sorte à s'assurer qu'elle n'ait pas entendues les bêtises du jeune homme. Elle ralentit le pas, stoppa les courbes qu'elle avait émis avec ses jambes et gagna sur son teint halé un fin trait rosé au niveau de ses pommettes. _ Le seul malheur auquel je risque d'assister, si tu ne fais pas attention, c'est de te voir te ramasser devant tout le monde, lâcha-t-elle la voix rieuse, les yeux plissés et le sourire au bout des lèvres.

Est-ce que ça aurait été dérangeant ? Pas plus pour elle que pour lui, elle présumait. Pour sûr qu'elle n'aurait pu retenir un rire, pas improbable qu'il en rigole lui aussi. Keith ne se prenait pas au sérieux et était certainement le premier à se marrer du peu de maladresses qu'il avait connues. Contrairement à l'Aborigène qui avait l'esprit enfermé dans une boîte de laquelle il était compliqué de trouver la sortie, elle connaissait celui du Cherokee bien plus libre, peut-être parce qu'il n'avait jamais laissée une personne l'étreindre si fort jusqu'au point de non retour. Il avait réussi à aimer et être aimé sans se laisser étouffer par une relation et ça lui plaisait, à la brune, de le voir œuvrer ainsi, parce qu'elle vivait cette liberté oubliée à travers lui. Elle ne pouvait dire si son couple avait évolué de façon malsaine ou si ça relevait de la normalité, que tous connaissaient ces périodes troubles avec lequel/laquelle ils faisaient la paire. Elle n'avait connu qu'un seul et unique homme de ses quatorze ans à aujourd'hui, alors comment devait-elle se permettre d'avoir un regard objectif sur la question ? C'était impossible. Et pour être certaine de ne pas salir l'image de Joa, elle préférait rester muette et vivre dans le doute.

Connaissant parfaitement le quartier de Brooklyn dans lequel il habitait, Keith n'eut aucun mal à mener son amie à la devanture souhaitée par la demoiselle; à croire qu'il pouvait exaucer tous ses vœux, ce soir. Joddie contourna les quelques assises qui traînaient sur le passage principal et suivit le jeune homme à l'intérieur dès lors qu'il eut poussée la porte de l'entrée. Comme à son habitude, elle salua silencieusement les employés qu'elle croisa d'un signe de tête avant de lever les billes sur la longue affiche des goûts proposés, -les basiques en premier, les plus exotiques à la fin. Si elle avait un faible pour les tiramisu d'ordinaire, dessert avec lequel elle pourrait se nourrir sans en être dégoûtée, elle ne pouvait s'empêcher de craquer pour un caramel beurre salé, saveur qu'elle avait rencontrée de ses papilles à son premier voyage en Europe, dans une crêperie bretonne. Autant dire que, depuis, elle ne se restreignait pas à en dévorer sous toutes les formes. Elle commanda à la suite du métis et dégaina sa carte sans que son geste ne puisse être contré; il avait déjà payés les cafés. Les pots personnalisés présentés sur le comptoir, une petite cuillère en bois pour l'écologie plantée dans la crème glacée, elle agrippa le sien.

Une fois la bonne soirée souhaitée, elle tourna les talons en tirant sur le couvert pour venir le porter entre ses lèvres et ressentir ce ton fortement doucereux contre sa langue. Deux options lui furent présentées au même moment, et elle utilisa quelques secondes de délectation pour réfléchir. _ Et bien, commença-t-elle en portant un regard sur un fauteuil qui semblait confortable avant de le projeter contre la vitrine qui lui permettait de distinguer le haut potentiel de se mouver. De quoi avait-elle le plus besoin, à ce moment-là ? La journée passée à Columbia avait été éreintante, mêlé à ça l'état psychologique dans lequel elle s'était vue bosser à l'approche de l'heure des retrouvailles : elle sentait la fatigue la gagner peu à peu. Pourtant, bien qu'elle n'avait jamais été décelée hyperactive, elle se voyait bien plus à l'aise à communiquer avec les autres en bougeant et paniquait bien moins du silence qui pourrait peser sur ses interlocuteurs si l'envie lui disait de se taire et d'écouter, simplement. La troisième suggestion qu'il eut trouvée sembla mêler les deux : profiter de vagabonder, muette, dans les rues qui les séparaient de l'appartement de Keith avant de se remémorer quelques temps passés dans son salon. Ça semblait être le deal parfait.

_ T'es sûr qu'il n'y a personne qui pourrait être dérangé par ma présence, demanda-t-elle, pour s'assurer que l'invitation ne puisse être mal vue par la personne qui partageait son logement, ou qu'il souhaite réellement la voir entrer à nouveau dans son univers, seule cette fois-ci. _ Alors j'opte pour ton canapé, conclut-elle après avoir allongée la réflexion de quelques autres unités de temps, à la longue, je suis sûre qu'il est plus agréable que cette assise, lança-t-elle son menton vers la banquette, probablement affaissée par le poids de tous les postérieurs qui eurent à se poser dessus, -ce défaut impossible à décrypter à moins de l'avoir testée. _ Par contre, je suis désolée, fit-elle, une fois qu'ils eurent rejoint l'extérieur, mais il va encore falloir que tu joues les guides, fut-elle sincèrement embêtée. Non pas qu'elle avait un mauvais sens de l'orientation ou qu'elle n'avait pas jugé utile d'en connaître précisément la direction, mais les fois où ils s'étaient retrouvés chez Keith, elle venait bien souvent de la maison de son compagnon localisée à Staten Island, du Sud de Brooklyn donc, par le pont Verrazano-Narrows. Cela n'aidait en rien à se repérer quand, aujourd'hui, ils étaient situés plus au Nord de Williamsburg et se devaient de descendre quelques allées.

_ Tu as trouvé un autre groupe d'amis avec lequel errer dans New-York, l'interrogea-t-elle après qu'ils eurent traversée la route. Surprenant qu'elle n'ait pas eu l'envie de clore ses lèvres durant le trajet, elle s'étonna elle-même à vouloir garder le rythme de la conversation tout du long; la raison de cette facilité émanait tout de même du fait qu'elle connaissait bien le jeune homme qui l'accompagnait. La question n'était pas anodine pour autant. Elle savait Keith très à l'aise avec les autres. Il avait toujours eu contact avec bon nombre de gens, qu'ils soient de la fac, de son quartier ou d'ailleurs. Mais la relation avec la bande avait toujours été particulière, déjà par le temps qu'ils passaient tous ensemble, gérant à la perfection l'emploi du temps de chacun pour se retrouver dès qu'un moment de libre coïncidait, mais aussi parce qu'ils agissaient les uns avec les autres comme des cousins, voire des frères et sœurs. Sept personnages aux caractères distincts qui arrivaient à se côtoyer, ou faisaient l'effort de le faire malgré les divergences, comme s'il n'y avait pas d'autres options possibles. Ce qui les avait rapproché n'avait été que le sang de natifs pourtant, et ça paraissait représenter beaucoup.

_ Je ne pense pas avoir pris la peine de chercher, avoua-t-elle, la concernant, piochant quelques cuillerées de glace. Probablement parce qu'elle n'avait pas l'envie d'en changer, et que ça ne serait jamais aussi bien que cette période où ils étaient inséparables, tous autant qu'ils étaient. Elle n'avait jamais parlé de sa famille toute entière, s'étant arrêté à la simple existence de son père, ni même des raisons qui l'avaient poussé à quitter son Etat natal pour New-York. Et si les questions avaient peut-être été tentées, elle était restée évasive et les plus curieux n'avaient pas essayé de la forcer à en dire davantage. Personne ne savait si elle avait une fratrie, ni même si elle avait toujours vécu avec Stephan ou si une femme avait participé à son éducation. Ayant trouvé des amis avec lesquels grandir, elle n'avait pas jugé utile de parler des absents même si ces derniers comptaient inlassablement pour elle. Non, elle ne les oubliait pas, et les aimait, peu importait ce qu'elles étaient toutes cinq devenues. Malgré ce manque de sécurité depuis l'éclatement du groupe, elle ne pensait pas avoir la force de les remplacer, parce qu'elle les avait adoré eux aussi, et qu'elle ne pouvait pas reprendre la part d'amour qu'elle avait glissé en chacun d'eux pour l'offrir à quelqu'un d'autre; c'était impensable.

_ Par là, tenta-t-elle en pointant son couvert en bois dans une direction, prête à traverser d'un trottoir à l'autre, tout de suite rattrapée par son ami pour leur éviter un détour gigantesque; décidément, elle faisait mieux de le laisser conduire la danse. _ Je le saurais pour la prochaine fois, plissa-t-elle les paupières, lui offrant un regard tendre. Oui, pour la prochaine fois, parce qu'elle ne comptait pas s'arrêter sur ces retrouvailles. Maintenant qu'il avait accepté son retour dans sa vie, elle ne désirait pas le quitter une seconde fois, -ça avait été trop douloureux-, et la rencontre en tête-à-tête s'était passée bien mieux qu'elle l'aurait espéré. Keith était le premier qu'elle avait osé recontacter, parce que ça avait semblé moins complexe de le faire : ils avaient déjà connus des moments rien que tous deux. Même si ça n'avait été que pour la raccompagner, ils leur étaient arrivés de s'accorder quelques minutes de discussion en bas de l'immeuble, ou une demi-heure pour souffler après avoir remonté le paternel de la jeune femme. Malgré qu'il soit arrivé sur le tard dans la bande, elle avait eu un véritable coup de cœur pour le Cherokee, à tel point qu'il eut presque réussi à détrôner Nao, le cadet Grahams, de son piédestal; et ça n'avait pas été pour plaire au plus vieux qui gardait un œil irrité sur le nouvel arrivant.

_ Je reprends les entraînements juste après les examens, lui partagea-t-elle. Bien qu'elle avait déjà touché à nouveau le volant de la voiture qu'elle utilisait pour s'exercer en tout début de mois, et n'avait pas fait dans le ménagement malgré les conseils prudents de son coach, elle ressentait intensément la pression des prochaines courses auxquelles elle devrait participer. Elle aimait toujours conduire et prendre les risques qu'elle savait encourir au moindre faux pas, pourtant un léger doute subsistait, notamment depuis qu'ils avaient ré-ouvert le dossier au F.B.I. L'homicide volontaire avait été plaidé et il n'avait pas fallu plus de temps pour que les journalistes s'emparent de la nouvelle. Qui, aujourd'hui, n'était pas au courant que Joa n'était pas décédé par accident ? Pire, elle n'avait pas encore été auditionnée, mais elle savait qu'elle ne pourrait garder une information qu'elle traînait depuis le classement rapide de l'événement. Son angoisse n'était pas dérisoire; cette voiture aurait bien dû être la sienne. Elle n'en avait parlé à personne, avait juste demandé d'engager plus de mécaniciens et de réaliser deux contrôles supplémentaires avant le départ. _ Tu penses que tu pourrais m'accompagner à l'un d'eux, proposa-t-elle à Keith, déjà par envie de lui faire découvrir son monde, aussi parce qu'il saurait la motiver et la rassurer au besoin.

_ Je me rappelle de ce restaurant grec, dit-elle au moment où ils passèrent devant l'établissement qui venait tout juste d'ouvrir, marquant les dix-neuf heures. Ils étaient ainsi arrivés sur la Morton Street et n'avaient plus que quelques mètres à parcourir avant de se stopper au numéro correspondant à l'immeuble où Keith résidait. Ça y était, elle se rappelait de l'endroit et de cette façade aux briques rouges, caractéristique principale de la rue. Le pot de crème glacée terminé, elle fit quelques pas supplémentaires pour le jeter dans la poubelle quand son ami s'activait à déverrouiller la grande et large porte d'entrée. Elle revint sur ses pas très vite et le suivit à l'intérieur. Ils parcoururent le hall sur lequel Joddie porta son regard. _ Le propriétaire a fait des travaux ou c'est parce que le temps a filé, demanda-t-elle à son compatriote avant qu'ils n'arrivent devant les portes de l'ascenseur, comme un goût que quelques détails avaient changé l'ambiance du rez-de-chaussée . _ Ce luxe, marqua-t-elle, les yeux malicieux dirigés vers le Cherokee quand eux deux savaient l'inutilité de la cage métallique installée dans la tour où le père de la demoiselle louait son logement. Toujours en panne, jamais réparé, les escaliers étaient le seul moyen qui restait pour parcourir les divers étages. Et, même si le monte-personne venait à être remis en fonction, peu sûr qu'elle veuille l'expérimenter au risque d'y rester bloquée.

La cabine empruntée, Joddie se colla au fond de celle-ci, laissant Keith se charger d'appuyer sur le bouton qui les mènerait jusqu'à l'étage. Elle sortit son téléphone portable et ouvrit l'application qui lui permettrait de prendre contact avec ses deux colocataires de manière instantanée. Ses pouces pianotèrent sur le clavier tactile un message qui les prévint de son retard à l'appartement, histoire qu'ils ne s'inquiètent pas. Ils avaient toujours pour habitude d'échanger sur les aller-retours tardifs, parce que Melech était du genre à angoisser au moindre décalage avec l'emploi du temps de chacun, -d'ailleurs tous trois scotchés sur le réfrigérateur. Ils s'étaient tous mis d'accord sur cette règle, en tout cas, et ça fonctionnait plutôt bien ainsi. La demoiselle était la première à avoir signé le contrat de la colocation. Loin d'être réfractaire à un peu d'ordre, elle avait laissé l'édition des commandements à Melech, venu la rejoindre trois mois plus tard.  En milieu d'année, Paulin vint bouleverser la cohabitation et libéra quelque peu l'écrit pour un peu plus de souplesse. Finalement, ils réussirent à se mettre d'accord en quelques semaines et avaient paraphé ensemble le bas de la liste avant de se tendre les mains pour une poignée; aujourd'hui c'étaient les coudes qu'ils se serraient.

Le ding de l'ascenseur lui fit relever ses quartz fumés sur les battants encore fermés, et elle rangea son mobile au fond de la poche avant de sa salopette, là où elle l'avait trouvé. Les portes s'ouvrirent, glissant de part et d'autre de la cage. Elle sortit, n'ayant plus besoin d'être guidée pour retrouver l'appartement du métis, passa même devant dans le couloir avant de se poster près du bon numéro, l'épaule contre le pan, alors que Keith joua de sa clé dans la serrure. Elle lui adressa un sourire serein, le côté de son crâne ayant rejoint le mur quand elle s'autorisa à le dévisager. Il abaissa la poignée d'une de ses mains et lança son invitation à y entrer dès l'ouverture. Elle passa l'encadrement et s'arrêta sur le côté, abaissa son corps et défit ses baskets, se déchaussa de celles-ci avant de les glisser près d'autres paires déjà alignées. Elle regagna sa hauteur, perdant les quelques centimètres rajoutés à son mètre soixante-treize grâce aux semelles, et glissa un bref coup d’œil sur le salon. Les coins de ses lippes se levèrent finement aux souvenirs qu'elle laissa vivre un instant. On ne pouvait pas dire qu'ils avaient passé le plus clair de leur temps chez les uns ou les autres, préférant squatter les endroits ouverts, mais ça permettait un bon heureux dans le passé.

Elle n'eut pourtant pas le temps d'y penser bien longtemps puisqu'un objet en bois attira son attention au fond de la pièce, posté là sur un meuble. Il aurait pu passer inaperçu pour nombreux paires d'yeux, mais les siens étaient bien trop habitués à ce genre de caissons pour qu'elle n'y prête attention. _ J'avais presque failli oublier que mon père et toi aviez cette même passion pour les vinyles, articula-t-elle après s'être dirigée automatiquement vers le compartiment, frôlant le sol de ses chaussettes blanches à pois multicolores. Ils n'avaient jamais réellement eu l'occasion d'en parler. Lorsqu'elle avait découvert les deux cases à la première visite de son appartement, les discussions ne prêtaient pas à ce qu'elle puisse changer facilement de sujets, -aussi au risque de s'attirer les foudres de son homme si elle débutait une conversation privée avec Keith devant lui. Le logement de Stephan était rempli de rangements spéciaux, sa vie n'ayant tourné qu'autour des titres qu'ils avaient eu l'habitude d'écouter avec son ex-épouse et les photographies qu'il avait réussi à prendre avant leur départ, mais l'inquiétude fixée sur le paternel n'avait pas permis aux plus jeunes d'échanger sur les disques. Il y avait bien eu quelques arrêts chez différents disquaires, mais la possessivité de Joa avait tout rendu impossible.

_ T'as fait d'autres acquisitions ces derniers mois, interrogea-t-elle quand ses doigts se permettaient de faire glisser les pochettes carré, parcourant les intitulés aux couleurs et polices variées, j'ai réussi à choper le 45T de Sex Pistols pour à peine dix dollars. Les gens ne sont même pas au courant des trésors qu'ils possèdent dans leur grenier, plissa-t-elle les yeux. Belle surprise, surtout lorsqu'elle découvrit que le prix du marché réservait plusieurs milliers de dollars au disque. Une belle affaire qui avait ravi son père, en tout cas; il n'avait cessé de l'écouter en boucle, tournant face A et face B pour retrouver une part de sa jeunesse. _ Oh, s'exclama-t-elle, ayant arrêté son dévolu sur une pièce basique mais qui lui parlait beaucoup, mes parents se sont connus sur cette chanson, indiqua-t-elle en levant le 45 tours, ne freinant pas son sourire, agrandissant même son esquisse en se remémorant l'histoire contée par Luisa lorsqu'un soir elle avait osé demander comment ils s'étaient rencontrés. _ Les fêtes de village de l'époque n'ont absolument rien à envier aux boites de nuit d'aujourd'hui, lâcha-t-elle, les pupilles marrons arpentant la couverture. Il n'y avait rien de mieux qu'un slow; elle n'avait jamais compris ce que les jeunes de son âge trouvaient à se draguer sur de l'électro.

_ Est-ce que t'as de quoi le faire passer, tourna-t-elle son faciès vers Keith en présentant le disque de face. Question stupide, probablement. Qui possédant des vinyles n'avait pas de quoi les faire tourner ? Ce titre avait été le premier de la gigantesque collection de Stephan. Il l'avait écouté indéfiniment une fois tous deux arrivés dans le Bronx, comme pour se rappeler du bon temps et éviter de se concentrer sur la séparation qu'il venait de vivre. Joddie s'était alors réconfortée sur cette même chanson. Une fois qu'il eut sombré dans l'alcool, plus jamais il n'eut sortie cette musique de son étui et sa fille n'avait osé le faire non plus lors de ses révisions. _ Ils se sont mariés trois semaines après avoir dansé dessus, lâcha-t-elle dans un souffle rieur alors qu'elle continua de visiter l'intérieur du caisson. Et c'était peu dire que peu de leurs proches avaient été en accord avec cette union; une Colombienne et un Aborigène n'ayant absolument rien à faire ensemble pour la grande majorité. Ses oreilles captèrent le grésillement de la rencontre entre la platine et le vinyle, ce qui marqua sa peau d'une chair de poule qu'elle n'avait jamais réussi à contrôler, -pas même lorsqu'elle les mettait en route pour étudier. _ -touch me in the pourin' rain, ne se retint-elle pas de murmurer quelques paroles.

Ah ! How deep is your love des BeeGees, la chanson mythique de toute une génération de couples formés à la fin des années 70.
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